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Pourquoi Gustave le Bon n'est pas considéré comme un libéral ?


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Gustave Le Bon, 1841-1931, secretaire de Toqueville, anthropologue, sociologue et psychologue sociale, a écrit Psychologie des masses, Psychologie du socialisme (à mon sens le meilleur livre sur l'étude du socialisme), et la Révolution française (où il reprend la thèse de toquevilles sur l'ancien régime) en autres.

Gustave Le Bon est totalement ignoré des libéraux en France voir même dans le monde, alors qu'il y a un siècle il était admiré chez les libéraux.

Deux phrases suffiront pour justifier une réhabilitation de cet auteur :

"L'Etat collectiviste donnera à tous les citoyens une éducation identique, gratuite et obligatoire. Notre université, avec son terrible lit de procuste, a réalisé cet idéal depuis longtemps."

"L'Etat collectiviste fera tout diriger par une immense armée de fonctionnaire destinés à réglementer les moindres actes de vie des citoyens".

Certes il a hiérarchisé les races, il a critiqué sévérement les juifs, a soutenu dans des journaux la politique anti juive de la Russie et l'Allemagne, a regretté que l'islam ne fût pas la religion dominante en Europe mais tocqueville lui même soutenait la colonisation, Jouvenel était pro Nazi durant la seconde guerre mondiale etc etc.

Alors Pourquoi G. Le Bon n'est pas considéré comem un libéral?

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Cette question n'est pas un troll… Je me demande sincérement pourquoi il n'y a pas de trace de le Bon dans la communauté libérale. Et si ce sont les critiques à son égard qui dérangent, Le Bon n'était pas antisémite au sens présent du terme (avant 1933) et sa hiérarchisation des races était courante à son époque.

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Sa psychologie des foule à profondément changé ma façon de voir la politique, c'est un puissant outil pour détecter les escroqueries intellectuelles comme le réchauffement climatique. Quand tout le monde raconte la même chose …

Faudra que je lise son bouquin sur le socialisme.

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Sa psychologie des foule à profondément changé ma façon de voir la politique, c'est un puissant outil pour détecter les escroqueries intellectuelles comme le réchauffement climatique. Quand tout le monde raconte la même chose …

Faudra que je lise son bouquin sur le socialisme.

Gustave Le Bon c'est Philippe Nemo mais en puissance 10, une encyclopédie vivante, une spécialisation dans le domaine des civilisations, des systèmes religieux et des croyances. Ceux qui aiment Nemo et Emile Faguet l'apprécieront sûrement.

Gustave Le Bon est fréquemment mentionné par les libéraux. Une simple recherche sur liberaux.org te le montrera

je lis fréquemment le forum, je l'ai vu cité une fois (juste cité). par contre mea culpa l'institut Coppet à écris récemment un bon article dessus.
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Je rajoute ici des extrait du livre "Psychologie du socialisme" qui mériterait vraiment d'être connu :

Le socialisme synthétise un ensemble d’aspirations, de croyance et d’idées de réformes qui passionnent profondément les esprits. Aucun apôtre n’a jamais douté de l’avenir de sa foi. Les socialistes sont donc persuadés du triomphe prochain de la leur. Une telle victoire implique nécessairement la destruction de la société actuelle et sa reconstruction sur d’autres bases

Les lois naturelles fonctionnent avec l’aveugle régularité d’un engrenage, et qui se heurte à elles est toujours brisé par leur marche.

Pendant des siècles, c’est-à-dire pendant la succession des âges qui ont précédé le nôtre, la collectivité a toujours été toute puissante au moins chez les peuples latins

La destruction d’une société peut être fort rapide, mais sa reconstruction est toujours très lente. Il faut parfois des siècles à l’homme pour rebâtir péniblement ce qu’il a détruit en un jour.

Grace à ses promesses de régénération, grâce à l’espoir qu’il fait luire devant tous les déshérités de la vie, le socialisme arrive à constituer une croyance à forme religieuse beaucoup plus qu’une doctrine

L’homme n’a pu réussir à vivre sans divinité. Elles tombent parfois de leur trône mais ce trône n’est jamais resté vide. Des fantômes surgissent bientôt de la poussière des dieux morts Aucune civilisation n’a pu réussir encore à se fonder et a grandir sans eux. Les civilisations les plus florissantes se sont toujours appuyées sur des dogmes religieux qui, au point de vu de la raison, ne possédaient aucune parcelle de logique, de vérité ou même de bon sens. La logique et la raison n’ont jamais été les vrais guides des peuples. l’irrationnel a toujours été un des plus puissants mobiles d’actions que l’humanité ait connus. Ce sont ces espérances que les religions ont toujours données, et elles ont donné aussi un idéal capable de séduire et de soulever les âmes.

Les fondateurs des religions, n’ont créé que des espérances, et ce sont pourtant leurs œuvres qui ont le plus duré

La compréhension des idées d’autrui a toujours été in inaccessibles aux latins.

Le rôle que jouent aujourd’hui les universitaires dans les pays latins, pour le développement du socialisme est tout à fait redoutable aux sociétés ou ils vivent.

C’est dans la cohue des demi-savants et notamment celle des licenciés et bacheliers sans emploi, des instituteurs mécontent de leur sort, des épaves de concours qui trouvent leur mérites méconnus, que se recrutent les plus dangereux disciples du socialisme et parfois même les pires anarchistes.

Déclassés, incompris, avocats sans cause, écrivains sans lecteurs, pharmaciens et médecins sans clients professeur mal payés, diplômés sans fonctions, employés que leur insuffisance et dédaigner de leurs patrons etc .. sont des adeptes naturels du socialisme. En réalité, ils se soucient fort peu des doctrines, Ce qu’ils rêvent, c’est de créer par des moyens violents une société où ils seraient les maitres

Le demi-savant mécontent est le pire des mécontents. C’est de ce mécontentement que dérive la fréquence du socialisme chez certaines corporations d’individus, les instituteurs, par exemple, qui se croient tous méconnus.

la croyance commune constitue peut-être le plus puissant facteur de la création d’une âme nationale, d’une volonté nationale et par conséquent les grandes civilisations ont toujours été l’efflorescence logique d’un petit nombre de croyances et la décadence de ces civilisations est toujours survenue à l’heure où les croyances commune se sont dissociées.

Dans nulle religion il n’y a eu autant de foi dans les masses et aussi peu chez la plupart des meneurs.

Les sociétés modernes, dominées jadis par des croyances, obéissent de plus en plus désormais à des nécessités économiques

Lorsque des économistes s’étonnent que des démonstrations d’une indiscutable évidence restent absolument sans action sur les convaincus qui les entendent, il n’y a pour les sortir de leur étonnements qu’à les renvoyer à l’histoire de toute les croyances et à l’étude de la psychologie des foules. On ne triomphe pas d’une doctrine en montrant ses cotés chimérique, Ce n’est pas avec des arguments que l’on combat des rêves.

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  • 2 weeks later...
Cette question n'est pas un troll… Je me demande sincérement pourquoi il n'y a pas de trace de le Bon dans la communauté libérale. Et si ce sont les critiques à son égard qui dérangent, Le Bon n'était pas antisémite au sens présent du terme (avant 1933) et sa hiérarchisation des races était courante à son époque.

Je me souviens aussi de quelques piques assez sévères à l'égard des femmes dans Psychologie des foules.

Mais replacé dans l'époque, ça ne m'avait pas choqué plus que ça, même si ça m'avait tout l'air d'attaques gratuites sans vraiment de liens logiques avec le reste de l'argumentation.

Je m'étais également fait la remarque qu'il n'était pas très populaire chez les libéraux après avoir lu Psychologie des foules, que j'ai découvert parce que la version Kindle est gratuite sur Amazon.

Sa psychologie des foule à profondément changé ma façon de voir la politique, c'est un puissant outil pour détecter les escroqueries intellectuelles comme le réchauffement climatique. Quand tout le monde raconte la même chose … Faudra que je lise son bouquin sur le socialisme.

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Fil à déplacer en "Lecture et culture", ou philo.

Le Bon est un de mes auteurs préférés, sa psychologie des foules est très complémentaire de la circulation des élites formalisée par Pareto, et de la théorie sociologique de l'imitation de Tarde, encore que ce dernier soit le vrai fondateur de l'individualisme méthodologique.

Ses ouvrages les plus importants sont en téléchargement libre dans le précieux site de la Bibliothèque des classiques des sciences sociales :

http://classiques.uq…on_gustave.html

En plus de ceux cités, je recommande vivement sa Psychologie des révolutions, qui conduit à des conclusions proches de la loi de Tocqueville sur le caractère régressif des révolutions, dont voici quelques passages.

Pour le Conventionnel, la liberté signifiait uniquement l’exercice sans entrave de

son despotisme. Pour un jeune intellectuel moderne, le même mot synthétise l’affranchissement

de tout respect à l’égard de ce qui le gêne traditions, lois, supériorités, etc.

Pour les Jacobins politiques actuels, la liberté consiste surtout dans le droit de

persécuter leurs adversaires.

Si les orateurs politiques parlent encore quelquefois de liberté dans leurs discours,

ils ont généralement renoncé à évoquer la fraternité. C’est la lutte des classes, et non

leur rapprochement, qu’ils enseignent aujourd’hui. Jamais haine plus profonde ne

divisa les diverses couches sociales et les partis politiques qui les mènent.

Mais pendant que la liberté devenait fort incertaine et que la fraternité s’évanouissait

complètement, le principe d’égalité ne faisait que grandir. Il survécut à tous les

bouleversements politiques dont la France fut le siège pendant un siècle et prit un tel

développement que notre vie politique et sociale, nos lois, nos moeurs, nos coutumes

ont, au moins en théorie, ce principe pour base. Il constitue le véritable legs de la

Révolution. Le besoin d’égalité, non pas seulement devant la loi, mais dans les

situations et les fortunes, est le pivot même de la dernière évolution démocratique, le

socialisme. Ce besoin est si puissant qu’il se répand partout bien qu’en contradiction

avec toutes les lois biologiques et économiques. C’est une phase nouvelle de cette

lutte ininterrompue des sentiments contre la raison, où la raison triomphe si rarement.(…)

Malheureusement, la démocratie des intellectuels conduit simplement à remplacer

le droit divin des rois par le droit divin d’une petite oligarchie trop souvent tyrannique

et bornée. Ce n’est pas en déplaçant une tyrannie qu’on crée une liberté.

La démocratie populaire n’a nullement pour but, comme la précédente, de fabriquer

des dirigeants. Dominée tout entière par l’esprit d’égalité et le désir d’améliorer

le sort des travailleurs, elle repousse la notion de fraternité et ne manifeste aucun

souci de la liberté. Un gouvernement n’est concevable par elle que sous la forme

autocratique. On le voit, non seulement par l’histoire nous montrant depuis la

Révolution tous les gouvernements despotiques vigoureusement acclamés, mais

surtout, par la façon autocratique dont les syndicats ouvriers sont conduits.

Cette distinction profonde, entre la démocratie des lettrés et la démocratie populaire,

apparaît beaucoup plus claire aux ouvriers qu’aux intellectuels. Rien n’étant

commun entre leurs mentalités, les premiers et les seconds ne parlent pas la même

langue. Les syndicalistes proclament aujourd’hui avec force qu’aucune alliance ne

serait possible entre eux et les politiciens de la bourgeoisie. L’affirmation est rigoureusement

exacte.

(…)

En fait la nature ne connaît pas l’égalité. Elle répartit différemment génie, beauté,

santé, vigueur, intelligence et toutes les qualités conférant à leurs possesseurs une

supériorité sur leurs semblables.

Aucune théorie ne pouvant changer ces différences, les doctrines démocratiques

resteront confinées dans les mots, jusqu’au jour où les lois de l’hérédité consentiront à

unifier les capacités des hommes.

Pouvons-nous supposer que les sociétés arriveront à établir artificiellement l’égalisation

refusée par la nature ?

Quelques théoriciens admirent pendant longtemps que l’éducation pourrait créer

un nivellement général. De nombreuses années d’expériences ont montré la profondeur

de cette illusion.

Il ne serait cependant pas impossible, que le socialisme triomphant pût établir

pendant quelque temps l’égalité, en éliminant rigoureusement tous les individus

supérieurs. On peut facilement prévoir ce que deviendrait un peuple ayant supprimé

ses élites, alors qu’il serait entouré d’autres nations progressant par leurs élites.

Non seulement la nature ne connaît pas l’égalité, mais depuis l’origine des âges

elle a toujours réalisé ses progrès par des différenciations successives, c’est-à-dire des

inégalités croissantes. Elles seules pouvaient élever l’obscure cellule des temps

géologiques, aux êtres supérieurs dont les inventions devaient changer la face du

globe.

Le même phénomène s’observe dans les sociétés. Les formes de démocratie qui

sélectionnent les éléments élevés des classes populaires, ont pour résultat final la

création d’une aristocratie intellectuelle, conséquence contraire au rêve des purs théoriciens

: rabaisser tous les éléments supérieurs d’une société, au niveau de ses

éléments inférieurs.

A côté des lois naturelles, hostiles aux théories égalitaires, figurent aussi les conditions

du progrès moderne. La science et l’industrie exigeant des efforts intellectuels

de plus en plus considérables, les inégalités mentales et les différences de condition

sociale qu’elles font naître ne peuvent que s’accentuer.

On assiste ainsi à ce phénomène frappant : à mesure que les lois et les institutions

veulent niveler les individus, les progrès de la civilisation tendent à les différencier

davantage. Du paysan au baron féodal la distance intellectuelle était faible, de l’ouvrier

à l’ingénieur, elle est immense et grandit sans cesse. La capacité étant devenue

le principal facteur du progrès, les capables de chaque classe s’élèvent alors que les

médiocres restent stationnaires ou descendent. Que pourraient des lois sur d’aussi

inévitables nécessités ?

En vain les incapables prétendraient-ils qu’étant le nombre, ils sont la force.

Privés des cerveaux supérieurs dont les recherches profitent à tous les travailleurs, ces

derniers tomberaient vite dans la misère et l’anarchie.

Le rôle capital des élites dans les civilisations modernes apparaît trop évident pour

avoir besoin d’être démontré. Nations civilisées et peuples barbares, renfermant une

même moyenne d’unités médiocres, la vraie supériorité des premières provient uniquement de l’élite qu’elles contiennent.

Supposons le socialisme universellement accepté par miracle il y a un siècle. Le

risque, la spéculation, l’initiative, en un mot, tous les stimulants de l’activité humaine

ayant été supprimés, aucun progrès n’aurait pu naître et l’ouvrier serait resté aussi

pauvre. On eût simplement établi cette égalité dans la misère rêvée par la jalousie et

l’envie d’une foule d’esprits médiocres. Ce n’est pas pour donner satisfaction à un

idéal aussi bas que l’humanité renoncera jamais aux progrès de la civilisation.

L’esprit jacobin et la mentalité créée

par les croyances démocratiques.

Les générations modernes n’ont pas hérité seulement des principes révolutionnaires,

mais aussi de la mentalité spéciale qui les fit triompher.

Décrivant cette mentalité, lorsque nous avons étudié l’esprit jacobin, nous avons

vu qu’elle prétend toujours imposer par la force des illusions considérées comme des

vérités. L’esprit jacobin a fini par devenir si général en France et dans les pays latins,

qu’il a gagné tous les partis politiques, y compris les plus conservateurs. La bourgeoisie

en est très imprégnée et le peuple davantage encore.

Cette extension de l’esprit jacobin a eu pour résultat que les conceptions politiques,

les institutions et les lois tendent toujours à s’imposer par la violence. C’est

ainsi que le syndicalisme, pacifique et méthodique dans d’autres pays, a aussitôt pris

dans le nôtre des allures intransigeantes et anarchiques, se traduisant sous forme

d’émeutes, de sabotages et d’incendies.

Non réprimé par des gouvernements craintifs, l’esprit jacobin produit de funestes

ravages dans les cerveaux de capacité médiocre. Au récent congrès des cheminots, le

tiers des délégués vota pour l’approbation du sabotage et un des secrétaires du

congrès commença son discours en disant : “ Je me permets d’envoyer à tous les

saboteurs mon salut fraternel et toute mon admiration ”.

Cette mentalité générale engendre une anarchie croissante. Si la France ne se trouve

pas en état de révolution permanente, c’est, je l’ai déjà fait remarquer plus haut,

que tous les partis la divisant se font à peu près équilibre. Ils sont animés d’une haine

mortelle les uns à l’égard des autres, mais aucun d’eux n’est assez fort pour asservir

ses rivaux.

L’intolérance jacobine se répand tellement que les gouvernants eux-mêmes emploient

sans scrupules les procédés les plus révolutionnaires à l’égard de leurs

ennemis, persécutant avec violence, jusqu’à les dépouiller de leurs biens, les partis

leur faisant la moindre opposition. Nos gouvernants se conduisent aujourd’hui comme

les anciens conquérants. Le vaincu n’a rien à espérer du vainqueur.

Loin d’être spéciale aux classes populaires, l’intolérance s’observe donc également

dans les classes dirigeantes. Michelet avait remarqué depuis longtemps que les

violences des lettrés sont parfois plus. intenses que celles du peuple. Sans doute ils ne

brisent pas les réverbères, mais sont facilement disposés à faire casser les têtes. Les

pires violences de la Révolution furent commises par des bourgeois lettrés, professeurs,

avocats, etc., possesseurs de cette instruction classique que l’on suppose

adoucir les moeurs.

Elle ne les a pas plus adoucies aujourd’hui qu’à cette époque. On s’en rend compte

en parcourant ces journaux avancés dont les rédacteurs se recrutent surtout parmi

des professeurs de l’Université.

Leurs livres sont aussi violents que leurs articles et l’on se demande vraiment

comment peuvent se former, chez ces favorisés du sort, de telles provisions de haine.

On les croirait difficilement s’ils assuraient qu’un intense besoin d’altruisme les

dévore. On admettra plus aisément, qu’à côté d’une mentalité religieuse étroite, l’espoir

d’être remarqués par les puissants du jour, ou de se créer une popularité

productive, sont les seules explications possibles des violences affichées dans leurs

écrits de propagande.

J’ai déjà cité, dans un de mes précédents ouvrages, les passages du livre d’un

professeur au Collège de France, où l’auteur excite le peuple à s’emparer des richesses

de la bourgeoisie qu’il invective furieusement et suis arrivé à la conclusion,

qu’une révolution nouvelle recruterait facilement chez les auteurs de ces élucubrations,

les Marat, les Robespierre et les Carrier dont elle aurait besoin.

La religion jacobine — surtout sous sa forme socialiste — a sur les esprits de

faible envergure toute la puissance des anciens dieux. Aveuglés par leur foi ils croient

avoir la raison pour guide et sont dirigés uniquement par leurs passions et leurs rêves.

L’évolution des idées démocratiques a donc entraîné, en dehors des actions politiques

déjà marquées, des conséquences considérables sur la mentalité des hommes

modernes.

Si les anciens dogmes religieux ont épuisé depuis longtemps leur contenu, les

théories démocratiques sont loin d’avoir épuisé le leur et nous en voyons chaque jour

s’étendre la floraison. Une des principales a été la haine générale des supériorités.

Cette haine de ce qui dépasse le niveau moyen, par la situation sociale, la fortune

ou l’intelligence est générale aujourd’hui dans toutes les classes, de l’ouvrier aux

couches les plus élevées de la bourgeoisie.

Elle a pour résultats : l’envie, le dénigrement, le besoin d’attaquer, de railler, de

persécuter, de prêter à toute action des bas motifs, de se refuser à croire à la probité,

au désintéressement, à l’intelligence. Les conversations, aussi bien dans le peuple que

chez les hommes instruits, sont empreintes de ce besoin d’avilir et d’abaisser. Les

plus grands morts eux-mêmes n’échappent pas à ce sentiment. Jamais on n’écrivit

autant de livres pour déprécier le mérite d’hommes célèbres, considérés jadis comme

le plus précieux patrimoine d’un pays.

L’envie et la haine semblent avoir été de tout temps inséparables des théories démocratiques,

mais l’extension de ces sentiments n’avait jamais été aussi grande

qu’aujourd’hui. Elle frappe tous les observateurs.

“ Il y a un bas instinct démagogique, écrit M. Bourdeau, sans aucune aspiration

morale, qui rêve de rabaisser l’humanité au plus bas niveau et pour lequel toute supériorité,

même de culture, est une offense à la société… c’est ce sentiment d’ignoble

égalité qui animait les bourreaux jacobins lorsqu’ils faisaient tomber les têtes d’un

Lavoisier et d’un Chénier. ”

Cette haine des supériorités, élément le plus sûr des progrès actuels du socialisme,

n’est pas la seule caractéristique de l’esprit nouveau créé par les idées démocratiques.

D’autres conséquences, quoique indirectes, ne sont pas moins profondes. Tels par

exemple les progrès de l’étatisme, la diminution de l’influence et du pouvoir de la

bourgeoisie, l’action grandissante des financiers, la lutte des classes, l’évanouissement

des vieilles contraintes sociales et l’abaissement de la moralité.

Tous ces effets se manifestent par une insubordination et une anarchie générales.

Le fils se révolte contre son père, l’employé contre son patron, le soldat contre ses

officiers. Le mécontentement, la haine et l’envie règnent aujourd’hui partout.

Un mouvement social qui continue, est forcément comme en mécanique un mouvement

qui s’accélère. Nous verrons donc grandir encore les résultats de cette mentalité.

Ils se traduisent de temps en temps par des incidents dont la gravité augmente

tous les jours : grève des cheminots, grève des postiers, explosions de cuirassés et

bien d’autres encore.

§ 3. — Le suffrage universel et ses élus.

Parmi les dogmes de la démocratie, le plus fondamental peut-être, celui qui séduit

particulièrement, est le suffrage universel. Il donne aux masses la. notion d’égalité,

puisqu’au moins pendant un instant, riches et pauvres, savants et ignorants sont égaux

devant l’urne électorale. Le ministre y coudoie le dernier de ses serviteurs, et durant

cette brève minute, la puissance de l’un est identique à celle de l’autre.

Là justement réside sois vrai danger. Le suffrage universel se montre dangereux

surtout par les meneurs qui en sont maîtres, créatures de petits comités locaux, analogues

aux clubs de la Révolution. Le meneur briguant un mandat est choisi par eux.

Une fois nommé, il exerce un pouvoir local absolu, à la condition de satisfaire les

intérêts de ses comités. Devant cette nécessité, l’intérêt général du pays disparaît à

peu près totalement aux yeux de l’élu.

Naturellement, les comités ayant besoin de serviteurs dociles, ne choisissent pas

pour cette besogne des individus doués d’une intelligence élevée, ni surtout d’une

moralité très haute. Il leur faut des hommes sans caractère, sans situation sociale, et

toujours dociles.

Par suite de ces nécessités, la servilité de l’élu à l’égard des petits groupes qui le

patronnent et sans lesquels il ne serait rien, est complète. Il dira et votera tout ce

qu’exigeront ses comités. Son idéal politique peut se condenser dans cette brève formule

: obéir pour durer.

Exceptionnellement et seulement lorsqu’elles possèdent par leur nom, leur situation

ou leur fortune un grand prestige, des personnalités supérieures arrivent à

s’imposer aux votes populaires en surmontant la tyrannie des minorités audacieuses

constituant les petits comités locaux.

Les pays démocratiques comme le nôtre ne sont donc gouvernés qu’en apparence

par le suffrage universel. Pour cette raison se votent tant de lois n’intéressant le peuple en aucune façon, et que jamais il n’a réclamées. Tels le rachat des lignes de

l’Ouest, les lois sur les congrégations, etc. Ces absurdes manifestations traduisirent

simplement les exigences, de petits comités locaux fanatiques, imposées aux députés

choisis par eux.

On se rend compte de l’influence de ces comités en voyant des députés modérés

obligés de patronner des anarchistes saboteurs d’arsenaux, de s’allier avec des

antimilitaristes, en un mot d’obéir aux pires exigences pour assurer leur réélection.

Les volontés des plus bas éléments de la démocratie ont ainsi créé chez les élus, une

moralité et des moeurs qu’il serait difficile de ne pas juger très basses. Le politicien

est l’homme des places publiques, et comme le dit Nietzsche :

“ Où commence la place publique, commence aussi le bruit des grands comédiens,

et le bourdonnement des mouches venimeuses… Le comédien croit toujours à

ce qui lui fait obtenir ses meilleurs effets, ce qui pousse les gens à croire à lui-même.

Demain il aura une foi nouvelle, et après demain une foi plus nouvelle encore..: Tout

ce qui est grand, se passe loin de la place publique et de la gloire. ”

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Le Bon est un de mes auteurs préférés, sa psychologie des foules est très complémentaire de la circulation des élites formalisée par Pareto, et de la théorie sociologique de l'imitation de Tarde, encore que ce dernier soit le vrai fondateur de l'individualisme méthodologique.

Le bon dépasse tarde dans l'individualisme méthodologique, tout ses livres en sont remplies, même son mémoire en médecine sur la physiologie humaine est basé sur une analyse proprement anti-holisme lorsqu'il cite Lavoisier comme, non pas le père de la chimie, mais comme un brillant savant qui sût mettre en pratique ce que des centaines de chimistes avant lui avait théorisé.

Par ailleur, Je te conseil le livre Opinions et croyances : partie VI, chapitre 3 :

§ 2. - Comment l'âme individuelle est sortie de l'âme collective et comment elle y retourne.

L'évolution moderne tend, nous venons de le voir, à désagréger les sociétés en petits groupes distincts, possédant des sentiments, des idées et des opinions identi­ques, c'est-à-dire une âme commune. Inutile de discuter sur la valeur de cette évolution, les raisons ne changeant pas les choses.

Mais sans juger les faits, on peut du moins chercher à les interpréter. Or, il est aisé de montrer que cette fusion des âmes individuelles en âmes collectives constitue un retour à des phases extrêmement lointaines de l'histoire observées encore à l'état de survivance chez les peuples primitifs inférieurs.

Ces peuples primitifs se composent toujours en effet de petits groupes nommés tribus, momentanément alliés, souvent en guerre. Le rôle de l'individu s'y montre très faible, parce que l'âme individuelle n'est pas dégagée encore. Ils n'ont qu'une âme collective, et c'est pourquoi tous les membres d'une même tribu sont considérés comme responsables des actes d'un seul.

La connaissance de cette notion caractéristique est indispensable pour comprendre le droit usuel de tous les primitifs ou même de demi-civilisés, les Annamites par exemple. Un administrateur d'Indo-Chine, M. Paul Giran, fait justement remarquer que le droit collectif de ce pays paraît incompréhensible aux magistrats européens qu'on y envoie parce qu'ils tiennent pour une indiscutable évidence que seul l'auteur d'un délit en est responsable. L'idée qu'une personne étrangère à un crime puisse, du fait de ce crime, subir une peine quelconque, leur paraît monstrueuse.

Elle ne l'est cependant pas pour l'Annamite. Dans de nombreux cas, les parents appartenant au groupe familial du coupable sont exécutés. Et pourquoi ? Pour la raison psychologique indiquée plus haut, que les éléments de chaque groupe social n'étant pas différenciés, sont considérés comme n'ayant qu'une âme collective. Ce principe est général puisqu'il régit le communisme politique, religieux ou social de tous les peuples à leurs débuts.

Le droit primitif ne distinguant pas la personnalité individuelle, non encore différenciée, de son groupe, punit le groupe tout entier ou un fragment quelconque de ce groupe. Comment les codes qui ne traduisent que la coutume pourraient-ils en décider autrement ?

Le condamné ne proteste nullement, d'ailleurs, contre un tel droit, inique pour le civilisé, mais équitable pour l'homme imprégné du sentiment très net de son étroite solidarité avec un groupe dont il ne se croit. pas séparable.

Les Européens eux-mêmes reviennent à ce droit primitif en temps de guerre, quand ils fusillent les otages, en s'appuyant sur le principe de la responsabilité collective. Ils semblent destinés à y retourner d'une façon plus générale encore, si les sociétés continuent à se désagréger en groupes, comme ceux étudiés plus haut.

La non-différenciation psychologique des divers membres d'une tribu, chez les primitifs, s'accompagne aussi d'une non-différenciation anatomique. J'ai jadis prouvé, par des recherches faites sur des milliers de crânes, que l'homogénéité anatomique, d'un peuple est d'autant plus grande qu'on remonte plus haut vers ses origines, et qu'à mesure qu'il progresse les crânes de ses divers membres se différencient davantage. Ce fait est à rapprocher des observations des voyageurs montrant que tous les membres d'une tribu sauvage se ressemblent étonnamment et que les sexes eux-mêmes sont à peine distincts.

L'âme collective des primitifs, les peuples civilisés la possèdent également. Mais des âmes individuelles en limitent l'influence. La première constitue ce que nous avons appelé l'âme de la race. Elle se manifeste surtout dans les grandes circons­tances intéressant la destinée du peuple tout entier. L'âme individuelle se manifeste au contraire dans les moindres circonstances habituelles de la vie quotidienne. Cette superposition des âmes individuelles à l'âme collective est, je l'ai dit déjà, un phénomène analogue à celui observé chez tous les êtres dont les espèces possèdent, avec les caractères généraux du genre auquel ils appartiennent, ceux spéciaux à chaque espèce.

On ne recherchera pas ici au prix de quels efforts séculaires l'âme individuelle s'est lentement dégagée de l'âme collective, où l'intérêt social tendait à la maintenir, par l'action puissante des croyances religieuses, du milieu, des coutumes, des traditions et des lois.

Exposer cette succession d'efforts serait refaire l'histoire. Une pareille étude nous apprendrait que, dans la suite des temps, le nombre d'hommes ayant réussi à se dégager du poids énorme de l'âme collective fût toujours assez rare. Elle nous montrerait aussi que l'humanité leur doit tous les progrès accomplis pendant son lent essor. Elle nous dirait enfin que les sociétés qui ont vécu par eux se sont toujours cependant dressées contre eux. S'ils furent tolérés quelquefois, aux périodes de transition, ce ne fut jamais pour longtemps. Les mouvements socialistes et syndica­listes actuels représentent de nouvelles phases de la perpétuelle tentative des sociétés pour unifier les hommes et les maintenir dans les mêmes opinions, les mêmes croyances et la même conduite.

Le plus important des faits exposés dans ce chapitre est le commencement de désagrégation des sociétés actuelles en petits groupes indépendants, réciproquement hostiles, cherchant à s'isoler de plus en plus et enlever ainsi aux nations leur unité. L'âme individuelle, qui avait mis des siècles à se dégager un peu de l'âme collective, y retourne actuellement.

Nous assistons donc à ce phénomène singulier, de peuples civilisés tendant à remonter vers une mentalité inférieure qui fut celle des premiers âges. Les grandes luttes de l'avenir seront moins souvent entre peuples différents qu'entre les groupes constitués au sein de chacun d'eux.

La dissolution de l'âme individuelle dans l'âme collective d'un groupe est sans doute une force pour ce groupe, mais ne constitue sûrement pas un progrès, ni pour la société ni pour les individus. On ne devient une personnalité puissante qu'en s'évadant de l'âme collective.

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  • 3 months later...

Je me demande sincérement pourquoi il n'y a pas de trace de le Bon dans la communauté libérale.

Il y en a, mais il faut les chercher chez les libéraux de son temps, tel Emile Faguet, car sa renommée a fortement décliné depuis.

Ce dernier le cite dans Libéralisme :

"On croit, dit spirituellement M. Gustave Le Bon, qu'il y a plusieurs partis en France; c'est une erreur. Il n'y en a qu'un, c'est l'Etatisme. Tous les Français sont étatistes"…. (Jugement on ne peut plus d'actualité, comme chacun sait [ici]).

Chapitre dernier, "Pourquoi les Français ne sont pas libéraux" pages 324-325 de l'édition gallica : http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-55110

J'ai dit chez les libéraux de son temps, mais Faguet lui-même "croyait presque" (p325) qu'il était le seul libéral français de l'époque…

Alain de Benoist a tenté de faire redécouvrir l'oeuvre de Le Bon dans Vu de droite (livre très intéressant par ailleurs, quoique non libéral)

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Le plus important des faits exposés dans ce chapitre est le commencement de désagrégation des sociétés actuelles en petits groupes indépendants, réciproquement hostiles, cherchant à s'isoler de plus en plus et enlever ainsi aux nations leur unité. L'âme individuelle, qui avait mis des siècles à se dégager un peu de l'âme collective, y retourne actuellement.

Nous assistons donc à ce phénomène singulier, de peuples civilisés tendant à remonter vers une mentalité inférieure qui fut celle des premiers âges. Les grandes luttes de l'avenir seront moins souvent entre peuples différents qu'entre les groupes constitués au sein de chacun d'eux.

C'est un fait social remarquable de l'époque actuelle : le retour, justifié par l'idéologie progressiste, aux communautés archaïques et tribales.

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Je constate qu'aucun des bons esprits qui ont participé à cette discussion n'a pris la peine de consacrer une heure de son temps à écrire une notice pour notre wiki. Il est tellement plus facile de se faire mousser que de retrousser ses manches.

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  • 6 years later...
Le 23/07/2012 à 08:07, M.Valérien a dit :

Alors Pourquoi G. Le Bon n'est pas considéré comem un libéral?

Je débarque un peu mais Faguet le cite comme un libéral dans Le Libéralisme (1903), éd. Société française d'imprimerie et de librairie, 1903, chap. XIX.

Citation

Ce parti n’existe pas, et je viens de montrer qu’aucun des partis qui se partagent les citoyens français n’est libéral en son ensemble. Les éléments mêmes de ce parti n’existent pas, et je crois bien qu’il n’y a pas de libéraux en France. « On croit, dit spirituellement M. Gustave Le Bon, qu’il y a plusieurs partis en France ; c’est une erreur. Il n’y en a qu’un : c’est l’Étatisme. Tous les Français sont étatistes. » A ce compte la fameuse unité morale devrait exister ; seulement, si tous les Français sont étatistes, chacun veut l’État pour lui et au service de ses intérêts et de ses passions ; et cela ne fait qu’un seul parti en théorie, mais en fait beaucoup en pratique.

M. Le Bon n’en a pas moins raison, et tous les Français sont étatistes, et il n’y en a point qui soient libéraux. Je crois presque que je suis le seul libéral français, et encore je ne suis pas sûr de moi. Proudhon disait gaiement: « Je rêve d’une république où je serais guillotiné comme conservateur. » Moi, je rêve d’une république où je serais proscrit… mais elle ne proscrirait personne… où je serais méprisé et maudit comme insuffisamment libéral.

 

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il y a 37 minutes, Vilfredo Pareto a dit :

Je débarque un peu mais Faguet le cite comme un libéral dans Le Libéralisme (1903), éd. Société française d'imprimerie et de librairie, 1903, chap. XIX.

 

Pour être libéral il faut quand même beaucoup plus qu'avoir sorti une fois une petite phrase contre l'étatisme ; sinon Mussolini ou Nietzsche seraient libéraux...

 

Faguet lui-même est un conservateur plutôt qu'un libéral. Je suis en train de travailler sur lui, il y a quand même pas mal d'éléments qui le situe clairement à droite: antidreyfusisme, appartenance à une ligue nationaliste (Ligue de la patrie française), rejet de la démocratie (il sympathise d'ailleurs avec Nietzsche dans son livre de 1904)... Il a aussi été le directeur de la thèse de lettres du critique littéraire de l'Action française, Pierre Lasserre (personnage intéressant par ailleurs). On trouve aussi sa signature dans au moins un manifeste de conservateurs et de maurrassiens...

 

Bref, déclarer Faguet libéral en ne retenant que son livre de 1905 serait superficiel.

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il y a 15 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Bref, déclarer Faguet libéral en ne retenant que son livre de 1905 serait superficiel. 

Sans doute ; je ne discuterai pas la biographie de Faguet ni son évolution intellectuelle que vous connaissez visiblement beaucoup mieux que moi, mais encore une fois (et cela me rappelle quelques débats que nous avons déjà eus ensemble), non seulement je ne faisais que citer son livre de 1905 sans en faire un thaumaturge qui libéralisait tout ce qu'il touchait ("Faguet te touche…" d'accord j'arrête) mais en plus je nuancerais certains des éléments biographiques que vous apportez :

 

il y a 18 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Pour être libéral il faut quand même beaucoup plus qu'avoir sorti une fois une petite phrase contre l'étatisme

Non mais ils ont tous les deux pondus des livres (et Le Bon, comme cela a été rappelé plus haut, a mené une excellente critique du socialisme dans sa Psychologie du socialisme, dans lequel on trouve des attaques bien senties contre la bureaucratie et la réglementation (il cite même Spencer, voyez dans l'édition des Amis de Gustave Le Bon, p. 180, la note). Et l'on pourrait poursuivre avec une analyse détaillée des chapitres sur les luttes économiques en Orient et en Occident.

Citation

C'est bien entendu dans tous les pays du monde que les entreprises gérées par des particuliers, nécessairement intéressés à leur succès, réussissent beaucoup mieux que quand elles sont exécutées par l'État, c'est-à-dire par des agents anonymes qui s'y intéressent fort peu. (chap. VI, §2)

 

il y a 25 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Je suis en train de travailler sur lui, il y a quand même pas mal d'éléments qui le situe clairement à droite: antidreyfusisme, appartenance à une ligue nationaliste (Ligue de la patrie française), rejet de la démocratie (il sympathise d'ailleurs avec Nietzsche dans son livre de 1904)...

Sur la question du racisme, c'est une drôle de manière de définir le libéralisme (pour moi, jusqu'à ce que je vous lise, les deux critères n'avaient rien à voir : on trouve des racistes parmi les libéraux comme parmi n'importe quels membres de n'importe quelle philosophie politique : on a même le cas du sénateur Calhoun, libéral esclavagiste et sudiste. Et Rothbard lui-même n'a pas toujours été très net sur cette question.), ça me fait penser au sophisme du No True Scotsman : les racistes ne sont pas libéraux — Oui mais (Rothbard, Le Bon, Calhoun) — Non, ce ne sont pas des vrais libéraux (ce qui devient "ce sont plutôt des conservateurs"). J'ajouterais que l'antidreyfusisme à l'époque était la chose de France la mieux partagée (à gauche comme à droite, de Jaurès à Barrès : ce n'est donc pas un critère de détermination politique). Quelle différence radicale faites-vous entre un conservateur et un libéral, à moins de n'entendre par libéral que ce que Hayek entend par là dans "Why I am not a Conservative" ?

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Quelledifférence radicale faites-vous entre un conservateur et un libéral,

 

Le libéralisme est une philosophie politique assez bien définie alors que le conservatisme c’est en général les idées progressistes d’il y a 50 ans.

 

on a même le cas du sénateur Calhoun, libéral esclavagiste et sudiste. 

 

On peut avoir été libéral et possédé des esclaves. On ne peut pas être libéral et défendre l’esclavage quand on connaît l’état de l’art sur le sujet.

 

 

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Il y a 8 heures, Vilfredo Pareto a dit :

libéral esclavagiste

:icon_ptdr:

Il y a 8 heures, Vilfredo Pareto a dit :

Quelle différence radicale faites-vous entre un conservateur et un libéral

C'est orthogonal. Un libéral voudra une intervention minimale de l'Etat (les avis divergent sur le "minimale"). Un conservateur, par opposition à un progressiste, se dit que si les choses sont comme elles sont, c'est qu'il y a une bonne raison. Donc avant de toucher à quoi que ce soit on se pose deux minutes sans se tracasser du "sens de l'Histoire".

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Il y a 11 heures, Vilfredo Pareto a dit :

1): Le Bon, comme cela a été rappelé plus haut, a mené une excellente critique du socialisme dans sa Psychologie du socialisme

 

2): Sur la question du racisme, c'est une drôle de manière de définir le libéralisme

 

3): J'ajouterais que l'antidreyfusisme à l'époque était la chose de France la mieux partagée (à gauche comme à droite, de Jaurès à Barrès : ce n'est donc pas un critère de détermination politique).

 

4): Quelle différence radicale faites-vous entre un conservateur et un libéral, à moins de n'entendre par libéral que ce que Hayek entend par là dans "Why I am not a Conservative" ?

 

1): Encore une fois, le libéralisme ce n'est pas juste le rejet du socialisme. Sinon, Churchill et tous les conservateurs seraient libéraux.

 

2): C'est d'autant plus drôle que je n'en ai pas parlé. Ce serait sympathique de lire mes messages.

 

3): C'est faux, l'Affaire Dreyfus rebat en profondeur les cartes du jeu politique et contribue à créer les clivages politiques tels qu'ils existaient encore il y a quelques années. Et le clivage dreyfusards / antidreyfusards recoupe bien le clivage gauche / droite. On ne peut avoir l'impression contraire qu'en évitant de suivre la crise politique dans son ensemble. A la fin de l'affaire, Jaurès est non seulement dreyfusard mais l'un des principaux bénéficiaires politiques de la réhabilitation.

 

4): Il me semble que la différence de fond est que le conservateur veut que la politique réalise une moralisation, un perfectionnement des individus ; alors que le libéral est beaucoup moins exigeant sur ce que le politique est capable / doit fournir, il n'en attend que de garantir que les individus soient libres. La différence est donc que les conservateurs sont des perfectionnistes en politiques (cf: https://study.stanley-cavell.org/Le-perfectionnisme-en-philosophie ), alors que les libéraux, non.

 

Ce que dit @Neomatix n'est pas faux mais c'est un élément subordonné. Le conservateur veut utiliser la violence collective (l'Etat) pour que l'individu conforme son mode de vie à des formes déjà établies / traditionnelles ; alors que le jacobin révolutionnaire & autre progressiste veut utiliser l'Etat pour "balayez les préjugés / créer l'Homme nouveau", etc. Le clivage gauche / droite c'est un clivage temporel sur la provenance du contenu de la notion de "vertu". Mais tous veulent que la politique produise une moralisation, suivant une idée forcément non-consensuelle de ce qu'est la vie bonne (d'où leur détestation mutuelle qui n'est qu'une conséquence de leur désir d'asservir et régir autrui). Ils sont donc tous perfectionnistes ; le progressiste et le conservateur se ressemblent plus, en dépit des apparences, qu'ils ne ressemblent à la position du libéral.

 

Sinon, j'avais déjà écrit que: "Les conservateurs reprochent au libéralisme de ne pas être une conception perfectionniste de la politique, comme pouvait l'être par exemple celle de Platon soutenant que le but de la politique est le bien / l'élévation de l'âme.

Les libéraux peuvent critiquer cette objection de plusieurs manières:

-en soutenant que l'Etat, dont le moyen est la force (légale), ne peut pas produire cette élévation morale (à la différence de la persuasion ou de l'éducation conçue comme activités privés et volontaires).

-en soutenant que, même si l'Etat pouvait le faire, ce serait au prix de libertés qui compte au moins autant voire davantage dans l'obtention du bonheur humain.

-en soutenant enfin que, les conceptions de la vie de vertu étant inévitablement différentes, demander à l'Etat de rendre les gens vertueux ne viole pas seulement les libertés, cela menace telle conception particulière de la vertu d'être éradiquée par un dressage psychique favorables à des valeurs jugées nocives (par exemple les jacobins ou les communistes n'ont pas la même conception de ce qu'est une vie de vertu que ne l'ont les conservateurs -et au sein des conservateurs, un conservateur chrétien n'aura pas exactement les mêmes préférences éthiques qu'un musulman ou un bouddhiste. Admettre que le politique puisse agir au-delà de la défense de la liberté conduit donc à des luttes inextricables entre groupes qui essayent mutuellement de façonner le mode de vie global de d'autres individus ou groupes).

Le libéralisme n'est pas responsable du manque ou de la crise du sens. Il est une doctrine politique et pas une philosophie générale (ou une religion). Il prétend résoudre la question du meilleur régime politique, pas celle du sens de la vie.
"Le libéralisme n'est pas une vision du monde parce qu'il n'essaie pas d'expliquer l'univers, parce qu'il ne dit rien et ne cherche pas à dire quoi que ce soit sur la signification et les objectifs de l'existence humaine." (Ludwig von Mises, Le Libéralisme, 1927)

Le fait qu'il considère que les questionnements ultimes sur l'existence ne nécessitent pas que les façons de vivre découlant des réponses proposées soient appliquées par la force n'implique nullement qu'il méprise ces questionnements ou qu'il prétende qu'ils soient impossible d'y répondre. Le libéralisme n'est ni un relativisme ni un nihilisme, ni même un scepticisme mou. Certains penseurs libéraux étaient des philosophes qui ont également émis des jugements tranchés -d'ailleurs divergents entre eux- sur ces questions ultimes. Mais il ne faut pas confondre la politique avec la morale ou avec l'ontologie. (Ce qui ne veut pas dire que les choix politiques ne présupposent pas des choix moraux et métaphysiques, généralement inconscients).

Il serait donc appréciable que la droite cesse d'accuser le libéralisme d'être un "hédonisme" insipide, car cette accusation est hors sujet. Le fait que ce poncif haineux persiste obstinément depuis 200 ans n'incite hélas pas à l'optimisme en la matière. Il ne fait que masquer l'appétit de certains pour utiliser la violence légale afin d'imposer ce qu'ils croient être la vérité. Au final, le collectiviste respectueux des procédures d'accès au pouvoir politique n'est qu'une variante policée du terroriste
." (11 avril 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52565-réduit-en-pièces-émission-déconomie-pour-youtube/&page=24&tab=comments#comment-1637934 ).

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il y a 2 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

le conservateur veut que la politique réalise une moralisation, un perfectionnement des individus ;

Si c'était le cas alors libéralisme et conservatisme seraient antithétiques.

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il y a 7 minutes, Neomatix a dit :

Si c'était le cas alors libéralisme et conservatisme seraient antithétiques.

 

Ben oui, c'est bien ce que je soutiens.

 

Les libéraux-conservateurs ne sont pas des conservateurs. Ce sont des libéraux qui partagent des conceptions morales similaires à celles que les conservateurs veulent imposer par des moyens politiques.

 

Les conservateurs-libéraux ne sont pas des libéraux. Ce sont des conservateurs moins étatistes que la moyenne du genre (par exemple ils vont plus ou moins admettre la liberté économique mais à côté soutenir des lois pour censurer la pornographie ou réprimer la prostitution, parce qu'ils en va du salut des âmes, etc.).

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Il faudrait distinguer un conservatisme formel d'un conservatisme matériel (et les dissocier tous les deux d'un conservatisme comme inclinaison personnelle, psychologique). Le premier est une position philosophique à la Hume et à la Burke, consistant à refuser un rationalisme qui voudrait rejeter toutes les opinions hérités non examinées, alors que le second consisterait, dans un contexte donné, à s'opposer à un changement proposé.

Il y a 8 heures, Neomatix a dit :
Il y a 18 heures, Vilfredo Pareto a dit :

libéral esclavagiste 

:icon_ptdr:

Révélation

jefferson-vs-hamilton-image.jpg

 

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Si on soutient que le libéralisme est un combat non sur les fins mais sur les moyens qu'il est légitime de leur attribuer, alors on peut très bien être libéral tout en ayant les convictions qu'on veut à côté. Plus généralement je doute que ça nous rende service de subjuguer le libéralisme à une espèce de centrisme/neutralité morale.

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Il y a 8 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

2): C'est d'autant plus drôle que je n'en ai pas parlé. Ce serait sympathique de lire mes messages.

J'ai lu, j'ai supposé que la manière que vous aviez de souligner subtilement son implication dans des mouvements antidreyfusards (= antisémites = racistes, pas la peine de chipoter) supposait que vous abordiez la question du racisme (que la question du dreyfusisme traite objectivement). Visiblement non. Dont acte : dénoncer quelqu'un comme antidreyfusard n'a rien à voir avec le racisme. 

Il y a 8 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

Et le clivage dreyfusards / antidreyfusards recoupe bien le clivage gauche / droite

Sans doute pour cette raison que La Petite République socialiste, journal très à droite comme son nom l'indique, était antidreyfusard, de même que de nombreux socialistes ou anarchistes qui voient dans Dreyfus le Juif représentant du grand capital etc. Vous savez sans doute que la première ligue antisémite de France, créée le 4 septembre 1889 rue Lepic, est concurrencée par celle de Morès et de nombreux anars (Jules Guérin par exemple, pourtant proche de Déroulède. Bonjour le clivage gauche/droite bien défini !). Vous oubliez les blanquistes révisionnistes. Bertrand Joly dresse la liste de ces groupes anarchisants, voyez vous-même :

 

Merci beaucoup en revanche pour la partie argumentée de votre réponse (sur le conservatisme).

Capture d’écran 2018-12-20 à 19.53.52.png

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