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L'abstentionnisme vue par un anarchiste


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Bonjour,

je vous invite à lire ce texte d'une actualité évidente et d'exposer votre critique à son égard. Par ailleurs, ce texte me permet également de me demander quelle est votre conception de l’abstentionnisme, si toutefois il s'agit et s'agira de votre décision prochaine :

Qu’est-ce que l’abstentionnisme politique ?

le avril 15, 2012 par Résistance 71

ABSTENTIONNISME n. m.

« Doctrine qui préconise l’abstention en matière électorale », dit le Larousse. Fanfani le définit plus précisément : « Ne pas vouloir exercer les droits politiques ni participer aux affaires publiques ». Ces définitions toutefois ne disent rien par elles-mêmes sur la raison, la signification et la portée de l’abstention. Une note du même Larousse va nous permettre de les établir contradictoirement. Elle est ainsi conçue : « L’abstention politique qui a pour cause la négligence ou l’indifférence prouve un oubli égoïste et blâmable des devoirs du citoyen. Quelquefois, elle est pratiquée systématiquement comme un mode de protestation, soit contre le gouvernement établi, soit contre un mode de suffrage qui n’offre pas de garanties suffisantes. »

Eh bien! ce n’est pas par négligence ou indifférence, ni par protestation contre tel ou tel gouvernement ou un mode particulier de suffrage que nous sommes abstentionnistes, mais bien par une question de principe.

Nous n’admettons pas un soi-disant droit de majorité. Remarquons en passant qu’il est mathématiquement prouvé qu’aucun parlement ou gouvernement n’a jamais représenté jusqu’à présent la majorité réelle d’un peuple, mais cela dût-il se produire, que nous contesterions toujours à ce parlement ou gouvernement le droit de soumettre à sa loi la minorité. Sans aller jusqu’à prétendre que les majorités ont toujours tort ; il nous suffit d’établir que les minorités ont souvent raison ou même simplement qu’elles peuvent aussi avoir raison, pour rejeter tout droit de majorité.

A moins du cas particulier de ne pouvoir choisir qu’entre deux décisions et d’impossibilité matérielle d’appliquer librement les deux à la fois, la minorité garde pour nous une égale liberté d’action que la majorité. Le droit de la minorité ne sera naturellement inférieur à celui de la majorité que dans la mesure où ses forces de réalisation le seraient aussi.

Ajoutons que nous revendiquons non seulement un droit du groupe minoritaire identique à celui du groupe majoritaire, mais aussi un droit individuel limité uniquement par le peu de moyens qu’un individu représente à lui seul.

Il y a à cela une raison fondamentale. Toute invention, découverte ou vérité nouvelle, dans tous les domaines de la vie, n’est jamais due qu’à des individus isolés ou à la coopération étroite de petits groupements, bien que ces individus et groupements aient profité en somme, entre temps, de l’ensemble des connaissances humaines, sans lesquelles le nouveau pas en avant deviendrait inconcevable. Or, rien n’est évidemment plus nuisible à un progrès, rien ne saurait le retarder davantage que d’en faire dépendre l’application de la conquête préalable de la majorité. La plus large liberté d’expérimentation, l’autonomie nullement entravée pour les plus différents essais, tentatives ou applications, voilà les conditions indispensables à toute nouvelle réalisation audacieuse et féconde, conditions en opposition formelle avec tout soi-disant droit de majorité. D’ailleurs, si les novateurs se trouvent être dans l’erreur, rien ne saurait mieux le prouver que l’expérience, après laquelle ils pourront soit abandonner leur tentative, soit la modifier.

L’adage que les absents ont toujours tort ne saurait s’appliquer à l’abstentionnisme anarchiste ; disons plus, c’est aux électeurs qu’il doit s’appliquer et non aux élus. Nous formulons ainsi non un paradoxe, mais au contraire une vérité assez facile à démontrer. En effet, l’absence la plus à regretter est-ce celle des quelques minutes nécessaires pour voter, ou celle de tous les jours de l’année? Car le fait de voter implique en somme le renoncement à s’occuper directement de la chose publique pour une période déterminée, au cours de laquelle l’élu reste chargé de s’en occuper au lieu et place des électeurs, ceux-ci devenant ainsi les absents toujours dans leur tort. Et les faits ne démontrent que trop qu’ils le sont réellement.

Evidemment, l’abstentionniste qui ne l’est que par négligence ou indifférence, se trouve dans le même cas ; mais il en est tout autrement de l’anarchiste. Il refuse, lui, de s’absenter partout où son sort se discute et se trouve en jeu, il veut s’y trouver présent pour peser de toutes ses forces sur la décision à intervenir.

L’abstentionnisme n’est donc logiquement anarchique que s’il signifie, d’une part, négation de toute autorité légiférante ; d’autre part, revendication – et application dans la mesure où cela est déjà possible – du principe de faire ses affaires soi-même.

Les « devoirs du citoyen » – si devoirs il y a – ne sauraient être ramenés à l’obligation de déposer un bulletin dans l’urne ; ils ne peuvent que trouver leur application à tout instant où le besoin s’en fait sentir, tandis que le vote ne signifie en somme que déléguer autrui pour faire son devoir propre, ce qui est évidemment un non-sens.

Que l’on envisage la participation à la chose publique comme un droit ou un devoir, elle ne saurait donner lieu à une délégation, à moins de nier pratiquement ce qui vient d’être affirmé théoriquement.

Voyons. Un homme peut-il s’instruire, s’améliorer, se fortifier par délégation? Non, et cela présuppose avant tout une activité personnelle de chacun, qui peut être, nous l’admettons, plus ou moins favorisée par d’autres, mais toujours dans le sens de l’adage : « aide­ toi, le ciel t’aidera. » « La superstition – a dit fort bien Gabriel Séailles – consiste à demander à une puissance étrangère ou à attendre d’elle ce qu’on ne se sent pas le courage ou la force de faire soi-même. » N’est-ce pas précisément cela que continuent à faire les foules électorales à la suite des malins de la politique?

Peut-on imaginer une plus mauvaise éducation que celle consistant à se décharger sur quelques rares individus du soin de traiter précisément les questions où l’intérêt de tous est en jeu, et dont la solution pourra avoir les conséquences les plus considérables pour l’humanité?

Nous nous abstenons ici d’insister sur les turpitudes de la politique et des politiciens, sur l’écœurant spectacle toujours offert par le parlementarisme. Il n’y aurait, par impossible, parmi les élus que des hommes probes, que nous n’en cesserions pas moins d’être les adversaires d”un système qui maintient dans un état de tutelle, de minorité, d’infériorité, la plus grande partie des citoyens.

Se refuser à être électeur ne signifie ainsi dans notre pensée, répétons-le, que revendiquer son droit à exercer dans toutes les affaires publiques une intervention directe, constante et décisive. Nous ne saurions abandonner cela à quelques individus.

Notre abstentionnisme n’est donc pas un oreiller de paresse, mais présuppose toute une action de résistance, de défense, de révolte et de réalisation au jour le jour.

Les socialistes parlementaires n’en ont pas moins prétendu que nous faisions ainsi le jeu de la bourgeoisie. Examinons les faits de près.

Tout le monde se trouve d’accord pour voir dans le parlementarisme une institution bien bourgeoise. Participer à cette institution c’est donc contribuer à son fonctionnement, à son jeu. Est-il possible de changer ce jeu de bourgeois en socialiste? Les faits sans exception répondent pour nous : Non!

La raison en est bien simple.

Ou la majorité restera bourgeoise et il est incontestable qu’elle imposera son jeu bourgeois à la minorité socialiste. Dans ce cas, toutes les parties sont perdues d’avance, et s’obstiner quand même à jouer avec les bourgeois est incompréhensible, à moins d’admettre que les joueurs socialistes, en perdant tout pour le peuple, peuvent néanmoins gagner quelque chose pour eux­mêmes.

Ou la majorité deviendra socialiste. En ce cas, il est évident que le jeu parlementaire, dont l’origine, le développement et le but sont strictement bourgeois, devra être remplacé par des institutions nouvelles, grâce auxquelles la masse travailleuse ne soit plus jouée.

Pratiquement, l’histoire de toutes les votations et élections, en Suisse surtout, où le système est le plus développé et perfectionné, nous apprend que la bourgeoisie arrive toujours à ses fins, en dépit de toutes les « consultations populaires ». D’ailleurs, les moyens ne lui manquent point pour faire illégalement ce qui ne lui est pas accordé légalement. La façon dont la journée légale de huit heures est appliquée devrait pourtant avoir appris quelque chose à nos votards. Et il en est ainsi, d’ailleurs, de toutes les soi-disant lois de protection ouvrière.

Et c’est précisément parce que le suffrage universel est le jeu bourgeois par excellence, même en dehors de toutes les tricheries auxquelles il se prête si bien, que nous sommes abstentionnistes.

Aux jours d’élections ou votations, le croupier bourgeois crie : Faites vos jeux! Les naïfs qui vont voter verront ramasser leurs bulletins de vote, après quoi ils s’entendront dire : Rien de va plus! Et ce jeu du pouvoir, où le croupier gagne toujours comme à tous les jeux, peut durer éternellement. Les joueurs peuvent bien s’illusionner en réalisant quelques petits gains de temps à autre, mais ils se les verront reprendre avec usure.

S’il y a un point sur lequel nous sommes absolument sûrs d’être dans le vrai, c’est en conseillant au monde ouvrier de s’abstenir de faire le jeu électoral bourgeois.

Ce principe s’applique pour nous non seulement aux élections des Chambres législatives, mais aussi des Conseils de canton, province ou département et des Conseils communaux, de même qu’aux élections des pouvoirs exécutif et judiciaire, là où elles ont lieu comme en Suisse. Nous l’appliquons en outre à toutes les votations découlant des droits de referendum et d’initiative et de l’introduction de la législation dite dlrecte. (Voir ces mots).

Dans l’impossibilité de contester le bien-fondé de nos objections, les partisans du vote finissent par s’écrier :

- Votre critique stérile ne rime à rien. Dites-nous donc une bonne fois ce qu’il faut faire.

Remarquons d’abord ce fait. Que nous puissions ou non dire ce qu’il faut faire, cela ne change rien à notre constatation qu’avec le bulletin de vote le résultat est nul. Or, si telle est la vérité incontestable, ce n’est pas à nous seulement que doit se poser la question : Que faire? – mais chacun doit se la poser individuellement.

L’abstentionnisme anarchiste n’obtiendrait que ce résultat de poser impérieusement et universellement cette question : Que faire ? – que sa valeur apparaî­ trait déjà très grande.

Avec le système électoral, la grande masse des électeurs s’en rapporte uniquement pour cela à quelques élus. Il en résulte que celui qui vote le fait surtout avec l’idée plus ou moins consciente de s’abstenir ensuite de s’occuper de la chose publique. Il s’en décharge sur son élu. Le vote plus qu’une participation à la vie publique, ne représente qu’un renoncement à s’y mêler. Chaque électeur pense qu’il vaut mieux qu’un autre le fasse pour lui.

Mais la chose publique est si immense, complexe et ardue qu’il n’est pas de trop de la participation directe de toutes les intelligences, capacités et forces pour bien la servir. Or, ou cela se fait en dehors du Parlement et l’utilité de ce dernier apparaît douteuse, ou le Parlement n’intervient que pour ordonner ce que lui Parlement ne sait pas faire à ceux qui le savent, et nous avons le règne systématique de l’incompétence.

Chacun ne pouvant répondre que dans le domaine propre à son activité à la demande : Que faire? – le Parlement apparaît une absurdité, car il doit par défi­ nition répondre à tous les besoins de toute la vie sociale.

Les phrases vagues des programmes électoraux n’ont jamais répondu à la redoutable question : Que faire ? C’est une réponse qu’aucune majorité électorale ne saura jamais donner ; mais chaque individu peut et doit la donner pour tout ce qu’il connaît pratiquement des formes innombrables du travail humain.

Et c’est précisément parce que le vote n’est que l’escamotage pour le grand nombre de cette question : Que faire? – que nous n’en voulons pas.

L. BERTONI.

Source:

http://www.encyclope…ntionnisme.html

Source : http://resistance71.wordpress.com/

PS : je vous laisse le soin d'appliquer la notification URL hostile si cela vous semble nécessaire.

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Avec le système électoral, la grande masse des électeurs s’en rapporte uniquement pour cela à quelques élus. Il en résulte que celui qui vote le fait surtout avec l’idée plus ou moins consciente de s’abstenir ensuite de s’occuper de la chose publique. Il s’en décharge sur son élu. Le vote plus qu’une participation à la vie publique, ne représente qu’un renoncement à s’y mêler. Chaque électeur pense qu’il vaut mieux qu’un autre le fasse pour lui.

Exactement, c'est là une des principales raisons pour laquelle un grand nombre de libéraux et anarchistes ne votent pas.

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j'ai soumis ce texte a des collègues ouvertement UMP….qui m'ont traité d'abruti :) pour eux, pas voter c'est mal…

puis, au bout de quelques de palabres et quelques noms d'oiseaux plus tard, j'ai réalisé qu'ils n'avaient lu que le premier paragraphe (je quote: "on va pas s'enmerder a lire un ramassis de conneries gauchistes et je-m'en-foutistes") a noter qu'on a frolé de peu le point godwin, c'etait épic…

ce qui m'a fait rire dans l'histoire c'est que ca démontrait la justesse de l'etude que j'avais posté en taverne:

Une étude d'une université américaine, repérée par Slate, démontre que plus notre réflexion est altérée, rapide ou peu profonde, plus elle nous oriente vers des idées conservatrices.

bref, du coup s'abstenir pour forcer la reflexion oui, mais ne pas s'abstenir pour laisser ceux qui ne veulent pas reflechir t'imposer leur manque de reflxion par l'éléction d'une classe politique parasite, je ne suis pas sur que cela soit "sain"…au bout du compte, la seule maniere de s'en sortir ne peut etre QUE la revolte…

Mais en meme temps, bon je vois vraiement pas quoi faire d'autre….

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À chaque fois que j'évoque ne pas voter, je me fais assaillir, y compris par des inconnus. C'est le péché capital. Et voter, même blanc ou Le Pen, c'est forcément mieux. Complètement irrationnel.

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L'abstentionnisme vu pu par un dessinateur du Fluide :

En ce moment, tout le monde se croit le droit de me faire la morale et ça commence à me les briser sévère.

On (médias divers, amis, vagues connaissances, simples quidams, associations, partis, commerçants, militants, intellectuels, piliers de bar etc…) semble s’accorder à penser qu’il faut absolument voter pour ne pas mourir idiot et trahir ses chers concitoyens. Que ce soit « utile », « contre », « pour le moindre de deux maux », il faut voter sinon je suis un type dégueulasse. Peu importe que je ne retrouve ne serait-ce que l’écho de mes préoccupations essentielles chez aucun candidat. Peu importe que je n’ai même pas la culture, historique ni philosophique, nécessaire pour pouvoir m’exprimer en connaissance de cause et non comme un mouton abruti, en choisissant celui qui aura le sourire le plus réconfortant sur l’affiche. Peu importe que l’essentiel du débat public ne porte que sur les modalités d’application d’une même pensée. Peu importe que la démocratie soit le triomphe des plus nombreux et que tout le monde ou presque s’en félicite. Peu importe qu’on me parle là de « faire son devoir devoir de citoyen », comme on a répété aux pères de ceux de ma génération avant que de les envoyer en Algérie. Mon « devoir de citoyen »… Comme pour le Service National Obligatoire, tiens!

En définitive, peu importent les raisons qui m’animent… selon l’air du temps, il me faut absolument voter. L’argument essentiel étant: « pour battre Sarkozy ». Sommes-nous tombés si bas qu’il nous faille maintenant « voter contre », comme dans les plus beaux fleurons de la télé réalité? Quelle gloire y-aurait-t-il à cautionner le vide abyssal ou pire, les idées nocives de l’un pour faire tomber l’autre? Si, vraiment, nous en sommes là, alors tout ça n’est plus qu’une vaste farce cache-misère.

Je sais bien qu’à aller contre l’air du temps, je me met, par définition, la majorité à dos. Je sais que vous raconter ça, va encore m’amener des emmerdes avec les uns et les autres, farouches défenseurs de leur propre bonne conscience, gardiens jaloux des certitudes et ennemis, sans même s’en apercevoir, de la pensée individuelle. Ma seule défense est de de préciser ici que je n’écris ces lignes qu’en mon nom, que je ne représente ni ne cherche à convaincre personne. Je sais toute l’inutilité d’exprimer ici des considérations autres qu’artistiques. S’il est vrai que ma légitimité n’est pas plus importante que celle des tartuffes qui crient au scandale démocratique, au mauvais citoyen, à l’abstentionniste, elle n’est cependant pas moindre.

Je sais aussi, justement grâce à ma passion pour l’Art, que les plus belles choses n’ont pas été faite pour être utiles.

Cependant, qu’on ne se méprenne pas: j’aimerais tant aller voter…

http://www.manularcenet.com/blog/articles/7074/7074

Ca donne envie de se r'abonner.

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Si un candidat libéral ne peut pas exister en France, alors, l'anarcapie, c'est pas pour demain…

Mais avec un peu de chance, avec Hollande et quelques cocos au gouvernement, l'agonie sera plus rapide et ça peut avoir un résultat comme en Espagne ou en Italie…

Le hic, c'est que le français lamda est tellement sûr de sa supériorité sur les autres pays européens dans la merdasse qu'il n'imagine pas une seconde que ce pays va être dans le même état que la Grèce avant longtemps.

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On irait bien voter aussi, à condition qu'un Vrai Libéral soit candidat, non ?

Je crois que tu vas attendre longtemps.

Personnellement je ne suis pas abstentionniste, je m'explique : la nature a horreur du vide, et quelque soit le niveau d'abstention à une élection, le vainqueur sera toujours celui qui aura rassemblé le plus de suffrages, même si l'abstention est majoritaire.

Au 2nd tour je vote blanc, mais je vote car quand mon choix se porte sur aucun des 2. Une abstention = je laisse le choix aux autres.

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