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Banque centrales, grosses bêtises & propagande


Hayek's plosive

Messages recommandés

Selgin sur le repo market

https://www.alt-m.org/2019/10/03/reflections-on-the-repo-market-imbroglio/

L'intérêt de son article est de préciser (pour les profanes) ce qu'évoque Nicoulaud à propos de la régulation, comment elle encourage la demande en réserves : chaque banque ayant son quota de fonds propres (LCR), toutes les banques se retournent vers la Fed, et c'est la pénurie, au lieu d'avoir un taux de fonds propres/un marché interbancaire complètement libre, ce qui démultiplierait d'autant les réserves. Pas étonnant que le mec défende les réserves fractionnaires. Il dit tout ça mieux que moi :
Citation

But it turns out that most of these "frictions" consist of regulations that substantially boosted the demand for excess reserves, particularly among the largest banks. Five of those banks  hold about 90 percent of all outstanding excess reserves; and once one allows for all the liquidity regulations to which those banks are subject, the possibility that they can't afford to part with any of them becomes increasingly plausible.

Ce que Selgin montre, c'est pourquoi le repo n'a pas été alimenté puisque les taux d'intérêt ont augmenté (enfin, au-dessus de ceux de la Fed) : en fait, le LCR fait pression sur les réserves excédentaires des banques, même les très grosses comme JP Morgan, qui n'alimentent donc plus le repo. C'est ce que résume Selgin ici :
Citation

The bottom line is that regulators have managed to raise the biggest banks liquidity needs enough to compel them to sit on most of the banking system's seemingly huge stock of excess reserves, and to do so even as repo markets present them with an opportunity to earn five times what those reserves are yielding just by lending them out overnight.

 

Bref, sauf erreur, Selgin est toujours très cool à lire. Il faudra que je regarde attentivement son livre sur la Fed bientôt : https://www.cato.org/sites/cato.org/files/pubs/pdf/working-paper-50-updated-3.pdf

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  • 4 weeks later...

Relance budgétaire : Christine Lagarde tance l'Allemagne

 

Citation

Une réprimande en guise d'arrivée. Les pays en excédent budgétaire, dont l'Allemagne, "n'ont pas vraiment fait les efforts nécessaires" en matière de relance budgétaire pour consolider une croissance fragile, a estimé ce mercredi au micro de RTL Christine Lagarde

 

L'Allemagne s'oppose à une "politique monétaire verte" souhaitée par Lagarde

 

Citation

Le président de la Bundesbank a estimé mardi que la politique monétaire ne devait pas être utilisée pour lutter contre le réchauffement climatique, alors que la nouvelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, entend en faire un des objectifs de l'institution.

Une "politique monétaire verte", par exemple sous la forme d'un programme d'achats d'obligations vertes, est perçue de manière "très critique" par le patron de la Banque fédérale allemande, Jens Weidmann, qui s'exprimait lors d'une conférence sur la finance durable à Francfort.

Une telle évolution serait "contraire aux règles prévues par le Traité européen", selon lesquelles les interventions des banques centrales dans le cadre de la politique monétaire doivent rester "neutres", c'est-à-dire refléter la composition des titres disponibles sur le marché.

[..]

En matière de supervision, elle avait appuyé l'idée que les actifs verts soient pris en compte pour évaluer les risques et donc le niveau de capitaux propres des banques. Là encore, Jens Weidmann s'est distancié de la Française: il serait "erroné" d'utiliser la réglementation bancaire "pour fournir des incitations en matière de politique climatique". Cette tâche devrait revenir au politique, selon le banquier allemand.

 

Quand on met une politique française au lieu de banquier à la tête de la BCE ..

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il y a 7 minutes, Adrian a dit :

Quand on met une politique française au lieu de banquier à la tête de la BCE ..

 

Les Français montrent une fois de plus leur attachement aux traités européens... Ceux qui parlent toujours d’Europe en bafouent systématiquement les règles. 

Prenons les règles de Maastricht : la France s’assoit dessus. Comme c’est la crise et que les déficits explosent, Hollande dit « ah ouais mais c’est conjoncturel alors ça compte pas vraiment il faut un nouveau traité ». On fait un nouveau traité. La croissance repart mollement, la France ne fait aucune réforme, le déficit conjoncturel se résorbe mais pas le structurel. Les Français reviennent sous Macron expliquer que «ouais mais en fait les règles d’avant c’était mieux, faut un nouveau traité.»

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  • 4 weeks later...
On 11/28/2019 at 3:13 PM, Mister_Bretzel said:

https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/la-bce-reconnait-que-sa-politique-monetaire-nest-pas-sans-risque-1149515

 

La BCE en train d'ignorer qu'elle est la source du problème dont elle s'inquiète. 

 

C'est un magnifique argumentaire de la BCE : oh les vilains financiers qui n'aiment pas qu'on leur impose des taux d'intérêt négatifs et osent aller chercher du profit !

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  • 2 months later...
  • 1 month later...

 

 

Bon, j'ai déjà dit que j'avais pas spécialement confiance dans ce youtubeur, mais mes connaissances en économie sont vraiment trop limitées. Il affirme déjà qu'une banque centrale ne peut jamais faire faillite mais surtout que la planche à billets n'a en réalité qu'un effet marginal sur l'inflation. Ca m'étonne mais encore une fois, je ne m'y connais pas suffisamment. 

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La planche a billet n'a des effets marginaux sur l'inflation que sous certaines conditions ; depuis 10 ans les taux bas et les QE ont surtout fait gonfler les marchés financiers donc ça c'est peu vu dans l'inflation (avec peut-etre l'immobilier). Si demain tu le mets dans la poche des gens, ce que veux ce gauchiste et ce que postule la MMT, les gens ont plus d'argent à dépenser, les prix augmentent, la valeur de l'argent diminue, tu réimprimes, ça reprend, tu finis comme au Zimbabwe.

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il y a une heure, poney a dit :

La planche a billet n'a des effets marginaux sur l'inflation que sous certaines conditions ; depuis 10 ans les taux bas et les QE ont surtout fait gonfler les marchés financiers donc ça c'est peu vu dans l'inflation (avec peut-etre l'immobilier). Si demain tu le mets dans la poche des gens, ce que veux ce gauchiste et ce que postule la MMT, les gens ont plus d'argent à dépenser, les prix augmentent, la valeur de l'argent diminue, tu réimprimes, ça reprend, tu finis comme au Zimbabwe.

 

C'est comme ça que je l'ai toujours compris aussi, donc je ne vois pas très bien en quoi le "quantitative easing for people", comme il le dit dans sa vidéo, n’amènerait pas de manière inévitable de l'inflation. Il y a une grosse faille dans le raisonnement ou alors je suis débile (ou les deux :icon_volatilize:)

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il y a 13 minutes, Pegase a dit :

 

C'est comme ça que je l'ai toujours compris aussi, donc je ne vois pas très bien en quoi le "quantitative easing for people", comme il le dit dans sa vidéo, n’amènerait pas de manière inévitable de l'inflation. Il y a une grosse faille dans le raisonnement ou alors je suis débile (ou les deux :icon_volatilize:)

 

Le QE For People est une idée de Corbyn, à l'origine il qualifiait ainsi sa politique qui consitait à investir de l'argent comme les QE dans les logements sociaux, les transports publics, les infrastructures. On penser ça débile d'un point de vue libérale, mais ce n'est jamais qu'une version 2019 ou 2018 je ne sais plus de la politique des grands travaux des 30 glorieuses, ce qui est raccord avec la génération de Corbyn. Sauf que je ne sais pas comment ni pourquoi, cette expression a été reprise pour dire "des QE sur le compte en banque des gens". Ce n'était pas l'idée de Corbyn à la base, du coup je ne sais pas de quel peoples's qe il parle dans la vidéo, parce que je l'ai pas regardée.

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Je n'ai pas encore réfléchi à la question donc j'accepte volontiers vos cailloux dans ma face, mais à première vue il me semble beaucoup moins inacceptable de faire de l'helicopter money directement pour les citoyens que de faire du QE ciblé permettant à des ordures comme les Etats ou les banquiers irresponsables de s'en sortir à bon compte tout en se drapant dans la posture des sauveurs de l'économie mondiale. Là au moins les gens sont sûrs de voir la couleur de cet argent, et à la limite l'inflation est la punition bien méritée pour tout le monde alors que dans le QE c'est la mort lente par l'augmentation du secteur public et l'envolée des actifs qui sont de plus en plus réservés à ceux qui peuvent emprunter. Ou je me goure complètement. 

  • Yea 1
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Je ne sais pas si le Venezuela est plus moral que les USA.

Les banques centrales n’achètent pas sur le primaire donc il y a au moins un peu de contrôle par le marché d’où va l’argent. 

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Il y a 6 heures, poney a dit :

La planche a billet n'a des effets marginaux sur l'inflation que sous certaines conditions ; depuis 10 ans les taux bas et les QE ont surtout fait gonfler les marchés financiers donc ça c'est peu vu dans l'inflation (avec peut-etre l'immobilier). Si demain tu le mets dans la poche des gens, ce que veux ce gauchiste et ce que postule la MMT, les gens ont plus d'argent à dépenser, les prix augmentent, la valeur de l'argent diminue, tu réimprimes, ça reprend, tu finis comme au Zimbabwe.

 

Mais pour l'heure, cela ne finira certainement pas comme au Zimbabwe et tu n'as pas d'inflation pour essentiellement deux raisons:

- L'imprimeur encore appelé BCE fait ce qu'il veut en imprimant à outrance et pire sans collatéral, créant ainsi une épouvantable pyramide, voir même un château de cartes. Le bilan de la BCE, c'est plus de 4000 milliards si tu incorpores les banques nationales. Mais j'ai un peu de mal à voir comment ils arrivent à créer une comptabilité avec cette quantité astronomique de fausse monnaie.

- L'euro nous préserve toujours de l'inflation. Il serait sans doute bon de le rappeler aux frexiters; le jour où on repasse au franc, on se mange 50% de dévaluation, voir même plus avec cette histoire de Covid.  

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C'est pour cette raison que si je devais parier un billet sur une évolution majeure de l'euro, un frexit ouolus gros, je vois surtout une évolution vers la sortie de la monnaie unique pour une monnaie commune. 

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Citation

du coup je ne sais pas de quel peoples's qe il parle dans la vidéo, parce que je l'ai pas regardée.

 

Il ne fait que l'évoquer comme une des possibilités, comme le fait de filer des cartes de crédit aux consommateurs, ou de monter les salaires.

 

Citation

faire de l'helicopter money directement pour les citoyens que de faire du QE ciblé permettant à des ordures comme les Etats ou les banquiers irresponsables de s'en sortir à bon compte tout en se drapant dans la posture des sauveurs de l'économie mondiale.

 

Mon avis en économie ne vaut rien, mais j'aurais tendance à être d'accord. Je crois que c'est chez Graeber que j'ai lu ça, mais quand certains dénoncent le néo-libéralisme comme un socialisme pour les riches, je ne pense pas que ce soit complètement faux.

 

Citation

Je ne sais pas si le Venezuela est plus moral que les USA.

 

Il parle du Venezuela à la fin. Selon lui, l'inflation du Venezuela c'est d'abord lié à l'effondrement du cours du pétrole qui a entraîné la pénurie dans le pays et donc planche à billet n'intervient qu'en dernier dans cette situation selon lui.

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12 hours ago, Tramp said:

Je ne sais pas si le Venezuela est plus moral que les USA.

Les banques centrales n’achètent pas sur le primaire donc il y a au moins un peu de contrôle par le marché d’où va l’argent. 

 

Je n'ai pas étudié la situation au Venezuela, mais je suppose que le gouvernement a plutôt utilisé le nouvel argent créé pour payer les fonctionnaires et les dépenses de l'Etat en général, donc c'est déjà une répartition biaisée. Si tu envoies un chèque à tout le monde en même temps c'est déjà un peu plus fair-play. Encore une fois je suis à 200% contre l'helicopter money, mais quitte à en faire autant bien le faire. Alors que les "Quantitative Easing" et autres "politiques monétaires non conventionnelles" ça consiste surtout à tailler des pipes aux gouvernements j'ai l'impression :icon_fella:

  • Yea 2
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Il y a 13 heures, Tramp a dit :

Les banques centrales n’achètent pas sur le primaire donc il y a au moins un peu de contrôle par le marché d’où va l’argent. 

Pas compris, tu pourrais détailler s'il te plaît ?

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il y a une heure, ttoinou a dit :

Pas compris, tu pourrais détailler s'il te plaît ?

 

Les banques centrales des pays développés n’achètent pas directement le papier auprès des émetteurs mais auprès des investisseurs qui ont acheté le papier des émetteurs. Il y a donc bien un filtre qui se fait même s’il est tout tordu. Les QE de la BCE n’ont pas empêché le défaut de la Grèce et la faillite de son système bancaire. Il a fallu que ce soit l’Allemagne et la France qui s’endettent pour financer la Grèce parce que même avec les QE, les investisseurs ne lui prêtaient pas un rond. 

Il y a 3 heures, Pegase a dit :

Il parle du Venezuela à la fin. Selon lui, l'inflation du Venezuela c'est d'abord lié à l'effondrement du cours du pétrole qui a entraîné la pénurie dans le pays et donc planche à billet n'intervient qu'en dernier dans cette situation selon lui.

 

L’inflation est toujours un phénomène monétaire. 

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Il y a 5 heures, Pegase a dit :

Mon avis en économie ne vaut rien, mais j'aurais tendance à être d'accord. Je crois que c'est chez Graeber que j'ai lu ça, mais quand certains dénoncent le néo-libéralisme comme un socialisme pour les riches, je ne pense pas que ce soit complètement faux.

 

Il y a 4 heures, Calembredaine a dit :

C'est quoi le néo-libéralisme?

 

Toute la difficulté de cet ovni, que ça soit pour les gauchos, les droitards ou les libéraux, c'est que ce qui est dénoncé est globalement assez juste (hyper bureaucratisation et normalisation, "socialisme pour les riches", pantouflage, lobbysme des multinationales, réglements et lois sur mesures pour ces derniers, puissance démesurée des banques, ...), le problème est dans l'interprétation. Les étatistes y voient du néolibéralisme parce qu'en déformant un peu les propos de Hayek ou Friedman et en les lisant de travers, cette articulation entre puissances publiques et économiques, ça ressemble à leurs écrits. C'est aussi simpliste comme raisonnement que "c'est pas public, y a du privé, donc c'est du néolibéralisme". Les libéraux que je pense malheureusement autant simpliste dans l'autre sens "ce n'est pas du libéralisme pur jus, donc c'est pas nous". Au pire on dit "ouais mais c'est du crony, c'est pas du libéralisme". A mon avis on gagnerait à faire notre auto-critique et à regarder ce qui dans nos idées, nos pratiques, chez nos auteurs ou dans nos théories pourraient mener à des angles morts pour les gens comme sur ce forum. J'analyse d'ailleurs à titre personnel la "mode" libertarienne/anarcap' comme une forme de course en avant libérale ; on réalise que l'articulation privé-public mène à des monopoles et des rentes et donc on ne voit comme réponse que "c'est la faute à l'état". Ce n'est jamais que le revers de la médaille étatiste qui pense exactement l'inverse : "c'est la faute au privé". C'est d'ailleurs ce qui explique a mon avis le succès et le retour de la gauche dure malgré la chute de l'URSS et de tous les régimes socialistes, non seulement la jeune génération ne l'a pas connu mais elle voit cette articuliation privé/publique et ses effets néfastes et se dit, légitimement meme si je ne suis pas d'accord parce que les arguments sont mauvais, qu'il faut "le retour" de l'état (mais cette fois c'est sur ça va marcher).


A mon avis les deux réponses sont simplistes, peu porteuses en terme d'idées et de sens de la réalité. Ca polarise fortement le débat et par là ça simplifie à grands traits ce qu'on perçoit comme réel et je fais partie des gens qui pensent que les choses sont toujours beaucoup plus complexes et entre-mêlées que ce qu'elles n'y paraissent. A ce titre, je suis toujours amusé quand je lis le mantra libéral "le néolibéralisme n'existe pas", dit aussi purement et simplement, parce que je pense que ça relève de l'auto aveuglement. D'une part on peut considérer que Hayek ou Friedman en sont, par rapport aux libéraux du 19ième par exemple et tracer leur généalogie à la suite du colloque Lipmann ; ou on peut aussi analyser les pratiques qui dénoncées comme du néolibéralisme, plutot que simplement le nier, voir en quoi elles correspondent ou non à ce qu'on pourrait définir comme du néolibéralisme et dénoncer éventuellement en quoi ça en est, ou pas, ou partiellement, et avec des arguments.

 

Mais c'est un grand grand grand grand débat qui a été mené en partie sur le forum y a quelques années (Audier a quand meme reçu le prix de l'association pour son "neolibéralisme" il y a quelques années). Il y a d'ailleurs encore un thread "néolibéralisme" quelque part.

  • Yea 4
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1 hour ago, poney said:

on peut aussi analyser les pratiques qui dénoncées comme du néolibéralisme, plutot que simplement le nier, voir en quoi elles correspondent ou non à ce qu'on pourrait définir comme du néolibéralisme et dénoncer éventuellement en quoi ça en est, ou pas, ou partiellement, et avec des arguments

 

Voilà.

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Sans définition du néolibéralisme, il me semble impossible de tenir une position. 

Un passage de wikipedia me semble très pertinent:

Citation

La signification du mot « néolibéralisme » a beaucoup varié au cours du temps : le terme ne fait pas consensus et son utilisation requiert une grande prudence, tant il a oscillé entre différentes significations.

 

Pour ma part, je renvoie dans les cordes toute personne utilisant le terme neo-libéralisme en exigeant une définition que mon interlocuteur est bien incapable de me donner. Quand il s'y essaie, les arguments évoqués sont tellement opposés à la liberté que nous défendons qu'il devient facile d'argumenter.

  • Yea 1
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il y a une heure, Calembredaine a dit :

Sans définition du néolibéralisme, il me semble impossible de tenir une position. 

 

C'est exactement le problème et ce n'est pas que par rapport au néolibéralisme. Il y a, depuis quelques décennies, une conception du travail universitaire par exemple qui considère non seulement que les grands thèmes sont acquis et qu'il ne faut plus chercher à définir les thèmes qu'on utilise, ou parfois pire, qu'il ne faut pas chercher du tout à définir les concepts et qu'il vaut mieux laisser des contours flous, parce que définir c'est par trop enfermer la réalité qu'on cherche à a analyser dans des boites trop petites.


Il y a des bons arguments dedans mais c'est très problématique quand on oublie que le travail intellectuel c'est aussi couper les cheveux en quatre et passer sa carrière à enculer des mouches sur des détails de définition. Si c'est pas eux qui le font, personne ne le fait. Or, si c'est un jeu qui parait évidement stérile vu de l'extérieur puisque c'est non opérationnel et que ça empêche toute montée en généralité et appréhension d'un phénomène, c'est très important pour justement tâter les limites d'une idée, trouver les angles morts, chercher les contradictions et les exceptions.

 

Le néolibéralisme par exemple est typiquement quelque chose qu'on a décidé de ne plus tenter de définir depuis les 80s, en particulier depuis le travail de Foucault (qui voyait par ailleurs dans le néolibéralisme un outil pour limiter le "bio-pouvoir" arbitraire de l'Etat, quelque chose de plutôt positif chez lui) et le couple Reagan/Thatcher qui ont en effet marqué une rupture plus ou moins libérale à l'époque, mais quand même beaucoup plus que les 30 années précédentes. Et puisque le néolibéralisme, l'anti communisme de Hayek ou Friedman, était l'ennemi de la gauche de l'époque, 40 ans plus tard, on continue à désigner néolibéralisme tout ce qui ressemble à l'ennemi de la gauche, pour autant qu'on puisse démontrer que quelque part il y a un intérêt privé (et bien entendu, on trouve toujours).


C'est quelque chose qui est dénoncé dans un partie de la littérature mais c'est malheureusement très marginal (le papier le plus célèbre est celui-ci, je crois https://link.springer.com/article/10.1007/s12116-009-9040-5)

 

Citation

 

Pour ma part, je renvoie dans les cordes toute personne utilisant le terme neo-libéralisme en exigeant une définition que mon interlocuteur est bien incapable de me donner. Quand il s'y essaie, les arguments évoqués sont tellement opposés à la liberté que nous défendons qu'il devient facile d'argumenter.

 

Pour moi le neolibéralisme c'est très clairement le basculement de la social-démocratie vers le centre et la droite, deux camps politiques qui historiquement ont toujours ménagé la chèvre étatiste et le choux capitaliste. Ca a débordé au centre gauche avec la 2eme génération de la New Left, notamment.

 

Il y a très probablement eu une accélération avec la chute de l'URSS pour au moins deux raisons. D'abord la preuve par l'absurde que le socialisme au sens historique du terme, c'est à dire la mainmise total de l'état sur l'appareil économique et social, ne fonctionne pas et d'autre part, une remise en question des sociaux-démocrates technocrates qui a débouché sur la conclusion que si l'état n'est pas là pour décider à la place de l'économie et la société, puisque ça ne fonctionne pas, alors il doit l'accompagner et l'administrer. Le néolibéralisme, c'est un peu comme si on avait lu Hayek en oubliant totalement la dimension spontanée. Au lieu de laisser s'organiser le marché, on va l'organiser. C'est un véritable renversement. C'est pour ça qu'on trouve des commissions pour la concurrence. Le libéralisme postule la concurrence comme moteur et résultat souhaitable mais postule également que c'est au marché, c'est à dire aux milliards d'agents qui achètent et vendent, de trouver un moyen de se sortir d'une situation de monopole et de créer la concurrence. Le néolibéralisme, lui, postule également la concurrence comme moteur et résultat souhaitable mais par contre postule qu'un régulateur doit s'assurer que la concurrence est bien là. C'est une vision technocratique, Hayek savait que la concurrence pure et parfaite n'existe pas et que le marché à des failles, par exemple en terme d'asymétrie des informations, mais il dit aussi que ce n'est pas très grave parce qu'à long terme et dans sa dynamique, ça se rééquilibre a peu près et c'est 100x mieux que le risque de présomption fatale. Et ben les technocrates néolibéraux ont zappés la dimension de la présomption et essaient benoîtement d'organiser le marché. L'UE c'est a peu près ça, c'est comme ça qu'on se retrouve avec un amoncellement de règlements à la con, de lois machin, d'arrêtés bidules et un empilement de normes que personnes ne comprends. J'insiste vraiment sur la notion de technocratie parce que pour moi c'est intrinsèquement lié au phénomène, on pourrait résumer ça par l'idée que les technocrates ont échangé la planification socialiste par la planification du marché.

Puisque ça parle marché et concurrence, les gauchistes et les droitards y voient du néolibéralisme, nous on ne voit que les normes et la main du politique. Si on ne comprend pas cette double demi-lecture, à mon avis on ne sortira jamais de ce débat.

 

EDIT

C'est d'ailleurs pour ça je pense que personne ne se revendique du néolibéralisme, ce n'est ni une théorie avec une certaine complétude, ni une doctrine politique (la seule qui s'en rapproche a peu près serait l'ordo-libéralisme allemand), ça a toujours été utilisé comme une injure (sauf dans un groupe très précis et à un temps très précis lors du colloque Lippmann et ses quelques effets chez les libéraux). Par contre c'est un faisceau indéfini de pratiques indéfinies avec des objectifs indéfinis, personne ne peut se revendiquer d'un truc pareil. En ce sens alors, le néolibéralisme n'existe pas, si on veut le définir comme une pratique ou une théorie en particulier.

  • Yea 3
  • Post de référence 4
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4 hours ago, Tramp said:

L’inflation est toujours un phénomène monétaire. 

 

Ca dépend ce que tu veux dire par là. L'inflation au sens de la hausse du prix sur tel ou tel marché peut parfaitement résulter d'une demande croissante alors que l'offre ne peut pas augmenter, et les revenus qui auparavant servaient à acheter du bien A vont désormais contribuer à la hausse du prix du bien B car on a besoin de B alors que A était superflu. Mais peut-être entends-tu le mot inflation au sens de l'inflation de la masse monétaire ? Je sais que ces deux acceptions sont trop souvent utilisées indifféremment. 

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On a déjà eu la discussion je crois : si il y a une inflation non monétaire alors ça ne rentre pas dans sa définition de l'inflation et voilà :D

Mais oui il faut distinguer 1) inflation d'un prix (ou d'un ensemble de prix) 2) inflation du stock de monnaie ainsi 3) qu'augmentation de la vitesse de circulation de la monnaie

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il y a 33 minutes, Axpoulpe a dit :

 

Ca dépend ce que tu veux dire par là. L'inflation au sens de la hausse du prix sur tel ou tel marché peut parfaitement résulter d'une demande croissante alors que l'offre ne peut pas augmenter, et les revenus qui auparavant servaient à acheter du bien A vont désormais contribuer à la hausse du prix du bien B car on a besoin de B alors que A était superflu. Mais peut-être entends-tu le mot inflation au sens de l'inflation de la masse monétaire ? Je sais que ces deux acceptions sont trop souvent utilisées indifféremment. 

 

Pour moi, si on inclut le simple jeu de l’offre et de la demande dans les concepts d’inflation et de déflation, les deux concepts n’ont plus beaucoup d’intérêt.

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15 minutes ago, Tramp said:

 

Pour moi, si on inclut le simple jeu de l’offre et de la demande dans les concepts d’inflation et de déflation, les deux concepts n’ont plus beaucoup d’intérêt.

 

Justement, je pense que ces deux concepts ont été utilisés à si mauvais effet dans l'histoire économique qu'il aurait peut-être mieux valu ne pas leur donner beaucoup d'intérêt. Je veux dire par là que l'objectif d'un niveau général des prix compris exactement entre 0 et +2% est totalement arbitraire et a peut-être empêché l'humanité de bénéficier d'une déflation organique sans précédent. Si les gauchos ont raison sur un truc, c'est peut-être sur la révérence que nos gouvernements ont toujours pour les chiffres de la croissance. 

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