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Révolution au Moyen-Orient


Invité rogermila

Messages recommandés

Je demande un peu naïvement mais : que fait Abdallah II de Jordanie sur cette liste ? C'était pour garder l'harmonie des six cases ?

Il y a des émeutes en Jordanie en ce moment. Et puis on ne pouvait pas mettre M6 ou un émir acheteur de rafales.

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Pour dissiper un peu la démagogie journaleuse ambiante qui se paluche sur la "révolution des jasmins":

http://bernardlugan.blogspot.com/2011/01/c…gan-sur-la.html

Une démonstration en creux que le Maghreb n'appartient en réalité pas à l'Afrique, et que donc le spécialiste de l'Afrique qu'est Lugan est aussi pertinent pour parler de la Tunisie qu'un sinologue.

Ce texte repose sur deux éléments : d'une part le ridicule des déclarations journalistiques, mais avait-on besoin des évènements de Tunisie pour le savoir, et d'autre part sur une curieuse manie. Celle-ci consiste à expliquer que comparé à d'autres Etats, le régime de Ben Ali n'était pas si pire que cela.

Désormais, l'argument politique ultime : "oui, en France, l'Etat accapare 55% de la richesse nationale, mais comme les français sont mieux lotis que les somaliens, il est ridicule qu'ils se plaignent". Ou bien "certes jeune homme, tu t'es fait voler ton iPhone dans le métro, mais sache que si tu n'étais pas français mais colombien, tu serais probablement mort, il est donc ridicule que tu te plaignes. Et si tu étais somalien, tu n'aurais pas d'iPhone, et il n'y aurait pas de métro.".

Ainsi : l'Etat français, de par l'existence même de l'épouvantable régime nord-coréen, peut sans problème soutenir tous les autres régimes du monde puisque ceux-ci font figure de havre de liberté quand on les compare aux conditions de vie nord-coréennes.

Pratique finalement.

De même, on peut affirmer que la France c'est super, de quoi on se plaint? Même si Besancenot ou Le Pen arrivaient au pouvoir, ce serait moins pire que la Corée du Nord ou la Somalie. Donc, ce serait bien. Il ne faudrait donc pas se plaindre ni se révolter, puisqu'il y a bien pire.

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Le communiqué de Bernard LUGMAN cité par FreeJazz est tout à fait intéressant.

Au passage il fournit peut-être une explication à ceci :

Sur BFM à l'instant sont interviewés des tunisiens en Tunisie et des tunisiens en France : les premiers parlent un français parfait et assez soutenu, les second nettement moins. :icon_up:

Si Chitah faisait référence à des interview d'opposants, alors il se peut que ce soit des communistes, dont la méthode de communication (e.g. en Occident durant la Guerre Froide) consiste à dégrader volontairement leur langage afin de se rapprocher subjectivement du peuple. Vous vous souvenez de ce dirigeant CGTiste des années 1980 nommé Henri KRAZUCKI, célèbre pour l’hilarité qu'il engendrait avec son allure défraichie, sa diction annonante, son phrasé indigent, ses idées incultes et débiles à 3 neurones ? Hé bien un jour des amis polytechniciens furent éblouis à Palaiseau par une conférence d'un homme à l'allure soignée, à l'élocution impeccable, au phrasé structuré, à la riche culture, et à la pensée brillante : Henri KRAZUCKI.

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Invité Arn0
Ce texte repose sur deux éléments : d'une part le ridicule des déclarations journalistiques, mais avait-on besoin des évènements de Tunisie pour le savoir, et d'autre part sur une curieuse manie. Celle-ci consiste à expliquer que comparé à d'autres Etats, le régime de Ben Ali n'était pas si pire que cela.

Ce n'est pas vraiment le propos de l'article.

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Invité Arn0
La comparaison avec la révolution iranienne ne tient pas vraiment : c'était clairement les islamistes qui était la locomotive en Iran, même si ils ont pu fédérer derrière eux l'ensemble des opposants au shah. En Tunisie les islamistes peuvent récupérer la situation, mais ils ne semble pas en être les meneurs pour le moment. En Egypte la situation serait probablement différente, mais pour l'instant ce n'est pas encore d'actualité.

Et l'idée que l'islamisme est forcément pire qu'une dictature laïque n'est pas toujours vrai. Cela a conduit à préférer le régime de Saddam contre celui des Mollahs alors qu'objectivement il était infiniment pire, ou encore à avoir une certaine sympathie avec les nationalistes turcs contre Erdoğan "l'islamiste".

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Si Chitah faisait référence à des interview d'opposants, alors il se peut que ce soit des communistes, dont la méthode de communication (e.g. en Occident durant la Guerre Froide) consiste à dégrader volontairement leur langage afin de se rapprocher subjectivement du peuple

HS, mais ça me rappelle quelque chose ça…SCM ou H16 vous confirmez :icon_up: ?

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post-4-1295219440_thumb.jpg

J'aimerais bien savoir pourquoi la tête de notre monarque nationaliste aux mains des généraux Mohammed VI n'est pas sur la liste.

Ah oui vous comprenez les français adorent les marocains, c'est comme des frères, c'est comme si c'était nous. Les français viennent passer leurs vacances dans la Palmeraie au milieu du sable, par charters depuis l'Elysée et depuis le le FMI, ou encore acheter une propriété à Marrakech pour s'y faire chier.

Non, non, surtout silence dans la presse et pas touche au Maroc, et son régime hyper-respectueux des libertés, pas corrompu du tout, hyper friendly avec les sahraouis dont tout le monde s'en fout surtout la France et les journalistes franchouilles, et toujours provoquant des crises diplomatiques en menaçant la souveraineté espagnole sur des enclaves de Ceuta et Melilla largement désireuses de rester espagnoles.

Laberration…après l'excellent papier de Zaki Laïdi sur la mentalité clanique, on touche le fond.

C'est ironique? Non parce que son papier, même si incomplet, explique pas mal de choses vraies et correctes.

Et franchement j'aime bien Bernard Lugan mais il est à l'ouest complètement sur le coup, la Tunisie n'est pas du tout le miracle économique qu'il prétend être, ah mais oui, passer ses vacances en thalasso à Djerba c'est tellement bien, tout va bien alors en Tunisie, l'année prochaine j'irai en vacances à Cuba tiens, pas mal l'image d'Epinal. Si la Tunisie va si bien, comment expliquer les vagues d'immigration vers l'Europe et comment expliquer le fort taux de chomage et son rang ridicule en terme de libertés économiques. Si les tunisiens se sont révoltés, c'est d'abord pour des motifs économiques, on ne se révolte jamais tant qu'on n'a pas le ventre vide, et de ce point de vue le régime de Benali est un échec. Quant à sa comparaison avec l'Iran , c'est très bof, tant qu'à faire il aurait pu très bien comparer la Tunisie aux ex-pays communistes d'Europe de l'est qui se sont révoltés et se sont développés par la suite.

Et l'idée que l'islamisme est forcément pire qu'une dictature laïque n'est pas toujours vrai. Cela a conduit à préférer le régime de Saddam contre celui des Mollahs alors qu'objectivement il était infiniment pire, ou encore à avoir une certaine sympathie avec les nationalistes turcs contre Erdoğan "l'islamiste".

+1.

L'argument du soutien au régime de Benali selon lequel la nature d'une dictature vaudrait davantage qu'une autre ne tient pas.

Franchement les régimes autoritaires arabes n'ont absolument pas réussi à amener ce que certains délirants attendaient: stabilité et développement économique.

Il serait peut-être temps de dire la vérité que simplement les dirigeants de ces régimes favorisent les intérêts occidentaux et les intérêts de notre classe politique.

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Qu'une transition se fasse le plus pacifiquement possible évidemment, que cette transition puisse provoquer des désordres et déboucher sur un régime aussi autoritaire ou une situation de chaos dans lequel les islamistes pourraient tirer leur épingle du jeu, c'est tout à fait vrai t regrettable.

La reprise en main sera à la mesure du désordre, il est d'autant imprudent de crier au grand soir libéral et d'en appeler à la contagion par la violence de la rue.

Pour autant, cela n'enlève pas la nécessité d'une transition et de changer de système, or, il ne faut pas être un bisounours munichois, ni donner des leçons depuis nos fauteuils, à des régimes autoritaires et cloisonnés la révolte est parfois la seule solution possible.

Quelle necessité de "changer le système"? Ma position est claire : c'est au peuple tunisien d'en décider, la démocratie n'est pas une fin en soi, en tout cas pas au prix de la guerre civile ni de la destruction de l'appareil économique. Si la population doit se révolter, il n'y a nul besoin de lui forcer la main ni d'influencer ses choix par des méthodes qui feraient à raison dénoncer un néo-colonialisme latent. L'alternative ne se pose pas entre un système démocratique à l'occidentale et la dictature, mais entre plusieurs maux dont il faut choisir le moindre.

C'est ironique? Non parce que son papier, même si incomplet, explique pas mal de choses vraies et correctes.

Et franchement j'aime bien Bernard Lugan mais il est à l'ouest complètement sur le coup, la Tunisie n'est pas du tout le miracle économique qu'il prétend

C'est tellement ironique que j'ai parlé en premier dans ce fil de la mentalité féodale et clanique au Maghreb pour expliquer la prégnance des régimes autoritaires, le papier de Zaki Laïdi confirme mon propos.

Et franchement j'aime bien Bernard Lugan mais il est à l'ouest complètement sur le coup, la Tunisie n'est pas du tout le miracle économique qu'il prétend être,

Bien sûr que si : les 5 % de croissance en attestent, pour un ex pays du tiers monde il y a 30 ans, avec une population éduquée par rapport aux autres pays maghrébins. Mais d'une part le régime mafieux rongé par la corruption et le népotisme a augmenté le ressentiment des catégories exclues des privilèges. La modernisation de la Tunisie fut ainsi plus rapide pour l'infrastructure que la superstructure, encore enfoncée dans des relations féodales. Et surtout le facteur démographique est déterminant pour comprendre la fièvre révolutionnaire. La croissance démographique absurde (comme quoi il ne suffit pas d'éduquer les femmes…) empêche d'absorber une énorme masse de jeunes frustrés qui aspire à des emplois à la hauteur de ses diplômes. Etant donnés ces déséquilibres, il faudrait une croissance à la chinoise pour ne pas créer de troubles sociaux.

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La reprise en main sera à la mesure du désordre, il est d'autant imprudent de crier au grand soir libéral et d'en appeler à la contagion par la violence de la rue.

Il n'y aura aucun grand soir libéral c'est évident, mais on peut espérer un régime plus ouvert que celui actuel. Pour ce qui concerne la violence de rue elle n'est pas souhaitable, il y en aura et il y en a déjà malheureusement, mais elle est le fait des partisans de Benali et de ces milices fidèles, pas de ceux qui en appelaient à une évolution du régime.

Quelle necessité de "changer le système"? Ma position est claire : c'est au peuple tunisien d'en décider, la démocratie n'est pas une fin en soi, en tout cas pas au prix de la guerre civile ni de la destruction de l'appareil économique. Si la population doit se révolter, il n'y a nul besoin de lui forcer la main ni d'influencer ses choix par des méthodes qui feraient à raison dénoncer un néo-colonialisme latent. L'alternative ne se pose pas entre un système démocratique à l'occidentale et la dictature, mais entre plusieurs maux il faut choisir le moindre.

+1

Et les tunisiens ont parlé, ils n'aiment pas l'alternative Benali qui a réduit la liberté et qui n'a pas permis à la Tunisie de décoller économiquement, c'est marrant tout de même.

C'est tellement ironique que j'ai parlé en premier dans ce fil de la mentalité féodale et clanique au Maghreb pour expliquer la prégnance des régimes autoritaires, le papier de Zaki Laïdi confirme mon propos.

Mille excuses alors.

Bien sûr que si : les 5 % de croissance en attestent,

C'est le niveau moyen de croissance de l'Afrique, donc rien d'exceptionnel.

avec une population éduquée par rapport aux autres pays maghrébins.

Ce n'est certainement pas dû au régime de Benali, trop récent pour expliquer cela.

Mais d'une part le régime mafieux rongé par la corruption et le népotisme a augmenté le ressentiment des catégories exclues des privilèges. La modernisation de la Tunisie fut ainsi plus rapide pour l'infrastructure que la superstructure, encore enfoncée dans des relations féodales. Et surtout le facteur démographique est déterminant pour comprendre la fièvre révolutionnaire. La croissance démographique absurde (comme quoi il ne suffit pas d'éduquer les femmes…) ne suffit pas à absorber une énorme masse de jeunes frustrés qui aspire à des emplois à la hauteur de ses diplômes. Etant donné ces déséquilibres, il faudrait une croissance à la chinoise pour ne pas créer de troubles sociaux.

C'est un point de vue.

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En Tunisie les islamistes peuvent récupérer la situation, mais ils ne semble pas en être les meneurs pour le moment.

Je prétends pour ma part qu'il est trop tôt pour le dire, bien que cela semble improbable tant que l'armée y fait les princes.

En Egypte la situation serait probablement différente, mais pour l'instant ce n'est pas encore d'actualité.

Je ne crois pas à la théorie des dominos, que ce soit dans le sens de la démocratie libérale ou dans le sens de l'islamisation. Cependant, s'il y a un pays qui est mûr pour basculer, c'est l'Egypte. La théocratie n'est pas nécessairement le pire des régimes en soi. La bonne question serait alors de savoir où se situe le moindre mal, entre le régime nationaliste de Moubarak et un Etat dirigé par les Frères Musulmans.

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Touites.

The Egyptian Revolution, Coming Soon! [Groupe FB en arabe] Maybe as soon as Jan. 25th? #Tunisia #Egypt #Revolution

Former Tunisian Interior Minister Rafiq Belhaj Kacem arrested

Moubarak flippe ! #sidibouzid #Egypte http://fb.me/P3wXz9cK

Nous n'oublierons jamais que la France a soutenu Ben Ali jusqu'à la dernière minute

Important information on police rapes in Kesserine area in my Guardian piece today http://bit.ly/hwcckx #sidibouzid (=> http://www.guardian.co.uk/world/2011/jan/1…ttle-army-tunis )

Vendredi, les Bleus battaient la #Tunisie au Mondial de #handball, avec les conséquences que l'on sait. Hier, ils ont battu l'#Egypte…

@QueenRania I honesty think u should start palace-hunting in Jeddah, coz u and your husband r next. #sidibouzid #Tunisia #Jordan

Egypte: un homme s'immole par le feu devant le Parlement au Caire

Si le nouveau gouvernement tunisien est super honette on aura peut être des révélations croustillantes sur certains politiques français

Egyptian who attempted self-immolation angry at security treatment http://ow.ly/3EZyP #Protest #Cairo #Egypt => http://www.almasryalyoum.com/en/news/egypt…urity-treatment (He revealed that security authorities in the governorate of Ismailia, east of Cairo, refused to provide him with his share of subsidized bread for the restaurant he runs at the city of Qantara.)

Après la Tunisie, l'Algérie, l'Egypte… la Mauritanie: mécontent du régime, un homme s'immole par le feu à Nouakchott (témoins)

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Merci d'éviter de transformer ce topic en fil de réactions twiter, c'est pénible quand on essaye ici de lever un peu le nez du guidon avec des analyses de fond.

En même temps, aucune analyse de fond n'avait semble t il prévu ce qui s'est passé. Je ne sais pas si on peut parler d'effet internet, mais c'est à peu près sûr que les choses se seraient passé différement sans ce média.

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En même temps, aucune analyse de fond n'avait semble t il prévu ce qui s'est passé. Je ne sais pas si on peut parler d'effet internet, mais c'est à peu près sûr que les choses se seraient passé différement sans ce média.

Je ne vois pas en quoi ces sms rédigés dans un charabia approximatif éclairent en quoi que ce soit la situation. En principe liborg est un lieu où l'on prend assez de recul pour échapper à ce genre de pollution. Je préférerais qu'Esperluette nous donne sa propre lecture des événements, qu'elle nous explique par exemple en quoi l'islamisme est une menace imaginaire pour la Tunisie.

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Je ne vois pas en quoi ces sms rédigés dans un charabia approximatif éclairent en quoi que ce soit la situation. En principe liborg est un lieu où l'on prend assez de recul pour échapper à ce genre de pollution.

Par les contestations (immolations et manifs) qui se propagent à partir de la Tunisie dans d'autres pays et les exactions ici ou là.

Ca se recoupe.

***

Les Tunisiens ne sont pas au bout de leurs peines en termes de chaos économique avec les conséquences humanitaires à en augurer : Tunisie: Les centres d'appels des opérateurs télécoms ne répondent plus

L'insurrection, c'est parfois un mal nécessaire, ce n'est jamais riant.

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J'aimerais bien savoir pourquoi la tête de notre monarque nationaliste aux mains des généraux Mohammed VI n'est pas sur la liste.

Ah oui vous comprenez les français adorent les marocains, c'est comme des frères, c'est comme si c'était nous. Les français viennent passer leurs vacances dans la Palmeraie au milieu du sable, par charters depuis l'Elysée et depuis le le FMI, ou encore acheter une propriété à Marrakech pour s'y faire chier.

Non, non, surtout silence dans la presse et pas touche au Maroc, et son régime hyper-respectueux des libertés, pas corrompu du tout, hyper friendly avec les sahraouis dont tout le monde s'en fout surtout la France et les journalistes franchouilles, et toujours provoquant des crises diplomatiques en menaçant la souveraineté espagnole sur des enclaves de Ceuta et Melilla largement désireuses de rester espagnoles.

Merci.

C'est ironique? Non parce que son papier, même si incomplet, explique pas mal de choses vraies et correctes.

Et franchement j'aime bien Bernard Lugan mais il est à l'ouest complètement sur le coup, la Tunisie n'est pas du tout le miracle économique qu'il prétend être, ah mais oui, passer ses vacances en thalasso à Djerba c'est tellement bien, tout va bien alors en Tunisie, l'année prochaine j'irai en vacances à Cuba tiens, pas mal l'image d'Epinal. Si la Tunisie va si bien, comment expliquer les vagues d'immigration vers l'Europe et comment expliquer le fort taux de chomage et son rang ridicule en terme de libertés économiques. Si les tunisiens se sont révoltés, c'est d'abord pour des motifs économiques, on ne se révolte jamais tant qu'on n'a pas le ventre vide, et de ce point de vue le régime de Benali est un échec. Quant à sa comparaison avec l'Iran , c'est très bof, tant qu'à faire il aurait pu très bien comparer la Tunisie aux ex-pays communistes d'Europe de l'est qui se sont révoltés et se sont développés par la suite.

Ah, je vois que tout de même, la propagande de Ben Ali sur le miracle économique tunisien ne fonctionne pas avec tout le monde. La moitié de mes cousins en Tunisie sont au chômage, untel ou unetelle qui fait des études de droit en visant le doctorat se dit qu'il/elle a une chance sur 100 de trouver un taf. Quand une usine de textile ouvre, il y a 2000 candidat(e)s pour 30 places à pourvoir.

Bien sûr que si : les 5 % de croissance en attestent, pour un ex pays du tiers monde il y a 30 ans, avec une population éduquée par rapport aux autres pays maghrébins. Mais d'une part le régime mafieux rongé par la corruption et le népotisme a augmenté le ressentiment des catégories exclues des privilèges. La modernisation de la Tunisie fut ainsi plus rapide pour l'infrastructure que la superstructure, encore enfoncée dans des relations féodales. Et surtout le facteur démographique est déterminant pour comprendre la fièvre révolutionnaire. La croissance démographique absurde (comme quoi il ne suffit pas d'éduquer les femmes…) empêche d'absorber une énorme masse de jeunes frustrés qui aspire à des emplois à la hauteur de ses diplômes. Etant donnés ces déséquilibres, il faudrait une croissance à la chinoise pour ne pas créer de troubles sociaux.

Concernant ce que tu dis de la féodalité, honnêtement, je te conseille d'aller faire un tour en Tunisie. Pas au Club Med ou à Hammamet, mais dans la Tunisie profonde. Connaissant tout de même un tout petit peu le pays, je ne vois absolument pas à quoi tu peux faire référence.

Si la mentalité clanique et féodale existe en Tunisie, elle a été apportée d'abord par l'entourage de Bourghiba sur sa fin de vie, puis par les clans Ben Ali et Trabelsi.

Je ne vois pas en quoi ces sms rédigés dans un charabia approximatif éclairent en quoi que ce soit la situation. En principe liborg est un lieu où l'on prend assez de recul pour échapper à ce genre de pollution. Je préférerais qu'Esperluette nous donne sa propre lecture des événements, qu'elle nous explique par exemple en quoi l'islamisme est une menace imaginaire pour la Tunisie.

Juste un petit point méthodologique cher free jazz : si Chitah dit "une invasion martienne est imminente", que free jazz répond "ah bon? D'où tiens-tu cela?", ce n'est pas à free jazz de démontrer qu'il n'y a pas d'invasion martienne, mais à Chitah qu'il y en a une.

De même, si islamistes il y a en Tunisie, c'est à celui qui l'affirme de le montrer.

Quelques questions clés :

- comment s'appelle le chef des islamistes tunisiens, de qui est composé son état-major rapproché?

- quel est le programme, l'influence idéologique de ces gens? A quel point ces idées sont ancrées dans le parti islamiste en question?

- quels sont les principaux (disons 5 ou 10) bastions islamistes en Tunisie? Quartiers, villes, gouvernorats, etc.?

- etc…

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Tiens, un édito de 2009 par Claude Imbert :

L'ordre et le jasmin

Par CLAUDE IMBERT

L'Afrique, du nord au sud, abrite un imposant quarteron de chefs d'Etat inamovibles. Le plébiscite du Tunisien Ben Ali, en sa vingt-deuxième année de régime, lui vaut, chez nos vestales de la démocratie idéale, l'habituel bonnet d'âne. Sa pérennité génère, en Tunisie, non la révolte mais une lassitude, une irritation désabusées. Cela dit, je n'épouserai pas ici la condamnation à l'emporte-pièce du régime tunisien.

Notre intelligentsia (de gauche) adore distribuer bons et mauvais points aux trois quarts de la planète. Mais elle a la vue basse. Elle a longtemps fermé les yeux sur le goulag, frétillé avec Mao, caressé Cuba et, contre le chah, fleuri d'abord la révolution khomeyniste. Dans le monde arabo-musulman, elle ne dénonce guère, chez le mirliflore libyen, sa rechute, ces jours-ci, dans le kidnapping. Elle ménage les monarchies du Golfe et l'immense servitude des femmes, de peur d'aller à contre-Coran. En revanche, elle flanque la Tunisie au piquet. Courte vue !

Car la Tunisie figure une heureuse exception dans l'univers arabo-musulman. Sa modernité la distingue. Celle que conquièrent tout à la fois son mode de développement et une approche encore délicate mais, espérons-le, fertile des relations de l'islam avec, justement, la modernité. Ce n'est pas rien ! C'est même, contre le déferlement islamiste, la seule recette qui vaille. Elle demande, il est vrai, de la patience : la Méditerranée ne sera pas de sitôt un lac de démocratie scandinave.

La Tunisie est pauvre en ressources naturelles. [C'est juste que la Tunisie a la même part de marché dans les phosphates que Total dans le pétrole] Elle gère ses 10 millions de citoyens entre deux voisins, l'Algérie et la Libye, gorgés de pétrole et de gaz. Sa ressource, c'est son peuple, un héritage humain qui, depuis Carthage, inspire à sa classe dirigeante les choix de la modernité. Or, aujourd'hui, son revenu moyen par habitant dépasse, entre autres, celui de la… Libye et de l'Algérie. Une revanche de l'intelligence humaine sur la loterie géologique et les pactoles des satrapies pétrolières !

Le sésame du régime tunisien, c'est d'abord une économie indépendante, un taux de croissance entre 3 et 5 %. La Tunisie, débiteur sérieux [les créances des banques, notamment d'Etat, on des créances assez pourries mais c'est pas grave], jouit d'un bon financement international, de délocalisations profitables et d'un tourisme prospère. Ses services publics, ses infrastructures ne sont pas parfaits mais sont, de loin, les plus performants d'Afrique. Ce succès est évidemment assuré par le meilleur système éducatif du monde arabe, un taux record d'alphabétisation, une scolarisation gratuite, une fréquentation massive d'Internet [internet contrôlé par le régime, mais bref]. Le régime a choyé le stabilisateur social d'une classe moyenne et, ainsi, fortement subventionné son accès au logement. Enfin, les 12 % des plus démunis bénéficient d'un fonds de solidarité national actif.

Des ombres, bien sûr, il y en a ! Le chômage (14 %) étouffe les jeunes diplômés. L'avenir s'annonce difficile pour la gestion de l'eau. Le clanisme du parti unique, une presse docile et les passe-droits effrontés de quelques affidés du pouvoir font de plus en plus renauder le bon peuple. Enfin, un environnement géopolitique empoisonné fait toujours de l'islamisme intégriste la hantise justifiée du régime.

Il le reste. La Tunisie bilingue arabo-française est un pays musulman. Le fondamentalisme y menaçait, il y a vingt ans, l'après-Bourguiba au point que les pronostiqueurs le voyaient alors submerger Ben Ali. L'ob­session de ce militaire, de formation policière franco-américaine, fut donc de le combattre par une répression violente. Pour, disait-il, servir le premier des droits de l'homme qui est de ne point se faire égorger. Et le second qui est d'échapper aux oppressions de la charia…

Sa tentative, ensuite, fut d'imposer, dans le sillage d'un Bourguiba, d'un Atatürk, une laïcité jacobine. Mais il dut bientôt constater à ses dépens qu'elle violentait l'identité musulmane. Ainsi prône-t-il aujourd'hui une forme de laïcité compatible avec l'islam modéré. Il est en cela servi par l'émancipation de la femme tunisienne, exceptionnelle dans le monde arabe. Et par une démocratie apaisée : le taux de fécondité est égal ou inférieur au taux français, lequel se double dans le monde arabe.

Surtout, une vaste campagne encourage, par maints réseaux, la pratique d'un islam modéré et moderniste. Une radio coranique enlève aux médias du Golfe l'exclusivité de la vulgate. Comme en Turquie, le voile, proscrit jadis par Bourguiba, revient en faveur, mais ce retour du religieux ne verse pas dans les officines de l'islam radical, toujours surveillé et proscrit.

Bref, si vous pensez que le poison politique islamiste reste pour la paix de l'univers arabo-musulman - et du nôtre - la menace essentielle, alors le « modèle » tunisien trouvera quelques grâces à vos yeux. C'est une plantation que Ben Ali enferme peut-être à l'excès sous serre. Mais, si elle survit, elle portera au loin le parfum tunisien du jasmin

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Une démonstration en creux que le Maghreb n'appartient en réalité pas à l'Afrique, et que donc le spécialiste de l'Afrique qu'est Lugan est aussi pertinent pour parler de la Tunisie qu'un sinologue.

On pourrait entendre un vieux fond de racisme anti-africain dans ton propos clivant.

Si la mentalité clanique et féodale existe en Tunisie, elle a été apportée d'abord par l'entourage de Bourghiba sur sa fin de vie, puis par les clans Ben Ali et Trabelsi.

Mais bien-sûrrr. Tu oublies aussi que c'est la faute de l'Union Européenne. Ton opinion consistant à défausser la société civile maghrébine de toute responsabilité en imaginant un occident tout-puissant et manipulateur illustre assez bien ce que Zaki Laïdi appelle le rapport névrotique à l'occident.

Tout cela fait qu’à la différence de l’Amérique latine, de l’Asie ou même de l’Afrique subsaharienne, le monde arabe se caractérise par une stagnation politique exceptionnelle. Même ce qui se passe actuellement en Côte d’Ivoire est d’une certaine manière impensable dans le monde arabe car l’idée même d’élections concurrentielles aux résultats incertains pouvant entraîner un changement d’élite et pas seulement de gouvernement n’est guère envisageable. Il n’y a eu qu’un seul contre-exemple avorté : ce fut le cas de l’Algérie en 1991. Les élections furent tellement propres que le second tour fut annulé par les militaires qui chassèrent alors le chef de l’État coupable de vouloir une cohabitation avec les islamistes.

Ce blocage politique exceptionnel plonge assez naturellement les sociétés arabes dans un rapport névrotique avec l’Occident. D’un côté, ces sociétés sont toutes impuissantes à renverser leurs propres dirigeants. Mais de l’autre, elles vivent extrêmement mal l’idée d’ingérence extérieure. L’Irak exprime admirablement cette contradiction. Dans leur immense majorité les chiites irakiens étaient favorables à l’intervention américaine car seule celle-ci était en mesure de les délivrer de la tyrannie de Saddam Hussein. Mais simultanément, l’idée d’une présence américaine sur leur sol leur était insupportable. Ainsi, les sociétés arabes vivent en permanence dans une double humiliation. Humiliation de la part de leurs dirigeants qui les oppriment mais dont ils ne parviennent pas à se débarrasser. Humiliation par l’Occident qui se demande toujours pourquoi les sociétés arabes ne parviennent pas à se doter de régimes politiques démocratiques.

Juste un petit point méthodologique cher free jazz : si Chitah dit "une invasion martienne est imminente", que free jazz répond "ah bon? D'où tiens-tu cela?", ce n'est pas à free jazz de démontrer qu'il n'y a pas d'invasion martienne, mais à Chitah qu'il y en a une.

De même, si islamistes il y a en Tunisie, c'est à celui qui l'affirme de le montrer.

Passons sur les vertiges de l'analogie martienne. Personne n'a affirmé ici qu'une telle menace est effective dans l'immédiat. En revanche certains reprennent mécaniquement l'affirmation des médias selon laquelle le risque islamiste est nul et aurait servi de prétexte pour maintenir Ben Ali. C'est donc à eux d'étayer cette proposition.

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On pourrait entendre un vieux fond de racisme anti-africain dans ton propos clivant.

Non, j'ai écrit que Lugan écrivait des généralités sans intérêt, quel rapport?

Mais bien-sûrrr. Tu oublies aussi que c'est la faute de l'Union Européenne. Ton opinion consistant à défausser la société civile maghrébine de toute responsabilité en imaginant un occident tout-puissant et manipulateur illustre assez bien ce que Zaki Laïdi appelle le rapport névrotique à l'occident.

Euh, on parle de mentalité clanique et féodale, je ne vois pas le rapport avec la choucroute.

Passons sur les vertiges de l'analogie martienne. Personne n'a affirmé ici qu'une telle menace est effective dans l'immédiat. En revanche certains reprennent mécaniquement l'affirmation des médias selon laquelle le risque islamiste est nul et aurait servi de prétexte pour maintenir Ben Ali. C'est donc à eux d'étayer cette proposition.

Ah.

La menace, maintenant, n'est plus immédiate. On avance. Reste plus qu'à démontrer qu'elle existe, je répète donc mes quelques questions :

- comment s'appelle le chef des islamistes tunisiens, de qui est composé son état-major rapproché?

- quel est le programme, l'influence idéologique de ces gens? A quel point ces idées sont ancrées dans le parti islamiste en question?

- quels sont les principaux (disons 5 ou 10) bastions islamistes en Tunisie? Quartiers, villes, gouvernorats, etc.?

- etc…

Je vais quand même essayer d'aider les catastrophistes : le chef s'appelle Rachid Ghannouchi (apparement sans lien familial avec l'actuel premier ministre tunisien). Son état-major n'a pas l'air très fourni. Ses soutiens sont apparemment liés au Soudan (c'est ou c'était un proche de Hassan al Tourabi). Pour le reste je ne sais pas trop, mais je crois que c'est plutôt dans la partie est de la Tunisie que l'islamisme trouve parfois un écho favorable, mais je n'ai pas d'éléments pour mesurer cette influence.

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