Aller au contenu

École & éducation : Le temps des secrets


Messages recommandés

Tant qu'on ne s'est pas mis d'accord sur les buts que l'on assigne à l'institution, il me semble assez inutile de débattre.

Par ailleurs, il existe de fait des classes de niveaux selon l'origine sociale des parents et la localisation de l'établissement.

Une école de banlieue ou une majorité de parents parlent mal français ne peut avoir les mêmes objectifs concrets qu'une école dont les parents sont français et très concernés par l'éducation de leurs enfants, c'est un fait qu'aucune directive ministérielle ne pourra changer, une inégalité "naturelle". Néanmoins, il semble nécessaire que l'institution réserve une partie de ses moyens pour détecter les meilleurs éléments et favoriser une forme de sélection élitiste.

Lien vers le commentaire

Ça commence :

http://etudiant.lefigaro.fr/article/resultats-du-bac-a-lille-des-1-sur-20-se-transforment-mysterieusement-en-16-sur-20_8df0c27e-80e9-11e8-86d7-8173784e1d0f/

Apparemment, le proviseur a interdit la calculatrice alors qu'elle était autorisée, surement pour des raisons de triche, et ce, sans prévenir le rectorat. Résultat, on donne le bac a tout le monde pour couvrir les fautes de l'administration.

Lien vers le commentaire

On n'est toujours pas sur une critique libérale de l'Ednat, mais il y a ici et là des choses à prendre: http://www.sauv.net/muglioni.htm

 

Exemple: "Jacques Muglioni ose écrire ce que chacun d’entre nous sait pertinemment, à savoir que le taux de réussite au baccalauréat est administrativement décidé avant même que l’examen ait lieu. Le baccalauréat, en cela, ressemble à la taille royale. Cet impôt de l’Ancien Régime était un impôt par répartition dont le pouvoir royal définissait a priori le montant global laissant le soin à son administration d’en affermer la perception et à aux fermiers de répartir la somme à prélever entre les différent foyers assujettis. Le baccalauréat est devenu au fil des années un diplôme par répartition, d’essence purement statistique, octroyé sans égard pour le mérite de celui à qui on le décerne. L’important est désormais d’être dans la " fourchette " et de se gargariser avec l’hypothétique " performance  globale " du système."

Lien vers le commentaire
2 hours ago, Johnathan R. Razorback said:

On n'est toujours pas sur une critique libérale de l'Ednat, mais il y a ici et là des choses à prendre: http://www.sauv.net/muglioni.htm

Il n'est pas avare de conneries.


 

Quote

 

Est-ce par hasard, par simple inadvertance, que la gauche s'emploie aujourd'hui à défaire l'école qu'elle a jadis instituée ou, si l'on préfère, à la transformer en un simple rouage, aussi performant que possible, de la société existante ? Comment la réforme sociale a-t-elle pu se muer en révolution culturelle ? Ne serait-ce pas que, sans même s'en apercevoir, la gauche s'est mise à aimer cette société qu'elle essayait, naguère encore, de changer ou, tout au moins, de rendre meilleure ? D'abord sous l'influence d'une certaine interprétation du marxisme, le politique comme tel a été découronné ou refoulé, tout pouvoir étant censé se réduire à l'expression de forces économiques et le productif seul définissant l'homme. Ensuite l'influence d'un certain courant, dont on ne peut oublier l'origine confessionnelle et qui a emprunté notamment la voie syndicale, a converti la gauche au spontanéisme, à l'autogestion et, par un glissement naturel, à la libre entreprise et à la concurrence, bref au capitalisme. L'école n'aura guère d'autre fonction désormais que de pourvoir aux emplois.

 

[...]

 

Modernité est le mot de passe, mot magique paralysant toute réflexion, autorisant tous les abandons, désignant le chatoiement démocratique qui, selon Platon, précipite la perte des cités. C'est bien le triomphe du capitalisme. Mais il ne s'agit plus du capitalisme ascétique du siècle dernier, qui confondait investissement et privation. Désormais, l'économie de marché entend résumer toute la société, foire multicolore où l'on ne sait plus si l'on produit pour consommer ou si l'on consomme pour produire toujours davantage. La panoplie d'un supermarché, voilà maintenant la référence pour l'école : modèle optionnel, style concurrentiel, compétitivité, adaptation, sont les catégories de la pédagogie officielle. L'école de la réussite est ce bazar où tout le monde peut se servir, quitte à ne s'offrir que pacotille. Finie la politique ! Mais dans ce désert, il faut bien trouver des compensations : superstitions, intégrismes, réveil de communautés orgueilleuses et exclusives. D'où le paradoxe : un monde absorbé par l'économie, homogène, unidimensionnel, n'évite pas le fanatisme et la violence.

 

[...]

 

Les sciences sociales ont cette supériorité absolue sur les sciences de la nature de pouvoir produire par le discours les situations qui vérifient après coup leurs théories.

 

 

 

Lien vers le commentaire
Le 02/07/2018 à 22:20, Jean_Karim a dit :

Ca tombe bien, l'école n'est pas faite pour lls supers génies dans ton genre. Vu que tu n'as jamais eu besoin d'elle, le problème  est reglé.

Mais elle est faite pour qui alors ?

Ceux qui s'en sortent en ne trouvant là que quinze ans d'emmerdements n'en ont pas besoin.

Ceux qui font encore des fautes de français ainsi que ceux ne sachant toujours pas conduire un raisonnement correct à 20 ans n'en tirent manifestement aucun enseignement.

 

Donc il reste qui à part les académiques ? À quoi sert l'instruction publique sinon de bande démo pour passer le capes ?

Lien vers le commentaire
  • 2 weeks later...

@Hamster ancap a fait une itw sur sa chaîne Hypno Machie de Ramin FARHANGI, fondateur en France d'une école dynamique/démocratique inspiré des écoles Sudbury. Je découvre le concept, pour simplifier les enfants font ce qu'ils veulent. Il n'y a pas d'apprentissage imposé, les enfants choisissent eux-mêmes ce qu'ils désirent faire/apprendre. L'enfant est une personne à part entière, un être responsable et libre. D'autres vidéos sont prévues, je suis impatient.

 

C'est bien le genre d'école où j'aurai pu m'épanouir ayant des centres d'intérêts intenses mais fluctuants.

 

Et chose intéressante, de ce que dit Ramin dans la conférence TEDx, avec suffisamment de stimulus les enfants apprennent à lire/écrire par eux-mêmes, sans méthode syllabique ou globale.

 

 

La conférence TEDx :

 

 

Lien vers le commentaire

Disclaimer: pas encore regardé les deux vidéos en question.

 

C'est intéressant de voir ce type d'écoles être enfin évoqués dans la sphère francophone. Du côté américain, le concept d'unschooling est discuté par les libertariens depuis plusieurs années. Les écoles Sudbury ne sont pas de l'unschooling pur par définition, mais on en est très proche et j'en ai entendu de bons échos.

 

C'est aussi un sujet où se retrouvent la gauche libertaire et les libertariens. Les premiers par rejet des écoles classiques trop structurées. Les seconds, vous comprendrez pourquoi. Si me souviens bien, Sudbury venait d'ailleurs plutôt du côte libertaire (ça se sent un peu dans les concepts mis en avant de démocratie directe).

Lien vers le commentaire

Moi qui suit un grand traumatisé du système scolaire normal, j'ai une relation particulière avec ces différentes alternatives. Je ne voudrais pas que mes enfants subissent ce que j'ai eu à vivre à l'école et en même temps, ces alternatives ont l'air d'etre n'importe quoi. Quand je lis sur leur site "les humains sont naturellement curieux", j'ai envie d'hurler, je connais plein de neuneu que rien n'intéressent. La curiosité, c'est un truc que tes parents t'enseignent ou pas, c'est pas naturel, c'est purement social.

Surtout que toutes les personnes que je connais et qui sont sorti de Montessori ou Freinet autour de moi sont des gogols, sérieux, je préfère encore que mes gamins subissent le dressement scolaire que finir comme ça.

 

mais peut-être que mon échantillon est pourri, j'ai un collègue qui écrit une thèse sur Freinet, mais il a pas l'air beaucoup plus emballé que moi et ça a l'air d'être une machine à cassos.

  • Yea 2
Lien vers le commentaire
il y a 18 minutes, poney a dit :

La curiosité, c'est un truc que tes parents t'enseignent ou pas, c'est pas naturel, c'est purement social.

 

 

J'y crois moyennement. Par contre, je pense qu'on peut parfaitement assécher et détruire toute envie d'apprendre ou toute disposition curieuse chez quelqu'un avec suffisamment d'assomage. Et d'un autre côté, la curiosité des enfants ça s'entretient.

Lien vers le commentaire

J'ai vu un poster d'une fille qui défendait Montessori une fois à une conf. Ça m'avait marqué parce qu'il y avait des messages en gros autour disant qu'on n'avait pas le droit de le prendre en photo :jesaispo:

Lien vers le commentaire

Les familles qui mettent leurs enfants dans des écoles de ce genre doivent être atypique et les enfants qui y vont ne doivent pas être des gosses lambda. Il serait intéressant d'avoir le profil des parents. Déjà, vu le coût pour une année c'est pas pour n'importe qui.

 

Un environnement familiale serein ne doit pas motiver l'enfant de la même façon que dans une famille en conflit. Bien que dans ce dernier cas, dans le système scolaire standard, l'impact est aussi négatif sur ses résultats.

 

il y a 36 minutes, poney a dit :

Quand je lis sur leur site "les humains sont naturellement curieux", j'ai envie d'hurler, je connais plein de neuneu que rien n'intéressent. La curiosité, c'est un truc que tes parents t'enseignent ou pas, c'est pas naturel, c'est purement social.

+1

Je serai plutôt à dire que l'homme est paresseux par nature et moi le premier. Il faut toujours que je me motive pour travailler sinon je passerais mes journées à regarder des séries et des films (1 mois à regarder One Piece à la maison sans rien faire je l'ai déjà fait).

 

Après comme le dit @Mathieu_D, je ne sais pas s'ils laissent complètement l'enfant choisir ou s'ils discutent de ses choix avec lui (et essayent de l'influencer).

Lien vers le commentaire

J'ai connu peu de familles Montessori, mais c'est systématiquement du SJW-like, et parfois des familles avec très peu de moyens.

Et Montessori est un peu là comme atypicity-signaling.

Et les gamins pourris un peu demi-gogols.

 

Bref, comme souvent, la lutte contre une connerie étatique n'est pas forcément menée par les plus futés.

 

Lien vers le commentaire

"Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent."

 

Évidemment, c'est faux. Comme on peut le comprendre aisément en consultant le site internet de cette école, dont le fonctionnement repose sur de fortes structures d'autorité et de contrôle.

C'est d'ailleurs assez amusant de constater la place majeure accordée à ces structures sur le site : conseil d'école, conseil de justice, commission d'enquête et d'arbitrage.

 

On comprend assez vite sur quelles logiques repose l'apprentissage : processus de socialisation et apprentissage expérientiel cadrés par une intériorisation de règles démocratiques, la soumission à des organes de contrôle vertical et à un contrôle social de type communautaire.

Bref, c'est bien sûr très innovant en comparaison du fonctionnement de l'EN, mais on est très loin du slogan "les enfants font ce qu’ils veulent". Je ne suis pas étonné que ce Ramin FARHANGI cite en référence "l'entreprise libérée" dans la conférence TEDx, dont la prétendue "libération" repose sur les mêmes subterfuges.

 

Au final, je ne doute pas trop de l'efficacité de ce genre d'école. D'autant plus efficace qu'elle m'a l'air d'avoir pour ambition de former de bons petits soldats de la social-démocratie.

  • Yea 2
Lien vers le commentaire
Il y a 3 heures, NoName a dit :

J'y crois moyennement. Par contre, je pense qu'on peut parfaitement assécher et détruire toute envie d'apprendre ou toute disposition curieuse chez quelqu'un avec suffisamment d'assomage. Et d'un autre côté, la curiosité des enfants ça s'entretient.

 

Je grossis (évidement) le trait, ça dépend de pleins de trucs, mais un gamin jamais stimulé dans un environnement social ultra pourri, ça fait pas un curieux, ça fait un cassos.

 

Il y a 3 heures, Lancelot a dit :

J'ai vu un poster d'une fille qui défendait Montessori une fois à une conf. Ça m'avait marqué parce qu'il y avait des messages en gros autour disant qu'on n'avait pas le droit de le prendre en photo :jesaispo:

 

Des cassos donc.

 

Il y a 2 heures, Largo Winch a dit :

"Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent."

 

Évidemment, c'est faux. Comme on peut le comprendre aisément en consultant le site internet de cette école, dont le fonctionnement repose sur de fortes structures d'autorité et de contrôle.

C'est d'ailleurs assez amusant de constater la place majeure accordée à ces structures sur le site : conseil d'école, conseil de justice, commission d'enquête et d'arbitrage.

 

On comprend assez vite sur quelles logiques repose l'apprentissage : processus de socialisation et apprentissage expérientiel cadrés par une intériorisation de règles démocratiques, la soumission à des organes de contrôle vertical et à un contrôle social de type communautaire.

Bref, c'est bien sûr très innovant en comparaison du fonctionnement de l'EN, mais on est très loin du slogan "les enfants font ce qu’ils veulent". Je ne suis pas étonné que ce Ramin FARHANGI cite en référence "l'entreprise libérée" dans la conférence TEDx, dont la prétendue "libération" repose sur les mêmes subterfuges.

 

Au final, je ne doute pas trop de l'efficacité de ce genre d'école. D'autant plus efficace qu'elle m'a l'air d'avoir pour ambition de former de bons petits soldats de la social-démocratie.

 

Ma compagne à grandit dans un habitat groupé 68ards de la proche banlieue parisienne, elle est allée à l'école du quartier (comprendre en zep) quand la plupart des autres ont fait de l'évitement de carte scolaire, notamment via Montessori le résultat chez ces voisines c'est 3 cassos, sérieusement, et chez une autre qui a retrouvé l'école "normale" à 16 ans c'est une incapacité chronique (non disparue à 35 ans) à s'adapter et à vivre dans un milieu social normal.

 

100% d'échec chez ces 5 gamines que je connais, perso j'y crois pas. C'est encore ma gonz et sa soeur, passées par la ZEP, (mais, faut il le préciser, avec des parents csp++ ultra investis dans leur éducation) qui sont "normales" et pas des social freakshows ambulants.

Lien vers le commentaire

Je vois que ça parle de pédagogie libertaire (ce bel oxymore), je vous invite vivement à lire cette excellente recension par Bernard Appy: http://bernardappy.blogspot.com/2016/04/livre-le-maitre-camarade-et-la.html

 

Le spontanéisme éducatif, c'est comme la planification économique: ça ne marchait pas il y a 100 ans, et la réalité continue de très mal de comporter (vilaine, vilaine nature humaine).

 

On notera au passage que l'ancêtre idéologique de cette engeance est Rousseau (oui, le même qui parlait explicitement de changer la nature humaine par des moyens politiques), qui aura décidément eu faux partout.

Lien vers le commentaire
19 minutes ago, Johnathan R. Razorback said:

Je vois que ça parle de pédagogie libertaire (ce bel oxymore), je vous invite vivement à lire cette excellente recension par Bernard Appy: http://bernardappy.blogspot.com/2016/04/livre-le-maitre-camarade-et-la.html

Quelques extraits, comment fabriquer une dystopie :

Quote

Donc on ne trouvera dans ce livre aucune indication sur une pratique pédagogique quelconque. Tout au plus, nous apprenons que « tout l’enseignement était fondé sur le travail collectif, sur le travail en groupe ; tout effort individuel (recherches particulières, petites conférences, etc.) avait trait à la question qui occupait le groupe entier, était entrepris dans l’intérêt du travail en commun et était jugé de ce point de vue » (p 37).

 

Dans toutes les pédagogies “nouvelles”, l’enseignant ne veut pas assumer la gestion de classe. Il la délègue à une sorte de soviet des élèves appelé Conseil de coopérative ou Assemblée générale. Hambourg ne fait bien sûr pas exception à cette règle : « Les écoliers apprirent ainsi qu’ils ne pouvaient pas compter davantage sur les maîtres que sur eux-mêmes, que les maîtres ne songeaient nullement à imposer l’ordre, mais qu’ils l’attendaient des enfants eux-mêmes. Les élèves n’avaient donc qu’à s’en charger, et ils le firent. Des assemblées générales furent convoquées, où les enfants se reprochèrent mutuellement le désordre et l’anarchie, mais où ils tâchèrent aussi d’y remédier. On se promit de veiller à un meilleur ordre et d’exercer un contrôle mutuel ; dans quelques écoles, on désigna un comité d’élèves qui fut muni de droits policiers et qui fut rendu responsable de la discipline à l’école » (p 34). Dès lors, c’est le soviet des élèves qui s’occupe de la discipline en se transformant en Tribunal du peuple lorsque le besoin s’en fait sentir : « En classe, de même, ce furent les élèves qui se chargèrent d’assurer des conditions favorables au travail. Les travailleurs avaient commencé à se plaindre du dérangement perpétuel de la part des “chahuteurs” et des “flemmards”, ils se mirent à réagir en se battant avec eux et en les éloignant ; ainsi on parvint peu à peu à un certain calme pendant la leçon » (p 34).

 

À quoi pouvait donc servir le maître dans ces conditions ? « De même dans les assemblées générales, les maîtres ne prétendaient à aucun droit exceptionnel pour leur voix et pour leur avis. Ils étaient là, discutaient, émettaient et défendaient leur opinion et se soumettaient aux décisions générales au même titre que n’importe quel élève » (p 40). Avec un bémol toutefois, il fallait que les décisions de l’Assemblée générale n’aillent pas à l’encontre des présupposés pédagogiques des maîtres (par exemple, si l’AG demandait au maître de jouer son vrai rôle !).

 

« Un groupe de maîtres peut se mettre d’accord pour ne faire usage d’aucune contrainte, pour ne jamais recourir à aucune mesure coercitive ; on peut convenir même de vivre avec les écoliers dans une égalité et une intimité de camarades ; mais l’influence personnelle et les rapports vivants dépendent à un tel point des individualités et des impondérables du caractère qu’il faut compter avec des différences considérables dans l’application de ces décisions » (p 41). C’est l’ascendant naturel que prend l’adulte sur l’enfant, même si l’adulte s’en défend. « Bien qu’il fît à tous égards partie de la communauté, le maître n’en était pas membre au même titre que n’importe quel élève. Il restait supérieur aux autres, non en droit, mais en fait » (p 42). L’auteur note également : « Outre la supériorité intellectuelle qui se manifestait évidemment avant tout dans l’enseignement, la vie de la communauté scolaire était fortement imprégnée aussi de la supériorité morale et de l’influence directrice des maîtres » (p 42).

 

Comme les élèves pouvaient faire ce qu’ils voulaient, certains ne venaient plus à l’école. Une fois encore, ce fut le soviet des élèves qui se chargea de remettre un peu d’ordre : « De plus, les élèves luttèrent contre les absences fréquentes qui avaient des répercussions très désagréables sur la classe, car chacun avait sa fonction particulière dans le travail collectif. Ils allèrent s’enquérir personnellement de la raison des absences et solliciter les parents d’envoyer leurs enfants régulièrement à l’école. On vit souvent aussi des grands ramener à l’école, avec plus ou moins de douceur, les amateurs de l’école buissonnière » (p 34-35).

 

Le grand principe de la liberté absolue de l’enfant n’a pas résisté longtemps : « Tout d’abord, peu de temps après l’ouverture des écoles, [les maîtres] durent apprendre qu’on ne peut pas vivre dans une école avec des enfants sans obliger ceux-ci à observer quelques prescriptions et défenses » (p 165). On a assisté très vite au retour du respect des horaires, des récréations communes, des classes, de l’autorité des maîtres, des sanctions (et même des gifles !).

 

les écoles d’essai recevaient fréquemment des enfants qui, en raison de leur médiocrité intellectuelle ou à cause de quelque défaut de caractère, avaient échoué dans les écoles publiques » (p 170) ; « souvent on voit un maître se plaindre que parmi ses écoliers il y aurait des enfants dont la place était dans une classe pour arriérés » (p 170).
 
Laissons le dernier mot à un des maîtres-camarades, Lottig, qui écrivit en 1921 : « Je frémis souvent en pensant à l’époque où il se produira un réveil chez nos élèves et où ils nous feront le reproche : pourquoi ne m’as-tu pas, en son temps, remis quelque chose qui puisse vraiment me servir ? » (p 196).

:icon_surpris:

Lien vers le commentaire

@Lancelot: Le gauchisme pédagogique n'est pas une dystopie, c'est une réalité en devenir. Il y a une longue liste d’idéologues* qui l'ont conçus de manière "pure" et ensuite ces principes pernicieux sont repris à moitié, insidieusement, sous des formes "adoucies", subtiles. ( @poney: on peut d'ailleurs s'interroger sur le rôle exact de Bourdieu, j'ai lu des choses contradictoires pour ma part).

 

*exemples:

 

"Nous sommes en effet partisan d’un contrôle, mais pas d’un contrôle jaloux et soupçonneux, en vue d’abord d’un classement plus ou moins arbitraire. Ce contrôle-là n’est recherché que par les forts en thème, les premiers de la classe qui tirent orgueil de leurs succès, tandis que les moyens et les faibles sont de plus en plus dominés par cette tyrannie de la note qui les rejette dans un dangereux sentiment d’infériorité." -Célestin Freinet, Pour une école du peuple, 1969.

 

"Nous devons d'abord débarrasser le champ du discours de préjugés concernant l'éducation et, par conséquent, rayer de la carte des notions telles qu'examens, diplômes, divisions entre les enfants, division entre écoles primaires et secondaires, ségrégation effectuée en fonction de l'âge et du sexe, durée des études déterminées par des examens, thèses ou compositions qui sont des rites crétins de passage amenant le candidat de limbes absurdes à d'autres limbes auxquels il est censé croire, etc." (David Cooper, Mort de la famille, Éditions du Seuil, 1972 (1971 pour la première édition anglaise), 156 pages, p.66)

 

"Il faut renverser la logique du système explicateur. L’explication n’est pas nécessaire pour remédier à une incapacité à comprendre. C’est au contraire cette incapacité qui est la fiction structurante de la conception explicatrice du monde. C’est l’explicateur qui a besoin de l’incapable et non l’inverse, c’est lui
qui constitue l’incapable comme tel. Expliquer quelque chose à quelqu’un, c’est d’abord lui démontrer qu’il ne peut pas le comprendre par lui-même. Avant d’être l’acte du pédagogue, l’explication est le mythe de la pédagogie, la parabole d’un monde divisé en esprits savants et esprits ignorants, esprits mûrs et immatures, capables et incapables, intelligents et bêtes. Le tour propre à l’explicateur consiste en ce double geste inaugural. D’une part, il décrète le commencement absolu : c’est maintenant seulement que va commencer l’acte d’apprendre. D’autre part, sur toutes les choses à apprendre, il jette ce voile de l’ignorance qu’il se charge lui-même de lever. Jusqu’à lui, le petit homme a tâtonné à l’aveuglette, à la devinette. Il va apprendre maintenant. Il entendait des mots et les répétait. Il s’agit de lire maintenant et il n’entendra pas les mots s’il n’entend les syllabes, les syllabes s’il n’entend les lettres que ni le livre ni ses parents ne sauraient lui faire entendre mais seulement la parole du maître. Le mythe pédagogique, disions-nous, divise le monde en deux. [...] L’enfant qui ânonne sous la menace des coups obéit à la férule, et voilà tout : il appliquera son intelligence à autre chose. Mais le petit expliqué, lui, investira son intelligence dans ce travail du deuil : comprendre, c’est-à-dire comprendre qu’il ne comprend pas si on ne lui explique pas. Ce n’est plus à la férule qu’il se soumet, c’est à la hiérarchie du monde des intelligences
." (p.5-6)


"Le problème n’est pas de faire des savants. Il est de relever ceux qui se croient inférieurs en intelligence, de les sortir du marais où ils croupissent : non pas celui de l’ignorance, mais celui du mépris de soi, du mépris en soi de la créature raisonnable." (p.64)

-Jacques Rancière, Le maître ignorant - cinq leçons sur l’émancipation intellectuelle, 1987.

Lien vers le commentaire

Je ne peux pas résister à une citation de plus du bouquin de Freinet: "Chaque fois que l’élève a fait de son mieux, il mériterait la note maximum, quel que soit le résultat."

 

L'efficacité c'est fascisme apparemment.

Pas étonnant que ce soit les mêmes gauchistes qui vilipendent le "productivisme" et le souci de rentabilité économique. Comme me disait un type de gauche, les services publics n'ont pas à être rentables. Quelle horreur.

 

Edit: @poney: je ne sais, certains lui en veulent visiblement, par. ex. Michel Rendu: "Le Bourdieu qui est visé ici est le sociologue de droit bourdivin qui, s’appuyant sur ses analyses de l’héritage socio-culturel, de la distinction sociale et de la reproduction des élites, assigna comme mission à l’école de remettre à zéro en permanence les compteurs de la différenciation sociale. La pensée de P. Bourdieu, bien qu’elle se contente le plus souvent d’écraser les mouches du simple constat empirique avec le marteau pilon d’un attirail conceptuel approximatif et superfétatoire, a exercé un pouvoir de séduction voire d’enrégimentement sur les petits-maîtres qui y trouvaient ce qu’ils cherchaient : un corps de doctrine susceptible de semer la terreur dans les esprits et d’imposer le silence aux contradicteurs. Les sectateurs de Bourdieu réussirent en somme là où les maoïstes de 1968 avaient échoué." (cf: http://www.sauv.net/muglioni.htm#1 ).

Lien vers le commentaire

En Suisse, Montessori est très développé  pour le niveau maternelle. Les enfants d'expats riches y vont, comme en France les écoles de luxe Montessori qui accueillent des  (enfants des patrons du CAC40 (source: mon enseignante de compagne qui a exercé ici et là bas) . Dans ces écoles la liberté réside seulement dans le rythme d'apprentissage individualisé : certains enfants sont aptes à lire à 3 ans quand d'autres doivent attendre 5 ans. Il n'y aucun miracle : c'est simplement du travail varié et répété, qui a d'ailleurs fait le succès de Singapore.

Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...