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Néo-Chartalisme, Modern Monetary Theory (MMT)


JohnBis

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Bonjour à tous,

Je tenais dans ce fil à vous présenter une théorie monétaire qui fait en ce moment son retour en force aux USA et qui est pourtant relativement absente des débats en France et dont je n'ai pas trouvé trace sur ce forum: le néo-chartalisme, ou Modern Monetary Theory (MMT).

La MMT est une théorie monétaire qui découle des travaux de l'économiste Allemand Georg Friedrich Knapp - qui a étudié au début du XXème siècle le comportement des monnaies fiducières étatiques - et de l'analyse monétariste telle que reprise par Milton Friedman, elle-même basée sur le fait que dans nos sociétés occidentales la monnaie est considérée comme relevant de la souveraineté nationale et donc de l'Etat.

(Je tiens à préciser ici que je ne porte pas de jugement de valeur sur un tel système - j'aurais plutot tendance à être free-banker comme décrit par Hayek - je ne fais que rapporter l'approche descriptive de cette théorie tout en restant réaliste quant au fait que le free-banking à très peu de chances d'être expérimenté en occident dans un futur proche.)

La MMT analyse donc les monnaies fiducières étatiques, et débute sa réflexion sur les considérations suivantes: l'Etat impose une certaine monnaie en demandant le paiment de l'impôt dans cette monnaie (la monnaie n'apparait donc pas spontanément des individus comme solution au problèmes de troc), et l'Etat n'a pas les mêmes contraintes de solvabilité que les entités privés: vu qu'il émet la monnaie, et ne fait pas que l'utiliser, sa seule limite est l'inflation et non pas la banqueroute. Théoriquement la banque centrale est indépendante de l'Etat, mais tant qu'elle rachète les bons du trésor sans limites cela revient au même, et si ce n'est pas le cas l'Etat se charge de la forcer comme en ce moment au Japon par exemple.

 

La MMT construit ensuite son modèle sur une tautologie comptable: en analysant la manière dont est calculé le PIB, on en déduit des résultats pour le moins étonnant. En effet, dans un système monétaire de monnaie souveraine le PIB vaut:

    PIB = C + I + G + (X – M)                               où C = consommation, I = investissement, G = dépenses publiques, X = exports & M = imports

    Ecrit différemment on a: PIB = C + S + T       où C = consommation, S = épargne, T = taxes

    Soit:    C + S + T = PIB = C+ I + G + (X – M)

    Ce qui se réarrange en :
    (I – S) + (G – T) + (X – M) = 0                        où (I – S) est la balance monétaire du secteur privé, (G – T) celle du secteur privé et (X – M) celle du commerce extérieur.

Autrement dit, à tout moment dans une économie les balances monétaires des secteurs privé, public et du commerce extérieur s'annulent, comme on peut aussi le constater empiriquement par exemple avec le cas américain:

mr4.png

 


Or, cette équation comptable s'écrit aussi (S - I) = (G - T) + (X - M), c'est-à-dire que "l'épargne privée nette est égale à la somme du déficit public et de la balance courante, donc que le secteur privé ne peut épargner que si un État s'autorise un déficit ou si l'étranger est lui-même en déficit". (je cite Wikipedia ici) "Cette constatation va à l'encontre de l'opinion dominante affirmant que l'État doit rembourser tôt ou tard ses déficits budgétaires. Il faut un déficit pour monétariser une économie, un déficit pour financer la croissance, et encore un déficit pour financer l'épargne du secteur privé lorsqu'il souhaite rembourser ses dettes avant de croître à nouveau." Ceci est à mettre en relation avec le fait que toutes les récessions du siècles dernier dans les pays souverain monétairement ont été précédées par un resserement budgétaire qui a donc mécaniquement comprimé l'épargne privée, ce qui malheureusement donne un argument aux néo-keynésiens (http://www.nextnewdeal.net/federal-budget-not-household-budget-heres-why).

 

En d'autres termes, dans les faits tout se passe comme si l'Etat injectait la monnaie nécessaire à l'épargne privée via ses déficits et contrôlait a postériori cette masse monétaire via l'impôt, ajoutant un autre levier de contrôle monétaire en plus de l'action de la banque centrale.

 

De plus, l'équation précédente permet également d'écrire que S=I+(S-I) , c'est à dire que l'épargne réelle du secteur privé provient à la fois de l'investissement de ce même secteur privé ET des "actifs financiers nets" qui lui sont transférés par les bons du trésors issus du déficit public. En clair, l'Etat émet des bons de risque nul, permettant aux acteurs privés qui le désirent de placer leur épargne en sécurité et ainsi maintenir la confiance dans l'économie. C'est là encore une observation de la politique économique actuelle, et non une recommandation.

 

Sur ces considérations, les prises de position actuelles des économistes MMT sont très variées: certains voudraient se rapprocher du néo-keynésianisme alors que d'autres pensent que c'est le secteur privé qui est l'unique créateur de richesses dans une société et que l'Etat ne doit avoir qu'un rôle de facilitateur de la croissance privée, en permettant une épargne suffisante via ses déficits tout en gardant l'inflation sous contrôle (Nominal Gross Domestic Product Level Targeting - NGDPLT)

 

Un papier académique très complet est disponible ici: http://pragcap.com/understanding-modern-monetary-system et pourra apporter plus de détails à ceux que ça intéresse (en anglais).

 

Voilà, je ne veux pas trop donner d'infos d'un seul coup, je voulais simplement savoir si des gens ici s'étaient déjà intéressés de près à cette théorie, à son adéquation avec la crise actuelle, et si vous aviez déjà des opinions ou objections à y apporter, bref initier un débat sur ces bases théoriques.

 

Pour info, un blog de CNBC relaie régulièrement des considérations orientées MMT (lien et lien), ainsi qu'un site français.

 

Je vous remercie.

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Sans avoir le temps de m'y plonger, je remarque les points suivants.

La MMT est une théorie monétaire qui découle des travaux de l'économiste Allemand Georg Friedrich Knapp - qui a étudié au début du XXème siècle le comportement des monnaies fiducières étatiques

Ca commence mal, Knapp était un membre important de l'Ecole Historique allemande, les grands ennemis de la première école autrichienne, et qui se considéraient comme "la garde intellectuelle rapprochée de la maison des Hohenzollern", et ont constitué ce qu'on a appelé les "socialistes de la chaire". Normalement, un bon universitaire participe d'un contrepouvoir ; or, l'alliance de l'Université et du Pouvoir en Prusse puis en Bochie unifiée a eu les conséquences néfastes que l'on sait. (Je viendrai chercher mon point Godwin plus tard.)

La MMT analyse donc les monnaies fiducières étatiques, et débute sa réflexion sur les considérations suivantes: l'Etat impose une certaine monnaie en demandant le paiment de l'impôt dans cette monnaie (la monnaie n'apparait donc pas spontanément des individus comme solution au problèmes de troc),

Que l'Etat ait poussé à la monétarisation de l'économie par le biais de l'impôt, c'est évident. Que son choix d'une monnaie (l'or, pourquoi pas) plutôt que d'une autre (l'argent, ou le bétail, ou autre chose) ait influencé le choix d'une monnaie au détriment des autres, c'est très probable (notamment dans les économies médiévales où les opérations de change étaient encore assez peu développées). Mais que la monnaie en tant que telle doive son existence à l'Etat, c'est faux, radicalement faux, et pourtant plus c'est faux, plus ceux parmi les économies qui ont le moins de culture générale et de recul historique se laissent impressionner.

et l'Etat n'a pas les mêmes contraintes de solvabilité que les entités privés: vu qu'il émet la monnaie, et ne fait pas que l'utiliser, sa seule limite est l'inflation et non pas la banqueroute.

L'Etat n'a pas les mêmes contraintes de solvabilité que les boîtes privées, non pas parce qu'il imprimerait de la monnaie (seules les banques créent de la monnaie), mais parce qu'il peut du jour au lendemain envoyer chier ses créditeurs en les foutant en taule (ou en les fourrant au plomb). Et des entités publiques, et même des Etats, qui font banqueroute, ça s'est vu et ça se verra encore.

La MMT construit ensuite son modèle sur une tautologie comptable: en analysant la manière dont est calculé le PIB, on en déduit des résultats pour le moins étonnant. En effet, dans un système monétaire de monnaie souveraine le PIB vaut:

PIB = C + I + G + (X – M) où C = consommation, I = investissement, G = dépenses publiques, X = exports & M = imports

Ecrit différemment on a: PIB = C + S + T où C = consommation, S = épargne, T = taxes

Soit: C + S + T = PIB = C+ I + G + (X – M)

Ce qui se réarrange en :

(I – S) + (G – T) + (X – M) = 0 où (I – S) est la balance monétaire du secteur privé, (G – T) celle du secteur privé et (X – M) celle du commerce extérieur.

Je doute par exemple que ce qui part en taxes ne soit pas consommé par la suite, mais admettons (je laisse de vrais économistes en juger). (Et puis c'est respectivement "secteur privé", "secteur public" et "commerce extérieur", mais on s'est compris.)

Or, cette équation comptable s'écrit aussi (S - I) = (G - T) + (X - M), c'est-à-dire que "l'épargne privée nette est égale à la somme du déficit public et de la balance courante, donc que le secteur privé ne peut épargner que si un État s'autorise un déficit ou si l'étranger est lui-même en déficit". (je cite Wikipedia ici)

Allons bon. L'épargne privée nette devient subitement l'épargne privée tout court. Si le commerce extérieur est à l'équilibre et que l'Etat ne fait pas de déficit, alors l'épargne des acteurs privés est égale à l'investissement des acteurs privés. C'est normal, c'est la situation où toute l'épargne des gens se dirige vers les entreprises pour les financer. Le marché du capital est alors à l'équilibre et le taux d'intérêt est le prix de l'échange intertemporel du capital.

Si l'Etat continue à être à l'équilibre, alors toute différence entre l'épargne locale et l'investissement local sera "épongé" par un déplacement de la balance commerciale : si les gens ont plus d'épargne que de possibilités locales d'investissement, ils iront investir ailleurs, et leur argent leur reviendra par le fait que le monde extérieur aura alors plus de fric pour leur acheter leurs marchandises. Pense au Qatar qui investit dans l'Europe qui lui achète son pétrole.

"Cette constatation va à l'encontre de l'opinion dominante affirmant que l'État doit rembourser tôt ou tard ses déficits budgétaires. Il faut un déficit pour monétariser une économie, un déficit pour financer la croissance, et encore un déficit pour financer l'épargne du secteur privé lorsqu'il souhaite rembourser ses dettes avant de croître à nouveau."

Le déficit n'a aucun effet sur la monétarisation de l'économie (en fait, sans monétarisation préalable, le déficit est impossible, puisqu'il a besoin de reconnaissances de dettes, qui n'existent en général que quand la monnaie est déjà bien implantée dans une économie) : en revanche, il en a un sur le siphonnage d'une épargne qui ne sera plus disponible pour être investie dans des projets productifs. Le déficit a au mieux un effet positif sur la croissance à très court terme, parce que la consommation augmente... Mais ça voudrait dire que les gens ne se rendent pas compte que la dette d'aujourd'hui est l'impôt de demain (et historiquement, ils s'en rendent assez bien compte). En siphonnant l'épargne comme nous l'avons vu, le déficit public a plutôt un effet destructeur sur la croissance à long terme, puisqu'il empêche l'accumulation de capital.

Enfin, il n'est nul besoin de déficit pour financer l'épargne du secteur privé : les gens ont commencé à épargner avant que l'Etat n'existe, alors le déficit public, tu penses bien... Au mieux, il faudrait un déficit pour compenser une hausse de l'épargne ou une baisse de l'investissement ; mais tant qu'à faire, autant que ces deux-là s'équilibrent par le biais de la balance commerciale ou de l'ajustement du taux d'intérêt. En ce sens, on peut dire que l'augmentation de la dette publique hausse le taux d'intérêt (ce qui se justifie dans la mesure où elle fait flotter une incertitude sur les affaires économiques dans le futur).

Ceci est à mettre en relation avec le fait que toutes les récessions du siècles dernier dans les pays souverain monétairement ont été précédées par un resserement budgétaire qui a donc mécaniquement comprimé l'épargne privée

Ca, ça mérite de grosses preuves. J'ai plutôt le souvenir que la fin du déficit de Roosevelt et le la Seconde Guerre Mondiale ait plutôt remis l'économie sur ses pattes, et que au cours de la grande prospérité des années 90 le budget des USA avait connu des excédents de plus en plus forts.

En d'autres termes, dans les faits tout se passe comme si l'Etat injectait la monnaie nécessaire à l'épargne privée via ses déficits et contrôlait a postériori cette masse monétaire via l'impôt, ajoutant un autre levier de contrôle monétaire en plus de l'action de la banque centrale.

Le contrôle monétaire, voilà l'ennemi. Blague à part, quand l'Etat veut se mêler d'économie, ça part le plus souvent en sucette, et quand il s'attaque à la trame même de l'économie qu'est la monnaie, l'horreur est assurée à terme (mais plus longue à venir, il est vrai).

Sinon, je reste un tantinet dubitatif. Les impôts prélevés ne disparaissent pas de l'économie (sauf si l'Etat entasse les billets dans une grande chambre secrète, mais j'ai plutôt dans l'idée que le fric lui brûle les doigts). En revanche, la dette publique, elle, constitue une création brute de monnaie, comme toute dette.

De plus, l'équation précédente permet également d'écrire que S=I+(S-I) , c'est à dire que l'épargne réelle du secteur privé provient à la fois de l'investissement de ce même secteur privé ET des "actifs financiers nets" qui lui sont transférés par les bons du trésors issus du déficit public.

Dire ça, c'est dire que mes pieds reposent bien par terre parce que j'ai le cul à la bonne hauteur. ;) Plus sérieusement, ça veut juste dire que l'épargne privée part soit dans l'investissement privé, soit dans la dette publique, et donc que le déficit public assèche l'investissement privé.

En clair, l'Etat émet des bons de risque nul, permettant aux acteurs privés qui le désirent de placer leur épargne en sécurité et ainsi maintenir la confiance dans l'économie.

L'Etat n'est pas une entité magique, et personne, ni l'Etat ni personne d'autre, ne porte un risque nul. Pour comparaison, depuis sa création, Saint-Gobain a fait moins souvent faillite ou défaut que l'Etat.

Merci à toi pour ce fil qui promet d'être très intéressant, en tout cas.

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Merci de votre réponse et de ces infos sur Knapp, j'avoue que je ne l'ai découvert que récemment et je ne savais pas toute cette partie de l'histoire.

 

L'Etat n'a pas les mêmes contraintes de solvabilité que les boîtes privées, non pas parce qu'il imprimerait de la monnaie (seules les banques créent de la monnaie), mais parce qu'il peut du jour au lendemain envoyer chier ses créditeurs en les foutant en taule (ou en les fourrant au plomb). Et des entités publiques, et même des Etats, qui font banqueroute, ça s'est vu et ça se verra encore.

 

Apparemment, les MMTers considèrent comme Friedman que la monnaie est émise par la banque centrale, que celle-ci est sous le contôle de l'Etat, et que les banques ne font qu'émettre du crédit - pas de la monnaie souveraine, donc - de manière décentralisée et là où c'est le plus opportun. Un Etat souverain ne peut pas techniquement faire faillite s'il peut imprimer autant de billets qu'il veut, s'il fait banqueroute c'est une question politique.

 

Allons bon. L'épargne privée nette devient subitement l'épargne privée tout court. Si le commerce extérieur est à l'équilibre et que l'Etat ne fait pas de déficit, alors l'épargne des acteurs privés est égale à l'investissement des acteurs privés. C'est normal, c'est la situation où toute l'épargne des gens se dirige vers les entreprises pour les financer. Le marché du capital est alors à l'équilibre et le taux d'intérêt est le prix de l'échange intertemporel du capital.

 

Un individu, un foyer ou une entreprise peuvent individuellement épargner quelle que soit la balance étatique, c'est évident; ce que dit l'équation (S-I)+(G-T)+(X-M)=0 c'est juste que si l'Etat fait des surplus (supposons X=M pour que ça soit plus simple), le secteur privé dans son ensemble ne peut pas gagner plus qu'il ne dépense sans taper dans ses réserves ou dans de l'emprunt privé (ce qui peut conduire à des bulles de crédit). C'est ce qu'ils appelent "net sectoral savings": ce qui reste entre tout ce qui rentre dans le secteur privé et ce qui en sort. En soit, c'est juste une observation comptable, ça ne rend pas compte de toutes les situations diverses et variées que ça sous-tend à l'échelle micro-économique, on est bien d'accord.

Après, d'après ce que j'ai compris, la cas I=S (tous les secteurs à l'équilibre) est un cas plus théorique que concret, car en pratique on observe que les agents économiques veulent conserver un minimum de "marge de sécurité monétaire" sous la main, au cas où (facteur psychologique). Selon la MMT le gouvernement, en permettant de l'épargne nette, permet au secteur privé d'avoir de l'épargne sécurisée pour que la confiance reste bonne, et ainsi éviter une panique ou autre crise. Et ces déficits ne sont pas un problème pour eux dans la mesure où ils considèrent que le secteur privé fournira toujours suffisamment de croissance dans cette configuration pourqu'on puisse les faire rouler sans augmenter les prélèvements à des taux trop importants. Enfin, sur le papier hein ^^

 

Ca, ça mérite de grosses preuves. J'ai plutôt le souvenir que la fin du déficit de Roosevelt et le la Seconde Guerre Mondiale ait plutôt remis l'économie sur ses pattes, et que au cours de la grande prospérité des années 90 le budget des USA avait connu des excédents de plus en plus forts.

 

Voici un graphique sur les 50 dernières années, sachant que la récession de 37 au milieu du New Deal a été précédé de 2 années de surplus (et c'est aussi pour cela que les MMT s'écartent radicalement des néo-kéynésiens): http://fr.slideshare.net/MitchGreen/mmt-basics-you-cannot-consider-the-deficit-in-isolation. (Slide 6)

A prendre avec au moins une pincette: même si le gouvernement fait un surplus, le secteur privé peut continuer temporairement à conserver son épargne nette via le crédit privé si sa capacité d'emprunt est bonne, c'est le cas de Hong Kong ou de Singapour par exemple. Ce que dit la MMT, c'est juste que ce n'est pas pérenne: comme les entités privées ont plus de contraintes de solvabilité à court-moyen terme que n'a un Etat souverain monétairement, si le gouvernement fait des surplus trop longtemps, arrivera un moment ou le secteur privé sera en manque d'épargne et/ou de capacité d'emprunt, ce qui causera une récession.

 

Le contrôle monétaire, voilà l'ennemi. Blague à part, quand l'Etat veut se mêler d'économie, ça part le plus souvent en sucette, et quand il s'attaque à la trame même de l'économie qu'est la monnaie, l'horreur est assurée à terme (mais plus longue à venir, il est vrai).

 

En effet, c'est là où je reste aussi perplexe, et je ne pense pas avoir de culture éco suffisante pour appréhender la globalité du problème. D'un point de vue de l'économie la MMT a ça d'interessant qu'elle donne carte blanche au secteur privé pour assurer la croissance: avec le déficit l'Etat peut financer un "safety net" (vouchers friedmannien, etc) et ainsi fermer le clapet aux socialistes bien-pensants, et au fond elle réduit le rôle de l'Etat à ses fonctions régalienne + le rôle d'injecter suffisamment de monnaie dans le secteur privé pour que celui-ci puissue opérer correctement et reprendre à l'Etat des fonctions qu'il n'aurait jamais du lui concéder. D'un point de vue politique, les MMTers prônent d'ailleurs tous plus ou moins une réduction drastique des prélèvements ainsi qu'une simplification massive des réglementations grevant la capacité du secteur privé à croitre. La croissance est le maitre mot ici: elle est la clé à bien de nos problèmes, et on ne l'atteindra pas sauf à créer de bonnes conditions pour le secteur privé.

 

L'Etat n'est pas une entité magique, et personne, ni l'Etat ni personne d'autre, ne porte un risque nul. Pour comparaison, depuis sa création, Saint-Gobain a fait moins souvent faillite ou défaut que l'Etat.

 

Le risque nul n'existe pas, je suis tout à fait d'accord, les MMTers utilisent ce terme en parlant du fait que comme l'Etat peut forcer la banque centrale a émettre de la monnaie s'il le veut, il honorera toujours ses dettes en nominal. Si ça gestion est catastrophique et son secteur privé anémié par des taxes et règlementations anti-libérales, l'acroissement de la masse monétaire se traduira principalement par de l'inflation et même si l'Etat paiera ses bons, ce sera avec une monnaie de singe. Donc par "risque nul" il faut comprendre qu'on reverra toujours le nombre d'euros prétés, pas qu'ils auront toujours autant de valeur. C'est donc vrai d'un point de vue comptable, pas du tout d'un point de vue réel, en effet.

 

 

 

 

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Merci à toi pour ce fil qui promet d'être très intéressant, en tout cas.

+1

 

Pour une explication en anglais graduelle et accessible à tous de la MMT, il y a aussi: http://neweconomicperspectives.org/p/modern-monetary-theory-primer.html

 

Je m'y suis intéressé et il me semble que cette théorie dans sa forme descriptive est valide. Elle prédisait notamment que le quantitative easing ne créerait pas d'inflation et que les taux allaient rester bas. Ce qui, rétrospectivement, semble quand même hyper-impressionnant, et lui fait mériter la considération la plus sérieuse.

Après, je crois qu'elle est actuellement majoritairement défendue par des post-keynésiens ultra-interventionnistes, mais d'après ce que je comprends elle n'est pas antithétique avec une politique économique libérale.

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Le lien de Malky est très intéressant et montre bien que le principal défaut de cette théorie est bien le tour de passe autour du concept d'épargne.

 

Robert Murphy :

"Robinson sur son ile récolte 10 noix de coco par jour (son revenu réel) et en épargne 2 par jour afin de pouvoir se prévenir contre les mauvais jours. Au bout de 25 jours, il épargne 50 noix de coco qui lui permettent en fait de ne pas travailler pendant quelques jours et d'en profiter pour améliorer son outil de production. "

 

=> De cet exemple il en ressort que l'investissement est le fruit de l'épargne et non l'inverse. La constitution d'un stock (grenier, coffre fort etc.) est lui-même un investissement dans l'avenir. A quoi sert l'épargne sinon à investir ? Quel est l'intérêt de vivre en dessous de ses moyens ?

 

 

"l'épargne privée nette est égale à la somme du déficit public et de la balance courante, donc que le secteur privé ne peut épargner que si un État s'autorise un déficit ou si l'étranger est lui-même en déficit".

Non, la conclusion est que le secteur privé ne peut épargner "de manière nette" que si un État s'autorise un déficit ou si l'étranger est lui-même en déficit. Ce à quoi Murphy répond "so what ?" (soit : quel est l'intérêt d'une épargne nette ?).

 

De plus, si cette théorie est vraie alors pourquoi n'allons nous pas jusqu'au bout des choses et ne poussons nous pas l’État à dépenser à outrance puisque cela améliore la fameuse épargne nette ?

1-Parce que l'épargne nette n'a pas de sens

2-Parce que le socialisme c'est mal

 

Dire ça, c'est dire que mes pieds reposent bien par terre parce que j'ai le cul à la bonne hauteur. ;) Plus sérieusement, ça veut juste dire que l'épargne privée part soit dans l'investissement privé, soit dans la dette publique, et donc que le déficit public assèche l'investissement privé.

+1

 

De toute manière, le PIB est à mon sens la pire chose jamais créée puisque d'une part cela ne traduit pas ce qui constitue à mon sens la véritable richesse crée (amélioration des conditions de vie) et permet d'autre part de manipuler des variables agrégées dans tous les sens et d'en sortir le fumeux concept : la dépense étatique c'est complétement cool.

 

La MMT prédisait notamment que le quantitative easing ne créerait pas d'inflation et que les taux allaient rester bas. Ce qui, rétrospectivement, semble quand même hyper-impressionnant, et lui fait mériter la considération la plus sérieuse.

Ce qui va être hyper-impressionnant c'est l'hyper-inflation qui va nous tomber dessus à terme (le cash injecté par la FED circule principalement pour le moment dans le secteur financier, j'attends de le voir injecté dans les autres secteurs avant de me prononcer)

 

 

mais d'après ce que je comprends elle n'est pas antithétique avec une politique économique libérale.

Je comprends l'inverse...

 

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Merci de votre critique. Je vais essayer d'y répondre vu ce que j'ai compris de la MMT jusqu'à présent.

 

Robert Murphy :

"Robinson sur son ile récolte 10 noix de coco par jour (son revenu réel) et en épargne 2 par jours afin de pouvoir se prévenir contre les mauvais jours. Au bout de 25 jours, il épargne 50 noix de coco qui lui permettent en fait de ne pas travailler pendant quelques jours et d'en profiter profiter pour améliorer son outil de production. "

 

=> De cette exemple il en ressort que l'investissement est le fruit de l'épargne et non l'inverse. La constitution d'un stock (grenier, coffre fort etc.) est lui-même un investissement dans l'avenir. A quoi sert l'épargne sinon à investir ? Quel est l'intérêt de vivre en dessous de ses moyens ?

Dans exemple de Murphy, aussi pertinent soit-il, il n'y aucune transaction, donc aucun marché, et aucun "PIB" de calculable. Par rapport au problèmes soulevés ici, ce n'est pas réellement pertinent. cf http://www.nakedcapitalism.com/2011/05/on-the-upside-down-world-of-mmt.html

 

Non, la conclusion est que le secteur privé ne peut épargner "de manière nette" que si un État s'autorise un déficit ou si l'étranger est lui-même en déficit. Ce à quoi Murphy répond "so what ?" (soit : quel est l'intérêt d'une épargne nette ?).

Ce n'est pas une question d'intérêt, mais de préférence des acteurs économique. Le cash est un actif sans risque immédiatement disponible, ce qui représente une intérêt en soi pour ses détenteur, c'est d'ailleurs pour cela que les individus et les entreprises ont tendance à en garder sous le coude (votre compte en banque n'est surement pas à 0, alors que selon l'hypothèse de Murphy il devrait l'être, tout votre cash étant investi). Théoriquement certains ont pu dire qu'il n'y a aucun intérêt à garder de la monnaie, on devrait l'investir (c'est la théorie néo-classique), mais dans la réalité ce n'est pas le cas: laissés libres, les acteurs économiques cherchent délibérément à avoir une épargne nette (que ce soit rationnel ou pas, logique ou pas n'est pas la question, c'est leur liberté), ce que la MMT ne fait que constater. Et d'un point de vue comptable, cette demande pour de l'épargne nette trouve sa réponse dans le déficit public ou le commerce extérieur.

 

De plus, si cette théorie est vraie alors pourquoi n'allons nous pas jusqu'au bout des choses et ne poussons nous pas l’État à dépenser à outrance puisque cela améliore la fameuse épargne nette ?

Parce que la limite se trouve dans l'inflation. La demande d'épargne nette est limitée, et la production est limitée dans son élasticité, donc au delà d'un certain seuil trop de monnaie se mue en hausse des prix. La MMT dit juste que pour éviter qu'un manque d'épargne ne cause une récession, il faut que l’État ne cherche pas à faire des surplus trop longtemps, pas qu'imprimer des billets c'est créer de la richesse (ce qui serait ridicule).

 

De toute manière, le PIB est à mon sens la pire chose jamais créée puisque d'une part cela ne traduit pas ce qui constitue à mon sens la véritable richesse crée (amélioration des conditions de vie) et permet d'autre part de manipuler des variables agrégées dans tous les sens et d'en sortir le fumeux concept : la dépense étatique c'est complétement cool.

Tout à fait, le PIB est un indicateur parmi d'autres, qui ne fait que comptabiliser les transactions dans une économie sans pour autant en différencier la nature. C'est un "income statement" à l'échelle d'un pays, alors que le bilan ou le "cash flow statement" sont des outils plus parlant et plus pertinents. Parler de dette/PIB est d'ailleurs par exemple étrange: c'est comparer un stock à un flux.

Ensuite la MMT ne parle pas forcément de dépense publique, mais de déficit public. Leur modèle est compatible avec plein de "tailles" de gouvernements possibles, seul compte que le déficit corresponde à la demande d'épargne nette du secteur privée pour que la croissance et l'emploi soient optimaux. En pratique, il faut quand même voir que les MMters militent pour relancer la croissance par le secteur privé via des baisses de prélèvements et globalement une libéralisation du droit. Aucun ne parle de contrôler les prix ou les entreprises comme certains keynésiens par exemple (Krugman s'est ouvertement prononcé anti-MMT); ils pensent par contre que si le secteur privé ne dégage pas tout son potentiel, en plus de régulations et taxations inutiles, c'est en partie à cause d'une mauvaise gestion monétaire qui découle d'une mauvaise compréhension de la macro-éco.

 

Ce qui va être hyper-impressionnant c'est l'hyper-inflation qui va nous tomber dessus à terme (le cash injecté par la FED circule principalement pour le moment dans le secteur financier, j'attends de le voir injecté dans les autres secteurs avant de me prononcer)

C'est plus qu'improbable. Le mouvement général de deleveraging est fortement déflationniste (les entreprises remboursent leurs prêts ce qui tend à diminuer la masse monétaire). Les QE en face ont donc largement de la marge avant de causer une inflation importante. On observe la même chose au Japon: ils impriment depuis 20 ans et ils sont pourtant en déflation.

L'hyper-inflation est un phénomène très rare qui ne peut survenir qu'en cas d'impression forcenée couplée à un secteur privé complètement contraint qui ne peut pas (ou ne veut pas en cas de crise grave de confiance dans un failed state par exemple) produire en conséquence.

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Merci pour votre réponse.

 

Dans exemple de Murphy, aussi pertinent soit-il, il n'y aucune transaction, donc aucun marché, et aucun "PIB" de calculable.

 

Cet exemple avait pour seul objectif d'expliquer l'intérêt de l'épargne.

 

Ce n'est pas une question d'intérêt, mais de préférence des acteurs économique. Le cash est un actif sans risque immédiatement disponible, ce qui représente une intérêt en soi pour ses détenteur, c'est d'ailleurs pour cela que les individus et les entreprises ont tendance à en garder sous le coude (votre compte en banque n'est surement pas à 0, alors que selon l'hypothèse de Murphy il devrait l'être, tout votre cash étant investi)

J'y ai répondu en disant que "La constitution d'un stock (grenier, coffre fort etc.) est lui-même un investissement dans l'avenir.", c’était mal formulé je le concède. Murphy avance que l'on épargne pour investir pas que l'épargne créée sera investi immédiatement.

 

En outre, qu'il ait autant de préférences temporelles que d'individus je ne le nie pas mais que quelqu'un vive en dessous de ses moyens sans aucune raison (je force le trait) me parait absurde. Si je souhaite que mon épargne soit disponible c'est soit parce que je compte l'investir à un moment où les opportunités seront meilleurs soit parce que je crains des dépenses futures imprévues.

 

 

La MMT dit juste que pour éviter qu'un manque d'épargne ne cause une récession, il faut que l’État ne cherche pas à faire des surplus trop longtemps

Comment un manque d'épargne nette cause une récession, voilà précisément ce que je ne comprends pas ?

 

On observe la même chose au Japon: ils impriment depuis 20 ans et ils sont pourtant en déflation.

Si le pouvoir d'achat de la monnaie augmente plus rapidement que la quantité de monnaie cela est possible(grâce notamment à l'augmentation de la productivité). Sinon en ce qui concerne le désendettement, je n'ai pas de chiffre sous la main pour vérifier si "l'argent-dette" diminue plus rapidement que le papier augmente, je suis demandeur ;)

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Cet exemple avait pour seul objectif d'expliquer l'intérêt de l'épargne.

D'accord, et d'ailleurs cet exemple est techniquement juste, mais il ne concerne qu'un seul individu, alors que la MMT s'intéresse aux liens entre transactions économiques (au moins 2 personnes) et capacité globale d'épargne, ce qui me semble être un problème différent (et de plus capacité d'épargne en micro =/= en macro). Plus de détails ici: http://www.nakedcapitalism.com/2011/05/on-the-upside-down-world-of-mmt.html

 

J'y ai répondu en disant que "La constitution d'un stock (grenier, coffre fort etc.) est lui-même un investissement dans l'avenir.", c’était mal formulé je le concède. Murphy avance que l'on épargne pour investir pas que l'épargne créée sera investi immédiatement.

Tout à fait, c'est bien pour ça que les MMTers utilisent la relation S = I + (S-I) pour montrer que la colonne vertébrale de l'économie (et de l'épargne) est bien le secteur privé qui investit (I), alors que l’État ne peut-être, au mieux, qu'un facilitateur en amenant des actifs financiers nets via le déficit (S-I). De mon point de vue je simplifierais ainsi: les keynésiens disent "les dépenses publiques inciteront le privé à produire et à embaucher", et pensent donc que l'Etat a le pouvoir de contrôler l'économie, les MMTers répondent :"Non, seul un secteur privé ayant confiance produira effectivement, le rôle de l'Etat ne doit être que de permettre l'épargne nette nécessaire à cette confiance": ils pensent que l'Etat ne peut tout au plus que supporter le secteur privé.

 

En outre, qu'il ait autant de préférences temporelles que d'individus je ne le nie pas mais que quelqu'un vive en dessous de ses moyens sans aucune raison (je force le trait) me parait absurde. Si je souhaite que mon épargne soit disponible c'est soit parce que je compte l'investir à un moment où les opportunités seront meilleurs soit parce que je crains des dépenses futures imprévues.

Comment je comprends la chose: si on considère le secteur privé dans sa globalité, en tant qu’agrégat, il y a une demande d'épargne nette puisque au moins certains de ses membres veulent attendre d'investir ou craignent pour des dépenses futures imprévues (par exemple vu la saisonnalité de certains marchés, c'est plutôt facile à concevoir). Ça rejoins ce que je disais au message précédent: c'est peut-être irrationnel, mais beaucoup de gens et d'entreprises préfère garder du liquide sous la main plutôt que de l'investir, c'est psychologique mais bien réel et nécessaire à la confiance de ces personnes en l'avenir. Donc il est inutile que l'Etat, en cherchant un équilibre budgétaire, impose des difficultés à l’agrégat privé alors que c'est le moteur de l'économie. Comme le fait remarquer Cullen Roche:

 

"Government deficit spending and tax collection should be maintained at a rate that does not impose financial hardship on the private sector. Because the Federal government is not a business or household it should not manage its balance sheet for its own benefit. Rather, taxes and government spending should be managed in a way that most benefits the private sector and encourages private sector prosperity, productivity, innovation and growth."

 

C'est là où je vois que la MMT est bien plus libérale que les keynésiens, puisqu'ils veulent remettre le secteur privé au centre du débat, là où certains voudraient que ça soit l'Etat qui décide de tout. La MMT postule que le secteur privé alloue mieux les ressources que le secteur public, et qu'il est donc logique que l'Etat ne serve qu'à le favoriser plutôt qu'à le supplanter en terme de demande globale (et ça ne m'étonne donc pas que Krugman leur tape dessus !).

 

Comment un manque d'épargne nette cause une récession, voilà précisément ce que je ne comprends pas ?

Perte de confiance. Sachant qu'un surplus public (I>S, ceteris paribus) veut dire qu'en tant qu'agrégat le secteur privé dépense plus qu'il ne gagne, cela va rapidement déboucher sur une baisse de la monnaie en circulation, crise de liquidité, épargne inutilement accrue, donc une perte de confiance et les phénomènes psychologiques classiques de toutes les crises et mouvements de déflation générale. En fait, les espérances du secteur privé influent beaucoup plus que sa situation réelle. Un pauvre qui espère est plus heureux et plus dynamique qu'un riche qui désespère, c'est ce que les MMTers ont compris.

 

 Sinon en ce qui concerne le désendettement, je n'ai pas de chiffre sous la main pour vérifier si "l'argent-dette" diminue plus rapidement que le papier augmente, je suis demandeur ;)

+1. Moi non plus, et je n'ai pas trouvé à ce jour de papier clair là dessus, la seule chose que j'ai à me mettre sous la dent c'est une analyse de l'influence des banques centrales sur les taux et les prévisions d'inflation: http://www.theatlantic.com/business/archive/2013/01/the-1-thing-the-worlds-smartest-people-dont-get-about-monetary-policy/266812/#prclt-aKSdc1IY

(En substance: lorsque les BC annoncent qu'elles vont racheter des bons du trésor, les taux augmentent car les investisseurs se rabattent sur des actifs plus risqués et plus rémunérateurs, et malgré des quantités énormes d'argent "injecté" dans l'économie, les prévisions d'inflation restent faibles vu justement que les QE ne servent qu'à compenser la baisse de liquidité.)

 

Enfin, je tenais à partager cet article qui compare clairement le point de vue autrichien avec le point de vue MMT, qui sont en fait plus proches qu'on ne pourrait le penser au premier abord: http://www.creditwritedowns.com/2011/05/on-ideology-economics-and-the-compatibility-of-chartalists-and-austrians.html

 

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En premier lieu, je voudrais également te remercier de nous ouvrir un sujet aussi intéressant. Je m'intéresse sérieusement à l'économie depuis peu, j'ai des connaissances très limitées dans se domaine et me permettrez d'avoir une intervention "ras des pâquerettes".

Le sujet débute avec 2 relations sur le PIB:

PIB=c+i+g+(x-m)

Cette relation comporte des termes bien définis et ne me pose pas de problème pour l'admettre. Par contre la seconde :

PIB=c+s+t

m'est plus problématique puisque n'apparaît plus le commerce extérieur. Ma question est : ou est il donc passé ?

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En premier lieu, je voudrais également te remercier de nous ouvrir un sujet aussi intéressant.

Merci de vos encouragements, j'espère que ça apporte quelque chose d'utile aux lecteurs.

 

Le sujet débute avec 2 relations sur le PIB:

PIB=c+i+g+(x-m)

Cette relation comporte des termes bien définis et ne me pose pas de problème pour l'admettre. Par contre la seconde :

PIB=c+s+t

m'est plus problématique puisque n'apparaît plus le commerce extérieur. Ma question est : ou est il donc passé ?

 

Cela vient des différentes approches que l'on peut avoir pour mesurer l'ensemble des transactions d'une zone économique donnée. C'est le principe de la double écriture comptable: d'un côté on note les ressources et de l'autre leur utilisation, ces agrégats étant forcément égaux.

Le PIB mesure la production des agents économiques: les dépenses des uns étant les revenus des autres, on peut atteindre le même chiffre selon que l'on se place du côté des "sources" de monnaie ou que l'on observe le côté des "utilisations" de la monnaie. En ce qui nous concerne, la MMT fait égaler le PIB mesuré par les dépenses et par les revenus:

      - le "revenu national" est la somme de la consommation ©, de l'investissement privé (I), de la dépense publique (G) et de la balance extérieure (X – M)

      - les "dépenses nationales" sont celles des ménages et sont la somme de la consommation ©, de l'épargne (S) et des impôts (T). La différence (X-M) est en faite comprise et répartie dans ces 3 grandeurs, la méthodologie de calcul étant différente.

Il faut bien comprendre que ce ne sont que 2 approches différentes du même ensemble de flux, la monnaie circulant en permanence entre agents économiques (de par son caractère fongible). Si vous voulez encore plus de détails, je vous conseille cette vidéo: http://www.youtube.com/watch?v=gaEY-p-21F8&feature=player_embedded (moins de 10 minutes).

Dans l'absolu, il existe 3 méthodes pour calculer le PIB: calcul par la production, calcul par les dépenses, et calcul par les revenus. Dans le cas Français par exemple, ces calculs sont détaillés sur wikipedia ici: http://fr.wikipedia.org/wiki/Produit_int%C3%A9rieur_brut#D.C3.A9compositions_et_calculs_du_PIB

 

Après, gardons en tête que le PIB n'est qu'un indicateur, et qu'en soi il a ses limites. S'il est cohérent pour analyser une société capitaliste, il est aussi très facile de montrer en quoi on peut le manipuler: si le gouvernement imprime des billets pour construire des pyramides et financer un régime oppressant, le PIB augmente alors que le citoyen moyen s'appauvrit et voit sa qualité de vie diminuer. Dans nos sociétés où l’État a un poids très important et où la valeur réelle de ses services et impossible à quantifier proprement faute de prix libres, il ne faut pas s'appesantir plus sur le thermomètre que sur la réalité sous-jacente. Le PIB, par construction, est d'autant plus utile qu'il s'applique à des transactions libres c'est à dire où le prix correspond effectivement à de la richesse réelle.

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je conçois tout à fait que l'on puisse décrire quelquechose de 2 façons. En physique, plus ma partie, il n'est pas rare que l'on décrive un systéme en determinant la relation qu'ont entre eux les phénomène qui le compose ou alors en faisant ce que l'on appelle un bilan de puissance.

 

Cependant lorsque l'on ecrit :

 

PIB=C+I+G+(X-M)

 

on est bien d'accord que C représente la consommation nationale des biens et services nationaux puisque la consommation nationale des biens et services internationaux sont déjà pris en compte avec le terme (X-M) dans le cas contraire se serait les comptabilisé 2 fois.

 

Or dans la seconde relation

 

PIB=C'+S+T

 

vous expliquez que :

 

les "dépenses nationales" sont celles des ménages et sont la somme de la consommation C', de l'épargne (S) et des impôts (T). La différence (X-M) est en faite comprise et répartie dans ces 3 grandeurs ...

 

ce qui me pousserait à écrire qu'en fait

 

C'=C+A(X-M)

 

et donc dans la relation suivante

 

C+I+G+(X-M)=C'+S+T

 

comme C et C' ne peuvent plus s'annuler car exprimant 2 choses différentes, le reste de la démonstration tombe à l'eau.

 

Voilà, en quelques mots ce qui me turlupine. :jesaispo:

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Je comprends l'inverse...

 

C'est une théorie descriptive, elle ne prescrit rien en elle-même (contrairement à ses principaux promoteurs). Si jamais elle décrivait correctement le fonctionnement du système monétaire actuel, alors cette théorie en elle-même ne serait pas moins libérale que la théorie de la relativité générale.

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Apparemment, les MMTers considèrent comme Friedman que la monnaie est émise par la banque centrale, que celle-ci est sous le contôle de l'Etat, et que les banques ne font qu'émettre du crédit - pas de la monnaie souveraine, donc - de manière décentralisée et là où c'est le plus opportun. Un Etat souverain ne peut pas techniquement faire faillite s'il peut imprimer autant de billets qu'il veut, s'il fait banqueroute c'est une question politique.

Friedman constatait que la monnaie était émise par la BC ; il n'a jamais dit que ça devrait toujours être le cas. Quant à des Etats qui font faillite, ça s'est pourtant vu, et plus d'une fois.

Un individu, un foyer ou une entreprise peuvent individuellement épargner quelle que soit la balance étatique, c'est évident; ce que dit l'équation (S-I)+(G-T)+(X-M)=0 c'est juste que si l'Etat fait des surplus (supposons X=M pour que ça soit plus simple), le secteur privé dans son ensemble ne peut pas gagner plus qu'il ne dépense sans taper dans ses réserves ou dans de l'emprunt privé (ce qui peut conduire à des bulles de crédit). C'est ce qu'ils appelent "net sectoral savings": ce qui reste entre tout ce qui rentre dans le secteur privé et ce qui en sort. En soit, c'est juste une observation comptable, ça ne rend pas compte de toutes les situations diverses et variées que ça sous-tend à l'échelle micro-économique, on est bien d'accord.

Il y a une grosse confusion entre le signe de la différence S-I, et l'affirmation "Les gens épargnent / n'épargnent plus" (qui donnerait une information sur S tout seul indépendamment de I). On ne "tape" pas dans des réserves d'épargne : toute épargne passe soit en fonds propres pour l'entreprise qui la collecte (une banque, en général), soit est investie en titres (en actions, en obligations...). Donc à moins que je me trompe, la phrase "le secteur privé dans son ensemble ne peut pas gagner plus qu'il ne dépense sans taper dans ses réserves ou dans de l'emprunt privé" est complètement dénuée de sens économique (ceci dit, je ne suis pas économiste de profession). Et "l'épargne nette" ne me semble avoir aucun intérêt économiquement parlant, sinon de manifester l'existence d'un déséquilibre sur le marché du crédit, qui traduit probablement un taux d'intérêt trop élevé (trop d'épargne et pas assez d'investissements).

Voici un graphique sur les 50 dernières années, sachant que la récession de 37 au milieu du New Deal a été précédé de 2 années de surplus (et c'est aussi pour cela que les MMT s'écartent radicalement des néo-kéynésiens): http://fr.slideshare.net/MitchGreen/mmt-basics-you-cannot-consider-the-deficit-in-isolation. (Slide 6)

En fait, ça reflète complètement autre chose : en période de récession, les gens se remettent à épargner, ou remboursent leurs crédits sans en prendre de nouveau... pendant que les entreprises freinent leurs investissements, qui leur semblent plus riqués. Ce qui me semble parfaitement sage. On note d'ailleurs que la hausse de "l'épargne nette" intervient pendant les récessions, et pas avant. J'y vois donc mal le moindre argument en faveur d'une causalité quelconque.

En effet, c'est là où je reste aussi perplexe, et je ne pense pas avoir de culture éco suffisante pour appréhender la globalité du problème. D'un point de vue de l'économie la MMT a ça d'interessant qu'elle donne carte blanche au secteur privé pour assurer la croissance: avec le déficit l'Etat peut financer un "safety net" (vouchers friedmannien, etc) et ainsi fermer le clapet aux socialistes bien-pensants, et au fond elle réduit le rôle de l'Etat à ses fonctions régalienne + le rôle d'injecter suffisamment de monnaie dans le secteur privé pour que celui-ci puissue opérer correctement

De mon côté, je vois surtout la carte blanche au secteur public pour dépenser n'importe quoi n'importe comment, pour le faire sans présenter l'addition au contribuable et donc augmenter sa demande de dépenses publiques, et l'idée fort étrange de noyer les entrepreneurs sous la dette. Les entrepreneurs n'ont pas besoin qu'il y ait plus d'argent dans l'économie, ils ont besoin qu'il y en ait suffisamment... et je crois que si il n'y en a pas assez, alors c'est autre chose qui sera utilisé comme monnaie.

Tout à fait, c'est bien pour ça que les MMTers utilisent la relation S = I + (S-I) pour montrer que la colonne vertébrale de l'économie (et de l'épargne) est bien le secteur privé qui investit (I), alors que l’État ne peut-être, au mieux, qu'un facilitateur en amenant des actifs financiers nets via le déficit (S-I).

Je croyais avoir détruit cette égalité, non ?
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Friedman constatait que la monnaie était émise par la BC ; il n'a jamais dit que ça devrait toujours être le cas. Quant à des Etats qui font faillite, ça s'est pourtant vu, et plus d'une fois.

Tout à fait d'accord. La simple remarque émise par la MMT ici est qu'un Etat souverain monétairement ne peut faire faillite que politiquement, puisque financièrement il n'a pas de contraintes pour rembourser ses dettes (hors inflation, bien entendu).

 

Et "l'épargne nette" ne me semble avoir aucun intérêt économiquement parlant, sinon de manifester l'existence d'un déséquilibre sur le marché du crédit, qui traduit probablement un taux d'intérêt trop élevé (trop d'épargne et pas assez d'investissements).

L'épargne nette n'est que la différence entre ce qui rentre dans le secteur privé et ce qui en sort, son intérêt est celui d'indiquer la capacité future d'investissement, du moins comme je le vois.

 

En fait, ça reflète complètement autre chose : en période de récession, les gens se remettent à épargner, ou remboursent leurs crédits sans en prendre de nouveau... pendant que les entreprises freinent leurs investissements, qui leur semblent plus riqués. Ce qui me semble parfaitement sage. On note d'ailleurs que la hausse de "l'épargne nette" intervient pendant les récessions, et pas avant. J'y vois donc mal le moindre argument en faveur d'une causalité quelconque.

C'est surtout avant les crises qu'on constate une baisse de l'épargne nette, ce qu'il se passe pendant est somme toute classique. La corrélation qu'on peut y voir est plutôt à aller chercher dans le lien entre taux d'épargne nette et niveau de confiance des agents privés, lui même déterminant dans la demande globale. Là encore, ce n'est que descriptif.

 

De mon côté, je vois surtout la carte blanche au secteur public pour dépenser n'importe quoi n'importe comment, pour le faire sans présenter l'addition au contribuable et donc augmenter sa demande de dépenses publiques, et l'idée fort étrange de noyer les entrepreneurs sous la dette.

C'est le risque, en effet, et c'est là que pour moi les libéraux ont tout à gagner en rappelant que "toutes les dépenses ne sont pas créées égales", et que l'Etat est le moins bien placé pour savoir dépenser correctement.

 

Les entrepreneurs n'ont pas besoin qu'il y ait plus d'argent dans l'économie, ils ont besoin qu'il y en ait suffisamment...

True that !

 

et je crois que si il n'y en a pas assez, alors c'est autre chose qui sera utilisé comme monnaie.

Si c'était légal... Dans l'absolu cela se rapporte au free banking: la capacité pour des acteurs privés d'émettre de la monnaie en toute responsabilité pour qu'elle colle aux besoins réels des acteurs économiques, et ce de manière bien plus fiable que ne peut le prévoir une banque centrale. Dans les faits, c'est très fortement réprimé, cf l'expérience du Liberty Dollar.

 

Je croyais avoir détruit cette égalité, non ?

Elle est tautologiquement vrai, après c'est l'interprétation qui est discutable, bien entendu.

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L'épargne nette n'est que la différence entre ce qui rentre dans le secteur privé et ce qui en sort, son intérêt est celui d'indiquer la capacité future d'investissement, du moins comme je le vois.

Heu, la capacité d'investissement, c'est l'épargne (au solde de la balance commerciale près). La capacité d'investissement future, c'est donc l'épargne future, qui est conditionnée par la rentabilité des investissements productifs présents (davantage, en tout cas, que la rentabilité des "investissements" en obligations). Vraiment, je ne vois pas l'intérêt de remarquer que S-I est parfois non nul, puisque X-M vient l'équilibrer. Et quand S-I est positif (toujours en admettant des fiances publiques à l'équilibre), alors le pays a un déficit commercial, et c'est tout. Ca peut indiquer que le taux d'intérêt est anormalement haut, mais c'est à peu près tout.

C'est surtout avant les crises qu'on constate une baisse de l'épargne nette, ce qu'il se passe pendant est somme toute classique. La corrélation qu'on peut y voir est plutôt à aller chercher dans le lien entre taux d'épargne nette et niveau de confiance des agents privés, lui même déterminant dans la demande globale. Là encore, ce n'est que descriptif.

Personnellement, je la vois exactement pendant, ni après ni avant. Bref.

Elle est tautologiquement vrai, après c'est l'interprétation qui est discutable, bien entendu.

Et à mon sens, l'interprétation est absurde. Bon, ce ne serait pas la première fois qu'un économiste se plante, non plus.

Expérience de pensée : on va chercher à minimiser le solde du secteur public : il suffit pour ça d'augmenter les dépenses publiques, et de supprimer les impôts. Là, on aurait forcément un solde négatif. Qui prêterait à un tel Etat qui vivrait intégralement à crédit ? Personne, et à raison. Parce qu'il est faux de dire que "la dette n'a aucune importance" (comme le disait Cheney), parce qu'à toute dette, il y a un créancier.

Autre expérience de pensée : pour maximiser E-I, on interdit l'investissement (I) ailleurs que dans le financement du déficit public (le solde du secteur public). Magnifique, même les Nazis ne sont pas allés jusque là (et pourtant, ils en ont détourné, de l'épargne).

On peut aussi ajouter que, dans cette équation comptable à six variables, il me semble présomptueux de croire que les six variables sont largement indépendantes. Elles ne le sont pas du tout (je crois déjà avoir expliqué le rôle de la dette publique dans l'augmentation du taux d'intérêt, et donc dans le dérèglement de l'équilibre entre S et I).

En revanche, je comprends pourquoi cette théorie émerge depuis peu : le besoin de justifier les déficits publics est immense et insatiable.

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La capacité d'investissement future, c'est donc l'épargne future, qui est conditionnée par la rentabilité des investissements productifs présents (davantage, en tout cas, que la rentabilité des "investissements" en obligations). Vraiment, je ne vois pas l'intérêt de remarquer que S-I est parfois non nul, puisque X-M vient l'équilibrer. Et quand S-I est positif (toujours en admettant des fiances publiques à l'équilibre), alors le pays a un déficit commercial, et c'est tout. Ca peut indiquer que le taux d'intérêt est anormalement haut, mais c'est à peu près tout.

Tout à fait, c'est purement descriptif.

 

Expérience de pensée : on va chercher à minimiser le solde du secteur public : il suffit pour ça d'augmenter les dépenses publiques, et de supprimer les impôts. Là, on aurait forcément un solde négatif. Qui prêterait à un tel Etat qui vivrait intégralement à crédit ? Personne, et à raison.

L'impôt sert à réguler la monnaie en circulation, c'est un outil anti-inflationniste en réalité. Le supprimer est intenable puisque 1/ l'Etat de Droit (droit de ppté, etc) coute de l'argent et 2/ Un déficit n'importe pas dans la mesure où la croissance permet de faire augmenter les recettes publiques sans augmenter les taux de prélèvements, si on suppose ces taux = 0 on verse forcément dans un modèle financier divergent (ce que n'est pas la MMT!)

 

Parce qu'il est faux de dire que "la dette n'a aucune importance" (comme le disait Cheney), parce qu'à toute dette, il y a un créancier.

C'est faux en effet, mais ça ne veut pas dire pour autant que la dette privée et la dette publique aient la même nature et les même contraintes.

 

Autre expérience de pensée : pour maximiser E-I, on interdit l'investissement (I) ailleurs que dans le financement du déficit public (le solde du secteur public). Magnifique, même les Nazis ne sont pas allés jusque là (et pourtant, ils en ont détourné, de l'épargne).

Ca serait du totalitarisme, je ne vois pas le rapport.

 

On peut aussi ajouter que, dans cette équation comptable à six variables, il me semble présomptueux de croire que les six variables sont largement indépendantes. Elles ne le sont pas du tout (je crois déjà avoir expliqué le rôle de la dette publique dans l'augmentation du taux d'intérêt, et donc dans le dérèglement de l'équilibre entre S et I).

Exact, on les utilise juste parce qu'elles sont tautologiquement vraies à un instant t, une "photographie" de l'instant présent.

 

En revanche, je comprends pourquoi cette théorie émerge depuis peu : le besoin de justifier les déficits publics est immense et insatiable.

Euh, non. Les MMTers ne cherchent pas à donner plus de poids à l'Etat, au contraire ils veulent le réduire et notamment déléguer pas mal de ses pouvoirs à un secteur privé libre, ils s'opposent d'ailleurs sur la plupart des points avec les keynésiens. Fondamentalement, la MMT cherche juste àcritiquer de mauvaises décisions fiscale et monétaires (donc l'Etat), un petit texte pour donner un exemple:

A Parable

The island nation of Freedonia has a problem. Every year, as hurricane season approaches, citizens rush to stock up on canned food. But the Freedonian Food Reserve (popularly known as the Fred), the state monopoly that controls food distribution on Freedonia, imports the same amount of food each week regardless of the season. So whenever meteorologists warn of an impending hurricane, demand for canned goods outstrips supply and prices spike.

This has harmful macroeconomic consequences. Freedonia is a poor country with little arable land, so canned goods account for a large fraction of the average Freedonian household’s budget. When the prices of canned goods rise, households are forced to cut back on other expenditures to make ends meet. These cutbacks trigger a miniature recession, as consumers buy fewer goods from other sectors of the economy.

Left-leaning economists argue that the solution to this problem is simple: the Fred should import extra shipments of canned food during hurricane season. Then it would have enough on hand to satisfy these predictable demand surges, avoiding big price increases. Indeed, some liberal economists point out that once people got used to the Fred anticipating and accommodating hurricane-related demand spikes, those spikes (and the resulting price increases) will actually grow less pronounced. People will become confident that canned food will be on store shelves when they need it, and so they won’t feel as much urgency about stocking up ahead of time. In short, liberals hope that a more flexible Fred policy will help to make the economy less volatile.

But many conservatives economists disagree with this advice. They don’t believe the government should have a monopoly on canned food imports in the first place. And they argue that it’s foolish for the Fred to try to control the boom and bust cycle of the Freedonian economy by manipulating the supply of canned goods. These economists advocate a rule-based canned goods policy in which the Fred imports the same number of cans of food each week. They are confident that the price system will allocate the supply of canned foods to the customers who will value them the most. Fred activism interferes with this process, they say, artificially depressing the price of canned goods and effectively bailing out those who didn’t have the foresight to stock up ahead of time.

Now obviously, Freedonian conservatives are right that it’s bad policy for the government to have a monopoly over the canned food market. The Fred should be abolished and decisions about how much canned food to import should be made by private firms. But I think they’re mistaken to believe this implies that Fred “activism”—supplying more canned goods when demand rises—is government interference with the market process. If the government is going to have a monopoly over the distribution of canned goods, it should exercise that power in a way that minimizes disruptions to the broader economy. Sudden changes to canned food prices cause economic disruption. Fluctuations in the quantity imported do not. And so the Fred should do its best to match the supply of canned goods to anticipated demand. That will minimize price volatility and the economic disruptions that come with it.

 

Source: http://www.forbes.com/sites/timothylee/2013/01/13/a-parable/

 

LOL. J'ai bien ri ^^

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  • 6 months later...
  • 6 years later...

Mais j’imagine qu’on pourrait dire que ce sont les produits qui rendent plus riche. Imprimer plus de monnaie ne sert à rien : on ne consomme pas la monnaie.

 

La part excédentaire de la masse monétaire créée alimentant l’inflation à moins d’être détruite (ie remboursée), une façon originale de formuler le monétarisme est que l’inflation est le coût du retour à l’équilibre entre offre et demande (à vitesse de circulation constante). A moins évidemment que la monnaie créée reste sur le marché secondaire auquel cas elle n’alimente pas l’inflation (ce que j’ai compris du qe).

 

par ailleurs en lisant le fil je vois qu’on distingue dette publique et privée et dette détenue par les résidents et par les non-résidents. Je vois que le Japon peut plus facilement s’endetter parce qu’ils sont dans le premier cas (dette détenue par les résidents, 250% du pib). Je ne sais pas si qqn en connaît les effets.

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