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Origine du redressement culturel par le gouvernement ?


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En fait, d'où ça vient cette manie du gouvernement de vouloir corriger notre façon de penser et de vivre (sexisme, racisme, hygiénisme, etc...)

Je n'ai pas l'impression d'avoir lu cette idée sous la plume d'un quelconque classique, qu'il soit libéral, républicain ou socialiste (chez Marx, c'est clairement le changement de l'infrastructure qui va changer les représentations sociales et il se moque méchamment de ceux qui pensent agir directement sur les représentations)  Même la "pensée" 68 ne m'a pas l'air de porter cette vision des choses. Les 68ards voulaient remettre en cause les modes de pensée "anciens" mais c'était une vision spontanéiste. L'appel à une sorte d'ingénierie par l'autorité politique, c'est plutôt antinomique.

Où et quand ça apparaît cette idée que le gouvernement doit redresser la nation (dont finalement, il cesse par là même d'être le représentant, idée pourtant capitale dans nos système) ?

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Parce qu'on parle tout le temps du djained'heur, mais ce n'est qu'un cas parmi cent autres. On nous dit où on doit vivre, où on doit envoyer nos enfants à l'école, comment on doit se déplacer, ce qu'on doit penser, ce qu'on doit manger, ce qu'on doit faire de nos loisirs... C'est tout le temps le même processus. Le gouvernement sait mieux parce qu'il a lu une étude qui dit que. Puis il décide de régler le problème en guidant plus ou moins fermement nos comportements. Quand l'État s'occupait de réglementer l'économie, il y avait une théorie pour expliquer pourquoi. Maintenant qu'il réglemente toute nos vies, c'est quoi la théorie ? Je vois mille petits trucs à gauche et à droite, je vois les mauvaises habitudes, les réflexes corporatistes, etc. Mais la théorie, elle est où ? Est-ce que ce modèle de gouvernement "paternaliste" a été pensé un moment ?

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Historiquement, je pense que cela commence à se faire sentir lorsque le religieux est venu interagir avec le pouvoir politique. Soit que ce dernier voyait dans le premier une menace pour son autorité, qu'il souhaita alors briser, soit qu'il ait voulu s'en servir pour se conforter lui-même. A ce titre, le religieux détourné peut être perçu selon certains angles comme un des premiers constructivismes de l'Histoire.

 

Les monarques ont pu s'y livrer par crainte sincère pour leur propre sort (excommunication et choses de ce genre, à une époque où la science est inexistante, cela peut être compris, à défaut d'être approuvé), intérêt financier, ou par simple prosélytisme extrémiste de quelque fanatique convaincu de détenir une vérité (les exemples de gens ayant voulu contrôler un peuple pour le simple plaisir de voir se réaliser leurs points de vue personnels, depuis Rome jusqu'à Hitler en passant par Daesh ne sont pas manquant dans l'Histoire). 

 

Cela n'explique rien au sujet du racisme, du sexisme, etc, mais une fois que l'habitude est prise de dire ce qui est bien ou non à son peuple (soit pour conforter l'autorité du dirigeant, soit par intérêt quelconque), on peut y prendre goût : je n'ai encore jamais vu de dictateur démissionner pour cause de lassitude. Et ainsi, étendre la logique, sans en avoir nécessairement conscience, à chacun des sujets sur lesquels on peut avoir une opinion. 

D'une manière plus générale, c'est la crainte de la différence, de l'inconnu, de vivre à côté de gens que l'on ne comprend pas, d'une remise en question de l'ordre établi, à toutes époques, qui constitue le socle de base de tout constructivisme. Certains dorment mieux en imaginant que leur voisin mène une vie identique à la leur. Crainte de l'inconnu qui s'applique à l'actuel comme à l'avenir, chose cristallisée aujourd'hui avec la pudeur fourbe du concept délétère de "principe de précaution". 

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Est-ce que ce modèle de gouvernement "paternaliste" a été pensé un moment ?

Cela n'a peut-être pas été pensé,

mais, l'expansion de l'état est mécaniquement consubstantielle d'une moindre autonomie et d'une plus grande dépendance, d'au moins une partie de la population.

(Et l'expansion, c'est propre à n'importe quel système vivant).

 

Cette population infantilisée exerce désormais également une demande infantile.

Le catalogue des hochets/absurdités possibles n'a aucune limite (aucune autre limite que l'imagination).

Disneyland, c'est une surveillance de chaque instant pour que le décor reste en place.

 

Ce délire de malades mentaux dure/durera aussi longtemps qu'on trouve/trouvera du fric pour le mettre en scène.

En espérant que ça ne se finisse pas trop mal.

 

(Tout ça, c'est bien sûr juste un aspect du problème global.)

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il y a plusieurs composantes au mouvement, ceux qui emettent le message et ceux qui y obeissent ne sont pas les memes.

Mais on peut trouver des explications au sujet de ceux qui obeissent, et sont demandeurs de regulation du cote de la morale: on a affaire a des personnes qui s'inquietent de considerations morales et sont demandeuses d'une politique qui traite des sujets moraux, et en particulier l'application de consideration morale a tous les moindres faits de la vie quotidienne.

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Les traits psychologiques et les théories organisationnelles, nous en avons déjà abondamment parlé*. Mais est-ce qu'il n'y a aucune théorie positive pour justifier cette "dérive" ? Bizarrement, j'imagine mal un groupe humain (ici les politiciens) agir sans une théorie (ou une idéologie si on préfère) pour expliquer leur action.
Comme je l'esquissais plus haut, cette nouvelle (par opposition à classique) façon de concevoir l'État est en rupture très nette avec l'idée de représentation. Si les parlementaires sont représentants / représentatifs, ils ne peuvent pas changer la façon de penser de la majorité de la population, parce qu'il la partage. La tendance actuelle s'inscrit nécessairement dans un sentiment de coupure (et de supériorité, bien sûr) de la classe politique face au peuple, qui cesse d'être l'arbitre de la théorie démocratique. Les transformations de l'action du gouvernement font interagir de nombreux acteurs (politiciens, juristes, groupes d'influence, etc). J'ai du mal à imaginer un changement aussi profond de la conception de l'exercice du pouvoir qui ne génère pas sa propre justification théorique.

 

 

 

 

*sans vouloir manquer de respect à ceux qui ont moins de 15 ans de forum.  :icon_wink:

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Les traits psychologiques et les théories organisationnelles, nous en avons déjà abondamment parlé*. Mais est-ce qu'il n'y a aucune théorie positive pour justifier cette "dérive" ? Bizarrement, j'imagine mal un groupe humain (ici les politiciens) agir sans une théorie (ou une idéologie si on préfère) pour expliquer leur action.

Comme je l'esquissais plus haut, cette nouvelle (par opposition à classique) façon de concevoir l'État est en rupture très nette avec l'idée de représentation. Si les parlementaires sont représentants / représentatifs, ils ne peuvent pas changer la façon de penser de la majorité de la population, parce qu'il la partage. La tendance actuelle s'inscrit nécessairement dans un sentiment de coupure (et de supériorité, bien sûr) de la classe politique face au peuple, qui cesse d'être l'arbitre de la théorie démocratique. Les transformations de l'action du gouvernement font interagir de nombreux acteurs (politiciens, juristes, groupes d'influence, etc). J'ai du mal à imaginer un changement aussi profond de la conception de l'exercice du pouvoir qui ne génère pas sa propre justification théorique.

 

Pas d'accord avec toi sur au moins 2 points.

 

1/ les politiques reprennent très bien, à leur compte, les idées débiles qui sont prônées par une partie de la population. Via justement les associations (en général bidon, voir l'article de Kaltenbach sur CP). exemple : écologie, sécurité routière, etc. Toutes ces demandes sont magnifiquement récupérées/recyclées par la racaille politique.

 

2/ dans des pays où, de facto, des millions de gens vivent (sont logés/nourris/blanchis) sans effectuer de travail productif, voire même en étant de facto nuisibles, une coupure avec la réalité est réalisée depuis déjà belle lurette.

Et une fois le contact avec la réalité perdu, les délires possibles sont en nombre infinis. (La vérité est unique, l'erreur est innombrable). Actuellement, nous vivons dans un certain délirium (CO2 etc etc). Mais en réalité, ce délirium n'a pas vraiment plus de grands fondements que n'importe quel autre délirium disponible (regardons ce qui se fait dans d'autres pays, c'est gratiné aussi !).

Donc, chercher à théoriser le délirium actuel ama n'a pas grand intérêt. C'est juste un délirium parmi une immense panoplie dystopique.

 

Sur le décorrélation d'avec la réalité, un article tout frais :

Réflexions d'actualité sur la monnaie http://institutdeslibertes.org/reflexions-dactualite-sur-la-monnaie/

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Tout est politique.

 

C'est donc la faute à Rousseau.

 

Rousseau explique dans le Contrat Social qu'il faut forcer les gens à être libres et que lorsque les gens ne servent pas leur propre intérêt, la majorité doit les forcer à le faire. Elle en a le devoir et le pouvoir et c'est mieux pour tout le monde dans le meilleur des mondes. Il y a aussi tout le passage sur le Législateur-démiurge qui doit façonner le peuple pour qu'il puisse servir son propre intérêt (celui du peuple, pas du Législateur).

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Mais est-ce qu'il n'y a aucune théorie positive pour justifier cette "dérive" ? Bizarrement, j'imagine mal un groupe humain (ici les politiciens) agir sans une théorie (ou une idéologie si on préfère) pour expliquer leur action.

Comme je l'esquissais plus haut, cette nouvelle (par opposition à classique) façon de concevoir l'État est en rupture très nette avec l'idée de représentation. Si les parlementaires sont représentants / représentatifs, ils ne peuvent pas changer la façon de penser de la majorité de la population, parce qu'il la partage. La tendance actuelle s'inscrit nécessairement dans un sentiment de coupure (et de supériorité, bien sûr) de la classe politique face au peuple, qui cesse d'être l'arbitre de la théorie démocratique. Les transformations de l'action du gouvernement font interagir de nombreux acteurs (politiciens, juristes, groupes d'influence, etc). J'ai du mal à imaginer un changement aussi profond de la conception de l'exercice du pouvoir qui ne génère pas sa propre justification théorique.

Au contraire je pense qu'un bon politicien n'a pas besoin outre mesure d'une théorie pour savoir quoi faire. Et même s'il en possède une, il faut une bonne dose de pragmatisme pour l'adapter à des circonstances toujours changeantes (comment vous avez devinés que j'apprécie Machiavel ? :P).

Par exemple pour réussir politiquement, Lénine n'a pas eu besoin de suivre une quelconque méthode prescrite par Marx. Il a dû au contraire improviser pour "adapter le marxisme" à la situation russe. Et pour rester dans le thème, la stratégie de Mao est encore tout à fait autre chose.

Pour répondre à ta question sur la tentative du pouvoir de contrôler les idées de sa population (ce que tout gouvernement essaye de faire un minimum), il me semble (sans être spécialiste) que le théoricien par excellence de cette idée est Thomas Hobbes et sa justification de la censure d'État:

"Il appartient de droit à tout homme ou assemblée qui a la souveraineté d'être à la fois juge des moyens de la paix et de la protection, et aussi de ce qui les empêche et les trouble, et de faire tout ce qu'il jugera nécessaire de faire, autant par avance, pour préserver la paix et la sécurité, en prévenant la discorde à l'intérieur, et l'hostilité à l'extérieur, que, quand la paix et la sécurité sont perdues, pour les recouvrer. Et donc, sixièmement, il appartient à la souveraineté de juger des opinions et des doctrines qui détournent de la paix ou qui [au contraire] la favorisent, et, par conséquent, de juger aussi en quels hommes (et en quelles occasions, dans quelles limites) on doit placer sa confiance pour parler aux gens des multitudes et pour examiner les doctrines de tous les livres avant qu'ils ne soient publiés. Car les actions des hommes procèdent de leurs opinions, et c'est dans le bon gouvernement des opinions que consiste le bon gouvernement des actions des hommes en vue de leur paix et de leur concorde. Et quoiqu'en matière de doctrines, on ne doit considérer rien d'autre que la vérité, cependant il n'est pas contraire à la vérité de l'ajuster à la paix ; car les doctrines qui sont contraires à la paix ne peuvent pas plus être vraies que la paix et la concorde ne sont contraires à la loi de nature."

-Thomas Hobbes, Léviathan. Traité de la matière, de la forme et du pouvoir de la république ecclésiastique et civile (1651).

Donc je dirai que cette pratique absolutiste du pouvoir est conceptualisée bien avant les théories du gouvernement représentatif démocratique.

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Le principe de la censure est comparable à celui de la réglementation économique traditionnelle. On frappe la source, soit l'auteur, soit le producteur. La concorde civile doit en découler parce qu'on a évacuer le fauteur de troubles (un individu unique ou un petit groupe en marge de la société). Aujourd'hui, on frappe le destinataire. C'est Pierre Durand, lecteur de l'équipe, qui doit éviter de sombrer dans le crime-pensée. C'est Pierre Durand, consommateur chez Auchan, qui doit acheter éco-bio-local à base de femmes. J'ai l'intuition que ça change énormément.

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Parce qu'on parle tout le temps du djained'heur, mais ce n'est qu'un cas parmi cent autres. On nous dit où on doit vivre, où on doit envoyer nos enfants à l'école, comment on doit se déplacer, ce qu'on doit penser, ce qu'on doit manger, ce qu'on doit faire de nos loisirs... C'est tout le temps le même processus. Le gouvernement sait mieux parce qu'il a lu une étude qui dit que. Puis il décide de régler le problème en guidant plus ou moins fermement nos comportements. Quand l'État s'occupait de réglementer l'économie, il y avait une théorie pour expliquer pourquoi. Maintenant qu'il réglemente toute nos vies, c'est quoi la théorie ? Je vois mille petits trucs à gauche et à droite, je vois les mauvaises habitudes, les réflexes corporatistes, etc. Mais la théorie, elle est où ? Est-ce que ce modèle de gouvernement "paternaliste" a été pensé un moment ?

Il n'y a pas de théorie. C'est une conséquence inévitable, ou plutôt une propriété émergente, de la gouvernementalité. A moins que ce ne soit précisément l'essence de ladite gouvernementalité. Bref, je t'invite à creuser ce qui a été pensé à ce sujet. ;)
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Je verrais plusieurs pistes entre autres: marxisme culturel post-Gramsci et hygiéniste néo puritain type prohibition, a fouiller aussi chez les théoriciens de la soc dam scandinave protestante, y en avait un dont j'ai oublié le nom, et enfin un détournement de la french theory principalement retourner l'historiographie critique de Foucault=utiliser le biopouvoir a notre avantage et une déviation de Derrida où la destruction devient/remplace la norme.

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Le principe de la censure est comparable à celui de la réglementation économique traditionnelle. On frappe la source, soit l'auteur, soit le producteur. La concorde civile doit en découler parce qu'on a évacuer le fauteur de troubles (un individu unique ou un petit groupe en marge de la société). Aujourd'hui, on frappe le destinataire. C'est Pierre Durand, lecteur de l'équipe, qui doit éviter de sombrer dans le crime-pensée.

Oui pour cette observation.

Mais là, un truc qui joue certainement, c'est tout bêtement que la technique d'aujourd'hui rend (ou plutôt semble rendre) le flicage/censure de masse possible. ... donc, tout bovinement on le fait.

(Mais on voit bien qu'il y a (as always) des effets secondaires lourds qui n'avaient pas été prévus).

 

Pour revenir sur la "théorie". Je partage assez ce qui est dit ici. ama il n'y en a pas.

L'homme politique est simplement un prestidigitateur.

Avec la main gauche pour capter l'attention, avec du négatif (peur) ou du positif (charme).

Et la main droite pour faire les poches (palais, pouvoirs, etc).

Les leurres employés par la main gauche n'ont aucune importance propre. Ils sont en nombre infini et parfaitement interchangeables selon les circonstances et l'opportunisme du moment.

Bien sûr il faut un minimum de crédibilité, mais c'est pas non plus la peine de trop se casser le bol vu que fondamentalement il y a une réelle demande d'illusion, au moins d'une grosse partie de la population.

La fonction réelle des illusions est de leurrer (un temps), rien d'autre.

 

 

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 la soc dam scandinave protestante, y en avait un dont j'ai oublié le nom, 

Tiens, une piste intéressante. Les Suédois sont à la pointe dans ce genre de conneries et leur magnifique régime soc-dem n'hésitait pas à stériliser les handicapés jusque dans les années '70. Ce serait pas étonnant que tout ça nous soit venu de là via l'Europe.

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Ta question Patrick est très intéressante. Je pense que la réponse que tu cherches est dans le passage d'une conception classique de la société et de l'ordre politique à une conception moderne.

 

 

Dans la conception classique (aristotélicienne), la Société est naturelle, elle s'inscrit dans l'ordre cosmologique des choses. Les individus s'inscrivent dans différents corps sociaux naturels et jouent différents rôles en fonction de leur rôle à un moment donné (cf le droit romain qui attribuent des droits et des devoirs à des persona qui ne sont pas des individu mais le rôle joué par l'individu dans la situation décrite, ex: acheteur dans un contrat de vente ou bien bénéficiaire d'un leg dans le cadre d'un testament). 

 

Le pouvoir dans cette conception classique est de restaurer et maintenir l'harmonie au sein de la société, entre les corps sociaux. Cela correspond à une vision de la Justice dite distributive qui est de rendre à chacun le sien, le récompenser s'il le mérite ou bien le punir s'il rompt l'harmonie (ex: en cas de vol un déséquilibre est crée entre le patrimoine du voleur et celui du volé, le rôle de la Justice est de rétablir l'équilibre).

 

Ainsi, le rôle du pouvoir n'est pas de changer l'ordre des choses mais de garantir l'harmonie. On ne change pas les individus dans cette vision de la Société. 

 

 

 

Dans la conception moderne issu des travaux de Locke, Hobbes et Rousseau. le Pouvoir à un rôle bine plus important (cf Jouvenel comme le conseille fort bien F.Mas). l'individu est considéré comme ayant adhéré au contrat social, si jamais il le conteste alors le corps social peut le ramener à la maison. Là il faut relire Rousseau qui explique bien que lorsque une minorité refuse la volonté générale alors elle agit contre ses intérêts propres, la majorité peut donc la forcer à adhérer à cette volonté générale ou bien est alors en droit de l'éliminer.

 

Dans la conception moderne de la société et du pouvoir il devient alors justifiable, au nom du contrat social et de la volonté générale, de transformer l'individu pourqu'il corresponde à ce qu'il doit être selon ce contrat social et volonté générale.

 

 

 

 

Je me rends bien compte que mon argumentation n'est pas très bonne du fait des contraintes d'écrire sur un forum. J'ai brossé les choses à grand traits et s'il fallait être plus nuancé il me faudrait 500 pages :) Pour résumer, ma réponse à ta question Patrick est que c'est le changement d'univers mental de la conception de la sociabilité qui a ouvert la possibilité au pouvoir de transformer l'essence des êtres.

 

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Désolé PAB,
 
mais ta réponse, c'est la tarte à la crème que les conservateurs ressortent à propos de tout sujet.
La mythe de la société harmonieuse déstabilisée il y a 3 siècles par l'irruption de la raison, c'est pas inintéressant, mais ça empêche justement de penser le contemporain parce que ça postule la contuité, là où justement, il y a probablement rupture.
Par exemple, quand tu dis.

Il faut relire Rousseau qui explique bien que lorsque une minorité refuse la volonté générale alors elle agit contre ses intérêts propres, la majorité peut donc la forcer à adhérer à cette volonté générale ou bien est alors en droit de l'éliminer.

Ce n'est justement pas la situation actuelle. Si on prend les questions de genre (qui ont un coté emblématiques par leur absurdité), on veut justement redresser la plus grande partie de la population. 80 à 90% des gens pensent qu'un papa ne met pas de rouge à lèvre, sinon, il a l'air ridicule. Et tout le monde à conscience de ce chiffre. Il n'y a donc, justement, plus aucune référence au nombre ou à la délibération commune dans la définition de l'action publique.
 

Dans la conception moderne de la société et du pouvoir il devient alors justifiable, au nom du contrat social et de la volonté générale, de transformer l'individu pour qu'il corresponde à ce qu'il doit être selon ce contrat social et volonté générale.

Justement, non. La théorie du contrat social établissait un rapport d'égalité entre le gouvernant et le gouverné. On ne peut donc pas en tirer une mission du gouvernant de changer le gouverné. Ces histoires de socio-ingénierie, ça vient d'ailleurs.

Et pour tout dire, je trouve que c'est assez pré-moderne comme attitude gouvernementale (même si les représenatations pronées sont elles post-modernes). Méfiance envers le peuple, refus d'accepter la raison individuelle comme juge des comportements, insistance sur des considérations idéalistes (préjugés, etc) plutôt que sur les conditions matérielles. Tout ça ne sonne pas très moderne. Je ne serais pas étonné de découvrir une tentative de ressourcement de la gauche à travers une pensée réactionnaire anti-moderne.

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Je dirais plus simplement que l'attitude d'un homme au pouvoir c'est que quand on a un marteau, tous les problèmes ressemblent à des Clous

Une étude dit : les français sont racistes. Interdisons le racisme.

Etc...

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Les politiciens naviguent à vue, la vraie idéologie se trouve dans les groupes de pression qu'ils essayent de séduire (et dans ce cas il faut chercher comme dit Fagotto dans le double courant néo-puritain / marxiste culturel).

Aussi, leur marge de maneuvre sur les questions fondamentales (budget etc.) est très limitée puisqu'en pratique c'est géré par une administration indéboulonnable, du coup pour donner l'impression d'agir ils se concentrent sur des points de plus en plus anecdotiques. C'est comme ça que le domaine du politique s'étend jusqu'à des niveaux orwelliens.

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La théorie du contrat social établissait un rapport d'égalité entre le gouvernant et le gouverné.

Pas vraiment. Dans le contractualisme lockéen, le propriétaire peut rejoindre l’élite dirigeante, pas le non-propriétaire. Gouvernés et gouvernants ne sont donc pas égaux, sur le plan matériel comme en termes de droits politiques. Même chose dans le contractualisme hobbesien où le souverain à tout pouvoir sur ses sujets sans aucun compte à leur rendre.

Sinon, sur la tentation de la gauche de récupérer une pensée réactionnaire antilibérale => http://www.liberation.fr/week-end/2007/02/17/carl-schmitt-est-un-ennemi-intelligent-de-la-democratie_85176

PABerryer=> Tu écris "Dans la conception moderne de la société et du pouvoir il devient alors justifiable, au nom du contrat social et de la volonté générale, de transformer l'individu pourqu'il corresponde à ce qu'il doit être". Mais les socialismes hitlérien ou bolchevik avaient exactement le même projet sans recourir le moins du monde aux notions de contrat social ou de volonté générale.

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Comme je l'esquissais plus haut, cette nouvelle (par opposition à classique) façon de concevoir l'État est en rupture très nette avec l'idée de représentation. Si les parlementaires sont représentants / représentatifs, ils ne peuvent pas changer la façon de penser de la majorité de la population, parce qu'il la partage. La tendance actuelle s'inscrit nécessairement dans un sentiment de coupure (et de supériorité, bien sûr) de la classe politique face au peuple,

 

Je retiens 2 mots ici : représentation et supériorité.

 

Pas facile de ne pas se sentir supérieur quand on est désigné (ou on le croit) par 10.000, 100.000, 1.000.000 de personnes (même si c'est très clairement faux).

 

Elu par 10.000 personnes <=> je vaux 10.000 personnes <=> il y a dans ma cervelle autant que dans 10.000 têtes

... alors il n'est en rien illégitime que je décide A ou B ou C pour ces braves gens, surtout si en plus ces décisions A, B ou C sont voulues par telle association super désintéressée.

 

On largue la représentation (mais ama c'est de toute manières une chimère) ... qu'est ce qui reste ?

pince-moi !

 

La supériorité de l'élu, la dissymétrie terrible élu/électeur, c'est consubstantiel du système représentatif.

C'est l'essence même.

Et finalement c'est pire que la désignation de droit divin, finalement bien moins puissante.

(L'élu c'est le mec qui te saluait la veille de l'élection ... et que tu salues le lendemain).

 

Je pourrais illustrer mon propos d'anecdotes authentiques concernant de simples conseillers municipaux de communes < 500 habitants. A l'instant de l'élection (décompte des bulletins indiquant l'élection), on voit très clairement le doigt de Dieu en faire des "oints du seigneur" comme le dit si bien C. Gave.

Mention particulière à la conseillère municipale fraichement élue s'exclamant "on est élus, on fait ce qu'on veut". La réalité elle est triste mais elle est là. A l'instant de l'élection, il n'y a 1/ plus de devoir vis-à-vis de quelconques engagements ou "représentation", et 2/ la seule limite au délirium sera la capacité à le financer (mais pour l'imagination, aucune inquiétude à avoir).

 

On nous bassine souvent avec l'échelon municipal authentique/sincère etc. C'est des niaiseries. Le vice, il est profondément ancré dans la société, il la traverse de part en part. Et c'est normal, car ça correspond en particulier à l'argent de la dette qui a percolé quasiment 100% de la société. Absolument tout le monde est touché.

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Les politiciens naviguent à vue, la vraie idéologie se trouve dans les groupes de pression qu'ils essayent de séduire (et dans ce cas il faut chercher comme dit Fagotto dans le double courant néo-puritain / marxiste culturel).

Aussi, leur marge de maneuvre sur les questions fondamentales (budget etc.) est très limitée puisqu'en pratique c'est géré par une administration indéboulonnable, du coup pour donner l'impression d'agir ils se concentrent sur des points de plus en plus anecdotiques. C'est comme ça que le domaine du politique s'étend jusqu'à des niveaux orwelliens.

 

Pour poursuivre, on peut penser qu'il n'y a pas, dans la société politique démocratique, d'idéologie directrice comme dans la société totalitaire.

 

Ce n'est pas non plus, ou pas principalement l'opinion moyenne qui dirige la législation, contrairement à ce qu'on pourrait penser si on considère la démocratie comme un jeu de conquête de la majorité recommençant à zéro à chaque fois (c'est ce que pensaient les théoriciens de la démocratie comme "régime du médiocre" au sens du "moyen").

 

Actuellement tout se passe plutôt comme si les politiques considéraient que la majeure partie de leur base est acquise, et qu'il faut ensuite conquérir les voix marginales, ce qui consiste à séduire les groupes de pression, c'est à dire les gens politisés, qui sont plutôt une minorité voire une extrême minorité qui a des demandes spécifiques.

 

La majorité n'est pas seulement silencieuse, elle est aussi indifférente, et n'a pas de demande spécifique, notamment parce que pour tout ce qui la concerne, le gouvernement n'a que peu de moyen d'agir, pour les raisons que tu as pointé. Tout se joue donc à la marge, et en définitive, les "lois culturelles" sont dictées par les minorités.

 

Je ne dis pas que cela ne peut pas changer, peut-être qu'on vit une période dans laquelle l'électorat moyen se politise et devient flottant, dans ce cas il pourrait devenir plus dangereux pour le politicien de ne se concentrer que sur les groupes de pression.

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Les politiciens naviguent à vue, la vraie idéologie se trouve dans les groupes de pression qu'ils essayent de séduire (et dans ce cas il faut chercher comme dit Fagotto dans le double courant néo-puritain / marxiste culturel).

Aussi, leur marge de maneuvre sur les questions fondamentales (budget etc.) est très limitée puisqu'en pratique c'est géré par une administration indéboulonnable, du coup pour donner l'impression d'agir ils se concentrent sur des points de plus en plus anecdotiques. C'est comme ça que le domaine du politique s'étend jusqu'à des niveaux orwelliens.

Yep !

 

 

Pour poursuivre, on peut penser qu'il n'y a pas, dans la société politique démocratique, d'idéologie directrice comme dans la société totalitaire.

 

Ce n'est pas non plus, ou pas principalement l'opinion moyenne qui dirige la législation, contrairement à ce qu'on pourrait penser si on considère la démocratie comme un jeu de conquête de la majorité recommençant à zéro à chaque fois (c'est ce que pensaient les théoriciens de la démocratie comme "régime du médiocre" au sens du "moyen").

 

Actuellement tout se passe plutôt comme si les politiques considéraient que la majeure partie de leur base est acquise, et qu'il faut ensuite conquérir les voix marginales, ce qui consiste à séduire les groupes de pression, c'est à dire les gens politisés, qui sont plutôt une minorité voire une extrême minorité qui a des demandes spécifiques.

 

La majorité n'est pas seulement silencieuse, elle est aussi indifférente, et n'a pas de demande spécifique, notamment parce que pour tout ce qui la concerne, le gouvernement n'a que peu de moyen d'agir, pour les raisons que tu as pointé. Tout se joue donc à la marge, et en définitive, les "lois culturelles" sont dictées par les minorités.

 

Je ne dis pas que cela ne peut pas changer, peut-être qu'on vit une période dans laquelle l'électorat moyen se politise et devient flottant, dans ce cas il pourrait devenir plus dangereux pour le politicien de ne se concentrer que sur les groupes de pression.

Yop !
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