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Nick de Cusa

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et hop, un article intelligent sur la privatisation du mariage

 

http://fee.org/freeman/on-privatizing-marriage/

 

De la privatisation du mariage

Non, le mariage n’est pas nécessairement une affaire publique.

 

Le mariage est le principal arrangement institutionnel de la société qui définit la parentalité.

–Jennifer Roback Morse

 

L’idée de privatiser le mariage prend de l’ampleur chez des acteurs sociétaux habituellement en opposition.

Parmi ceux-là, il y a les activistes homosexuels vieux-jeu qui pensent que le mariage d’Etat est un moyen pour les politiciens de planifier socialement la famille à travers le Code Général des Impôts. Il y a aussi les conservateurs religieux qui sont inquiets quant à la possibilité pour une institution étatique de violer leurs valeurs sacrées. N’oublions pas non plus les libertariens pour qui « privatiser » est plus un réflexe que le produit d’une réflexion. Pourtant, ils sont tous d’accord : ce serait une bonne idée de retirer le mariage du giron du gouvernement. En y réfléchissant, cette proposition est très pragmatique.

 

Démêlons tout d’abord les deux sens du mot qui peuvent être source de confusion. Quand on évoque le mot « mariage », on peut se référer à :

A.       un engagement pris par un couple lors d’une cérémonie formelle et reconnu par une institution religieuse ou une communauté (privée) ; ou

B.      un lien légal entre deux personnes, pour lequel l’Etat (public) délivre une autorisation.

 

Les questions qui se posent sont donc les suivantes : au sens de A, le gouvernement doit-il être impliqué ? La réponse quasi-unanime aux Etats-Unis est non. Et, au sens de B, est-il nécessaire que le gouvernement soit autant impliqué qu’il l’est actuellement ? C’est autour de cette seconde question que se situe le débat.

 

Je pense que le gouvernement pourrait et devrait se retirer du sens B, et tout le monde se portera mieux. Voilà ce qui se cache derrière l’expression « privatisation du mariage » selon moi.

 

Certains soutiennent que le mariage ne peut être que public. Pour Jennifer Roback Morse, la notion de mariage est liée au sort des enfants et des familles. Pour Shikha Dalmia, c’est lié au spectre d’une implication grandissante du gouvernement, d’une guerre néo-culturelle enflammée, et d’une préoccupation curieuse à propos des institutions religieuses qui créent leurs propres lois matrimoniales.

 

Considérons le problème des enfants. Selon Unmarried.org :

-          39.7% des enfants naissent hors mariage (Centers for Disease Control, 2007).

-          Près de 40% des couples américains hétérosexuels et non-mariées ont des enfants. (Child Protective Services, 2007).

-          A la naissance du premier enfant, 41% des femmes non-mariés sont en concubinage avec leurs partenaires (Larry Bumpass and Hsien-Hen Lu, 2000).

 

La loi comporte-t-elle des dispositions particulières pour les enfants issus de couples non mariés ? Evidemment. C’est pourquoi, alors que le mariage d’Etat ajoute des lignes à votre relevé d’impôts ou à votre liste d’avantages sociaux, le tribunal des affaires familiales et le code de la Famille restent en place, quoique l’on fasse avec le mariage. Ceci n’est pas un argument sociologique qui consisterait à se demander si les enfants ont statistiquement de meilleures chances dans la vie quand ils sont conçus par un couple marié.  Ce n’est pas non plus une question de genre, de sexualité et de rôle des parents. Il s’agit tout simplement d’apporter une réponse à l’idée selon laquelle le mariage ne peut être que public car sa suite logique est d’avoir des enfants. Ce n’est pas le cas. (Je passe sous silence les cas dans lesquels des couples mariés n’ont jamais d’enfants).

Dalmia s’inquiète également du fait qu’une « privatisation réelle ne nécessiterait pas uniquement de supprimer la gestion des autorisations et inscriptions des affaires du gouvernement ». Cela nécessiterait de donner aux communautés le pouvoir d’écrire leur propres règles matrimoniales et de les imposer aux couples.

 

Oui, c’est vrai. Les couples qui font parti d’associations religieuses libres devront accepter la définition du mariage de ces dernières pour en devenir membre. Néanmoins, Dalmia écrit : « Les mariages mormons seraient alors régis par le Code de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, les mariages musulmans par la Charia, les mariages hassidiques par le Vieux Testament, les mariages homosexuels par leur propres églises ou équivalents laïcs ». Tout ces exemples peuvent s’avérer vrais jusqu’à un certain point.

 

Cependant, Dalmia exagère. Il est très vraisemblable de penser qu’aucune organisation religieuse ne serait en mesure de rédiger des codes qui iraient à l’encontre des lois civils et criminels dans certaines juridictions. Ainsi, si le fait de battre sa femme car elle ne porte pas de hijab en allant chez Carrefour faisait partie de la Charia, cette règle irait à l’encontre des lois contre les violences conjugales. De même, les codes mormons pourraient autoriser la polygamie, mais l’Etat pourrait avoir un avis contraire. Encore une fois, la protection, quelque peu magique il faut le dire, que le mariage d’Etat est censé apporter n’est pas claire.

 

Qu’en est-il de l’inquiétude de Dalmia qui soutient qu’en l’absence de mariage d’Etat, « tous les aspects de la relation du couple devront être traitées contractuellement en avance de phase et sans aucune base préétablie » ? Je peux déjà vous assurer que certaines personnes voient d’un bon œil l’opportunité de négocier les points d’un contrat qui gouverne leurs vies (cela empêcherait de vilaines procédures de divorce à certains). De plus, il n’y a pas de raison de penser que toutes les lois  auxquelles ont recours les couples normaux non-mariés avec enfants et biens ne seraient plus en vigueur. Non seulement des modèles de contrat simples pour les mariages privés émergeraient, mais les Etats pourraient autoriser des unions civiles par défaut faute de couples envisageant des alternatives privées.

 

En effet, si les gens n’apprécient pas l’option par défaut – comme c’est le cas aujourd’hui -, ils seraient bien plus enclins à anticiper l’éventualité d’un mariage. Ils devraient traiter les points liés  à la cohabitation, à la propriété, aux enfants comme ils le font pour la retraite et la mort. D’ailleurs, des millions de couples homosexuels avaient à s’en occuper avant la décision de la Court Suprême autorisant les mariages de personnes de même sexe. Des millions de couple non-mariés le font aujourd’hui. La différence est qu’il y aurait plusieurs types de mariages privés en parallèle du mariage par défaut, tout comme les gens peuvent opter pour des arbitrages privés en lieu et place des tribunaux publics.

Pendant le débat sur le mariage pour tous, une proposition éminemment raisonnable était la suivante : même si vous n’aimez pas l’idée de négocier un contrat détaillé avec votre futur(e) époux(se), renommer le mariage d’Etat en « union civil » aurait été un grand pas vers la clôture du débat concernant le mariage de personnes même sexe. Les conservateurs auraient été capables de l’accepter, puisque selon leurs traditions sacrées et leur culture commune (au sens de A), un « mariage » a lieu entre un homme et une femme. Les couples homosexuels auraient du trouver une église ou une institution qui les auraient mariés au sens de A. Mais, en tout cas, tous disposeraient du même cadre légal qui intéresse les gens au sens de B. Vous auriez eu juste à l’appeler « union civil ».

 

Cela aurait bien fonctionné en soit.

 

J’apprécie cependant la notion de privatisation complète car le « mariage » ressemble aujourd’hui à une collection délirante de privilèges et d’avantages auxquelles tout le monde veut avoir accès - maudits soient les couples non-mariés. Le mariage ne devraient conférer ni faveur spéciale ni cadeau de l’Etat. Nous pouvons ergoter à propos de la personne qui doit se tenir au chevet d’un proche mourant. Mais, au-delà de ce point, le mariage (dans le sens de B ) a uniquement un impact sur l’égalité d’accès aux privilèges accordés par le gouvernement.

L’idée selon laquelle le mariage est nécessairement public est un manque d’imagination en ce qui concerne le système robuste de Common Law. En outre, cette idée ressemble à des arguments contre les privatisations dans d’autres domaines : la monnaie, l’éducation et l’assurance santé par exemple. Cela n’est pas parce que nous ne pouvons pas toujours imaginer quelque chose que cela la rend impossible.

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La phrase que je cherche à modifier est : "aucune organisation religieuse ne serait en mesure de rédiger des codes qui iraient à l’encontre des lois civiles et criminelles".

En VO ça donnait : "no religious organization would be able to set up codes that run counter to the civil and criminal laws" .

Désolée, je chipote ...

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Bon, c'est un peu long donc une relecture ne sera pas de trop :).

 

J'ai fait deux notes pendant ma traduction :

- j'ai traduit "élitist establishment" par "élites bienpensantes" dans l'incipit, mais je ne suis pas très satisfait

- je n'ai aucune idée de ce que veut dire "PC" dans : "one thought it was an piece of pretentious dreck whose nomination could only be explained by political correctness; another, who has little patience for PC,"

 

 

La dernière bataille rangée de la science-fiction ne met pas en scène des pirates de l'espace contre des monstres extraterrestres, mais différentes factions d'amateurs de science-fiction, combattant pour les Prix Hugo. Selon où vous vous placez, vous verrez dans l'arène soit les forces du progrès opposées aux barbares réactionnaires, soit les élites bien-pensantes aux les rebelles contestataires. La fine fleur progressiste a sans conteste gagné cette bataille, mais était-ce une victoire à la Pyrrhus ? Une chose est certaine : cette guerre culturelle est vouée à continuer.

Les Prix Hugo sont les Oscars de la science-fiction, choisis par les amateurs (quiconque paye la cotisation de 40$ à la World Science Fiction Convention peut participer aux nominations et voter) et présentés chaque année à la WorldCon. Plus tôt cette année, une grande partie des nominations ont été captées par ceux qui se sont fait appeler les "Sad Puppies", menés par un groupe d'écrivains opposés à ce qu'ils voient comme une mainmise politiquement correcte sur les Prix Hugos. C'était l'apogée d'un mouvement commencé en 2013. (Le nom du groupe est une blague d'initiés [http://www.wired.com/2015/08/won-science-fictions-hugo-awards-matters/] née d'une publicité de la Société de Prévention de la Cruauté montrant des chiens déprimés précisant que "primer de pénibles histoires idéologiques" causait "la tristesse des chiots").

Quand les nominations furent dévoilées en avril, les amateurs de science-fiction, et une grande part des médias furent en pleine débâcle [http://www.bostonglobe.com/lifestyle/2015/04/16/time-muzzle-sad-puppies-and-other-excluder-groups/4swLpULR6qaX7svr0RwUpL/story.html]. Les Puppies furent accusés [http://www.dailydot.com/geek/hugo-award-nominees-sad-puppies/] de "jouer avec les règles" en votant en groupe, et décrits comme [http://www.newrepublic.com/article/121554/2015-hugo-awards-and-history-science-fiction-culture-wars] "une bande d'homme blancs" de droite, en réaction face à la proportion grandissante de femmes, non-blancs, et progressistes dans la science-fiction.

A la 73ème WorldCon, le 22 Août, l'empire a contre-attaqué. Aucun nominé des Sad Puppies ne gagna de prix Hugo [http://www.thehugoawards.org/2015/08/2014-hugo-award-winners-announced/]. Dans les cinq catégories où n'étaient représentés que les Chiots, le vainqueur fut "Prix non attribué", ainsi que l'avaient conseillé des bloggers de SF progressistes [http://deirdre.net/the-puppy-free-hugo-award-voters-guide/]. Pendant la distribution des prix, chaque "prix non attribué" donna lieu  à des applaudissements et des encourragements ce que les avocats des Sad Puppies trouvèrent inconvenant, tout en accusant les "Faux Fans". Bien sûr, les "Bouteurs de Chiots" (ainsi que le groupe des Sad Puppies les nomme) et leurs soutiens dans la presse grand public [http://www.npr.org/2015/08/24/434364495/sad-puppies-fail-to-stuff-ballot-box-at-hugo-awards] le voyaient différemment : une défaite pour les réactionnaires bourreurs d'urne, et une victoire de la qualité et de la diversite.


Ainsi donc, que sont les Sad Puppies ? Et que veulent-t-ils ? Dans un billet publié après les évènements [http://monsterhunternation.com/2015/08/24/sad-puppies-3-looking-at-the-results/], le leader des Chiots, Larry Correia, écrit qu'il a lancé le mouvement car il pensait que les Prix Hugos ne représentaient plus que "de petites cliques, renfermées sur elles-mêmes, et à vocation politique" qui ne récompensaient que leurs amis et les personnalités et idées politiquement correctes, en lieu et place du talent.

Ne serait-ce pas, comme suggéré par les opposants aux Chiots, une histoire d'hommes hétérosexuels blancs qui essaieraient de défendre leur pré carré contre  certains intrus, telles les femmes qui ont remporté les presque deux tiers des nominations des Hugo en 2012 ? Les histoires proposées par les Sad Puppies étaient sans conteste très masculines, avec seulement trois femmes auteurs sur 17 ; cependant, certains des membres du groupe les plus investis sont des femmes auteurs, comme Sarah Hoyt, Amanda Green et Cedar Sanderson. (Les deux dernières étaient sélectionnées par les Chiots pour le prix d'Ecrivain Amateur, qui récompense les travaux réalisés gracieusement, ou contre une faible rémunération, pour des magazines ou des sites.) Hoyt m'a mentionné dans nos conversations en ligne l'exemple qu'elle considère le plus démonstrateur de la corruption politique des Hugos, qui primèrent en 2013 un homme blanc : le prix du Meilleur Roman fut accordé à "Redshirts - Au mépris du danger" [http://www.amazon.com/exec/obidos/ASIN/1491514388/reasonmagazineA/] de John Scalzi, une variation satirique sur Star Trek. Hoyt la considère comme une "mauvaise fanfiction", et pense que la récompense était une preuve frappante de copinage au profit de Scalzi, un ancien président de Science Fiction and Fantasy Writers of America et un des haut prêtres de la "justice sociale" en SF.


Et il y a les histoires à thèse politique. L'an dernier, le meilleur roman fut accordé à La Justice de l'Ancillaire, d'Ann Leckie, dans lequel les protagonistes appartiennent à une civilisation humaine futuriste sans concept de genre, où le pronom "elle" est universelle. La meilleure nouvelle, The Water That Falls on You from Nowhere [http://www.tor.com/2013/02/20/the-water-that-falls-on-you-from-nowhere/#comments], de John Chu, traitait du coming-out d'un homme sino-américain. (L'aspect "fantasy" était poussif : un phénomène mystérieux qui trempait quiconque mentait.) En haut de la liste des récriminations, la nomination de "If You Were a Dinosaur, My Love" de Rachel Swirsky [http://www.apex-magazine.com/if-you-were-a-dinosaur-my-love/], une courte nouvelle dont même certains défenseurs concèdent [http://difficultrun.nathanielgivens.com/2015/02/10/the-hugo-awards-dinosaurs-and-me/] que ce n'est pas réellement de la science-fiction ou de la fantasy. Il s'agit du monologue intérieure d'une femme qui rêve éveillée que son fiancé se transforme en un dinosaure à taille humaine, alors qu'il est plongé dans le coma après avoir été battu par des hommes qui pensaient qu'il était gay ou transgenre.

La qualité est évidemment quelque peu subjective. Deux de mes amis, qui sont des lecteurs assidus de SF et de fantasy, sont en désaccord complet sur "Dinosaure" : un pense qu'il s'agit d'un navet prétentieux, dont la nomination ne pouvait qu'être expliquée par le politiquement correct. L'autre qui n'a qu'une patience limité pour /*??? PC ???*/ ne l'appréciait pas outre mesure, mais affirmait que la nouvelle était bien écrite et pouvait être appréciée. Encore un autre ami pense que les plaintes des Chiots sont légitimes, mais met leurs critiques vis-à-vis de leurs listes de livres médiocres.

Peut-être le vrai problème n'est-t-il pas la qualité du travail, ou même la prévalence des histoires à thèse dans le genre : c'est que, comme le note prudemment dans son blog Nathaniel Givens [http://difficultrun.nathanielgivens.com/2015/02/10/the-hugo-awards-dinosaurs-and-me/], sympathisant des Chiots, essayiste et data-scientist : "les thèse n'ont jamais été aussi dogmatiques et uniformes". De plus, la génération actuelle d'auteurs pro-"justice sociale", ajoute-t-il, domine la littérature, non seulement en utilisant sa production comme un véhicule idéologique, mais également en imposant une forme de conformité à travers les amateurs de SF et de fantasy, ce qui menace réellement la diversité. Il montre qu'à l'opposé, les Sad Puppies "sont sortis des sentiers battus, et on proposé des auteurs plus à gauche que conservateurs."


Les observations de Givens se retrouvent chez Hoyt, qui a parlé sur son blog [http://accordingtohoyt.com/2015/03/31/the-scarlet-letters/] du "poids de la peur" qui avait pris racine dans la communauté de la fiction spéculative. La crainte d'être blacklisté pour des raisons politiques était présente. Bien que Hoyt dit que ces peurs ont perdu de leur superbe depuis que la publication en indépendant permet aux auteurs de vivre en dehors de l'"establishment" SF, les élites contrôlent toujours la reconnaissance et la légitimité au sein des amateurs. D'où la rébellion des Hugos.

Certains pourraient penser que le mot "peur" est exagéré. Mais en fait, une controverse bien plus discrète, en parallèle des Hugos de cette année, est une bonne illustration du climat délètère qui règle dans la communauté SF/Fantasy : l'histoire de la récompense "Meilleur Auteur Amateur" accordée à l'auteur et blogger Laura J. Mixon.

Le travail primé était un long billet de blog [http://laurajmixon.com/2014/11/a-report-on-damage-done-by-one-individual-under-several-names/] qui présentait Benjanun Sriduangkaew, auteur Thai nominée cette année comme meilleure jeune auteur aux John J. Cammpbell Awards, en concurrence avec les Hugos, comme une brute et un troll, qui utiliserait plusieurs identités en ligne. Sous l'identité de Requires Hate, un "rageblogger" d'extrême-gauche, Sriduangkaew terrorisa le fandom pendant des années, à travers des attaques vicieuses via son blog et différents autres médias pour des crimespensées divers et variés. A l'aide de ses suivants, elle faisait peur aux critiques, sabotait les promotions, et tentait de convaincre les organisateurs de convention à annuler des invitations. Elle poussa au moins une personne à réaliser une tentative de suicide.


Ce reigne de la terreur était possible grâce à la politique. Mixon note que, s'identifiant comme une lesbienne asiatique, Requires Hate était soutenue par des "progressistes...qui appréciaient sa défense sans réserve des personnes de couleurs, des queers/LGBTQI et sa critique des contenus racistes, homophobes ou misogynes de nombreux romans et nouvelles de SF et fantasy, malgré sa rhétorique parfois exagérée." Oublions que sa "critique" incluait d'horribles appels au meutre, à la torture, et à d'autres punitions ("ses mains devraient être coupées afin qu'elle ne puisse jamais décrire d'autres asiatiques" ; "écorchez le doucement, avec du sel, puis de l'acide ; démembrez-le et gardez-le en vie autant que possible").

Les commentateurs du billet de Mixon mentionnent des situations [http://laurajmixon.com/2014/11/a-report-on-damage-done-by-one-individual-under-several-names/#comment-83] où les modérateurs en ligne ont excusé Required Hate car ils craignaient de baillonner une personne "marginalisée". Il donnent également des exemples étonnants de la peur qu'elle inspirait.  L'auteur canadien J.M. Frey, dont le premier roman, autrement bien accueilli, fut mis à terre par Requires Hate, a admis [http://laurajmixon.com/2014/11/a-report-on-damage-done-by-one-individual-under-several-names/#comment-122] qu'elle a failli arrêté d'écrire : "Je pense deux fois à tout ce que je pourrais écrire maintenant... J'essaye de bien représenter les genres et la sexualité dans mes livres, mais personne n'est parfait... Je craignais tout simplement de publier d'autres livres, car j'avais peur."


Mixon nuance sa position pour dire qu'elle soutient la colère justifiée des "opprimés" et que beaucoup des victimes de Requires Hate étaient des femmes, des gays, des transgenres ou des gens de couleur. Quand un commentateur se récria [http://laurajmixon.com/2014/11/a-report-on-damage-done-by-one-individual-under-several-names/#comment-23] en disant que considérer les membres des groupes "dominants" comme des cibles acceptables était exactement le genre d'état d'esprit qui avait rendu possible Requires Hate, Mixon persévéra : "Une défense peut être faite pour le droit des marginalisés à frapper."


Malgré toutes ces nuances, l'exposé de Mixon était trop politiquement incorrect pour certains [http://wrongquestions.blogspot.fi/2015/04/the-2015-hugo-awards-why-i-am-voting-no.html]. L'écrivain et bloggeur Deidre Saoirse Moen, qui a écrit le "Guide de Vote Sans Chiots" [http://deirdre.net/the-puppy-free-hugo-award-voters-guide/] s'opposait [http://deirdre.net/is-there-a-statute-of-limitations-for-being-an-ass-on-the-internet/] également à Mixon, au moins partiellement parce que [http://deirdre.net/is-there-a-statute-of-limitations-for-being-an-ass-on-the-internet/#comment-18949] : "On a l'impression qu'une femme blanche âgée remet une jeune femme de couleur à "sa place" ". Le vote final, qui accorda le prix à Mixon, pourrait être vu comme un rejet de l'extrême gauche culturelle. Cependant, en un certain sens, il montre que la critique de ces extrêmes n'est admise que de l'intérieur (Mixon se trouve être marriée au président actuel, et jusqu'à juillet, de la SFWA : Steven Gould).

Dans cette atmosphère étouffante d'autoritarisme "progressif", les Sad Puppies et leur combat ont un sens.

Ceux qui dédaignent les Chiots et les traitent de bigots, sinon de fascistes, mentionnent le pseudonyme de Vox Day, Theodore Beale de son vrai nom, le chef des "Rabid Puppies", dont la liste pour les Hugos recouvrait largement celle des Sad Puppies. Ecrivain et éditeur indépendant, congédié de la SFWA il y a quelques années, Beale est également un blogger prolifique, défenseur d'une renaissance chrétienne de l'Amérique [http://voxday.blogspot.com.es/2015/04/the-gates-of-hell-shall-not-prevail.html]. Sans exagération, ses positions sont effectivement racistes et misogynes. (Entre autres, il maintient [http://www.johndbrown.com/what-vox-day-believes/] que les noirs sont fondamentalement plus violents et moins civilisés  que les blancs, que le vote des femmes est mauvais parce que les femmes voteraient pour "ceux qu'elles préféreraient b*****", et que limiter l'éducation des femmes est rationnel car "une société qui envoie ses femmes à l'université arrête de faire des enfants").


Savoir à quel point le personnage joué par Vox Day en public l'est pour l'amusement est difficile. En tous les cas, les leaders actuels des Sad Puppies, Correia [http://monsterhunternation.com/2015/04/16/im-not-vox-day/] et Brad Torgersen [https://bradrtorgersen.wordpress.com/2015/04/16/we-are-not-rabid/ ], ont répété à plusieurs reprises qu'ils ne partageaient pas les opinions de Vox Day et ne voient en lui qu'un déplaisant allié de circonstance, le Staline de leur couple Roosevelt/Churchill. (Hoyt, de son côté, a écrit [http://accordingtohoyt.com/2015/08/23/burning-down-the-field-in-order-to-save-it/]'>http://accordingtohoyt.com/2015/08/23/burning-down-the-field-in-order-to-save-it/] qu'elle considérait ses opinions "répugnantes".) Ils ne l'ont pas vraiment désavoué mais Torgersen a laissé entendre [http://www.wired.com/2015/08/won-science-fictions-hugo-awards-matters/] à Wired magazine que même si ils l'avaient ostracisé, leurs opposants auraient trouvé une autre raison pour les diaboliser.

Vu ceux qui donnaient le ton aux critiques anti-Chiots, Torgersen tombe très probablement juste. Nominée aux prix du meilleur écrivain amateur, Sanderson 
http://t.sidekickopen03.com/e1t/c/5/f18dQhb0S7lC8dDMPbW2n0x6l2B9nMJW7t5XX43MqgJWW5wvxtW8q5vpsW8qlRZx56dR4Rf4CtpVb02?t=http%3A%2F%2Fmadgeniusclub.com%2F2014%2F02%2F15%2Fheres-a-clue-by-four%2F&si=4692493667401728π=8aa54e72-fffb-42fe-810c-7e498a0f0eda], qui se considère comme une féministe, pro-égalité, anti-misandrie, est bien plus représentative de la vision des Chiots que Vox Day. Mais elle aussi a été classée [ http://t.sidekickopen03.com/e1t/c/5/f18dQhb0S7lC8dDMPbW2n0x6l2B9nMJW7t5XX43MqgJWW5wvxtW8q5vpsW8qlRZx56dR4Rf4CtpVb02?t=https%3A%2F%2Fsfkittens.wordpress.com%2F2015%2F06%2F17%2Fcedar-go-buy-a-shooter-bimbo-shirt-sanderson%2F&si=4692493667401728π=8aa54e72-fffb-42fe-810c-7e498a0f0eda] comme une "anti-féministe" pour avoir suggéré que les écrivains féministes qui utilisent leurs écrits pour de la propagande desservent les auteurs femmes et parce qu'elle a défendu l'astrophysicien Matt Taylor, après sa chemise couverte de femmes légèrement vêtues.

Les Sad Puppies disent que les gardiens du temple progressiste, et les votants de la WorldCon, ont parfaitement joué le jeu de Vox Day en ne donnant aucun prix pour les catégories occupées par les Chiots. Vox avait donné la consigne de voter "aucun prix" sur toutes les catégories, dans l'espoir explicite qu'un grand nombre de prix non délivrés l'aideraient à "faire tomber" les Prix Hugos.

Aujourd'hui, les Hugos sont toujours debout, et les règles sont en train d'être modifiées pour que les listes de propositions aient moins d'impact (toutefois les changements ne prendront effet que dans deux ans). Dans l'intervalle, les Sad Puppies sont toujours ici, et bien qu'ils ne soient pas enragés, ils sont très certainement en colère. Les résultats des Hugo sont la preuve accablante que leurs pires soupçons de biais et de copinage sont corrects : mêmee Toni Weisskopf, un éditeur apprécié à Baen Books, dont le mérite était très largement reconnu, même par de nombreux critiques des Chiots, n'a pas eu de Prix du meilleur éditeur, car il était sur la liste des Chiots.

La prochaine campagne des Sad Puppies [http://accordingtohoyt.com/2015/08/23/burning-down-the-field-in-order-to-save-it/ ] afin d'amener plus de rebelles en 2016 sera menée par Hoyt, Green et l'auteur de fantasy australienne Kate Paulk. Hoyt affirme sur son blog : "Nous sommes ici, nous ne renonçons pas et sommes préparés à nous battre comme des femmes. Puisse D-eu avoir pitié de nos âmes."

Peut-être se feront elles appeler les "Chiennes folles". Mais au moins, personne ne pourra dire que c'est un club de mecs.

 

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There's Nothing Mysterious About the Market

The mystery is why we keep letting government get in the way.

John Stossel | September 2, 2015

Attention ! Cet article, comme de plus en plus d'articles de Reason, a une mention de copyright à la fin. Il faudrait demander à Reason si on peut toujours les reprendre, ou si ça change quelque chose par rapport à ce qui se passait avant.

Un rédac' chef ou un secrétaire de rédaction peut-il s'en occuper ?

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Pourquoi tant de réfugiés meurent noyés ?

Le bateau est dangereux alors que l’avion est sûr.

 

Si vous suivez les informations, vous avez probablement entendu récemment un certain nombre d’histoires à propos de réfugiés qui se noient en tentant de traverser la mer Méditerranée sur des bateaux surchargés. Il y a 10 jours, plus de 900 personnes sont décédés après que le bateau ait chaviré le long de la côte libyenne. Hier, un autre bateau a coulé dans la mer Egée, faisant au moins une victime.

 

Le New York Times rapporte que 1 200 personnes sont mortes noyés en une semaine le mois dernier, alors que cette année est déjà en passe d’être la pire de l’histoire en termes de nombre de victimes parmi les migrants.

 

Le nombre de morts cette année en mer Méditerranée a déjà possiblement dépassé 1 500 – une augmentation drastique par rapport à la même période l’année dernière.

Avec l’arrivée d’une météo plus clémente, le nombre de migrants tentant la traversée sur des bateaux de trafiquants a considérablement augmenté, plus de 11 000 personnes ayant été secourues durant les 17 premiers jours d’avril.

 

Durant toute l’année dernière, 3 200  migrants sont morts durant la traversée, et presque 130 000 ont été secourus par la marine italienne. Le Times estimes que la crise des migrants est proche des niveaux records, puisque un grand nombre de peuples fuit actuellement des zones sans ressources et ravagées par la guerre  comme l’Afghanistan, la Syrie, l’Irak, mais aussi des pays africains comme la Gambie, la Somalie, le Mali et l’Erythrée.

 

La plupart de ces réfugiés internationaux se déplacent vers l’Europe en passant par la Libye, le désordre actuel de cette dernière permettant à des trafiquants d’opérer sans craindre des interventions de l’état libyen. Le Times a synthétisé sur la carte suivante les flux de demandeurs d’asiles africains et moyen-orientaux en direction de la Libye :

 

[CARTE A INSÉRER]

 

 

Au milieu de tout cela, le Professeur Hans Rosling (vous avez peut-être vu ses vidéos sur l’espérance de vie humaine et la machine à laver magique – si ce n’est pas le cas, vous devriez) pose une question curieuse : Pourquoi ne prennent-ils pas l’avion ?

C’est une question intéressante. Plutôt qu’entreprendre un voyage risqué qui consiste à traverser des pays en situation d’échec ou en guerre civile pour embarquer sur de minuscules bateaux dangereusement surchargés, pourquoi les réfugiés et migrants ne prennent-ils pas un vol à la fois sur, court et pratique vers l’Europe et demandent ensuite l’asile une fois là-bas ?

 

Ce n’est pas parce c’est trop cher. Rosling indique qu’un siège sur un de ces bateaux coute 1 000 €, voire plus, alors qu’un vol depuis l’Ethiopie vers la Suède coute seulement 400 € ; un vol depuis le Liban vers le Royaume-Uni coute également 400 € ; et seulement 320 € de l’Egypte vers l’Italie.

 

Ce n’est pas non plus parce leurs gouvernements les en empêchent. Globalement, ces états n’ont pas d’intérêt à stopper cette émigration et n’en ont de toute façon pas la capacité (l’Erythrée étant probablement l’exception, puisque beaucoup de gens la quittent pour éviter le service militaire).

 

Ce n’est même pas parce que l’Europe ne les acceptera pas. Beaucoup de nations européennes, comme l’Allemagne ou la Suède, sont très accommodantes pour les demandeurs d’asile.

C’est en fait une question d’incitation. Rosling détaille :

 

Qu’est ce qui empêche les réfugiés de prendre un avion pour l’Europe et d’y demander l’asile ? Ils peuvent accéder à l’aéroport et ils ont les moyens de s’acheter un ticket. Par contre, ils sont arrêtés par les compagnies aériennes au comptoir d’enregistrement qui les empêchent de monter dans l’avion.

 

Rosling signale la Directive Européenne 2001/51/EC, qui précise – en essence -  que, pour combattre l’immigration illégale, « une compagnie aérienne ou maritime qui transporte une personne sans document d’entrée valide doit supporter tous les couts liés au retour de cette personne dans son pays d’origine. »

 

La directive dispense explicitement les migrants qui possèdent des droits en tant que réfugiés selon les termes des Conventions de Genève. Cependant, qui détermine qui est un réfugié « légitime » et qui est juste un « immigrant illégal » ? 

Dans les faits, l’Union Européenne délègue cette responsabilité aux employés des comptoirs d’enregistrement des compagnies aériennes, et s’ils se trompent – par rapport au jugement du pays de destination – la compagnie aérienne doit supporter tous les coûts de retour.

 

Toutes ces incitations vont dans le sens d’un refus pour quiconque ne possède pas de visa du pays de destination, même si – selon les réglementations de l’Union Européenne et les Conventions de Genève – les réfugiés peuvent avoir le droit de prendre l’avion puis faire une demande d’asile ensuite.

 

Selon Rosling, « cette directive est la raison pour laquelle tant de réfugiés se noient dans la mer Méditerranée ».

 

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