Aller au contenu

L'origine Du Libéralisme Et De L'individualisme


Messages recommandés

Ça tombe bien, un ami tourneur sur bois vient de finir ma commande 'especial' : une batte de baseball en chêne massif. J'étais impatient de pouvoir la tester :mrgreen:

 

Cet ami, c'est le fameux Jojo la Rotule ?

Lien vers le commentaire

Qui sait, un jour elle servira peut être à ça. En attendant elle est au stand gravure pour recevoir un joli 'Don't tread on me' accompagné de son serpent.

 

Je veux la photo :)

Lien vers le commentaire

N'oubliez pas de faire graver cela à l'envers. Sinon ce ne sera pas lisible sur le corps de vos victimes.

 

Je n'ai pas prévu (~=a priori) de m'en servir : c'est même l'origine de ce symbole. L'écrire "à l'endroit" par imposition supposerait la préméditation de violence.

 

(Là c'était la version "je prends les choses au pied de la lettre", l'autre version étant : :mrgreen: )

Lien vers le commentaire

Raymond Boudon dans Quelle théorie du comportement pour les sciences sociales ?

 

 

La question est alors de savoir quels mécanismes psychologiques les sciences sociales sont en droit de solliciter. A cette question, elles donnent, me semble t-il, deux réponses typiques.

 

La première est de caractère principalement finaliste. Elle considère que la meilleure manière d'expliquer le comportement d'un individu est de repérer les objectifs qu'il poursuit. Parmi les sciences sociales, c'est l'économie qui est la plus indéfectiblement attachée à ce type d'explication. Elle voit l'homo œconomicus comme cherchant à satisfaire ses préférences par les moyens qui lui semblent les meilleurs.

Certains sociologues et non des moindres (Coleman 1986) ont proposé naguère d'appliquer ce modèle à l'ensemble des sciences sociales, en raison des succès incontestables qu'il a permis d'obtenir dans différents secteurs de la sociologie, et notamment en sociologie politique.

Mais la tendance générale des sociologues est plutôt d'adopter une seconde réponse, à savoir d'expliquer le comportement humain de façon causaliste plutôt que finaliste, par l'évocation de forces culturelles ou sociales, voire psychologiques ou encore biologiques.

Afin de montrer que cette discussion — qui peut passer pour abstraite — vise des enjeux concrets, j'évoquerai immédiatement un exemple.

Un auteur américain, Popkin (1979), se demande pourquoi, dans les sociétés villageoises traditionnelles comme celle du Vietnam des années 1920 qu'il a particulièrement étudiées, mais aussi dans les sociétés traditionnelles africaines, la règle de détermination de la volonté collective est couramment celle de l'unanimité.

Sa réponse est de caractère finaliste. Selon lui, la règle de l'unanimité est retenue dans ce type de société parce que toute autre règle entraînerait des risques potentiels insupportables pour certaines catégories de citoyens et serait par suite rejetée. 

Toute règle de détermination de la volonté collective implique en effet (Buchanan et Tullock 1962) deux types de coûts, caractérisés par la propriété qu'on ne peut atténuer l'un sans accroître l'autre, car, plus le nombre d'individus dont on exige l'accord avant de considérer leur avis comme ayant force de loi est élevé, plus la décision collective est difficile à obtenir, mais d'un autre côté moins grand est le nombre de ceux qui risquent de se voir imposer une mesure qu'ils désapprouvent. Si la règle exige l'accord de tous, elle assure que personne ne se verra imposer une mesure contraire à ses vœux, mais la décision risque d'être interminable. C'est la situation décrite par le film Douze hommes en colère : il met en scène un jury d'assises américain, dont les décisions sont soumises à la règle de l'unanimité. Si on laisse une majorité simple le soin de décider, la prise de décision a des chances d'être plus rapide, mais elle risque dans le pire des cas d'imposer à une moitié moins un des individus des décisions que ceux-ci désapprouvent.

La question est alors de savoir pourquoi les sociétés villageoises traditionnelles choisissent couramment la règle de l'unanimité, et les sociétés modernes la règle de la majorité.

C'est que, dans un cas comme celui des sociétés villageoises vietnamiennes des années 1920, on a affaire à des sociétés autarciques, dont l'économie fonctionne à bas régime, et où, pour cette raison, le temps libre n'est pas compté : la décision collective y prend donc facilement beaucoup de temps. D'un autre côté, dans les sociétés de ce genre, tout changement institutionnel risque de menacer gravement les citoyens les plus faibles. Ainsi, si une majorité était tentée d'abolir le droit de glanage dans les rizières et pouvait imposer sa volonté, cela reviendrait à condamner à mort ceux qui survivent grâce au glanage. Or une constitution qui risquerait de laisser passer des décisions mortelles pour une partie de la population serait considérée comme illégitime. Réciproquement, c'est parce que la règle de l'unanimité est la seule qui présente une réelle garantie contre les risques gravissimes qu'encouraient les plus faibles qu'elle est couramment adoptée dans ce type de sociétés.

Cette théorie s'oppose aux théories causalistes qui veulent que les sociétés villageoises traditionnelles obéissent à la règle de l'unanimité parce que l'individu y serait faiblement valorisé par rapport au groupe. Sous l'action de cette force culturelle, les individus attacheraient peu d'importance à leurs préférences et à leurs intérêts personnels ; là où les sociétés modernes seraient individualistes, les sociétés villageoises traditionnelles seraient collectivistes. C'est pourquoi les individus tendraient à ne respecter que les mesures faisant l'objet d'un accord unanime.

Ceux qui défendent cette théorie causaliste se recommandent volontiers de Durkheim (1960 [1893]) lui-même : "l'individualisme [...] est un phénomène qui ne commence nulle part", écrit-il dans sa thèse sur la division du travail social. Il est de tout temps. Durkheim veut dire par là que, dans toute société, l'individu a le souci de soi et de ses proches. Si on le suit, il est donc illusoire de croire qu'il existe des sociétés où l'individu se percevrait comme dissous dans le groupe.

L'explication causaliste de la règle de l'unanimité introduit en effet une hypothèse hardie lorsqu'elle présume que le souci de soi est une particularité des sociétés modernes. De surcroît, elle ne permet pas de comprendre pourquoi il peut être si difficile d'aboutir à un accord unanime dans les sociétés villageoises traditionnelles ; elle n'explique pas la quasi-institution de la palabre. Enfin, elle propose de la règle de l'unanimité une interprétation arbitraire : voulant y lire le témoignage d'un unanimisme imaginaire, elle ne remarque pas que la règle de l'unanimité et le droit de veto, qui donne à chacun le pouvoir de s'opposer à tous les autres, sont les deux faces d'une même médaille et que cette règle donne par conséquent à l'individu non pas moins mais plus de pouvoir que la règle de la majorité.

Par contraste, la théorie de type finaliste passe avec facilité les épreuves qui permettent d'accepter une théorie scientifique.

C'est sur la base de ce type de succès que les sociologues que j'évoquais tout à l'heure ont proposé de voir dans l'homo œconomicus un modèle de validité générale. L'exemple que je viens de mentionner est en effet loin d'être isolé. Pour me limiter à un autre exemple célèbre, Olson (1965) nous a fait comprendre par application de ce type de modèle pourquoi les gens se mobilisent plus facilement quand les choses vont bien que lorsqu'elles vont mal, un paradoxe que Tocqueville avait relevé dans son Ancien Régime, sans vraiment l'expliquer.

 

 

Lien vers le commentaire
  • 2 weeks later...

En discutant avec des amis libéraux dans une aimable taverne, nous sommes arrivés à la conclusion que si Hayek et von Mises divergeaient sur la méthode (le premier par son anti-rationalisme empirique et le second, son rationalisme déductif), ils avaient une position similaire sur la façon de concevoir le libéralisme comme une philosophie sociale, dont la conséquence est de penser la société comme une interaction spontanée entre des groupes sociaux et des institutions. Associations involontaires sélectionnées par un processus de civilisation, dans lesquels les individus coopèrent en nouant le lien social. Les liens sociaux involontaires autorisent l'institution fondamentale de la propriété privée : la famille, le mariage, la religion, la classe sociale, la nation, etc. Bien entendu, les individus jouent un rôle éminent en participant à la coopération sociale, mais ils ne peuvent pas être considérés comme des identités autonomes, distinctes de ces groupes et de ces associations. Le libéralisme correspond dans cette philosophie sociale à un degré supérieur de civilisation, parce qu'il est la forme d'organisation optimale et la plus évoluée permettant cette coopération pacifique, dans l'ordre de la division de ses membres et dans l'intérêt du plus grand nombre.

 

J'ai trouvé des passages fort éclairants chez von Mises, où il explique que la domination des idées socialistes ne provient pas de son programme économique, mais de son programme social individualiste, au sens atomiste du terme, anticipant la critique du faux individualisme de Hayek.

 

5. L'Amour libre

 

La solution radicale que les socialistes proposent pour les problèmes sexuels est l'amour libre. La société socialiste fait disparaître la dépendance sexuelle et économique de la femme, réduite à compter sur le revenu de son mari. Homme et femme reçoivent les mêmes droits économiques et ont aussi les mêmes devoirs, à moins que la maternité de la femme n'exige qu'on lui accorde une position spéciale. L'entretien et l'éducation des enfants sont assurés par les fonds publics. Du reste ils sont affaire de la société et non plus des parents. Ainsi les relations entre les sexes sont soustraites à toute influence économique et sociale. L'accouplement, forme la plus simple d'union sociale, cesse d'être le fondement du mariage et de la famille. La famille disparaît ; il n'y a plus, d'un côté, que la société, de l'autre, des individus. Le choix dans l'amour est devenu entièrement libre. Homme et femme s'unissent et se séparent, comme bon leur semble. Le socialisme, dit-on, ne crée là rien de nouveau, mais ne fait que replacer « à un niveau de culture plus élevé et dans des formes sociales nouvelles l'état de choses qui régnait partout à un niveau de culture primitif et avant que la propriété privée ne dominât la société ».

 

 

Les idées socialistes sur la socialisation des moyens de production ont toujours marché de pair avec des projets tendant à transformer les rapports entre les sexes. Avec la propriété privée le mariage doit aussi disparaître et faire place à des relations mieux appropriées à l'essence même de la sexualité. Si l'homme doit être libéré du joug du travail économique, selon les perspectives socialistes, l'amour lui aussi doit être libéré des entraves économiques qui l'ont souillé jusqu'ici. Le socialisme n'annonce pas seulement le bien-être et même la richesse pour tous, mais aussi le bonheur dans l'amour. Il doit justement à cette partie de son programme une bonne part de sa popularité. Il est assez caractéristique qu'aucun livre socialiste allemand n'ait été plus lu ni n'ait plus fait de propagande pour le socialisme que l'ouvrage de Bebel : La Femme et le Socialisme, qui est avant tout une apologie de l'amour libre.(...)

 

Pour l'avenir qu'il envisage, l'utopisme songe à un rétablissement de l'âge d'or, que l'homme a perdu par sa propre faute, et de même pour la vie sexuelle il prétend ne demander que le retour à l'état originel qui apportait le bonheur parfait. Déjà les poètes de l'antiquité célèbrent la splendeur des anciens temps quand régnait l'amour libre, de même qu'ils chantent les louanges des temps saturniens alors que la propriété n'existait pas 2. Sur ce point le marxisme suit l'exemple du vieil utopisme. De même qu'il demande la suppression de la propriété privée en montrant quelle est son origine, et la suppression de l'État en montrant que l'État « n'a pas existé de toute éternité » et qu'il y a eu des sociétés qui n'avaient « aucune idée de l'État ni d'une puissance étatique » , de même il cherche à combattre le mariage en en montrant l'origine historique. Pour les marxistes la recherche historique n'est qu'un prétexte à agitation politique. Elle doit leur fournir des armes pour attaquer l'ordre social de la bourgeoisie abhorrée. En première ligne ce qu'il faut reprocher au marxisme ce n'est pas de bâtir à la légère des théories insoutenables sans étude minutieuse des faits historiques. Ce qui est plus grave, c'est d'introduire en fraude une estimation de la valeur des époques historiques dans un exposé qui prétend être scientifique. Il y a eu un âge d'or, suivi d'une ère moins bonne mais encore supportable, jusqu'au jour où survint le capitalisme et avec lui tous les maux imaginables. Ainsi l'ordre social capitaliste apparaît de prime abord comme maudit ; son seul mérite est, par l'excès même de son horreur, de préparer le monde à accueillir la libération et le salut du socialisme.

 

http://herve.dequengo.free.fr/Mises/LS/LS_I_4.htm
 

 

 

 

 

Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...