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Révolution au Moyen-Orient


Invité rogermila

Messages recommandés

L'Iran n'est évidemment pas du tout un régime démocratique.

En ce cas très bien, si vous êtes coherant je n'ai rien à redire, si vous pensez qu'il faut instauré la démocratie (qui ne veut pas forcement dire liberte) partout qu'importe la situation, je comprend votre point de vue, mi j'espere que tout ce fasse dans le calme.

En tout cas je respecte votre point de vue.

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Numériquement les palestiniens sont moins que ça bien que majoritaires, 70 plutôt, mais surtout j'ai cru comprendre que leur poids politique n'était pas aussi important qu'il le pourrait.

En Jordanie, ce sont clairement des non-citoyens pour la plupart.

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Disons que ce n'est pas un régime plus démocratique que l'Egypte de Moubarak. Mais l'Iran est sensiblement plus démocratique que l'Arabie Saoudite, par exemple.

Je dirais était.

Avant, en Iran, il y avait des élections libres avec des candidats pré-sélectionnés.

Je pense qu'on a de bonnes raisons de penser que les dernières élections on vu la fin de la sincérité du décompte, ainsi qu'un glissement de pouvoir entre le pouvoir religieux (guide de la révolution) et le pouvoir civil (présidence de la république). Paradoxalement, un antireligieux fanatique pourrait s'en réjouir et parler de modernisation : Ahmadinejad n'a strictement rien d'un leader religieux, c'est un ingénieur.

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Plus démocratique certes, plus libre non.

Je dirais l'inverse : pas vraiment plus démocratique (les pseudos-élections iraniennes ne changent pas grand chose), mais plus libre c'est évident (et c'est d'ailleurs un exploit remarquable de la part de l'Arabie Saoudite que d'arriver à être moins libre que l'Iran).

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Enfin, disont que cela depend sur quel plan, mais au niveau de la liberté du capital l'Arabie Soudite gagne largement.

Et condition des femmes mises à part, je ne pense que paradoxalement il y a moins de contraites en Arabie Saoudite du fait que la societe saoudienne est plus islamiste, vous savez, je suis parfois les oulémas sur des sujet disent qu'il n'y a pas lieu de faire des lois, c'est évident, quand le prince Walid embauche des femme avec le droit de se decouvrir la tête les fammille sont très reticentes, la societe est si conservatrice que les reformes des Saoud sont parfois annulés temporairement (par fois non) par les oulémas pour certaines localités.

En Iran en ravanche au contraire la societe était moins religieuse avant, chaque interdit presque a besoin d'une lois.

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Tiens, tiens, Moubarak aurait retardé son départ pour pouvoir mettre sa fortune à l'abri et piller les coffres de la banque centrale :

http://www.zerohedge.com/article/reason-mu…plundering-gold

http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/…is-fortune.html

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Invité rogermila

Fuites massives de Tunisiens vers l'Europe.

Alors que la Tunisie s'apprête à fêter lundi 14/2, un mois de la chute du régime de Ben Ali, près de 5 000 immigrants clandestins, essentiellement des Tunisiens, ont débarqué au cours des cinq derniers jours à Lampedusa, a indiqué samedi le commandant de la capitainerie du port de cette petite île italienne située au sud de la Sicile.

http://www.lemonde.fr/

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Des Yéménites hostiles au gouvernement marchent sur le palais

http://www.20minutes.fr/ledirect/669249/mo…marchent-palais

Fortune de Moubarak : Londres pour une action internationale

http://www.20minutes.fr/ledirect/669257/mo…-internationale

Tunisie: Le ministre des Affaires étrangères jette l'éponge :icon_up:

http://www.20minutes.fr/ledirect/669265/mo…es-jette-eponge

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Invité rogermila

Ce à quoi rêve tout gauchiste français est devenu réalité en Algérie.

Au lendemain d'une manifestation qui a réuni entre 2 000 et 3 000 personnes à Alger, le mouvement d'opposition algérien Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNDC) a appelé à à de nouvelles mobilisations dans la capitale algérienne tous les samedi "jusqu'à ce que le régime tombe", selon un porte-parole du parti d'opposition Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) , Mohsen Belabes.

http://www.lemonde.fr/

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Ces Tunisiens sans repères qui fuient leur pays

L'incertitude économique et politique a poussé des milliers de Tunisiens à rejoindre les côtes européennes ces derniers jours. L'Italie a proclamé samedi l'état d'urgence humanitaire.

La petite île italienne de Lampedusa se sent dépassée. En cinq jours, ce sont environ 5000 immigrants, pour la plupart Tunisiens, qui y ont débarqué, selon les garde-côtes italiens. Sur la seule nuit de samedi à dimanche, un millier de personnes sont arrivées illégalement. «La situation est difficile», a reconnu le commandant du port de Lampedusa Antonio Morana, «les débarquements se poursuivent à un rythme incessant». (…)

Face à cette vague d'immigration, l'Italie a proclamé samedi l'état d'urgence humanitaire. La veille, elle avait demandé l'aide de l'Union européenne et «le déploiement immédiat d'une mission Frontex d'interceptation et de patrouille au large des côtes de Tunisie pour le contrôle des flux», mettant en garde contre le risque d'une «crise humanitaire». La proclamation de l'état d'urgence permet notamment l'utilisation rapide de ressources financières spéciales. Les immigrants tunisiens recevront de l'aide «mais ils ne peuvent pas rester sur le territoire italien», a souligné le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, indiquant qu'ils seront rapatriés.

Selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), certains de ces immigrants «fuient la pauvreté et les grèves», d'autres «ont demandé l'asile politique», et enfin, quelques-uns «disent qu'ils veulent juste attendre et voir ce qui se passera en Tunisie».

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/02…t-leur-pays.php

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Une manifestation anti-gouvernementale au Yemen tourne à l'affrontement

http://www.20minutes.fr/ledirect/669353/mo…ne-affrontement

Bahreïn touché lundi par des manifestations anti-gouvernementales

http://www.20minutes.fr/ledirect/669381/mo…ouvernementales

Le Bahreïn est un petit pays producteur de pétrole du Golfe arabo-persique peuplé majoritairement de chiites, qui se plaignent de longue date de discrimination de la part de la famille régnante sunnite.

(…)

Cherchant à désamorcer la tension, le roi, Hamad bin Issa al Khalifa, a annoncé qu'il allouerait 1.000 dinars (2.650 dollars) à chaque famille bahreïnie, et le gouvernement a laissé entendre qu'il pourrait remettre en liberté des jeunes arrêtés l'an dernier lors d'opérations de police.

Quand chiites et sunnites se tapent dessus, on ne risque guère à envisager le pire.

Mes salutations aux Irakiens.

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Une nanalyse de Olivier Roy :

Révolution post-islamiste

LEMONDE.FR | 12.02.11 | 16h03 • Mis à jour le 13.02.11 | 19h18

L'opinion européenne interprète les soulèvements populaires en Afrique du Nord et en Egypte à travers une grille vieille de plus de trente ans : la révolution islamique d'Iran. Elle s'attend donc à voir les mouvements islamistes, en l'occurrence les Frères musulmans et leurs équivalents locaux, être soit à la tête du mouvement, soit en embuscade, prêt à prendre le pouvoir. Mais la discrétion et le pragmatisme des Frères musulmans étonnent et inquiètent : où sont passés les islamistes ?

Mais si l'on regarde ceux qui ont lancé le mouvement, il est évident qu'il s'agit d'une génération post-islamiste. Les grands mouvements révolutionnaires des années 1970 et 1980, pour eux c'est de l'histoire ancienne, celles de leurs parents. Cette nouvelle génération ne s'intéresse pas à l'idéologie : les slogans sont tous pragmatiques et concrets ("dégage", "erhal") ; il ne font pas appel à l'islam comme leurs prédécesseurs le faisaient en Algérie à la fin des années 1980. Ils expriment avant tout un rejet des dictatures corrompues et une demande de démocratie. Cela ne veut évidemment pas dire que les manifestants sont laïcs, mais simplement qu'ils ne voient pas dans l'islam une idéologie politique à même de créer un ordre meilleur : ils sont bien dans un espace politique séculier. Et il en va de même pour les autres idéologies : ils sont nationalistes (voir les drapeaux agités) mais ne prônent pas le nationalisme. Plus originale est la mise en sourdine des théories du complot : les Etats-Unis et Israël (ou la France en Tunisie, qui a pourtant soutenu Ben Ali jusqu'au bout) ne sont pas désignés comme la cause des malheur du monde arabe. Même le pan-arabisme a disparu comme slogan, alors même que l'effet de mimétisme qui jette les Egyptiens et les Yéménites dans la rue à la suite des événements de Tunis montre qu'il y a bien une réalité politique du monde arabe.

Cette génération est pluraliste, sans doute parce qu'elle est aussi plus individualiste. Les études sociologiques montrent que cette génération est plus éduquée que la précédente, vit plus dans le cadre de familles nucléaires, a moins d'enfants, mais en même temps, elle est au chômage ou bien vit dans le déclassement social. Elle est plus informée, et a souvent accès aux moyens de communications modernes qui permettent de se connecter en réseau d'individu à individu sans passer par la médiation de partis politiques (de toute façon interdits). Les jeunes savent que les régimes islamistes sont devenus des dictatures : ils ne sont fascinés ni par l'Iran ni par l'Arabie saoudite. Ceux qui manifestent en Egypte sont précisément ceux qui manifestaient en Iran contre Ahmedinejad (pour des raisons de propagande le régime de Téhéran fait semblant de soutenir le mouvement en Egypte, mais c'est un règlement de comptes avec Moubarak). Ils sont peut-être croyants, mais séparent cela de leur revendications politiques : en ce sens le mouvement est "séculier", car il sépare religion et politique. La pratique religieuse s'est individualisée.

On manifeste avant tout pour la dignité, pour le "respect" : ce slogan est parti de l'Algérie à la fin des années 1990. Les valeurs dont on se réclame sont universelles. Mais la démocratie qu'on demande aujourd'hui n'est plus un produit d'importation : c'est toute la différence avec la promotion de la démocratie faite par l'administration Bush en 2003, qui n'était pas recevable car elle n'avait aucune légitimité politique et était associée à une intervention militaire. Paradoxalement l'affaiblissement des Etats-unis au Moyen-Orient, et le pragmatisme de l'administration Obama, aujourd'hui permettent à une demande autochtone de démocratie de s'exprimer en toute légitimité.

Ceci dit une révolte ne fait pas une révolution. Le mouvement n'a pas de leaders, pas de partis politiques et pas d'encadrement, ce qui est cohérent avec sa nature mais pose le problème de l'institutionnalisation de la démocratie. Il est peu probable que la disparition d'une dictature entraîne automatiquement la mise en place d'une démocratie libérale, comme Washington l'espérait pour l'Irak. Il y a dans chaque pays arabe, comme ailleurs, un paysage politique d'autant plus complexe qu'il a été occulté par la dictature. Or en fait, à part les Islamistes et, très souvent, les syndicats (même affaiblis), il n'y a pas grand chose.

LES ISLAMISTES N'ONT PAS DISPARU MAIS ONT CHANGÉ

Nous appelons islamistes ceux qui voient dans l'islam une idéologie politique à même de résoudre tous les problèmes de la société. Les plus radicaux ont quitté la scène pour le jihad international et ne sont plus là : ils sont dans le désert avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), au Pakistan ou dans la banlieue de Londres. Ils n'ont pas de base sociale ou politique. Le jihad global est complètement déconnecté des mouvements sociaux et des luttes nationales. Bien sûr la propagande d'Al-Qaida essaie de présenter le mouvement comme l'avant-garde de toute la communauté musulmane contre l'oppression occidentale, mais cela ne marche pas. Al-Qaida recrute de jeunes jihadistes dé-territorialisés, sans base sociale, qui ont tous coupé avec leur voisinage et leur famille. Al-Qaida reste enfermé dans sa logique de "propagande par le fait" et ne s'est jamais préoccupé de construire une structure politique au sein des sociétés musulmanes. Comme de plus l'action d'Al-Qaida se déroule surtout en Occident ou vise des cibles définies comme occidentales, son impact dans les sociétés réelles est nul.

Une autre illusion d'optique est de lier la réislamisation massive qu'ont semblé connaître les sociétés du monde arabe au cours des trente dernières années avec une radicalisation politique. Si les sociétés arabes sont plus visiblement islamiques qu'il y a trente ou quarante ans, comment expliquer l'absence de slogans islamiques dans les manifestations actuelles ? C'est le paradoxe de l'islamisation : elle a largement dépolitisé l'islam. La réislamisation sociale et culturelle (le port du voile, le nombre de mosquées, la multiplication des prêcheurs, des chaînes de télévision religieuses) s'est faite en dehors des militants islamistes, elle a aussi ouvert un "marché religieux" dont plus personne n'a le monopole ; elle est aussi en phase avec la nouvelle quête du religieux chez les jeunes, qui est individualiste mais aussi changeante. Bref les islamistes ont perdu le monopole de la parole religieuse dans l'espace public, qu'ils avaient dans les années 1980.

D'une part les dictatures ont souvent (mais pas en Tunisie) favorisé un islam conservateur, visible mais peu politique, obsédé par le contrôle des moeurs. Le port du voile s'est banalisé. Ce conservatisme de l'Etat s'est trouvé en phase avec la mouvance dite "salafiste" qui met l'accent sur la réislamisation des individus et non sur les mouvements sociaux. Bref, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la réislamisation a entraîné une banalisation et une dépolitisation du marqueur religieux : quand tout est religieux, plus rien n'est religieux. Ce qui, vu de l'Occident, a été perçu comme une grande vague verte de réislamisation ne correspond finalement qu'à une banalisation : tout devient islamique, du fast-food à la mode féminine. Mais les formes de piété se sont aussi individualisées : on se construit sa foi, on cherche le prêcheur qui parle de la réalisation de soi, comme l'Egyptien Amr Khaled, et on ne s'intéresse plus à l'utopie de l'Etat islamique. Les "salafis" se concentrent sur la défense des signes et valeurs religieuses mais n'ont pas de programme politique : ils sont absents de la contestation où l'on ne voit pas de femmes en burqa (alors qu'il y a beaucoup de femmes parmi les manifestants, même en Egypte). Et puis d'autres courants religieux qu'on croyait en retrait, comme le soufisme, fleurissent à nouveau. Cette diversification du religieux sort aussi du cadre de l'islam, comme on le voit en Algérie ou en Iran, avec une vague de conversions au christianisme.

Une autre erreur est de concevoir les dictatures comme défendant le sécularisme contre le fanatisme religieux. Les régimes autoritaires n'ont pas sécularisé les sociétés, au contraire, sauf en Tunisie, ils se sont accommodés d'une réislamisation de type néo fondamentaliste, où l'on parle de mettre en œuvre la charia sans se poser la question de la nature de l'Etat. Partout les oulamas et les institutions religieuses officielles ont été domestiqués par l'Etat, tout en se repliant sur un conservatisme théologique frileux. Si bien que les clercs traditionnels, formés à Al-Azhar, ne sont plus dans le coup, ni sur la question politique, ni même sur les grands enjeux de la société. Ils n'ont rien à offrir aux nouvelles générations qui cherchent de nouveaux modèles pour vivre leur foi dans un monde plus ouvert. Mais du coup les conservateurs religieux ne sont plus du côté de la contestation populaire.

UNE CLÉ DU CHANGEMENT

Mohammed Badie, le guide suprême depuis janvier 2010 des Frères musulmans égyptiens, lors d'une conférence de presse le 30 mai 2010.AFP/-

Cette évolution touche aussi les mouvements politiques islamistes, qui s'incarnent dans la mouvance des Frères musulmans et de leurs épigones, comme le parti Nahda en Tunisie. Les Frères musulmans ont bien changé. Le premier point c'est bien sûr l'expérience de l'échec, aussi bien dans l'apparent succès (la révolution islamique d'Iran), que dans la défaite (la répression partout menée contre eux). La nouvelle génération militante en a tiré les leçons, ainsi que des anciens comme Rachid Ghannouchi en Tunisie. Ils ont compris que vouloir prendre le pouvoir à la suite d'une révolution conduisait soit à la guerre civile, soit à la dictature ; dans leur lutte contre la répression ils se sont rapprochés des autres forces politiques. Bons connaisseurs de leur propre société, ils savent aussi le peu de poids de l'idéologie. Ils ont aussi tiré les leçons du modèle turc : Erdogan et le parti AK ont pu concilier démocratie, victoire électorale, développement économique, indépendance nationale et promotion de valeurs sinon islamiques, du moins "d'authenticité".

Mais surtout les Frères musulmans ne sont plus porteurs d'un autre modèle économique ou social. Ils sont devenus conservateurs quant aux mœurs, et libéraux quant à l'économie. Et c'est sans doute l'évolution la plus notable : dans les années 1980, les islamistes (mais surtout les chi'ites) prétendaient défendre les intérêts des classes opprimées et prônaient une étatisation de l'économie, et une redistribution de la richesse. Aujourd'hui les Frères musulmans égyptiens ont approuvé la contre-réforme agraire menée par Moubarak, laquelle consiste à redonner aux propriétaires terriens le droit d'augmenter les baux et de renvoyer leurs fermiers. Si bien que les islamistes ne sont plus présents dans les mouvements sociaux qui agitent le delta du Nil, où l'on observe désormais un retour de la "gauche", c'est dire de militants syndicalistes.

Mais l'embourgeoisement des islamistes est aussi un atout pour la démocratie : faute de jouer sur la carte de la révolution islamique, il les pousse à la conciliation, au compromis et à l'alliance avec d'autres forces politiques. La question aujourd'hui n'est plus de savoir si les dictatures sont le meilleur rempart contre l'islamisme ou non. Les islamistes sont devenus des acteurs du jeu démocratique. Ils vont bien sûr peser dans le sens d'un plus grand contrôle des mœurs, mais faute de s'appuyer sur un appareil de répression comme en Iran, ou sur une police religieuse comme en Arabie saoudite, ils vont devoir composer avec une demande de liberté qui ne s'arrête pas seulement au droit d'élire un parlement. Bref ou bien les islamistes vont s'identifier au courant salafiste et conservateur traditionnels, perdant ainsi leur prétention de penser l'islam dans la modernité, ou bien ils vont devoir faire un effort de repenser leur conception des rapports entre la religion et la politique.

Les Frères musulmans seront d'autant plus une clé du changement que la génération en révolte ne cherche guère à se structurer politiquement. On reste dans la révolte de protestation, pas dans l'annonce d'un nouveau type de régime. D'autre part, les sociétés arabes restent plutôt conservatrices ; les classes moyennes qui se sont développées à la suite des libéralisations économiques veulent de la stabilité politique : elles protestent avant tout contre la nature prédatrice des dictatures, qui confine à la kleptomanie dans le régime tunisien. La comparaison entre la Tunisie et l'Egypte est éclairante. En Tunisie le clan Ben Ali avait affaibli tous ses alliés potentiels, par refus de partager non seulement le pouvoir mais surtout la richesse : la classe des hommes d'affaires a été littéralement escroquée en permanente par la famille, et l'armée a été laissée non seulement hors-jeu sur le plan politique, mais surtout en dehors de la distribution des richesses : l'armée tunisienne était pauvre ; elle a même un intérêt corporatiste à avoir un régime démocratique qui lui assurera sans doute un budget plus élevé.

Par contre en Egypte le régime avait une base sociale plus large, l'armée est associée non seulement au pouvoir mais aussi à la gestion de l'économie et à ses bénéfices. La demande démocratique butera donc partout dans le monde arabe sur l'enracinement social des réseaux de clientélisme de chaque régime. Il y a ici une dimension anthropologique intéressante : la demande de démocratie est-elle capable de dépasser les réseaux complexes d'allégeances et d'appartenances à des corps sociaux intermédiaires (qu'il s'agisse de l'armée, de tribus, de clientèles politiques, etc.). Quelle est la capacité des régimes à jouer sur les allégeances traditionnelles (les Bédouins en Jordanie, les tribus au Yémen) ? Comment ces groupes sociaux peuvent-ils ou non se brancher sur cette demande de démocratie et en devenir des acteurs ? Comment la référence religieuse va se diversifier et s'adapter à des nouvelles situations ? Le processus va être long et chaotique, mais une chose est certaine : nous ne sommes plus dans l'exceptionnalisme arabo-musulman. Les événements actuels reflètent un changement en profondeur des sociétés du monde arabe. Ces changements sont en cours depuis longtemps, mais ils étaient occultés par les clichés tenaces que l'Occident accrochaient sur le Moyen-Orient.

Il y a vingt ans, je publiais L'Echec de l'islam politique. Qu'il ait été lu ou non n'a pas d'importance, mais ce qui se passe aujourd'hui montre que les acteurs locaux ont tiré eux-mêmes les leçons de leur propre histoire. Nous n'en avons pas fini avec l'islam, certes, et la démocratie libérale n'est pas la "fin de l'histoire", mais il faut désormais penser l'islam dans le cadre de son autonomisation par rapport à une culture dite "arabo-musulmane" qui pas plus aujourd'hui qu'hier n'a été fermée sur elle-même.

Olivier Roy, professeur et directeur du programme méditerranéen de l'Institut universitaire européen de Florence (Italie)

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Par contre, si tu veux voir de vrais racistes über complexés, tu vas consulter les statistiques cubaines. Où sans rire, on t'assure que les 3/4 de la population cubaine est blanche. Là, c'est le contraire, un parent "blanc" (c'est-à-dire en fait un grand-parent ou un arrière-grand-parent blanc) et paf, t'es "blanc", même si ls 3/4 de tes ancêtres sont total black.

J'ai d'ailleurs ma théorie sur le castrisme à Cuba : c'est juste les blancs, les vrais, qui ont repris le pouvoir aux métis qui étaient arrivés à toucher les plus hautes sphéres de l'État grâce au système démocratique.

Pas faux ça; il y a un phénomène similaire à la Réunion, avec parfois l'invention d'une mythologie familiale la moins métissée possible. La rhétorique anticolonialiste a surtout servi à porter au pouvoir les fonctionnaires de métropole inféodés à une oligarchie locale.

Maintenant je sais pourquoi tu détestes tant Attali : tu rêves de lui piquer sa place.

Contrairement à Attila le techno, je ne tire pas de plans futuristes sur la comète. Mon analyse est fondée sur une bonne connaissance des arcanes de la diplomatie turque et sur l'évolution de la stratégie de déploiement de la Turquie en tant que plaque tournante régionale, en direction des pays turcophones d'Asie centrale, puis de l'Iran et maintenant du Machrek. Il n'y a que les eurocrates pour croire que la Turquie veut devenir européenne.

Observatoire de la Vie Politique Turque (OVIPOT)

L’expérience turque de transition politique peut-elle servir de modèle à l’Egypte de l’après-Moubarak ?

Alors que l’Egypte célèbre le départ d’Hosni Moubarak et que l’on s’interroge sur ce que sera le nouveau gouvernement de ce pays, un débat autour du «modèle» turque de démocratisation ne cesse de s’intensifier. Le 1er février dernier, rompant le silence qu’il avait observé pendant les premiers développements de la Révolution égyptienne, Recep Tayyip Erdoğan a non seulement apporté son soutien aux revendications des manifestants, mais également estimé que l’expérience turque pouvait servir de «modèle» aux mouvements en cours dans le monde arabe ; une opinion surprenante, car jusqu’alors les dirigeants de l’AKP s’étaient bien gardés de se poser en exemple, en dépit du capital de sympathie qu’ils ont récemment accumulé dans le monde arabe. Confirmant cette position, le lendemain, alors qu’il se trouvait en visite officielle en Kirghizie, le premier ministre turc, quelques jours plus tard, l’a néanmoins tempérée, en affirmant qu’il n’avait pas non plus l’intention de s’immiscer dans les affaires intérieures des pays arabes.

Toutefois, ces prises de position officielles ont amplifié une mise en exergue du «modèle» turc, qui avait déjà commencé à défrayer la chronique, depuis plusieurs semaines, notamment en Turquie. Elles sont intervenues de surcroît au moment même où le think tank turc TESEV publiait les résultats d’une enquête accréditant l’idée que l’expérience turque pouvait servir d’exemple. Selon les auteurs de cette étude, menée entre le 25 août et le 27 septembre dernier, auprès de 2267 personnes dans 7 pays arabes (l’Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l’Égypte, l’Arabie Saoudite et les territoires palestiniens), ainsi qu’en Iran, 66% des personnes interrogées ont estimé que la Turquie était l’exemple réussi d’un mariage de l’islam avec la démocratie, et qu’elle pouvait servir d’exemple aux pays du Moyen-Orient. On observe, en outre, que les personnes sondées sont d’accord, à plus de 70%, pour dire que le rôle de la Turquie au Moyen-Orient s’est récemment accentué, et pour souhaiter que ce pays joue un rôle plus important dans la région, en particulier pour qu’il assume la médiation du conflit israélo-palestinien. Ce sont sa culture musulmane, son économie, son gouvernement démocratique, et son soutien aux Palestiniens et aux musulmans, qui poussent les personnes consultées à y voir «un modèle». En revanche, son système laïque, sa pratique religieuse moins assidue qu’ailleurs, et ses liens avec les pays occidentaux, qui apparaissaient antérieurement comme les caractères souvent vantés de la Turquie au sein du monde musulman, sont ressentis désormais comme des facteurs qui tendent à disqualifier le «modèle» turc.

Les auteurs de cette enquête font aussi remarquer que la Turquie a gagné un degré important de sympathie chez ses voisins arabo-musulmans, alors même qu’on a longtemps vécu sur l’idée reçue que Turcs et Arabes ne s’appréciaient pas beaucoup. Sans remonter à la révolte arabe contre l’Empire ottoman en 1916, ces auteurs rappellent notamment qu’en 2002, un sondage, conduit par une importante entreprise américaine, montrait que la Turquie était alors l’un des pays les plus mal-aimé du Moyen-Orient. Ils attribuent le retournement d’opinion qu’indique leur enquête aux changements qu’a connus la politique étrangère turque sous l’impulsion de l’AKP, et notamment à l’attention marquée qu’a manifestée la Turquie à l’égard de ses voisins arabes au cours des dernières années, mais ils insistent également sur la capacité nouvelle de celle-ci à se conduire en véritable «soft power» au Moyen-Orient, citant notamment l’intensification des politiques de coopération de la diplomatie turque, et également la croissance de l’influence culturelle de ce pays (succès remporté notamment par les feuilletons télévisés turcs dans l’ensemble du monde arabe).

Les raisons de cette «turcomania» doivent être néanmoins accueillies avec discernement, car elles témoignent probablement plus de la bonne image acquise par la Turquie au Moyen-Orient du fait de sa nouvelle politique étrangère et de l’attitude adoptée à l’égard d’Israël, que véritablement d’une capacité à être un «modèle» de démocratisation pour les pays de la région. La démocratie et l’Etat de droit restent d’ailleurs à parfaire en Turquie. En dépit des réformes et des mutations politiques profondes accomplies ces dernières années, l’impasse à laquelle ont abouti ces derniers mois les projets de règlement politique de la question kurde, les blocages qui affectent actuellement le procès des assassins du journaliste Hrant Dink ou les difficultés que rencontre la tentative de levée de certains tabous de l’histoire turque, anciens (génocide arménien) ou beaucoup plus récents (sale guerre contre les rebelles kurdes dans les années 90), devraient inciter les promoteurs officiels du «modèle turc» à rester modestes.

Toutefois, il est vrai la transition qui est en train de conduire la Turquie vers un système débarrassé d’une emprise militaire pesante après avoir «digérée» l’islam politique, est une expérience sans doute à méditer, à condition qu’en évitant de faire des rapprochements un peu hâtifs pour essayer de trouver des solutions toutes faites, on se donne la peine de saisir ce qui fait la spécificité du processus politique en cours.

En ce qui concerne tout d’abord la démilitarisation, il faut rappeler que l’influence de l’armée telle qu’on l’a connue dans le système politique turc, après le premier coup d’Etat de 1960, ne constitue pas la poursuite d’une tendance naturelle remontant à la révolution jeune turque et à la fondation de la République par Mustafa Kemal. À l’époque kémaliste, l’armée, en tant que telle, a été relativement peu impliquée et influente dans le processus de décision politique. En réalité, c’est surtout lorsque, dans les années 1950, un gouvernement civil, élu démocratiquement, a commencé à contester la place dominante et les privilèges des élites kémalistes (dont faisaient partie les militaires), que l’armée à commencer à s’ingérer dans le fonctionnement d’un régime politique qui était alors en cours de démocratisation et à essayer d’en prendre le contrôle. Après deux coups d’Etat (1960, 1971), le régime de la Constitution de 1982, issu d’un troisième putsch, celui de 1980, a permis la consécration de ce système parlementaire pluraliste militarisé, faisant de l’armée son acteur politique majeur. Jusqu’aux années 2000, cet acteur est parvenu à assurer la pérennité de son système sans avoir à sortir de ses casernes, en se contentant de maintenir des équilibres politiques propres à garantir ses intérêts, et à éloigner du pouvoir et à réprimer des forces politiques qu’il rejetait (islamistes, partis politiques kurdes notamment…)

La remise en cause de ce régime constitutionnel militarisé a découlé de l’arrivée au pouvoir en 2002 de l’AKP, une force politique issue de la mouvance islamiste turque, mais qui ne se revendique plus de l’islamisme. Le succès de cet acteur clé du changement provient du fait que, tout en ayant réussi à conserver l’essentiel de l’électorat islamiste, il a réussi à capter à son profit l’influence dont disposaient les partis de centre droit conservateurs qui avaient tenu, depuis les années 50, une place centrale dans le gouvernement de la Turquie, tout en obtenant le soutien d’intellectuels et d’acteurs politiques variés qui, exaspérés par l’immobilisme du système militarisé, aspiraient à sortir de l’alternative infernale «armée ou islamistes». Lorsqu’on en vient ainsi à s’interroger sur les raisons qui expliquent que les islamistes turcs soient parvenus à devenir le vecteur du déblocage du système, moins que les facteurs idéologiques et religieux, il faut probablement privilégier la prise en compte de leur aptitude à s’insérer dans un système parlementaire organisant régulièrement, en dépit des coups d’Etat militaires, la tenue d’élections non truquées, et laissant place à une vie politique active au niveau national et au niveau local. Les islamistes turcs ont sans doute commencé à être changés par le système avant de contribuer à le changer.

Ce que nous apprend donc surtout l’expérience turque, c’est que dans un système de démocratie contrôlée, l’armée, sous la pression d’un rapport de force légitimé par un processus électoral sincère, peut accepter d’abandonner sa position dominante pour se soumettre progressivement à l’autorité d’un gouvernement civil, et que parallèlement un parti islamiste, considéré comme le péril principal pour ce système, peut en devenir le gestionnaire, tout en s’employant à le transformer, et notamment à lui faire respecter les principes dont il se réclamait sans parvenir à les satisfaire pleinement (la démocratie, l’État de droit). Mais il faut voir que l’expérience, dont nous parlons, n’est pas encore achevée, et qu’elle est aussi le résultat des mutations profondes qui ont été celles de la société et de l’économie turques au cours des trois dernières décennies (développement d’une classe moyenne et d’une société civile en particulier). Dès lors, si la transition turque n’est pas sans intérêt pour les Egyptiens qui célèbrent actuellement le départ d’Hosni Moubarak et les perspectives que cela ouvre enfin à un pays épuisé par 30 ans d’une autocratie qui paraissait immuable, il est certain qu’ils devront aussi inventer leur propre transition vers un régime que l’on espère le plus démocratique possible.

JM

http://ovipot.blogspot.com/2011/02/lexperi…transition.html

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Mon analyse est fondée sur une bonne connaissance des arcanes de la diplomatie turque et sur l'évolution de la stratégie de déploiement de la Turquie en tant que plaque tournante régionale…

Rien à voir avec une renaissance de l'Empire ottoman, il s'agit simplement du projet kemaliste de "pan-turquisme" orienté vers les zones et les populations "turques", donc vers l'Asie centrale, justement là où n'était pas l'Empire ottoman.

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Rien à voir avec une renaissance de l'Empire ottoman, il s'agit simplement du projet kemaliste de "pan-turquisme" orienté vers les zones et les populations "turques", donc vers l'Asie centrale, justement là où n'était pas l'Empire ottoman.

En fait les deux tendances coexistent au sein de l'AKP : on trouve des kémalistes d'idéologie panturquiste dans le sillage d'Abdullah Gül et des islamistes se référant au projet Ottoman dans le sillage d'Erdogan. Sans qu'on sache très bien laquelle de ces deux tendances sera prédominante à l'avenir. Pour l'instant le modèle turc tend plutôt vers une synthèse, à la fois panturquiste (national-kémaliste), économiquement assez libérale et politiquement islamiste.

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Invité rogermila

Journaliste occidentale prise pour cible.

Lara Logan, journaliste de la chaîne américaine CBS a été victime d'une agression à la place Tahrir, au Caire, lors des célébrations saluant la chute du président Hosni Moubarak le 11 février dernier. Elle a été agressée sexuellement et battue.

La chaîne CBS explique que Mme Logan, pressée par une foule survoltée, s'est retrouvée isolée de son équipe et de leurs gardes de sécurité pendant les célébrations. L'agression qu'elle a subie a été « brutale et prolongée », affirme la chaîne dans un communiqué.

La journaliste, qui est retournée aux États-Unis samedi dernier, se remet de son agression dans un hôpital américain.

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Inter…ion-caire.shtml

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Journaliste occidentale prise pour cible.

Lara Logan, journaliste de la chaîne américaine CBS a été victime d'une agression à la place Tahrir, au Caire, lors des célébrations saluant la chute du président Hosni Moubarak le 11 février dernier

Ils ont compris que c'était Clara Morgan, ceci explique cela.

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http://www.lefigaro.fr/international/2011/…munautaires.php

Ca chauffe au Bahreïn, mais pour d'autres raisons qu'en Tunisie ou en Egypte:

Le Bahreïn est le seul pays arabe du Golfe peuplé d'une majorité de chiites (70 %), mais gouverné par des sunnites. 1,2 million de personnes - dont la moitié a moins de 30 ans - vivent sur cet archipel de 741 km2, 54% d'entre elles sont des expatriés étrangers, principalement d'origine asiatique. La majorité chiite s'estime discriminée en matière d'emplois dans l'administration, de services sociaux et publics présents dans les villages et de logement. La population chiite s'inquiète également de la politique du gouvernement qui accorde à des sunnites étrangers, souvent des Balouches, des Jordaniens et des Irakiens, la nationalité bahreïnie et les embauche dans les services secrets et les forces de l'ordre. Selon les Chiites,cette politique vise à la supplanter démographiquement.

• Situation politique. Le pays est gouverné depuis 1783 par la dynastie sunnite des Al-Khalifa. Protectorat britannique à partir 1871, il a accédé à l'indépendance, le 15 août 1971. Le Bahreïn est une monarchie constitutionnelle. Le roi Hamad bin Isa al-Khalifa, 61 ans, a succédé à son père en 1999. Son héritier est son fils, le prince Cheikh Salman bin Hamad al-Khalifa. L'oncle du roi, le cheikh Khalifa ben Salman al Khalifa, est premier ministre depuis l'indépendance de l'archipel en 1971.

Une précédente vague de troubles, initiée par l'opposition chiite, avait fait une quarantaine de morts entre 1994 et 1999. Cette contestation avait abouti en 2001 au rétablissement du Parlement élu, dissous en 1975. L'adoption en 2002 d'une nouvelle Constitution et l'organisation d'élections législatives ont contribué à ramener le calme mais l'opposition chiite juge désormais ces réformes insuffisantes.

Le Parlement du Bahreïn se compose de deux chambres, mais c'est la chambre haute, le Conseil consultatif, nommée par le roi, qui détient le pouvoir. Si les représentants de la chambre basse sont désignés par les 318.000 électeurs du pays, toutes ses initiatives doivent être approuvées par la chambre haute. L'opposition chiite du mouvement al-Wefaq est sortie renforcée des législatives d'octobre 2010, remportant 18 sièges sur 40.

• Une économie développée mais fragile. Ce petit royaume est le quatrième État le plus riche des pays du Golfe, derrière le Qatar, le Koweït et les Émirats arabes unis. Sa force: le pétrole et, surtout, un secteur financier hypertrophié qui représente 25% de son économie.

D'après les chiffres officiels, le chômage oscillerait autour de 4%. L'inflation est également contenue, et devrait se situer entre 3% et 4% en 2011. L'État a par ailleurs annoncé début 2011 qu'il continue à subventionner les prix alimentaires afin d'alléger les hausses de prix causées par la flambée des cours mondiaux. Il en a les moyens, avec un probable excédent budgétaire en 2011, selon Nomura.

Le Bahreïn fait face cependant à des défis de taille. Premier pays du Golfe à avoir ouvert un puit de pétrole, en 1932, il pompe aujourd'hui ses derniers barils. Première place financière du Golfe, il a fortement souffert de l'éclatement de la bulle immobilière en 2009. L'état de ses banques inquiètent les investisseurs.

«Les défis du Bahreïn sont similaires à ceux des autres pays du Golfe, comme la diversification de l'économie et la création de suffisamment d'emplois pour sa population croissante», résume Ann Wyman, économiste chez Nomura

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Au Bahreïn, la situation s'est brusquement durcie. Au terme d'un violent assaut, l'armée a délogé dans la nuit la centaine de manifestants qui campaient sur la Place de la Perle, dans le centre de la capitale Manama. Les forces anti-émeutes ont attaqué les protestataires sans sommation, à coups de gaz lacrymogènes mais également, selon l'opposition, de balles en caoutchouc et à fragmentation. Quatre manifestants ont été tués et 95 personnes auraient été blessées, selon l'opposition. Un journaliste américain a par ailleurs été passé à tabac.

Les manifestants occupaient depuis mardi la place, qu'ils ont renommée place Tahrir en hommage à celle du Caire. Jeudi, des chars ont fait leur apparition dans la ville. L'armée bahreïnie a annoncé avoir pris toutes les mesures «préventives et fermes pour rétablir l'ordre et la sécurité publiques». Pour sa part, l'opposition a officiellement réclamé la démission du gouvernement, après la dispersion par la force d'un rassemblement pacifique. Le premier ministre, cheikh Khalifa ben Salmane Al-Khalifa, oncle du roi, est à ce poste depuis l'indépendance de Bahreïn, en 1971.

Au moins 95 personnes auraient été blessées dans le raid policier à Manama. Crédits photo : JOSEPH EID/AFP

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton est «profondément inquiète» de la situation au Bahreïn et a appelé le gouvernement à la «retenue» face aux manifestants lors d'une conversation téléphonique avec son homologue bahreïni, selon un responsable américain.

Plus tôt, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, avait déploré «les morts et les violences et demande aux autorités bahreïnies de respecter et de protéger les droits fondamentaux de leurs citoyens, y compris le droit à se rassembler pacifiquement». Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur a voulu justifier son intervention musclée : «Les forces de sécurité ont épuisé toutes les chances de dialogue».

L'assaut de jeudi porte à six le nombre de morts dans le pays depuis le début du mouvement relayé par Facebook lundi. Face à l'émotion causée par le décès des premières victimes, le ministre bahreïni de l'Intérieur s'était excusé et avait promis l'arrestation des responsables présumés au sein des forces de sécurité. Le roi de ce petit royaume du Golfe gouverné par une dynastie sunnite, alors que 70% de la population est chiite, s'était lui engagé à des réformes.

En réaction à la mort de manifestants, le bloc chiite au Parlement bahreïni, qui compte 18 sièges sur 40, a annoncé jeudi son intention de se retirer de l'Assemblée.

Ca chauffe aussi un peu en Libye:

http://www.lefigaro.fr/international/2011/…er-en-libye.php

• En Libye, jeudi a été déclaré «journée de la colère» par les opposants au régime du colonel Kadhafi, à la tête du pays depuis 42 ans. Des manifestants réclamant son départ sont descendus dans les rues de plusieurs villes. Au moins six personnes ont été tuées dans des heurts entre forces de l'ordre et manifestants anti-régime à Benghazi. Deux autres ont été tuées dans les mêmes circonstances à al-Baïda, à 1200 km à l'est de Tripoli.

Mercredi déjà, des heurts avaient éclaté dans cette ville de l'est du pays, où la police a fait 38 blessés en dispersant un sit-in. Des tirs à balles réelles auraient eu lieu.

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