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Enquête sur l'entendement liborgien


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5 hours ago, Johnathan R. Razorback said:

 

Exactement, je ne comprends pas pourquoi Descartes ne s'appuie pas sur la dimension sociale et intersubjective du langage pour réfuter le solipsisme (même Deleuze y arrive, ce n'est pas quelque chose de difficile).

 

Ou plutôt, je comprends que ça lui aurait permit de faire l'économie de la médiation de Dieu et des idées innées (Méditations III et IV) pour passer du cogito à la certitude du monde extérieur. Économie qu'il ne voulait ni ne pouvait vraisemblablement faire dans les conditions de son époque. C'est bien dommage...

 

4 hours ago, Troy89 said:

Je ne vois pas pourquoi le langage des autres résisterait au doute hyperbolique. Dans la perspective du doute hyperbolique, le langage réclame moins d'autres sujets que des objets parlants (des machines parlantes par exemple) : ceci suffit pour douter. Ça pose d'autres problèmes pour le cogito cela dit (comment dire "je pense, je suis", si même le langage est douteux).

 

Pour moi aussi ça ne marche plus aussi facilement

 

Si un tierce personne vient me voir pour défendre un point de vue solipsiste, je lui réponds que l'utilisation même du langage de sa part est un vol de concept.

Ok, j'ai gagné.

Mais si tout d'un coup je me demande tout seul si le monde n'est pas habité de robots et que je suis peut-être le seul à avoir conscience de ma propre existence,

alors là le fait que les autres "parlent" ne va pas me rassurer.

 

Mais si l'argument est que l'apparition même du langage nécessite l'existence de plusieurs sujets, ça peut se tenir

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7 minutes ago, Johnnieboy said:


90 euros sur amazon, cet essai :(

 

o_O

 

A mon avis, à lire en VO. 

 

Sinon pour intro, il y a ça (qui n'est pas trop mal)

 

https://www.amazon.fr/monde-selon-John-Searle/dp/2204078549/ref=sr_1_fkmr0_1?ie=UTF8&qid=1491402646&sr=8-1-fkmr0&keywords=le+monde+selon+J+Searle

 

(mais... c'est cher :/)

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il y a 52 minutes, Solomos a dit :

si l'argument est que l'apparition même du langage nécessite l'existence de plusieurs sujets, ça peut se tenir

 

Il se pourrait même que l'intersubjectivité soit condition tant du langage que de la vie humaine (au moins à une certaine phase de son développement).

 

[Attention: la fiabilité historique et scientifique de l'anecdote suivante est incertaine]

 

"Au XIIIème siècle, l'empereur Frédéric II voulut faire une expérience pour savoir quelle était la langue "naturelle" de l'être humain. Il installa six bébés dans une pouponnière et ordonna à leurs nourrices de les alimenter, de les endormir, de les baigner, mais surtout... de ne jamais leur parler. Frédéric II espérait ainsi découvrir quelle serait la langue que ces bébés sans influence extérieure choisiraient naturellement. Il pensait que ce serait le grec ou le latin, seules langues originelles pures à ses yeux. Cependant l'expérience ne donna pas le résultat escompté. Non seulement aucun bébé ne se mit à parler un quelconque langage mais tous les six dépérirent et finirent par mourir.

Les bébés ont besoin de communication pour survivre. Le lait et le sommeil ne suffisent pas. La communication est aussi un élément indispensable à la vie."

-Bernard Werber, L'Encyclopédie du savoir relatif et absolu, Éditions Albin Michel, 2000, 270 pages, p.207-208.

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22 hours ago, Johnnieboy said:

Peux-tu nous en dire plus sur Searle et cet essai, stp ?

Du coup vu qu'on a un thread dédié je vais faire une tentative, mais malgré le nombre de pages plutôt modeste et la forme sans prétention c'est un bouquin très dense et qui touche à beaucoup de sujets donc difficile à résumer rapidement (surtout que ça fait un bail que je l'ai lu, à l'époque je ne lisais pas l'anglais et il n'était pas hors de prix).

Donc Searle commence par une analyse sur le langage et fait une typologie des différentes sortes d'énoncés en fonction de la catégorie de faits auxquels ils font référence ("il y a de la neige au sommet de l'Everest", "j'ai mal", "l'eau bout à 100 degrés", "ce billet vaut 10 euros", "c'est une promesse" etc.).

Ça l'amène à étudier ce qu'il appelle l'Arrière Plan, qui est plus ou moins un ensemble de dispositions mentales nécessaires pour que le langage puisse exister de cette manière. Cette étude lui permet de tirer des conséquences dans des domaines divers : il y a de très belles pages sur l'émergence spontanée ou pas des normes, sur les relations d'autorité et la politique, sur le fonctionnement cognitif... et bien sûr sur l'ontologie et l'épistémologie avec une défense du "réalisme externe" (une forme de réalisme ontologique minimal) et de la vérité-correspondance qui occupe les trois derniers chapitres.

  • Yea 1
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