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Je suis en vacances. Je devrais avoir un peu de temps. Pas mal de propositions dans les derniers messages, difficile de se décider. Vous auriez une préférence ?

Il y a toujours le GDoc, hein. ;-)
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Je me suis permise deux petites notes de traduction parce que je ne suis pas sûre que tout le monde situe ce qu'est l'AELE et sur la common low pour les débutants.

 

 

 

Pour le libre échange, sortons de l'UE

 

 

By Daniel Hannan Politics Last updated: December 11th, 2013

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La croissance est partout, sauf en Europe.

 

 

Trois faits pour vous aider à comprendre que nous nous porterions mieux en dehors de l'Union européenne. En premier lieu, les négociations commerciales entre l'Inde et l'UE ont calé et personne n'espère un accord dans un avenir proche. En second lieu, les négociations entre l'Inde et l'AELE(1) se poursuivent merveilleusement bien et un accord de libre-échange devrait voir le jour au début de l'année prochaine. En troisième lieu, l'économie indienne a connu une croissance de 5,4% en 2012, alors même que celle de l'UE s'était contractée de 0,3%.

 

Posez-vous donc la question. Quelle direction conviendrait le mieux à la Grande-Bretagne ? Devrions-nous rester coincés derrière la barrière douanière de l'UE qui nous oblige à assumer une position protectionniste parce que l'industrie textile du sud de l'Europe craint la compétition avec l'Inde ? Ou devrions-nous, à l'instar des pays de l'AELE, commercer autant que possible avec ce géant en pleine croissance ?

 

Peu d'états sont aussi bien positionnés que la Grande-Bretagne pour bénéficier d'un commerce sans entrave avec l'Inde. La langue anglaise est la langue des affaires dans les deux pays mais ce n'est pas tout. Ce sont surtout nos systèmes de droit commun(2) qui permettent des similitudes dans les pratiques comptables, les mécanismes de médiation et, de fait, dans les codes non écrits qui régissent tous les corps corps de métier. Environ 1,5 million de britanniques sont d'ascendance indienne et l'Inde est le quatrième investisseur étranger dans les entreprises britanniques : Jaguar, Land Rover et Tetley comptent parmi les marques les plus connues ayant attiré les acheteurs indiens.

 

Cependant, je suis navré de devoir le dire une nouvelle fois, mais on ne peut le répéter trop souvent, nous ne pouvons conclure d'accord de libre-échange avec l'Inde. Ou avec qui que ce soit d'autre. Nous avons renoncé à ce pouvoir au profit de Bruxelles le 1erjanvier 1973, jour où nous avons rejoint ce qui est maintenant l'Union européenne. Nous avons acheté le libre échange avec l'Europe au détriment du libre échange avec le reste du monde. Dans la mesure où le monde entier est actuellement en croissance, sauf l'Europe, j'ai envie de dire que c'est une position désastreuse pour nous.

 

 

Je comprendrais bien l'attrait de cette union douanière si la majorité de nos échanges intervenait avec les autres membres. Si nous étions, disons, belges, je soutiendrais très certainement l'accord actuel. Cependant, la Grande-Bretagne, cas unique parmi les 28 membres de l'UE, exporte davantage en-dehors du marché commun qu'en son sein. Nous serions sans nul doute de nature à bénéficier d'un accord du type de celui de la Suisse, qui est essentiellement un accord d'échange, laissant la possibilité d'aller voir ailleurs si l'UE devient inutilement protectionniste. Généralement, dans les faits, lorsque l'UE conclut un accord commercial avec un pays tiers, les pays de l'AELE en signent un en parallèle. En revanche, lorsque ce n'est pas le cas, comme par exemple avec la Chine, la Suisse et les autres membres de l'AELE vont de l'avant de leur côté,

 

Rien n'est jamais parfait mais les Suisses ne doutent certainement pas que leur arrangement leur convienne mieux que celui des membres de plein droit : l'opposition à l'adhésion reste ferme autour de 80 % et ceci, bien que les exportations suisses soient dirigées vers l'UE à 62 % alors que ce chiffre n'est que de 46 % en Grande Bretagne et en baisse constante. Ouvrez les yeux mes amis. Le monde est beau et vaste par-delà des océans.

 

 

NDT

(1) L'association européenne de libre échange est née le 4 janvier 1960 avec le but de renforcer les relations commerciales entre l'Espace économique européen et les autres états européens non membres mais aussi de créer de nouvelles zones de libre-échange. Alors que la construction européenne s'est basée sur une union douanière et la mise en place d'institutions supra-nationales, l'AELE s'est toujours limitée à la mise en place d'une zone de libre-échange. Initialement composée de sept membres, Royaume-Uni, Danemark, Norvège, Suisse, Portugal, Autriche et Suède, elle a aussi compté avec l'Islande, la Finlande et le Liechtenstein. Elle est aujourd'hui limitée à l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse,

 

(2) Droit commun = common law. Il s'agit du système juridique d'origine anglaise essentiellement bâti sur la jurisprudence, par opposition au système d'origine romaine bâti sur la codification.

 

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Article du GDoc, L'école est finie. Ca pourrait être intéressant de réactualiser certains chiffres avec des NdT comme l'article se fait un peu vieux (mais pour l'instant, y a bouffe de Noël et j'ai dix pages dans les doigts).
 

Voici une énigme de la Nouvelle Economie : à chaque fois que l’on soumet les étudiants du monde à un de ces tests qui mesurent quel est le pays où les enfants en savent le plus, les jeunes américains sont invariablement classés tout en bas. Quel que soit le sujet, lorsque les classements internationaux sont publiés, les pays européen et asiatiques finissent premiers tandis que les Etats-Unis ferment la marche. Nous le savons tous, ceci n’est pas bon. Cependant, d’après presque tous les indicateurs, l’économie américaine surpasse ces mêmes nations d’Asie et d’Europe. Nous créons plus de richesses, fournissons plus de biens et de services, en qualité et en quantité, et poussons objectivement l’innovation à fond. Nous le savons tous, ceci est vraiment bon.
Maintenant, l’énigme : si nous sommes si bêtes, pourquoi sommes-nous si riches ? Comment pouvons-nous avoir d’aussi mauvais résultats au niveau des indicateurs internationaux en matière d’enseignement, et pourtant réussir aussi bien dans une économie qui dépend de l’intellect ? La réponse est complexe, mais contient des indices sur l’avenir de l’enseignement, et comment «l’économie indépendante » pourra faire bouger l’école aussi radicalement qu’il a renversé l’organisation du travail.
Nous vivons au début de ce que j’appelle « la nation des indépendants ». Pendant la dernière décennie, dans presque chaque industrie, et chaque région, le travail a subi peut-être l’une de ses transformations les plus significatives depuis que les américains ont quitté la ferme pour l’usine il y a un siècle. Des légions d’américains, et de plus en plus des citoyens d’autres pays, abandonnent l’un des legs les plus durables de la Révolution Industrielle : le salariat, et créent de nouvelles méthodes de travail. Ils deviennent des travailleurs du savoir auto-employés, propriétaires d’entreprises à la maison, à temps plein ou partiel, freelance ou e-lance, professionnels et entrepreneurs indépendants, micropreneurs et infopreneurs, consultants à temps partiels, cadres en intérim, dépanneurs à-la-demande, et solistes à plein temps.
Aux Etats-Unis aujourd’hui, plus de 30 millions de travailleurs, presque un quart de la population active américaine, sont indépendants. Et beaucoup d’autres, qui sont encore officiellement « salariés », sont beaucoup plus proches dans l’esprit du travail indépendant que de l’emploi traditionnel. Ils télétravaillent. Ils cabotent d’entreprise en entreprise. Ils fondent des entreprises qui sont légalement leur employeur, mais dont les perspectives dépendent largement de leurs propres efforts.
Pendant les booms, beaucoup d’indépendants, qui en ont assez des mauvais managers, des bureaux qui fonctionnent mal, et qui recherchent la liberté, mettent le pied dans ce nouveau monde. Pendant les crises, d’autres, touchés par les licenciements, les fusions, et le ralentissement économique, y sont poussés. Mais ces nouveaux travailleurs indépendants transforment l’avenir social et économique du pays. Bientôt ils transformeront tout autant le système d’instruction national.
L’entonnoir de l’homogénéité
Dès que je rentre dans une école publique, je suis quasiment submergé par une vague de nostalgie. La plupart des écoles que j’ai visitées au XXIème siècle sont exactement comme les écoles publiques où j’étais dans les années 70. Les classes sont de la même taille. Les bureaux forment les mêmes rangs. Les tableaux d’affichages prévoient les prochaines vacances nationales. Même les couloirs sentent pareil. Bien sûr, quelques classes peuvent avoir un ordinateur ou deux. Mais au global, les écoles dans lesquelles les jeunes américains vont aujourd’hui semblent ne pas pouvoir être distinguées de celles de leurs parents ou de leurs grands-parents.
Au début, tant de déjà vu me réchauffa l’esprit. Puis j’y repensais. Combien d’autres endroits sont exactement les mêmes qu’il y a 20, 30 ou 40 ans ? Pas les banques. Pas les hôpitaux. Pas les épiceries. Peut-être que la douce nostalgie que je respirais dans ces classes était réellement l’odeur de la stagnation. Dans la mesure où de nombreuses autres institutions de la société américaine ont spectaculairement changées pendant le dernier demi-siècle, l’immobilisme de l’école est étrange. Et il est doublement particulier car l’école elle-même est une invention moderne, et pas un legs de l’antiquité.
A travers l’histoire, les gens apprenaient la plupart du temps de tuteurs ou de proches. Dans l’Amérique du XIXème siècle, dit David Tyack, historien de l’éducation, « l’école était une institution secondaire, et basée sur le volontariat ». Ce n’est pas avant le XXème siècle que les écoles publiques telles que nous les connaissons, c’est-à-dire des endroits où des étudiants séparés par âge apprennent de professionnels certifiés par le gouvernement, se sont répandues. Et pas avant les années 20 qu’elles sont devenues obligatoires. Revenez un moment sur cette dernière phrase. Comparé à beaucoup d’endroits au monde, l’Amérique est un héritage remarquable. Nous ne forçons pas les gens à voter, ou à travailler, ou à faire leur service militaire. Mais nous obligeons les parents à abandonner leurs enfants à cette institution pour une douzaine d’années, et menaçons d’emprisonner ceux qui résistent.
L’école obligatoire pour tous est une aberration à la fois dans l’histoire et dans la société moderne. Elle restait la préparation idéale pour l’économie « l’Homme de l’organisation », un monde hautement structuré, dominé par de grandes entreprises bureaucratiques qui systématisaient le travail. L’école obligatoire a formé des générations de futurs ouvriers et cadres moyens aux compétences et savoirs basiques dont ils auraient besoin pour leur travail. Les leçons, au sens large, qu’elle enseignait étaient tout aussi cruciales. Les enfants apprenaient à obéir à des règles, à suivre des ordres et à respecter l’autorité, avec les punitions qui suivaient les refus.
C’était le genre d’entrainement que la vieille économie exigeait. Les écoles avaient des cloches, les usines des sifflets. Les écoles avaient des bulletins, les bureaux des grilles. Plaire à votre professeur vous préparait à plaire à votre patron. Et à chaque endroit, si vous atteignez un niveau minimum de performance, vous étiez promu. Le taylorisme - la philosophie du management nommée d’après l’expert de l’efficience Frederick Winslow Taylor,  affirme qu’il y a une « meilleure façon » de faire les choses qui peut et doit être appliquée dans tous les cas – n’a pas passé tout son temps dans le monde du travail. Il est aussi allé à l’école. A l’école, comme au travail, la théorie principale était celle de la « meilleure façon ». Les enfants apprenaient la même chose en même temps de la même manière au même endroit. Marschall McLuhan a décrit une fois les écoles comme « l’entonnoir de l’homogénéité dans lequel nous mettons nos bambins pour traitement ».  Et les écoles font presque un dogme du traitement à la manière d’une usine, à travers des tests standardisés, des cursus standardisés, et des groupes standardisés d’enfants. (Question : quand est-ce que vous avez passé pour la dernière fois une journée entière dans une salle remplie exclusivement de personnes qui ont presque exactement votre âge ?)
Quand nous entrons dans une école standard aujourd’hui, nous entrons dans le passé ; un endroit dont l’architecte est Frederick Winslow Taylor et dont le locataire est l’homme de l’organisation. L’institution américaine qui s’est le moins adaptée à l’économie des indépendants est celle que les américains affirment préférer. Mais il est dur d’imaginer que cette situation peut durer beaucoup plus longtemps : un moule unique formant les travailleurs pour l’économie des formes multiples. Peut-être la réponse à l’énigme que je posais au début est que nous réussissons  malgré notre système éducatif. Mais combien de temps cela peut-il durer ? Et imaginez combien nous serions prospères si nous commencions à instruire nos enfants plus comme nous gagnons nos vies. Il y a presque 20 ans, un rapport gouvernemental historique déclarait que l’instruction américaine était « érodée par un flot montant de médiocrité ». Ce n’est peut-être plus vrai. A la place, les écoles américaines sont inondées par un flot montant d’absence de sens.
Comprenez-moi bien ; d’innombrables manières, l’instruction publique de masse a été un émouvant succès. Comme le taylorisme, elle a réussi des choses remarquables : apprendre aux immigrants à la fois l’anglais et l’American Way, apprendre à lire, préparer de nombreux américains à réussir au-delà de l’imagination de leurs parents. Au sens large, les écoles américaines ont été une réussite démocratique impressionnante.
Mais cela ne veut pas dire qu’elles doivent être les mêmes que ce qu’elles étaient quand nous étions enfants. Les parents et les hommes politiques ont ressenti le besoin de réforme, et ont placé l’instruction en haut des problèmes nationaux. Malheureusement, peu des solutions conventionnelles (les tests standardisés, le développement personnel, la certification des professeurs) ne feront beaucoup pour soigner ce qui inquiète les écoles américaines, et pourrait même empirer les choses. L’économie des indépendants imposera cependant les changements nécessaires. Attendez d’elle l’accélération et l’approfondissement de trois mouvements amorcés en matière d’instruction : l’école à la maison, les alternatives au lycée traditionnel, et les nouvelles approches de l’apprentissage chez les adultes. Ces changements seront tout aussi radicaux que l’école  publique de masse le fut il y a un siècle.
La révolution de l’école à la maison
« Aller à l’école, c’est commencer sa vie avec une sentence de prison de 12 ans pendant lesquelles les seules choses réellement apprises sont les mauvaises habitudes ». Ce sont les mots de John Taylo Gatto, qui a été récompensé du titre de Professeur de l’Année de l’état de New York en 1991. Aujourd’hui, il est l’une des voix les plus fortes d’un des mouvements les plus puissants dans l’éducation américaine : l’école à la maison. Les enfants sortent des écoles traditionnelles pour prendre le contrôle de leur propre instruction et apprendre avec l’aide des parents, tuteurs et de leurs pairs. L’école à la maison est l’économie des indépendants pour ceux en dessous de 18 ans. Et il est sur le point de percer la surface de la scène nationale.
Aussi récemment qu’en 1980, l’école à la maison était illégale dans la plupart des états. Au début des années 80, pas plus de 15000 étudiants apprenaient de cette manière. Mais les conservateurs chrétiens, insatisfaits par des écoles qu’ils considéraient comme des zones sans Dieu, et souhaitant apprendre eux-mêmes à leurs enfants, défendirent le changement. Les lois furent votées, et l’école à la maison apparut. En 1990, il y avait déjà 300 000 américains instruits à domicile. En 1993, l’école à la maison était légale dans les 50 états. Depuis, il est rentré dans la norme, maintenu par des parents laïques insatisfaits par des écoles de mauvaise qualité, voire dangereuses. Dans la première moitié des années 1990, la population instruite à la maison a plus que doublé. Aujourd’hui, quelque 1,7 millions d’enfants apprend à la maison, leurs rangs grandissant de quinze pourcents par an. En comptant le turnover, un américain sur dix de moins de 18 ans a réalisé une partie de son instruction à la maison.
L’école à la maison est peut-être devenue le plus grand et le plus réussi des mouvements de réforme de l’éducation sur les vingt dernières années :
-          Tandis qu’à peine 3% des américains en âge d’aller à l’école apprennent désormais à domicile, c’est un large et surprenant accroc au monopole de l’école publique, tout spécialement comparé aux écoles privées. Pour quatre enfants en école privée, il y a un jeune qui apprend à la maison. La population de l’instruction à domicile est à peu près égale à l’ensemble des enfants en âge d’aller à l’école en Pennsylvanie.
-          D’après le Wall Street Journal, « la preuve est faite que l’instruction à domicile, autrefois limitée à des minorités politiques et religieuses, a des résultats non seulement au niveau des écoles publiques, mais les surpassant sur certains points. » Les enfants instruits à la maison réussissent constamment mieux que les étudiants traditionnels aux tests standardisés, se plaçant en moyenne dans le 80ème percentile sur tous les sujets.
-          Les enfants instruits à domiciles réussissent également extrêmement bien sur presque toutes les mesures de socialisation. Une des grandes idées reçues sur l’instruction à domicile est qu’elle transforme les enfants en solitaires isolés. En fait, ces enfants passent plus de temps avec les adultes, plus de temps dans leur communauté, et plus de temps avec des enfants de différents âges que ceux à l’école. Un chercheur affirme : « l’enfant scolarisé traditionnel tend à être beaucoup plus agressif, bruyant, et a un esprit beaucoup plus compétitif que celui instruit à la maison ».
L’école à la maison, cependant, peut induire en erreur. Les parents ne recréent pas la classe de cours dans le salon, tout comme les indépendants ne recréent pas leur bureau dans leur cave. L’école à la maison rend à la place plus facile pour les enfants la poursuite de leurs propres intérêts de leur propre manière, une approche multiple de l’apprentissage. Certains parents, en particulier ceux qui sont sortis des écoles traditionnelles pour des raisons autres que la religion, préfèrent le terme « déscolarisation ».
Les similarités avec l’économie des indépendants, qui sont « désalariés », sont nombreuses. Ceux qui apprennent à la maison le font de manière indépendante. Les indépendants conservent des réseaux robustes et des liens très étroits à travers des groupes informels et des associations professionnelles. Ceux qui apprennent à la maison ont de puissants groupes de soutien, comme les 3000 familles de Family Unschooler Network (NdT : Réseau des Familles de Déscolarisés), pour partager des stratégies d’enseignement, des matériaux, et pour proposer des conseils et un support. Les indépendants défient la séparation du travail et de la famille ; les enfants qui apprennent à la maison ont la même approche des frontières entre école et famille.
Peut-être plus important, l’école à la maison entre presque parfaitement en résonnance avec les quatre valeurs qui animent l’économie des indépendants : la liberté, l’authenticité, s’exposer aux risques, et définir le succès à sa manière. Prenons la liberté. Dans une école lambda, les enfants n’ont souvent pas l’autorisation de bouger à moins qu’une cloche ne sonne ou qu’un adulte ne leur donne la permission. Et à part dans le cadre d’une offre limitée au lycée, ils ne peuvent généralement pas choisir quoi étudier, ni quand. Ceux qui apprennent à la maison on beaucoup plus de libertés. Ils apprennent plus comme,…, des enfants. Nous n’apprenons pas aux petits comment parler ou marcher ou à comprendre le monde. Nous les mettons simplement dans une situation d’observation et les laissons apprendre par eux même. Bien sûr, nous donnons certaines restrictions (« Ne marche pas au milieu de la route. ») Mais nous ne devenons pas absurdes. (« Entraîne toi à parler pendant 45 minutes jusqu’à ce qu’une cloche sonne. ») C’est pareil pour les enfants scolarisés à la maison. Les enfants peuvent devenir les éléments actifs de leur propre instruction plutôt que le simple réceptacle des nobles intentions des autres.
Imaginez un enfant de 5 ans dont la passion est de construire avec des Legos. Chaque jour, elle passe jusqu’à une heure, peut-être plus, absorbée dans des projets complexes de construction, à créer des fermes, des zoos, des avions, des vaisseaux spatiaux. Souvent ses amis viennent et ils travaillent ensemble. Personne ne lui donne ces travaux. Personne ne lui dit quand et comment le faire. Et personne ne donnera à son travail une note. Apprend-elle ? Bien sûr. C’est comme ça que beaucoup d’enfants scolarisés à la maison explorent leurs intérêts.
Maintenant, supposons qu’un adulte bien intentionné entre pour apprendre à l’enfant une chose ou deux à propose de la construction en Legos. Disons qu’ils lui donnent une plage horaire quotidienne de 45 minutes de Legos, avec une note à la fin de chaque session, peut-être même une récompense pour une construction A+. Et pourquoi pas amener quelques enfants en plus pour leur apprendre les mêmes choses sur les Legos ? Pourquoi ne pas les regarder construire pendant 45 minutes en même temps, puis leur donner chacun une note, avec un prix pour le meilleur ? Mon opinion : bientôt nos amateurs de Legos de 5 ans d’âge perdront leur passion. Leurs constructions deviendront vraisemblablement moins créatives, leur courbe d’apprentissage s’arrêtera. C’est comme cela que beaucoup d’écoles fonctionnent, ou plutôt, ne fonctionnent pas.
Les adultes bien-pensants ont foulé aux pieds la liberté de l’enfant de jouer, apprendre et découvrir par elle-même. Elle n’a plus le contrôle. Elle ne s’amuse plus. Des études sans nombre, particulièrement celles du psychologue de l’Université de Rochester Edward L. Deci, ont montré que les enfants et les adultes, à l’école, au travail ou à la maison, perdent leur motivation intrinsèque et leur joie dérivées de l’apprentissage et du travail quand quelqu’un accapare leur impression d’autonomie et impose à la place un système externe de récompense et punition. La liberté n’est pas un contournement de l’apprentissage. C’est le meilleur moyen vers celui-ci.
Restons avec nos Legos encore un moment et réfléchissons à propos de l’authenticité ; le désir fondamental qu’ont les gens d’être ce qu’ils sont plutôt que de se conformer aux standards d’un autre. Notre jeune constructeur a perdu l’impression d’agir selon sa personnalité propre. A la place, elle a reçu le message. Tu construits des Legos pour la même raison que ton père salarié travaille : parce qu’une figure d’autorité te l’a dit.
Ou prenons la responsabilité. L’enfant n’est plus pleinement responsable de ses propres créations en Legos. Quoiqu’elle ait produit, c’est un ordre. Ses créations ne sont plus vraiment les siennes. Et à propos de ces notes Legos ? Ce A+ peut motiver votre fille à continuer à construire, mais plus selon ses envies. Peut-être aimait-elle plus la construction B- que le A+. Oh, assez. Maintenant elle enterrera probablement ce sentiment et travaillera pour atteindre les standards d’un autre. Tentera-t-elle la chance : essayer de construire ce vaisseau dont elle rêvait ? Probablement non. Pourquoi prendre ce risque quand il y a des chances que cela n’ait pas une bonne note ? Le succès subjectivement défini n’a pas de place dans ce système. Mais pour beaucoup d’enfants scolarisés à la maison, le succès est quelque chose qu’ils peuvent définir eux-mêmes. (C’est vrai même si, comme je l’ai mentionné, ces enfants ont de bons résultats dans les mesures conventionnelles de la réussite, les tests standardisés sur des sujets académiques).
Pour sûr, certaines choses que doivent apprendre la plupart des enfants ne sont pas intrinsèquement amusantes. Il y a des moments dans la vie où nous devons manger nos choux de Bruxelles. Pour ces sujets, l’approche par punition et récompense peut être à l’ordre du jour. Mais trop souvent, la simple frisson d’apprendre quelque chose de nouveau, ou de maîtriser une équation difficile est étouffé lorsque les écoles ôtent le contrôle à l’étudiant. Dans l’école à la maison, les enfants ont une plus grande liberté pour poursuivre leurs passions, moins de pression à se conformer aux souhaits des professeurs et de leurs pairs, et ils peuvent aller au front, prendre des risques et définir le succès selon eux-mêmes. Quand plus de parents réaliseront que la morale sous-jacente de l’école à la maison ressemble de manière proche aux valeurs qui animent les indépendants, l’école à la maison continuera à gagner en popularité.
L’enseignement des indépendants
Beaucoup d’autres forces se réuniront pour porter l’école à la maison à une place plus importante. L’un est tout simplement la place du mouvement. Comme de plus en plus de familles choisissent cette option, elles en font un choix socialement plus acceptable, encourageant ainsi d’autres familles à prendre ce chemin non-conventionnel. La population de l’école à la maison a déjà commencé à ressembler au reste de l’Amérique. Tandis que près de 90% des enfants qui apprennent à la maison sont blancs, la population devient de plus en plus diverse, et grandit sûrement le plus rapidement parmi les Noirs américains. Le revenu médian pour une famille qui pratique l’école à la maison est à peu près égal au revenu médian pour le reste du pays ; à peu près 87% ont un revenu annuel inférieur à 75000$.
Les récents changements de politique, dans les lois des états et les bureaux de directeurs, prépareront le chemin. Non seulement l’école à la maison est-elle légale dans tous les états, mais beaucoup d’écoles publiques ont commencé à laisser les enfants scolarisés à la maison prendre certains cours et jouer dans les équipes de l’école. Près des deux tiers des universités américaines acceptent maintenant les bulletins préparés par les parents, ou les portfolios réalisés par les étudiants, en lieu et place d’un diplôme certifié.
Une autre force est le travail indépendant lui-même. Grâce à des emplois du temps flexibles et un contrôle personnel, il est plus facile pour les indépendants que pour les employés traditionnels de scolariser leurs enfants à la maison. Les indépendants deviendront également les professionnels de ce nouvel univers de l’apprentissage. Un charpentier pourrait s’autoemployer pour apprendre son métier à des enfants scolarisés à la maison. Un écrivain pourrait devenir un tuteur ou un éditeur pour plusieurs étudiants qui souhaiteraient produire leur propre journal littéraire. De plus, l’immense quantité de professeurs embauchés pour instruire les baby-boomers atteindront bientôt l’âge de la retraite. Cependant, peut-être qu’au lieu de la prendre complétement,  beaucoup se feront employer comme tuteurs itinérants pour des enfants instruits à domicile, et commenceront des carrières à temps partiel comme instructeurs indépendants. Pour beaucoup de parents, bien sûr, la responsabilité et le temps nécessaire à l’école à la maison seront énormes. Mais la large disponibilité des professeurs et tuteurs pourrait aider certains parents à surpasser l’inquiétude de ne pas être capables de réaliser cette tâche géniale.
L’internet rend l’école à la maison plus facile également. Les enfants instruits à la maison ont en effet découvert l’internet avant beaucoup d’américains. Par exemple, ma première connexion internet était un compte Compuserve sous DOS que j’ai acquis en 1993. Avant la pénétration large de l’internet et l’arrivée du World Wide Web, les groupes de discussion les plus actifs sur Compuserve étaient ceux consacrés à l’école à la maison. En utilisant l’internet, ceux qui étudient chez eux peuvent faire des recherches et trouver des tuteurs partout dans le monde. Il y a même désormais des entreprises onlines (par exemple Christa McAuliffe Academy (www.cmacademy.org) dans l’état de Washington et ChildU.com en Floride) qui vendent des cours en ligne et fournissent des professeurs pour les étudiants. L’infrastructure physique pourrait accélérer cette tendance. Presque les trois quarts des écoles publiques américaines ont été construites avant 1969. Les administrations des écoles pourraient encourager plus facilement l’école à la maison si cela veut dire moins de pression sur leurs classes bondées et leurs immeubles vieillissants.
Je ne veux pas exagérer. L’école à la maison, comme le travail indépendant, ne sera pas pour tout le monde. De nombreux parents n’auront pas le temps ou l’envie pour cette approche. Et l’école à la maison ne sera pas pour tout le temps. Beaucoup d’étudiants passeront quelques années dans une école conventionnelle, et quelques années à la maison ; tout comme certains travailleurs passeront de l’indépendance au salariat. Mais l’école à la maison est peut-être l’expression la plus forte de l’indépendance en dehors du monde du travail, rendant inévitable son augmentation.
La fin du lycée
Une autre conséquence de mouvement vers l’école à la maison sera quelque chose que beaucoup d’entre nous souhaitaient en temps qu’adolescents : la fin du lycée. Ce n’est pas avant les années 1920 que le lycée a remplacé le travail comme l’activité la plus répandue des adolescents américains. « Le lycée américain est obsolète, » dit Leon Botstein, président du Bard College, l’un de premiers à appeler à sa fin. Il affirme que les adolescents d’aujourd’hui feraient mieux de suivre des cours d’université, aller directement sur le marché du travail, s’engager dans les services publics ou commencer un apprentissage. Même l’Association Nationale des Principaux d’Ecoles Secondaires, qui a attaqué l’école à la maison, concède le fait que « les lycées continuent leurs activité avec une étonnante ressemblance avec les pratiques déficientes du passé ».
A l’avenir, attendez de voir les adolescents et leur famille forcer la fin du lycée tel que nous le connaissons. Voici certains de ces changements, qui remplaceront et amélioreront les lycées traditionnels, à la manière des indépendants ; afin de déscolariser les adolescents américains :
-          Une renaissance de l’apprentissage : pendant des siècles, les jeunes gens apprenaient des compétences et un métier sous la surveillance d’un maître expérimenté. Cette méthode réapparaîtra et s’élargira pour inclure des compétences telles que la programmation ou le design graphique. Imaginez un jeune de 14 ans qui prendrai deux ou trois cours chaque semaine, et passerait le reste de son temps à apprendre comme créatif publicitaire. Les lycées traditionnels ont tendance à séparer l’apprendre et le faire. L’indépendance les rendra indistinguables.
-          Une augmentation de l’entreprenariat des jeunes : les jeunes peuvent devenir des travailleurs indépendants avant même d’avoir leur permis de conduire, et les entrepreneurs adolescents deviendront plus communs. La plupart des jeunes ont en effet les deux caractéristiques d’un entrepreneur à succès : un nouveau regard sur le monde et une passion pour ce qu’ils font. Dans le Comté de San Diego, 8% des étudiants au lycée ont déjà leur propre business en ligne. Cela deviendra de plus en plus la norme, et peut-être même un rite de passage.
-          Une plus grande diversité des cours académiques : seulement 16 états proposent l’économie de base au lycée. C’est à peine une base pour l’économie des indépendants. Attendez-vous à une augmentation de cours d’économie « domestique » qui apprendront à compter, la comptabilité et les bases des affaires.
-          Une augmentation des services civiques : certains jeunes chercheront un autre sens que la plupart et voudront passer quelques années à servir dans l’armée, ou à participer à un programme de service civique. Aujourd’hui, de nombreux jeunes ne prennent pas ces choix en compte car il faut aller directement à l’université. Sortir les gens du lycée plus tôt pourrait les faire servir plus tôt.
-          Un contrecoup contre les standards : un diplôme du lycée fut autrefois le sésame de l’éducation américaine. Plus maintenant. Pourtant les hommes politiques semblent déterminés à rendre à nouveau son sens au diplôme en créent tout un tas de tâches que les enfants doivent affronter avant de l’atteindre : des sujets standards que chacun doit étudier, des tests standards que chacun doit passer. Dans certaines écoles, les étudiants protestent déjà contre ces tests. Ce pourrait être la nouvelle devise de la jeunesse américaine (« Hey, hey, ho, ho, les tests standards au pilon. »)
La plupart des hommes politiques pensent que la réponse aux problèmes de l’école est un contrôle plus important. Mais la vraie réponse est un contrôle moindre. Dans l’avenir de l’économie indépendante, nos jeunes apprendront avec moins d’école et plus de pratique.
La déscolarisation des adultes
Pendant la plus grande partie du XXème siècle, les Etats-Unis dépendaient de ce que j’appelle le modèle d’instruction dinde de Thanksgiving. Nous placions les enfants dans le four de l’instruction formelle pendant 12 ans, et puis les servions aux employeurs. (Une minorité sélectionnée avait le droit à un badigeon de quatre ans dans un endroit appelé université). Mais ce modèle ne fonctionne plus dans un monde où les cycles sont accélérés, diminuant la demi-vie des entreprises, avec une obsolescence rapide des savoirs et compétences. Dans une économie d’indépendants, les système éducatif devrait permettre aux gens d’apprendre en continu.
L’école à la maison et les alternatives au lycée créeront une classe d’auto-instructeurs indépendants, si vous voulez. Les adultes qui apprenaient à la maison jeune sauront comment apprendre  et s’attendront à pérenniser cette habitude tout au long de leurs vies.
Par exemple, comment avons-nous fait pour apprendre l’internet ? En 1993, il existait à peine. En 1995, il était à la base de douzaines de nouvelles industries et d’une explosion de richesses. Il n’y avait pas de cours d’université en programmation web, code HTML ou design de page pendant ces années. Cependant des centaines de milliers de personnes ont réussi à apprendre. Comment ? Ils se sont auto-formés, en travaillant avec leurs collègues, en apprenant de nouvelles choses, et en faisant des erreurs. Ce fut le secret du succès du web. Le web se développait presque entièrement à travers l’éthique et la pratique de l’auto-apprentissage. Ce n’est pas un concept radical. Jusqu’à la première moitié du XXème siècle, la plupart des américains apprenaient par eux-mêmes, en lisant. Savoir lire et avoir accès aux livres étaient un billet individuel vers le savoir. Même aujourd’hui, selon mon propre sondage de 1143 travailleurs indépendants, « lire » était le moyen le plus courants pour eux de rester à jour dans leur domaine.
Au XXIème siècle, l’accès à l’internet et à un réseau de collègues intelligents sera le billet de la formation des adultes. Attendez-vous à voir beaucoup d’entre nous composter ces billets pendant nos vies. Voyez ces signes annonciateurs :
-          La dévaluation des diplôme : tandis que la durée de vie d’un diplôme raccourci, plus d’étudiants iront à l’université pour acquérir des compétences particulières, plutôt que pour ramener une peau de mouton à la maison. Le besoin des gens pour le savoir ne respecte pas les semestres. Ils voudront les études supérieures au bon moment ; et si cela veut dire quitter la salle de classe avant d’avoir le diplôme, ainsi soit-il. Souvenez-vous : Larry Ellison, Steve Jobs and Steven Spielberg n’ont jamais fini l’université.
-          Des étudiants plus vieux : 40% des étudiants à l’université ont aujourd’hui plus de 25 ans. D’après le Wall Street Journal, « d’après certaines projections, le nombres d’étudiants de plus de 35 ans dépassera celui de 18 et 19 ans dans quelques années ». Les jeunes adultes qui ont eu un diplôme à 20 ans auront peut-être un besoin et une envie de cours à 40 ans.
-          L’enseignement indépendant. L’apprentissage à distance (des entreprises privées comme l’Université de Phoenix, Unext, Ninth House Network, et Hungary Minds University) aidera cette tendance à l’auto-formation. Aujourd’hui, quelques 5000 entreprises sont sur le marché de l’éducation en ligne. Leurs deux milliards de revenus devraient atteindre 11 milliards en 2003. Et les méthodes non traditionnelles d’apprentissage abonderont. Une plainte des universitaires indépendants (ceux attachés à un genre tel Judith Rich Harris et Anne Hollander) est de ne pas avoir d’étudiants. Voici une source d’approvisionnement. Plus de professeurs indépendants, et plus d’étudiants indépendants créera une liquidité immense dans le marché de l’apprentissage, avec l’internet comme entremetteur pour ce nouveau marché.
-          De grands troubles pour les universités d’élite : Tout ça veut dire de grands troubles pour les Ivy Leagues. Être dans une université réputée sert trois objectifs de la vie contemporaine : prolonger l’adolescence, donner une réputation qui est assez peu utile pendant la vie active, et donner aux gens un réseau d’amis. Les universités d’élite ont lentement bougé pour rester en phase avec l’économie émergente des indépendants. En 1998, 78% des universités publiques en quatre ans proposaient des programmes à distance, contre seulement 19% des écoles privées. Les coûts des universités privées ont augmenté pendant les 20 dernières années, plus vite encore que les coûts de santé. Mais ces universités se sont-elles améliorées au même rythme ? Se sont-elles améliorées tout court ? De plus, les étudiants qui arrivent dans les universités d’élite sont généralement ceux qui qui se sont montrés le plus adroits dans l’école conventionnelle (comprendre dépassée). Cela pourrait devenir un passif plutôt qu’un avantage. Dans son bestseller, The Millionaire Mind, Thomas J. Stanley a découvert qu’un nombre disproportionné de millionnaires étaient des indépendants ; mais que plus les résultats au SAT sont élevés, moins il a de chances d’être un preneur de risques financiers, et donc de devenir un indépendant.
-          Les groupes d’apprentissage. L’industrie des conférences, déjà en fort développement, va continuer alors que plus de gens cherchent des rassemblements d’esprits semblables pour créer de nouvelles connections et apprendre de nouvelles choses. Les conférences autorisent ceux qui y assistent à faire partie d’une sorte d’institution socratique. Ils peuvent choisir le mentor auquel elles prêteront leur attention pour une heure, deux heures, ou un jour, peu importe. De plus, beaucoup d’indépendants ont formé des petits groupes qui se rencontrent régulièrement et permettent à leurs membres d’échanger des conseils, et d’offrir un soutien personnalisé. Ces Free Agents Nation Clubs, comme je les appelle, fournissent également un sol sûr pour l’auto-formation. Aux rencontres des F.A.N. Clubs, les membres discutent livres et articles, tout en partageant leur expertise spécifique avec les autres. Ce type d’apprentissage, vivant de manière similaire dans les clubs de lecture et les groupes d’étude bibliques, font partie d’une riche tradition américaine. Un des groupes les plus précoces d’agents indépendants était la Junte de Benjamin Franklin, formée en 1727, qui créa une bibliothèque pour ses membres, celle qui devint la première bibliothèque publique en Amérique.
Les prochaines décennies seront fascinantes et peut-être révolutionnaires, pour l’apprentissage en Amérique. Ses spécificités nous surprendront et dépasseront même peut-être mes prédictions les plus audacieuses. Mais le constat principal de l’avenir de l’éducation dans la Free Agent Nation est éclatant : l’école est finie !

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Cromwell, Staline, et le danger des comparaisons historiques

« Vous avez laissé les Niveleurs en vie ? A quoi pensiez-vous ? »

Olivier Cromwell supprima Noël, ou était du moins à la tête d’un régime qui tenait à l’ouverture des marchés le 25 Décembre (il n’y a pas de preuves de son implication personnelle dans la décision). Plutôt dérisoire, vraiment, quand on voit jusqu’où peuvent aller les persécutions religieuses. Josef Staline, à l’opposé, arrêta pratiquement tout le clergé russe orthodoxe : 130000 hommes, parmi lesquels 95000 furent tués.

Les guerres de Cromwell en Irlande tuèrent des dizaines de milliers de personnes, et en envoyèrent des dizaines de milliers d’autres enchaînés de l’autre côté de l’Atlantique. Staline tua au moins 20 millions de personnes (sans compter les 20 millions de soldats et civils soviétiques morts pendant la Seconde Guerre Mondiale), et en fit déporter 14 millions de plus dans les camps de travail de Sibérie et d’Asie Centrale.

Cromwell fut porté par les événements, et par le caractère incertain de Charles Ier, vers une issue qu’il n’avait jamais cherchée, ni attendue : le régicide et la mise en place d’une république qui termina en dictature militaire. Staline était un sociopathe qui ordonna le massacre de ses amis proches et de sa famille aussi froidement qu’il ordonnait la liquidation des Koulaks.

Cromwell autorisa une ébullition intellectuelle, dans laquelle toutes sortes d’idées, de la fin de la censure au suffrage universel, du pluralisme religieux à l’égalité entre les sexes, furent mises en avant par les pamphlétaires et les radicaux. Staline massacra la liberté de pensée.

La comparaison < http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/vladimir-putin/10528230/Vladimir-Putin-Whats-the-difference-between-Oliver-Cromwell-and-Stalin.html > des deux hommes par Vladimir Poutine est trop absurde pour mériter une controverse, en dehors du fait qu’elle a été répétée par une improbable coalition de conservateurs anglais, nostalgiques de l’URSS et nationalistes irlandais.

Les comparaisons sont toujours bizarres, bien sûr, tout spécialement quand leurs sujets sont séparés par le temps et la distance. Quand vous écrivez « X était pire que Y », vous pouvez être certains qu’un certain nombre liront « Y n’était pas vraiment si mauvais ». Même comparer Staline à Hitler (une comparaison bien plus aisée, étant donné leur proximité chronologique, idéologique, méthodologique et psychologique) risque de lever des accusations de « banalisation ou relativisation de l’Holocauste », comme Denis MacShane l’a dit < http://blogs.telegraph.co.uk/news/danielhannan/100053846/were-stalins-crimes-really-less-wicked-than-hitlers/>.

Pour être tout à fait clair, je ne veux pas que l’on oublie les méfaits de Cromwell. Si j’aurais joyeusement soutenu la cause des parlementaires en 1640, les idéaux de cette cause furent oubliés lorsque les Îles Britanniques tombèrent sous la loi autoritaire des défenseurs et milices d’Olivier. Mes sympathies, mes lecteurs réguliers le savent, vont aux Niveleurs < http://blogs.telegraph.co.uk/news/danielhannan/100018325/we-have-submitted-ourselves-to-a-new-norman-yoke/ >, et pas à l’homme qui ordonna leur séparation. Comme vous pouvez le deviner avec mon nom, j’ai nombre d’ancêtres irlandais.

Mais gardons la mesure des choses, pour l’amour de Dieu. Le règne de Staline doit être reconnu, en termes mathématiques, comme l’un des plus meurtriers dans l’histoire sanguinaire de l’espèce : beaucoup d’historiens disent aujourd’hui que le chiffre de 20 millions de morts est bien trop bas < http://www.ibtimes.com/how-many-people-did-joseph-stalin-kill-1111789 >. Seul le Président Mao est en compétition avec le vieux monstre pour cet affreux record. Les faux procès, les nettoyages ethniques et les Goulags de Staline étaient une présence constante et terrifiante pour son peuple effrayé.

Alors que la loi de Cromwell était dictatoriale, elle ne se fondait pas sur l’horreur systématique. Quand il retourna, accompagné d’un groupe de chevaux, dans la ville où il avait passé son enfance, il rencontra le curé local qui l’avait sauvé de la noyade pendant son enfance, en le sortant d’un ruisseau. Il rappela l’incident au vieux prêtre. « Oui », répondit vaillamment le ministre du culte royaliste, « et je vous y aurais remis plutôt que de vous voir venir ici armé contre votre peuple ». Vous ne pouvez pas imaginer quelqu’un parler comme ça à l’Oncle Jo, n’est-ce-pas ?

Une lettre nous est parvenue des années 1650, écrite par l’un des proches d’Olivier. Pourquoi, ce cousin demandait, le Lord Protecteur insiste-t-il sur le nom « Cromwell », qui fut faussement usurpé par un ancêtre ambitieux ? Ses actions en tant que Lord Protecteur faisaient à Cromwell une mauvaise réputation, disait l’écuyer mécontent, et il aurait été son obligé si le vieux cavalier avait adopté le nom qui était réellement le sien : Williams. Maintenant, essayez seulement de vous imaginer un quelconque Djougachvili écrivant les mêmes mots au Secrétaire Général du Parti Communiste pour voir combien le parallèle de Poutine est absurde.

L’invasion de l’Irlande par Cromwell était un travail sale, ce n’est pas une question. La Guerre Civile anglaise fut relativement contenue. Il y eu peu de victimes, de nombreux comtés furent à peine touchés, et la pire chose à craindre pour la plupart des gens, lorsque l’autre côté prenait la ville, était la prison. Son prolongement irlandais était plus vicieux, car plus sectaire. Un nom provoque la colère encore trois siècles et demi plus tard : Drogheda, dont la chute en 1649 fut suivie par un bain de sang généralisé, durant lequel les civils furent tués côte à côte avec les soldats anglais et irlandais qui avaient tenu la ville au nom du Roi.

Les historiens débâtent quant à l’étendue du massacre. Tom Reilly, lui-même habitant de Drogheda, affirme qu’il n’y a pas eu de morts civils, et que Cromwell a agi selon les lois de la guerre, qui à l’époque était universellement comprises comme l’absence de quartier pour une garnison qui refuserait de se rendre. Le consensus, cependant, est que les civils furent délibérément assassinés, et qu’au moins quelques défenseurs furent exécutés plus tard en prison.

Ce qui est frappant, cependant, est que Drogheda choqua les gens honnêtes en Angleterre, Ecosse et Irlande, alors que c’était commun par rapports aux standards européens de l’époque. Pendant la Guerre de Trente Ans, qui s’était achevée l’année précédente, 1500 villes et 18000 villages furent complétement rasés. Les terres allemandes et tchèques perdirent peut-être un tiers de leurs habitants, voire plus dans les zones de guerre les plus intenses. La moitié des habitants du Brandebourg périrent et trois quarts de ceux du Wurtemberg. Ces nombres sont réellement, en termes de proportions, stalinesques.

Ce que le parallèle du Président Poutine montre vraiment est le fossé entre les attentes britanniques et les attentes russes. Drogheda a choqué, et il le fait encore, les sensibilités anglo-saxonnes, mais serait passé inaperçu au milieu des massacres de la Moscovie des Tsars. Même trois cents ans plus tard, la plupart des Russes auraient joyeusement échangé leur système de gouvernement pour celui de Cromwell.

Ce parallèle nous montre que notre génération est plus touchée par le comportement de soldats anglophones au XVIIème siècle que par le comportement autrement plus monstrueux de la Tcheka de Staline et des escadrons de la mort encore dans la mémoire des hommes. Nous nous considérons tenus à des normes plus élevées. Et le Président Poutine nous renvoie le compliment. Joyeux Noël.

 

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Watched Cops Are Polite Cops

Requiring law enforcement to wear video cameras will protect your constitutional rights and improve policing.

Ronald Bailey from the December 2013 issue

J'apprends le retour du matricule des policiers dès le 1er janvier prochain. La traduction de l'article ci-dessus n'en serait que plus pertinente.

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A priori, ça n'a pas été proposé : Want peace? Promote free-trade, ou comment le capitalisme est plus efficace que la démocratie dans la réduction des conflits armés.

 

C'était finalement un peu aride mais intéressant. Je vous laisse trouver un titre vendeur en français parce que je manque un peu d'inspiration.

 

  • Le libre-échange et la paix OCTOBER 15, 2013 by JULIAN ADORNEY

    Frédéric Bastiat l'a dit « Si les marchandises ne traversent pas les frontières, les soldats le feront ».

Selon Bastiat, le libre-échange entre les pays pourrait réduire les conflits internationaux parce que le commerce forge des relations entre les nations et crée une incitation pour chacune d'entre elles à éviter la guerre avec ses partenaires commerciaux. Même si chaque nation était une île économique, l'absence d’interaction positive générée par le commerce pourrait laisser davantage de place au conflit. Deux cents ans après Bastiat, les libéraux ont adopté cette idée comme une devise. Malheureusement, ce n'est pas le cas de tout le monde. Cependant, comme une étude récente le montre, les preuves historiques tendent à confirmer la célèbre déclaration de Bastiat.

Commercer ou guerroyer

Dans « Peace through Trade of Free Trade? », le Professeur Patrick J. McDonald, de l'Université du Texas à Austin, a étudié empiriquement le lien entre le niveau de protectionnisme d'un pays (barrière douanière, quotas...) et la probabilité d'un conflit au sein de cette nation. Il a analysé les relations internationales de chaque pays avec l'outil de la dyade sur la période allant de 1960 à 2000. La dyade est l'interaction entre un pays et un autre de façon binaire. Ainsi, les relations entre l'Allemagne et la France constitueraient une dyade. Celles entre l'Allemagne et la Russie en constitueraient une seconde. Les relations entre la France et l'Australie pourraient en constituer une troisième. Il a ensuite décomposé cette analyse en années-dyades. Par exemple, les relations entre l'Allemagne et la France en 1965 seraient une année-dyade, les relations entre la France et l'Australie en 1973 en seraient une seconde, etc.

Avec cet outil de l'année-dyade, McDonald a analysé le comportement de chaque pays du monde sur les quarante dernières années. Il en est ressorti une corrélation négative entre le libre-échange et le conflit : plus un pays commerce librement et moins il s'engage en guerre. Les pays qui s'engagent dans le libre-échange sont, de surcroît, moins susceptibles d'être envahis.

 

 

La flèche causale

Naturellement, cette découverte pourrait donner matière à confusion entre corrélation et causalité. Peut-être que les pays s'engageant dans le libre-échange font moins la guerre pour d'autres raisons, comme par exemple le fait qu'ils tendent à être plus démocratiques. En effet, les démocraties font généralement moins la guerre que les empires. Cependant, McDonald a lissé ces variables. Atténuer l'impact des régimes politiques est en effet important dans la mesure où les démocraties et les républiques tendent à se battre moins fréquemment que les régimes autoritaires.

 

McDonald a également atténué les effets de la croissance économique parce que les pays en récession ont davantage tendance à faire la guerre que ceux qui sont en pleine croissance, souvent pour détourner l'attention du peuple de ses difficultés économiques. McDonald a même pris en compte des facteurs comme la proximité géographique : il est plus facile pour l'Allemagne et la France de se faire la guerre que pour les Etats-Unis et la Chine parce que les soldats français et allemands partagent une frontière commune.

 

La conclusion de l'étude de McDonald est que le protectionnisme peut vraiment mener au conflit. McDonald a découvert qu'un pays parmi les 10 % les moins protectionnistes (c'est-à-dire moins protectionniste que 90 % des autres pays) avait 70 % de moins de chances de s'engager dans un nouveau conflit (que ce soit en tant qu'envahisseur ou en tant que cible) qu'un pays parmi les 10 % les plus protectionnistes.

Le protectionnisme et la guerre

Pourquoi le protectionniste mène-t-il au conflit et comment le libre-échange parvient-il à le prévenir ? Les réponses, même si elles sont bien connues des libéraux classiques, valent d'être mentionnées.

 

Tout d'abord, le commerce génère de la bonne entente internationale. Si les hommes d'affaires Chinois et Américains commercent de manière régulière, le bénéfice est mutuel. Or le bénéfice mutuel a tendance à disposer les peuples à voir du bon chez l'autre. De surcroît, les échanges de biens promeuvent également les échanges culturels. Pendant des décennies, les Américains ont vu dans la Chine un pays mystérieux aux valeurs étranges, voire même hostiles. Cependant, au 21e siècle, le commerce entre ces nations a connu une croissance très marquée, si bien que les deux pays se connaissent maintenant un peu mieux. Les fans d'iPod en Chine sont comme les adolescents américains, par exemple. Ils ne sont pas terriblement mystérieux. De même, les Chinois comprennent mieux la démocratie et la société de consommation américaines qu'autrefois. Tous les pays ne trouvent pas nécessairement de point commun avec les valeurs de leurs partenaires commerciaux mais l'échange leur a du moins permis d'acquérir une meilleure compréhension mutuelle.

 

De surcroît, le commerce aide à humaniser le peuple avec lequel vous réalisez des échanges. Il est donc plus difficile de vouloir aller faire la guerre à vos partenaires commerciaux qu'à un pays que vous ne voyez que comme des lignes sur une carte.

 

En second lieu, le commerce crée une incitation économique à éviter la guerre. Si la nation X vend son meilleur acier à la nation Y et que ses hommes d'affaires récoltent un bon profit en échange, les hommes d'affaires des deux côtés vont vouloir s'opposer à la guerre. C'était précisément le cas entre l'Allemagne et la France juste avant la première guerre mondiale. L'Allemagne vendait de l'acier à la France et les hommes d'affaires allemands étaient fermement opposés à la guerre. Ils en sont venus à la soutenir à contre-cœur lorsque les ministres allemands leur ont annoncé que la guerre ne durerait que quelques mois. L'acier allemand représentait une très forte incitation à s'opposer à la guerre et si la situation avait évolué un peu différemment, ou si le gouvernement allemand avait été un peu plus réaliste sur les perspectives de durée de la guerre, cette incitation aurait pu tenir l'Allemagne éloignée de la première guerre mondiale.

 

En troisième lieu, le protectionnisme fait la promotion de l'hostilité. C'est pourquoi le libre-échange, pas simplement le commerce agrégé (qui pourrait être accompagné de fortes barrières douanières et de quotas) mène à la paix. Si les Etats-Unis imposent un tarif douanier sur les voitures japonaises, ces taxes nuisent au commerce japonais. Cela crée de l'hostilité de la part du Japon à l'égard des Etats-Unis. Le Japon pourrait même réagir avec une taxe à l'importation d'acier américain, touchant négativement les producteurs américains et créant de la rancœur de la part du gouvernement. Les deux pays auraient alors un prétexte pour encourager le sentiment nationaliste de leur peuple, ce qui rendrait donc franchement plus facile la vente d'une guerre contre ce pays, le cas échéant.

 

Dans les cercles académiques socio-économiques, ce phénomène est appelé le processus de Richardson d'hostilité réciproque croissante ; les Etats-Unis nuisent au Japon qui exerce des représailles, impliquant de nouvelles représailles de la part des Etats-Unis. L'histoire montre que le processus de Richardson peut aisément s'appliquer en cas de protectionnisme. Par exemple, dans les années 1930, les pays développés ont augmenté les taxes à l'importation et les barrières douanières. Les pays se sont détournés du multilatéralisme et se sont repliés sur eux-mêmes. Ces décisions ont mené à l'augmentation de l'hostilité, ce qui a contribué à la mise en mouvement de la seconde guerre mondiale.

Ces facteurs aident à comprendre pourquoi le libre-échange mène à la paix et pourquoi le protectionnisme mène au conflit.

Le libre-échange et la paix

En conclusion, l'analyse de McDonald montre que prendre un pays parmi les 10 % les plus protectionnistes et le faire entrer parmi les 10 % les moins protectionnistes réduira sa potentialité d'entrer dans un conflit armé de 70 %. Il a effectué la même analyse avec le critère démocratique et a montré que faire évoluer un pays parmi les 10 % les moins démocratiques vers les 10 % les plus démocratiques ne réduira la potentialité de conflit que de 30 %.

 

La démocratie est un dissuasif bien documenté. Plus un pays devient démocratique et moins il est susceptible d'être au cœur d'un conflit international. Toutefois, la réduction du protectionnisme, selon McDonald, est plus de deux fois plus efficace dans la réduction des conflits que le fait de devenir démocratique. Ici aux Etats-Unis, on parle beaucoup de répandre la démocratie. Nous avons envahi l'Irak en partie pour cela. Un édito du New-York Times par le Professeur Dov Ronen de Harvard déclarait que les Etats-Unis avaient déclaré une campagne idéologique pour propager la démocratie dans le monde depuis 1989. Une des justifications pour nos croisades internationales est la volonté de rendre le monde plus sûr.

 

 

 

Peut-être devrions-nous plutôt consacrer un peu plus de temps à propager le libre-échange. Nous pourrions ainsi réellement rendre le monde plus sûr.

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C'était finalement un peu aride mais intéressant. Je vous laisse trouver un titre vendeur en français parce que je manque un peu d'inspiration.

 

  • Le libre-échange et la paix OCTOBER 15, 2013 by JULIAN ADORNEY

    Frédéric Bastiat l'a dit « Si les marchandises ne traversent pas les frontières, les soldats le feront ».

Selon Bastiat, le libre-échange entre les pays pourrait réduire les conflits internationaux parce que le commerce forge des relations entre les nations et crée une incitation pour chacune d'entre elles à éviter la guerre avec ses partenaires commerciaux. Même si chaque nation était une île économique, l'absence d’interaction positive générée par le commerce pourrait laisser davantage de place au conflit. Deux cents ans après Bastiat, les libéraux ont adopté cette idée comme une devise. Malheureusement, ce n'est pas le cas de tout le monde. Cependant, comme une étude récente le montre, les preuves historiques tendent à confirmer la célèbre déclaration de Bastiat.

Commercer ou guerroyer

Dans « Peace through Trade of Free Trade? », le Professeur Patrick J. McDonald, de l'Université du Texas à Austin, a étudié empiriquement le lien entre le niveau de protectionnisme d'un pays (barrière douanière, quotas...) et la probabilité d'un conflit au sein de cette nation. Il a analysé les relations internationales de chaque pays avec l'outil de la dyade sur la période allant de 1960 à 2000. La dyade est l'interaction entre un pays et un autre de façon binaire. Ainsi, les relations entre l'Allemagne et la France constitueraient une dyade. Celles entre l'Allemagne et la Russie en constitueraient une seconde. Les relations entre la France et l'Australie pourraient en constituer une troisième. Il a ensuite décomposé cette analyse en années-dyades. Par exemple, les relations entre l'Allemagne et la France en 1965 seraient une année-dyade, les relations entre la France et l'Australie en 1973 en seraient une seconde, etc.

Avec cet outil de l'année-dyade, McDonald a analysé le comportement de chaque pays du monde sur les quarante dernières années. Il en est ressorti une corrélation négative entre le libre-échange et le conflit : plus un pays commerce librement et moins il s'engage en guerre. Les pays qui s'engagent dans le libre-échange sont, de surcroît, moins susceptibles d'être envahis.

 

 

La flèche causale

Naturellement, cette découverte pourrait donner matière à confusion entre corrélation et causalité. Peut-être que les pays s'engageant dans le libre-échange font moins la guerre pour d'autres raisons, comme par exemple le fait qu'ils tendent à être plus démocratiques. En effet, les démocraties font généralement moins la guerre que les empires. Cependant, McDonald a lissé ces variables. Atténuer l'impact des régimes politiques est en effet important dans la mesure où les démocraties et les républiques tendent à se battre moins fréquemment que les régimes autoritaires.

 

McDonald a également atténué les effets de la croissance économique parce que les pays en récession ont davantage tendance à faire la guerre que ceux qui sont en pleine croissance, souvent pour détourner l'attention du peuple de ses difficultés économiques. McDonald a même pris en compte des facteurs comme la proximité géographique : il est plus facile pour l'Allemagne et la France de se faire la guerre que pour les Etats-Unis et la Chine parce que les soldats français et allemands partagent une frontière commune.

 

La conclusion de l'étude de McDonald est que le protectionnisme peut vraiment mener au conflit. McDonald a découvert qu'un pays parmi les 10 % les moins protectionnistes (c'est-à-dire moins protectionniste que 90 % des autres pays) avait 70 % de moins de chances de s'engager dans un nouveau conflit (que ce soit en tant qu'envahisseur ou en tant que cible) qu'un pays parmi les 10 % les plus protectionnistes.

Le protectionnisme et la guerre

Pourquoi le protectionniste mène-t-il au conflit et comment le libre-échange parvient-il à le prévenir ? Les réponses, même si elles sont bien connues des libéraux classiques, valent d'être mentionnées.

 

Tout d'abord, le commerce génère de la bonne entente internationale. Si les hommes d'affaires Chinois et Américains commercent de manière régulière, le bénéfice est mutuel. Or le bénéfice mutuel a tendance à disposer les peuples à voir du bon chez l'autre. De surcroît, les échanges de biens promeuvent également les échanges culturels. Pendant des décennies, les Américains ont vu dans la Chine un pays mystérieux aux valeurs étranges, voire même hostiles. Cependant, au 21e siècle, le commerce entre ces nations a connu une croissance très marquée, si bien que les deux pays se connaissent maintenant un peu mieux. Les fans d'iPod en Chine sont comme les adolescents américains, par exemple. Ils ne sont pas terriblement mystérieux. De même, les Chinois comprennent mieux la démocratie et la société de consommation américaines qu'autrefois. Tous les pays ne trouvent pas nécessairement de point commun avec les valeurs de leurs partenaires commerciaux mais l'échange leur a du moins permis d'acquérir une meilleure compréhension mutuelle.

 

De surcroît, le commerce aide à humaniser le peuple avec lequel vous réalisez des échanges. Il est donc plus difficile de vouloir aller faire la guerre à vos partenaires commerciaux qu'à un pays que vous ne voyez que comme des lignes sur une carte.

 

En second lieu, le commerce crée une incitation économique à éviter la guerre. Si la nation X vend son meilleur acier à la nation Y et que ses hommes d'affaires récoltent un bon profit en échange, les hommes d'affaires des deux côtés vont vouloir s'opposer à la guerre. C'était précisément le cas entre l'Allemagne et la France juste avant la première guerre mondiale. L'Allemagne vendait de l'acier à la France et les hommes d'affaires allemands étaient fermement opposés à la guerre. Ils en sont venus à la soutenir à contre-cœur lorsque les ministres allemands leur ont annoncé que la guerre ne durerait que quelques mois. L'acier allemand représentait une très forte incitation à s'opposer à la guerre et si la situation avait évolué un peu différemment, ou si le gouvernement allemand avait été un peu plus réaliste sur les perspectives de durée de la guerre, cette incitation aurait pu tenir l'Allemagne éloignée de la première guerre mondiale.

 

En troisième lieu, le protectionnisme fait la promotion de l'hostilité. C'est pourquoi le libre-échange, pas simplement le commerce agrégé (qui pourrait être accompagné de fortes barrières douanières et de quotas) mène à la paix. Si les Etats-Unis imposent un tarif douanier sur les voitures japonaises, ces taxes nuisent au commerce japonais. Cela crée de l'hostilité de la part du Japon à l'égard des Etats-Unis. Le Japon pourrait même réagir avec une taxe à l'importation d'acier américain, touchant négativement les producteurs américains et créant de la rancœur de la part du gouvernement. Les deux pays auraient alors un prétexte pour encourager le sentiment nationaliste de leur peuple, ce qui rendrait donc franchement plus facile la vente d'une guerre contre ce pays, le cas échéant.

 

Dans les cercles académiques socio-économiques, ce phénomène est appelé le processus de Richardson d'hostilité réciproque croissante ; les Etats-Unis nuisent au Japon qui exerce des représailles, impliquant de nouvelles représailles de la part des Etats-Unis. L'histoire montre que le processus de Richardson peut aisément s'appliquer en cas de protectionnisme. Par exemple, dans les années 1930, les pays développés ont augmenté les taxes à l'importation et les barrières douanières. Les pays se sont détournés du multilatéralisme et se sont repliés sur eux-mêmes. Ces décisions ont mené à l'augmentation de l'hostilité, ce qui a contribué à la mise en mouvement de la seconde guerre mondiale.

Ces facteurs aident à comprendre pourquoi le libre-échange mène à la paix et pourquoi le protectionnisme mène au conflit.

Le libre-échange et la paix

En conclusion, l'analyse de McDonald montre que prendre un pays parmi les 10 % les plus protectionnistes et le faire entrer parmi les 10 % les moins protectionnistes réduira sa potentialité d'entrer dans un conflit armé de 70 %. Il a effectué la même analyse avec le critère démocratique et a montré que faire évoluer un pays parmi les 10 % les moins démocratiques vers les 10 % les plus démocratiques ne réduira la potentialité de conflit que de 30 %.

 

La démocratie est un dissuasif bien documenté. Plus un pays devient démocratique et moins il est susceptible d'être au cœur d'un conflit international. Toutefois, la réduction du protectionnisme, selon McDonald, est plus de deux fois plus efficace dans la réduction des conflits que le fait de devenir démocratique. Ici aux Etats-Unis, on parle beaucoup de répandre la démocratie. Nous avons envahi l'Irak en partie pour cela. Un édito du New-York Times par le Professeur Dov Ronen de Harvard déclarait que les Etats-Unis avaient déclaré une campagne idéologique pour propager la démocratie dans le monde depuis 1989. Une des justifications pour nos croisades internationales est la volonté de rendre le monde plus sûr.

 

 

 

Peut-être devrions-nous plutôt consacrer un peu plus de temps à propager le libre-échange. Nous pourrions ainsi réellement rendre le monde plus sûr.

Merci à toi. Je le publie demain (Pas de paix durable sans libre-échange). Le texte de Bézoukhov avait déjà été publié hier donc on est à jour, plus de traduction en attente.. 

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Merci Bézoukhov pour la traduction de l'excellent article sur l'école. Il est prévu demain avec quelques petits changements de forme.

 

Restent donc à publier les deux dernières traductions

 

De rien !

 

The Death of Obama's "Noble Lie"

The disastrous ObamaCare rollout unmasks liberalism's paternalistic dishonesty.

Matt Welch from the January 2014 issue

 

Je devrais pouvoir le faire dans la soirée :)

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