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Le Négationniste Foucard Fait Des Siennes


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Enfin bon l'article du troud Foucart est de novembre 2011. Depuis, Foucart est nettement tombé en disgrâce progressive tant son parti-pris réchauffiste était visible et caricatural.

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Enfin bon l'article du troud Foucart est de novembre 2011. Depuis, Foucart est nettement tombé en disgrâce progressive tant son parti-pris réchauffiste était visible et caricatural.

 

Il reste néanmoins une référence chez les escrolos.

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La version complète de l'article du monde :

http://leathuilleauxscpo.files.wordpress.com/2011/11/haro-c3a9colos-1.pdf

http://leathuilleauxscpo.files.wordpress.com/2011/11/haro-c3a9colos-2.pdf

http://midipyrenees.eelv.fr/2011/11/07/haro-sur-les-ecolos/

 

Et Stéphane  Foucart à joué les prolongations ici  suite à une réponse de Bruno Tertrais:

 

http://mediateur.blog.lemonde.fr/2011/11/18/haro-sur-les-ecolos-le-debat-14/

http://mediateur.blog.lemonde.fr/2011/11/21/haro-sur-les-ecolos-le-debat-24/

http://mediateur.blog.lemonde.fr/2011/11/22/haro-sur-les-ecolos-le-debat-34/

http://mediateur.blog.lemonde.fr/2011/11/23/haro-sur-les-ecolos-le-debat-44/

 

Haro sur les écolos, le débat 1/4

L’article de Stéphane Foucart « Haro sur les écolos! » (Le Monde du 5 novembre) accuse plusieurs ouvrages, dont le mien, de se baser sur des « arguments mensongers ». Pour ma part, je ne me situerai pas sur le terrain du procès d’intention, mais sur celui des faits.

L’article me cite à propos du coût en vies humaines de l’interdiction du DDT par les Etats-Unis. Je maintiens mon point de vue. Cette décision prise en 1972 par le directeur de l’Environmental Protection Agency, militant écologiste, contre l’avis de la plupart des scientifiques, eut bel et bien des effets ravageurs pour les pays du Sud en raison de son effet d’entraînement. Nombre de donateurs refusèrent de financer les programmes de pulvérisation du DDT. Plusieurs Etats cessèrent d’utiliser ce dernier par crainte de perdre le soutien des pays riches, ou de voir ces derniers refuser d’acheter leurs produits. Résultat : une remontée de la mortalité du paludisme.

le lien de causalité entre arrêt du DDT et recrudescence du paludisme est partout vérifié [24]. En Amérique du Sud, seul l’Équateur qui a maintenu la pulvérisation du DDT voit sa courbe d’infection baisser [23]

source : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2271#nh5

Depuis quelques années, les efforts courageux de l’Organisation mondiale de la santé pour relancer l’usage du DDT, contre l’avis du Programme des Nations Unies pour l’environnement, ont fini par payer. En 2007, l’OMS a décidé de soutenir activement les pulvérisations intra-domiciliaires du DDT. L’Agence américaine pour l’aide au développement a suivi (elle préférait auparavant soutenir la distribution de moustiquaires). Et la mortalité du paludisme a recommencé à reculer.

Le tour de passe-passe intellectuel consistant à sélectionner les thèses les plus caricaturales pour jeter l’opprobre sur une idée ou une école de pensée (comme on peut le faire avec M. Allègre, dont les outrances finissent effectivement par discréditer les thèses qu’il défend) ne fait pas avancer le débat.

L’article me cite également à propos du lien prétendu entre réchauffement climatique et évolution des populations d’ours polaires. Il critique une étude au motif qu’elle était (partiellement) financée par des firmes pétrolières. Suggérer que les sources de financement d’une étude déterminent nécessairement ses résultats est insultant pour les scientifiques concernés. Et il est réversible. L’étude en question avait fait l’objet d’une réponse financée par le World Wildlife Fund : les militants écologistes s’indigneraient-ils d’un tel financement sous prétexte que le sponsor a un agenda à défendre ? Probablement pas…

On juge une étude sur ce qu’elle est, non sur ses sources de financement ou la qualité de ses auteurs. C’est un fondement de la méthode scientifique chère à M.Foucart.

Enfin, le lecteur curieux découvrira que certains des ouvrages décriés par l’article de M. Foucart, loin de s’appuyer sur des « liens Internet », comprennent – c’est le cas du mien – plusieurs centaines de sources et de références provenant des grandes revues scientifiques à comité de lecture telles que Nature, Science] etc.

Bruno Tertrais, Paris

 

Stéphane Foucart répond à Bruno Tertrais par la publication de quatre articles dont voici le premier qui porte pour titre «DDT, changement climatique et ours polaires : réécriture de l’histoire et science pathologique»

 

Dans sa réponse à l’article « Haro sur les écolos ! » (Le Monde du 5 novembre) Bruno Tertrais prétend se situer sur « le terrain des faits ». Mais il persiste, à propos de l’histoire du DDT, à relayer une légende forgée et diffusée par les milieux néoconservateurs américains : celle d’une hystérie écologiste conduisant à l’interdiction complète d’un insecticide miracle très utile pour lutter contre le paludisme dans les pays pauvres. Bien qu’omniprésente sur le Net, cette fable n’en est pas moins dépourvue de tout fondement. 

les deux historiens américains s’interrogent sur les motivations des inventeurs de cette fable du DDT. Il y a là un mystère. A la fin des années 1990, quand elle apparaît sur le Net, le DDT n’est plus produit aux Etats-Unis. Il ne représente plus aucun enjeu économique

source : article foucart du monde nov 2011

M. Tertrais me donne l’occasion de développer certains points de cette fascinante réécriture de l’histoire, qui n’étaient que très rapidement abordés dans l’article publié le 5 novembre dans le cahier Culture & Idées du Monde.

Bruno Tertrais parle d’une « décision prise en 1972 par le directeur de l’Environmental Protection Agency (EPA), militant écologiste, contre l’avis de la plupart des scientifiques ». Entre 1970 et 1973, l’administrateur de l’EPA était William Ruckelshaus. Ce dernier était-il un «militant écologiste » ? Il est membre du Parti républicain et fut même élu de ce parti dans l’Etat d’Indiana; il fut nommé à la tête de l’EPA – qui est l’agence fédérale américaine chargée des affaires environnementales – sous l’administration de Richard Nixon, peu réputé pour ses liens d’amitié avec le mouvement environnementaliste… M. Ruckelshaus fut nommé à nouveau à la tête de l’EPA en 1983, par Ronald Reagan, dont les affinités avec la cause écologiste ne sont pas non plus absolument évidentes. Enfin, il fut appelé en 2001 par George W.Bush – sans doute désireux de placer un écologiste forcené dans son administration – pour siéger à la Commission on Ocean Policy des Etats-Unis… Voilà pour la réalité du prétendu militantisme écologique de M.Ruckelshaus.

 

L’avis de l’EPA de 1972 fut-il pris « contre l’avis de la plupart des scientifiques », comme l’affirme M. Tertrais ? Qu’on en juge : sur le DDT, et plus généralement sur les pesticides dits persistants, pas moins de quatre expertises collectives ont été menées par des biologistes du monde académique et/ou des agences fédérales américaines entre mai 1963 et décembre 1969. La première par le Conseil scientifique de la Maison Blanche, la deuxième par un panel ad hoc de l’EPA, la troisième par la division biologique et agronomique du National Research Council (NRC) – le bras exécutif de l’Académie des sciences américaine – et la quatrième par la Commission Mrak, un panel d’experts rassemblés autour d’Emil Mrak en 1969 par le Secrétariat américain à la santé. En juillet 1975, trois années après l’interdiction du DDT, la Chambre des représentants des Etats-Unis a demandé à un panel de chercheurs d’agences fédérales américaines de fournir une analyse rétrospective des aspects économiques et scientifiques de son interdiction («DDT, A Review of Scientific and Economic Aspects of the Decision To Ban Its Use as a Pesticide »).

Selon ce rapport, les quatre expertises scientifiques publiées entre 1963 et 1969 recommandaient unanimement « une cessation progressive de l’utilisation du DDT, à brève échéance ». La raison principale à cette recommandation n’est pas la toxicité aiguë pour l’homme de ce produit, qui est faible, mais sa persistance et son accumulation dans l’environnement et la chaîne alimentaire. En continuant à le produire et à l’épandre massivement, il était clair que son omniprésence finirait par poser de graves problèmes de santé publique. Il y a donc quelque chose d’assez orwellien à affirmer que la décision d’interdire l’épandage agricole de DDT aux Etats-Unis fut prise par « un militant écologiste, contre l’avis de la plupart des scientifiques ». Les faits sont que cette décision a été prise par un cacique du Parti républicain, plusieurs années après que les scientifiques compétents l’eurent enjoint à le faire, à quatre reprises au moins. Au reste, cette interdiction au niveau fédéral n’a pas eu beaucoup d’effet puisqu’un grand nombre d’Etats américains l’avaient devancée en interdisant, bien avant 1972, l’utilisation du DDT en épandages agricoles.

 

Aux Etats-Unis et dans les pays du nord, le DDT fut interdit dans les années 1970 dans son utilisation agricole, souvent sous forme de pulvérisations aériennes massives. Cette interdiction n’a pas touché les pays du Sud, où la lutte contre les moustiques vecteurs de maladies s’effectue grâce l’application parcimonieuse d’insecticides (dont le DDT) sur les murs intérieurs des habitations.

 

La suite de l’argumentation que produit M.Tertrais dans sa réponse repose sur la confusion entretenue entre ces deux utilisations et n’est autre qu’une accumulation d’affirmations vagues et sans fondement, qui circulent sur Internet sans jamais être appuyées par une documentation sérieuse. « Nombre de donateurs refusèrent de financer des programmes de pulvérisation du DDT », « plusieurs Etats cessèrent d’utiliser ce dernier par crainte de perdre le soutien des pays riches », écrit M. Tertrais

l’accord de la Commission nord-américaine pour la coopération environnementale (CCE) a imposé au Mexique de cesser de produire et employer le DDT [..] DDT de proclamer que le Mexique fait la preuve qu’on peut lutter contre le paludisme sans le DDT, faisant semblant d’ignorer que ce qui est valable pour le Mexique (pays développé le plus riche des pays impaludés) n’est pas vrai pour les pays pauvres 

 

[..]

En décembre 2002 à une convention de santé tenue à Kampala, Jim Muhwezi, ministre de la santé a annoncé le lancement d’une nouvelle campagne de traitement utilisant le DDT, s’appuyant sur le fait que c’était une arme efficace et bon marché pour les pays pauvres et que, en Afrique du Sud, la réintroduction récente de pulvérisation intradomiciliaire de DDT avait réduit les taux de malaria de 75 % en deux ans.
Jim Muhwezi a immédiatement rencontré l’opposition d’Andrew Sisson, un fonctionnaire de l’AID américaine qui assistait à la convention de Kampala. À la suite de quoi, un membre du parlement de l’Ouganda a averti Muhwezi que l’Europe et les Etats-Unis pourraient interdire les importations de poissons et celle des produits agricoles de l’Ouganda. Du fait de l’opposition de l’AID, l’Ouganda à donc peu de chance d’obtenir de l’aide internationale pour ce projet. À quoi Muhwezi a répondu : « nous espérons qu’elle viendra, sinon nous le ferons seuls33 »

 

source : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article497#nh17

 

l’Usaid a publié en 2005, sur son site Internet, une mise au point spécifiant qu’aucun financement de projet n’avait jamais été rejeté au motif de l’utilisation du DDT.

 

source : article de foucart du monde

 

Par ailleurs, les sources de financements vont se détourner des programmes d’aide aux pays du tiers-monde qui incluent un usage du DDT. L’Agence américaine d’aide au développement international (US-AID, l’une des principales sources de financement de campagnes antipaludéennes dans les pays pauvres) se justifie en prétendant que le DDT est moins efficace et moins économique que des solutions alternatives10, une affirmation en contradiction avec tous les diagnostics d’experts (voir par exemple [20]). Et elle met comme condition à une éventuelle utilisation du DDT, si malgré tout il était proposé, la réalisation d’une étude d’impact environnemental. Étude impossible à mettre en œuvre en pratique. Une aide de la Banque mondiale à l’Inde d’un montant de 165 millions de dollars pour la lutte contre le paludisme est assortie d’une clause spécifique bannissant l’usage du DDT [21]. Au Mozambique, le DDT cesse d’être utilisé car 80 % des fonds dédiés à la santé proviennent de donneurs étrangers qui ont exigé le bannissement du l’insecticide (rapporté par le British Medical Journal [22])

 

source : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2271#nh5

La réalité est que le DDT a progressivement perdu du terrain dans la lutte anti-vectorielle depuis les ann ées 1970 pour la principale raison de l’apparition, dans certaines régions, de résistances des anophèles à cet insecticide.

 

Dans leur livre Merchants of Doubt (Bloosmbury, 2010), les historiens des sciences Naomi Oreskes et Erik Conway citent un document technique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui, en 1976, rapporte « au Sri Lanka (…), l’utilisation de DDT à 1 g/m2 quatre fois par mois (…) n’a provoqué aucune différence significative dans la prévalence du paludisme par rapport aux zones à couverture normale ou inférieure. Aucune amélioration n’a été non plus obtenue avec un taux de 2 g/m2 à quatre applications mensuellesCe document montre deux choses. D’une part qu’au Sri Lanka, le DDT était parfaitement autorisé et utilisé en 1976. D’autre part qu’il y était devenu peu efficace.

Les succès ont été impressionnants1  : en une dizaine d’années, le nombre de cas au Sri Lanka est passé de 2,8 millions et 7 300 décès à 17 cas et aucun décès

source : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2271#nh5

Au Sri Lanka, on avait « stoppé l’usage du DDT en 1964, pensant que le problème était résolu, mais en 1969 le nombre de cas s’est élevé de 17 (atteint lorsqu’on se servait du DDT) à environ un demi-million »13.

source : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article497#nh35 

 

En 1995, un autre rapport technique de l’OMS sur la question («Vector Control for Malaria and Other Mosquito-Borne Disease ») montre qu’à cette période, les experts de l’organisation recommandent, toujours et encore, que le DDT demeure utilisé. A la page 76 de ce texte, dans l’annexe 1, ils précisent : « Le groupe d’étude a considéré la situation relative à l’utilisation du DDT pour contrôler les maladies vectorielles, en particulier le paludisme, à la lumière de deux récentes publications suggérant une association entre cancers chez l’homme et DDT, un rapport sur la présence de DDT dans le lait maternel et deux revues générales de la littérature sur le sujet. Deux experts toxicologues ont été invités à évaluer ces articles (…) et à participer aux discussions sur l’utilisation du DDT. »

 

Leurs conclusions : « Les informations présentées ne fournissent pas de preuves convaincantes d’effets secondaires de l’exposition du DDT résultant de la pulvérisation intérieure résiduelle comme elle est pratiquée dans le cadre des activités de contrôle du paludisme », écrivent-ils. « Il n’y a donc, à ce stade, pas de justifications épidémiologiques ou toxicologiques pour changer la politique actuelle de pulvérisations intradomiciliaires de DDT à des fins de contrôle des maladies vectorielles »et ce, « lorsqu’il est efficace », ajoutent les experts de l’OMS.

Ces débats entre spécialistes

En 1995, c’est bien une campagne des mouvements environnementalistes d’Afrique du Sud qui a convaincu le gouvernement de proscrire le DDT (alors qu’en Afrique du Sud, aucun signe de résistance au DDT n’avait été détecté)

source : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article227

sur le rapport bénéfices/risques de l’utilisation du DDT ont certes conduit certains pays, en particulier l’Afrique du Sud, à renoncer à l’utilisation du DDT au début des années 2000 au profit d’autres insecticides. Mais ces derniers se sont avérés moins performants sur certains insectes et en 2006, l’utilisation du fameux insecticide a, dans certaines zones, été relancée. Le débat se poursuit d’ailleurs (Le Monde du 1er décembre 2010), de nouvelles données publiées semblant modifier le rapport bénéfices/risques de l’utilisation du DDT…

 

On voit que dans cette histoire, « l'hystérie écologiste » dénoncée par M. Tertrais n’a pas été responsable de grand-chose – même si plusieurs mouvements écologistes ont en effet milité contre le DDT… En outre, M.Tertrais fait référence dans sa réponse à une opposition présumée du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) à l’utilisation de cet insecticide à des fins de santé publique. C’est là encore une assertion qui relève de l’imagination. La Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants, rédigée sous l’égide du PNUE et signée en 2001 par plus d’une centaine d’Etats, stipule dans son annexe B que la production et l’utilisation du DDT «pour la lutte anti-vectorielle » sont « acceptables ». =>

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement décide, lors de sa XIXème session, en février 1997, de mettre en place un instrument juridiquement contraignant au plan international afin d’interdire définitivement les POPs dans le monde entier. C’est lors de la Conférence de Johannesburg, en juillet 2000, que cet objectif doit, en principe, se concrétiser. Devant le danger d’une disparition totale du DDT (qui ignorerait les souffrances des pays les plus pauvres), plusieurs centaines d’éminents scientifiques travaillant dans ce domaine, rendent publique, le 1er décembre 2000, une lettre ouverte mettant en garde les responsables des pays impaludés. [..] Cet appel 27sera heureusement entendu par beaucoup de responsables africains et la forme définitive de la convention établie le 23 mai 2001 à Stockholm prévoit la possibilité pour certains pays de s’exempter de la clause d’élimination du DDT, sans limitation de date, sur simple déclaration.

source : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article497#nh17

Là encore, la légende relayée par M. Tertrais a quelque chose d’orwellien. Car ce n’est pas parce que le DDT aurait été « interdit » dans les pays du Sud sous la pression des mouvements écologistes, que la prévalence du paludisme y a augmenté dans les années 1970 : c’est dans une large mesure parce que le DDT a été utilisé massivement à des fins agricoles dans nombre de ces pays, que des résistances sont apparues chez les insectes vecteurs. Une simple recherche dans une base de données de la littérature scientifique (en l’occurrence Scopus, la base d’Elsevier) montre que pas moins de 450 études documentent l’apparition de résistances au DDT dans les populations d’anophèles. La première de ces études a été publiée en 1953 (Livada et al., Bulletin of the World Health Organization) et constate l’apparition de telles résistances en Grèce. Plusieurs travaux trouvent des corrélations très fortes entre l’augmentation des quantités de DDT épandues à des fins agricoles et l’augmentation de l’incidence du paludisme (lire en particulier Agricultural production and malaria resurgence in Central America and India, Chapin et al., Nature, 1981).

 

Enfin, et pour bien comprendre toute l’absurdité de cette histoire, il faut avoir à l’esprit que l’utilisation du DDT dans l’agriculture américaine a commencé à décliner en 1959 (lire « DDT, A Review of Scientific and Economic Aspects of the Decision To Ban Its Use as a Pesticide »), soit presque quinze ans avant son interdiction ! Ce qui signifie tout simplement que les ravageurs des cultures qu’il contrôlait avaient commencé à développer des résistances qui rendaient moins efficace l’utilisation de l’insecticide-miracle…

 

Bruno Tertrais assure enfin, dans sa réponse, que j’aurais critiqué une «étude» citée dans son livre ( L’Apocalypse n’est pas pour demain , Denoël, 2011), au seul motif qu’elle a été partiellement financée par le pétrolier Exxon, l’American Petroleum Institute et la Charles G. Koch Charitable Foundation (la fondation du patron du groupe pétrochimique Koch Industries). C’est, bien sûr, faux. Dans l’article du 5 novembre publié par le cahier Culture & Idées du Monde, je précise que «l’étude » en question (qui entend montrer que le déclin des ours polaires de la Baie de l’Hudson n’est pas lié au changement climatique) n’est pas une étude publiée après revue par les pairs. Elle a le statut de « point de vue ». Le texte en question n’a donc aucune valeur scientifique. La mention « Viewpoint » a été ajoutée en surtitre du texte en question pour faire valoir cela, mais un œil exercé aurait de toute façon remarqué que le texte a été soumis le 1er mars 2007 et accepté pour publication le lendemain… Il n’a donc pas été révisé avant d’être publié.

La méthode scientifique passe par la revue par les pairs. Ce n’est nullement le cas ici.

De plus, c’est après avoir été refusée par toutes les revues auxquelles elle avait été soumise, que cette « étude » a piteusement fini en « point de vue » dans Ecological Complexity. Un fait intéressant et qui en dit long sur l’état d’esprit des auteurs, est qu’ils «remercient », à la fin de leur texte, Andrew DeRocher professeur à l’université de l’Alberta (Canada) qui est l’un des meilleurs connaisseurs de l’écologie des régions arctiques. Les auteurs veulent ainsi donner le sentiment qu’Andrew DeRocher, chercheur reconnu dans sa spécialité, a d’une manière ou d’une autre participé à l’élaboration de ce « travail ».

Que pense Andrew DeRocher de ces remerciements ? Je l’ai interrogé pour le savoir ( Le Populisme climatique, Denoël, 2010). « Pour une autre revue [qu 'Ecological Complexity], j’ai expertisé une précédente version de ce manuscrit et je n’en ai pas soutenu le contenu: le papier a été rejeté par cette revue en partie à cause de cela , explique-t-il. Je n’ai pas vu la version révisée du manuscrit, ces remerciements sont donc inadéquats . J’avais signé ma review [expertise ] du précédent manuscrit, c’est ainsi que mon nom s’est trouvé associé à ce travail. Je ne signe plus mes reviews depuis cet incident. Je n’étais pas d’accord et je ne suis toujours pas d’accord, en aucune manière, avec le contenu de cet article. C’est le travail le moins crédible qu’il m’ait été donné de lire . »

 

Stéphane Foucart

 

Dans le spoiler ci dessus, j'ai surligné les points clés de l'argumentation de foucart, et j'ai inséré les passages en rapports les plus pertinents dans les articles de l'AFIS.

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