Aller au contenu

Gender studies & applications


Messages recommandés

Vos observations ponctuelles sont exactes, mais votre progressisme historique latent vous trompe.

Voyez des représentations antiques (kore), médiévales (dame à la licorne) et jusqu'au début de la Renaissance (vénus de Botticelli), l'heure n'est pas au gras. Par contre, après ça la mode a en effet changé.

 

Conclusion : ça va ça vient, et à l'échelle de 1000 ans ça ne nous dit pas grand chose sur la psychologie évolutionnaire du temps long.

 

Quand à savoir si les anciennes Vénus à gros tétins plats sont révélatrices d'une tendance plus profonde, il faut voir les échelles de temps sur lesquelles on ne trouve que ça.

 

Désolé, mais ça, c'est considéré comme gras pour beaucoup:

 

venus.jpg

 

 

Maintenant, je ne prétends pas spécialiste.

C'est un truc que j'ai lu plusieurs fois, mais qui mérite certainement d'être critiqué..

 

Lien vers le commentaire

La symbolique des statuettes de Vénus n'est pas vraiment connue. On parle d'idéal de beauté, c'est possible, mais le fait qu'elles soient des symboles hyperboliques de fécondité semble très plausible... Aussi en passant il y a autant de problèmes causés par le surpoids que par la maigreur au cours des grossesses : macrosomie, phlébite, diabète gestationnel, pré-éclampsie, etc.

+ 1

L'idéal, c'est un poids "moyen".

Et la thèse d'affamer des femmes enceintes est complètement conne, en effet.

Lien vers le commentaire

Désolé, mais ça, c'est considéré comme gras pour beaucoup:

venus.jpg

Maintenant, je ne prétends pas spécialiste.

C'est un truc que j'ai lu plusieurs fois, mais qui mérite certainement d'être critiqué..

"Beaucoup" est un crétin. Un petit ventre, aucun bourrelet, des seins suffisamment peu volumineux pour ne pas tomber, et des cuisses d'une taille très élégante. Cette femme n'est pas grasse.
Lien vers le commentaire

À ce point :D Je ne crois pas évidemment. Les artistes ont toujours une marge de liberté par rapport à la réalité et ils utilisent souvent cette liberté pour s'approcher du canon de leur époque. Canon qui évolue en fonction de nombreux déterminants... Vraiment, la minceur est un canon esthétique récurrent dans l'histoire de l'Art, pas seulement pour des raisons esthétiques d'ailleurs bien sûr (santé, rejet de l'oisiveté, etc.).

Évidemment quand le peuple avait faim et était décharné, la minceur était moins prisée, mais la graisse a vraiment rarement était valorisée pour elle même, et encore moins la graisse abdominale (ce qui me fait dire que le canon de la volupté associée à une taille marquée est l'un des plus irréalistes qui soient). Après chacun ses goûts, il ne faut juste pas essayer de faire coller à tout prix l'histoire avec ses préférences, on est libre, pas besoin de se justifier d'un Rubens pour préférer les femmes un peu plus rondes que minces, ni de croire que ceux qui ont des goûts différents sont manipulés par qui ou quoi que ce soit.

Lien vers le commentaire

Ça mérite d'être cité.

Quels enseignements tirez-vous de ce rapport ?

Il montre à nouveau combien ces "représentations figées" qui enferment chaque sexe dans un rôle préétabli sont à la racine des inégalités entre hommes et femmes. Ces carcans font obstacle à la liberté des filles et des garçons d’être eux-mêmes. C’est en leur nom que les femmes n’ont pas eu, pendant longtemps, le droit de vote. Ils perdurent aujourd’hui et il faut s’y attaquer de front.

Le rapport préconise de commencer par l'école...

C’est dans cette perspective que nous mettons progressivement en place les modules "ABCD Égalité" à l’école primaire. Les enseignants sont formés pour faire prendre conscience aux filles et aux garçons des limites qu’ils se fixent à eux-mêmes de façon injustifiée. C’est un formidable outil pour leur apprendre à envisager l’avenir sans barrières et dans le respect de l’autre sexe. Les enseignants eux-mêmes disent combien cela les conduit à interroger leur propre pratique professionnelle pour offrir aux filles et aux garçons la même attention, la même sévérité, les mêmes attentes.

Est-ce une façon d'inclure la problématique du genre à l'école ?

Non, l’égalité, le respect de l’autre, c’est comme tout le reste, ça s’apprend. Il ne s’agit jamais de nier la différence de sexe mais de porter un message fort : cette différence ne doit justifier aucune inégalité.

Le rapport montre que les stéréotypes s'accompagnent aussi d'une trop grande part d'hommes ou de femmes dans certains métiers...

2014 sera l’année de la mixité des métiers. Objectif, à terme : réduire le nombre de métiers de fait quasiment fermés aux femmes ou aux hommes. Les hommes restent une exception dans les services à la personne ou les métiers de la petite enfance, les femmes dans le BTP, le transport ou les métiers techniques, au nom de représentations souvent datées. Nous allons donc faire signer des "plans d’actions mixité" à une dizaine de branches professionnelles. L’objectif : 30 % de métiers mixtes (au moins 40 % d’hommes ou de femmes, ndlr) d’ici à dix ans, contre 17 % aujourd’hui.

Sans oublier la publicité qui entretient ces stéréotypes : la femme qui s'occupe du foyer et l'homme qui travaille...

C'est pour cela que mon projet de loi qui sera présenté à l'Assemblée lundi prévoit de donner une nouvelle compétence au CSA, celle de veiller à l'image et la juste représentation des femmes dans les médias. Cela le conduira à lutter contre les images portant atteinte à la dignité des femmes mais aussi les programmes porteurs de stéréotypes exagérés ou encore la trop faible présence d'expertes à l'écran... Par ailleurs l'autorité de régulation professionnelle de la publicité est de plus en plus réactive face aux abus, et c'est encourageant.

Le rapport propose aussi de mettre davantage en valeur les personnages féminins dans les manuels scolaires. Vous y songez ?

Oui. C’est une question qui se pose aux professionnels qui sont en charge de la rédaction de ces manuels. Qu’ils tiennent davantage compte de la place des femmes dans l’histoire, c’est évidemment un enjeu majeur. Le rôle des femmes a souvent été passé sous silence. Ce serait leur rendre justice.

Que pensez-vous de la proposition de programmer des études sur l'enfance en y incluant la problématique du genre ?

C’est une dimension que la recherche ne peut pas ignorer : la différence des sexes est une réalité. Des études, quel que soit leur champ (santé, sport, précarité etc...) qui ne tiennent pas compte des différences de situation objectives entre les femmes et les hommes passent souvent à côté d'analyses précieuses. Or nous avons besoin de ces analyses pour mieux adapter nos politiques publiques à la réalité des hommes et des femmes de ce pays.

La Suède, à la pointe de la lutte contre les inégalités, expérimente dans quelques établissements une neutralité totale pour les enfants. Cela vous inspire-t-il ?

Non, cela ne fait pas partie de nos options. Nous voulons porter des principes et des valeurs, sans nier la réalité évidente des individus : il y a des filles et des garçons, et c’est très bien ainsi. Cette différence ne doit simplement jamais conduire à justifier d’office une inégalité de traitement.

Lien vers le commentaire

Il faut faire une différence entre hommes et femmes, mais on ne doit pas en parler différemment, et il ne faut pas qu'ils exercent des fonctions différentes dans la société.

 

:)

 

Tu es maline Najat.

 

Edit : à vrai dire, si on y réfléchit bien, je suis un peu de mauvaise foi : ce n'est pas incohérent tant que les domaines dans lesquels Najat et ses amis veulent entropiser les sexes sont par a priori limités et qu'ils fournissent un critère. C'est toujours constructiviste et égalité-réaliste, mais ça pourrait ne pas être absolument contradictoire.

Cependant j'ai l'impression que leur faire cracher un critère est impossible puisque contrairement à l'égalité de droits, l'égalité réelle n'est pas facilement limitable une fois que tu embrasses le principe.

Lien vers le commentaire

"Beaucoup" est un crétin. Un petit ventre, aucun bourrelet, des seins suffisamment peu volumineux pour ne pas tomber, et des cuisses d'une taille très élégante. Cette femme n'est pas grasse.

Si on devait chipoter, je dirais qu'elle a les chevilles un peu épaisses, peut-être un léger problème de retour sanguin.

Il faut bien chipoter, hein. ;)

Lien vers le commentaire
La Suède, à la pointe de la lutte contre les inégalités, expérimente dans quelques établissements une neutralité totale pour les enfants. Cela vous inspire-t-il ?

Non, cela ne fait pas partie de nos options. Nous voulons porter des principes et des valeurs, sans nier la réalité évidente des individus : il y a des filles et des garçons, et c’est très bien ainsi.

 

 

Bon c'est quand même rassurant.

Lien vers le commentaire

Suite à cet article, je me suis renseigné sur la féministe foldingue qui écrit : "Affirmons-nous en tant que citoyens entiers et non plus comme utérus reproductifs. Par l’abstinence et par l’homosexualité, mais aussi par la masturbation, la sodomie, le fétichisme, la coprophagie, la zoophilie… et l’avortement. Ne laissons pas pénétrer dans nos vagins une seule goutte de sperme national catholique."

 

Il s'agit d'une copine de Judith Butler (gourou de la théorie du genre) qui se répand en racontant comment les groupes de transgenres se shootent à la testostérone. Pas étonnant que les journalopes de Libé soient en adoration devant une pensée aussi audacieuse. 

 

 

 Judith Butler et Beatriz Preciado en grand entretien

Publié par Têtue.com
 
Pour ceux et celles qui auraient manqué le grand entretien philo entre deux maîtresses du genre Judith Butler et Beatriz Preciado, dans Têtu n°138 (novembre 2008), le revoilà en trois volets.
Aujourd'hui, premier volet: Le nouveau sujet de la révolution.
 
Le féminisme était dans l'impasse. C'est l'avis de Judith Butler, philosophe majeure à l'origine des Queer Theories, mais aussi celui de Beatriz Preciado qui ouvre son Testo Junkie en s'interrogeant : «Quel genre de féministe suis-je aujourd'hui, une féministe accro à la testostérone, ou un transgenre accro au féminisme ?» Rien ne sert de s'enfoncer toujours plus avant dans la dénonciation perpétuelle des inégalités dont sont victimes les femmes, encore faut-il analyser la matière même de l'identité «femme» qui les emprisonne. Aussi Butler s'intéresse-t-elle, début 1990, à la réalité du genre, toujours troublée (son fameux Gender Trouble) mais sous le prisme des homosexualités.
 
Pour elle, le corps est une construction. Ce que met en acte Preciado : «Aucun des sexes que j'incarne ne possède de densité ontologique, et pourtant, il n'y a pas d'autre façon d'être corps. Dépossession dès l'origine.» Elle y consigne son expérience de prise de testostérone, fait le deuil de son ami Guillaume Dustan - «ultime représentant français d'une forme d'insurrection sexuelle par l'écriture» -, et rencontre V.D. (Virginie Despentes), sa «pute» dont le «sexe parle le langage de la révolution». Dans cet «essai corporel», manuel de bioterrorisme romantico-punk à la langue violente, érudite et pleine de ferveur, Beatriz Preciado philosophe avec son corps, ses (nouvelles) hormones et ses godes. Pour Butler, la première, et pour Preciado, qui suit la même filiation théorique (Foucault, Deleuze, Guattari, Wittig, Haraway), les identités homosexuelles sont subversives et nécessairement troublées car elles dynamitent l'ordre hétérosexuel compris comme régime politique articulé à la reproduction. C'est le corps dans sa matérialité, ses genres et ses multiples chaînes discursives, physiologiques et donc politiques d'ADN mutant qu'il faut décoder.
 
Plus globalement, pour les deux philosophes, il n'y a plus de sujet cartésien, de Moi. Ce sont uniquement ses techniques, ses ressources, ses expériences, politiques, sexuelles, ou langagières qui constituent la subjectivité du sujet politique. Les discours ont une matérialité, une corporéité, car, comme le disait John Austin, «dire, c'est faire». Ce sont donc eux qui fabriquent l'individu. Réciproquement, le corps se constitue aussi avec du discours, celui de Preciado tout particulièrement, puisqu'elle y inscrit, grâce à son expérience, une vérité singulière mais qui a valeur d'universel : «Mon genre n'appartient ni au féminisme, ni à la communauté lesbienne, ni non plus à la théorie queer. Il faut arracher le genre aux macrodiscours et le diluer dans une bonne dose de psychédélisme hédoniste micropolitique.» Voilà le nouveau sujet de la révolution.
 
TÊTUE: Beatriz, d'où vient ton obsession philosophique du corps ?
À l'époque où j'étais dans un département d'architecture, j'étudiais avec Derrida, j'ai publié mon premier livre, qui portait sur les godes, Le Manifeste contra-sexuel, chez Balland, dans une collection dirigée par Guillaume Dustan. Je suis obsédée par la question du corps et de sa matérialité et j'ai eu un choc en découvrant l'analyse performative de l'identité selon Butler. Son analyse a radicalement changé ma manière de penser les genres et la sexualité. Ce que je voulais depuis le début, c'était prendre cette analyse et l'amener sur le terrain de la corporéité. J'avais commencé à prendre de la testostérone et je voulais faire un livre sur une généalogie politique des hormones, à partir du travail de Judith et de celui de Foucault. Il s'agissait de montrer comment nous sommes passés sous un nouveau régime de contrôle et de production du genre et de la sexualité.
 
Pourquoi as-tu voulu expérimenter la testostérone et raconter cette expérience dans Testo Junkie? Dans ma génération, contrairement à celle de Judith Butler, la testo est arrivée brutalement dans les groupes gays et lesbiens et trans de tendance anarchiste. En Espagne, tous mes amis ont commencé à en prendre. J'ai toujours pris des drogues, donc j'ai voulu essayer la testo mais en même temps je ne voulais pas changer de sexe et signer un contrat de réassignation sexuelle avec l'État, ce qui est plutôt la démarche des transsexuels. Beaucoup pensaient que j'allais devenir un homme instantanément. Comme si l'hormone portait la masculinité en elle. Politiquement, en fait, les hormones, c'est un système de communication, de circulation, c'est une sorte de contamination virale. J'ai pris mon corps comme terrain d'expérimentation. De là, ce style «autofiction» mais pas dans le sens qu'on lui accorde aujourd'hui, celui du petit Moi, cantonné au privé. Le corps a un espace d'extrême densité politique, et c'est le corps de la multiplicité. C'est l'universel dans le particulier. Mais, on est de plus en plus nombreux aujourd'hui à refuser le cadre médical et psychiatrique, qui jusqu'à maintenant définissait la transsexualité. Il s'agit de résister à la normalisation de la masculinité et de la féminité dans nos corps, et d'inventer d'autres formes de plaisir et de vivre ensemble.
 
Judith Butler: Ce qui est important, c'est le discours qu'on porte sur les hormones et le pouvoir qu'on leur attribue. On en parle comme de quelque chose d'interne qui agit sur nous et qui s'exprime dans nos actions, sur lesquelles nous n'aurions aucune prise : «Désolée, c'est mes œstrogènes, c'est pas mon cogito mais mes hormones», entend-on dire souvent. Alors certes, il y a une certaine vérité dans ce discours mais la vraie question, c'est comment on l'a constitué en vérité. Les hormones produisent une situation physiologique mais elles sont toujours interprétées, de façon consciente ou inconsciente, et les croyances autour de l'hormone «mâle», la testostérone, en sont une illustration.
 
 
Est-ce que tu prends toujours de la testostérone aujourd'hui ?
Beatriz Preciado : Je continue de manière sporadique, avec des prises très éloignées les unes des autres. Pour moi, la testostérone est une drogue sexuelle. Je ne crois pas à la vérité du sexe, ni masculin, ni féminin. Ni avec la testostérone ni sans. Le sexe et le genre se produisent dans la relation à autrui. Comme Judith l'a montré, ils sont des actes.
 
Comment passe-t-on du concept de Foucault de biopouvoir au pharmacopouvoir ou pharmacopornographie ?
Foucault a fait une analyse extrêmement intéressante de la production des identités au 19e siècle par le discours médical, la loi et aussi les institutions d'enfermement. Ces architectures externes venaient contrôler, réguler, discipliner, mesurer, contrôler la vie ou biopouvoir. Ce qui a permis une compréhension extrêmement précise du moment où l'identité sexuelle a été inventée. J'ai, par ailleurs, toujours été frappée par le fait que Foucault n'a jamais fait une archéologie du présent, du corps gay et lesbien ou de la normalisation de la sexualité contemporaine alors qu'il a connu le féminisme, les débuts du monde gay et lesbien, les États-Unis, San Francisco. Je pense que c'était très compliqué pour un intellectuel gay de tenir un discours à la première personne dans les années 1970. Son analyse aurait perdu en crédibilité. Il a très peu parlé des techniques contemporaines de production des identités telles que le cinéma, la photographie, les médias, et absolument pas de la pornographie (sauf de celle du 18e siècle). Mon but était de croiser l'analyse performative de Judith avec l'archéologie critique des dispositifs disciplinaires de Foucault, et de les amener sur le terrain du corps, et des technologies biochimiques et pornographiques. C'est là qu'on en vient au pharmacopouvoir. À partir des années 1940, le biopouvoir prend désormais la forme du régime pharmacopornographique, selon ma lecture. Le régime disciplinaire qui coïncidait avec l'émergence du capitalisme industriel était basé sur la répression de la masturbation. En gros, la masturbation était un gâchis d'énergie car elle ne servait pas la logique de continuité entre le sexe et la reproduction de l'espèce. Alors, pour surveiller le corps, les techniques de contrôle vont se miniaturiser après la Seconde Guerre mondiale, avec l'invention des hormones, les techniques de contrôle deviennent intérieures. On n'a plus besoin de l'hôpital, de la caserne, de la prison car désormais le corps lui-même est devenu le terrain de surveillance, l'outil ultime. Qu'est-ce qu'on prend quand on prend de la testo ou la pilule ? On avale une chaîne de signes culturels, une métaphore politique qui charrie toute une définition performative de construction du genre et de la sexualité. Le genre, féminin ou masculin, est apparu avec l'invention des molécules. Ensuite, très rapidement, la pornographie s'établit comme nouvelle culture de masse, et la masturbation devient un levier de production du capital. La main, qui n'avait pas de genre, comme l'anus, est maintenant Potentia Gaudendi ou force orgasmique, outil de production.
 
Judith, vous avez analysé la «mélancolie du genre» dans votre travail, trouvez-vous qu'il y en a dans le livre de Beatriz ? 
Judith Butler: Certains psychanalystes diront que Beatriz s'imagine toute-puissante, mégalo, occupant toutes les places, dans son livre. Mais ce que je trouve très intéressant, c'est qu'elle nous invite dans un champ d'expérimentation entre deux extrêmes qui sont, d'un côté, sa position et, de l'autre, celle de la différence sexuelle défendue par les analystes. Ce qui est dangereux, c'est de penser que la masculinité est une chose bien précise et la féminité une autre, et qu'elles ne peuvent être que ça. Aussi, la mélancolie dont je parle apparaît surtout dans la formation d'identités rigides. Si je clame en frappant du poing : «Je suis homosexuel !», ou autre chose, si mon identité devient quelque chose que j'affirme, que je dois défendre, il y a rigidité. Quel est ce besoin de se fixer une fois pour toutes ? Comme si je connaissais mon futur, comme si je pouvais être un tout continu ! Il y a des formations identitaires qui se défendent de ressentir une certaine perte, et c'est la mélancolie du sujet hétérosexuel qui m'intéresse. Prenons certaines formes d'hypermasculinité ou d'hyperféminité dans la culture hétérosexuelle, elles ont l'air queer (performatives), car elles sont hyperboliques. Un homme, par exemple, qui aurait peur d'avoir le moindre soupçon de féminité en lui, et qui vivrait en traquant ces traces-là. Dans le monde gay et lesbien aussi, il peut y avoir une certaine «police de l'identité». Comme si, en tant que lesbienne, je ne serais que lesbienne, je ne ferais que des rêves lesbiens, je n'aurais que des phantasmes avec des femmes. La vie, ce n'est pas l'identité ! La vie résiste à cette idée de l'identité, il faut admettre l'ambiguïté. Souvent l'identité peut être vitale pour faire face à une situation d'oppression, mais ce serait une erreur de l'utiliser pour ne pas affronter la complexité. Tu ne peux pas saturer la vie avec de l'identité.
 
Beatriz Preciado : J'ai commencé le livre avec un deuil, la mort de Guillaume (Dustan), et aujourd'hui, je fais le deuil de l'identité, je ne serai jamais vraiment lesbienne, jamais vraiment un transsexuel, et ce deuil, il est libératoire, en fait. J'aurais pu décider de ne pas prendre de la testostérone mais ça, ça aurait été mélancolique. La question, c'est comment faire le deuil de la politique d'identité. (Fin du premier volet)
 

 

Lien vers le commentaire

tl;dr.

 

Tu peux résumer le texte ?

 

"je suis une droguee perdue qui se croit interessante parce que je suis autorisee a parler par des journalistes adorateur de dechets, de cas sociaux et de perversion crasse."

 

Lien vers le commentaire
  • 2 weeks later...

Tiens j'avais oublié ce topic.

 

Les amis, ceux d'entre vous qui s'y connaissent sur le sujet du gender et compagnie, pouvez-vous nous dire si cet article du Monde est correct : http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/01/28/cinq-intox-sur-la-theorie-du-genre_4355738_823448.html

 

Je le trouve pas mal, c'est du vrai journalisme pour une fois. Je me demande si il y a une coquille dans le titre ("cinq intox" alors que seules 4 sont démontées).

Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...