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La bureaucratie, de Mises


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Hier j'ai commencé à lire La Bureaucratie de Ludwig von Mises. Le but de cet illustre penseur est de décrire le fonctionnement de la bureaucratie, les dangers qu'elle représente si elle étend ses missions de plus en plus, et ce qui la différencie du fonctionnement des entreprises privées.

Pour cela, il commence par un premier chapitre consacré au système du profit dans le système capitaliste, le profit étant le seul mobile. Dans la bureaucratie, le profit n'est pas le but car le fonctionnement de la bureaucratie ne peut être évalué en termes monétaires.

J'en suis encore au chapitre 2 pour l'instant, mais c'est très intéressant et écrit dans un style assez clair et sobre. Cela m'aide aussi de lire ce livre, en ce que depuis quelques temps on entend toujours un homme politique de premier plan se faire le champion des PME et accabler les grands groupes et multinationales de tous les maux; et en lisant ce livre on se rend compte que cette critique à l'égard des grands groupes qui tuent la petite entreprise existait déjà aux Etats-Unis dans les années 1940 (La Bureaucratie a été édité en 1944).

Ce livre permet de commencer à comprendre pourquoi le régime soviétique s'est effondré : comme toutes les entreprises appartenaient à l'Etat, tous les salariés étaient des fonctionnaires. Or, comme on ne peut pas évaluer en monnaie ce que fait l'administration, cela veut dire que les Soviétiques tâtonnaient dans le noir complet.

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Ce livre permet de commencer à comprendre pourquoi le régime soviétique s'est effondré : comme toutes les entreprises appartenaient à l'Etat, tous les salariés étaient des fonctionnaires. Or, comme on ne peut pas évaluer en monnaie ce que fait l'administration, cela veut dire que les Soviétiques tâtonnaient dans le noir complet.

Tiens, c'est un peu HS mais ça me fait penser au fait que la production des fonctionnaires soient évaluées par leur salaire en Comptabilité nationale. Certes c'est une solution pour monétiser les "services publics" difficilement chiffrables car étant dans l'ordre actuelle des choses "collectifs", mais n'est-ce pas là encore une forme d'aveuglement ?

En effet, comment mesurer leur productivité ou leur efficacité de manière optimale si aucun élément de mesure fiable n'est à notre disposition ?

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Tiens, c'est un peu HS mais ça me fait penser au fait que la production des fonctionnaires soient évaluées par leur salaire en Comptabilité nationale. Certes c'est une solution pour monétiser les "services publics" difficilement chiffrables car étant dans l'ordre actuelle des choses "collectifs", mais n'est-ce pas là encore une forme d'aveuglement ?

En effet, comment mesurer leur productivité ou leur efficacité de manière optimale si aucun élément de mesure fiable n'est à notre disposition ?

Justement on ne peut pas mesurer leur productivité. Par contre on peut chiffrer les dépenses, puisque les fonctionnaires perçoivent un salaires, utilisent des fournitures qui sont achetées moyennant un prix, etc. D'ailleurs Mises dit que l'administration ne sait que dépenser. Donc vouloir mesurer sa productivité est exclu.

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Je dirais que le but d'une bureaucratie c'est d'étendre son pouvoir, et d'une entreprise d'améliorer ses profits. Mais in fine, les salariés dans le public, tout comme dans le privé sont mués par leur profit personnel, la différence c'est qu'il existe une limite à cela dans le privé: la rémunération des actionnaires, la seule limite dans le public c'est l'alternance politique, et encore.

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Je n'ai pas lu le livre de Mises, mais tout ce qui touche à la bureaucratie et au management m'intéresse (du point de vue de la théorie critique). Pour l'instant, j'ai été très marqué par les écrits des Lefort et Castoriadis dans le domaine (un peu moins par Crozier, parce qu'il est plus sociologue que philosophe), et par ceux de Burnham sur la révolution managériale. Le livre de Mises n'est-il pas trop daté ?

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Ah, pourtant Crozier, il est bien, au moins il ne te sert pas la soupe marxiste toutes les pages. Lui et Boudon en fin de carrière, je ne sais vraiment pas qui va reprendre le flambant de la sociologie libérale en France…

edit : heu, flambeau, pas flambant :)

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Ah, pourtant Crozier, il est bien, au moins il ne te sert pas la soupe marxiste toutes les pages. Lui et Boudon en fin de carrière, je ne sais vraiment pas qui va reprendre le flambant de la sociologie libérale en France…

Je suis d'accord, c'est juste que l'aspect micro-socio m'emmerde un peu et date pas mal : étudier une administration publique dans les années 50 pour tenter de comprendre le fonctionnement général de la bureaucratie me fait l'effet d'un type qui a tellement le nez dans le guidon qu'il finit par prendre l'accessoire pour l'essentiel, ou du moins de prendre un cas particulier pour un idéaltype général qui n'a plus beaucoup d'efficace aujourd'hui. Aujourd'hui, le discours managérial a pris le relais du discours bureaucratique / hiérarchique / topdown, et cela depuis les années 80. Les critiques que Crozier formulent à l'endroit de l'administration publique m'ont aussi laissé sur ma faim parce dans mon souvenir (je n'ai pas le bouquin sous les yeux), il suggérait ce glissement, qui pour moi est un peu de la poudre aux yeux pour acheter une légitimité nouvelle à l'Etat tentaculaire.

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Hier j'ai commencé à lire La Bureaucratie de Ludwig von Mises. Le but de cet illustre penseur est de décrire le fonctionnement de la bureaucratie, les dangers qu'elle représente si elle étend ses missions de plus en plus, et ce qui la différencie du fonctionnement des entreprises privées.

Pour cela, il commence par un premier chapitre consacré au système du profit dans le système capitaliste, le profit étant le seul mobile. Dans la bureaucratie, le profit n'est pas le but car le fonctionnement de la bureaucratie ne peut être évalué en termes monétaires.

Je n'ai pas lu cet ouvrage de Mises, mais je suis très sceptique avec ce premier résumé que tu en fait.

1. Il y a de nombreuses entreprises qui sont organisées de façon bureaucratique et qui sont très rentables ainsi.

2. Le fonctionnement d'une bureaucratie peut être évalué en termes monétaires : en contrôle de gestion, on appelle ça un "centre de coûts" et il existe toute une batterie d'outils adaptés.

Justement on ne peut pas mesurer leur productivité.

Bien sûr que si. D'ailleurs, les mesures de productivité les plus fiables sont celles effectuées hors "effet prix", en volume.

Ce qu'on ne peut pas mesurer c'est la rentabilité.

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Je suis d'accord, c'est juste que l'aspect micro-socio m'emmerde un peu et date pas mal : étudier une administration publique dans les années 50 pour tenter de comprendre le fonctionnement général de la bureaucratie me fait l'effet d'un type qui a tellement le nez dans le guidon qu'il finit par prendre l'accessoire pour l'essentiel, ou du moins de prendre un cas particulier pour un idéaltype général qui n'a plus beaucoup d'efficace aujourd'hui. Aujourd'hui, le discours managérial a pris le relais du discours bureaucratique / hiérarchique / topdown, et cela depuis les années 80. Les critiques que Crozier formulent à l'endroit de l'administration publique m'ont aussi laissé sur ma faim parce dans mon souvenir (je n'ai pas le bouquin sous les yeux), il suggérait ce glissement, qui pour moi est un peu de la poudre aux yeux pour acheter une légitimité nouvelle à l'Etat tentaculaire.

Le "discours managérial", ça n'existe pas. Un peu comme "néolibéralisme", ça peut désigner tout et son contraire, ça ne recouvre aucune réalité clairement définie.

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Le "discours managérial", ça n'existe pas. Un peu comme "néolibéralisme", ça peut désigner tout et son contraire, ça ne recouvre aucune réalité clairement définie.

new public management. Lis un peu la LOLF pour rigoler.

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Ah, le new public management.

ça ne fonctionne pas parce qu'il y a un décalage (voire une contradiction) entre la "philosophie" du truc (le discours) et la façon dont c'est compris et mis en oeuvre sur le terrain (les pratiques).

A mon humble avis, ce n'est pas si débile le NPM. Ce qui pose souci, ce ne sont pas les idées en elles-mêmes, portées par le NPM, mais la gestion du changement, c'est-à-dire le passage de la gestion bureaucratique au NPM. On a une organisation qui se veut décentralisée mais qui est imposée top-down. On se retrouve donc devant de belles injonctions paradoxales.

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(1) ça ne fonctionne pas parce qu'il y a un décalage (voire une contradiction) entre la "philosophie" du truc (le discours) et la façon dont c'est compris et mis en oeuvre sur le terrain (les pratiques).

(2) A mon humble avis, ce n'est pas si débile le NPM. Ce qui pose souci, ce ne sont pas les idées en elles-mêmes, portées par le NPM, mais la gestion du changement, c'est-à-dire le passage de la gestion bureaucratique au NPM. On a une organisation qui se veut décentralisée mais qui est imposée top-down. On se retrouve donc devant de belles injonctions paradoxales.

(1) On est d'accord, c'est d'ailleurs pour ça que je parle de discours (qui ne renvoie pas forcément à une pratique qui lui correspondrait)

(2) C'est bien le coeur du problème : par essence, une administration publique, c'est une organisation hiérarchique, avec ses échelons, ses chefs de bureau et ses sous chefs de bureau, sa structure VERTICALE et ses prestations en situation de monopole : la vraie décentralisation est impossible, et pour une bonne raison, la géométrie des entreprises (et donc les évolutions de son orga managériale) varie en fonction de la concurrence, qui l'oblige à réduire ou augmenter sa voilure en fonction des attentes de ses clients là ou celle de l'Etat, qui est en situation de monopole n'a qu'une incitation : changer de discours pour paraître utile à ses usagers sans pour autant devenir plus performante. Je te parlais de la Lolf, qui de ce point de vue est à mourir de rire -enfin, rigoler avec une loi organisant les finances publiques, c'est toujours un peu coton- rien n'a changé sur le fond, la répartition des compétences et des crédits, on a juste l'impression que le toilettage est d'abord sémantique. Enfin, c'est un exemple parmi tant d'autres, et je suis assez d'accord sur le constat de l'injonction paradoxale permanente, qui créé parfois des situations délirantes (je pense à des cas que j'ai pu constater IRL dans l'éducation nationale).

I

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Je n'ai pas lu cet ouvrage de Mises, mais je suis très sceptique avec ce premier résumé que tu en fait.

1. Il y a de nombreuses entreprises qui sont organisées de façon bureaucratique et qui sont très rentables ainsi.

2. Le fonctionnement d'une bureaucratie peut être évalué en termes monétaires : en contrôle de gestion, on appelle ça un "centre de coûts" et il existe toute une batterie d'outils adaptés.

1. Je vais justement dans peu de temps lire les développements consacrés à la bureaucratisation des entreprises privées. Donc pour l'instant je n'affirme rien.

2. Tu peux évaluer en termes monétaires les dépenses réalisées par une bureaucratie, mais pas ce que cela rapporte. Les dépenses sont les crédits alloués. Mais comment évaluer en termes monétaires la rentabilité (quelle différence pour toi avec la production ?) du travail d'un policier, d'un enseignant ou d'un magistrat ?

3. Je précise que quand je parle de bureaucratie sans autre précision, je parle de l'administration.

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Si je me souviens bien, Mises explique que le but recherché par les agents d'une administration n'est pas le profit (donc l'augmentation d'utilité sociale) mais le respect des règles pour la plupart d'entre eux, et la gestion des règles pour les plus haut placés.

D'où législorrhée, zèle imbécile, règne du conformisme, promotion à l'autisme, kafkaïsme etc.

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J'ai fini de lire le livre. Il est génial, et en plus écrit dans un langage accessible à tout le monde. En plus la capacité d'analyse de l'auteur est très fine. Ludwig von Mises était un génie !

Ce qu'il faut surtout retenir de ce livre, c'est que plus l'économie est aux mains des bureaucrates, plus la société devient rigide. En économie libre, tout entrepreneur qui veut faire des bénéfices doit plaire aux consommateurs, qui sont versatiles. Dans une bureaucratie un des principaux critères d'avancement est l'ancienneté. Donc ceux qui veulent entrer dans l'administration doivent plaire aux anciens, ce qui conduit à adopter une attitude finalement servile vis-à-vis des détenteurs de l'autorité. Une bureaucratie est fondamentalement conservatrice. Donc dans une société dont la plus grande partie de l'économie sinont toute est aux mains des bureaucrates, on aboutit à un phénomène de stagnation, de sclérose. Et finalement la société se ferme, et la mobilité sociale devient très difficile.

On peut mettre ça en parallèle avec ce qui se passait en Union soviétique. Il était très difficile d'accéder à la Nomenklatura, la difficulté augmentant à mesure que le régime s'inscrivait dans la durée. Il y avait finalement deux castes : la Nomenklatura et les autres. En plus la société soviétique était très conservatrice (par exemple on ne pouvait pas divorcer facilement).

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