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Éthique et tac


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Il y a 6 heures, Rincevent a dit :

Le viol correspond à une stratégie évolutive claire

Ou à un niveau élevé de testostérone. Il est vrai que ça n'exclut nullement ton point de vue évolutionniste, au contraire : c'est la group selection. Dawkins gonna hate.

 

Il y a 4 heures, Rincevent a dit :

Ouais, la biologie évolutive, saycoule. :) 

J'ai l'impression que tu défends plutôt un point de vue assez sociobiologiste, arrête-moi si je dis une bêtise.

 

Il y a 4 heures, Rincevent a dit :

pour ma part, je vous plutôt les systèmes moraux comme résultats de processus evolutifs de groupe, ce qui n'est pas éloigné de ton opinion mais me semble épistémologiquement plus solide. Mutation / diversification, sélection (individuelle / de groupe / d'espèce), reproduction / transmission : c'est tout ce dont on a besoin.

Sinon, pourquoi ne pas évoquer l'évolution culturelle de Hayek (surtout sur Liborg) ? Précisément, elle s'applique au processus de sélection de règles sociales, de plus en plus abstraites. J'avais pensé créer un thread sur le sujet et sur la critique de l'évolution culturelle par les praxéologistes, qui y voient un irrationalisme.

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il y a 49 minutes, Vilfredo Pareto a dit :

J'ai l'impression que tu défends plutôt un point de vue assez sociobiologiste, arrête-moi si je dis une bêtise.

Bah, définis sociobiologie par opposition à psychologie évolutionniste ? Mon point de vue est celui de la psychologie évolutionniste.

 

il y a 52 minutes, Vilfredo Pareto a dit :

Sinon, pourquoi ne pas évoquer l'évolution culturelle de Hayek (surtout sur Liborg) ?

Je ne l'ai pas explicitement cité, mais c'est inclus dans mon propos (quoique ce soit au fond plus compliqué que prévu de séparer nature et culture).

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Il y a 20 heures, Rincevent a dit :

Bah, définis sociobiologie par opposition à psychologie évolutionniste

J'avoue ça revient au même (j'aurais défini la sociobiologie comme un paradigme interprétatif consistant à expliquer les comportements sociaux par la préservation de l'espèce).

 

Il y a 20 heures, Rincevent a dit :

Je ne l'ai pas explicitement cité, mais c'est inclus dans mon propos (quoique ce soit au fond plus compliqué que prévu de séparer nature et culture).

Oui : le marché n'est ni naturel ni culturel (d'où l'intérêt de parler de "spontanéité").

 

Il y a 20 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

Bonne idée ; d'autant que là le fil dérive un peu ;)

Je vais essayer de m'en charger anytime soon.

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  • 3 weeks later...

Jusqu'ici j'ai défendu un eudémonisme de type conséquentialiste. Je vais présenter une situation inspirée de faits réels pour suggérer qu'il faudrait nuancer la pertinence d'une semblable approche morale, et lui préférer une forme de synthèse entre conséquentialisme et éthique des vertus. 

 

Supposons que je décide d'aider une personne qui me semble honnête en lui prêtant de l'argent, et qu'il se trouve que cette confiance était mal placée puisqu'elle ne me le rend pas et disparaît avec.

Était-ce une action morale ou immorale ?

 

Si on soutient un strict conséquentialisme eudémoniste (individualiste), on est obligé de conclure que c'est une action immorale, puisque le résultat est que je suis plus malheureux après l'avoir commise (perte d'argent + vraisemblablement en colère contre moi-même et contre autrui). Pourtant, cela heurte notre sens commun que de qualifier ce genre d'action de mauvaise. D'un autre côté, on ne peut ramener la moralité de l'action à la moralité de son intention, puisque les bonnes intentions ne suffisent pas à bien agir. Les conséquences semblent donc indispensables à intégrer pour qualifier moralement l'action. Mais en même temps, une approche strictement conséquentialiste me rend en quelque sorte moralement responsable du devenir du monde entier, de toutes sortes d'actions qui ne sont pas les miennes et sur lesquelles je n'ai aucun contrôle. A le suivre, je devrais tirer de cette situation une maxime de conduite du style "évite de prêter même à ceux qui te semblent digne de confiance". Mais alors il semble difficile de maintenir l'existence de vertus reconnues comme la charité, voire la confiance sociale tout court. (Ou alors je ne peux tirer aucune norme, parce que chaque situation est singulière, mais on voit alors mal quelle serait l'utilité de la morale).

 

Il semble qu'on pourrait circonscrire la difficulté en privilégiant une forme de conséquentialisme probabiliste qui pourrait rejoindre une éthique des vertus, et dont l'esprit général serait: "une action est bonne lorsqu'elle a généralement de bonnes conséquences pour le bonheur de l'agent". On peut alors sauver la coopération sociale ou la charité en constatant que le plus souvent, les autres individus ne sont ni des tricheurs ni des ingrats (si c'était la situation dominante, l'expérience inviterait à cesser la coopération sociale).

La difficulté que pose une pareille maxime normative est que certaines situations sont peut-être absolument singulières, si bien qu'on ne peut pas trouver de normes de conduite dans des expériences antérieures pour savoir comment agir. Cela dit, le même problème se poserait sans doute pour n’importe quelle autre éthique normative.

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il y a 11 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Supposons que je décide d'aider une personne qui me semble honnête en lui prêtant de l'argent, et qu'il se trouve que cette confiance était mal placée puisqu'elle ne me le rend pas et disparaît avec.

Était-ce une action morale ou immorale ?

Tout ça pour nous dire que tu t'es fait avoir.... de combien au fait ?

As tu établi avec cette personne, pour le moins indélicate pour pas dire malhonnête et ayant abusé de ta confiance, une reconnaissance de dette ?

 

:mrgreen: elle valait le coup, au moins ?

  • Haha 1
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il y a 13 minutes, Bisounours a dit :

 tu t'es fait avoir...

 

Ce que tu es en train de dire c'est que ce n'est pas la pertinence de la maxime morale qui est en cause, mais uniquement le jugement pratique de l'agent dans une situation donnée ? Ce qui peut se défendre.

 

J'ai pensé à une variante plus tordue de la situation. Supposons qu'une fois escroqué, le plaisir tiré de la réflexion sur l'évaluation morale de la situation soit supérieur à ce qu'aurait pu me donner la somme volé ? Mon action devient-elle morale si au final je suis plus heureux ainsi* ?

 

Question qui nous ramène à un autre problème classique du conséquentialisme: jusqu'où vont les conséquences de mon action et jusqu'où dois-je intégrer de nouveaux changements pour évaluer moralement l'action ?

 

* Cela dit on se rapproche des problèmes des éthiques hédonistes qu'avaient pointé @Lancelot il y a quelques pages.

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il y a 20 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

uniquement le jugement pratique de l'agent dans une situation donnée ? Ce qui peut se défendre.

tu m'étonnes !

 

il y a 20 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

le plaisir tiré

on en revient toujours là :lol:

si ça t'a fait plaisir....

 

le problème, c'est que la personne qui t'a escroqué va pas forcément toujours rencontrer quelqu'un content de se faire avoir...

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il y a 7 minutes, Bisounours a dit :

le problème, c'est que la personne qui t'a escroqué va pas forcément toujours rencontrer quelqu'un content de se faire avoir...

Meme obligatoire :

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Le genre de noeuds au cerveau qui peut mener loin :

Révélation

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  • Haha 3
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Bon déjà tu es passé de la question de la moralité à celle de savoir si l'action était bonne ou mauvaise, ce qui n'est pas pareil. L'action était morale tu fais ce que tu veux avec ce que tu possèdes, mais le résultat mauvais. Pour moi les conséquences sont : de ne plus faire confiance à cette personne, et être plus rigoureux à l'avenir dans tes choix et facons de contrôler les prêts. Voire même s'interdire de trop s'occuper d'histoires de thunes avec ton entourage. Mais pas besoin de réévaluer la moralité du prêt entre amis

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Il y a 16 heures, Rincevent a dit :

Meme obligatoire :

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Le genre de noeuds au cerveau qui peut mener loin :

  Masquer le contenu

BVLmGvM.jpg

 

 

 

Finalement ça peut être drôle les comparaisons interpersonnelles d'utilité !

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  • 2 weeks later...

Pensée du jour:

 

Il n’est ni souhaitable ni même réellement possible de fonder la société sur le seul mérite (c’est-à-dire l’effort personnel), car cela supposerai l’égalité des chances, c’est-à-dire un périodique nivellement des ressources économiques, culturelles et même relationnelles, pour laisser le seul effort individuel déterminer le rang social. Il est évident que même le pire déchaînement de violence politique suffirait à peine à instaurer, même un moment, ladite égalité des chances. Moralité : ne demandons pas que le mérite soit récompensé, demandons à ce que soit récompensé le talent (c'est-à-dire un pur résultat objectif) et qu’il le soit par sa libre reconnaissance par les individus échangeant.

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Le vrai problème, @Johnathan R. Razorback, c'est que la méritocratie ne laisse aucune place au hasard. Dans un tel système, si tu es en bas de l'échelle, c'est de ta faute, c'est que tu es une sombre merde incompétente, et ça ne peut jamais être la faute à pas de chance. C'est donc parfaitement insupportable. Pour la même raison, aucun critère unique et simple ne peut aboutir à "la société doit récompenser X", et la société ne peut jamais être fondée sur X, ne serait-ce que parce que la société n'a jamais été fondée. Seul le résultat du processus social peut être sa propre récompense, ou le cas échéant sa propre sanction.

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il y a 6 minutes, Rincevent a dit :

Le vrai problème, @Johnathan R. Razorback, c'est que la méritocratie ne laisse aucune place au hasard. Dans un tel système, si tu es en bas de l'échelle, c'est de ta faute, c'est que tu es une sombre merde incompétente, et ça ne peut jamais être la faute à pas de chance. C'est donc parfaitement insupportable.

 

J'imagine que ça dépend de ce qu'on entend par "hasard". Même dans un système hypothétique de mandarinat chinois radicalisé, où ta position dépend d'un concours, tu peux toujours plaider que les critères de sélection ne sont pas justes, ou, de manière moins subversive, que tu es en dessous de ton voisin parce que tu n'as pas tiré le bon sujet d'examen.

 

Et puis mon propos n'est pas vraiment de décider de ce qui supportable ou non, mais de réfléchir sur la justice. En l'absence d'un monde utopique, même un système parfaitement juste engendrerait sans doute des mécontents.

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il y a 13 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

En l'absence d'un monde utopique, même un système parfaitement juste engendrerait sans doute des mécontents.

Oui. D'où l'utilité d'une dose raisonnable et limitée de "c'est la faute à padbol".

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  • 4 weeks later...
il y a 42 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Je me demande aussi comment une théorie des vertus non-téléologique peut fonder le caractère bon desdites vertus. 


Certain fanatique des vertus peuvent estimer que les vertus d'une personne, ce qui fait qu'elle est bonne ou mauvaise, sont des dispositions à agir, des potentialités pas forcément actualisés. Si on estime que mentir n'est pas mauvais en soi (contre Kant) puisque, selon les circonstances, c'est parfois approprié, mais que l'honnêteté est une vertu, alors on peut concevoir qu'une personne honnête, c'est à dire, disposée à dire la vérité, se retrouve à mentir tout le temps parce que pas de bol, malgré elle, elle se retrouve toujours dans des circonstances où le mensonge s'impose. (en mode "A chaque fois qu'un bel homme avec un costume Hugo Boss m'adresse la parole, c'est pour me demander si je cache des juifs, VDM").

Les éthiques de la vertus se fondent généralement sur l'idée d'une certaine perfection possible de certains de nos penchants. C'est téléologique dans le sens ou chaque chose, par nature, cherche sa propre excellence, y compris l'humain, mais ça n'implique pas forcément de résumer les vertus d'une personne aux conséquences qu'il recherche, il me semble.

 

Citation

Le type qui voudrait être bon mais qui n'y arrive jamais ne peut pas légitiment être qualifié de bonne personne. Il n'y a pas de bonté sans efficacité.

Il me semble qu'il y a des passages chez Kant qui attaque le vélléitaire, justement, selon quoi une bonne volonté est aussi une forte résolution à l'action, et pas seulement un voeux romantiques fait en son for intérieur...

Si par "efficacité" tu veux dire effectivement parvenir à ses fins, alors, Kant et moi ne sommes pas d'accord. Il est toujours possible d'avoir vraiment pas de bol, et que rien ne se passe comme prévu, même en ayant été aussi prévoyant que possible.

 

Citation

Le toujours me semble abusif. Si j'ai besoin de manger et que je vais me chercher une pomme, ça ne semble pas impliquer d'innombrables facteurs hors de mon contrôle.

Peut-être qu'en te déplaçant, tu offriras un meilleur champs de vision au sniper sur l'immeuble d'à coté qui veut ta peau. Peut être que tu ne mangeras jamais cette pomme, à cause d'un avion qui va s'écraser sur toi dans quelques instants. Ou peut-être que les lois de la physique telle qu'on croit les connaître ne sont qu'un petit cas particulier de mécanismes beaucoup plus grands, qui feront que ta pomme se volatilisera dès que tu la toucheras, et l'univers tout entier avec elle.

Bon, c'est assez improbable. S'il fallait accorder une probabilité à chacun de ses scénarios, ça tendrait sans doute vers 0. Mais elle resterait tout de même supérieur à 0 ! Etant donné qu'aucun n'est une contradiction logique, ça reste, à proprement parler, possible... Et si tu détruits malencontreusement l'univers en tentant de saisir une pomme, on ne pourra pas vraiment t'en vouloir. Sans rancune.

 

il y a une heure, POE a dit :

Le raisonnement fait impliquerait qu'on ne peut rien  prevoir ni juger les actes des individus, ce qui en pratique parait faux. On peut prevoir. On peut juger aussi. Imparfaitement. Ce qui est humain. 

Oui, avant d'agir, on prédit, on juge, etc. Une action va être plus ou moins efficace en fonction de l'habileté et de la maîtrise de règles techniques de l'acteur, mais ce n'est pas ce qui fait qu'elle est bonne où non. Un assassin très habile n'est pas meilleur qu'un assassin maladroit, moralement, il est pire. Bien agir, au sens moral du terme, implique-t-il de faire preuve d'adresse ? Quoi qu'il en soit, si je me comporte de la meilleure façon possible, et qu'un événement imprévu et imprévisible fait que les conséquences de mon action son désastreuse, je ne serais pas plus blâmable que si tout c'était bien passé. Puisque ce qui fait que ça c'est mal passé ne dépend pas de moi. C'est l'une des raisons pour lesquels le conséquentialisme me semble boiteux, pour en revenir à ce qui a suscité cet échange.

  • Yea 1
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Il y a 4 heures, Mégille a dit :

Si par "efficacité" tu veux dire effectivement parvenir à ses fins, alors, Kant et moi ne sommes pas d'accord. Il est toujours possible d'avoir vraiment pas de bol, et que rien ne se passe comme prévu, même en ayant été aussi prévoyant que possible.

Quoi qu'il en soit, si je me comporte de la meilleure façon possible, et qu'un événement imprévu et imprévisible fait que les conséquences de mon action son désastreuse, je ne serais pas plus blâmable que si tout c'était bien passé. Puisque ce qui fait que ça c'est mal passé ne dépend pas de moi. C'est l'une des raisons pour lesquels le conséquentialisme me semble boiteux, pour en revenir à ce qui a suscité cet échange.

 

C'est pour ça que j'ai modifié ma position depuis un moment (et du coup je ne suis pas vraiment sûr d'être encore conséquentialiste).

 

Je soutiens qu'une bonne personne n'est pas quelqu'un qui agit toujours de la bonne façon (auquel cas ce serait un sage et même un sage sans défaut, dont l'existence reste hypothétique) ; mais plutôt quelqu'un qui agit généralement de la bonne façon, ou bien quelqu'un dont le ratio entre les mauvaises et les bonnes actions penchent essentiellement du côté du bien.

 

Et ceci parce qu'une mauvaise action n'est pas une action qui a FORCEMENT de mauvaises conséquences mais plutôt une action qui aura majoritairement une telle probabilité, ou bien une action dont la répétition finira à la longue par empêcher l'agent de mener une vie heureuse (ainsi, comme je l'avais expliqué à @Extremo: voler n'est pas défini comme une mauvaise action parce que tel vol entraînerait fatalement pour moi de mauvaises conséquences, mais parce que voler c'est commencer à mener une vie de voleur et qu'une telle vie est contradictoire avec ma fin, étant donné qu'il est plus qu'improbable que ce soit compatible avec ma recherche du bonheur).

 

Du coup ma thèse ne recoupe pas la classification habituelle vu qu'être moral est tout à la fois une question d'intentions, de dispositions/vertus et de conséquences. Un être bon c'est un être qui atteint en général les bonnes conséquences (celles qui permettent de réaliser sa fin immanente) en mettant en œuvre les bonnes intentions par le développement de vertus.

 

On ne peut pas radicalement exclure les conséquences de la moralité parce sans examen des résultats il est impossible de déterminer ce qu'est une bonne intention ou une bonne disposition (vertu).

Quelles soient de ma faute ou non (et général ce n'est pas blanc ou noir), les mauvaises conséquences entravent la réalisation de ma fin et doivent donc être évitées en essayant au maximum de réduire l'incertitude. Je suis d'autant moins responsable d'éventuelles conséquences négatives que j'ai pris la peine de réunir le plus d'informations possibles pour transformer mon intention en réalité.

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Il y a 4 heures, Mégille a dit :

Une action va être plus ou moins efficace en fonction de l'habileté et de la maîtrise de règles techniques de l'acteur, mais ce n'est pas ce qui fait qu'elle est bonne où non. Un assassin très habile n'est pas meilleur qu'un assassin maladroit, moralement, il est pire.

 

L'efficacité est une condition certes non suffisante, mais une condition néanmoins nécessaire, pour être moral.

 

Si je veux les bonnes choses mais j'emploie la plupart du temps des moyens inadéquats, je ne peux réussir à être bon.

Exemple politique classique: je veux augmenter la richesse de tous (car la richesse est un bien) et je collective de force les moyens de production :) (variante non liberticide et donc moins immorale, mais néanmoins sotte au regard du but posé: je prône le communisme volontaire).

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Désolé @Johnathan R. Razorback, effectivement, je n'ai pas toujours le temps de répondre !

 

Ici en particulier, il me semble qu'on est à peu près d'accord / qu'on est face aux mêmes problèmes.

 

Mais à propos du type qui collectivise les moyens de production pour augmenter la richesse de tous, il me semble que le problème n'est pas qu'une question d'efficacité. Le problème sera d'abord la non-conformité du moyen choisi avec une fin supérieure, qui est le respect de la dignité de l'autre en tant que mon égal, et donc de sa liberté, et donc de sa propriété. Ou alors (pour chercher un problème interne) : la richesse de tous, ça signifie la richesse de chacun ou ça ne signifie rien, et la richesse de chacun suppose la propriété privée, donc le moyen choisi (violer la propriété privée) est incohérent avec le but cherché, de façon a priori. Ce sont là des considérations différentes d'une simple évaluation d'efficacité, qui est a posteriori, et qui n'a d'autre critère que la plus ou moins grande adéquation au but.

 

Maintenant, si on imagine une bande d'allumés qui se réunissent volontairement et qui décident à l'unanimité de réunir leurs "moyen de production" afin de tous s'enrichir, là la question se posera uniquement en terme d'efficacité. Pourtant, bien que ce soit probablement inefficace, que ce soit mal ne me semble pas évident.

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Il y a 2 heures, Mégille a dit :

1): il me semble que le problème n'est pas qu'une question d'efficacité.

 

2): Maintenant, si on imagine une bande d'allumés qui se réunissent volontairement et qui décident à l'unanimité de réunir leurs "moyen de production" afin de tous s'enrichir, là la question se posera uniquement en terme d'efficacité. Pourtant, bien que ce soit probablement inefficace, que ce soit mal ne me semble pas évident.

 

1): Je ne dis pas que c'est la seule raison qui détermine le caractère mauvais de cette action. Mais ça en fait partie. Toute l'œuvre de Mises constitue d'ailleurs a montrer que le socialisme et l'étatisme échouent nécessairement à réaliser leurs propres objectifs (ce qui est certes une réfutation de second ordre par rapport au fait de montrer que lesdits objectifs sont -au moins partiellement-, mauvais, mais ça reste très utile et complémentaire).

 

2): C'est évidemment mal si on s'accorde préalablement pour dire que la richesse (ou la non-pauvreté) est un bien digne d'être poursuivi (simultanément à d'autres, je ne prétends pas que ce soit la fin intermédiaire unique à réaliser pour atteindre la vie heureuse !). Pour le coup Aristote serait de mon avis. C'est plus facile de parvenir au bonheur si ma recherche n'est pas gênée par des besoins matériels pressants ou des insatisfactions récurrentes (confort, propreté, temps de travail élevé pour dégager un peu de "superflu", etc). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la plupart des expériences de communismes utopiques se sont auto-dissoutes rapidement, les éventuels gains de vivre dans l'égalité matérielle avec les autres ne semblent pas compenser tous les inconvénients. D'ailleurs les marxistes n'ont pas manqué de critiquer ces expériences en faisant remarquer que la division du travail et la puissance des forces productives associées étaient trop basses pour assurer l' "émancipation" des aspirations individuelles (loisirs, etc.), le vrai communisme devant donc s'instaurer à l'échelle nationale puis mondiale.

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Je réponds ici à ce que disait @Johnathan R. Razorback à propos de l'égoïsme psychologique dans le topic sur le féminisme. Donc si je comprends bien ta position, JRR, tu défends à la fois l'égoïsme psychologique (descriptif) et l'égoïsme moral (normatif). Mais quel est le rôle du second si le premier est vrai ?

 

Je suppose qu'on pourrait dire qu'un Stirner entre également dans les deux catégories (égoïsme psychologique et moral) mais je n'ai pas encore lu L'unique et sa propriété pour avoir un vrai avis dessus. Ceci dit, du peu que je connais de Stirner, j'ai pas l'impression qu'il y ait beaucoup de normatif dans sa philosophie. D'où le fait que j'aie du mal à voir comment égoïsme psychologique et égoïsme moral peuvent aller ensemble.

 

Et je suis globalement d'accord avec @Mégille quand il dit que l'égoïsme psychologique implique une définition si étendue du concept d'égoïsme que ça lui fait perdre son sens.

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Il y a 5 heures, Extremo a dit :

Donc si je comprends bien ta position, JRR, tu défends à la fois l'égoïsme psychologique (descriptif) et l'égoïsme moral (normatif). Mais quel est le rôle du second si le premier est vrai ?

 

Il n'en a pas vraiment à part faire gagner du temps dans la discussion. Ce sont deux thèses qui portent sur deux domaines philosophiques distincts, et si je veux présenter rapidement ma position en méta-éthique, je peux dire que je défend un égoïsme moral universel (en plus long et plus précis : une forme d'égoïsme moral universel eudémoniste basé sur une compréhension téléologique de la nature humaine).

 

Une autre raison est que je suis moins sûr de la validité de l'égoïsme psychologique que de celle de l'égoïsme moral. Donc, même si je me trompe pour le premier, et qu'une action altruiste s'avérait possible, je soutiendrais qu'elle ne serait pas bonne, ou en tout cas que le moralité ne consiste certainement pas à essayer d'agir de manière désintéressée (si cela pouvait être). Fondamentalement, je n'ai pas besoin de soutenir l'égoïsme psychologique pour défendre l'égoïsme moral. Je peux toujours rétorquer à l'altruisme moral non-convaincu par mes arguments en faveur de l'égoïsme psychologique: "pourquoi diable voudrais-je être désintéressé ? Ma vie et mon action m'intéressent au contraire au plus haut point !". Et comme je n'arrive pas à imaginer qu'il puisse m'avancer une meilleure argumentation que "tu dois te soucier du bien des autres dans la mesure où c'est une condition de la réalisation de ton propre bonheur", il serait obligé d'abandonner sa propre position pour avancer des arguments convaincants, mais qui seraient en fait déjà les miens.

 

Ensuite ce n'est pas suffisant de dire qu'il est bon d'être égoïste, surtout si toutes nos actions sont bel et bien égoïstes. Il faut encore distinguer entre un égoïsme licencieux, illimité et stupide (par exemple celui de Sade qui identifie le droit naturel au caprice -Stirner arrive au même résultat négativement, en supprimant toutes les instances sociales ou morales de régulation du comportement) et égoïsme éclairé ou rationnel, lequel dépend que je comprenne que la réalisation de mon propre bonheur (but éminemment égoïste, je crois qu'on en conviendra) implique que je me donne à moi-même des limites, que je comprenne que ma nature et celle des autres êtres m'empêchent de réaliser à ma finalité en faisant n'importe quoi. Comme dit bien Ayn Rand:


"Reason involves knowing the nature and the consequences of your actions, and of knowing where your rational self-interest lies. Reason does not mean you can arbitrary decide that whatever you want is in your self-interest. [...]
Reason demands the recognition of human rights. Morality is not based on whim, categorical imperative, or revelation. It's based on the simple fact that man exists by means of his mind. Anything man wants or needs must be produced ; man must possess knowledge in order to produce it ; reason provides that knowledge. Once you know that, if you then decide you don't want to exist by means of reason and production, but by means of muscle instead -since you're physically strong, you prefer to rob or ensclave somebody else- you are contradicting the only base on which you could have any justification for your existence. You are guilty of the most irrationnal contradiction. The only grounds on which you can claim the right to your own life are the same grounds that support the right to life of every human. [...]
Moreover, a man of self-esteem does not want the unearned: he doesn't want anything from others that he must obtain by coercion -by crime or by government force and regulation. Such a man deals with other men as an equal, by trade. Further, a man of reason plans his life long range. The psychological distinction between a rational man and an evader is that a rational man thinks, plans, and acts long rang, while the more neurotic and evasive a person is, the sorter the range of his interests. The playboy or drunkard -the pleasure chaser unable to look beyond the range of the moment- is an irrational neurotic. But no rational person would decide that it's in his self-interest to rob and murder, because he knows that others will and should answer him by the same means
."

-Ayn Rand, Answers, New American Library, 2005, 241 pages, p.115.

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  • 4 weeks later...

Bon ça fait un moment que j'avais envie d'écrire un peu contre l'altruisme (ce poison qui ravage nos sociétés via la culpabilisation et les concours de Virtue signalling, et in fine la social-démocratie).

 

Pour ce faire je vais attaquer une thèse d'éthique normative qu'on pourrait appeler la conception non-instrumentale des vertus -ou encore, pour employer un barbarisme encore plus flagrant, le gratuitisme moral (à ne pas confondre avec la noblesse).

 

Les gratuitistes pensent qu'il faut faire le bien pour lui-même, pour la pure beauté du geste en quelque sorte. L'expression stoïcienne suivant laquelle la vertu est sa propre récompense est emblématique de cette tendance. Pour eux, la morale enseigne à faire le bien, mais elle n'a pas de fondement ou de finalité extérieure à elle-même. Le perfectionnisme moral est une forme de gratuitisme.

 

« Les hommes bons sont ceux qui sont disposés et capables de préférer l’intérêt commun à leur intérêt privé et aux objets de leurs passions, ou ceux qui, capables de discerner dans chaque situation quelle est l’action juste ou noble, accomplissent cette action parce qu’elle est noble et juste et pour aucune raison. » -Leo Strauss, Qu’est-ce que la philosophie ?, p.86.

 

Le problème de cette position est évidemment qu'on ne voit pas du tout ce qui fonde la morale. On ne voit pas ce qui permettrait de prôner la morale à quelqu'un qui ne le serait pas déjà. Les gratuitistes comme Platon ou Aristote admettraient certes qu'être moral est nécessaire pour mener une vie heureuse, mais ils n'admettraient apparemment pas que ce soit pour être heureux (ou pour tout autre raison externe, comme vivre chez Ayn Rand) qu'il faille être moral. Au contraire, ils jugent que cette subordination dégrade la morale, la rend basse, intéressée, etc etc. Ils prennent la morale, qui est un moyen, pour une fin en elle-même.

Cicéron a notamment polémiqué contre les épicuriens (qui eux défendent au contraire une subordination de la morale à la recherche du bonheur, une conception instrumentale des vertus).

 

Faute de fondement, cette position gratuitiste est arbitraire (comme le kantisme donc) -et un peu absurde ("Il faut être moral parce que"). Elle n'explique pas pourquoi être moral serait souhaitable ou avantageux, elle ôte à la morale sa séduction rationnelle pour celui qui l'ignore initialement, elle lui ôte sa force motivationnelle pour celui qui la pratique. On peut certes continuer à agir moralement par habitude ou par conformisme social (ou parce qu'on sent quand même confusément, intuitivement, que ce serait cool d'être une bonne personne), mais ça n'est pas rationnel et on ne peut pas justifier pourquoi il faudrait être moral.

 

Les gens qui adhèrent à une conception désintéressée de la morale sont en danger d'être manipulés ou exploités parce que leurs bons sentiments ne les tiennent pas eux-mêmes comme sujet éthique premier (voire tout court). Ils sont donc prédisposés à être culpabilisés, à accepter l'idée qu'ils n'en font jamais assez pour le bien d'autrui, etc. Pour peu que leurs autres croyances éthiques soient erronées, ils peuvent se sacrifier entièrement pour n'importe quoi. Évidemment, ceux susceptibles de les utiliser auront probablement des croyances morales très différentes...

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