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Le néo-libéralisme


poney

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Je pense que si le terme n'était pas autant galvaudé, il y aurait une critique féconde à faire du néo-libéralisme entendu comme Etat managérial, ingénieur et manipulateur de monnaie - typiquement l'idéologie de la concurrence organisée et réglementée par Bruxelles.

+1

Certainement pas. Je crois bien que ce qui m'insupporte le plus c'est non pas qu'on galvaude le terme de libéralisme, mais qu'on galvaude les notions de management ou de gestion. Déjà quand j'entends "état gestionnaire" ça me fait pouffer de rire (car si l’état faisait de la gestion, on ne serait pas dans les situations catastrophique de déficit et d'endettement publics), mais alors je ne vois vraiment pas en quoi on peut parler d’état managérial. Ce qui caractérise plutôt l’état, c'est bien l'absence de toute discipline de gestion et de management.

J'ai déjà pu constater à de multiples reprises que ceux qui déforment le sens du mot libéralisme, jusqu'à lui donner un sens opposé à ce qu'il est, font exactement la même chose avec les termes de management et gestion. ça participe exactement du même mouvement idéologique.

Critiquer le néolibéralisme en prétendant qu'il serait un "état managérial", c'est, sans vous en rendre compte, faire le jeu des anti-libéraux.

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Certainement pas. Je crois bien que ce qui m'insupporte le plus c'est non pas qu'on galvaude le terme de libéralisme, mais qu'on galvaude les notions de management ou de gestion. Déjà quand j'entends "état gestionnaire" ça me fait pouffer de rire (car si l’état faisait de la gestion, on ne serait pas dans les situations catastrophique de déficit et d'endettement publics), mais alors je ne vois vraiment pas en quoi on peut parler d’état managérial. Ce qui caractérise plutôt l’état, c'est bien l'absence de toute discipline de gestion et de management.

J'ai déjà pu constater à de multiples reprises que ceux qui déforment le sens du mot libéralisme, jusqu'à lui donner un sens opposé à ce qu'il est, font exactement la même chose avec les termes de management et gestion. ça participe exactement du même mouvement idéologique.

Critiquer le néolibéralisme en prétendant qu'il serait un "état managérial", c'est, sans vous en rendre compte, faire le jeu des anti-libéraux.

Plutôt d'accord. Fondamentalement, le néolibéralisme est l'épouvantail qui permet de réunir les phénomènes qui nous déplaisent avec les auteurs et politiques du camp opposé. Evidemment on est tenté de jouer à se refiler le mistigri plutôt qu'attaquer la notion elle-même.

Reste une justesse à critiquer la substitution de mécanismes administratifs ou juridiques - et en ce sens "gestionnaires" - à la politique. Est aussi juste le fait de critiquer la pressurisation croissante des salariés mais il est coupable de l'attribuer à l'ennemi politique.

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Certainement pas. Je crois bien que ce qui m'insupporte le plus c'est non pas qu'on galvaude le terme de libéralisme, mais qu'on galvaude les notions de management ou de gestion. Déjà quand j'entends "état gestionnaire" ça me fait pouffer de rire (car si l’état faisait de la gestion, on ne serait pas dans les situations catastrophique de déficit et d'endettement publics), mais alors je ne vois vraiment pas en quoi on peut parler d’état managérial. Ce qui caractérise plutôt l’état, c'est bien l'absence de toute discipline de gestion et de management.

Toutafé.

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Je pense pour ma part que ne pas prendre en compte et les nouvelles techniques et le nouveau discours (empruntés au monde de la gestion et du management) que la bureaucratie tient sur elle même pour gouverner revient à se priver d'un instrument d'analyse déterminant, pour ne pas dire essentiel, de la politique et des institutions contemporaines, au regard de son poids réel.

C'est également se rendre aveugle aux grandes différences qui traversent tous les courants idéologiques contemporains, y compris celui libéral, concernant la place à donner à l'Etat et à ses nouveaux modes de légitimation.

Encore une fois, cette critique managériale ne date pas d'hier, puisque Burnham écrit en 41, et est reprise par des gens comme Aron ou plus récemment Sam Francis ou Paul Gottfried, et le vocable managérial est utilisé sans doute à tort et à travers, mais il existe et n'a rien de spécialement libéral.

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Je pense pour ma part que ne pas prendre en compte et les nouvelles techniques et le nouveau discours (empruntés au monde de la gestion et du management) que la bureaucratie tient sur elle même pour gouverner revient à se priver d'un instrument d'analyse déterminant, pour ne pas dire essentiel, de la politique et des institutions contemporaines, au regard de son poids réel.

Il existe le même lien entre l'Etat et les techniques du management qu'entre un groupe d'enfants et le monde des adultes : les enfants jouent à la dînette, font semblant, etc. mais on ne peut pas estimer que leurs petits sketchs sont des périodes de vies d'adultes. Alors oui l'Etat (au sens large) essaie de se donner un vernis managérial, cette volonté est incarnée par l'existence de la DGME et des RGPP. Mais c'est vraiment par le petit bout de la lorgnette.

Ce qui est intéressant à étudier j'imagine, c'est comme l'Etat essaie de s'approprier les codes extérieurs du management avant les techniques de gestion sous-jacentes, bref ce n'est pas parce que tu entends un moteur vrombir à un feu rouge que tu es en présence d'un bolide de course piloté par une réincarnation de Ayrton Senna.

Encore une fois, cette critique managériale ne date pas d'hier, puisque Burnham écrit en 41, et est reprise par des gens comme Aron ou plus récemment Sam Francis ou Paul Gottfried, et le vocable managérial est utilisé sans doute à tort et à travers, mais il existe et n'a rien de spécialement libéral.

A tort et à travers, c'est vraiment, vraiment le moins que l'on puisse dire.

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J'ai l'impression que dans l'émission , on confond parfois libéralisme et utilitarisme.

Historiquement l'utilitarisme correspond à la forme anglo-saxonne du libéralisme. C'est d'ailleurs pourquoi Pascal Salin qu'on entend dans cette émission préconise de revenir au libéralisme continental, fondé sur une éthique des droits individuels.

Critiquer le néolibéralisme en prétendant qu'il serait un "état managérial", c'est, sans vous en rendre compte, faire le jeu des anti-libéraux.

Je pense exactement le contraire, c'est abandonner la critique de la construction utilitariste du marché par la technocratie bruxelloise qui fait le jeu des anti-libéraux. On ne peut pas à la fois se plaindre que le libéralisme serve de bouc-émissaire de la crise et faire l'impasse sur une analyse critique sérieuse de l'ordolibéralisme, dans sa forme monétariste de pilotage de la monnaie, ou dans sa forme bureaucratique européenne.

Selon la théorie ordolibérale, l'état a pour responsabilité de créer un cadre légal et institutionnel à l'économie, et de maintenir un niveau sain de concurrence « libre et non faussée » via des mesures en accord avec les lois du marché. L'état a donc un rôle d'« ordonnateur ».

http://fr.wikipedia….ib%C3%A9ralisme

Plutôt d'accord. Fondamentalement, le néolibéralisme est l'épouvantail qui permet de réunir les phénomènes qui nous déplaisent avec les auteurs et politiques du camp opposé. Evidemment on est tenté de jouer à se refiler le mistigri plutôt qu'attaquer la notion elle-même.

Serge Audier dénonce justement cet usage soupçonneux à toutes les sauces du terme néo-libéralisme comme épouvantail, son tableau brosse au contraire les différentes nuances et les discontinuités du libéralisme contemporain, notamment celle introduite par l'école autrichienne du laissez-faire. Tu apprécieras l'archive sonore de Aron, toujours aussi mesuré, au moment où il passe au libéralisme par anti-communisme.

Mais on a la même difficulté qu'avec d'autres idées clefs démonétisées comme "tolérance", "droits de l'homme" ou "esprit critique".

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Je ne jugerais pas du bon ou du mauvais emploi du vocabulaire et des techniques managériales dans les administrations publiques. Tout ce que je sais, c'est qu'elles existent, qu'elles ont une certaine efficacité (ça a des conséquences), que ce n'est pas nouveau, que je pense que ça répond à un besoin précis et pour ceux qui l'emploient, et pour ceux qui l'ont imposé, et que ne pas le voir revient à tomber dans le déni.

Chitah, les top managers qui bossent dans le public et dans le privé dans ce pays ne viennent pas des mêmes écoles et n'ont pas les mêmes formations ? Simple question, ce n'est pas mon domaine.

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Je ne jugerais pas du bon ou du mauvais emploi du vocabulaire et des techniques managériales dans les administrations publiques. Tout ce que je sais, c'est qu'elles existent, qu'elles ont une certaine efficacité (ça a des conséquences), que ce n'est pas nouveau, que je pense que ça répond à un besoin précis et pour ceux qui l'emploient, et pour ceux qui l'ont imposé, et que ne pas le voir revient à tomber dans le déni.

D'une certaine manière, la création de l'ENA relève de cette logique.

Chitah, les top managers qui bossent dans le public et dans le privé dans ce pays ne viennent pas des mêmes écoles et n'ont pas les mêmes formations ? Simple question, ce n'est pas mon domaine.

Carrément pas, mais alors pas du tout : dans les ministères, c'est de l'énarque à tous les étages, à savoir pour la plupart une bande d'incapables très bons pour pondre des circulaires ou casser la tête à ceux qui bossent vraiment. En revanche, du côté des organismes comme la DGME, on a énormément, mais alors énormément de profils qui viennent du privé, pour beaucoup de cabinets de conseils en management. Regarde par exemple ceci, quelques profils recrutés par la DGME : http://www.modernisa…ueye/index.html">(badurl) http://www.modernisa…ueye/index.html (badurl). Ainsi que ceci, quelques "clients" de la DGME qui témoignent : http://www.modernisa…dgme/index.html">(badurl) http://www.modernisa…dgme/index.html (badurl), cette DGME c'est un peu une sorte de boite de conseil interne.

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J'ai écouté l'émission en entier à présent, dommage que Pascal Salin n'était pas invité pour répondre (son point de vue aurait été intéressant), puisqu'il a été mentionné à maintes reprises.

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Je ne jugerais pas du bon ou du mauvais emploi du vocabulaire et des techniques managériales dans les administrations publiques. Tout ce que je sais, c'est qu'elles existent, qu'elles ont une certaine efficacité (ça a des conséquences), que ce n'est pas nouveau, que je pense que ça répond à un besoin précis et pour ceux qui l'emploient, et pour ceux qui l'ont imposé, et que ne pas le voir revient à tomber dans le déni.

Il me semble que c'est très exactement la perspective de la discipline "politique publique" que des étudiants en science politique se tapent à toutes les sauces :

Les politiques publiques sont une stratégie conduite par les institutions et administrations publiques avec un ensemble de moyens (humains, financiers et matériels) pour agir sur une situation structurelle ou conjoncturelle déterminée (infrastructure, santé, famille, logement, emploi, formation professionnelle, recherche, fonction publique, crise, déficit), afin d’atteindre un ensemble d’objectifs préalablement fixés (égalité, justice, santé publique, bien-être social, résorption de la crise, du déficit budgétaire) et dont l’évaluation est faite sur la base de la qualité et de l’opportunité de l’intervention publique.

Ces approches tendent bien à ce que l'état devienne un "gestionnaire efficace" ou quelque chose dans ce goût là. Qu'elles y arrivent ou pas est une autre question. En tout cas c'est totalement en harmonie avec le néo libéralisme économique compris en tant que défense à l'aide de l'interventionnisme d'un hypothétique marché "non biaisé" (donc le plus efficace possible).

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Audier m'a paru moins antipathique qu'à travers ses écrits. Du coup, je vais peut être l'acheter son bouquin.

+1, encore qu'on n'est pas sur qu'il entende la dimension sociale du libéralisme au sens de critique du socialisme et de l'Etat comme vecteurs de désocialisation.

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Ces approches tendent bien à ce que l'état devienne un "gestionnaire efficace" ou quelque chose dans ce goût là. Qu'elles y arrivent ou pas est une autre question. En tout cas c'est totalement en harmonie avec le néo libéralisme économique compris en tant que défense à l'aide de l'interventionnisme d'un hypothétique marché "non biaisé" (donc le plus efficace possible).

L'année dernière j'ai eu un cours de "management public". C'est la transposition des techniques managériales du privé au public, dans le but d'améliorer l'efficience des administrations. Cela a été présenté comme s'inspirant de ce qui a été fait en Suède, au Canada ou en Nouvelle-Zélande pour maîtriser les dépenses publiques.

A part d'un point de vue anarcap, je ne vois pas en quoi cette démarche est critiquable. Si on part du principe qu'il faut un peu d'état, autant rationaliser la manière dont il agit.

Et vouloir une rationalisation de l'administration n'est pas pas antithétique avec le fait de vouloir une réduction de la zone d'action de l'administration, ce sont deux débats connexes mais somme toute assez différents.

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L'année dernière j'ai eu un cours de "management public". C'est la transposition des techniques managériales du privé au public, dans le but d'améliorer l'efficience des administrations. Cela a été présenté comme s'inspirant de ce qui a été fait en Suède, au Canada ou en Nouvelle-Zélande pour maîtriser les dépenses publiques.

A part d'un point de vue anarcap, je ne vois pas en quoi cette démarche est critiquable.

Le débat n'est pas du point de vue anarcap/pas anarcap, pas du tout.

L'idée ici est de dire que le management public n'a strictement rien à voir avec le management d'entités privées, on pourra notamment mentionner :

- la gestion des ressources humaines : comment ne pas dire autre chose que le statut de fonctionnaire change fondamentalement ce champ de travail?

- concernant la relation avec les fournisseurs et les clients, le moins que l'on puisse dire c'est que les outils du management sont singés, utilisés, mais ne sont pas adaptés : il suffit de regarder les grands projets étatiques visant à imiter le secteur privé, comme la création de Pole Emploi, du portail servicepublic.fr

- etc.

On peut reprendre toutes les dimensions du management, on ne peut s'empêcher de noter les différences de nature entre les entités privées et les entités publiques. Ce qui fait du management de ces deux types d'entités deux choses totalement différentes.

Le manager, par exemple, se dit : "tiens, l'an dernier on a fait 1 milliard de bénéfices qu'on peut réinvestir, je compte proposer de développer le marché X, le produit Y, d'aller s'installer dans le pays Z, etc". Ou alors il se dit "mince, je fabrique des XXX, le fabricant du YYY va s'installer sur mon marché, que faire pour rester compétitif?".

Le manager public ne se dit pas du tout cela, ce genre de questionnements lui est totalement étranger, et il en a d'autres absolument différents.

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L'émission est dispo en streaming sur le même lien. En tout cas le déboulonnage de la statue de Bourdieu et ses épigones conspirationnistes fait plaisir.

Ça fait quelques temps que je me dis qu'il y a une espèce de "révolution" dans la pensée +/- marxiste, disons de gauche, de manière générale. Ça fait quelques fois que j'entends des trucs à l'EHESS, ici à Marseille mais également à Paris ou j'ai assisté a quelques conférences/colloques, ou des M2/doctorants ainsi que certains profs (mais les jeunes seulement) répètent souvent que l'analyse macro marxiste ou bourdieusienne ne fonctionne pas et qu'il faut voir chaque trajectoire individuelle. C'est amusant de les sentir le cul entre deux chaises. J'en ai un ou deux en tête, qui bosse sur les milieux ouvriers, ou d'immigration, et clairement, le discours, si il est teinté de dominant versus dominés, et ce genre de truc, ils reviennent sans cesse pour dire que chacun à une trajectoire différente, personelle, que parler "des ouvriers" Ça colle pas, chacun a des attentes et des raisons de grogner spécifiques, si on gratte un peu, que chaque immigré à son histoire, …

Doucement, dans les discutions, je place des références sur Aron ou Boudon, j'ai des retours mi-chaud/mi-froid, mais je ne serais pas surpris de voir dans les années à venir une évolution dans ce sens de la sociologie en France.

Peut-être je m'avance…

sinon, merci pour le lien, je l'écouterai plus tard

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A part d'un point de vue anarcap, je ne vois pas en quoi cette démarche est critiquable.

Ouala, je crois que tu mets le doigt dessus. La question qui se pose est de savoir si rationalisation il y a, ou tout simplement redescription des tâches de l'état interventionniste dans un langage plus up to date. Je prends un exemple un peu parlant, à savoir la position d'un james Buchanan, libéral et tout et tout (en plus, c'est une de mes références favorites) qui dit noir sur blanc qu'il n'est pas du tout pour l'état minimum, mais un état à compétence directorial chargé de rendre possible un marché libre. Ce n'est pas une distinction purement verbale, mais ça ouvre le débat sur la place à donner à l'Etat, y compris pour les libéraux, qui ne seront pas unanimes sur le sujet.

Chitah, stop chitahing.

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On peut reprendre toutes les dimensions du management, on ne peut s'empêcher de noter les différences de nature entre les entités privées et les entités publiques. Ce qui fait du management de ces deux types d'entités deux choses totalement différentes.

Bien évidemment. Le but est d'adapter ces techniques, pas de les reproduire aveuglément. Les objectifs sont différents, les méthodes pour faire en sorte que les objectifs soient remplis ne le sont pas nécessairement.

Le public avait, et a toujours, beaucoup à apprendre du privé. Quelques exemples de ce qu'entraîne ce genre de démarche : l'avancement au mérite, l'externalisation de certaines tâches, un meilleur contrôle des budgets, etc.Tu ne penses pas que cela va dans la bonne direction ?

Nous passons notre temps à vanter les mérites du privé par rapport au public. Ce n'est pas cohérent de critiquer le fait que le public regarde du côté du privé pour s'améliorer.

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Le problème, c'est que l'évaluation de l'efficacité de l'outil de l'administration d'une entreprise privée se fait en situation de concurrence (cf Coase sur la firme) : quels sont les indicateurs d'efficacité d'une administration en situation de monopole ? Ça devient vite beaucoup plus flou.

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Je ne dis qu'une chose, qui n'a RIEN à voir avec l'anarcapie, et qui est illustrée par le paragraphe ci-dessus :

Avant l'émergence de l'école des choix publics, la plupart des économistes représentaient l'état comme un être idéalisé, que la théorie économique ne pourrait pas décrire, parce que ses choix ne dépendraient pas des mêmes raisons d'agir que les agents économiques (une exception notable étant Vilfredo Pareto).

Partant du principe que les hommes politiques et les fonctionnaires sont motivés par la même recherche de l'intérêt personnel qui fonde l'analyse néoclassique, la théorie des choix publics suppose qu'ils cherchent alors à maximiser leur utilité personnelle (utilité qui peut contenir des composantes plus complexe que simplement leur revenu : l'intérêt collectif, l'altruisme, la recherche du pouvoir, etc.). Elle utilise ensuite les outils de l'analyse néo-classique pour expliquer le processus de prise de décision politique, afin d'exposer les dérives systématiques en faveur de politiques gaspilleuses.

Par contraste avec la théorie économique classique, qui cherche à savoir quelles politiques seraient les plus efficaces si elles étaient mises en place, la théorie des choix publics traite la question de savoir quelles décisions ont le plus de chances d'être prises étant donné le contexte politique. à partir de là, et dans un second temps, elle traite la question de comment faire en sorte que les politiques les plus efficaces gagnent les meilleures chances d'être mises en œuvre (comment bien choisir les politiciens et les fonctionnaires, quel système de sanction et récompenses prévoir, etc.).

Avoir cette démarche est quelque chose de totalement différent d'avoir la démarche d'apprendre à jouer du banjo. Et c'est totalement différent de la démarche managériale. Ce n'est pas grave, c'est autre chose c'est tout.

En fait, je crois que le discours managérial (qui existe bel et bien) est simplement une légitimation récente de l'action politique, excellement incarnée par des gens comme Jean-François Copé (aucune idéologie, de l'action et du pragmatisme dit-il), ou des ingénieurs sociaux auto-proclamés comme Jacques Delors.

Excellent exemple d'ailleurs : Jacques Delors, ingénieur social en France, passé à l'échelon européen. On pourrait se dire qu'il s'agit d'une sorte de top manager salarié d'un groupe européen, qui a débuté sa carrière dans la filiale française, avant d'aller à la corp européenne. Un tel profil, avec ses compétences et son savoir-faire, n'a absolument aucune place dans une entreprise privée (mis à part à cause de son carnet d'adresse intéressant). Les techniques qu'il a employé pour arriver à ses fins et mettre en place ses projets et sa vision ne relèvent pas du même genre de pratiques que ce que l'on appelle le management.

Après, je ne vais pas me battre sur le mot, je veux juste dire qu'il existe des différences énormes entre "management" public et management. Par exemple, un manager dans une entreprise a, dans un petit coin de sa tête, l'idée que son entreprise peut très rapidement disparaître, et qu'il doit être aux aguets pour l'éviter. Un manager public n'a bien entendu pas du tout ce genre de préoccupations, et ça change absolument tout.

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Bien évidemment. Le but est d'adapter ces techniques, pas de les reproduire aveuglément. Les objectifs sont différents, les méthodes pour faire en sorte que les objectifs soient remplis ne le sont pas nécessairement.

Le public avait, et a toujours, beaucoup à apprendre du privé. Quelques exemples de ce qu'entraîne ce genre de démarche : l'avancement au mérite, l'externalisation de certaines tâches, un meilleur contrôle des budgets, etc.Tu ne penses pas que cela va dans la bonne direction ?

Oui, le vouloir est très intéressant. Je peux te donner quelques exemples si tu veux, mais à chaque fois il y a des raisons qui font qu'avec le public ça ne marche pas.

Nous passons notre temps à vanter les mérites du privé par rapport au public. Ce n'est pas cohérent de critiquer le fait que le public regarde du côté du privé pour s'améliorer.

C'est vrai. Moi par exemple j'aime beaucoup le jeu du Réal de Madrid. Très bon, très efficace. J'ai voulu convaincre un ami à moi que son équipe favorite, une équipe de ping pong, devrait s'inspirer du club espagnol pour améliorer son jeu, mais je n'y suis pas arrivé. Il persiste à me dire que bien que les deux disciplines soient toutes les deux du sport, il existe une frontière étanche entre celles-ci.

on est d'accord alors. Dans mes bras !

Mazeltov!

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A part d'un point de vue anarcap, je ne vois pas en quoi cette démarche est critiquable. Si on part du principe qu'il faut un peu d'état, autant rationaliser la manière dont il agit.

Et vouloir une rationalisation de l'administration n'est pas pas antithétique avec le fait de vouloir une réduction de la zone d'action de l'administration, ce sont deux débats connexes mais somme toute assez différents.

J'en conviens, d'ailleurs j'écartais explicitement de mon post la notion d'efficacité parce que je ne suis pas compétent pour en juger. Je ne faisais qu'illustrer le fait que cette démarche existe bien et qu'elle a un certain succès au moins intellectuel.

Je trouve aussi intéressant, comme je le signalais, de constater qu'elle est tout à fait cohérente avec une certaine vision de l'économie (elle aussi qualifiée de néo libérale) qui voit l'état interventionniste comme garant de la "concurrence pure et parfaite" et ce qui s'ensuit. Il faudrait voir dans quelle mesure les critiques en matière de politique économique (qui sont bien établies) sont généralisables au paradigme néo libéral dans son ensemble.

Sachant que ce sont à peu près, pour moi, nos seuls adversaires idéologiques un peu sérieux, ça m'arrangerait qu'elles le soient.

Le débat n'est pas du point de vue anarcap/pas anarcap, pas du tout.

En effet.

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Oui, le vouloir est très intéressant. Je peux te donner quelques exemples si tu veux, mais à chaque fois il y a des raisons qui font qu'avec le public ça ne marche pas.

Moi je peux te donner l'exemple du Canada, de la Nouvelle-Zélande et de la Suède où l'on peut dire que ce genre de rationalisations ont porté leurs fruits.

C'est vrai. Moi par exemple j'aime beaucoup le jeu du Réal de Madrid. Très bon, très efficace. J'ai voulu convaincre un ami à moi que son équipe favorite, une équipe de ping pong, devrait s'inspirer du club espagnol pour améliorer son jeu, mais je n'y suis pas arrivé. Il persiste à me dire que bien que les deux disciplines soient toutes les deux du sport, il existe une frontière étanche entre celles-ci.

D'un point de vue logique dire : "le privé sera toujours plus efficace que le public pour des raisons liées à la nature de l'Etat" n'implique pas, mais pas du tout, que : "l'Etat ne peut pas s'améliorer".

Si le privé est mieux que l'administration cela est dû, entre autres choses, au fait que les contraintes pour l'amélioration des techniques managériales sont plus fortes dans un milieu concurrentiel. Une fois qu'on a dit cela on a expliqué pourquoi le management privé est plus performant que le management public. Mais on n'explique pas du tout pourquoi la qualité du management public est condamnée a stagné ad vitam aeternam sans aucun espoir d'amélioration.

Le problème, c'est que l'évaluation de l'efficacité de l'outil de l'administration d'une entreprise privée se fait en situation de concurrence (cf Coase sur la firme) : quels sont les indicateurs d'efficacité d'une administration en situation de monopole ? ça devient vite beaucoup plus flou.

En réalité, il faudrait parler d'efficience. La différence entre efficience et efficacité étant que l'efficacité prend seulement en compte le résultat obtenu par rapport à l'objectif, alors que l'efficience prend également en compte les moyens qui ont été utilisés.

L'Etat est potentiellement efficace, mais il est structurellement inefficient (e.g. le programme Appolo a été très efficace, mais avec une efficience désastreuse)

D'après ce que je me souviens, une grosse part de la rationalisation des administrations consiste justement à mettre au point les indicateurs idoines (de qualité/satisfaction des usagers notamment). Mais cela consiste aussi en un meilleur contrôle des budgets (qui deviennent affectés à des objectifs précis et spécifiques) ce qui entraîne un moindre gaspillage des ressources, et donc une meilleure efficience.

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D'un point de vue logique, la phrase "L'Etat ne peut pas s'améliorer" est vide de sens, sauf à être rapportée à une proposition qui indiquerait ce que signifie l'amélioration des prestations proposées pour l'Etat (et sa situation particulière sur le marché). Pour une entreprise, l'indicateur, c'est la satisfaction du client qui en achetant un produit plutôt qu'un autre vient sanctionner ou approuver le modèle économique de l'agence.

Pour un état, le problème, c'est que ses clients n'ont pas le choix, et que ceux qui fabriquent ses indicateurs sont également les bénéficiaires de ses prestations, quelque soient les résultats espérés du point de vue de l'Etat. Donc là encore, problème.

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D'un point de vue logique, la phrase "L'Etat ne peut pas s'améliorer" est vide de sens, sauf à être rapportée à une proposition qui indiquerait ce que signifie l'amélioration des prestations proposées pour l'Etat (et sa situation particulière sur le marché). Pour une entreprise, l'indicateur, c'est la satisfaction du client qui en achetant un produit plutôt qu'un autre vient sanctionner ou approuver le modèle économique de l'agence.

Pour un état, le problème, c'est que ses clients n'ont pas le choix, et que ceux qui fabriquent ses indicateurs sont également les bénéficiaires de ses prestations, quelque soient les résultats espérés du point de vue de l'Etat. Donc là encore, problème.

+1

Il est très difficile de mesurer l'efficacité de l'Etat.

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Free Jazz et F.mas, je pense que vous ne parlez pas du tout de la même chose quand vous dîtes "état managérial"

Je pense exactement le contraire, c'est abandonner la critique de la construction utilitariste du marché par la technocratie bruxelloise qui fait le jeu des anti-libéraux. On ne peut pas à la fois se plaindre que le libéralisme serve de bouc-émissaire de la crise et faire l'impasse sur une analyse critique sérieuse de l'ordolibéralisme, dans sa forme monétariste de pilotage de la monnaie, ou dans sa forme bureaucratique européenne.

http://fr.wikipedia….ib%C3%A9ralisme

Selon la théorie ordolibérale, l'état a pour responsabilité de créer un cadre légal et institutionnel à l'économie, et de maintenir un niveau sain de concurrence « libre et non faussée » via des mesures en accord avec les lois du marché. L'état a donc un rôle d'« ordonnateur ».

Si j'ai bien compris, ce que tu appelles Etat managérial, c'est lorsque l'Etat règlemente l'économie. Amha, il vaut mieux dans ce cas utiliser le vocabulaire de Hayek pour désigner ça, car, grosso modo, c'est l'Etat planificateur, l'Etat constructiviste. Bref, c'est quand l'Etat fait des choix de politique économique. On est dans la politique là, pas dans la gestion, ni dans le management.

Ce dont parle F.mas est différent, c'est l'Etat qui tente d'optimiser son fonctionnement interne en vue de réaliser les choix politiques. Là, oui, on est bien dans la gestion. Et je serai bien sûr d'accord pour dire que l'Etat tente actuellement d'introduire de la gestion dans sa façon de fonctionner (de façon maladroite, inadaptée… foireuse disons-le clairement, mais c'est une autre question). Mais je ne vois vraiment pas en quoi cela serait le trait du néolibéralisme ?? On peut très bien chercher à optimiser la gestion de l'Etat en vue de satisfaire des objectifs socialistes ! (ce qui correspond d'ailleurs plutôt à ce qui est fait en France, en fait).

Du coup je ne vois pas pourquoi parler d'Etat managérial (l'organisation) pour désigner l'Etat néolibéral (l'orientation).

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