Aller au contenu

Aux frontières du libéralisme


Messages recommandés

Je continue ma promenade wikipédienne et, oh surprise!, du bullshit utilitariste tout droit sorti du père fondateur lui-même :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeremy_Bentham

Bentham avait mis au point une méthode de calcul du bonheur et des peines : le « Felicific calculus », qui visait à déterminer scientifiquement – c'est-à-dire en usant de règles précises – la quantité de plaisir et de peine générée par nos diverses actions.

Ces critères sont au nombre de sept :

Durée : Un plaisir long et durable est plus utile qu'un plaisir passager ;

Intensité : Un plaisir intense est plus utile qu'un plaisir de faible intensité ;

Certitude : Un plaisir est plus utile si on est sûr qu'il se réalisera ;

Proximité : Un plaisir immédiat est plus utile qu'un plaisir qui se réalisera à long terme ;

Étendue : Un plaisir vécu à plusieurs est plus utile qu'un plaisir vécu seul ;

Fécondité : Un plaisir qui en entraîne d'autres est plus utile qu'un plaisir simple ;

Pureté : Un plaisir qui n'entraîne pas de souffrance ultérieure est plus utile qu'un plaisir qui risque d'en amener.

Sci-en-ti-fique !

 

Il propose donc que l’État :

garantisse un revenu minimum pour tous, protège les biens et les personnes, défende les citoyens des agressions extérieures ;

encourage la croissance économique (augmentation du bonheur collectif) et démographique (pour une meilleure défense nationale, facteur de bonheur collectif) ;

assure une redistribution des richesses propre à augmenter le bonheur collectif (il est partisan d’une taxe progressive sur les héritages).

Bon je survole hein, et je ne vais pas passer mon réveillon sur du bullshit communiste, mais voici ce que me dit Wikipédia FR de J.S Mill (le parent n°2) :

John Stuart Mill, interprète synthétique des classiques, livre ses « principes d'’économie politique ». Il définit les bornes du progrès des sociétés industrielles, notamment par la baisse tendancielle du taux des profits. Il constate que les mobiles d’agressivité et de gain ne sont utilisés que, faute de mieux, pour accroître les richesses matérielles ; leur déchaînement grevé d’un lourd passif, dégrade les hommes et leur ravit le loisir et la solitude. Les progrès économiques ne sont pas parvenus à engendrer les grands changements qui feraient, comme il convient, des inventions mécaniques la commune propriété du genre humain. Aussi, la société en vue du mieux-être de tous ses membres, peut-elle être réorientée et remodelée sans peur, même si elle doit pour cela perdre un peu de ses dynamismes matériels et manifestes. L’épanouissement de tout l’homme en chaque homme est desservi par les ruées d’êtres avilis sur une nature humiliée. L'humanité doit choisir l'état stationnaire avant que la nécessité ne l'y contraigne.

Prétention, Jugement, Prescription. Voilà ce qui a enfanté le marxisme, et c'est lié de très près au libéralisme classique.

Je ne suis plus libéral, je suis libertarien.

Lien vers le commentaire

C'est bien ce que je disais, en l'associant à des choses qui ne lui sont pas inhérentes, tu me sembles confondre l'utilitarisme avec d'autres choses. Prend Ludwig von Mises par exemple, il est parfaitement utilitariste et pourtant il ne rentre pas dans ce que tu dis. Quant à cette partie de Wikipedia, ça me semble en effet n'importe quoi, il y a de gros strawmen, mais je ne vais pas développer mon argumentation ici, c'est pas vraiment le sujet. Il faudrait parler de ça sur un autre topic.

Lien vers le commentaire

Ce qui a enfanté le marxisme [...] est lié de très près au libéralisme classique.

 

Moui mais en fait non.

 

Je n'apprécie guère l'utilitarisme mais: 1): il n'est pas particulièrement lié au libéralisme 2): Marx méprisait les utilitaristes de son temps.

 

« Jamais et nulle part un tel lieu commun, une telle trivialité n’a fait l’étalage d’elle-même avec une telle complaisante arrogante. » -Karl Marx, Le Capital, à propos de l’utilitarisme de Bentham.

"Sur une plaine toute plate un petit tas de terre semble une colline ; on jugera de la platitude de notre bourgeoisie actuelle en prenant le calibre de ses « grands esprits »." -Karl Marx, Le Capital, à propos de John Stuart Mill.

 

En outre les quatre sources du marxisme sont: la philosophie allemande (Hegel, Feuerbach), le matérialisme français, l'économie politique britannique, le romantisme européen (cf les chapitres du bouquin de Löwy sur le lien du marxisme au romantisme: http://www.amazon.fr/Révolte-mélancolie-romantisme-contre-courant-modernité/dp/2228884804/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1450976425&sr=8-1&keywords=révolte+et+mélancolie).

Lien vers le commentaire

Les amis, j'ai trouvé l'application ultime du nudge.

https://www.privateinternetaccess.com/blog/2015/10/in-china-your-credit-score-is-now-affected-by-your-political-opinions-and-your-friends-political-opinions/

 

This Chinese credit score, which seemed innocent at first, was introduced this summer. More precisely, it was introduced by Alibaba and Tencent, China’s IT giants who run the Chinese equivalents of all social networks, and who therefore have any and all data about you. People can download an app named “Sesame Credit” from the Alibaba network, and the score has become something of a bragging contest, being interpreted as a kind of “citizen status” – and not entirely falsely so. Almost 100,000 people have posted their “status” online on Weibo, the Chinese equivalent of Twitter.

In the West, our credit score is simple. It’s our ability to pay. It’s measured from our assets, our income, and if we have bought on credit in the past and managed it well. That’s it. In China, the situation is… more nuanced. It’s not just that you have bought things, it’s also what you buy that contribute to your credit score, in either direction. If you’re buying things that the regime appreciates, like dishwashers and baby supplies, your credit score increases. If you’re buying videogames, your score takes a negative hit.

In theory, Sesame Credit (and its benefits) is optional. So far. For the time being. But China has already announced that it, or something very like it, will become mandatory from 2020. It has also announced that while there are benefits today for obedient people, it intends to add various sanctions for people who don’t behave, like limited Internet connectivity. Such people will also be barred from serving in certain high-status and influential positions, like government official, reporter, CEO, statistician, and similar.

Things that will make your score deteriorate include posting political opinions without prior permission, talking about or describing a different history than the official one, or even publishing accurate up-to-date news from the Shanghai stock market collapse (which was and is embarrassing to the Chinese regime).

But the kicker is that if any of your friends do this — publish opinions without prior permission, or report accurate but embarrassing news — your score will also deteriorate. And this will have a direct impact on your quality of life.

[...]

This scheme is far more sinister than it seems at first, as you’re also getting assorted immediate privileges based on this credit score:

If your credit score reaches 600, you have the privilege of an instant loan of about $800 without collateral when shopping online.

At a score of 650, you may rent a car without leaving a deposit.

At 700, you get access to a bureaucratic fast track to a Singapore travel permit.

And at 750, you get a similar fast track to a coveted pan-European Schengen visa.

There are many more examples – these are just to illustrate.

Anybody can check anybody’s Chinese credit score today using the site Credit China, which helps – no, nudges – people to disconnect from friends and acquaintances who significantly draw down your own credit score merely by association: they’re listed as such. All 869,582 of them. While this Credit China rating is purely fiscal at present (but your friends’ score still affect your own score), the general idea will expand to this “social credit score” no later than 2020, according to the official directive.

Le paternalisme libertarien en action. Je suis sûr que Koenig en a la larme à l’œil.

Lien vers le commentaire
  • 4 months later...

Bonjour Liborg, pour noël je vous propose de sonder les limites du libéralisme en discutant quelques exemples.

 

Prenons le cas d'un jeu vidéo imaginaire, Rape Simulator 2016. Une pétition est organisée dont les signataires menacent de boycotter les fournisseurs qui le distribueraient et la sortie du jeu est annulée.

L'état n'a pas été impliqué. La méthode utilisée n'est pas violente. Pourtant ça laisse un arrière-goût d'arbitraire puritain et de pente glissante dans la bouche n'est-ce pas ? Le libéralisme a-t-il quelque chose à dire sur cette sorte de justice des foules ? Si non, sur quel autre base s'appuyer pour en développer une critique ?

 

Une deuxième piste est le "paternalisme libertarien". Cas pratique : le gouvernement introduit une nouvelle taxe anti-obésité sur les aliments gras, salés et sucrés. La nouveauté est que cette taxe est facultative, on peut ne pas la payer à condition d'avoir un IMC inférieur à 30 ou de suivre une formation d'une semaine sur la nutrition.

Que penser d'une telle mesure qui se revendique libérale ?

J'ajoute à ma problématique de départ un troisième exemple qui a l'air d'agiter les foules : un marchant (strictement privé et ne recevant aucune subvention) refuse de servir ou d'employer certaines catégories de personnes (noirs, homosexuels, whatever) pour des raisons tout à fait absurdes et haineuses, mais sans aucune autre expression de ces sentiments haineux. On tombera tous d'accord pour dire que cette personne n'est pas d'une compagnie très recommandable, mais le libéralisme a-t-il un mot à dire là dessus ?

Je rappelle l'avancée de mes réflexions pour le moment :

 

Il me semble avoir mis en évidence deux conceptions du libéralisme qui sont toutes deux cohérentes et peuvent même être compatibles entre elles mais qu'il convient de bien savoir séparer.

Dans la première on considère que l'objet du libéralisme est uniquement, exclusivement, la coercition qui implique de la violence physique. Selon cette conception tout ce que fait l'état est illégitime a priori parce qu'il s'appuie sur l'impôt qui est du vol avec en dernier recours menace de séquestration. Tout le reste n'est que notes de bas de pages. Ce sont ceux-là qui répondent que la pression sociale, tant qu'elle n'implique pas de la violence, n'est qu'une autre facette du marché et ne concerne pas le libéralisme. Et le patron qui menace de virer sa secrétaire si elle ne couche pas avec lui, ce n'est pas de la coercition mais une simple renégociation de contrat.

Dans la seconde l'intervention n'est pas considérée comme illégitime a priori. Par contre on va regarder les effets de cette intervention dans un domaine particulier et conclure qu'elle est nuisible pour telle ou telle raison (par exemple des arguments économiques défendant le libre échange face au protectionnisme). Ces argumentations sont ici fondamentales alors qu'elles étaient tout à fait facultatives dans la première approche, qui est donc nécessairement plus stérile en termes d'analyse. Elles ont aussi la particularité (l'avantage ou le défaut selon le point de vue) de pouvoir s'appliquer à d'autres situations que celles qui impliquent la violence. Si la liberté d'expression c'est cool alors peu importe que ça soit un état ou un SJW qui cherche à censurer le débat public, ça restera pas cool. Et sachant que les arguments pour défendre la coolitude de la liberté d'expression ont été développés par des penseurs libéraux, pourquoi ne pourrait-on pas considérer ma dernière phrase comme libérale ? Évidemment en partant comme ça on finit par envahir la Pologne développer un modèle de société, ce qui est problématique pour les défenseurs de la première approche.

Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...