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Traductions pour Contrepoints, Wikiberal et autres


Nick de Cusa

Messages recommandés

  • 2 weeks later...
Le 14/03/2017 à 12:25, F. mas a dit :

Excellente idée ! Va-y ! :)

 

Je me propose et j'oublie de le faire :facepalm: Tête de linotte que je suis. 

 

Citation

Wikipédia, cette huitième merveille du monde qui n’était pas censée exister

 

Au VIème siècle, Saint Isidore de Séville entreprit de rédiger un livre qui condenserait toute la connaissance humaine. On peut vraiment parler d’ambition ! Le résultat fut époustouflant : vingt volumes et 448 chapitres réunis sous le titre d’Etymologiae.

 

Et quelle longévité ! Ce livre fut un best-seller pendant mille ans. Pour contextualiser, cela reviendrait aujourd’hui, pour connaître les faits, à se tourner vers un livre écrit en 1017. Disons simplement qu’il nous manquerait quelques bribes d’information.

 

Après l’invention de l’imprimerie, écrire des encyclopédies était devenu une tâche aisée mais la méthode n’avait pas changé : un expert réputé transmettait ses connaissances au reste du monde.

 

Wikipédia fut fondée le 15 janvier 2001, une date magnifiquement symbolique un nouveau millénaire ! – pour marquer la naissance d’une nouvelle façon de découvrir, d’accumuler et d’itérer les flux d’informations à l’ère numérique.

 

L’expertise d’une seule personne était suffisante tant que c’était tout ce que nous permettaient nos outils. Mais aujourd’hui nous pouvons utiliser le crowdsourcing et la collaboration. Cela crée une nouvelle forme d’expertise, un nouveau type de socle pour la connaissance mondiale, un socle qui extrait les informations dispersées parmi des sources diverses et les assemble dans un unique portail partagé qui peut être rendu universellement accessible. Et plus important encore : les erreurs peuvent être rectifiées. Indéfiniment. C’est là l’essence même d’un système complexe adaptatif. Il n’y a pas de finalité mais un progrès perpétuel.

 

A ce jour, il y a sur Wikipédia 27 milliards de mots dans 40 millions d’articles en 293 langues. Ai-je mentionné que tout cela était gratuit ? Alors oui, cela a mis au chômage les autrefois inévitables vendeurs d’encyclopédies qui faisaient du porte à porte.

 

La démonstration du concept

 

Partout dans le monde, nous aimons et adorons Wikipédia. Et nous savons aussi qu’elle n’est pas la source ou l’autorité ultimes. C’est un point de départ pour nos recherches. Quand on y découvre des erreurs connues, on les rectifie. Vous avez un problème avec un article ? Prenez l‘initiative et corrigez-le. Ce n’est pas parfait mais chaque imperfection découverte devient une opportunité d’évolution. C’est de cette façon, un jour à la fois, une modification à la fois, que Wikipédia est devenue une ‘merveille du monde’.

 

Cela n’a pas toujours été le cas. Pendant les dix premières années de son existence, on a ridiculisé cette plate-forme, on l’a rabaissée, dénoncée, moquée et rejetée. Puis un jour, nous nous sommes réveillés et nous nous sommes rendus compte que : "Attendez mais c’est devenu génial en fait!" (Wikipédia a un bon article sur ses critiques à travers les ans.)

 

L’idée qui a rendu possible Wikipédia n’est pas un accident. Jimmy Wales, son fondateur, a étudié le travail de F.A. Hayek, en particulier L’utilisation de la connnaissance dans la société. Hayek y a expliqué l’impossibilité de centraliser une connaissance à la fois fiable, vraie et opérationnelle. Il a montré que c’est la raison pour laquelle les marchés fonctionnent. Ceux-ci dépendent d’une connaissance localisée, spécialisée et soigneusement calibrée c’est ce que nous avons de mieux des extrémités du système. En agissant et en choisissant, les individus puisent dans une connaissance qui est décentralisée et diffuse. La connaissance qui rend possible ce que nous appelons la société n’est pas accordée à un seul esprit, qu’il s’agisse d’un intellectuel ou d’un agent de la planification. Elle est indiscernable et est même inaccessible à tous sauf à l’acteur.

 

Wikipédia a pris cette source de pouvoir qui se trouve au sein des marchés et a construit une plate-forme qui a donné naissance à un marché de la connaissance. Comme Wales l’explique, l’ancienne manière de rassembler des informations fiables était de les rassembler de l’extérieur vers l’intérieur et ensuite les experts triaient ce qui avait de la valeur et devenaient la source de distribution de cette connaissance. La nouvelle façon donne au contraire l’opportunité à n’importe qui connaissant quelque chose de contribuer à la construction de ce marché de la connaissance.

 

Quelles sont les règles ?

 

Le premier réflexe de n’importe quel critique a été de dire que cela ne pourra jamais marcher parce qu’il n’y a pas de règles. Mais souvenez-vous de la première règle des systèmes adaptatifs : les problèmes créent des solutions. Pour Wikipédia cela a résulté en un ensemble de normes en constante évolution. On pourrait voir ça comme un marché pour les règles. Contrairement aux règles étatiques, elles sont ouvertes au changement, prennent leur source dans l’humilité et sont appliquées grâce au consentement volontaire. C’est quelque chose que nous choisissons.

 

Le contraste avec les encyclopédies de l’ancien monde est édifiant. L’éditeur assignait à un expert reconnu l’écriture d’un article qui reflète le consensus parmi les experts. Les résultats étaient gravés dans le marbre jusqu’à la prochaine édition. Il y avait une véritable stagnation vu que rien ne pouvait être remis en cause ou changé. Les dernières découvertes académiques en date n’y changeaient rien. Ces encyclopédies étaient merveilleuses pour ce qu’elles étaient mais aujourd’hui nous avons quelque chose de bien mieux.

 

Saint Isidore est désormais le saint patron d’Internet. Malheureusement nous ne pouvons pas converser avec lui mais Jimmy Wales est un excellent substitut.

 

  • Yea 1
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Moui la condamnation de Watts Up With That comme site négationiste du climat (expression vide de sens, ce qui devrait chagriner un encyclopédiste) est bel et bien gravée dans le marbre. 

 

Une texte de Tucker sur FEE: La connaissance vaut autant que le capital physique, https://fee.org/articles/knowledge-is-as-valuable-as-physical-capital/

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Le 26/03/2017 à 14:57, Nick de Cusa a dit :

Non, New York Times, la liberté n'est pas "d'extrême droite rebelle",

 

https://fee.org/articles/it-s-fake-news-to-call-the-freedom-caucus-the-rebellious-far-right/

 

Arrêtez de parler d’extrême-droite rebelle à propos du « Freedom Caucus » !

 

Jeffrey Tucker, FEE, 25 mars 2017.

 

 

J’écris cet article dans l’espoir de régler une fois pour toutes le stupide malentendu qui fait parler à tort d’extrême-droite rebelle à propos du « Freedom Caucus ». Mais je n’y crois guère, tant les idées fausses ont la vie dure. Cette appellation est une calomnie doublée d’un mensonge caractérisé, mais on la croise fréquemment, surtout ces derniers temps.

 

Le contexte

 

Tout d’abord, comme vous le savez certainement, la Chambre des Représentants des Etats-Unis abrite en son sein un groupe de parlementaires de plus en plus conscients de la grande tâche de notre époque : empêcher le gouvernement de mettre ses bâtons dans les roues puissamment productives de la liberté, et faire cela pour tous les domaines de l’existence. Ce groupe s’appelle le « Freedom Caucus » et son influence a abouti récemment à l’abandon de la réforme Santé de Donald Trump, car elle ressemblait trop à une fausse alternative préservant toutes les caractéristiques essentielles de l’Obamacare d’origine.

 

Compte tenu des bouleversements à l‘œuvre chez les Républicains, les membres du « Freedom Caucus » sont en train de développer une nouvelle compréhension d’eux-mêmes. Ils ont tenu tête à Trump. Il ressort clairement qu’ils n’appartiennent pas au spectre gauche/droite classique.

 

Si l’on considère la façon dont ils ont géré la débâcle de la réforme Santé, on devrait les appeler « libéraux » au sens actuel de « libertarians » puisque ce dernier terme est le mot américain qui a émergé pour les décrire aujourd’hui.

 

Mais plus correctement, on devrait les qualifier de « libéraux » au sens original de l’américain « liberals ». Si ce terme a évolué au point de décrire aujourd’hui les socio-démocrates ou les progressistes, il évoquait initialement tous ceux qui se firent les champions de la libération de l’humanité. Cette dernière commença à la fin du Moyen-Âge, se développa à l’époque des Lumières, aiguillonna les révolutions du XVIIIème siècle contre l’absolutisme, mit fin à l’esclavage et à l’oppression des femmes au XIXème siècle et combattit le socialisme et le fascisme au XXème siècle.

 

Les parlementaires du « Freedom Caucus » sont aujourd’hui les successeurs de cette tradition. Au XXIème siècle, ils ont pris fait et cause pour l’innovation numérique, le respect de la vie privée et le progrès technologique.

 

On trouvera ici un excellent guide pour naviguer dans toutes ces notions.

 

Le Credo du « Freedom Caucus »

 

Ce groupe, qui vit actuellement une renaissance sous de multiples formes, tend à devenir une puissante force de liberté. Il n‘a pas encore atteint sa maturité, mais la tendance est évidente et se déploie dans la bonne direction. Il n’est pas seulement question d’obtenir des baisses d’impôt, bien que cela fasse partie des demandes. Il s’agit aussi de libre-échange, d’un idéal de libre circulation des personnes, de liberté d’expression, de dérégulation, de réforme pénale et pénitentiaire et de la fin des guerres de tous ordres. Pour le dire en peu de mots, les membres du « Freedom Caucus » considèrent que le gouvernement est le problème et la société libre la solution.

 

Leurs liens avec ce qu’on appelle la Gauche sont ténus, sauf en ce qui concerne la réforme des prisons, la dépénalisation de la drogue et la liberté d’expression. Mais ils ne partagent pas plus les valeurs de l’extrême-droite qu’on voit apparaître en Europe ou aux Etats-Unis. Ils rejettent tous les autoritarismes, ce qui expliquent pourquoi ils ne sont pas des partenaires automatiques de l’administration Trump. Ils soutiendront le Président lorsqu’il aura raison à leurs yeux et ils le combattront lorsqu’il aura tort. Leur indépendance tient au fait qu’ils perçoivent la Gauche et la Droite comme deux formes d’une même idéologie étatiste, deux saveurs d’une même dérive.

 

Dans le lexique politique américain, on les appelle souvent « conservateurs ». Ils doivent parfois utiliser eux-mêmes ce terme car il coïncide mieux avec les attentes des médias et des électeurs. Mais ils ne l’aiment pas et il ne les décrit pas correctement. Ils ne veulent justement pas conserver les vieilles habitudes du gouvernement. Ils souhaitent au contraire écarter le gouvernement du chemin afin de laisser les forces du marché et la société en général découvrir de nouvelles façons de mieux faire les choses.

 

Maintenant que j’ai fait de mon mieux pour décrire le « Freedom Caucus » de la Chambre des Représentants, regardons ce que le New YorkTimes en dit. L’article « Trump prisonnier d’une guerre civile féroce chez les Républicains » est signé par Glenn Thrush (twitter.com/GlennThrush) et Maggie Haberman (twitter.com/maggieNYT). Voici ce qu’ils écrivent :

 

« En stoppant l’abrogation de l’Affordable Care Act (ou Obamacare), priorité proclamée du Parti républicain depuis sept ans, l’extrême-droite rebelle du parti de M. Trump s’est dressée contre lui, s’offrant ainsi une une victoire majeure sur l’establishment du parti qu’il dirige aujourd’hui. »

 

Vous avez vu ? « L’extrême-droite rebelle. »

 

L’extrême-droite réelle

 

N’importe quel lecteur associerait cette expression à Marine Le Pen en France, Geert Wilders aux Pays-Bas, l’Aube dorée en Grèce, Jobbik en Hongrie, Norbert Hofer en Autriche, etc… De fait, vous pouvez lire tout ce qui concerne la montée de l’extrême-droite en Europe dans une source éminemment autorisée : le New York Times, au détour d’un article publié il y a seulement quelques mois.

 

Aujourd’hui, on peut aisément prédire la politique de ces partis. Ils veulent plus de protectionnisme, une immigration restreinte, un retour à la planification industrielle et un état-providence puissant. Ils sont généralement en faveur d’un service de santé étatisé.

 

Même aux Etats-Unis, le site internet nazi le plus fréquenté (désolé, pas de lien) a publié en page d’accueil un éditorial ouvertement favorable à une assurance santé nationalisée le jour même du vote républicain contre la réforme Santé de Trump.

 

Ces politiques n’ont rien à voir avec la liberté. Elles ont plus de valeurs en commun avec le style fasciste de l’entre-deux guerres. La plupart des gens qui pratiquent assidument Twitter les connaissent bien car elles génèrent leurs légions de trolls, leurs meneurs sulfureux auto-proclamés (edge lords) qui tweetent nuit et jour des slogans racistes et antisémites. Il existe des logiciels complets destinés à les bloquer.

 

Le libéralisme est différent, très différent, de l’alt-right, de l’extrême-droite, de la droite fasciste, de la droite nazie, etc .. etc…

 

Rebelle, oui. Extrême-droite, non.

 

La différence est particulièrement frappante lorsqu’on en vient au système de santé. Les parlementaires du « Freedom Caucus » se sont opposés au plan Trump/Ryan* parce qu’il préservait les caractéristiques étatistes de l’Obamacare et ne faisait aucune place au jeu du marché. Ils savaient par conviction et expérience personnelles, que cela ne pouvait pas marcher. Leur attitude était une question de principe, mais elle résultait aussi de leur connaissance approfondie du secteur, de ce qui l’a conduit à la faillite et de ce qu’il faudrait faire pour le réparer.

 

Les deux journalistes du New York Times évoqués plus haut doivent vraiment trouver un moyen d’ajuster leur vocabulaire pour ne pas développer une confusion dangereuse. Il est ridiculement trompeur de persister dans les vieilles habitudes qui consistent à décrire les groupes non gauchistes comme des partisans de l’extrême-droite. Ça sent la propagande à plein nez. Nos journalistes doivent trouver mieux s’ils veulent saisir la part libérale qui émerge du Parti républicain avec un tant soit peu de précision.

 

Pour ajouter une touche personnelle, permettez-moi de préciser que j’adore le New York Times. Je le lis chaque jour avec attention. Je suis rarement d’accord, mais j’y trouve une source d’actualités inépuisable. J’aimerais beaucoup assister à l’amélioration des concepts idéologiques diffusés par ce journal.

 

Si vous adressez des tweets à ces journalistes, puis-je vous demander de le faire gentiment ? Ne trollez pas, ce sont des êtres humains. Ils essaient de faire de leur mieux. Ils ont juste besoin d’un petit peu d’aide. Il est crucial qu’ils comprennent bien combien le « Freedom Caucus » n’a rien à voir avec l’extrême-droite.

 

 

*Paul Ryan : Président républicain de la Chambre des Représentants qui soutenait la réforme Santé de Trump.

 

Article d'origine :

https://fee.org/articles/it-s-fake-news-to-call-the-freedom-caucus-the-rebellious-far-right/

 

 

 

 

 

 

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Le 3/26/2017 à 05:57, Nick de Cusa a dit :

Non, New York Times, la liberté n'est pas "d'extrême droite rebelle",

 

https://fee.org/articles/it-s-fake-news-to-call-the-freedom-caucus-the-rebellious-far-right/

 

Partagé par Tucker himself sur Facebook :)

 

https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fjeffreytucker.official%2Fposts%2F1421603397878629

  • Yea 1
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Cet article de Tucker n'est pas un article d'information sur la frappe US, mais un article de réflexion sur la guerre en général (qui peut éventuellement appeler à discussion - l'article ) :

https://fee.org/articles/why-is-war-such-an-alluring-illusion/

Je n'ai pas le temps aujourd'hui, mais si ça vous intéresse je peux le traduire ce we.

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Le 08/04/2017 à 08:29, Nathalie MP a dit :


EDIT : 2 petites modifs en rouge

 

Pourquoi la guerre est-elle une illusion si séduisante ?

 

Jeffrey Tucker, FEE, 6 avril 2017.

 

Aujourd’hui, les Etats-Unis semblent sur le point de se lancer dans une nouvelle guerre d’importance. Justifiée officiellement au nom des droits de l’homme et par des raisons morales au regard de ce qui se passe en Syrie, cette guerre est envisagée avec la certitude complètement injustifiée qu’elle produira un résultat meilleur que la diplomatie, les échanges commerciaux ou les mises en garde.

 

Il y a exactement 100 ans aujourd’hui (le 6 avril 1917), les Etats-Unis entraient dans la « Grande Guerre », la guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres, la guerre pour la liberté, l’auto-détermination, la justice, la morale, la vérité, la démocratie ; la guerre contre la monarchie, la tyrannie et l’absolutisme. Tout ceci devait sembler tellement évident aux dirigeants de l’époque ! Rassemblons une frappe militaire puissante, montrons notre détermination, et nous verrons le camp du mal se recroqueviller de terreur. Le Président Woodrow Wilson en était si profondément convaincu qu’il n’hésitait pas à brutaliser et emprisonner tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec lui.

 

Et pourtant, à cette époque, la marche en avant de la liberté s’acheva ce jour-là. La guerre en décida ainsi. Pendant cette période de quelques années, les Etats-Unis ont mis en place un impôt sur le revenu, ainsi que des interventions structurelles dans la législation du travail, la protection sociale, le droit de la famille, la réglementation des affaires, les lois antitrust et dans bien d’autres domaines. Encore plus significatif, il y a maintenant la Fed (banque centrale des Etats-Unis). Il est peu probable que les Etats-Unis y auraient seulement songé, si ce n’était pour créer la Réserve fédérale qui fournissait une nouvelle garantie aux obligations d’Etat.

 

On entrait dans un régime nouveau, écrit pour des temps nouveaux et doté de rouages inédits permettant de contrôler la population et de faire advenir certains résultats politiques précis. Les élites de cette génération étaient devenues ouvertement hostiles à toute notion de Constitution ou d’économie de marché, et à toute forme de libéralisme en général. Les temps nouveaux voulaient que la science et la grandeur soient les alliés de la politique et du pouvoir. La guerre devint le test ultime de cette nouvelle façon de penser.

 

Les résultats furent catastrophiques, pas seulement pour la génération d’alors, mais pour toutes les générations futures. Il est stupéfiant de réaliser combien les conséquences furent radicales. Plus de 17 millions de personnes perdirent la vie, la plupart de maladie. La superbe paix européenne était brisée et ne s’en remettrait pas avant de nombreuses années.

 

Voici comment Michael Kazin explique les résultats stupéfiants de la « Grande Guerre » :

 

« Comment la guerre se serait-elle terminée si les Etats-Unis n’étaient pas intervenus ? Le carnage aurait pu continuer pendant un an ou deux, jusqu’à ce que les citoyens des nations belligérantes, déjà enclins à protester contre les sacrifices sans fin demandés, obligent leurs dirigeants à trouver un accord. Si les Alliés, France et Royaume-Uni en tête, n’avaient pas obtenu une victoire totale, il n’y aurait pas eu de traité de paix punitif comme celui qui fut signé à Versailles, pas d’Allemands plein d’amertume criant au coup de poignard dans le dos, et par conséquent, pas de montée - et donc pas de triomphe - d’Hitler et des Nazis. La guerre mondiale suivante et son cortège de 50 millions de morts n’aurait sans doute pas eu lieu. »

 

La guerre détruisit aussi les anciens systèmes moraux pour les remplacer par d’autres selon lesquels les Etats n’avaient pas besoin de se soumettre au sens habituel du bien et du mal. Les gouvernements se moquaient pas mal de la vie humaine et de la propriété ; pourquoi quiconque le ferait ? A l’issue d’une telle période, il ne fut guère étonnant de voir apparaître une expression accrue de désespoir dans la peinture, la musique et l’architecture. Les lumières de la civilisation n’étaient pas complètement éteintes, mais elles avaient été considérablement estompées.

 

Il est facile de scander : « A bas la guerre, à bas l’impérialisme, stop aux massacres d’innocents à l’étranger ! » Ce sont d’ailleurs de magnifiques sentiments. Mais le monde réel des conflits extérieurs nous propose rarement des choix simples et parfaits entre la guerre et la paix. Il s’agit plus souvent de savoir si une intervention dans une guerre en cours permettra de réduire ou au contraire intensifiera un problème qui existe déjà.

 

Les Etats-Unis prétendent souvent qu’ils entrent en guerre pour éviter un conflit encore plus sévère ou pour punir un agresseur afin d’éviter une guerre future. C’est précisément ici que les choses deviennent moralement confuses. C’était pour soutenir les « combattants de la liberté » et libérer le pays de l’oppression soviétique que les USA sont intervenus en Afghanistan dans les années 1980. Pour s’apercevoir quelques années plus tard que le groupe qu’ils soutenaient étaient devenu peu à peu les Talibans, puis Al Qaida, puis finalement l’Etat islamique. On s’effraie de constater que bon nombre des armes utilisées aujourd’hui par les terroristes furent payées à l’origine par le contribuable américain.

 

C’était pour « punir une agression » que les Etats-Unis s’engagèrent une première fois en Iraq il y a un quart de siècle. Et ce fut pour essayer de découvrir des armes de destruction massive inexistantes qu’ils attaquèrent ce pays une seconde fois en 2003, avec les conséquences catastrophiques que l’on sait pour l’Amérique et tout le Moyen-Orient. Pour l’Europe aussi, avec la crise des migrants et son rôle dans la montée des autoritarismes dans la vie politique. Dans le cas de la Libye, les Etats-Unis ont procédé à des frappes aériennes afin de renverser un dictateur de la pire espèce, mais au lieu de restaurer la liberté, ils facilitèrent indirectement la constitution d’une armée terroriste qui continue à semer la terreur en Afrique et dans le monde entier.

 

Et nous voilà maintenant face à l’inextricable question syrienne qui plonge tous les jours les populations dans la souffrance. Il semble pratiquement impossible de s’y faire une idée précise des intentions politiques des multiples acteurs, et encore plus difficile de savoir lequel d’entre eux devrait triompher afin d’apporter le meilleur espoir de paix. Depuis le temps, nous devrions savoir qu’il ne suffit pas de bombarder un régime pour le faire tomber. Il est parfaitement irresponsable de ne pas se demander : et après, que se passe-t-il ?

 

L’histoire des cent dernières années nous apprend au moins une chose : les interventions extérieures des Etats-Unis causent plus probablement des dégâts qu’elles n’apportent une paix durable, la grande exception étant bien sûr l’intervention alliée pour stopper la machine de guerre nazie. Mais même cette exception appelle quelques remarques restrictives. Pourquoi les Etats-Unis ont-ils fermé leurs frontières à l’immigration juive après 1924, et combien de vies auraient pu être sauvées s’ils avaient accepté d’être une terre d’asile pour tous ceux qui fuyaient l’Europe dans les années 1930 ? Et pourquoi, à la fin de la guerre, les Etats-Unis ont-ils accepté de voir s’imposer une nouvelle tyrannie soviétique sur les pays qui venaient d’être libérés ?

 

Si l’effort de guerre réalisé alors déboucha sur un succès, ces questions brûlantes restent posées. Mais si nous voulons vraiment tirer la leçon des 100 dernières années, nous devons nous enfoncer ça dans le crâne : un gouvernement est incapable de contrôler les résultats conséquences de ses interventions militaires. Et pourtant, on continue dans cette voie, en espérant contre toute attente obtenir de meilleurs résultats.

 

Aujourd’hui, on ne peut repenser à la « Grande Guerre » sans se demander : mais à quoi pensaient nos aînés ? Comment ont-ils pu être si aveugles à propos des effets de la guerre totale ? Pourquoi n’ont-ils pas plus réfléchi à la possibilité de générer un enfer incontrôlable ? Nous devons au minimum nous poser les mêmes questions à propos de toutes les propositions d’intervention en Syrie aujourd’hui, alors que l’on sait que la situation politique y est effroyablement complexe, que les mensonges prévalent sur la vérité et que les perspectives d’un retour de flamme imprévu sont hautement probables.

 

Les bonnes intentions ne seront jamais suffisantes pour justifier l’intervention des gouvernements dans quoi que ce soit. Ceci est particulièrement vrai de la guerre, qui n’est jamais que le programme politique le plus minable, le plus mortel et le plus destructeur jamais imaginé par un gouvernement. Et pourtant, nous continuons à le pratiquer, en espérant que les bombes, les destructions massives, la violence légale, le « choc et la stupeur » fonctionneront, malgré toutes les indications contraires. Nous pensons que la guerre nous donne un moyen de bien faire, mais cela pourrait bien n’être qu’une nouvelle illusion séduisante comme ce fut le cas il y a tout juste un siècle.

 

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 Je suis pas sûr de valider ce qu'il dit. De la dette, c'est de l'impôt en différé. Donc dire, on s'en fout, ce qui compte c'est libérer les gens... Moué.

  Bon après, il compte visiblement sur l'effet Laffer sans le nommer. Donc pourquoi pas. 

 

 Voilà c'était le commentaire inutile^^

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il y a une heure, Nigel a dit :

 De la dette, c'est de l'impôt en différé.

 

Ou du budget de l'Etat excédentaire en différé (si rare qu'on se demande quand ça a pu arriver).

 

Ou de l'inflation en différé.

 

Ou de la guerre d'agression pour piller son voisin en différé.

 

Ce sont, à ma connaissance, les 4 grandes méthodes possibles pour essayer de réduire sa dette.

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Hum, question, ça se passe comment pour les traductions ?

On se propose, et en fonction de ce qui passe, on sélectionne ce qui nous sied de traduire ?

Parce que moi, j'ai un bon niveau, sans être bilingue.

Et autre question, y a un besoin niveau timing ? Pour le wiki, je pense pas que ça soit trop pressant, mais pour CP, ça peut nécessiter une plus grande maîtrise non ?

 

Dans l'idée, je serai dispo pour en faire.

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Il y a 3 heures, Restless a dit :

Hum, question, ça se passe comment pour les traductions ?

On se propose, et en fonction de ce qui passe, on sélectionne ce qui nous sied de traduire ?

Parce que moi, j'ai un bon niveau, sans être bilingue.

Et autre question, y a un besoin niveau timing ? Pour le wiki, je pense pas que ça soit trop pressant, mais pour CP, ça peut nécessiter une plus grande maîtrise non ?

 

Dans l'idée, je serai dispo pour en faire.

 

En général:
Pas mal d'articles sont à traiter sur une semaine/dix jours, des fois c'est de la longue traîne (typiquement les articles qui font très théoriques) et puis y'a l'actualité pure et dure qui doit être traitée ASAP (gros évènement type elections, attentats,etc...).

 

Ensuite, comment on fait: quelqu'un (en général des officiels ou anciens officiels de l'association comme Nick, Lexington, Largo, Axpoulpe, F.Mas, etc...) poste une article en disant "ho là là, ça à l'air sympa, faudrait le traduire".

quelqu'un cite le message, dis "je prends", donne une vague estimation de quand il l'aura, puis recite son message en mettant en réponse sa traduction.

 

enfin en général ça se fait comme çatiens exemple.

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Il y a 22 heures, NoName a dit :

exemple

je prends. J'aurais surement fini demain soir.

Bon, ça sera fini sûrement plus tard parce que le texte est un peu velu en fait. 

 

J'aurais besoin d'une bonne relecture de quelqu'un qui connaît un peu le langage fiscal anglo-saxon pour éviter les contre-sens. 

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