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Complotistes & théories de compote


PABerryer

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@ H16 : Je reconnais là ton savoureux humour corrosif !

On peut être sans opinion sur l'existence de telle ou telle coordination putative et savoir de quoi on parle en matière de techniques de coordination, ou, au moins, connaitre les limites de ce qu'on sait. Le problème des dialogues autour des questions de coordinations occultes c'est que nombre de leurs techniques sont elles mêmes occultes ou du moins largement méconnues du grand public.

Ben oui, c’est évident, quand on est pas dans le milieux, on ne peut pas savoir (et ça nourri les fantasmes, qui laissent toujours dans l’ignorance).

Et justement à ce sujet, merci encore pour ton précédent témoignage (celui sur les influences, la « justice pénale », etc).

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Ce qui ne démontre rien du tout. Je te renvois à ton propre lien.

Il y a des mécaniques dans tous les domaines, autant sociaux que physiques (mais elles ne se décrètent pas, elles doivent être identifiées). Les logiques peuvent être les mêmes, ce qui ne signifie pas que les phénomènes sont systématiquement les mêmes, seulement que certaines logiques ou mécaniques sont communes ou assez universelles.

Un exemple tout bête de phénomène auto‑entretenu (phénomène dont tu semble alors nier la pertinence universelle, si j’ai bien compris) : les classes sociales.

On a un phénomène auto‑entretenu quand on a un phénomène dont la cause se retrouve dans son produit (quand ce n’est pas auto‑entretenu, on a au moins un phénomène de renforcement). Maintenant pour aller montrer que ça ne peut se produire qu’en physique et que ça ne peut pas exister pas en sociologie, je te souhaite bon courage… De mon côté, j’ai démontré que oui en citant l’exemple banal plus haut (les classes sociales).

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Maintenant pour aller montrer que ça ne peut se produire qu’en physique et que ça ne peut pas exister pas en sociologie, je te souhaite bon courage…

J'ai Boudon et toute l'école de l'individualisme méthodologique avec moi. Celle qui enseigne notamment que c'est une grave erreur que d'appliquer la méthode des sciences de la nature aux sciences sociales.

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C’est ce qui me fait dire qu’en France il n’existe pas de véritable sciences sociales

[...]

Mais il en va différemment aux État‑Unis

Comme tu y vas²

 

Pour être plus précis, il ne s'agit pas tant d'un "complot sans comploteurs" que d'un complot où les comploteurs (la "classe dominante") ignorent qu'ils complotent (contre la "classe dominée").

Bref, c'est pas un complot mais de l'ordre spontané.

 

En d'autres termes, c'est une réduction du monde inconnu au monde connu.

Jolie formule qui résume bien le truc.

Pour ma part je dirais que l'idéologie est un mode de raisonnement paranoïaque dont le complotisme est le stade ultime.

 

Un truc qui me fascine, c'est que la plupart des complotistes pensent que le complot s'achèvera s'il est mis à jour.

C'est un peu comme les psychanalystes qui pensent que la pathologie s'arrête une fois que le patient a mis à jour ses racines supposées. Finalement, les complotistes ne cherchent peut-être qu'à se soigner eux-mêmes sous prétexte de soigner la société :mrgreen:
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L'idée de la manie est intéressante parce qu'il y a probablement un élément psy.

Le complot permet de calmer un angoisse à propos du monde incompréhensible/cruel/absurde et de le remplacer par un monde ordonné.

[…]

Ça me semble crédible.

Dans ce cas, ça ressemble à la fonction qu’ont les religions ou les légendes pour certaines personnes alors (sans réduire ces deux choses à ça).

Puis assez prévisiblement alors, pour que ça remplisse bien sa fonction de chose qui rassure, il faut que ce soit confirmé par d’autres (pour se rassurer soi‑même que c’est vrai), et alors ça pourrait expliquer la virulente envie de les partager et d’en convaincre les autres pour qu’ils/elles rejoignent cette croyance.

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Bref, c'est pas un complot mais de l'ordre spontané.

Pas vraiment parce que dans la vision bourdieusienne la structure sociale n'est pas un paramètre, mais la cause de l'action des gens. La liberté n'existe pas, tout est mécanique : les gens agissent non pas selon leurs intentions, leurs valeurs ou leurs objectifs, ils sont le jouet des méchantes structures sociales qui oblige les "dominants", par le biais de leurs habitus, à dominer inconsciemment les "dominés".

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Pas vraiment parce que dans la vision bourdieusienne la structure sociale n'est pas un paramètre, mais la cause de l'action des gens. La liberté n'existe pas, tout est mécanique : les gens agissent non pas selon leurs intentions, leurs valeurs ou leurs objectifs, ils sont le jouet des méchantes structures sociales qui oblige les "dominants", par le biais de leurs habitus, à dominer inconsciemment les "dominés".

 

Comment il explique alors que certains "sortent" des clous ? Que des familles bourgeoises s'appauvrissent et que des pauvres ouvriers sortent parfois de leur condition misérable de dominés ?

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Bourdieu ne s'occupe pas vraiment d'économie, mais de sociologie. Il essaie d'expliquer des faits sociaux, comme par exemple le fait que les riches réussissent mieux à l'école que les pauvres.

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Comment il explique alors que certains "sortent" des clous ? Que des familles bourgeoises s'appauvrissent et que des pauvres ouvriers sortent parfois de leur condition misérable de dominés ?

Pourquoi "parfois" ? C'est la norme: 2 Français sur 3 ont une classe sociale différente de leurs parents.
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Pas vraiment parce que dans la vision bourdieusienne la structure sociale n'est pas un paramètre, mais la cause de l'action des gens. La liberté n'existe pas, tout est mécanique : les gens agissent non pas selon leurs intentions, leurs valeurs ou leurs objectifs, ils sont le jouet des méchantes structures sociales qui oblige les "dominants", par le biais de leurs habitus, à dominer inconsciemment les "dominés".

La sociologie est supposée s'intéresser à des lois de ce type, relativement indépendantes des variations individuelles. C'est une histoire de boite noire, pas de nier qu'il existe d'autres niveaux d'analyse. Par ailleurs ces questions épistémologiques n'ont guère de rapport avec la théorie du complot à moins d'en maltraiter la définition.
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Bourdieu ne s'occupe pas vraiment d'économie, mais de sociologie. Il essaie d'expliquer des faits sociaux, comme par exemple le fait que les riches réussissent mieux à l'école que les pauvres.

 

C'est pas ce que je veux dire: si j'ai bien compris, il pense que les individus sont soumis à des forces sociales qui les dépassent et qu'ils ne peuvent pas agir contre, et que, secondement, il y'a une classe de dominants qui se perpétue et une de dominés qui cherche à sémanciper, comment expliquer que des dominants deviennent dominés et vice-versa ? Si on suit cette logique les dominants devraient rester éternellement dominants et les dominés éternellement dominés non ?

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La sociologie est supposée s'intéresser à des lois de ce type, relativement indépendantes des variations individuelles.

La sociologie holiste seulement. L'individualisme méthodologique de Boudon (et d'autres) réfute totalement ces visions mécanicistes et scientistes et réévalue la part de la liberté et de la stratégie des individus dans l'interprétation du fait social.

En bref pour les holistes, c'est la société qui fait les individus, et pour les individualistes c'est l'individu qui fait la société.

 

Par ailleurs ces questions épistémologiques n'ont guère de rapport avec la théorie du complot à moins d'en maltraiter la définition.

Bourdieu invente la théorie du "complot inconscient", c'est tout. (C'est aussi ce que dit Boudon.) Le matérialisme historique de Marx, c'est un peu la même chose.

 

Si on suit cette logique les dominants devraient rester éternellement dominants et les dominés éternellement dominés non ?

Tu lui poseras la question. Mais je pense qu'il a cherché une explication à des faits existants. D'ailleurs, sur l'égalité des chances, Boudon n'a jamais contesté le constat de la reproduction sociale, il a seulement proposé une explication différente, en montrant qu'on pouvait expliquer le phénomène tout en partant des intérêts des individus dans un contexte donné.

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C'est pas ce que je veux dire: si j'ai bien compris, il pense que les individus sont soumis à des forces sociales qui les dépassent et qu'ils ne peuvent pas agir contre, et que, secondement, il y'a une classe de dominants qui se perpétue et une de dominés qui cherche à sémanciper, comment expliquer que des dominants deviennent dominés et vice-versa ? Si on suit cette logique les dominants devraient rester éternellement dominants et les dominés éternellement dominés non ?

C'est loin, mais je crois me souvenir qu'il y a une part qui est du au différentiel de natalité qui permet de faire monter des dominés vers les dominants sans changer les structures sociales.

 

De toute façon, ce qui intéresse les sociologues comme Bourdieu, ce ne sont pas les destins individuels mais la persistance de classes sociales dans des rapports stables au-delà des existences personnelles.

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Meuh non ! Ça n'a rien à voir...

« Vos idées sont elles-mêmes les produits du système bourgeois de production et de propriété, tout comme votre droit n’est que la volonté de votre classe, érigée en loi ; et il n’y a rien d’autre dans cette volonté que les nécessités matérielles de votre classe »

Marx et Engels dans le Manifeste.

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Oui, absolument. Ce qui n'a rien à voir avec Bourdieu.

L'important dans la phrase que tu cites, ce n'est pas "classe" mais 'système de production" et "nécessités matérielles".

Je ne pense pas qu'il y ait de déterminisme économique chez Bourdieu. La structure de classe est produite par un social autonome.

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Explique moi la différence avec cette phrase de Bourdieu, car je là je ne vois pas trop où  se situe la différence fondamentale :

 

« Les conditionnements associés à une classe particulière de conditions d'existence produisent des habitus, systèmes de dispositions durables et transposables, structures structurées prédisposées à fonctionner comme structures structurantes, c'est-à-dire en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement adaptées à leur but sans supposer la visée consciente de fins et la maîtrise expresse des opérations nécessaires pour les atteindre, objectivement « réglées » et « régulières » sans être en rien le produit de l'obéissance à des règles, et, étant tout cela, collectivement orchestrées sans être le produit de l'action organisatrice d'un chef d'orchestre ».

 

C'est en gros la même chose, non ? Les structures sociales imposent aux gens leurs choix et leurs façon de penser.

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La sociologie holiste seulement. L'individualisme méthodologique de Boudon (et d'autres) réfute totalement ces visions mécanicistes et scientistes et réévalue la part de la liberté et de la stratégie des individus dans l'interprétation du fait social.

On peut tout à fait admettre que les individus sont à la base des phénomènes sociaux tout en trouvant pratique de modéliser ces phénomènes sous la forme de forces holistiques (c'est la position de Durkheim).

La vraie question est celle du niveau d'analyse où on se place, et quel niveau est le plus pertinent pour étudier un phénomène donné.

Bref l'approche holiste n'est pas forcément mécaniciste et scientiste. Bourdieu l'était peut-être.

 

En bref pour les holistes, c'est la société qui fait les individus, et pour les individualistes c'est l'individu qui fait la société.

Et en vérité ça marche dans les deux sens.

 

Bourdieu invente la théorie du "complot inconscient", c'est tout. (C'est aussi ce que dit Boudon.) Le matérialisme historique de Marx, c'est un peu la même chose.

Tout ça me semble bien confus.
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tout en trouvant pratique de modéliser ces phénomènes sous la forme de forces holistiques 

En clair ?

 

Bref l'approche holiste n'est pas forcément mécaniciste et scientiste. Bourdieu l'était peut-être.

Quand je décris plus haut l'approche mécaniciste et scientiste tu réponds que c'est l'essence même de la sociologie.  <_<

 

Et en vérité ça marche dans les deux sens.

Peut-être, mais l'erreur mécaniciste/holiste/scientiste pointée par Boudon est la confusion entre les paramètres et la cause.

 

Tout ça me semble bien confus.

As-tu lu ce qui a déjà été dit dans le topic à ce sujet ? (Car je crains de devoir me répéter.)

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Explique moi la différence avec cette phrase de Bourdieu, car je là je ne vois pas trop où  se situe la différence fondamentale :

 

« Les conditionnements associés à une classe particulière de conditions d'existence produisent des habitus, systèmes de dispositions durables et transposables, structures structurées prédisposées à fonctionner comme structures structurantes, c'est-à-dire en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement adaptées à leur but sans supposer la visée consciente de fins et la maîtrise expresse des opérations nécessaires pour les atteindre, objectivement « réglées » et « régulières » sans être en rien le produit de l'obéissance à des règles, et, étant tout cela, collectivement orchestrées sans être le produit de l'action organisatrice d'un chef d'orchestre ».

 

C'est en gros la même chose, non ? Les structures sociales imposent aux gens leurs choix et leurs façon de penser.

Ouch ! Ça fait longtemps que je n'avais plus eu du Bourdieu sous les yeux. Ça arrache grave sa race, quand même !

 

Un truc fondamental, c'est que le matérialisme historique, c'est une question de dynamique de l'histoire, alors que l'habitus, c'est une question de rapport sociaux à un temps t. Donc, on n'est même pas dans sur des objets de même nature.

 

La matérialisme historique, c'est une façon d'expliquer l'histoire par le déroulement de processus matériel. En l'occurrence, chez Marx, la division du travail. La répartition des forces productives à un moment définissent une classe dominante. La domination de cette classe, fondée sur l'infrastructure matérielle, s'exprime dans la superstructure "culturelle" par la domination des idées de la classe dominante. La classe qui a le pouvoir économique diffuse les idées qui justifient cette domination. La classe dominé peut être aveuglée par cette idéologie mais dissiper l'idéologie ne change rien à sa situation de classe dominé, parce que cette position est due à la position (historiquement marquée) dans le processus de production. Néanmoins, la prise de conscience de l'idéologie est un préalable à l'action révolutionnaire visant à changer les mécanismes de production. On parle de "matérialisme historique" pour mettre en évidence que ce n'est pas le développement des idées qui guide l'histoire (Théorie hégélienne) mais le processus économique sous-jacent.

 

Je ne sais pas comment Bourdieu se rattache au matérialisme historique, bien qu'il doive le faire d'une façon ou d'une autre vu son militantisme communiste.

Mais, d'une certaine façon, il est moins individualiste que Marx parce que, chez Marx, l'individu garde une possibilité de conscience autonome (ce qui ne change rien à sa condition sociale). Chez Bourdieu, la personne devient un "idiot social" traversé de part en part par des conditionnements sociaux. Ce qui intéresse Bourdieu, c'est de mettre en évidence que les différents conditionnements sont en rapports les uns avec les autres, c'est à dire qu'ils ne peuvent être compris que les uns par rapport aux autres. Le tout forme une structure, au sens de Lévi-Strauss, avec des pôles correspondant aux classes sociales. " structures structurées prédisposées à fonctionner comme structures structurantes" Et c'est cette structure, structurée par les rapports de classe, qui devient structurante dans les comportement individuels. La société se reproduit donc par reproduction intériorisée des structures de l'habitus (superstructure marxiste), alors que chez Marx, la reproduction s'explique par la reproduction des structures de productions.

 

Je sais pas si je suis clair.

 

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En clair ?

En clair je peux analyser un embouteillage en regardant le comportement de chaque conducteur, ce qui me donnera certaines informations, ou en considérant toute la circulation en même temps sous la forme d'un flux, ce qui me donnera d'autres informations. Il y a même de grandes chances que les deux séries d'informations s'éclairent et se complètent.

 

Quand je décris plus haut l'approche mécaniciste et scientiste tu réponds que c'est l'essence même de la sociologie.  <_<

Je ne parlais pas du côté "les lois sont absolues et les gens sont des robots" qui est évidemment faux (enfin j'espère que c'est évident) mais du fait de regarder ce qui se passe au delà des variations individuelles, bref de la hauteur du niveau d'analyse.

 

Peut-être, mais l'erreur mécaniciste/holiste/scientiste pointée par Boudon est la confusion entre les paramètres et la cause.

Dans tous les cas on parle bien d'un truc existant à un niveau supra-individuel qui influence le comportement. Ce n'est pas le seul truc qui l'influence, on est d'accord là dessus.

Ceci dit je crois avoir saisi l'histoire de complot sans comploteur.

Un interventionniste, quelqu'un qui veut bidouiller les rouages de la société, a intérêt à avoir une vision "holiste, mécaniste, scientiste" puisque dans cette optique les rouages existent et ils sont bidouillables. Il suffit alors de resserrer les boulons à coup d'ingénierie sociale et tout ira pour le mieux.

Là dessus vient la perspective qu'on pourrait si on veut appeller marxiste qui dit "les malheurs du monde existent parce que les gens bidouillent les rouages en faveur d'un groupe dominant sans en avoir conscience". Ainsi l'exploitation des femmes subsiste parce que les hommes sont conditionnés par la société pour être des exploiteurs et les femmes pour être exploitées. Le but du jeu est alors de chercher et combattre les manifestations de cette exploitation en espérant reprogrammer tout le monde.

Mais fondamentalement cette optique se résume à de l'interventionnisme "naïf" : il existe des rouages et tout va mal parce qu'ils ne sont pas assez contrôlés. Par opposition le complotisme dit basiquement "les malheurs du monde existent parce qu'un groupe de gens bidouille tous les rouages n'importe comment par malveillance".

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ou en considérant toute la circulation en même temps sous la forme d'un flux

Personne n'a dit le contraire.

 

Je recopie (encore) Boudon à ce sujet :

 

"L'individualisme méthodologique n'implique nullement que l'être humain soit un atome suspendu dans un vide social. Il appartient au contraire à un environnement social, politique et culturel. Il a un passé. Il a des ressources cognitives et culturelles variables d'un individu à l'autre. Mais ces données constituent les *paramètres* et non les causes de son comportement. Le fait que je doive contourner un pâté d'immeubles pour atteindre le point auquel je désire me rendre paramètre mon comportement. Il ne le détermine pas. Le fait que je dispose de ressources financières limitées paramètre ma consommation : il m'interdit de rêver à la possession d'un jet privé. Il ne la détermine pas. La distinction entre paramètres et causes est essentielle. La première notion enregistre l'existence d'un fait patent, celui de l'autonomie humaine. La seconde l'ignore. Or la sociologie ne peut davantage ignorer l'autonomie humaine que la mécanique ne peut ignorer la pesanteur."

 

C'est ce que j'ai essayé de résumer plus haut, cette conception individualiste va à l'encontre de la vision de Bourdieu et du marxo-structuralisme en général où tout est mécanique et où il n'y a pas de différence entre l'homme et le légume, pas de différence entre sciences de la nature et sciences humaines. (scientisme)

 

Et tu m'as répondu : "la sociologie est supposée s'intéresser à des lois de ce type"

 

Bref, je crois qu'on s'est pas compris.

 

mais du fait de regarder ce qui se passe au delà des variations individuelles, bref de la hauteur du niveau d'analyse.

Mais personne n'a parlé de ça. Ce dont j'ai parlé, c'est uniquement de la vision structuraliste, mécaniciste et scientiste de Bourdieu qui l'amène à la théorie du "complot inconscient" qui n'a rien à voir avec le principe de l'ordre spontané. (Ce qui était le point de départ de ton intervention.)

 

Ceci dit je crois avoir saisi l'histoire de complot sans comploteur.

Un interventionniste, quelqu'un qui veut bidouiller les rouages de la société, a intérêt à avoir une vision "holiste, mécaniste, scientiste" puisque dans cette optique les rouages existent et ils sont bidouillables. Il suffit alors de resserrer les boulons à coup d'ingénierie sociale et tout ira pour le mieux.

Là dessus vient la perspective qu'on pourrait si on veut appeller marxiste qui dit "les malheurs du monde existent parce que les gens bidouillent les rouages en faveur d'un groupe dominant sans en avoir conscience". Ainsi l'exploitation des femmes subsiste parce que les hommes sont conditionnés par la société pour être des exploiteurs et les femmes pour être exploitées. Le but du jeu est alors de chercher et combattre les manifestations de cette exploitation en espérant reprogrammer tout le monde.

Voilà en gros.

 

Un exemple schématique que Bourdieu donnait parfois : dans un groupe, la propension qu'une femme prenne spontanément la parole est plus faible que celle d'un homme. (Domination inconsciente des hommes sur les femmes.) Par conséquent, pour reprendre une phrase à lui : "Pour être égal, il faut être inégal", en gros il faut forcer les hommes à un peu plus se taire, et aider les femmes à prendre la parole. Et hop, tout est bien égal. (Discrimination positive en somme...)

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Je sais pas si je suis clair.

Si, mais je trouve qu'on pinaille en disant que ce n'est pas du tout la même chose. Globalement, la logique et les présupposés sont à peu près les mêmes et on arrive toujours à la même conclusion : un complot des riches contre les pauvres à cause de la (super)structure de la société. Ce n'est pas un hasard selon moi.

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J'ai eu la même réaction quand j'ai lu Bourdieu.

 

Oui ben relis le correctement et tu comprendras peut-être pourquoi en son temps il fut accusé par certains de se vendre à l'individualisme. Certains articles en parlent, d'autres montrent le lien entre l'habitus selon Bourdieu et l'individualisme.

 

Je t'ai vu défendre avec brio le libéralisme ailleurs qu'en ce forum. Je pense que tu es quelqu'un d'intelligent mais là tu te plantes un peu. Je ne défends pas Bourdieu "parce que c'est Bourdieu" hein. Je n'aime chez lui que sa praxéologie, comme je le dis toujours quand on en parle, ce qui doit représenter 20 ou 25% de son travail total. Le reste c'est "poubelle", à mon avis. Mais je n'en peux plus de lire les gauchistes raconter des salades sur le libéralisme, et ça serait bien qu'on ne fasse pas de même si on ne veut pas être traité de la même façon.

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Ça dépend des textes. Bourdieu lui-même n'est pas clair. Parfois, l'habitus est une simple inclination à l'action, parfois un véritable programme informatique.

 

L'habitus est un matrice générationnelle de comportements. Ton passé social détermine un faisceau d'actions possibles dont on a pas conscience et les individus sont amené à agir au sein de ce faisceau. Dit plus simplement, un fils d'agriculteur n'agira pas face à une même situation de la même manière qu'un fils de prof d'université. Et il s'agit bien d'un faisceau de possibles, donc il n'y a pas "une" façon de réagir identique, donc il y a bien une forme de liberté d'action de l'individu, qui est fonction d'un tas d'autres choses : aspirations personnelles, environnement familial, ...Bien sur, au moment on l'on agit on a pas conscience de ce point du passé et de son propre contexte social. Personne ne se dit à chaque fois qu'il bouge un cil "j'agis comme ça parce que je suis issu de telle famille, de telle région, que mes parents avaient telle aspiration pour moi, que j'avais tel passion, que mon frère à fait a tel age tel action qui m'a marqué sur tel point, ...". Ce qui n'empeche pas pour Bourdieu une possibilité de réflexivité puisqu'il a écrit "esquisse pour une auto-analyse"....

 

 

 

Tout ça n'est sans doute pas 100% liberhalal, mais ce n'est rien d'autre qu'une déclinaison post-marxiste à base de classe sociale, et pas totalement conne à mon avis. Il n'y a ni complot ni sorte d'obligation externe dont on ne pourrait s'extirper chez Bourdieu. Arrêtons de dire nawak 5 minutes.

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Poney, je n'ai fait que reprendre telle quelle la critique boudonienne de Bourdieu. Et m'est avis que Boudon est sociologue autrement plus meilleur que Bourdieu. Je te conseille de lire La sociologie comme science, c'est un petit livre très court que Boudon a écrit peu de temps avant de mourir et qu'il considérait comme son meilleur livre, car résumant tous les autres.

Quand tu lis Sur la télévision, la théorie du complot bourdieusienne apparaît de façon très claire. Et elle encore plus limpide quand elle est présentée par ses disciples du Monde Diplodocus.

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Je lis Boudon depuis des années, je suis presque arrivé au bout de son oeuvre. Je sais très bien ce qu'il en dit.

 

Sur la Télévision fais partie du Bourdieu engagé et militant, c'est de la merde, je ne parle absolument pas de ça.

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Je lis Boudon depuis des années, je suis presque arrivé au bout de son oeuvre. Je sais très bien ce qu'il en dit.

Alors où est le problème ? Je ne fais que le reprendre.

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