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Révolution au Moyen-Orient


Invité rogermila

Messages recommandés

@FJ

J'aurais à redire mais je ne suis que très tièdement motivée pour engager la discussion céans. Nous en bavarderons devant un thé à l'occasion, tu me commanderas un Darjeeling, merci.

Je me bornerai à ce commentaire : la volonté de préserver les actes cultuels ne se confond pas avec les moeurs. Je soupçonne que les tribus dans la péninsule présentaient des usages variés (quoique, um, discutables :icon_up: ) et que l'élaboration d'un Etat central s'est mêlé de codifier tout ça dans une norme rigide. J'en suis réduite à des hypothèses* à partir de mes maigres connaissances sur les forces en présence.

*Disclaimer : Qu'aucun lecteur n'y voie une invitation à me répondre. :doigt:

***

Edit (aucun rapport avec FJ)

Ca me fait marrer de les imaginer tremblant de trouille sur leurs trônes mais en même temps, la répression sur les civils un peu remuants risque d'être féroce.

(badurl) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/17/la-crainte-d-une-contagion-dans-le-monde-arabe_1466553_3212.html (badurl)

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Invité Arn0
Il ne s'agissait pas de servitude volontaire, mais de terreur pure et simple, installée petit à petit après l'arrivée de Ben Ali au poste de président. Par exemple, pour te donner un chiffre (pas précis, un ordre de grandeur), la France est, avec le Portugal, le pays d'Europe à la plus grosse densité policière. En Tunisie, il y a deux fois moins de flics qu'en France pour 6 fois moins d'habitants.

Je suis assez d'accord avec la terreur. Lors de mes séjours, et malgré mon physique très occidental, j'ai pu constater que les tunisiens était très réticent à évoquer la politique même au titre de l'anecdote (n'étant pas du genre à me lancer dans une critique du pays quand je suis en vacance je parle vraiment de chose anecdotique). Au Maroc ou en Jordanie je n'ai jamais pu sentir une gène aussi palpable.

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Après… heu… 50 années (non?) de dictature, les institutions sont bien entendu verrouillées à tous les niveaux.

***

TUNISIE - Les réactions hostiles au gouvernement de transition ont retenti ce mardi dans les rues de Tunis…

De notre envoyée spéciale en Tunisie

Ce mardi matin, devant le siège de la puissante centrale syndicale tunisienne UGTT, une petite vingtaine de personnes attendent. Objectif: savoir si une nouvelle manifestation va partir, pour protester, comme lundi, contre le maintien du parti unique de l’ancien régime, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), mais aussi contre le gouvernement d’union nationale annoncé lundi.

Pour Amor, 52 ans, professeur de philosophie et syndicaliste, «Ce qui a été réalisé est en-deçà des ambitions du peuple, ce gouvernement ne représente pas le peuple». Il explique que, les deux tiers des ministres étant issus du régime Ben Ali, «on ne peut pas avancer comme ça». «Ce sont des gens corrompus, fascistes, qui n’ont jamais soutenu ni le peuple, ni la liberté ni la démocratie.»

Dissolution du RCD

Même jugement sans appel prononcé par Jalel, 42 ans et enseignant. Il se dit «dégouté par ce gouvernement», et demande un gouvernement indépendant du RCD. Ils craignent en effet que le pouvoir ne soit pas laissé au peuple, dans deux mois, ou que l’élection présidentielle soit truquée. «Les élections sont supervisées par le ministère de l’Intérieur, qui est toujours tenu par le RCD», explique Houssine, qui travaille au ministère du Tourisme.

Autre écueil: «Selon les lois en vigueur, pour se présenter à la présidentielle, il faut recueillir 30 signatures de maires. Or, ils sont tous issus du RCD! Personne ne pourra se présenter aux élections, sauf ceux du RCD.» La meilleure solution est donc pour lui que «les anciens membres du RCD se déclarent indépendants», et que les lois en question soient modifiées.

Manifestation

Mais, si tous ceux qui peu à peu se massent devant le siège de l’UGTT ce mardi matin estiment que le gouvernement tente de leur «voler la révolution», ils sont aussi prêts à l’action. Naijb, 52 ans, professeur de physique dans l’enseignement secondaire et syndicaliste explique ainsi: «Il y a une contre-révolution et on va lutter contre la révolution en manifestant contre le gouvernement.»

Et effectivement, environ une demi-heure plus tard, une centaine de personnes s’élancent vers l’avenue Bourguiba. Ils sont repoussés à plusieurs reprises par les militaires qui tiennent l’avenue, mais sont également rejoints par de nombreuses autres personnes, qui accourent des rues adjacentes, selon des témoins.

Une répression impressionnante

Lorsqu’ils réussissent à passer, les policiers les répriment violemment, d’abord à coups de gaz lacrymogène, puis à coups de matraques mais aussi en tirant. Les manifestants ignorent s’il s’agit de balles réelles ou en caoutchouc. Un hélicoptère vole à très basse altitude pour les disperser.

«La répression a été terrible», raconte Ouejdi, présent dans la foule et qui était également présent en première ligne lors de la grande manifestation de vendredi. «La violence déployée alors que tout le monde parle de démocratie était impressionnante», juge-t-il. «C’était même peut-être pire que vendredi.»

Pourtant, comme tous les autres, il est prêt à recommencer demain, et chaque jour suivant, «tant que le RDC ne sera pas dissout». «On est optimiste, notre révolution continue, et notre pays va devenir démocratique, qu’ils le veuillent ou non!», conclut Jalel.

Bérénice Dubuc

***

«Afin de séparer l'Etat et le parti, le président Fouad Mebazaa et le Premier ministre Mohamed Ghannouchi ont démissionné de leurs fonctions au sein du Rassemblement constitutionnel démocratique», a annoncé la télévision publique tunisienne. L'ex-président Ben Ali en aurait été exclu également.

=> Ca risque de rester symbolique avec les mêmes gens aux mêmes postes, se couvrant et s'entraidant, malgré une vague nouveauté de logo.

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En revanche oui, il faut qu'une constitution rejète la possibilité que des groupes violents ou qui ne condamnent pas la violence comme moyen d'arriver à ses fins puissent se présenter à des élections. Et oui, une constitution doit pouvoir empêcher que des islamistes erradiquent les libertés.

Difficile d'interdire un parti politique avant qu'il soit élu (il peut déguiser son programme, employer les mots qu'il faut). Et c'est la porte ouverte à des abus. En revanche, soumettre le pouvoir des élus à la Constitution, ok.

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«Avant, tu parlais mal de Ben Ali ou t'allais faire la prière, la police t'arrêtait. T'allais danser ou boire un coup, on te jetait en prison. Aujourd'hui on veut la liberté, être tous ensemble.»

http://www.20minutes.fr/article/655108/mar…us-mediterranee

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Jeudi Noir se met en quête de l'immeuble de Ben Ali

LOGEMENT - Le collectif entend le réquisitionner…

Où se cache l’immeuble de Ben Ali? C’est la question à laquelle Jeudi Noir souhaiterait pouvoir répondre. Le collectif, qui lutte contre le mal logement, s’est ainsi mis en quête de localiser cette propriété, qui serait située en plein coeur de Paris et estimée à 37 millions d'euros.

http://www.20minutes.fr/article/655592/soc…mmeuble-ben-ali

***

C’était une photo un peu gênante pour les autorités françaises.

Ce mercredi matin, l’ambassade de Tunisie en France a effacé de son site la photo d’une poignée de mains entre Nicolas Sarkozy et Ben Ali, révèle Rue89. Sur le cliché, le chef de l’Etat, tout sourire, serrait chaleureusement la main de son ancien homologue tunisien. La légende, lapidaire, indiquait «Amitié et partenariat».

Une plus consensuelle photo de poignée de mains anonymes prise en gros plan remplace l’image gênante. :icon_up:

***

Quant aux manifs (plus tranquilles) et épurations en Tunisie, ça continue, des membres du clan BA sont priés d'aller se faire voir ailleurs.

Exemple :

Le juge Maghez Hammami, célèbre pour avoir orchestré des procès politiques, a été chassé du palais de justice de Tunis par des avocats et des magistrats ce mercredi, raconte Jeune Afrique. Le juge Hammami avait notamment condamné en 2005 l’avocat Mohamed Abbou pour avoir comparé, dans un article publié sur Internet, les prisons tunisiennes à celle d’Abou Ghraïb en Irak.

Les avocats ont rapidement pris part au mouvement de révolte populaire. Dès le 6 janvier, 95% des 8.000 avocats de Tunis s’étaient mis en grève.

Ou :

Le nouveau gouvernement tunisien a remis en liberté ce mercredi la totalité des prisonniers politiques, y compris les membres du mouvement islamiste interdit Ennahda (Renaissance), a annoncé le ministre du Développement régional, Najib Chebbi, également dirigeant d'un parti d'opposition.

(note : si le parti "islamiste" du coin réclame bêtement que les gens puissent allier prier et pratiquer pacifiquement sans être emmerdés, je vois pas le souci…)

«La Tunisie est un pays musulman, explique-t-il, et n’a pas besoin d’un parti islamiste. On veut juste pouvoir exercer notre foi .C’est tout, on n’a pas besoin d’être président d’un Etat.»

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Le parti dit islamiste Ennhada a, par la parole d'un de ses responsables, expliqué que d'une part ils ont déjà publié un manifeste rédigé, expliquant comment ils voient leur action, et d'autre part indiqué qu'il fallait les voir comme on voit les démocrate-chrétiens européens.

Donc avant de juger ce parti dit islamiste, ce serait pas mal :

1 - de connaître la Tunisie et notamment la place de l'islam dans ce pays,

2 - s'intéresser à Ennhada et notamment les écrits de ce parti.

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Je me demande si le titre "islamiste" ne viendrait pas de Ben Ali et qu'ensuite la presse française le reprend à son compte. Ce dictateur n'allait pas dire "oui, comme certains curés et certains moines pendant WWII, des gens s'appuyaient sur leur foi pour dénoncer mes dégueulassetés". Ou : "j'ai viré tous les imams qui osaient réclamer des procès équitables pour eux-mêmes et/ou leurs fidèles". Fallait bien trouver un motif d'accusation.

Peut-être qu'après des années d'écrasement dans ce genre, les Tunisiens disent "islamiste" pour dire "musulman pratiquant". Gaffe aux variables locales dans la langue.

De toute façon je suis en général très circonspecte sur le mot "islamiste" par les temps qui courent.

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Je ne crois pas une seule seconde à l'islamisme en Tunisie.

Je crains bien plus, au vu des revendications, l'arrivée au pouvoir d'un marxiste ou d'un proto-marxiste à la Chavez, ou le maintien d'un régime quasi-identique à l'actuel.

L'islamisme est un danger en Algérie, dans une partie du Maroc, en Syrie, au Sud-Liban, en Jordanie, en Indonésie. En Tunisie ? Aucune chance.

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En tout cas cet entrepreneur français se veut optimiste sur les facultés de récupération économique des Tunisiens.

Pensez-vous qu’il va être plus simple de faire des affaires, maintenant que le clan Ben Ali/Trabelsi est parti?

Il sera évidemment beaucoup plus facile de fonctionner pour les entreprises, qu’elles soient françaises ou non. Les gens vont pouvoir travailler avec plus de transparence, et ne vont plus craindre de faire des affaires, de réussir, de peur que la famille leur tombe dessus pour entrer dans leur capital. Ca va certainement aider les investisseurs à venir, faciliter les nouvelles implantations, les nouvelles initiatives, sans que les gens se posent des questions.

Edit :

L'ambiance sous Ben Ali.

Dès le 4 janvier 2010, jour de la mort du jeune Mohamed Bouazizi, qui s’est immolé par le feu le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, « Le Monde diplomatique » a décidé d’envoyer un journaliste en Tunisie. Du jeudi 6 janvier au jeudi 13 janvier, il a sillonné le pays, de Tunis à Tozeur, de Metlaoui à Gafsa, de Sidi Bouzid à Sfax puis Sousse. Son article paraîtra dans notre dossier du numéro de février. En attendant, voici le récit au jour le jour d’une semaine qui est d’ores et déjà entrée dans l’histoire moderne de la Tunisie.

(badurl) http://blog.mondediplo.net/2011-01-19-La-semaine-qui-a-fait-tomber-Ben-Ali (badurl)

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@FJ

J'aurais à redire mais je ne suis que très tièdement motivée pour engager la discussion céans. Nous en bavarderons devant un thé à l'occasion, tu me commanderas un Darjeeling, merci.

Pourquoi pas si tu ne vois d'objection à ce que je mette un nuage de rhum dans mon Earl grey. Mais on va encore m'accuser de fricoter avec la branche patissière.

Pas tous, mais suffisamment pour que ce soit significatif.

Je ne suis toujours pas convaincu par la théorie des ventres vides, à fortiori avec des révoltés qui utilisent facebook et touiteur.

Pour ceux qui savent lire entre les lignes, je me référais à la loi de Tocqueville : « le désir d’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande ».

Ce n’est pas toujours en allant de mal en pis que l’on tombe en révolution. Il arrive le plus souvent qu’un peuple qui avait supporté sans se plaindre, et comme s’il ne les sentait pas, les lois les plus accablantes, les rejette violemment dès que le poids s’en allège. Le régime qu’une révolution détruit vaut presque toujours mieux que celui qui l’avait immédiatement précédé, et l’expérience apprend que le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement est d’ordinaire celui où il commence à se réformer. Il n’y a qu’un grand génie qui puisse sauver un prince qui entreprend de soulager ses sujets après une oppression longue. Le Mal qu’on souffrait patiemment comme inévitable semble insupportable dès qu’on conçoit l’idée de s’y soustraire.

Alexis de Tocqueville (L’ancien régime et la révolution, 1856)

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Ca m'a l'air fortement inspiré de Machiavel, qu'en penses-tu ?

Disons qu'elle est assez complémentaire de la règle de Lampedusa dont parlait Lucilio. Mais s'il y a un élément machiavélien dont on ne parle pas dans cette affaire, c'est le rôle de l'Oncle Sam. On savait déjà que ce n'est pas le peuple qui a fait fuir Ben Ali, mais que c'est l'armée qui a décidé de le destituer. Or il commence à se dire que l'intervention de la diplomatie américaine et particulièrement de Hillary Clinton ne seraient pas étrangers à cette décision qui s'apparente à un limogeage de l'ancien autocrate.

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Je ne suis toujours pas convaincu par la théorie des ventres vides, à fortiori avec des révoltés qui utilisent facebook et touiteur.

Tout dépend de ce que tu entends par "ventre vide". Le salaire moyen en Tunisie est le bien supérieur à celui de l'Egypte, le Maroc, ou même l'Algérie pétrie d'hydrocarbures.

C'est bien plus la dégradation des conditions de vie due à la corruption, la main-mise de la police sur à peu près tout. Au début, seuls les dissidents se faisaient latter, et finalement les tunisiens se sont fait à l'idée que si on ne parlait pas de politique, on n'avait pas d'embrouille. Mais quand tout un chacun a pu se rendre compte que par exemple, passé un certain niveau de succès, une PME florissante pouvait tomber par la force d'un simple coup de fil aux mains des Ben Ali-Trabelsi.

Tant que le nombre de personnes qui se rendait compte de cela restait faible, tout va bien. Une fois que ce nombre atteint un certain niveau, badaboum.

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Disons qu'elle est assez complémentaire de la règle de Lampedusa dont parlait Lucilio. Mais s'il y a un élément machiavélien dont on ne parle pas dans cette affaire, c'est le rôle de l'Oncle Sam. On savait déjà que ce n'est pas le peuple qui a fait fuir Ben Ali, mais que c'est l'armée qui a décidé de le destituer. Or il commence à se dire que l'intervention de la diplomatie américaine et particulièrement de Hillary Clinton ne serait pas étrangers à cette décision qui s'apparente à un limogeage de l'ancien autocrate.

Ce n'est pas l'armée qui a destitué Ben Ali (si ce n'est que le général Rachid Ammar semble lui avoir conseillé de laisser tomber et de se tirer), c'est lui-même qui s'est destitué le 10 janvier. C'était la première, la seule et unique fois où l'ex-président Ben Ali répondait à quelquechose que le peuple lui avait demandé, en promettant 300 000 emplois. D'habitude, lors de révolte, une action policière (émeutes de Gafsa, 150 morts), suivie tout de même d'un petit saupoudrage de bisous-bisous pour l'UE et notamment l'Etat français, suffit à remettre les compteurs à zéro.

Là, Ben Ali a cessé de faire peur, et surtout la peur semblait avoir changé de camp : désormais, c'était lui qui flippait. En plus, son allocution était prononcée non en arabe classique, mais en arabe dialectal tunisien, renforçant le côté "mec normal" de Ben Ali.

Pour renverser un type de ce genre, il faut certes des raisons et un mobile, mais il faut aussi et surtout une bonne opportunité. La fenêtre s'est ouverte le 10 janvier pour le peuple tunisien.

Rappelons que, sans verser dans des considérations géopolitico-culturello-stratégique, le départ de la révolte algérienne conduisant à l'indépendance de ce pays s'est faite aussi parce que les algériens savaient, même au plus profond du djebel de l'Atlas, que les français s'étaient fait salement latter par les allemands, et que donc finalement, les français y z'étaient pas si forts qu'ils en avaient l'air.

Enfin, concernant les hypothèses d'intervention des USA ou de je ne sais qui, rappelons également que concernant Ceaucescu, personne n'est capable de dire comment s'est réellement passée son renversement. Plusieurs scénarios et hypothèses existent, mais il n'existe pas de preuve formelle de l'intervention intérieure ou extérieure. Alors pour la destitution de Ben Ali qui date de 5 jours, il faudra attendre un peu avant d'affirmer quoi que ce soit.

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Tout dépend de ce que tu entends par "ventre vide". Le salaire moyen en Tunisie est le bien supérieur à celui de l'Egypte, le Maroc, ou même l'Algérie pétrie d'hydrocarbures.

C'est bien plus la dégradation des conditions de vie due à la corruption, la main-mise de la police sur à peu près tout. Au début, seuls les dissidents se faisaient latter, et finalement les tunisiens se sont fait à l'idée que si on ne parlait pas de politique, on n'avait pas d'embrouille. Mais quand tout un chacun a pu se rendre compte que par exemple, passé un certain niveau de succès, une PME florissante pouvait tomber par la force d'un simple coup de fil aux mains des Ben Ali-Trabelsi.

Tant que le nombre de personnes qui se rendait compte de cela restait faible, tout va bien. Une fois que ce nombre atteint un certain niveau, badaboum.

Tu es sûr qu'on peut donner un aussi grand rôle à la corruption ? Je veux dire, des régimes ont vécu longtemps sans laisser la moindre initiative personnelle aux gens.

Je n'ai aucune connaissance de ce problème tunisien, mais je confesse une grand interrogation face à ce soulèvement aussi rapide (même si ça a été décrit et formalisé avec la "falsification des préférences" de Timur Kuran, à propos de la révolution iranienne par exemple).

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Non, la corruption seule n'explique pas tout, il faut ajouter à cela la rapacité du régime sur les secteurs économiques, la main-mise de la police et l'extraordinaire injustice de son action. Plus l'inexistence de la liberté de la presse, l'omniprésence du couple présidentiel dans les media, etc.

Un article intéressant : http://www.foreignpolicy.com/articles/2011…lution?page=0,1

L'impact de la répression policière de début janvier filmée par des téléphones mobiles, et retransmise sur les chaine satellitaires a joué un grand rôle, notamment celle de l'hôpital de Kasserine, où l'on voit comment la police traite des manifestants absolument pacifiques.

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Nous devons perpétuer cette saine tradition française qu'est le complot.

On peut spéculer sur l'enchaînement des événements qui reste flou, il n'empêche que la diplomatie américaine est en train de mettre un gros coup de pression sur le nouveau gouvernement tunisien, en appelant à des "changements de grande envergure", allant jusqu'à proposer son concours pour l'organisation des élections - et là il s'agit de déclarations officielles de Hillary Clinton. On peut donc légitimement s'interroger sur le sens de ces manoeuvres américaines en Tunisie, sans verser dans la théorie du complot. S'agit-il d'idéalisme et d'amour de la démocratie, ou d'un opportunisme en vue de placer leurs pions et prendre pied au Maghreb, où la France n'est plus en mesure de contrôler rien du tout?

Là, Ben Ali a cessé de faire peur, et surtout la peur semblait avoir changé de camp : désormais, c'était lui qui flippait. En plus, son allocution était prononcée non en arabe classique, mais en arabe dialectal tunisien, renforçant le côté "mec normal" de Ben Ali.

Pour renverser un type de ce genre, il faut certes des raisons et un mobile, mais il faut aussi et surtout une bonne opportunité. La fenêtre s'est ouverte le 10 janvier pour le peuple tunisien.

Ton récit ne manque pas de lyrisme. Ben Ali ne s'est pas enfui parce qu'il a eu peur de la colère de la rue, mais parce qu'il a été lâché par l'armée quand son état-major a refusé d'appliquer les méthodes de répression habituelles. Il est évident qu'elle a joué un rôle primordial dans son éviction et ce jusque dans la neutralisation de la police, selon cet article de Malbrunot.

L'armée tunisienne a tenu à apparaître comme l'ultime rempart face à la violence, qui ensanglante la Tunisie depuis un mois. «Elle n'a pas voulu d'un bain de sang», commente le chercheur Vincent Geisser. Depuis le début des émeutes, les militaires avaient pris soin de ne pas trop se mêler à la répression des manifestants. Dans certaines villes, des chars s'étaient même opposés aux policiers, qui entendaient mater dans le sang la révolte.

Vendredi soir, l'état-major de l'armée n'est pas apparu aux côtés du premier ministre, Mohammed Ghannouchi, Mais nul doute qu'en coulisses, ce sont les militaires tunisiens, qui ont joué un rôle déterminant dans cette transition.

Selon les informations de François Hauter, l'envoyé spécial du Figaro en Tunisie, c'est le chef d'état-major, le Général Rachid Ammar, qui, mis à pied par Ben Ali, lui aurait conseillé de quitter le pays.

L'armée a donc non seulement réussi à pousser Ben Ali vers la sortie. Elle aurait également neutralisé les membres de l'appareil sécuritaire, qui pouvaient être tentés par un durcissement face à la rue.

http://blog.lefigaro.fr/malbrunot/2011/01/…-changemen.html

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On peut spéculer sur l'enchaînement des événements qui reste flou, il n'empêche que la diplomatie américaine est en train de mettre un gros coup de pression sur le nouveau gouvernement tunisien, en appelant à des "changements de grande envergure", allant jusqu'à proposer son concours pour l'organisation des élections - et là il s'agit de déclarations officielles de Hillary Clinton. On peut donc légitimement s'interroger sur le sens de ces manoeuvres américaines en Tunisie, sans verser dans la théorie du complot. S'agit-il d'idéalisme et d'amour de la démocratie, ou d'un opportunisme en vue de placer leurs pions et prendre pied au Maghreb, où la France n'est plus en mesure de contrôler rien du tout?

Remarque fort juste et interrogation légitime sauf que je parlais du thé où nous évoquerons ensemble, regardant par-dessus nos épaules respectives, les Séoud, le néo-salafisme et toutes ces affaires croustillantes.

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Ça rejoint ce que je disais depuis toujours : personne ne fait la révolution contre Staline. Une unité de 2000 hommes bien armés et entraînés peuvent gagner une bataille contre un groupe de 200 000 hommes mal armés et mal entraînés sur le plan militaire. Ben Ali a payé le prix non pas de la répression mais de son incapacité à l'exercer.

Et donc, on peut aussi se demander si ce mouvement est aussi spontané qu'on voulait le croire. De toute façon, on finira bien par voir à qui profite le "crime" (pour reprendre l'expression consacrée, et non pour qualifier le renversement de Ben Ali), mais très clairement, au moins une partie des chancelleries occidentales a été prise par surprise, ou alors ils jouent très très bien.

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Difficile d'interdire un parti politique avant qu'il soit élu (il peut déguiser son programme, employer les mots qu'il faut). Et c'est la porte ouverte à des abus. En revanche, soumettre le pouvoir des élus à la Constitution, ok.

Et bien ça existe en Espagne, et ça a pas mal coupé l'herbe sous le pied de l'ETA.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ley_de_partidos

Cette loi vise à empêcher que des organisations politiques profitent des institutions pour financer des actes de violence physique et troubler l'ordre public et constitutionnel.

Plus précisément elle vise à interdire les partis politiques utilisant la force physique pour atteindre leurs buts ou appuyant politiquement ou financièrement les organisations qui le feraient.

Cette loi fut votée dans le contexte de la lutte contre l'ETA, dans le but de couper les appuis politiques et financiers au groupe terroriste basque à travers l'organisation politique Batasuna.

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On peut spéculer sur l'enchaînement des événements qui reste flou, il n'empêche que la diplomatie américaine est en train de mettre un gros coup de pression sur le nouveau gouvernement tunisien, en appelant à des "changements de grande envergure", allant jusqu'à proposer son concours pour l'organisation des élections - et là il s'agit de déclarations officielles de Hillary Clinton. On peut donc légitimement s'interroger sur le sens de ces manoeuvres américaines en Tunisie, sans verser dans la théorie du complot. S'agit-il d'idéalisme et d'amour de la démocratie, ou d'un opportunisme en vue de placer leurs pions et prendre pied au Maghreb, où la France n'est plus en mesure de contrôler rien du tout?

Les cables diplomatiques américains montrent que depuis 2006, les USA analysaient le régime de Ben Ali comme commençant à converger vers un mix entre celui de Ceaucescu et de Saddam Hussein, la similitude allant parfois vers la copie pure et simple (omniprésence de l'épouse, etc.)

Les réactions des politiciens français, mais aussi les réactions des français,montrent simplement que les gens ne connaissaient pas la nature du régime de Ben Ali. Quand je disais à mes amis que la présence, à l'époque, du portrait du président dans chaque boutique n'était pas une coutume locale mais une obligation, on trouvait que c'était quand même bénin. Quand je racontais que dans mon école d'ingénieur, quelques jeunes tunisiens voulant monter une petite entreprise de production d'électricité solaire m'expliquaient qu'ils allaient la créer non en Tunisie, mais en Algérie ou en Libye parce que la sécurité juridique y était mieux assurée, on me disait que j'avais affaire à des paranoïaques.

Les exemples abondent en la matière.

Ton récit ne manque pas de lyrisme. Ben Ali ne s'est pas enfui parce qu'il a eu peur de la colère de la rue, mais parce qu'il a été lâché par l'armée quand son état-major a refusé d'appliquer les méthodes de répression habituelles. Il est évident qu'elle a joué un rôle primordial dans son éviction et ce jusque dans la neutralisation de la police, selon cet article de Malbrunot.

En effet cela a été extrêmement déterminant, malgré le limogeage du général Rachid Ammar refusant d'appliquer les décisions folles du régime. Et effectivement les combats entre l'armée et les forces de sécurité intérieure ont été assez brutaux notamment à Tunis. Mais les flics se sont fait mater.

Surtout, ces décisions étaient objectivement impossible à tenir, car il ne s'agissait pas de mater une révolte de type séditieuse, visant à déstabiliser l'Etat ou le combattre, au contraire les manifestations ont été étonnamment calmes. Seuls les symboles du régime ont été attaqués : palais, entreprises de la clique Ben Ali-Trabelsi notamment.

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Invité rogermila
Quand je racontais que dans mon école d'ingénieur, quelques jeunes tunisiens voulant monter une petite entreprise de production d'électricité solaire m'expliquaient qu'ils allaient la créer non en Tunisie, mais en Algérie ou en Libye parce que la sécurité juridique y était mieux assurée, on me disait que j'avais affaire à des paranoïaques.

Les exemples abondent en la matière.

Est-ce que la libre entreprise dans le secteur du tourisme en Tunisie était complètement verrouillée par le régime ?

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Pom pom pom…

Ben Ali, l'épine du PS et de l'Internationale socialiste

L'Internationale socialiste vient enfin d'exclure le parti politique du président tunisien déchu Zine El-Abidine Ben Ali, sans un mot ni une explication supplémentaire. Une décision prise lundi et révélée mardi par Martin Schulz, le chef de file des socialistes au Parlement européen et ancien vice-président de l'IS.

(badurl) http://www.rue89.com/2011/01/19/ben-ali-lepine-du-ps-et-de-linternationale-socialiste-186456 (badurl)

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Seuls les symboles du régime ont été attaqués : palais, entreprises de la clique Ben Ali-Trabelsi notamment.

Un monsieur (politologue ayant pondu un bouquin sur la Tunisie) évoquait le rapprochement avec la chute du Mur. Je ne sais pas jusqu'où l'analogie est valable. D'après ce que je lis, les actions portent sur les affiches, les symboles du parti, le parti lui-même et les gens / organes au service notoire de la clique au pouvoir (juges, ministres, journalistes, miliciens, fonctionnaires du RCD…). Pour autant qu'on puisse qualifier une révolution de "civilisée", les Tunisiens semblent assez modérés jusqu'ici à mon goût ; ils arrêtent les anciens partisans, les envoient en prison et évoquent des procès, pas des exécutions sommaires.

Ce n'est certes pas idéal et il y a forcément des innocents qui paient dans le tas, des magouilles qui se reconstruisent, des influences en rivalité, des dangers à chaque tournant. Ca reste quand même relativement sage par rapport à ce dont nous autres fûmes capables.

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Invité rogermila
Approche ta souris des petits icones en forme de maisons, tu y verras l'omniprésence de la mafia dans le tourisme.

C'est bien pour cela qu'il faut boycotter touristiquement la Tunisie, et encore maintenant tant que la situation ne sera pas décantée.

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Pom pom pom…

Expulsé d'un coup comme ca, c'est marrant avant c'etait un bon socialiste et maintenant une ordure, décidément les socdem soutiennent vraiment toutes les pourritures du monde.

C'est bien pour cela qu'il faut boycotter touristiquement la Tunisie, et encore maintenant tant que la situation ne sera pas décantée.

C'est chaud quand meme, parce que pas mal de gens dépendent de ce secteur la-bas, je ne crois pas que ce soit leur rendre service que de boycotter le tourisme déjà que la situation économique n'est pas bonne.

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