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Révolution au Moyen-Orient


Invité rogermila

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Invité Arn0
Il y a un autre pays que la France qui fête tous les ans le jour ou une bande de débiles cuits ont massacré une famille et relâché des criminels de droit commun ?

(oui, je sais, en théorie ce n'est pas ca qu'on fête le 14 juillet, mais en pratique c'est bien cet épisode glorieux qu'on commémore, sauf certains profs d'histoire…)

C'est quand même voir le problème par le petit bout de la lorgnette.

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C'est quand même voir le problème par le petit bout de la lorgnette.

Je ne sais pas, franchement, le changement de représentation, l'abolition des privilèges, c'est venu partout ou il y avait prospérité, mais la France est tout de même sinon le pays, du moins un des pays ou ça s'est le plus mal passé.

Je veux bien qu'on prenne la France en exemple sur pas mal de sujets, mais pour la révolution, c'est clairement un très mauvais exemple, massacres de classe, foule avinée et meurtrière, dégradation massive du patrimoine historique…

Non, franchement, je préfère que personne ne se prenne a l'idée d'imiter la France dans ce domaine.

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Faut attendre un peu. J'ai cherché et je ne vois pas d'autre source qu'adnkronos pour recouper. Ca fuse sur touitère entre les engueulades sur les médias (comme al-Jazeera) qui boudent l'évènement, les confrontations musclées, les appels au rassemblement, les images & vidéos, les annonces & contre-annonces, le blocage gouvernemental de touitère avec diffusion de proxies alternatifs et tout.

En plus faut trier qui parle, on finit par identifier certains plus fiables que d'autres.

Ca chauffe vraiment en Egypte ou c'est juste un prout?

Et voilà, ça commence :

Ce monsieur porte bien mal son nom, puisque baccouch en arabe est censé vouloir dire "muet".

La Tunisie vers la social-démocratie ? On en regretterait Ben Ali :icon_up:

[Rogermilla]Sinon, qu'un dirigeant tunisien ait un nom arabe c'est quand même un signe d'islamisation de la Tunisie.[/Rogermilla]

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Très bon post.

On n'apprend pas assez en France que la même évolution sociale suivait son petit bonhomme de chemin dans le reste de l'Europe sans avor à recourir au déchainement sanguinaire d'une foule enragée.

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Ca chauffe vraiment en Egypte ou c'est juste un prout?

Il faut voir dans les jours suivants, j'ai lu des appels à la grève (et peut-être au rassemblement ?) tourner en boucle pour aujourd'hui et demain.

Maintenant que l'Occident a les yeux tournés vers ces régimes et contestations, peut-être que la mobilisation ne sera pas étouffée si facilement. C'est idiot, que veux-tu, mais la médiatisation en soi pèse dans ces affaires.

Sur ce, j'ai mes demi-bougnoules de neveux à câliner et garder, avec un passage en cours d'arabe où je me pointerai un fichu sur les cheveux (hautement suspect tout ça) - bonne journée. :icon_up:

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Je ne sais pas, franchement, le changement de représentation, l'abolition des privilèges, c'est venu partout ou il y avait prospérité, mais la France est tout de même sinon le pays, du moins un des pays ou ça s'est le plus mal passé.

Je veux bien qu'on prenne la France en exemple sur pas mal de sujets, mais pour la révolution, c'est clairement un très mauvais exemple, massacres de classe, foule avinée et meurtrière, dégradation massive du patrimoine historique…

Non, franchement, je préfère que personne ne se prenne a l'idée d'imiter la France dans ce domaine.

Mis à part rogermilla, personne n'a expliqué que le chemin historique français était souhaitable.

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Tiens, une autre news : l'ambassadeur de France en Tunisie s'est fait lourder aujourd'hui, et a été remplacé par un chouchou de Sarko-ho-ho, le jeune ambassadeur Boris Boillon, jusqu'alors en poste en Irak. Je l'avais vu interviewé sur canal plus et ce monsieur m'avait laissé une plutôt bonne impression.

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Tiens, une autre news : l'ambassadeur de France en Tunisie s'est fait lourder aujourd'hui, et a été remplacé par un chouchou de Sarkoo, le jeune ambassadeur Boris Boillon, jusqu'alors en poste en Irak. Je l'avais vu interviewé sur canal plus et ce monsieur m'avait laissé une plutôt bonne impression.

Pareil pour moi : c'est un quadragénaire qui fait plusieurs heures de sport par jour et, rogermila sera déçu, parle arabe couramment. Mais bon, pris individuellement, les gens qui passent à la télé font toujours bonne impression. Attendons de voir les résultats. Je n'ai pas l'impression qu'il furent brillants en Irak mais je peux me tromper.

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Un site que je ne connais pas, Maghreb Intelligence, a publié ceci :

Exclusif : Comment Zine El Abidine Ben Ali a été débarqué

Mardi, 18 Janvier 2011 17:07

Vendredi 14 janvier. Dans la matinée, c’est un Zine El Abidine Ben Ali aux abois qui se replie sur son palais de Hammamet. Il y convoque certains membres de son gouvernement et quelques conseillers. Une équipe de la télévision tunisienne est également présente sur les lieux.

Autour du palais, le général Ali Sériati chef de la sécurité du président, veille au grain. Ses sbires quadrillent le quartier où se situe la résidence présidentielle, armes à la main. Zine El Abidine Ben Ali convoque Abdelaziz Ben Dhia, porte-parole de la présidence et Abdelwahab Abdallah, son conseiller politique et allié sans faille du clan Trabelsi. Il les informe que la situation échappe à tout contrôle et qu’il sera dans l’obligation de sacrifier quelques têtes. Les rapports qui lui parviennent des services de sécurité font état d’une révolte généralisée dans le pays. La foule serait en train de marcher sur le Palais de Carthage à Tunis. Les deux hommes effarés acquiescent dans un premier temps avant de se rebiffer et de demander la tête du chef du gouvernement Mohamed Ghannouchi. Le président hésite un moment et finit par trancher. Son téléphone n’arrête pas de sonner. C’est Leila Trabelsi qui depuis Dubaï l’incite à résister. Elle lui dit qu’il peut compter sur les milices de ses frères ainsi que sur l’appui des pays du Golfe. Ben Ali ne veut plus la prendre au téléphone. Il démet ses deux conseillers, mais cela ne calme pas la rue. La foule demande clairement le départ de Ben Ali. Deux heures après, il démet le gouvernement Ghannouchi avant de le renommer. La veille, le président avait été lâché par deux figures de son régime : le ministre des Affaires étrangères, Kamel Morjan et le général de corps d’armée, chef de l’état-major Rachid Ammar. Tous les deux forment un axe solide qui demande au président de partir pour éviter le bain de sang. Au milieu de l’après-midi, le général Rachid Ammar informe le président Ben Ali que l’armée sera obligée de décréter un couvre feu général et que dans trois heures elle procédera à la fermeture de l’espace aérien. Kamel Morjan appuie les propos du général Ammar. Il dit au président que si jamais d’autres victimes civiles venaient à tomber sous les balles de la sécurité, les Américains vont définitivement lâcher le régime et appliquer des sanctions. C’est alors qu’Abdelaziz Ben Dhia intervient et réussit à convaincre le président de «s’éclipser » quelques jours pendant lesquels la Tunisie sombrerait dans le chaos. Plusieurs attentats seraient organisés et imputés aux islamistes. Le RCD organiserait dans la foulée des marches monstres demandant le retour du sauveur. Ben Ali se laisse convaincre. Il pense tout d’abord rester en Tunisie, puis se résigne à la quitter. Dans un premier temps, c’est Malte qui est choisie parce que toute proche de Tunis. Et puis, c’est pour Paris que Ben Ali opte finalement. Là-bas, il pense pouvoir bénéficier d’une grande couverture médiatique. Alors qu’il est escorté par des éléments de sa garde rapprochée jusqu’à son avion, le premier ministre Mohamed Ghannouchi est « obligé » d’enregistrer un message au peuple tunisien où il annonce que le président Ben Ali renonce temporairement au pouvoir. Avec le général Ali Sériati, Abdelaziz Ben Dhia veille sur le déroulement de la cérémonie. Le plan est diabolique. Mais, c’est sans compter sur la détermination du duo Ammar-Morjan. Dans la soirée, les Américains font pression sur les français pour qu’ils n’accueillent pas le président déchu, alors que Hilary Clinton appelle le prince Nayef Ben Soltane pour accueillir Ben Ali. Au même moment, une réunion houleuse se déroule à Tunis. Le général Rachid Ammar fait savoir que l’armée garantira le respect de la constitution. Les ténors du RCD en viennent aux mains. Ben Dhia est pris d’un malaise. Abdelwahab Abdallah est mis en résidence surveillée chez lui. Aux premières heures du matin, l’ordre constitutionnel est rétabli sous la pression des deux amis Kamel Morjan et Rachid Ammar. Exit donc Ben Ali. L’empêchement se mue en vacance du pouvoir et le président du parlement Fouad M’bazaa, cardiaque et désintéressé, est proclamé par la Cour constitutionnelle président de la République. Pris de cour, le général Sériati et les sbires de Ben Ali fuient un peu partout. Ils veulent organiser le maquis. Ordre leur a été donné de « brûler » la Tunisie. Un scénario qui ne sera pas mené à termes. L’armée et les citoyens fraternisant ont sauvé le pays du Jasmin d’une catastrophe.

Et également ceci :

Exclusif : Le plan secret des islamistes tunisiens pour prendre le pouvoir

Vendredi, 21 Janvier 2011 12:08

Les islamistes tunisiens du parti interdit Ennahda sont patients et ils le démontrent chaque jour un peu plus. En reconnaissant qu’ils n’étaient pour rien dans la révolution qui a balayé le président déchu Zine El Abidine Ben Ali, ils ont marqué un premier point.

Alors que plusieurs observateurs s’attendaient à ce qu’ils sautent sur l’occasion et s’attribuent un mérite qui ne leur revient pas, ils ont été plutôt et à la surprise générale dans la retenue. Il semblerait selon les informations dont nous disposons que le mot d’ordre ait été donné aux militants et aux cadres d’Ennahda aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger, de garder un profil bas. Il s’agit de ne pas effaroucher des Tunisiens qui viennent de recouvrer leur liberté après des dizaines d’années de joug totalitaire. Ainsi, et dans une partition bien jouée, c’est Rached Ghannouchi, guide spirituel des islamistes tunisiens, qui depuis Londres donne le ton

Depuis le déclenchement des événements, il est resté très mesuré dans ses propos, rendant hommage au peuple et autres composantes de l’opposition à Ben Ali. Sa stratégie a un peu changé au lendemain du départ de l’ancien président. Il a vilipendé avec véhémence la prise du pouvoir par le premier ministre. Il a aussi violement critiqué la constitution d’un gouvernement dans lequel participent des ministres de l’ancien parti de Ben Ali. Pendant ce temps-là, alors que la contestation dans la rue commençait à s’essouffler le mardi, c’est Sadak Chourou, fidèle lieutenant de Rached Ghannouchi, qui harangue les foules défilant sur l’avenue Bourguiba contre le maintien du RCD. En agissant de la sorte, Ennahda pousse malicieusement l’UGTT à adopter une position radicale. Le plan des islamistes qui savent qu’ils ont besoin de temps pour reconstituer leurs réseaux laminés par une répression féroce, est tout simple. Laisser les partis et le syndicat s’étriper en public au point de lasser les Tunisiens, tandis qu’Ennahda serait perçu comme « la voie de la raison ». Dans sa stratégie de conquête, le parti islamiste qui commencera tout d’abord par la déposition d’une demande d’autorisation fera fi de la présidentielle. D’après une source bien informée à Londres, Ennahda s’intéresse tout d’abord au Parlement et aux municipalités. Ils savent que c’est là où réside le véritable pouvoir de proximité. Pour ce, les amis de Ghannouchi comptent réactiver l’UGTE (Union Générale Tunisienne des Etudiants) qui constituait dans le temps leur véritable pépinière. Ils comptent également profiter de la liberté de prêche dans les mosquées qui remplacera les anciens prêches officiels. Sur le plan médiatique, Ennahda bénéficie de l’appui total de la chaîne satellitaire Al Hiwar qui émet depuis Londres et qui est totalement acquise à leurs thèses. Le projet de relancer Al Fajr est aussi dans le pipe des dirigeants islamistes. La publication, hebdomadaire avant son interdiction 1991, pourrait rapidement retrouver les kiosques sous un format quotidien.

C’est donc en douceur que les islamistes tunisiens d’Ennhda s’apprêtent à prendre leur revanche sur l’histoire. Leur première vraie rencontre avec le peuple devrait être le retour du Cheikh Rached Ghannouchi de son exil anglais. Des comités ont déjà été constitués afin de préparer ce retour qui devrait donner lieu à une véritable « fête populaire ».

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Sur ce, j'ai mes demi-bougnoules de neveux à câliner et garder, avec un passage en cours d'arabe où je me pointerai un fichu sur les cheveux (hautement suspect tout ça) - bonne journée. :doigt:

La vache! Ca ressemble à un film d'horreur ce que tu racontes, certains éteindraient la télé au moment du cours d'arabe. :icon_up:

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Egypte : au moins 500 opposants arrêtés

(badurl) http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/01/26/egypte-deploiement-policier-pour-eviter-toute-nouvelle-manifestation_1470672_3218.html (badurl)

Ambiance. Et je souligne qu'apparemment les forces de l'ordre avaient pour consigne de taper le moins possible (à l'inverse des habitudes).

Quant aux arrestations, je répète, répétez avec moi : en Egypte, la torture est une pratique courante contre les détenus.

Les Frères musulmans appellent à une manifestation en Jordanie

(badurl) http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/01/26/les-freres-musulmans-appellent-a-une-manifestation-en-jordanie_1470888_3218.html (badurl)

(roger, je pense que les propos relayés en français étaient initialement tenus en arabe ARGH)

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On aurait tort de filer la comparaison. L'Egypte, c'est un tout autre morceau que la provinciale Tunisie. Il s'agit du grand carrefour régional, réligieux et démographique. De même l'influence de la puissante Confrérie n'a rien à voir avec les trois barbus en goguette à la recherche d'une rallonge électrique.

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Oui, il faut se méfier des analogies.

A l'évidence, le soulèvement en Tunisie, braquant les regards, sert de catalyseur en même temps que les médias. Ce simple fait mérite d'être pris en compte dans les évènements et les rapports.

Néanmoins, il est probable que les médias français analysent la Tunisie par le prisme de témoignages directs (bi-nationaux, entreprises, coopérations…) et à travers leur propre vision historique de la Tunisie (y compris les préjugés). En Egypte, je doute qu'il y ait une immense proportion de francophones ou même d'anglophones aptes à soutenir une conversation élaborée en langue étrangère et je me demande jusqu'à quel point ceux-là sont représentatifs, ne serait-ce que par leur accès à une formation, des lectures, des idées ayant peu marqué les unilingues - c'est idiot à dire mais apprendre une langue suppose de lire et d'écouter donc d'absorber des traits culturels extérieurs. L'interface entre nos journaux et les aspirations des Egyptiens est-elle fiable ?

Cette donnée mérite une prudence accrue sur les infos nous parvenant.

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De même, l'analogie avec la chute du bloc de l'est est encore plus hasardeuse si ce n'est ridicule : tous les pays d'Europe de l'est et centrale avaient des gouvernements affiliés à la même entité, l'URSS qui, une fois affaiblie, l'a été dans tous les Etats à la fois.

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Invité Arn0
Je ne sais pas, franchement, le changement de représentation, l'abolition des privilèges, c'est venu partout ou il y avait prospérité, mais la France est tout de même sinon le pays, du moins un des pays ou ça s'est le plus mal passé.

Je veux bien qu'on prenne la France en exemple sur pas mal de sujets, mais pour la révolution, c'est clairement un très mauvais exemple, massacres de classe, foule avinée et meurtrière, dégradation massive du patrimoine historique…

Non, franchement, je préfère que personne ne se prenne a l'idée d'imiter la France dans ce domaine.

Je parlais uniquement de la prise de la Bastille comme d'un relâchement de "criminels de droit commun" et un massacre d'une famille. D'abord lors de l’assaut il n'y avait formellement aucun criminel dans la bastille (et une personne qui n'était vraiment pas de "droit commun") et après vérification je ne vois pas de quel massacre de famille tu parles : il y eu sept morts parmi les assiégés et tous militaires sauf le prévôt des marchands, en n'oubliant pas qu'il y en eu 98 chez les assaillants (à la différence certes fondamentale que c'était pendant les combats, mais on est quand même loin du massacre unilatéral que tu sembles décrire). Et l'objectif n'était pas la libération des prisonniers, puisque le but immédiat était l’acquisition de poudre et de munition.

Surtout la symbolique et le contexte de l’évènement est quand même un tout petit peu important. Quoi que l'on pense de la révolution en général, ou de la prise de la Bastille en particulier, on ne peut pas le réduire à la libération des prisonniers.

Enfin à l'époque le choix de la commémoration de la fête de la fédération plutôt que du 14/07/1789 n'était pas anodin, même si il l'est devenu aujourd'hui puisqu'il ne s’agit plus de fêter un évènement en particulier mais de commémorer la naissance de la France moderne.

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Je suis bien d'accord avec Neuneu, la prise de la Bastille doit être interprétée en termes psychopathologiques comme un symbole d'auto-célébration des pulsions criminelles de la foule. Cet épisode préfigure les massacres de Vendée. Gustave Le Bon a d'excellentes analyses là-dessus. S'il y avait effectivement peu de prisonniers embastillés, l'imagination populaire avait propagé la rumeur qu'elle était pleine de sombres cachots enfermant les victimes de la prétendue tyrannie. D'où l'assaut de la foule qui a concentré sa colère sur ce bâtiment, alors que la bâtisse était vide et avait perdu sa fonction de prison d’État, à une époque où la monarchie était acquise aux idéaux des Lumières. C'est pourquoi la mythologie républicaine a retenu l'image d'une sinistre geole remplie de suppliciés. Mais il en est resté l'idée révolutionnaire moderne très prégnante de célébrer le criminel comme une figure héroïque de résistance et les pulsions violentes de la foule comme une sorte de fête populaire de libération collective.

Voici ce qu'en disait Chateaubriand :

"Le 14 juillet, prise de la Bastille. J'assistai, comme spectateur, à cet assaut contre quelques invalides et un timide gouverneur : si l'on eût tenu les portes fermées, jamais le peuple ne fût entré dans la forteresse. Je vis tirer deux ou trois coups de canon, non par les invalides, mais par des gardes-françaises, déjà montés sur les tours. De Launay, arraché de sa cachette, après avoir subi mille outrages, est assommé sur les marches de l'Hôtel de Ville ; le prévôt des marchands, Flesselles, a la tête cassée d'un coup de pistolet ; c'est ce spectacle que des béats sans coeur trouvaient si beau. Au milieu de ces meurtres, on se livrait à des orgies, comme dans les troubles de Rome, sous Othon et Vitellius. On promenait dans des fiacres les vainqueurs de la Bastille, ivrognes heureux, déclarés conquérants au cabaret ; des prostituées et des sans-culottes commençaient à régner, et leur faisaient escorte. Les passants se découvraient avec le respect de la peur, devant ces héros, dont quelques-uns moururent de fatigue au milieu de leur triomphe. Les clefs de la Bastille se multiplièrent ; on en envoya à tous les niais d'importance dans les quatre parties du monde. Que de fois j'ai manqué ma fortune ! Si moi, spectateur, je me fusse inscrit sur le registre des vainqueurs, j'aurais une pension aujourd'hui."

François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, 1848.

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Au tour du Yémen :

Yémen : des milliers de manifestants demandent le départ du président Saleh

(badurl) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/27/yemen-des-milliers-de-manifestants-demandent-le-depart-du-president-saleh_1471082_3212.html (badurl)

De même, l'analogie avec la chute du bloc de l'est est encore plus hasardeuse si ce n'est ridicule : tous les pays d'Europe de l'est et centrale avaient des gouvernements affiliés à la même entité, l'URSS qui, une fois affaiblie, l'a été dans tous les Etats à la fois.

Ca dénote surtout un orgueil frisant l'idiotie. Et si ces gens n'avaient rien à cirer de la Révolution et de la chute du Mur ou en tout cas bien moins que nous ? Et si leur histoire, leurs références, leurs influences étaient différentes ? Les Egyptiens, Jordaniens, Syriens… n'ont pas nécessairement les yeux rivés sur nous autres dans leurs revendications.

Ce nombrilisme reste intéressant sur le plan sociologique. Faudra pas s'étonner que d'aucuns traitent les occidentaux d'arrogants quand ces derniers débarquent avec leurs gros sabots pour discuter avec les locaux selon une grille de lecture pseudo-évidente.

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Faudra pas s'étonner que d'aucuns traitent les occidentaux d'arrogants quand ces derniers débarquent avec leurs gros sabots pour discuter avec les locaux selon une grille de lecture pseudo-évidente.

Ben pourtant c'est évident, si ils ont des slogans en français, ils se battent pour la liberté, si ils ont des slogans en arabe, ce sont des obscurantistes !

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Je vois circuler des appels au rassemblement pour la 4è journée consécutive, demain en Egypte.

Un mot dans cette annonce inclut un potentiel majorant pour les "perturbations", l'identifierez-vous ?

Edit : hahaha http://twitter.com/HosniMobarak

Et : Al Jazeera: Egyptian stock market down by 6.24% for the second day in a row. Market now suspended until "stability returns" / Al Jazeera: Trades in the Egyptian stock market suspended as market crashes. Oups.

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Invité Arn0
Je suis bien d'accord avec Neuneu, la prise de la Bastille doit être interprétée en termes psychopathologiques comme un symbole d'auto-célébration des pulsions criminelles de la foule. Cet épisode préfigure les massacres de Vendée. Gustave Le Bon a d'excellentes analyses là-dessus. S'il y avait effectivement peu de prisonniers embastillés, l'imagination populaire avait propagé la rumeur qu'elle était pleine de sombres cachots enfermant les victimes de la prétendue tyrannie. D'où l'assaut de la foule qui a concentré sa colère sur ce bâtiment, alors que la bâtisse était vide et avait perdu sa fonction de prison d’État, à une époque où la monarchie était acquise aux idéaux des Lumières. C'est pourquoi la mythologie républicaine a retenu l'image d'une sinistre geole remplie de suppliciés. Mais il en est resté l'idée révolutionnaire moderne très prégnante de célébrer le criminel comme une figure héroïque de résistance et les pulsions violentes de la foule comme une sorte de fête populaire de libération collective.

Voici ce qu'en disait Chateaubriand :

"Le 14 juillet, prise de la Bastille. J'assistai, comme spectateur, à cet assaut contre quelques invalides et un timide gouverneur : si l'on eût tenu les portes fermées, jamais le peuple ne fût entré dans la forteresse. Je vis tirer deux ou trois coups de canon, non par les invalides, mais par des gardes-françaises, déjà montés sur les tours. De Launay, arraché de sa cachette, après avoir subi mille outrages, est assommé sur les marches de l'Hôtel de Ville ; le prévôt des marchands, Flesselles, a la tête cassée d'un coup de pistolet ; c'est ce spectacle que des béats sans coeur trouvaient si beau. Au milieu de ces meurtres, on se livrait à des orgies, comme dans les troubles de Rome, sous Othon et Vitellius. On promenait dans des fiacres les vainqueurs de la Bastille, ivrognes heureux, déclarés conquérants au cabaret ; des prostituées et des sans-culottes commençaient à régner, et leur faisaient escorte. Les passants se découvraient avec le respect de la peur, devant ces héros, dont quelques-uns moururent de fatigue au milieu de leur triomphe. Les clefs de la Bastille se multiplièrent ; on en envoya à tous les niais d'importance dans les quatre parties du monde. Que de fois j'ai manqué ma fortune ! Si moi, spectateur, je me fusse inscrit sur le registre des vainqueurs, j'aurais une pension aujourd'hui."

François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, 1848.

Encore une fois il y eu 98 morts parmi les assaillants et 7 parmi les défenseur de la Bastille (sur 120 défenseurs: ce n'est pas une mise à mort systématique). Plusieurs délégations furent envoyé pour obtenir une issue pacifique mais les défenseurs refusèrent et n’hésitèrent pas à tirer lors de l'assaut (à balles réelles évidemment, à l'époque il n'y avait pas trop le choix) et c'est seulement quand on commencé à mettre les canons en place qu'il y eu reddition, tout ça pour protéger un bâtiment prétendument sans fonction. On peut d'ailleurs douter que le roi informé aurait ordonné une telle résistance.

Alors si la mise à mort d'individus s'étant rendu est une abomination il n’empêche que c'est suite à un long affrontement inutilement sanglant.

Quand au symbole que représentait la Bastille il n'avait évidemment rien à voir avec une sympathie supposée pour les criminels. En faisant d'une impressionnante forteresse une sombre prison au fonctionnement secret il ne fallait pas s'étonner qu'une légende noire ne se soit développée.

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Algérie :

La Ligue algérienne de défense des droits de l'homme relève la 9è tentative d'immolation (dont 2 morts) dans le pays ce mois-ci.

***

Egypte :

Je vois des touites du genre : "Protests in #Egypt have reached point of no return. If we stop now we will be butchered/massacred by Government" sans compter les échos de répression du genre Egypt charges 40 protesters with trying to 'overthrow the regime,' al-Arabiya TV reports.

Et ça, c'est succulent : Il n'y a pas qu'en Tunisie que la diplo française est dépassée. La lettre qu'on a reçu http://www.ambafrance-eg.org/france_egypte…php?article3008 :doigt:

Puisqu'on vous le dit : NDP SecGen Safwat Sharif insisting all is well, will carry on as before. Reforms will continue.

Faut pas écouter les fauteurs de troubles qui racontent Protesters angry that I am a foreigner, they think I am a spy ou Muslim Brotherhood promises strong presence in Friday demonstrations ou encore People tell me the police shoot protesters with live rounds at night. Only extraordinary circumstances will stop the uprising (à Suez).

Et puis demain vendredi, jour de prière collective avec le sermon hebdomadaire, tout ira sur des roulettes bien entendu. Des roulettes carrées. :icon_up:

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Il semble que les chrétiens (ou seulement les coptes?*) en Egypte, se remémorant les boucliers humains volontaires lors de leurs festivités, aient décidé de rendre la pareille demain.

Cet indice à lui seul laisse augurer les dangers anticipés chez la population, amha.

* Roger, buvez un verre d'eau fraîche : les coptes sont arabes et, chez les prêtres et les moines en Orient, il est courant de porter la barbe.

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Petites news : Belhassen Trabelsi, réfugié au Canada, devrait s'en faire expulser sous peu. D'autre part, il paraît que Ben Ali aurait émis le souhait de revenir en Tunisie très récemment (je ne sais pas pour quoi faire), mais le premier ministre actuel l'en aurait dissuadé (pendant une récente conversation téléphonique).

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J'ai parlé à un ami égyptien aujourd'hui. Je lui ai dit, qu'est ce qui va se passer ? Il m'a dit, on saura demain. J'ai dit ah bon, pourquoi demain ? Il m'a dit, c'est la prière, c'est à dire 12 millions de personnes dans des rassemblements.

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