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La French Tech et les start-ups gauloises


Bézoukhov

Messages recommandés

Salut !

 

Je vois pas mal de mes contacts faire Cocorico suite au CES de Las Vegas. Dans la presse française, c'est un peu pareil. Et les anglos ont l'air étonné de voir que la France est très représentée là-bas (par exemple http://fortune.com/2016/01/08/ces-france-tech-powerhouse/).

 

Cependant, je me demande si tout ça est un vrai mouvement de fond ; au sens où, traditionnellement, l'industrie française était dans la construction de petits objets plus que des grosses machines et où on y reviendrait bientôt. Ou alors si cette présence est juste une illusion. On retomberait dans ce lieu commun qui veut que, comme l'économie française est sous-capitalisée, les start-up meurent quand elles ont le plus besoin d'argent.

 

Et puis, plus largement, j'aimerais connaître votre avis sur la mode de l’entrepreneuriat dans les écoles françaises :) [j'ai l'impression qu'il s'agit de la conjonction entre, d'un côté, de l'argent qui coule pas mal via des investissements du côté de l'Etat (dans les incubateurs, les réductions d'impôts, et la BPI), des investissements de privés qui ont fait fortune dans les années 2000, et des grosses boîtes cronys qui cherchent de l'innovation à pas cher, versus, à l'opposé, un tissu industriel fait d'entreprises qui tirent la gueule et ne sont plus capables d'attirer les JD].

 

Qu'en-dites-vous ?

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J'ai reçu une offre de stage pour une startup pas encore créée qui souhaite uberiser l'assurance française, avec à bord l'ex directeur stratégique d'Areva, un ex gestionnaire d'un fond d'investissement, et l'ancienne directrice produit de Swiss Life France.

J'ai hâte de voir les résultats ! Vont-ils affronter de front les instituts de prévoyance, les mutuelles + le régulateur ?

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Tiens je me demande comment ubériser l'assurance. Ça a l'air d'une histoire intéressante.

Ils comptent réduire massivement les frais de gestion et proposer des solutions d'applications mobiles innovantes (toubib au téléphone gratuitement) comme cela se fait aux USA.
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Tiens je me demande comment ubériser l'assurance. Ça a l'air d'une histoire intéressante.

 

C'est un peu compliqué d'uberiser l'assurance, du moins les gros assureurs. Ça fait un demi-siècle qu'ils sont déjà désintermédiés via les agents, les courtiers, les associations et tout un tas d'autres canaux de vente. Leur vraie crainte est qu'un gros acteur atteigne un quasi-monopole sur l'intermédiation et ne décide de remonter la chaîne de valeur (et ça serait plus Google qu'une startup).

 

Ils comptent réduire massivement les frais de gestion et proposer des solutions d'applications mobiles innovantes (toubib au téléphone gratuitement) comme cela se fait aux USA.

 

Les frais de gestion sont le nerf de la guerre dans l'assurance française, parce qu'il y a une masse salariale énorme héritée des années 80/90, quand énormément de choses se faisaient sur papier. Mais ça reste très lié au contexte français (boom de l'assurance vie des années 80/90 + effet du CDI).

 

Ce n'est pas vraiment de l'ubérisation. (Je verserais des primes à des particuliers qui me rembourseraient mes sinistres ?)

Ça a l'air intéressant cependant, hein.

 

Pour l'assurance collaborative, ça existe déjà en Allemagne (http://www.friendsurance.com/) et ça essaie de se lancer en France (https://www.inspeer.me/). Par contre, on est jamais dans une véritable uberisation, et on devrait tendre vers un système à trois couche :

- une première couche de "mutuelle" issue des start-up qui gèrera les sinistres facilement prévisibles, avec des méthodes de gestion scalables ;

- une seconde couche d'assurance traditionnelle qui apportera sa solidité financière aux "mutuelles" et sera capable de financer les sinistres un peu particuliers et un peu plus gros ;

- une dernière couche classique de réassureurs qui mutualiseront les gros risques des assureurs.

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Et puis, plus largement, j'aimerais connaître votre avis sur la mode de l’entrepreneuriat dans les écoles françaises :) [j'ai l'impression qu'il s'agit de la conjonction entre, d'un côté, de l'argent qui coule pas mal via des investissements du côté de l'Etat (dans les incubateurs, les réductions d'impôts, et la BPI), des investissements de privés qui ont fait fortune dans les années 2000, et des grosses boîtes cronys qui cherchent de l'innovation à pas cher, versus, à l'opposé, un tissu industriel fait d'entreprises qui tirent la gueule et ne sont plus capables d'attirer les JD].

 

J'ai pas vu ce qu'il s'est passé au CES? mais de manière générale il y a pas mal d'innovation en France, c'est bien un des seuls trucs qui marche à peu près et qui sauve l'état actuel du pays. Leur problème majeur je dirais, c'est que le système force ces innovants à rester plus ou moins petits, ceux qui arrivent à s'en sortir, grandir, et pire encore grandir sans devoir s'expatrier (genre dans la Silicon Valley) sont plutôt rares. Pour réutiliser le terme à la mode, on a des pépites, mais on les force à se faire racheter plutôt qu'à les transformer en gisements.

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J'ai pas vu ce qu'il s'est passé au CES?

C'est seulement qu'il y a beaucoup de boites françaises (en deuxième position derrière les US je crois :) ), et que ce qu'elles font a plutôt l'air apprécié.

mais de manière générale il y a pas mal d'innovation en France, c'est bien un des seuls trucs qui marche à peu près et qui sauve l'état actuel du pays. Leur problème majeur je dirais, c'est que le système force ces innovants à rester plus ou moins petits, ceux qui arrivent à s'en sortir, grandir, et pire encore grandir sans devoir s'expatrier (genre dans la Silicon Valley) sont plutôt rares. Pour réutiliser le terme à la mode, on a des pépites, mais on les force à se faire racheter plutôt qu'à les transformer en gisements.

OK ; c'est bien le sentiment que j'ai. Une sorte de problème qui se traîne depuis des années...

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Et puis, plus largement, j'aimerais connaître votre avis sur la mode de l’entrepreneuriat dans les écoles françaises :) [j'ai l'impression qu'il s'agit de la conjonction entre, d'un côté, de l'argent qui coule pas mal via des investissements du côté de l'Etat (dans les incubateurs, les réductions d'impôts, et la BPI), ...

Qu'en-dites-vous ?

un pattern assez classique en France, c'est que beaucoup de jeunes pousses sont dès le départ arrosé avec des subventions. ... et en 1 an ou 2, sans même s'en rendre compte, le staff prend le pli de s'occuper des donneurs de subventions bien plus que de leur marché. Et quand le robinet à subvention ferme, la jeune pousse ferme, tout naturellement, avec.

J'écris "tout naturellement" pour souligner à quel point l'habitude de la subvention est prise, et que, de facto le business de la boite, son réel marché, légitime, c'est la subvention.

Pour détourner une boite de son marché et de ses clients, la subvention c'est le must.

  • Yea 3
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un pattern assez classique en France, c'est que beaucoup de jeunes pousses sont dès le départ arrosé avec des subventions. ... et en 1 an ou 2, sans même s'en rendre compte, le staff prend le pli de s'occuper des donneurs de subventions bien plus que de leur marché. Et quand le robinet à subvention ferme, la jeune pousse ferme, tout naturellement, avec.

J'écris "tout naturellement" pour souligner à quel point l'habitude de la subvention est prise, et que, de facto le business de la boite, son réel marché, légitime, c'est la subvention.

Pour détourner une boite de son marché et de ses clients, la subvention c'est le must.

Certaines start-ups se placent en effet sur des marchés à subvention dans des domaines "à la mode" politiquement et vivent des subventions, et ne savent faire que cela. Mais globalement, la plupart des start-ups cherchent à se développer grâce aux qualités de leur projet.

Mais ce faisant, elles sont "contraintes" de marcher dans les combines subventionnelles : le circuit du financement des start-ups est comme un escalier où chaque marche permet d'accéder à la suivante, et il est en général difficile de sauter une étape.

Très schématiquement, une start-up va faire son prototypage de base en fonds propres, va aller dans un incubateur, cherchera un prêt d'honneur, ira chercher de l'argent gratuit à la BPI et auprès de fonds régionaux et européens, pour aller vers un accélérateur, la conduisant à un fond d'investissement, et accédera ensuite à de nouveaux instruments de financement... Bref, une start-up en France même si elle est dans une logique sincèrement entrepreneuriale va très souvent devoir passer par la case subventions, bourses, etc. parce que c'est une forme de validation initiale dont l'absence complique la suite.

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tout ce temps, cette énergie et donc cet argent gaspillé à courir les subventions, financements publics, c'est pas un peu antinomique ?

Oui, mais l'impétrant ne comprend pas ça au départ.

Il y met le doigt ... puis gentiment la main (c'est bon les sousous) ... puis le bras.

Quand tu piges ... c'est que t'es déjà devenu accro.

C'est là que le dealer te lâche pour s'occuper d'un suivant.

Alors tu cherches un autre dealer.

En fait ça donne un biais insensible au départ, mais qui oriente toute la croissance dans la mauvaise direction (tourner le dos aux clients).

Comme une plante que tu ferais pousser à l'ombre, mais en compensant avec des engrais.

  • Yea 1
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Ça fait longtemps qu'on a pas mal de startups technologiques créées et que les écoles d'ingénieur favorisent les projets en fournissant des incubateurs et en incitant les élèves à se lancer en fin d'études. On a beaucoup d'exemples de compagnies extrêmement brillantes qui ont démarré en France... pour finir par émigrer aux USA ou en Angleterre. On peut citer l'exemple récent de Docker. C'est souvent le même problème: passé les premiers moments de relative clémence fiscale et administrative, dès qu'elles veulent grandir les startups rencontrent tout un tas d'effets de seuil qui les bloquent dans leur progression, et la frilosité des investisseurs fait le reste. Et puis il y a aussi le corporatisme français qui fait tout pour bloquer les initiatives concurrentes: j'ai vu le cas d'une boîte de Paris qui a carrément déménagé à Amsterdam à cause de blocage corporatiste. Mais en tous cas l'entrepreneuriat dans les écoles françaises n'est pas juste une mode.

 

En revanche cette "French tech", ça c'est une mode, et je trouve que c'est de la grosse récupération gouvernementale en accord avec quelques cronies qu'on nous présente comme des entrepreneurs qui ont réussit. Or ils ont tous des liens étroit avec l'état et les financements publics. C'est surtout de la communication facile pour le gouvernement et de quoi redorer son blason auprès des entrepreneurs. Et ils veulent ainsi tenter de faire revenir les expatriés, mais ils se sont déjà pris quelque réponses cinglantes de la part de vrais entrepreneurs pas cronies.

 

Donc en gros tant que les startups sont en mode "stealth" ou encore en validation de business model, ça va très bien se passer en France. Et puis dès qu'elles veulent embaucher et grandir, elles vont rencontrer les mêmes problèmes que les TPE et PME.

  • Yea 1
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tout ce temps, cette énergie et donc cet argent gaspillé à courir les subventions, financements publics, c'est pas un peu antinomique ?

C'est vrai mais en même temps, la recherche de financement privé est aussi une tâche extrêmement chronophage. Rien qu'un business plan, c'est souvent plusieurs mois pour être prêt à le soumettre. Je suis personnellement d'accord pour regretter cet état des choses, mais la vision de la plupart des acteurs du circuit de financement des start-ups en France est plutôt que le produit ou l'idée d'une start-up est relativement secondaire par rapport à son équipe. Partant de là, le fait d'éloigner un temps l'entrepreneur du strict développement de son produit n'est pas forcément perçu comme quelque chose de si négatif que ça : il est dans son rôle de super-cadre-entrepreneur. Ceci étant dit, ça a plutôt évoluer positivement ces dernières années, sans miracle cependant.

 

Et surtout pour celles qui malgré tout s'en sortent, on en dira qu'elles ont réussi parce que l'État était la quand le marché n'y était pas.

 

That' the plan  :devil: 

 

Oui, mais l'impétrant ne comprend pas ça au départ.

Il y met le doigt ... puis gentiment la main (c'est bon les sousous) ... puis le bras.

Quand tu piges ... c'est que t'es déjà devenu accro.

C'est là que le dealer te lâche pour s'occuper d'un suivant.

Alors tu cherches un autre dealer.

En fait ça donne un biais insensible au départ, mais qui oriente toute la croissance dans la mauvaise direction (tourner le dos aux clients).

Comme une plante que tu ferais pousser à l'ombre, mais en compensant avec des engrais.

Oui mais ça l'est aussi avec les fonds d'investissement... On y coupe peut-être le robinet un peu plus vite, mais la gestion de la fausse prospérité post-levée est une difficulté pour pas mal de boîtes, surtout quand elles sortent de la disette de cash en pré-levée.

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Le problème en France c'est aussi la saloperie appelée ISF.

On est d'accord, il y a moins d'argent prêt à être investi en France à cause de l'ISF, mais le fait de pouvoir se faire exonérer d'une partie de son investissement dans une PME sauve un tout petit peu les meubles. Il suffirait de déplafonner (actuellement limité à seulement 18k pour les fip et 45k pour les pme, des clopinettes quoi) ça pour vraiment faire rentrer de l'argent dans le circuit d'investissement français.

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En France, les fond propres sont extrêmement taxés et le crédit bancaire subventionné.

Je parle des investissements faits dans des pme par des particuliers assujettis à l'ISF. C'est un peu la seule bouée de sauvetage des petits business angels dans l'environnement français.

Quant au crédit bancaire, pour les start-ups, c'est quelque chose d'à peu près impossible je crois. Quelques soient les garanties qu'on apporte.

Expérience personnelle : avec mes avoirs personnels, je couvrais l'intégralité du crédit que je demandais et j'avais la garantie de la BPI sur 60% du crédit, et c'est niet dans toutes les banques, pas au niveau des agences mais au niveau de la commission des prêts. "On ne connaît pas votre secteur".

Sinon, évidemment, les boîtes normales en France préfèrent rationnellement recourir à l'emprunt bancaire plutôt que par la constitution opérationnelle de sa trésorerie (préalablement taxée donc).

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  • 1 year later...
Il y a 6 heures, coup_du_sombrero a dit :

Les entreprises européennes (ou américaines) ont-elles les moyens de lutter contre les entreprises asiatiques qui prennent des noms de marques à consonnance germaniques, scandinaves  ou américaines pour "enfumer" le consommateur sur la provenance du produit ?

 On s'en fiche ? Ce genre d'infos sont ultra accessibles en plus, faut pas prendre les gens par la main. Peut être que beaucoup sont contents de ne pas connaître la réelle nationalité de l'entreprise. Ça semble une bonne solution pour ne pas que les clients se croient complices d'esclavage

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Dans l'imaginaire collectif tout ce qui est produit à l'étranger sans notre magnifique droit du travail est assimilable à de l'esclavage. Mais ça coûte pas cher. Solution de la dissonance = ignorer le problème ou faire semblant de pas être au courant

 

Après c'est quoi les exemples d'entreprises orientales avec des noms occidentaux ?

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