Aller au contenu

Servitude Volontaire.


Messages recommandés

Bonjour,

 

un passage de l'ouvrage principal de La Boétie, qu'une bonne partie d'entre vous connait certainement, m'a suffisamment marqué pour vouloir vous faire partager ses pensées.

L'auteur, dans son étude des rapports entre le pouvoir et le peuple, se demande :  Comment s'est enracinée si profondément cette opiniatre volonté de servir dans l'esprit de la majorité ?  (Autrement posée, la question pourrait être : Pourquoi, en dépit des droits naturels que chacun possède à partir de sa naissance, l'homme accepte majoritairement de vivre sous le joug d'autrui ?)

 

Tout en poursuivant la lecture de ce livre, j'aimerais pouvoir obtenir votre réponse à cette interrogation.

 

Rare portrait de l'auteur :

 

etienne_de_la_boetie_1.jpg

Lien vers le commentaire

Parce que la liberté c'est un truc hardcore pour gens éveillés, la servitude, c'est plus confortable.

 

Le Loup et le Chien

Un Loup n'avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
" Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée :
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. "
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. "
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
" Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.

Lafontaine Les Fables, Livre I

Lien vers le commentaire

Parce que c'est économique.

 

On n'a pas tous le temps de s'intéresser à tout ce qui se passe dans la société, en particulier à la politique qui est il faut bien le dire un truc pénible et fastidieux. Du coup la division du travail veut qu'on laisse ces questions à des gens qui sont supposés en être spécialistes et compétents (c'est là que le bât blesse souvent), et comme ça on peut se concentrer sur des domaines où nous sommes vraiment productifs.

Lien vers le commentaire

Ce sujet de conversation me fait penser au peuple Nord Coréen. Comment une population peut elle encore accepter de telles conditions d'existence à notre époque ?

 

La Boétie développe l'idée de l'habitue. En effet, avec le temps, la restriction de la liberté devient une norme pour la majorité des personnes voir, chose surprenante, les oppressés finissent par défendre les oppresseurs.

Lien vers le commentaire

Ce sujet de conversation me fait penser au peuple Nord Coréen. Comment une population peut elle encore accepter de telles conditions d'existence à notre époque ?

 

La Boétie développe l'idée de l'habitue. En effet, avec le temps, la restriction de la liberté devient une norme pour la majorité des personnes voir, chose surprenante, les oppressés finissent par défendre les oppresseurs.

 

Dans le cas de la Corée du Nord, il faut garder à l'esprit que la population n'a pas le droit de quitter le territoire sans autorisation (rare exemple qui me vient à l'esprit : les joueurs de foot en 2010). Couplé au fait qu'aucun média étranger n'est diffusé, la population a forcément un déficit d'informations (quant aux autres conditions accessibles dans d'autres types de régimes), ce qui explique sans doute en partie pourquoi elle accepte ses conditions. 

Lien vers le commentaire

Ce sujet de conversation me fait penser au peuple Nord Coréen. Comment une population peut elle encore accepter de telles conditions d'existence à notre époque ?

Quand on ne connait rien d'autre et que les rêves sont interdits ("bridés" (sans jeu de mot) et censurés), forcément, on n'a pas conscience qu'il existe une meilleure condition.

 

Et oui, il y a aussi la perte de temps.

Tous les humains savent plus ou moins que leur temps est compté (#YOLO) et que cette quête d'une nouvelle condition (d'ailleurs pas forcément bien définie si ce n'est "plus de bonheur") peut se terminer en un total échec (une perte de temps précieux voir même une déchéance par rapport à la condition précédente).

 

Un exemple simpliste : les hommes qui fuient Cuba sur des barques en ruine. La plupart troquent leur vie dans l'enfer communiste contre une vie pas moins misérable dans les banlieues de Miami, quand il ne meurent simplement pas du voyage.

Lien vers le commentaire

La servitude volontaire à certainement un fondement antropologique indépassable, l'homme est un animal grégaire et les valeurs de fidelité et d'obéissance sont très probablement intrinseques à sa nature.

 

Et c'est très bien comme ça, le probleme n'est pas la servitude volontaire, mais bien la servitude par défaut, sans fidelité, sans honneur, sans relation humaine réelle entre un maitre humain et son serviteur humain (et les inévitables contrepouvoirs intrinseques à une relation interpersonnelle), mais impersonnelle entre une foule de marchands de viande criant avec des batons et une horde de bétail.

 

Lien vers le commentaire

Parce que c'est économique.

 

On n'a pas tous le temps de s'intéresser à tout ce qui se passe dans la société, en particulier à la politique qui est il faut bien le dire un truc pénible et fastidieux. Du coup la division du travail

...fait que les criminels s'organisent en état pour économiser leurs efforts.
Lien vers le commentaire

L'économiste Douglass Cecil North dans son "l'essor de l'occident" apporte l'idée que les cités se sont formés comme rempart contre des pillages et invasions ce qui a crée des nobles guerriers et des paysans avec rendement agricole efficace!

Cette théorie semble être confirmé par le taux très elevé des pertes humaines dans toute société tribale( Pinker, Acemoglu) comme elle devait être chez les mongoles, source de moult effroi et désolation parmi la nation chrétienne!

Lien vers le commentaire

La servitude volontaire à certainement un fondement antropologique indépassable, l'homme est un animal grégaire et les valeurs de fidelité et d'obéissance sont très probablement intrinseques à sa nature.

 

Cela ne rentre pas en contradiction avec le fait que l'homme soit par nature libre ?

 

Lien vers le commentaire

L'économiste Douglass Cecil North dans son "l'essor de l'occident" apporte l'idée que les cités se sont formés comme rempart contre des pillages et invasions ce qui a crée des nobles guerriers et des paysans avec rendement agricole efficace!

Cette théorie semble être confirmé par le taux très elevé des pertes humaines dans toute société tribale( Pinker, Acemoglu) comme elle devait être chez les mongoles, source de moult effroi et désolation parmi la nation chrétienne!

 

Tiens, je ne connais pas ce livre, mais j'ai souvenir d'avoir feuilleté quelque chose du genre "violence et ordre social" chez un ami, de North également, et qui, il me semble, disait  a peu près pareil.

Lien vers le commentaire

...fait que les criminels s'organisent en état pour économiser leurs efforts.

 

Mais pourquoi devrait-on s'en soucier ? Après tout ils sont nos représentants et ne font que refléter ce que veut la majorité. La démocratie rend docile.

Lien vers le commentaire

Libre de choisir ses servitudes ou crever la bouche ouverte dans le désert.

 

Le choix des contraintes plutôt que son imposition. D'où la notion de liberté contractuelle, etc... (peux tu enlever ton commentaire vide plus haut stp ?)

 

Lien vers le commentaire

 

Tiens, je ne connais pas ce livre, mais j'ai souvenir d'avoir feuilleté quelque chose du genre "violence et ordre social" chez un ami, de North également, et qui, il me semble, disait  a peu près pareil.

Bien sûr que le prémisse du bon sauvage vole en éclat! Il faut surtout se garder de considérer que puisque les "bons"(libéraux) ne s'organisent pas les "méchants" feront de même!

Un extrait du "l'essor du monde occidental" ici:

http://lemennicier.bwm-mediasoft.com/displayArticle.php?articleId=135

Lien vers le commentaire

Personne n'a jamais cru au mythe du bon sauvage, en dehors de Rousseau et de la plupart des développementalistes et autres ONGistes.

Mais pour peu que j'aie pu en juger, un bon contact sur place avec le monde réel suffit à faire un grand changement.

 

Merci pour le lien ;)

Lien vers le commentaire

On arrive au fait qui, selon moi, met en cause les théories libertariennes et anarcapistes.

 

Le libéralisme doit être le droit d'être libre.

Être libre d'être libre ou être libre de choisir la sauce avec laquelle on est mangé.

 

Certaines personnes n'ont pas l'esprit d'initiative, n'ont pas été éduqués dans le but d'être indépendants ou ont tout simplement une personnalité qui ne le permet pas.

Je dirais, qu'on leur foute la paix, comme j'aimerais tant qu'on foute la paix aux bourgeois qui aspirent à exercer leur travail et à gagner l'argent qui leur est dû.

Lien vers le commentaire

Le choix des contraintes plutôt que son imposition. D'où la notion de liberté contractuelle, etc... (peux tu enlever ton commentaire vide plus haut stp ?)

Visiblement ton navigateur ne te permet pas de voir les liens amazon. (Vigny)

 

Tiens Barem j'ai passé une soirée à Marines (95) samedi soir.

Lien vers le commentaire

On arrive au fait qui, selon moi, met en cause les théories libertariennes et anarcapistes.

 

Le libéralisme doit être le droit d'être libre.

Être libre d'être libre ou être libre de choisir la sauce avec laquelle on est mangé.

 

Certaines personnes n'ont pas l'esprit d'initiative, n'ont pas été éduqués dans le but d'être indépendants ou ont tout simplement une personnalité qui ne le permet pas.

Je dirais, qu'on leur foute la paix, comme j'aimerais tant qu'on foute la paix aux bourgeois qui aspirent à exercer leur travail et à gagner l'argent qui leur est dû.

On arrive plutôt à la ligne de démarcation entre les libertariens intelligents qui ont compris que seul un petit nombre d'individus sont faits pour la liberté, que l'histoire des régimes est un éternel cimetière d'oligarchies, qu'il convient donc de trouver le moins mauvais arrangement politique, et ceux qui croient avec Marx que l'idéologie doit transformer le monde et émanciper l'humanité de sa condition servile.

Lien vers le commentaire

Je ne vois pas trop en quoi l'anarchie de marché ne fout pas la paix aux personnes peu indépendantes, c'est plutôt l'inverse : libre à chacun de savoir à quelle sauce il va se faire manger si c'est qu'il choisit. Ou libre à lui de se prendre en main, de ne pas être une victime.

 

Peut-être entends-tu livrées à elle-mêmes plutôt que peu indépendantes ? Il faudrait alors qu'un Etat se développe au point d'assurer le bonheur de "ses" citoyens, et qu'il joue le rôle du papa qui gronde et de la maman qui bichonne.

Ce n'est pas son rôle, il y a des myriades d'associations pour s'occuper de ça. La solidarité non volontaire dérive toujours vers la sociale-démocratie.

Lien vers le commentaire

On arrive plutôt à la ligne de démarcation entre les libertariens intelligents qui ont compris que seul un petit nombre d'individus sont faits pour la liberté, que l'histoire des régimes est un éternel cimetière d'oligarchies, qu'il convient donc de trouver le moins mauvais arrangement politique, et ceux qui croient avec Marx que l'idéologie doit transformer le monde et émanciper l'humanité de sa condition servile.

 

Toutafé Thierry.

Lien vers le commentaire

 

Nirvana, (le) 30 Juin 2013 - 19:23, a écrit :snapback.png

Parce que c'est ce qu'on a toujours connu/Syndrome de Stockholm ?

 

N'importe quoi.

 Tu peut développer?

L'argument du syndrome de Stockholm me semble tout à fait pertinent précisément...

Pas évident d’apprécier la liberté quand notre cerveau a été précablé pour autre chose...

D'ailleurs les gens que je voient qui reprennent en main leur vie (et leur système nerveux) y prennent gout assez vite...A croire que l'on a tous en nous cette impulsion sous les les couches de conditionnements pro-sociaux...

 

 

Lien vers le commentaire

On arrive plutôt à la ligne de démarcation entre les libertariens intelligents qui ont compris que seul un petit nombre d'individus sont faits pour la liberté, que l'histoire des régimes est un éternel cimetière d'oligarchies, qu'il convient donc de trouver le moins mauvais arrangement politique, et ceux qui croient avec Marx que l'idéologie doit transformer le monde et émanciper l'humanité de sa condition servile.

 

Lesquels ?

Lien vers le commentaire

Lesquels ?

 

Les élites.

 

 

 

Personne n'a jamais cru au mythe du bon sauvage, en dehors de Rousseau.

 

 

Ce n'est pas tout à fait ça : il s'agit d'un modèle théorique chez Rousseau. Pour ce dernier il y a identité entre le bon sauvage et l'état de nature (état définitivement révolu) ne correspondant pas aux sociétés traditionnelles de son temps.

Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...