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Données personnelles, CNIL et autres APD


Messages recommandés

Y a pas de contrat implicite.

 

Ça s'appelle comment, du coup ? Parce que partir de la position qu'un "contrat implicite" n'existe pas, ça pourrait très vite mener à dire que le consentement implicite n'existe pas, et on est à deux pas des formulaires de consentement à la SJW. C'est un peu la pente glissante, donc pas rigoureux comme argumentaire, mais ce fût la première association qui m'est venue à l'esprit (surtout comme on parlait du revenge porn un peu plus haut).

 

Ca me rappelle ce gars qui avait mis dans les conditions d'utilisation de son logiciel:

 

"Vous me vendez votre âme en utilisant ce logiciel. Si vous refusez, dites le moi et nous vous rembourserons de 10$"

 

Personne ne lui a demandé de rembourser.

 

C'est toujours en vigueur ? Ça pourrait me faire 10 $ gratuits, vu que de toute façon mon âme n'a pas de statut juridique...

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Il n'y a pas de consentement implicite mais des actions que la coutume reconnaît comme véhiculant explicitement certaines informations. Comme une poignée de main par exemple.

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Visiblement, un droit n'existe qu'en fonction de qui le viole.

Un peu comme le racisme à la SJW. Cela dépend de qui commet l'acte : si c'est un blanc, c'est raciste. Sinon, ça ne l'est pas.

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T'es une star. Tu pars bronzer dans ton jardin en moule-bite parce que tu veux bronzer partout. Je suis un photographe, j'utilise un drone et je mitraille 24h/24 ta baraque pour pouvoir vendre ton image.

Quel droit ai-je violé? Je ne survole en aucun cas ta propriété. T'avais qu'à mettre des rideaux. Et à ne pas sortir dans ton jardin.

Exactement. Tu as compris.

Bah on pourrait défendre que ça constitue un abus de droit.

 

Ça s'appelle comment, du coup ? Parce que partir de la position qu'un "contrat implicite" n'existe pas, ça pourrait très vite mener à dire que le consentement implicite n'existe pas, et on est à deux pas des formulaires de consentement à la SJW. C'est un peu la pente glissante, donc pas rigoureux comme argumentaire, mais ce fût la première association qui m'est venue à l'esprit (surtout comme on parlait du revenge porn un peu plus haut).

Coutume je dirais. Une norme tellement répandue que tout le monde est supposé la connaître et la respecter. Par exemple on ne signe pas un contrat qui dit qu'on accepte de payer quand on entre dans une grande surface, on est supposé comprendre comment ça fonctionne.
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Ben rien, sinon faudrait interdire la concurrence.

 

Je ne vois pas en quoi cela revient à interdire la concurrence.

 

Ah le probleme c'est quand ce sont les entreprises.

 

Non, pas que.

 

Yup.

Et si tu veux bronzer tranquille tu loues un bateau et prend la mer. Ou tu pars en vacances à l'autre bout de la planète. Ou tu bronzes sous une pergola. Ou tu mets autre chose qu'un moule-bite (non, dans tous les cas tu mets autre chose qu'un moule-bite).

Si tu acceptes d'être une star tu prends la notoriété au complet, avantages et inconvénients. Tu ne vas pas gueuler auprès de l'Etat parce que la reconnaissance qui te fourniT l'accès aux clubs selects te fait te retrouver en couverture de Voici.

Et quand bien même, qu'est-ce qu'on s'en branle de te voir en moule-bite.

 

Et tu es aussi en droit que l'on te foute la paix quand tu es chez toi. Bon sang je suis entrain de défendre le droit à vivre en paix chez soi sur une forum libéral. Je ne vois pas en quoi le fait d'être célèbre donne le droit à n'importe quel trou duq avec une pseudo carte de presse d'aller violer mon intimité pour faire vendre du papier glacé!

 

Le pouvoir de nuisance des emmerdeurs il est du côté des cnileux, de la commission européenne, des rédacteurs de conditions générales d'utilisation, des politiciens à l'appétence gargantuesque pour les législations absconses...

L'avantage d'y mettre fin serait un meilleur ciblage des publicités pour que l'on me propose des produits qui m'intéressent, une meilleure adaptation de l'offre à la demande qui me permettrait d'avoir des produits moins chers qui répondraient davantage à mes besoins...

 

L'hypothèse qu'une diffusion large de données puisse être utilisées à des fin malfaisante et contre ton intérêt ne t’effleure même pas? A ce compte là, si Internet est la rue, pourquoi diable mettre des vitres fumées à sa voiture ou fermer à clef son appartement.

 

Y a pas de contrat implicite.

 

Si, cela s'appelle des contrats informels: exemple quand tu fais signe à un taxi. Cause pas de droit, tu ne sais pas de quoi tu parles.

  • Yea 1
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Je ne vois pas en quoi cela revient à interdire la concurrence.

La concurrence nuit à des gens. Et pourtant, c'est légal.

Et tu es aussi en droit que l'on te foute la paix quand tu es chez toi. Bon sang je suis entrain de défendre le droit à vivre en paix chez soi sur une forum libéral. Je ne vois pas en quoi le fait d'être célèbre donne le droit à n'importe quel trou duq avec une pseudo carte de presse d'aller violer mon intimité pour faire vendre du papier glacé!

Tu ne peux pas réclamer qu'on te foute la paix quand tu hurles à tue-tête.

L'hypothèse qu'une diffusion large de données puisse être utilisées à des fin malfaisante et contre ton intérêt ne t’effleure même pas?

Il ne suffit pas de vouloir nuire, il faut que ca résulte d'une faute. En règle générale, utiliser des informations n'est pas une faute.

Et de manière générale, on évite de faire des lois en s'imaginant le pire de ce qui pourrait arriver. Bad cases make bad laws.

A ce compte là, si Internet est la rue, pourquoi diable mettre des vitres fumées à sa voiture ou fermer à clef son appartement.

Parce qu'il vaut mieux prévenir que guérir.

Si, cela s'appelle des contrats informels: exemple quand tu fais signe à un taxi. Cause pas de droit, tu ne sais pas de quoi tu parles.

Implicite =/= informel. On n'apprend plus le français en fac de droit ?

Le geste de hêler est très explicite, de même que la petite lumière verte sur le taxi.

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La concurrence nuit à des gens. Et pourtant, c'est légal.

 

Pas d'accord, cela dépend des cas et surtout, la protection de la vie privée et des données personnelles n'a rien à voir avec la concurrence. Cette dernière se déroule entre les entreprises, pas entre les entreprises d'un côté et les individus de l'autre.

 

 

Tu ne peux pas réclamer qu'on te foute la paix quand tu hurles à tue-tête.

 

Tu confonds la célébrité qui est un état avec l'action des individus. Si qq un vole des photos de l'intimité de Kevin Spacey, connu pour sa très grande discrétion, alors ce type doit être condamné pour atteinte à la vie privée. Si le même fait la même chose avec une Kardashian cela se discute.

 

 

Il ne suffit pas de vouloir nuire, il faut que ca résulte d'une faute. En règle générale, utiliser des informations n'est pas une faute.

Et de manière générale, on évite de faire des lois en s'imaginant le pire de ce qui pourrait arriver. Bad cases make bad laws.

 

Il est tout à fait possible de voir sa responsabilité engagée sans pour autant qu'il y ait faute. Cela s'appelle la responsabilité sans faute. Ex: tu laisses ton immeuble se ruiner, un passant est blessé par une chute, tu es responsable du dommage quand bien même cela n'est pas une faute que de ne pas entretenir son bien.

 

 

Implicite =/= informel. On n'apprend plus le français en fac de droit ?

Le geste de hêler est très explicite, de même que la petite lumière verte sur le taxi.

 

Effectivement, implicite renvoi au quesi contrat type la gestion d'affaires.

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Pas d'accord, cela dépend des cas et surtout, la protection de la vie privée et des données personnelles n'a rien à voir avec la concurrence. Cette dernière se déroule entre les entreprises, pas entre les entreprises d'un côté et les individus de l'autre.

Donc le probleme c'est les entreprises.

Et bien sûr qu'il y a concurrence entre les individus et les entreprises. On ne devient pas un surhomme Nietzschéen parce qu'en plus d'être un individu, on devient une entreprise unipersonnelle.

Tu confonds la célébrité qui est un état avec l'action des individus. Si qq un vole des photos de l'intimité de Kevin Spacey, connu pour sa très grande discrétion, alors ce type doit être condamné pour atteinte à la vie privée. Si le même fait la même chose avec une Kardashian cela se discute.

Je ne pense pas que voler soit le terme approprié.

Mais il n'y a pas d'explication justifiant le droit à la vie privée.

Ma position, c'est que les listes de droits faites comme les listes de courses qu'on retrouve dans les documents de type DDHC et Bill of Right ne servent pas aux relations privées mais aux relations entre les personnes et l'Etat pour contenir sa folie de tout contrôler. Et c'est historiquement comme ça que cela a été pensé.

Quand tu es agressé parce que tu es d'une certaine religion ce n'est pas une atteinte à la liberté de religion, c'est une agression. C'est quand l'Etat légifère pour agresser des croyants que la liberté de religion peut être invoquée. Et c'est bien pour ca qu'on trouve ces textes dans les constitutions parce que le rôle d'une constitution est précisément de poser les limites de l'Etat et non de régler les conflits privés. Ca c'est le rôle du code civil (et idéalement, ce serait aussi celui du code pénal).

Je me demande d'ailleurs quand le glissement a commencé à opérer. On voit bien que ca crée plus de problèmes qu'autre chose, cf le débat actuel sur la liberté de religion dans l'entreprise. Ou tout ceux qui veulent faire de la liberté d'expression un droit opposable aux autres. Ou ceux qui se servent de la liberté de conscience pour un droit opposable à l'émancipation intellectuelle.

Il est tout à fait possible de voir sa responsabilité engagée sans pour autant qu'il y ait faute. Cela s'appelle la responsabilité sans faute. Ex: tu laisses ton immeuble se ruiner, un passant est blessé par une chute, tu es responsable du dommage quand bien même cela n'est pas une faute que de ne pas entretenir son bien.

La négligence peut être une faute.

Il me semble qu'il n'y a que l'administration qui est soumise à des cas de responsabilité sans faute.

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Tu confonds la célébrité qui est un état avec l'action des individus. Si qq un vole des photos de l'intimité de Kevin Spacey, connu pour sa très grande discrétion, alors ce type doit être condamné pour atteinte à la vie privée. Si le même fait la même chose avec une Kardashian cela se discute.

Making my point. Si tu es célèbre et que tu cherches la tranquillité il existe mille et uns moyens d'y parvenir. Mais évidemment c'est plus compliqué que pour le pekin moyen.

Il est tout à fait possible de voir sa responsabilité engagée sans pour autant qu'il y ait faute. Cela s'appelle la responsabilité sans faute. Ex: tu laisses ton immeuble se ruiner, un passant est blessé par une chute, tu es responsable du dommage quand bien même cela n'est pas une faute que de ne pas entretenir son bien.

Euh ce n'est que pour l'administration ça, Carmes et Couitéas. Non?
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Donc le probleme c'est les entreprises.

Et bien sûr qu'il y a concurrence entre les individus et les entreprises. On ne devient pas un surhomme Nietzschéen parce qu'en plus d'être un individu, on devient une entreprise unipersonnelle.

 

Cf ce que je dis ci-dessous.

 

 

Je ne pense pas que voler soit le terme approprié.

Mais il n'y a pas d'explication justifiant le droit à la vie privée.

Ma position, c'est que les listes de droits faites comme les listes de courses qu'on retrouve dans les documents de type DDHC et Bill of Right ne servent pas aux relations privées mais aux relations entre les personnes et l'Etat pour contenir sa folie de tout contrôler. Et c'est historiquement comme ça que cela a été pensé.

Quand tu es agressé parce que tu es d'une certaine religion ce n'est pas une atteinte à la liberté de religion, c'est une agression. C'est quand l'Etat légifère pour agresser des croyants que la liberté de religion peut être invoquée. Et c'est bien pour ca qu'on trouve ces textes dans les constitutions parce que le rôle d'une constitution est précisément de poser les limites de l'Etat et non de régler les conflits privés. Ca c'est le rôle du code civil (et idéalement, ce serait aussi celui du code pénal).

Je me demande d'ailleurs quand le glissement a commencé à opérer. On voit bien que ca crée plus de problèmes qu'autre chose, cf le débat actuel sur la liberté de religion dans l'entreprise. Ou tout ceux qui veulent faire de la liberté d'expression un droit opposable aux autres. Ou ceux qui se servent de la liberté de conscience pour un droit opposable à l'émancipation intellectuelle.

 

Je suis d'accord pour dire que la vie privée ne relève pas de textes type DDHC, ce que je défend c'est le fait que la vie privé s'applique tant vis à vis de l'État que des personnes privées.

 

Making my point. Si tu es célèbre et que tu cherches la tranquillité il existe mille et uns moyens d'y parvenir. Mais évidemment c'est plus compliqué que pour le pekin moyen.

 

Non, je contredisais notre troll préféré qui affirmait que si l'on été célèbre l'on n'a pas de vie privée.

 

 

Euh ce n'est que pour l'administration ça, Carmes et Couitéas. Non?

 

Cela vaut aussi dans certain cas pour les personnes privées (animal, enfant, bâtiment).

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C'est la responsabilité du fait des choses.

J'ai vraiment pas l'impression que le droit à la vie privée soit coutumier mais plutot qu'il est le résultat d'une legislation extensive dérivée d'un droit arraché à l'Etat.

D'ailleurs :

La Déclaration universelle de 1948 énonce les droits de l'individu et, parmi ceux-ci, le droit à la protection de la vie privée que répète le droit français. La principale disposition relative à la vie privée en en droit civil français est l'article 9 du Code civil français, issu de la loi du 17 juillet 1970 : « Chacun a droit au respect de sa vie privée ».

Et ce n'est pas moi qui ai amené des cas extrêmes sur la table pour défendre ou illustrer ma position.

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Il n'y a pas de consentement implicite mais des actions que la coutume reconnaît comme véhiculant explicitement certaines informations. Comme une poignée de main par exemple.

Coutume je dirais. Une norme tellement répandue que tout le monde est supposé la connaître et la respecter. Par exemple on ne signe pas un contrat qui dit qu'on accepte de payer quand on entre dans une grande surface, on est supposé comprendre comment ça fonctionne.

Je vois. Tiens, ça me semble avoir du potentiel de créer un joli mindfuck chez les SJW, au passage. Parce que d'un côté, ils prônent l'amélioration ou l'avancement des coutumes, mais de l'autre, ils nient parfois leur pertinence...

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C'est marrant ce dessin me rappelle une expérience vécue. Une après midi, un gamin jouait sur la bâche tendue d'une piscine creusée, j'ai dis à son père que c'était super dangereux, il m'a répondu : "Aucun risque, j'ai du la mettre car c'est obligatoire, elle est aux normes pour résister au poids d'un enfant qui tomberait".

 

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  Toute cette discussion me fait penser qu'un point fondamental peu souvent abordé est le changement de nature introduit par l'automatisation.

 

  Je m'explique : se faire prendre la main dans le panier alors qu'on se promène dans la rue avec sa maîtresse était un risque relativement aléatoire dans le passé. Le fait de passer à un état où toutes les rues sont filmées (Spéciale dédicace au maire de Nice pour l'efficacité concrète de la vidéosurveillance), où on peut corréler la présence de x téléphones portables dans un même lieu etc. fait changer la nature de la perte d'intimité. C'est ce qui se passe avec l'automatisation du traitement des données à caractère "privé". On passe d'un monde où le "pas de bol" est remplacé par la certitude que l'information est collectée et utilisable par des tiers. Bref on vit dans le monde du "Procès" de Kafka en permanence jugé par on ne sait qui pour on ne sait quelles raisons. En plus il faut ajouter à ces difficultés le fait que l'information (ironiquement du fait de considérations technologiques) a presqu'atteint  un statut indépendant du monde matériel (donc toutes les philosophies sur la propriété ne s'appliquent pas).

 

  Au final toutes les législations type cnil etc. sont le manger/bouger pas trop gras pas trop sucré du respect de la vie  privée : un pansement sur une jambe de bois largement irrelevante (qui se souvient du nombre de comdamnation par Hadopi qui par définition montre que l'état s'en fout de votre vie privée vu qu'il peut lire toutes vos communications internet ?).

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  • 1 month later...
  • 3 weeks later...

Le Monde.fr - La CNIL met en demeure l’application de rumeurs Gossip de se conformer à la loi

L’application, qui avait inquiété à son lancement l’éducation nationale, ne respecte pas les lois relatives au respect de la vie privée et des libertés individuelles, estime la CNIL.

http://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/10/14/la-cnil-met-en-demeure-l-application-de-rumeurs-gossip-de-se-conformer-a-la-loi_5013951_4408996.html

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  Toute cette discussion me fait penser qu'un point fondamental peu souvent abordé est le changement de nature introduit par l'automatisation.

 

  Je m'explique : se faire prendre la main dans le panier alors qu'on se promène dans la rue avec sa maîtresse était un risque relativement aléatoire dans le passé. Le fait de passer à un état où toutes les rues sont filmées (Spéciale dédicace au maire de Nice pour l'efficacité concrète de la vidéosurveillance), où on peut corréler la présence de x téléphones portables dans un même lieu etc. fait changer la nature de la perte d'intimité. C'est ce qui se passe avec l'automatisation du traitement des données à caractère "privé". On passe d'un monde où le "pas de bol" est remplacé par la certitude que l'information est collectée et utilisable par des tiers. Bref on vit dans le monde du "Procès" de Kafka en permanence jugé par on ne sait qui pour on ne sait quelles raisons. En plus il faut ajouter à ces difficultés le fait que l'information (ironiquement du fait de considérations technologiques) a presqu'atteint  un statut indépendant du monde matériel (donc toutes les philosophies sur la propriété ne s'appliquent pas).

 

  Au final toutes les législations type cnil etc. sont le manger/bouger pas trop gras pas trop sucré du respect de la vie  privée : un pansement sur une jambe de bois largement irrelevante (qui se souvient du nombre de comdamnation par Hadopi qui par définition montre que l'état s'en fout de votre vie privée vu qu'il peut lire toutes vos communications internet ?).

 

Comme le sujet remonte, j'en profite pour rebondir : j'ai l'impression que le sujet n'a été abordé que de manière extrêmement superficielle, ce qui n'est pas vraiment le genre de la maison... Peut-être parce qu'il est relativement technique. Faisons une petite introduction, qui a peut-être déjà été faite ici dans le passé mais qu'il est toujours bon de rappeler.

 

D'abord, qu'est-ce que la collecte d'information dans le monde numérique (et pas seulement sur internet)? Ce sont des bases de données générées par l'usage de service par des gens : sites web, réseaux sociaux, plateformes de e-commerce, carte SIM de téléphone portable, carte de transports en commun RFID, voire même reconnaissance faciale automatisée sur des caméras, que ce soit de surveillance ou autre, ou bien sûr les "services" de l'état : impots, sécu, carte d'identité, casier judiciaire, et fichier S (oui c'est du troll, mais il y a un fond de vérité).

 

La majorité des données se retrouvent dans les mains de sociétés privées. Pas mal de personnes ici semblent crier victoire parce que say privé donc say bien, mais en fait, qu'est-ce qu'elles en font?

On distingue deux types d'utilisation de ces bases de données, les analyses statistiques (anonymes*) et les regroupements (nominatifs) à des fins de personnalisation, recommandation, publicité.

 

Les analyses statistiques, anonymes, ne posent aucun problème d'atteinte à la vie privée, car on ne PEUT PAS savoir qui fait quoi. Elle permet notamment l'amélioration de sites (avec par exemple la technique de l'"A-B testing", où pour simplifier la moitié des visiteurs d'un site va voir une version A d'un contenu, l'autre moitié la version B, et à la fin de la journée on regarde laquelle des deux a le mieux marché) ou de réseaux (telco qui va savoir que telle borne est saturée), ou même Google qui peut prédire une épidémie de grippe avant quiconque au monde grâce aux recherches des utilisateurs, mais ce ne sont que des exemples tant les usages sont nombreux.

 

Plus intéressant, les regroupements, nominatifs, permettent eux de savoir quelque chose sur moi (Amazon pourrait dire "cedric.og s’intéresse à la photo car il regarde beaucoup d'objets liés au sujet"). Rien de bien méchant. Et puis quand on se met à acheter beaucoup sur Amazon, la plateforme commence à nous cibler un peu mieux ("cedric.og doit être dans la tranche 18-35 ans, habite en région parisienne, dans telle catégorie de population, se déplace en voiture, est un homme hétérosexuel, aime faire la cuisine et adore le scrabble"). Vous me direz "osef, ça me permet d'avoir de meilleurs recommandations". Et c'est tout à fait vrai.

 

La où ça commence à être flippant, c'est quand on croise les bases de données. C'est interdit dans certains domaines dans certains pays (ou a cité l'exemple de la banque en France), mais pas partout. Quand Google croise les données de mes mails avec les données de mes recherches et mes données de géolocalisation, il commence à en savoir beaucoup sur moi. Il n'en fera rien de mauvais : ce n'est pas son intérêt, son seul intérêt est de me rendre mieux service (Google Now) pour me garder chez lui et de mieux vendre mon profil aux annonceurs. C'est de bonne guerre tant qu'on le sait, le soucis c'est que peu de personnes le savent. Pourtant les libéraux sont peut-être les mieux à même de comprendre le concept, car c'est Friedman qui l'a énoncé dans son sage slogan "There ain't no such thing as a free lunch". C'est déjà en soit un problème : il faut plus de transparence pour que les gens prennent conscience de l'utilisation détournée de ces données.

 

Mais d'autres acteurs peuvent avoir des intérêts plus troubles.

Il s'agit évidemment de hackers qui vont au choix lâcher des infos personnelles me concernant que je croyais privées car sur un "cloud sécurisé" (Jennifer Lawrence s'en souvient encore, elle ne mettra plus de photos de cul sur son backup d'iPhone sur iCould), usurpation d'identité, piratage de cartes bleues, etc.

Plus probablement, il peut s'agir d'entités puissantes, typiquement un état, mais aussi pourquoi pas des individus bien placés dans des multinationales. Si cette entité se met à croiser beaucoup de bases, elle va en savoir presque plus sur moi même que n'importe qui sur cette planète. Croisez les données des plus grands sites web (facebook, google, amazon, L'Immonde.fr), de votre téléphone aussi bien côté telco que côté appareil, de tous vos mails, de vos cartes de transport, de votre accès internet, de votre carte de supermarché, de votre compte en banque et carte bleue, etc, il va tout savoir de vous. Et peut par exemple créer des graphes regroupant des catégories de personnes. Un gouvernement un peu hostile pourrait très bien créer un groupe avec tous les gêneurs libéraux français (à la louche car les libéraux français achètent plus telle catégorie de produit, vont plus à tel endroit et fréquentent plus telle catégorie de personnes, d'où le nombre incalculable de faux positifs dont on entend régulièrement parler car ce n'est que statistique), et les faire surveiller... Ou bien pire. Oui, c'est de la paranoïa. Oui, c'est possible. Et oui, ça a été fait et démontré aux Etats-Unis. Un autre exemple pourrait être "trouve moi quelque chose de compromettant sur mon opposant politique". Sachant qu'aujourd'hui tout est numérique et centralisé, c'est assez facile : tout le monde a quelque chose à se reprocher.

 

 

 

Voila, après avoir posé ça, on peut commencer à discuter : est-ce un vrai sujet? Sûrement, et c'est un sujet qui n'existait pas auparavant : personne n'a jamais connu autant de choses sur la population qu'aujourd'hui. Faut-il faire quelque chose? Sûrement. Est-ce que ça doit être public? La, on commence à rentrer dans les préférences politiques et idéologiques qui nous concernent.

Au final, avoir un garant, neutre, pourquoi pas public mais pas que, qui peut simplement forcer les protagonistes à une transparence ET à une prise de conscience du public n'est peut-être pas si idiot que cela. Mais la question des données personnelles aux mains d'entreprises privées n'est clairement pas si bénigne que certains ici le prétendent. Et les solutions à ces problèmes sont tout sauf simples.

Sur un autre point : en quoi un état qui veut se débarrasser d'un opposant politique est-il différent d'une multinationale qui veut déstabiliser un concurrent en fouillant la merde? Une réponse libérale serait de dire qu'il n'y a rien d'illégal, certes. Mais dans ce cas cela passe par une éducation de la population à ces risques, et les potentielles solutions : limitation de la création des données (illusoires à long terme), décentralisation des plateformes (car s'il est facile pour un état de mettre en place un aspirateur Facebook, il le serait beaucoup moins si chacun avait un serveur chez lui avec une partie de Facebook avec toutes ses données).

 

Et pour finir, le point Godwin le plus facile de l'histoire : Hitler n'avait probablement pas même rêvé d'avoir des outils de renseignement aussi puissants que ceux dont on dispose aujourd'hui.

 

Voila pour la petite mise en bouche. Bonne nuit.

 

 

* Mais tout n'est pas si simple dans les données "anonymes" : si un site, qui ne connait pas mon nom, stocke tout l'historique de ce que j'ai fait chez eux en me donnant un simple numéro, il peut en fait être facile si les données sont de bonne qualité de croiser avec une autre base, qui elle connait mon nom, pour retrouver mes données. N'est anonyme qu'une donnée remontée sans aucun identifiant. Une IP est un identifiant. Au final, même s'il n'est pas stocké ou utilisé dans la base, c'est potentiellement faisable, et qui nous dit que ce n'est pas fait, à part un audit régulier par un tiers de confiance, chose quasi impossible étant donnée la complexité des systèmes d'information d'aujourd'hui?

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Le Monde.fr - CDiscount mis en demeure par la CNIL

Le gendarme de la vie privée a constaté de nombreux manquements graves dans la manière dont l’entreprise stocke les données de ses clients.

http://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/10/19/cdiscount-mis-en-demeure-par-la-cnil_5016545_4408996.html

Apparemment c'est interdit de flagger ses clients comme racistes.

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  • 4 weeks later...

Le Monde.fr - Identité : quand Bernard Cazeneuve gonfle la fraude pour justifier son mégafichier

Devant les députés, mardi, le ministre de l’intérieur a assuré que « 800 000 Français voient chaque année leur titre d’identité volé ou transformé frauduleusement ». Faux.

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/11/16/identite-quand-bernard-cazeneuve-gonfle-la-fraude-pour-justifier-son-megafichier_5031757_4355770.html

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Le Monde.fr - La CNIL enquête sur Knockin, l’application des militants sarkozystes

La CNIL a ouvert une enquête pour déterminer si les personnes géolocalisées par l’application Knockin avaient consenti à partager leurs données.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/11/17/la-cnil-enquete-sur-knockin-l-application-des-militants-sarkozystes_5032818_823448.html

Ils pourraient pas faire une descente à la DGSI plutôt. Là ca défendrait les libertés.

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  Faire un fichier biométrique pour tous les français est le dual mathématiques de la technique d'identification utilisée dans les camps de concentration : dans ces derniers on gravait un chiffre dans la peau. La base de données biométriques c'est mettre la peau dans les chiffres.

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  • 1 month later...

 

La Commission européenne mettra-t-elle sens dessus dessous le petit monde de la publicité en ligne ? L’institution communautaire a présenté, mardi 10 janvier, une nouvelle proposition de règlement sur « la vie privée et les communications électroniques ». Parmi les nouvelles mesures, celle qui consiste à rendre obligatoire le consentement préalable des citoyens à l’installation de « cookies tiers » suscite l’ire des professionnels.[..}

Ils permettent ainsi de suivre un internaute, où qu’il soit et quel que soit son appareil (tablette, smartphone, PC). Pour Bruxelles, les internautes doivent pouvoir les accepter, ou au contraire les rejeter une bonne fois pour toutes, sans avoir à réitérer leur refus à chaque arrivée sur un site (comme c’est le cas actuellement). Cette demande de consentement devrait apparaître à l’ouverture du navigateur Internet, ou lorsque l’internaute change de navigateur[..}

Pas question pour autant, précise-t-on à Bruxelles, d’interdire la publicité en ligne. Il s’agit simplement d’éclairer les choix des particuliers. « Notre principe, c’est le consentement des utilisateurs », précise le vice-président de la Commission chargé du numérique, l’Estonien Andrus Ansip, qui espère une entrée en vigueur du règlement en mai 2018.

http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/01/11/bruxelles-veut-mieux-encadrer-l-usage-des-cookies-publicitaires_5060765_4408996.html

 

Inutile ..

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  • 2 months later...

C'est bien, il se bat contre quelque chose qui - de son propre aveux - ne change absolument rien à sa vie et ne lui fait pas de mal. Pendant ce temps là, silence complet sur le gouvernement qui espionne tout le monde dans le but avoué de leur nuire. Chacun ses priorités.

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Cette légistlation est une connerie sans non. Les citoyens américains payent, cher, leur accès internet et les FAI vont en plus pouvoir revendre leurs données personnelles. Désolé mais je trouve cela scandaleux. Autant tu peux arrêter FB, autant comment fais-tu pour te passer de FAI?

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