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La Fraude De Rogoff & Reinhart


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Les économistes du forum peuvent-ils m'expliquer si le démontage des charlatans Rogoff et Reinhart par les keynésiens (pour justifier l'offensive anti-austérité) est effectué dans les règles de l'art?

Existe-t-il un niveau objectif de dette qui obère l'investissement et la "croissance"?

Cette fraude n'est-elle pas plutôt une preuve de la vanité de la prétention économique à la scientificité?

 

 

« -Si un Etat emprunte dans sa monnaie nationale et quasi uniquement à ses résidents, le coût pour l’économie tout entière de cette dette est nul car son service consiste à transférer des richesses de la poche des contribuables dans celle des créanciers, le plus souvent de la poche gauche à la poche droite du même pantalon. Dire dans ce cas, comme on l’entend encore trop souvent, que la dette publique obère les générations futures est une aberration qui ignore le fait qu’une économie est un circuit fermé. L’endettement de l’Etat peut alors augmenter tant que les contribuables ne se dérobent pas, soit tant que le taux d’imposition n’atteint pas le niveau où les recettes fiscales se mettent à diminuer, mais rien ne dit a priori que cette limite soit atteinte dès que la dette publique dépasse les 90% du PIB. Si, par exemple, ce rapport est de 100% du PIB, le taux d’imposition de 40% et le taux d’intérêt de 4%, c’est les 10% des impôts perçus par l’Etat – 4% de 40% – qui sont transférés aux créanciers, une proportion somme toute tenable car fort semblable à celle que connaît l’Italie ces dernières années. Dans l’histoire, on a vu bien pire, comme dans l’Angleterre des années 1820-1830 où la dette de guerre était le double du PIB et le service de celle-ci représentait la moitié des impôts perçus, tout cela en pleine révolution industrielle marquée par une croissance économique soutenue.
 
-Tout autre est évidemment la situation quand l’Etat emprunte en monnaie étrangère. Pour servir cette dette, il doit alors non seulement taxer ses contribuables en monnaie nationale, mais encore se procurer les devises nécessaires pour satisfaire ses créanciers, ce qu’il ne peut faire que si son économie vend plus qu’elle n’achète à l’étranger. Ce supplément d’exportations − constitué de biens produits, mais non utilisés dans le pays − est alors le véritable coût que cette forme d’endettement public fait peser sur les épaules de ses administrés. Il est nettement plus difficile à supporter qu’un transfert purement interne et il ne peut donc s’accroître autant. C’est vraisemblablement ce type d’endettement qui explique les résultats obtenus par Reinhart et Rogoff. Ces derniers en sont d’ailleurs conscients, si bien qu’ils ont tenté de distinguer l’effet des deux types de dette publique, mais ils ont été incapables de trouver les chiffres nécessaires pour ce faire.
 
-Reste le cas de la dette publique émise en monnaie locale, mais détenue par des non-résidents, comme c’est évidemment souvent le cas en Europe, par exemple pour la France, où 60% des créanciers de l’État n’habitent pas le pays. Le service d’une telle dette est toutefois moins contraignant que celui des emprunts en devises puisqu’il ne demande pas une exportation supplémentaire, mais une simple réduction de la consommation et/ou de l’investissement domestique. Ainsi, plus la dette de l’Etat est détenue à l’étranger, plus ces sacrifices sont douloureux pour les résidents et plus la tentation du défaut grandit, d’autant que, ce faisant, un membre de l’Eurozone – Allemagne et France exceptées – ne courrait pas le risque de voir exploser le prix de ses importations à la suite d’un effondrement de l’euro. C’est pourquoi les Allemands jouent avec le feu en poussant les pays les plus endettés à une austérité de plus en plus insupportable »

 

JEAN PIERRE BEGUELIN

 

 

 

 

« Ce n’est pas la première critique à laquelle Reinhart et Rogoff ont été confrontés. D’autres économistes avaient déjà fait remarquer que corrélation empirique (entre la taille de la dette et le niveau de la croissance) ne signifie pas forcément causalité. En fait, il se pourrait bien  que ce soient les taux de croissance très bas qui augmentent la dette publique, et non l’inverse. Cependant la dernière critique démontre clairement que la découverte empirique de Reinhart et Rogoff, cette «règle du 90%», est erronée.
 
Est-ce que cela signifie à présent, comme Paul Krugman, aime à le répéter éditorial après éditorial dans le «New York Times», que se préoccuper de la dette publique ne fait aucun sens et est en fait complètement contre-productif actuellement? Les politiques ne doivent-ils pas plutôt se consacrer à relancer la croissance, quitte à creuser encore un peu plus les déficits et à attendre qu’une croissance renouvelée permette à la dette publique de se réduire naturellement?
 
Je n’en suis pas convaincu. Plus une dette publique est élevée, plus le service de celle-ci le sera. Donc, moins un gouvernement aura de possibilités discrétionnaires de dépenser ses rentrées fiscales de manière plus utile que simplement en payant des intérêts sur sa dette. En fait, un niveau élevé de la dette publique livre un gouvernement pieds et poings liés à la merci des marchés. Surtout lorsque la politique monétaire n’est plus en son pouvoir.
 
Il n’y a donc, à mon avis, pas besoin de l’argument de Reinhart et Rogoff pour comprendre qu’une dette publique élevée aura plus d’effets néfastes que bénéfiques et qu’un ratio dette publique par rapport au produit intérieur but de près de 120% en moyenne pour les pays du G7 est insoutenable sur le long terme. Faut-il en conclure que l’austérité telle qu’elle est pratiquée en Europe actuellement soit une bonne politique? Je ne le crois pas non plus. »

 

ANDREAS HÖFERT

 

Source : Lupus

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Existe-t-il un niveau objectif de dette qui obère l'investissement et la "croissance"?

 

 

J'imagine qu'un autrichien dira qu'il est impossible de chiffrer ce seuil et qu'il dépendra de toute façon de l'État de l'économie en question.

 

 

 

Cette fraude n'est-elle pas plutôt une preuve de la vanité de la prétention économique à la scientificité?

 

Qu'est-ce que tu entends par prétention à la scientificité ? Que l'économie ne peut pas être scientifique ou bien ce que Hayek dénonçait déjà il y bientôt 40 ans ?

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Existe-t-il un niveau objectif de dette qui obère l'investissement et la "croissance"?

 

0%¨quand on a affaire à une dette contractée par des irresponsables (sur leurs patrimoine perso) qui nous mettent caution d'office.

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En fait il n'existe évidemment pas un seuil, à partir duquel on peut considérer que le pays est foutu, il s'agit bien évidemment d'un ensemble de facteurs.

 

Par contre un effet qui a été démontré par Blanchard et Piretti dans ce papier de 2002, est l'effet d'éviction des emprunteurs "productifs" http://www.nber.org/papers/w7269

Lorsqu'un état s'endette, c'est souvent au détriment des entreprises qui aimeraient bien pouvoir accéder à ce crédit. Plus un état s'endette, plus le coût de l'argent devient cher pour les entreprises, alors que de l'épargne serait disponible pour elles.

 

De plus ce n'est pas comme si une seule étude faisait la politique du monde, faudrait pas prendre les économistes pour plus idiots qu'ils ne le sont non plus.

Il y a bien sûr d'autres études qui confirment ce genre de résultat, certes pas avec un seuil tranché, mais si l'étude n'a pas fait de scandale à l'époque, c'est bien qu'elle correspond aussi à un consensus entre économistes.

 

Bref, c'est de la bêtise cette histoire, on dirait un compte pour enfant, avec les vieux méchants qui oppriment le monde avec leur austérité et le jeune prince qui vient nous délivrer.

 

 

Cette fraude n'est-elle pas plutôt une preuve de la vanité de la prétention économique à la scientificité?

 

Pas moins que celle d'un astronome qui se serait tromper dans ses mesures, surtout que pour un truc aussi trivial qu'un bug dans une formule excel on repassera pour avoir une révolution sur la méthode.

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Existe-t-il un niveau objectif de dette qui obère l'investissement et la "croissance"?

 

Non. De plus, le montant des ressources est bien plus important que la manière dont ces ressources sont obtenues (impôt  ou emprunt). Trop souvent, le haro lancé contre la dette n'est qu'une manière de justifier une hausse d'impôts. 

 

Cette fraude n'est-elle pas plutôt une preuve de la vanité de la prétention économique à la scientificité?

 

Oui, si par "scientificité" vous entendez "prédiction quantitative". 

 

(Pour être exact, ce n'en est pas une preuve mais une illustration.)

 

Jean-Pierre Beguelin :

 

Si un Etat emprunte dans sa monnaie nationale et quasi uniquement à ses résidents, le coût pour l’économie tout entière de cette dette est nul car son service consiste à transférer des richesses de la poche des contribuables dans celle des créanciers, le plus souvent de la poche gauche à la poche droite du même pantalon.

 

Si un Etat taxe dans sa monnaie nationale et quasi uniquement auprès de ses résidants, le coût pour l'économie tout entière de cette taxe est nul car son service consiste à transférer des richesses de la poche des contribuables dans celle des clients de l'Etat, le plus souvent de la poche gauche à la poche droite du même pantalon. 

 

 

Dire dans ce cas, comme on l’entend encore trop souvent, que la dette publique obère les générations futures est une aberration [...]

 

En effet, elle obère aussi les générations présentes. 

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 D’autres économistes avaient déjà [sic] fait remarquer que corrélation empirique (entre la taille de la dette et le niveau de la croissance) ne signifie pas forcément causalité.

 

C'est agréable de voir que même les économistes d'Etat sont parfois capables de lucidité. Il ne leur resterait plus qu'à étendre la conclusion laborieusement obtenue ("corrélation n'est pas causalité") aux études économétriques allant dans le sens de leurs opinions politiques. 

 

calvin.jpg

 

Bien dit, Calvin.

 

(Source : Econoclaste). 

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Il n'y a pas de fraude.

 

Il y a une erreur, marginale, dans un calcul Excel. Cette erreur n'invalide pas fondamentalement les thèses présentées par R&R.

 

Elle a été détectée par deux chercheurs anonymes salariés d'une université américaine de second rang,et elle a créé un super buzz parce qu'elle permettait aux journalistes progressistes et aux économistes keynésiens de prétendre disqualifier une thèse qu'ils jugent non conforme à leur dogme de l'infaillibilité de la dépense publique. Rappelons que le rôle des économiste keynésiens n'est pas pas de modéliser ou anticiper les interactions entre acteurs économiques, mais uniquement de se servir d'un vernis pseudo-scientifique pour fournir une caution académique aux politiques socialistes.

 

Un lien traitant du sujet :

http://www.atlantico.fr/decryptage/austerite-pourquoi-erreur-calcul-reinhart-et-rogoff-ne-signe-en-rien-victoire-keynes-nicolas-goetzmann-et-simone-wapler-705274.html

 

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A partir du moment où des chercheurs sortent un seuil d'un chapeau magique - pourquoi 90% plutôt que 30% ou 120%? - et bidouillent sévèrement leur panier statistique pour y "trouver" une corrélation qui confirme leur hypothèse, il est clair que cette étude est une fraude scientifique, et non une simple erreur.

 

Il faut considérer cette entreprise comme d'autres cas de fabrication de pseudo science sous couvert d'une autorité scientiste, ou en l'occurence, économétrique. Ils sont d'autant moins excusables que cette fraude permet de servir la soupe aux charlatans keynésiens menant une offensive démagogique pour rendre les politiques de sérieux budgétaire responsables du chômage de masse en Europe.

 

A fortiori si ce chiffre de 90% colle comme par magie aux attentes des politiciens qui ont commandé et utilisé cette étude, on peut alors parler de statistique au sens premier, d'une collecte de données en vue de servir le pouvoir des statistes, c'est-à-dire les hommes d'Etat.

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Pour le coup, je pense que le terme "fraude" est trop fort. On peut certes imaginer que ces économistes auraient été payés pour faire cette "erreur", et saborder ainsi le camp des rigoristes - compte tenu des enjeux, cela n'aurait rien de surprenant (bien que le prix psychologique à payer serait énorme pour les deux zigues). Néanmoins, on n'en a pas la moindre preuve, et il est aussi tout à fait possible qu'ils aient simplement commis une erreur de manipulation (ou, plus exactement, que leurs nègres-assistants de recherche aient commis une telle négligence). 

 

La seule chose de sûre est que, même en l'absence "d'erreur de manip' ", leurs travaux n'auraient revêtu aucune valeur scientifique. 

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