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Aux frontières du libéralisme


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S'il y a réparation c'est qu'il y a dommage et donc que la rupture n'est pas légit. Je ne dis pas que le contrat n'est pas résiliable, je dis que la raison invoquée pour le faire n'est pas bonne.

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S'il y a réparation c'est qu'il y a dommage et donc que la rupture n'est pas légit. Je ne dis pas que le contrat n'est pas résiliable, je dis que la raison invoquée pour le faire n'est pas bonne.

Tu peux résilier sans raison, tu seras condamné à des réparations, s'tout. Mais legit ou pas ça reste conforme au NAP.
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Et ça se traduirait comment dans les faits cette humiliation publique ? Tu veux dire dans le style du dernier épisode de GoT ?

 

Non, je pensais à des manifestations, pétitions, appels au boycott, huées publiques, etc. Tant que la vindicte populaire ne va pas jusqu'à l'agression, je ne vois pas où est le problème.

  • Yea 1
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Non, je pensais à des manifestations, pétitions, appels au boycott, huées publiques, etc.

A part les huées en présence de la personne (qui ne sera jamais là pour se faire huer, donc...) je vois pas en quoi il y a humiliation, mais bon.
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Sans raison valable dans le sens où le refus de coucher avec son supérieur n'est pas dommageable pour la bonne santé de l'entreprise etc ? Moi je suis d'accord que c'est déraisonnable et qu'objectivement ce refus n'est pas un critère légitime pouvant être retenu pour briser un contrat.

 

Ce qui me chiffonne c'est la capacité des prud'hommes d'estimer objectivement si c'en est un ou pas, dans la tête du patron ça a l'air d'en être un.

 

 

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On pourrait reformuler en posant la question : le libéralisme peut-il se comprendre simplement comme une opposition à l'état ?

Répondre oui (ce que j'aurais tendance à faire) permet d'écarter tout un tas de problèmes, mais je me demande si ça n'amène pas à des situations paradoxales où on accepte de la coercition sous prétexte qu'elle est non étatique (mob justice) et ou on rejette de la non-coercition sous prétexte qu'elle est étatique (libertarian paternalism sur le papier). Et si on rejette les deux, selon quel principe ?

En effet, ça paraît un peu étrange. Pour moi la différence et la limite se situe dans le fait que la "mob justice" utilise la pression sociale et psychologique qui n'est une contrainte que si on accepte de s'y soumettre: on peut quand même choisir d'aller contre la foule (évidemment des fois ça n'est vraiment pas facile). Mais je ne considère pas ça du même niveau que la coercition que peut déployer la force publique et qui peut aller jusqu'à la prison en cas de refus d'obtempérer.

 

L'exercice ou la menace d'une contrainte dans le but de forcer une personne à agir contre son gré.

Voilà, mais est-ce qu'une campagne de tweets, une pétition c'est vraiment quelque chose qui peut forcer quelqu'un à agir contre son gré?

 

Prenons un titre plus neutre comme GTA 5 à la place.

Je ne connaissais pas cette histoire, mais ce qui m'a l'air symptomatique c'est que la chaîne de magasins déclare forfait devant 40.000 "signatures" de pétition en ligne en disant que ça reflète la vue de la majorité des consommateurs, alors que le jeu s'est vendu à un tout petit 54 millions de copies dans le monde. Ils ont dû perdre beaucoup de clients ce jour là...

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Quand on dit "Que ce soit l'État qui censure ou la pression du public, le résultat est le même.", c'est à mon avis erroné. Car quand un même résultat est le fruit de la force physique dans un cas et pas dans l'autre, la différence, c'est la liberté (au sens strict du terme), et c'est une énorme différence. C'est la même erreur que celle qui consiste à dire que Facebook ou Google nous fichent comme le ferait un gouvernement, ou encore que l'esclavage et le salariat c'est la même chose.

  • Yea 1
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Je rebondis sur un point mais je lis tout le monde avec attention. Considérez que c'est une réponse en bloc.

 

Voilà, mais est-ce qu'une campagne de tweets, une pétition c'est vraiment quelque chose qui peut forcer quelqu'un à agir contre son gré?

 

Il faut croire que oui. Et il faut espérer que c'était un cas isolé et que la réaction sera suffisante pour que ça ne se reproduise plus. Malheureusement une constante dans ce genre de situations est que les revendicateurs sont idéologisés et organisés alors que ceux qui pourraient s'opposer à eux sont une masse informe qui ne voit pas le coup venir.
On pourrait prendre d'autres exemples : le shirtgate, les universités où les directeurs sont poussés à la démission, la fille qui a fini par se suicider à cause d'un fan art "problématique", les lettres à l'employeur de Thunderfoot le dénonçant comme un nazi révisionniste pour qu'il se fasse virer, le chercheur viré pour une blague "sexiste"... Bien sûr les gens pourraient juste ignorer ces pressions, mais un agoriste répondrait qu'ils pourraient tout aussi bien ignorer la loi. Dans les deux cas, empiriquement, ce n'est pas souvent ce qu'ils font.

 

Par ailleurs il y a toujours l'autre facette de l'histoire avec le libertarian paternalism, dont le principe est précisément que c'est légitime pour l'état d'intervenir si l'individu peut ignorer cette intervention. Je doute qu'on trouve beaucoup de défenseurs de cette doctrine ici. Comme je le disais l'autre jour on peut esquiver le problème en se retranchant derrière une perspective anarcap : de toute manière l'impôt c'est du vol, tout ce que fait l'état est donc illégitime.

Cette perspective est à la fois synthétique, cohérente et solide, mais il faut réaliser qu'en l'adoptant on se coupe de 90% de ce que racontent les libéraux classiques. Un libéral classique ne dira pas "le gouvernement ne peut rien faire de légitime parce qu'il se finance par l'impôt", il dira "il n'est pas légitime que le gouvernement fasse X parce que A, B et C", et ces arguments A B et C n'ont souvent pas besoin d'un état pour s'appliquer.
À moins de dire que ces auteurs ne parlent en fait pas de libéralisme, ce qui serait tout de même un peu gros, il faut donc admettre qu'il y a deux conceptions du libéralisme : une minimaliste libertarienne qui se limite en gros au principe de non agression, et une maximaliste classique qui contient toutes les autres considérations libérales (par exemple sur le laissez-faire ou la liberté d'expression). La première peut s'imbriquer dans la seconde mais l'inverse n'est pas forcément vrai.

 

J'ajouterais un dernier point avant de voir vos commentaires. Pour n'importe qui d'autre qu'un libertarien, la proposition "l'impôt c'est du vol" est aussi incongrue et évidemment fausse que "la propriété c'est le vol" pour nous. Quoi qu'on pense de la conception libérale classique, ce sont ses arguments qu'on doit utiliser (au moins dans un premier temps) si on veut convaincre un non-libéral de quoi que ce soit.

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Il faut croire que oui. Et il faut espérer que c'était un cas isolé et que la réaction sera suffisante pour que ça ne se reproduise plus. Malheureusement une constante dans ce genre de situations est que les revendicateurs sont idéologisés et organisés alors que ceux qui pourraient s'opposer à eux sont une masse informe qui ne voit pas le coup venir.

On pourrait prendre d'autres exemples : le shirtgate, les universités où les directeurs sont poussés à la démission, la fille qui a fini par se suicider à cause d'un fan art "problématique", les lettres à l'employeur de Thunderfoot le dénonçant comme un nazi révisionniste pour qu'il se fasse virer, le chercheur viré pour une blague "sexiste"... Bien sûr les gens pourraient juste ignorer ces pressions, mais un agoriste répondrait qu'ils pourraient tout aussi bien ignorer la loi. Dans les deux cas, empiriquement, ce n'est pas souvent ce qu'ils font.

 

A ça je répondrais que ce n'est pas pour rien que le courage est considéré comme une vertu. 

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Les exemples de taxe anti-obesité peuvent se légitimer du point de vue d'un socialiste puisque le système de santé est collectivisé, y'a une certaine cohérence. Or un libéral même classique ne défend pas le système actuel donc rattacher les libéraux classiques avec le paternalism libertarian, pas convaincu du tout.

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rattacher les libéraux classiques avec le paternalism libertarian, pas convaincu du tout.

 

Ça tombe bien parce que ce n'est pas ce que je dis du tout :)

Un libéral classique dira que vouloir nudger la société pour atteindre tel ou tel but c'est mal parce que ça entraîne telle ou telle conséquence négative (par exemple la remarque de Rincevent concernant la nutrition) mais que ça peut être bien dans tel ou tel autre cas. Bref le fait que ça soit un nudge ou pas n'est qu'un argument à considérer, et certainement pas celui qui pèse le plus lourd.

Le libertarian parternalism, comme son nom l'indique, est une attaque non pas contre les classiques mais contre les libertariens, en leur disant "puisque pour vous tout ce qui importe c'est la non agression, voici une intervention non agressive et vous n'avez donc rien à y redire". Ce à quoi on peut répondre que toute action de l'état est financée par l'impôt et donc une agression par définition.

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J'arrive comme un gros cheveu dans la soupe, j'ai rien lu de ce qui est écrit avant, mais spontanément, concernant la première hypothèse, je me dis : c'est quoi la différence entre un État qui interdit de manière arbitraire la diffusion d'un jeu pour x raisons et un groupe de personnes qui, par la menace, fait exactement la même chose pour des raisons y ?

Dans les deux cas, machin utilise la force pour faire chier bidule, non ?

Si c'est ça le libéralimse, merci mais non merci :)

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J'arrive comme un gros cheveu dans la soupe, j'ai rien lu de ce qui est écrit avant, mais spontanément, concernant la première hypothèse, je me dis : c'est quoi la différence entre un État qui interdit de manière arbitraire la diffusion d'un jeu pour x raisons et un groupe de personnes qui, par la menace, fait exactement la même chose pour des raisons y ?

 

Dans les termes de Bourdieu, le premier (l'Etat) a normalement plus de capital symbolique que les seconds. En gros (Bourdieu est ici proche de Weber, pour qui le fondement de toute domination est une croyance) l'Etat a une plus grande légitimité aux yeux des agents, donc que cette action soit considérée ou non comme abusive, elle sera mieux acceptée de la part de l'entité garante du Bien Commun, de l'Intérêt Général, du maintien de l'Ordre, expression de la Volonté divine, rationnel en soi et pour soi, etc.

 

Voilà pour l'analyse, mais du point de vue libéral ça revient quasiment au même, c'est aussi immoral dans l'un ou l'autre cas. Tout au plus pourrait-on soutenir que le comportement tyrannique de l'Etat affaiblit en plus sa légitimité, et est donc irrationnel de son propre point de vue (on trouve ce genre de thèses chez Spinoza).

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Ok Lancelot mais il y a des actions plus arbitraires que d'autre même d'un point de vue libertarien. D'ailleurs ce terme normalement recouvre anarcaps ET minarchistes, il est un peu utilisé n'importe comment, certains réduisent ça aux anarchistes seulement, certains l'utilisent pour être sûr de marquer leur radicalité, alors qu'à la base c'est un jeu de traduction et y'a pas de doctrine pure libertarienne, pas même l'axiome de non-agression. Bastiat est à la fois libertarien ( un petit pont, chipottons pas) et libéral par exemple. je dis pas tout ça juste pour faire chier pour un mot :mrgreen:

 

Si l'Etat se sert des impôts pour redistribuer aux pauvres ou financer des camps de concentrations, c'est pas la même chose, y'a des jugements de valeurs différents. j'sais pas si je suis clair.

 

Sinon oui Bisounours le libéralisme avec la libre association et liberté d'expression ça peut être des groupes qui, ne menacent pas avec la force mais qui essaient d'influencer comment la société doit se comporter, faire des jugements moraux sur des gens qui vendent des livres pédophiles etc. Si le libraire retire l'ouvrage il n'y a rien à redire.

 

Et non c'est pas du tout quasiment la même chose, quand l'Etat interdit, ayant le monopole de la force il peut légalement te piquer ton fric avec une amende ou carrément te séquestrer légalement. D'un point de vue libéral c'est pas du tout la même chose et le libéralisme ne se prononce pas sur la moralité d'un lobby.

 

 

 

 

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Un libéral classique dira que vouloir nudger la société pour atteindre tel ou tel but c'est mal parce que ça entraîne telle ou telle conséquence négative (par exemple la remarque de Rincevent concernant la nutrition) mais que ça peut être bien dans tel ou tel autre cas.

Pour qu'on soit bien au clair, cette phrase est une critique de la position de certains libéraux classiques, mais pas de ma position. En effet, je voulais souligner (peut-être pas assez explicitement) que le track record de l'Etat en ce qui concerne la recherche de la vérité scientifique est désastreux, et ce pour des raisons de fond (qui se partagent, pour l'essentiel, entre Hayek et le Public Choice), et qu'aucune confiance ne peut lui être raisonnablement donnée sur ce genre de sujets.

Je sais que tu avais compris, mais c'est mieux en le disant. :)

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J'arrive comme un gros cheveu dans la soupe, j'ai rien lu de ce qui est écrit avant, mais spontanément, concernant la première hypothèse, je me dis : c'est quoi la différence entre un État qui interdit de manière arbitraire la diffusion d'un jeu pour x raisons et un groupe de personnes qui, par la menace, fait exactement la même chose pour des raisons y ?

Dans les deux cas, machin utilise la force pour faire chier bidule, non ?

Si c'est ça le libéralimse, merci mais non merci :)

Telle est bien la question.

Il me semble avoir mis en évidence deux conceptions du libéralisme qui sont toutes deux cohérentes et peuvent même être compatibles entre elles mais qu'il convient de bien savoir séparer.

Dans la première on considère que l'objet du libéralisme est uniquement, exclusivement, la coercition qui implique de la violence physique. Selon cette conception tout ce que fait l'état est illégitime a priori parce qu'il s'appuie sur l'impôt qui est du vol avec en dernier recours menace de séquestration. Tout le reste n'est que notes de bas de pages. Ce sont ceux-là qui répondent que la pression sociale, tant qu'elle n'implique pas de la violence, n'est qu'une autre facette du marché et ne concerne pas le libéralisme. Et le patron qui menace de virer sa secrétaire si elle ne couche pas avec lui, ce n'est pas de la coercition mais une simple renégociation de contrat.

Dans la seconde l'intervention n'est pas considérée comme illégitime a priori. Par contre on va regarder les effets de cette intervention dans un domaine particulier et conclure qu'elle est nuisible pour telle ou telle raison (par exemple des arguments économiques défendant le libre échange face au protectionnisme). Ces argumentations sont ici fondamentales alors qu'elles étaient tout à fait facultatives dans la première approche, qui est donc nécessairement plus stérile en termes d'analyse. Elles ont aussi la particularité (l'avantage ou le défaut selon le point de vue) de pouvoir s'appliquer à d'autres situations que celles qui impliquent la violence. Si la liberté d'expression c'est cool alors peu importe que ça soit un état ou un SJW qui cherche à censurer le débat public, ça restera pas cool. Et sachant que les arguments pour défendre la coolitude de la liberté d'expression ont été développés par des penseurs libéraux, pourquoi ne pourrait-on pas considérer ma dernière phrase comme libérale ? Evidemment en partant comme ça on finit par envahir la Pologne développer un modèle de société, ce qui est problématique pour les défenseurs de la première approche.

 

D'ailleurs ce terme normalement recouvre anarcaps ET minarchistes, il est un peu utilisé n'importe comment, certains réduisent ça aux anarchistes seulement, certains l'utilisent pour être sûr de marquer leur radicalité, alors qu'à la base c'est un jeu de traduction et y'a pas de doctrine pure libertarienne, pas même l'axiome de non-agression. Bastiat est à la fois libertarien ( un petit pont, chipottons pas) et libéral par exemple. je dis pas tout ça juste pour faire chier pour un mot :mrgreen:

La différence entre les classiques et les libertariens est que les seconds considèrent l'interventionnisme comme nuisible a priori (ils ont donc un esprit plus systématique que les classiques qui s'intéressent généralement à un problème en particulier). Les minarchistes essayent de définir un domaine régalien dans lequel, par exception, il est légitime. Les anarcaps considèrent que ce domaine est vide.

 

Si l'Etat se sert des impôts pour redistribuer aux pauvres ou financer des camps de concentrations, c'est pas la même chose, y'a des jugements de valeurs différents.

Bof. Au bout du compte il y a toujours pillage et séquestration. À quoi bon considérer le reste si ce n'est pour dire que parfois ce n'est pas grave ? Pour l'anarcap c'est toujours grave.
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Lancelot, serais-tu en train de dire que tous les libéraux classiques sont conséquentialistes, ou utilitaristes ?
 

J'arrive comme un gros cheveu dans la soupe, j'ai rien lu de ce qui est écrit avant, mais spontanément, concernant la première hypothèse, je me dis : c'est quoi la différence entre un État qui interdit de manière arbitraire la diffusion d'un jeu pour x raisons et un groupe de personnes qui, par la menace, fait exactement la même chose pour des raisons y ?
Dans les deux cas, machin utilise la force pour faire chier bidule, non ?
Si c'est ça le libéralimse, merci mais non merci :)

Si le groupe de personne fait une menace physique (portant atteinte à la propriété ou à l'intégrité de l'individu, bref, violant ses droits), alors il n'y a pas de différence.
Si ladite menace est une pétition, un boycott ou le fait de ne pas acheter le jeu, de dire du mal de la boîte, etc, bref qu'on ne viole les droits de personne et qu'au final, c'est bien la boîte elle-même qui prend la décision souveraine (sous la pression de l'opinion certes) de ne pas sortir le jeu, alors la différence, c'est la liberté, au sens strict du terme. Dans ce cas je ne parlerais pas d'usage de la force.

Pareillement, lorsque tu es auteur (ou que tu veux l'être) et qu'aucun éditeur ne veut te publier, il n'y a aucune atteinte à tes droits. Même si le "résultat" est le même que la censure d'État, à savoir que ton livre ne sortira pas. Mais dans le premier cas tu as toujours le droit de t'auto-éditer. Idem pour les créateurs du jeu. Il n'y a pas un "droit" à être diffusé où on veut.

  • Yea 1
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Ces argumentations sont ici fondamentales alors qu'elles étaient tout à fait facultatives dans la première approche, qui est donc nécessairement plus stérile en termes d'analyse.

C'est sûr qu'on est plus incité à trouver des arguments quand on risque la prison. Cela dit on peut être anarcap et avoir des opinions sur tout un tas de choses, avec des arguments et tout et tout. Simplement on ne peut pas les imposer à coup de pied au cul, on est obligé de convaincre, ça aussi ça incite à trouver des arguments.

Donc je dirais match-nul en ce qui concerne la boule de cristal qui permet de prévoir quels seront les effets à grande échelle de telle ou telle politique. Les utilitaristes sont avant tout de grand prétentieux qui on mal compris la subjectivité de la valeur. Quand on passe des siècles à se planter dans ses prédictions, on évite d'accuser ceux qui la ferme de manquer d'ambition, merci. Et l'ouvrir n'implique pas non plus d'être sûr de soi au point d'en appeler à la force publique, à moins d'adopter une vison darwinienne sur les sociétés, genre ces dernières ont intérêt à jouer le jeu de la sélection naturelle des régimes politiques. Pas inintéressant mais trop nihiliste à mon goût.

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Les utilitaristes sont avant tout de grand prétentieux qui on mal compris la subjectivité de la valeur. Quand on passe des siècles à se planter dans ses prédictions, on évite d'accuser ceux qui la ferme de manquer d'ambition, merci.

J'ai comme qui dirait l'impression que tu associes l'utilitarisme à...je sais pas exactement quoi (les économistes néoclassiques ?), mais en tout cas je ne vois pas ce qui justifie ces accusations envers l'utilitarisme au sens strict.

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Les utilitaristes sont conséquencialistes : tous leurs jugements et prescriptions se fondent sur les conséquences qu'ils prétendent pouvoir prévoir. Ajoute à ça le fait que la plupart d'entre eux parlent d'une utilité objective et tu as le combo "je sais ce qui va se passer et je sais si c'est bien ou mal", version assez sûr de soi pour t'envoyer les flics. La fertilité analytique qu'y appellent ça.

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Lancelot, serais-tu en train de dire que tous les libéraux classiques sont conséquentialistes, ou utilitaristes ?

La question de la source de la morale est orthogonale à ce que je dis, je pense.

Dans une proposition de type "il n'est pas légitime que le gouvernement fasse X parce que A, B et C", les arguments A B et C peuvent être indifféremment basés sur une éthique déontologique, conséquentialiste ou de la vertu. De même du côté libertarien, le principe de non agression peut se justifier des trois points de vue.

D'ailleurs je précise un point qui n'était peut-être pas assez explicite : le principe de non agression est un des arguments pouvant être utilisés par le libéral maximaliste. Le minimaliste lui donne un poids tel qu'il est impossible à contrebalancer, ce qui vide tous les autres arguments de leur substance.

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Les utilitaristes sont conséquencialistes : tous leurs jugements et prescriptions se fondent sur les conséquences qu'ils prétendent pouvoir prévoir.

Mais quand tu dis "quand on passe des siècles à se planter dans ses prédictions", tu penses à quoi ?

 

Ajoute à ça le fait que la plupart d'entre eux parlent d'une utilité objective

Ah bon ? Je n'ai jamais vu un utilitariste parler d'utilité objective. Tu as des exemples ?
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Mais quand tu dis "quand on passe des siècles à se planter dans ses prédictions", tu penses à quoi ?

Je pensais surtout à tous ceux qui prétendent pouvoir prévoir les phénomènes de grandes échelles et en tirent des prescriptions, qu'ils se revendiquent ou non de l'utilitarisme/conséquentialisme. Je te le dis tout net, pour moi la plupart des idiots intelligents sont conséquentialistes sans le savoir, ça va donc de Malthus à Keynes en passant par Marx, du protectionnisme aux politiques pro-concurrence en passant par l'eugénisme. La sous-catégorie "utilitarisme" est certes plus spécifique, plus subtile, passons.

 

Ah bon ? Je n'ai jamais vu un utilitariste parler d'utilité objective. Tu as des exemples ?

J'admets manquer de lecture pour être très précis, je vois juste des mecs s'acharner à bâtir un intérêt général qui justifierait que je m'y soumette (pas tous OK, mais Pareto est plus un problème qu'une solution dans cette tradition). Sans même parler de ceux qui savent mieux que moi ce qu'est mon bien-être, c'est surtout ce côté salement démocrate qui voudrait que les petits sentiments de la foule vaillent objectivement plus que mes petits sentiments à moi ; l’agrégation des subjectivités devient une véritable objectivité qui justifie les cages avec des gens dedans.

Cela dit, ici comme ailleurs, on distingue toujours aussi mal le suffisant du nécessaire, qu'il s'agisse de remplir les estomacs ou les portefeuilles :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Utilitarisme#La_question_des_comparaisons_interpersonnelles_d.E2.80.99utilit.C3.A9

Les utilitaristes admettent en général qu’un calcul utilitariste parfaitement rigoureux est effectivement irréaliste. Cela ne rend toutefois pas l’utilitarisme inapplicable pour autant, car on peut utiliser des « variables par substitution » qui permettent de mesurer le bien-être de façon indirecte (taux de chômage, taux de criminalité, etc.).

La question de l'agrégation des utilités individuelles :

Derek Parfit a soulevé un problème classique qui se pose à l'utilitarisme lorsqu'il entend agréger les utilités individuelles11: si seule leur somme compte, alors peu importe qu'un nombre très élevé de personnes bénéficie d'un bonheur individuel très limité ou qu'un nombre très réduit de personnes bénéficie d'un bonheur individuel très étendu, la somme des utilités sera la même et le résultat indifférent pour l'utilitariste, ce qui est contre-intuitif et donc moralement inacceptable ; si, en revanche, on prend comme critère la moyenne des utilités par individu, alors il est rationnel de réduire le nombre d'individus et d'augmenter la moyenne de leurs utilités individuelles, en promouvant par exemple une politique eugéniste qui élimine les individus dont la capacité à atteindre une utilité correcte est réduite, ce qui est là aussi moralement inacceptable.

Une première échappatoire a été proposée avec l'utilitarisme à seuil: on détermine un seuil, un niveau d'utilité en deçà duquel c'est la moyenne des utilités individuelles qui est prise en compte et au-delà leur somme. Cela permet d'éviter les « conclusions absurdes ou répugnantes » que dénonçait Parfit. Mais où fixer le seuil ?

De plus, la question de la mesure et de la comparaison des utilités individuelles reste entièrement posée, sauf à prendre des « variables par substitution » (comme le PIB en parité de pouvoir d'achat, l'IDH ou l'espérance de vie) pour les calculer et les comparer.

Une deuxième manière d'échapper au dilemme soulevé par Parfit est de développer des utilitarismes objectifs où la mesure du bonheur ne dépend pas de celle d'utilités mesurées subjectivement (cf. supra). Mais, là encore, pourquoi prendre telle variable par substitution plutôt que telle autre ? L'utilitarisme objectif défendu par David Brink liste plusieurs variables possibles, mais n'en choisit aucune clairement (cf. opus cité supra, p. 255).

Notons enfin que, si l'on adopte l'utilitarisme à seuil en prenant le revenu par tête comme variable (objective) substituée à l'utilité subjective, alors on retrouve à peu près la théorie de la justice distributive proposée par Raymond Boudon 12 pour pallier les défauts du maximin de John Rawls : une maximisation de la moyenne des revenus sous contrainte de plancher.

Héhé, l'utilitarisme à cliquet moyenné, fallait y penser ! Et "ce qui est contre-intuitif et donc moralement inacceptable", epic. Je te laisse me dire si ça vient du fait que c'est la version française ou que c'est Wikipédia tout court. J'admets, un peu honteusement, n'avoir pas lu dans le texte les grands classiques plus que les modernes, je suis peut-être complètement à côté de la plaque, d'où le fait que je me retiens de les dénoncer au fisc.
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