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Projet d'intégration de la philosophie libérale dans la prime éducation


RaHaN

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Bien le bonjour/bonsoir !

Je lance un nouveau sujet sur une réflexion que j'ai depuis plusieurs mois maintenant, et pour laquelle j'aurai voulu avoir quelques regards extérieurs. Alors, j'explique d’emblée, je travaille actuellement en crèche auprès d'enfants qui ont, pour ce qui concerne ma section, entre 16 et 30 mois. Pour ceux et celles qui sont complètement étrangers à ce milieu, il y a dans chaque crèche, un projet pédagogique à mettre en place. Grosso merdo, c'est un travail qui permet à une équipe de poser son quotidien, chacun apporte sa vision des choses (ses "valeurs") pour permettre au final de créer une journée type de travail auprès de l'enfant et d'articuler nos pratiques, et de garantir une cohérence entre nous, de donner un sens à ce qu'on fait. Bon déjà, j'ai perdu la moitié des lecteurs, c'est pas grave, je continue :D.

 

Ce que je vais faire sur les prochaines lignes, c'est d'abord expliquer d'où est parti ma réflexion, ensuite raconter ce que j'ai fait ces derniers mois, et enfin, terminer par où j'en suis actuellement.

 

Suite à diverses observations, j'ai proposé à mon équipe une réflexion sur les règles, limites et interdits mis en place. Nous n'étions pas toujours d'accord sur le cadre, et j'ai donc proposé que chacune puisse définir ce qui est important pour elle, et ce qui ne l'est pas.

Je me suis évidemment inclus dedans, et durant une semaine, comme expérience, je me suis retenu de dire "Non", de m'opposer aux choses faites par chaque enfant. (Pour exemple, il était interdit de taper. Je vois une petite lever la main sur une autre petite copine, je me retiens très fortement de dire quelque chose, au final, les deux explosent de rire en se tapant. Bon, là je me suis dit, tu serais intervenu, t'en aurais frustré une et t'aurais empêché deux enfants  de rire.). Après cette semaine éprouvante de retenue, j'en suis venu à la conclusion suivante :

Il se joue un rapport entre le besoin d'un enfant et le bien-être de l'adulte. Généralement, l'interdit qui va être posé va être lié à une peur, un désagrément vécu par l'adulte. (je prends des exemple au pif : un enfant qui grimpe sur un meuble, qui crie, qui lèche son assiette, etc...). en gros ça se résumait pour moi, du point de vue de l'enfant : "C'est interdit, tu peux pas faire ça, ferme ta gueule.", soit quelque chose de très violent, donc forcément, son cerveau crée une résistance, donc conflit.

 

Ca m'a amené différentes réflexions, quel est mon rôle en tant qu'adulte ? Est-il légitime qu'un enfant se soumette au vouloir/à la peur/au désagrément d'un adulte ? Comment l'accompagner ?

C'est là où j'ai commencé à faire un parallèle entre mon rôle auprès des enfants, et le rôle de l'Etat auprès d'un individu. (J'en vois rire, c'est pas grave, on continue). Est-ce que je suis là pour faire la Police, poser des interdits entravant une volonté qui ne dérange que moi ? Est-ce que je dois soumettre une volonté individuelle à une institution collective ? Qui suis-je pour dire non à un autre individu ?

 

J'en suis donc arriver à me dire qu'accompagner, c'était principalement laisser-faire, et je me suis servi de la philosophie libérale pour rendre possible cette liberté d'agir. 

Les principes et quelques exemples :

- La liberté, le droit d'agir sans contrainte. Pour moi, il n'y a plus d'interdits. mon rôle c'est de proposer un environnement suffisamment safe pour qu'il puisse découvrir de lui-même. Dans ses actions au quotidien, c'est de lui présenter quelles sont les conséquences éventuelles de ses actes, mais sans l’interdire de le faire (je rapproche ça à la notion de crime sans victime, exemple, un gamin qui jette des légo dans la section, pièce par pièce, tant qu'il ne fait pas mal à un autre enfant, pourquoi l'en empêcher, il y a certainement une volonté derrière).

- La propriété, droit de se faire plaisir dans son activité, en excluant autrui de cet usage. par exemple les jouets. Je considère qu'ils sont prêtés par la crèche. Si il y a 2 ballons de disponibles, et qu'un enfant prend les deux pour lui, je m'y oppose pas. Je me suis retrouvé dans cette situation là avec une petite qui avait pris deux ballons, et la maman qui lui disait "tu vois, bidule veut un ballon donne lui? tu sais c'est bien de prêter. c'est pas gentil de garder tout pour soi. prêter c'est important, blablabla." La gamine ne voulait pas. Ca s'est terminé par la maman qui prend un ballon pour le donner à l'autre gamin, et sa fille qui hurle de colère en jetant le deuxième ballon sur sa mère, qui la gronde par dessus le marché.

Moi, ce que je vois dans cette situation, c'est que c'était le moment de la séparation, la petite avait certainement besoin à ce moment là de se rassurer (c'est une hypothèse), et d'avoir ses deux ballons dans les bras. 

Là, on l'a "forcé" à être "gentille", soit disant pour "donner". Vu ce qu'elle a ressenti, si elle a associé cette sensation au Don, bah putain, elle est pas prête de donner d'elle-même!

Autre conséquence, les jouets apportés de la maison appartiennent à l'enfant qui les a amené. Si un enfant a en sa possession un jouet de la crèche, il ne le prêt que si il le veut. Si il a en sa possession un jouet d'un autre enfant, si le propriétaire veut le récupérer, il doit le rendre.

- La responsabilité. A l'égard des autres, des conséquences de ses actions. On m'a reproché dans cette approche de ne plus avoir de limite ni de cadre, que ça allait être le foutoir, l'anarchie. 

La limite selon moi, c'est autrui. Or je ne peux pas parler pour autrui. Je n'empêcherai pas un enfant d'en taper un autre (surtout si la conséquence c'est que les deux en rigolent). Par contre, mon rôle c'est de lui montrer, de lui apprendre les émotions de l'autre concrètement. 

"En le tapant, regarde ce que ça a fait" => Ca lui permet de se rendre compte qu'autrui existe, que son corps est une limite à appréhender.

Et d'autre part, plutôt que de poser l'interdit, je me questionne davantage sur quelle est sa volonté a ce moment précis, est-ce l'expression d'une frustration ? d'une colère ?

 

..

 

Voilà en gros où j'en suis. Je vais profiter de l'été pour peaufiner ces réflexions pour essayer d'avoir une base solide pour la rentrée. Je ne suis pas rentré exprès dans les détails de ce que ça pouvait jouer dans le développement de l'enfant, parce que j'imagine que certains sont à mille lieux de s'interroger sur cette psychologie là. Cependant, ce qui pourrait m'intéresser c'est une réflexion plus poussée sur comment élaborer un projet basé sur la philosophie libérale. A la base, j'étais parti uniquement sur la Liberté, avec comme principe, la propriété et la responsabilité, mais je me questionne aussi sur la sûreté ou le droit de résistance à l'oppression, voire carrément partir de la DDHDC. Mais quand je lis les réflexions de Lancelot par exemple dans l'abécédaire, je me dis, est-ce pertinent ? etc..

C'est sûr que vu d'une crèche, ça peut paraître bizarre, à la limite on s'en fiche, c'est que des gosses, on les aide à se torcher le cul et basta. Mais au même titre que le refus de voir une différence entre un individu à cause de son origine, son sexe, sa couleur, j'ai envie de défendre le refus de voir une différence à cause d'un âge. Avis aux intéressés.

 

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Un adulte dans une crèche doit apporter un cadre grâce à son expérience, sa force physique, son savoir. Par exemple, un enfant ne sait pas que tel signe veut dire "corrosif" sur un produit, c'est à l'adulte de l'en empêcher — quand bien même ça frustre le gamin — afin de le protéger : l'adulte se sert de son savoir (quel signe signifique quoi) pour donner une expérience à l'enfant. 

 

L'Etat, au contraire, est composé d'adultes qui n'ont pas forcément une expérience ou un savoir supérieurs à la population qu'il entend gérer. Il n'y a pas la même légitimité chez l'Etat envers le citoyen que chez l'adulte envers l'enfant.

 

Je crois que je réponds un peu à côté de la plaque, je m'en excuse si c'est effectivement le cas. 

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Très intéressant ton témoignage. Je dirais pourtant, d'un point de vue externe, qu'un enfant aussi jeune n'est pas encore totalement sociabilisé et qu'il a encore beaucoup à apprendre. Dans ton approche j'ai l'impression que tu risques, en refusant d'intervenir, de laisser de mauvaises habitudes se mettre en place (domination, exclusion, bouc émissaire, etc). Pour moi un enfant n'est pas assez mur pour jouer à l'individualiste randieb ;)

  • Yea 2
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il y a 31 minutes, Jukebox a dit :

Un adulte dans une crèche doit apporter un cadre grâce à son expérience, sa force physique, son savoir. Par exemple, un enfant ne sait pas que tel signe veut dire "corrosif" sur un produit, c'est à l'adulte de l'en empêcher — quand bien même ça frustre le gamin — afin de le protéger : l'adulte se sert de son savoir (quel signe signifique quoi) pour donner une expérience à l'enfant. 

 

Cela, je le rapproche dans ce que je disais sur la Liberté, quand c'est à nous en tant que pro de proposer un environnement suffisamment safe.

Je prends l'exemple qu'on a eu avec une personne de la direction qui est arrivée courant de l'année pour qui monter sur une table est juste inconcevable (elle avait, de ses dires "peur qu'il tombe"). Je lui ai donc répondu que l'escalier est tout aussi dangereux alors parce qu'il peut aussi tomber ; En allant dans ce sens là, on en arriverait à tout supprimer. Aussi, comment dire à un enfant que monter sur une table est interdit, alors que tous les week-ends, il voit ses parents faire la java et tourner les serviettes sur la grande table du salon ? On ne peut pas dire non plus à un enfant que c'est interdit, parce qu'une table c'est pour manger. Pour moi, il investit un objet comme il l'entend, il en fait la découverte. Ce que je dis aux collègues, c'est que si TOI, ça te fait peur, et c'est légitime, comment peux-tu faire en sorte de le laisser faire ce qu'il veut, en te rassurant ? On en est donc arrivé à l'accompagnement de l'enfant à aller chercher un tapis en mousse, le faire mettre près de la table, et roulez jeunesse.

L'environnement suffisamment safe rend compte du travail à faire sur l’aménagement de l'espace. Tout ce dont à quoi il peut accéder doit lui être laissé, c'est donc à nous en amont de faire en sorte, par exemple pour les produits corrosifs, de ne pas les laisser à disposition et de les mettre dans un endroit où on est certain qu'il n'est pas en mesure d'y accéder. Certains pourront voir cela comme une fuite au problème ; Je répondrai qu'on met déjà énormément de temps avant de faire comprendre que mettre la main dans le caca c'est berk, alors les produits corrosifs ....

 

Quand je faisais référence à l'Etat, c'était davantage par rapport aux interdits (lois) mis en place. Exemple, nous avions une routine le matin, une fois qu'ils avaient joué, c'était rangement, puis petit train, puis temps chanson en groupe. Un jour, alors qu'on les faisait venir pour le petit train, je vois une collègue commencer (après explication), à prendre une petite qui jouait à la poupée tranquille dans son coin. La petite se débattait "j'ai pas envie de chanter etc...". Je me suis pris la tête avec la collègue : Pour elle, c'était le temps du regroupement, tout le monde devait suivre, pour moi, elle avait pas envie de chanter, elle dérangeait personne avec sa poupée, autant la laisser tranquille.

 

il y a 50 minutes, PABerryer a dit :

Dans ton approche j'ai l'impression que tu risques, en refusant d'intervenir, de laisser de mauvaises habitudes se mettre en place (domination, exclusion, bouc émissaire, etc).

 

J'ai certainement mal exprimé mon propos si tu penses cela. C'est pas du refus d'intervention que je propose, mais c'est, plutôt que d’interdire par exemple de pousser (parce que de toute façon, un moment où à un autre il poussera, et que l'intégration des règles se fait beaucoup plus tard), c'est de lui montrer la conséquence directe, physique, de son action sur l'autre. En interdisant, on empêche l'enfant de faire l'expérience, ici sociale, de ce que cela fait. "je vois que tu avais envie de pousser. regarde Bidule, il est tombé par terre, écoute il crie, regarde il pleure, il n'avait pas envie d'être poussé" et ensuite d'aller voir Bidule "est-ce que tu avais envie d'être poussé ? non. Alors tu a le droit de lui dire". Et après, l'intervention se base sur le contexte, à chercher à comprendre pourquoi il poussait ? Voulait-il jouer ? (auquel cas, trouve toi un autre copain qui est d'accord. ou pousse le mur. ou pousse moi) Voulait-il passer à un endroit que Bidule lui empêchait pour X raisons, etc....

 

Comme toi, je pense qu'il n'est pas totalement sociabilisé, ils en sont même pour certains au tout début, parce que ceux qui sont avec moi par exemple commencent à peine à associer deux mots ou commencent à dire "non", qui est le signe du début de la structuration du soi. Plutôt que de les affubler avec de l'abstrait "c'est sale, c'est dangereux, c'est interdit", c'est de les accompagner et d'associer leurs actions sur du concret dans un premier temps.

 

 

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Tu vas forcément être confronté aux limites de tes projets de "laisser faire" pour "faire comprendre" tout simplement parce qu'il y a des gestes et des attitudes dangereuses que tu dois éviter. Ton rôle c'est aussi protéger et anticiper les grosses conneries parce que le tout petit n'appréhende pas son environnement et il peut se mettre en danger ou être dangereux pour les autres.

C'est le fragile équilibre entre laisser l'enfant faire sa propre expérience, prendre des risques, avec toi à ses côtés pour éviter le pire.

Bien sûr, tu peux pas mettre un enfant sous cloche et le protéger de tout. Mais à cet âge là, la marge de manoeuvre est faible (d'autant que tu n'es pas le parent aussi)

  • Yea 2
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Il y a 2 heures, Bisounours a dit :

parce qu'il y a des gestes et des attitudes dangereuses que tu dois éviter.

 

Du coup, je demande lesquels ?

Là comment je vois les choses pour le moment, les limites, c'est autrui, et les règles mises en place doivent pour moi répondre à la question "En quoi cela lui permet-il de se rendre, ou d'être autonome?". L'anticipation effectivement, c'est l'une des plus grosses partie de notre travail, sinon c'est certain qu'au quotidien tu rames. Et là, ton accueil de qualité et ta bienveillance, tu peux te les mettre où je pense ahah. Peut-être que je n'ai pas parlé de toute une partie de notre travail, mais je pense pas que ça soit le sujet que je voulais aborder ici. Mais par contre, y a pas de soucis, j'en parle avec grand plaisir.

 

il y a une heure, Nick de Cusa a dit :

ceci n'a rien à voir avec le libéralisme

Si je voulais revoir ma question, ça serait : En quoi les principes de la philosophie libérale ne pourraient-ils pas être transposable dans une pédagogie de prime éducation ?

 

Et après, quel travail est-il nécessaire de faire en tant que pro pour mettre en place cette approche. Mais ça je passe mon temps à y réfléchir, et surtout je pense pas que ça soit l'endroit pour en parler, mais comme je l'ai dit avant, je le fais avec grand plaisir.

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Je vais commencer par quelques remarques générales, quitte à enfoncer quelques portes ouvertes :

 

La philosophie de l’éducation est une branche de la philosophie. Le libéralisme est quant à lui un type de philosophie politique, ou encore une réponse à la question de la philosophie politique (« qu’est-ce que le meilleur régime politique ? »). Parler d’introduction du libéralisme dans l’éducation est donc erroné. Si le libéralisme est valable/vrai/bon et si la philosophie de l’éducation X est vraie et bonne, leur point commun est d’être vrai et bons, pas d’être libérales. Quel que soit le nombre de principes qu’elles peuvent avoir en commun.

 

La question directrice de la philosophie de l’éducation est vraisemblablement « qu’est qu’une bonne éducation ? / Quelle est la meilleure éducation possible ? ». Y répondre présuppose de savoir ce qu’est l’éducation.

Méthode apodictique de réponse :

-l’éducation n’est pas l’apprentissage, qui est beaucoup plus spécifique et vise à acquérir un savoir-faire (« j’ai appris à faire du voilier ; j’ai appris telle activité, etc. »).

-L’éducation n’est pas l’instruction, l’acquisition de connaissance (« j’ai appris la table de 5 »).

-L’éducation n’est pas « apprendre à penser » (ce qui correspondrait plutôt à la logique et à la philosophie).

 

Par élimination, l’éducation semble correspondre à l’incorporation de normes (savoir-être). L’éducation forme le comportement, elle confère un ethos (manière d'être). Elle limite fatalement l’action, puisque si je me comporte de façon A, je ne me comporte pas de façon non-A (comme disait Deleuze « Un choix se définit toujours en fonction de ce qu’il exclut. ») ; si je tiens A pour bon, je tiens non-A pour mauvais, etc.

 

Ceci étant dit, il me semble évident qu’une éducation sans interdits constitue une contradiction dans les termes. D’ailleurs toi-même @Restless, après avoir écrit « Pour moi, il n'y a plus d'interdits », tu donnes toi-même des exemples qui prouve que tu ne suis pas cette règle (« la limite c’est autrui », produits dangereux, etc.).

 

C’est légitime que tu te demandes comment éduquer convenablement, mais l’absence d’interdits n’est pas la réponse (vu que c’est contradictoire avec l’activité éducative elle-même). La bonne éducation se situe quelque part entre l’excès de normes (répression) / l’imposition de mauvaises normes, et le déficit de normes (laxisme) [oui, je vous avais prévenu qu’il y aurait de l’enfonçage de portes ouvertes].

 

Après je ne suis pas plus compétent qu’un autre sur l’éducation (mais je compte me former), il y a sûrement plus qu’assez d’ouvrages sur la question, décliné selon les tranches d’âges, etc.

 

« Comment dire à un enfant que monter sur une table est interdit, alors que tous les week-ends, il voit ses parents faire la java et tourner les serviettes sur la grande table du salon ? »

 

Grâce à cette formule magique que tous les enfants comprennent et qui a résolu moult problèmes au cours des millénaires : « C’est pour les grands / tu auras le droit quand tu seras plus grand ».

 

Comme l’enfant comprend qu’il y a un lien entre suivre les règles maintenant et « être grand » un jour (et donc obtenir les récompenses promises), c’est une formule tout à fait efficace.

 

« On en est donc arrivé à l'accompagnement de l'enfant à aller chercher un tapis en mousse, le faire mettre près de la table, et roulez jeunesse. »

 

Et du coup l’incident aura lieu ailleurs (là où il n’y aura pas de tapis, chez les parents par exemple), faute d’avoir inculqué la règle : « monter peut être dangereux / il y a des objets sur lesquels on ne monte pas, ce n’est pas bien ».

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Si je peux me permettre, à mon sens, ta place n'est pas celle d'un éducateur mais d'un gardien bienveillant à qui les parents confient leur enfant pendant x temps. Ta mission, si tu l'acceptes  c'est de veiller à la sécurité des enfants qui te sont confiés, de faire en sorte qu'ils passent un moment paisible et apprennent à vivre ensemble. Te casses pas les neurones trop loin. 

Les limites c'est la sécurité et la bienveillance. 

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Et puis tu sais, les enfants que tu as en garde, ils vont retrouver leurs parents qui sont leurs éducateurs et c'est là que ça se passe. Donc tes questionnements ne vont pas faire long feu dès la porte franchie :) tu seras juste potentiellement frustré 

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il y a une heure, Johnathan R. Razorback a dit :

Comme l’enfant comprend qu’il y a un lien entre suivre les règles maintenant et « être grand » un jour (et donc obtenir les récompenses promises), c’est une formule tout à fait efficace.

Et puis c'est bien d'éduquer les enfants à penser à l'avenir plutôt qu'à la gratification immédiate.

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@Johnathan R. Razorback 

Quand je dis qu'il n'y a plus d'interdits, ce que je veux dire par là, c'est que je refuse de me positionner face à un enfant, en lui disant "taper c'est interdit, cracher c'est interdit, etc...", c'est plutôt de réfléchir sur comment formuler autrement pour qu'il puisse comme tu dis plus haut, limiter son action sans brimer l'essence ou le besoin qu'il a de faire ultérieurement cet action dans un cadre défini. Par contre c'est certain que ça demande un effort supplémentaire de faire cela, que de se "cacher" derrière une liste d'interdits. Ca demande à la fois un travail sur soi, "qu'est-ce que cette action là dans ce cadre là joue sur moi ?" et un travail d’interprétation sur autrui, "en faisant cela, qu'est-ce qu'il cherche à montrer, ou quel besoin met-il en jeu?", et je fais l'hypothèse qu'en travaillant ainsi, un enfant associera davantage chacun des éléments mis en jeu, et se construira un self davantage structuré que par l'incorporation d'interdits (je dis bien "il est interdit de"), qui n'auront pas vraiment de sens pour lui.

 

Quand tu dis qu'il y a des ouvrages sur la question, je renvois à l'une des demandes que j'avais eu sur mon post de présentation, où j'en cherchais, parce que franchement l'éducation, c'est comme la nutrition, y en a une palanqué où c'est pour te donner la "bonne" recette, alors que déjà de un j'y crois pas à la "bonne" recette, et de deux, je cherche davantage une méthode réflexive sur le sujet ( un auteur intéressant par exemple, c'est Janusz Korczak si un jour tu t'y mets), et si tu en as  proposer hésite pas.

 

il y a une heure, Johnathan R. Razorback a dit :

Comme l’enfant comprend qu’il y a un lien entre suivre les règles maintenant et « être grand » un jour (et donc obtenir les récompenses promises), c’est une formule tout à fait efficace.

Par contre, là, tu te doutes bien que je vais pas être d'accord :D

 

il y a une heure, Johnathan R. Razorback a dit :

Et du coup l’incident aura lieu ailleurs (là où il n’y aura pas de tapis, chez les parents par exemple), faute d’avoir inculqué la règle : « monter peut être dangereux / il y a des objets sur lesquels on ne monte pas, ce n’est pas bien ».

j'ai résumé rapidement, mais l'accompagnement dont je parlais c'est ça. Je leur explique qu'ils ont le droit de monter sur la table, et que ça comporte des risques (en fait, l'éducation c'est une affaire d'apprentissage de la gestion des risques). Dernièrement j'empile des légos que je fais tomber de la table et du coup qui cassent, tandis qu'avec le tapis, la pile reste intacte. Et j'oublie pas non plus de dire que c'est pas parce qu'il y a un tapis qu'il ne se fera pas mal non plus.

 

@Bisounours, alors le "Te casses pas les neurones trop loin.". Justement si, avec grand plaisir. Surtout avec les avancés dans les recherches actuelles, c'est plaisant.

J'ai par exemple aidé l'an dernier à une expérience qui démontrait la capacité qu'ont des enfants de deux ans à être sensible à une argumentation forte. Ils sont en mesure de comprendre les choses si t'en es qu'on se mette en mesure de leur expliquer avec leur manière d'être.

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@Restless bien sûr que les enfants comprennent. Mais justement, ne pas négliger cela ça signifie qu'ils doivent intégrer des interdits à la mesure de leurs capacités. Apprendre des limites. Et parfois, hélas, un bon 'parce que c'est comme ça tu comprendras plus tard' c'est pas mal aussi.

 

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j'en ai 24, tous les jours :D. 

 

Les limites, comme j'expliquais plus haut, elles existent et sont données par autrui. Je pense que c'est en faisant un lien entre les limites que lui donne autrui qu'il se forgera de lui-même ses propres limites, qui seront certainement plus sécurisantes qu'un interdit arbitraire posé comme ça (à nous de l'aider à faire ce lien par la suite). Il se sentira davantage en sécurité si il est mesure de faire valoir ses propres limites.

 

Et comme tu le soulignes aussi, la moyenne d'âge se situe sous les deux ans, et n'ont aucune notion du passé et du futur. Ce qui n'exclue pas pour autant bien sûr de les aider à travailler sur leurs frustrations présentes.

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il y a 31 minutes, Restless a dit :

1): ( un auteur intéressant par exemple, c'est Janusz Korczak si un jour tu t'y mets)

 

2): Par contre, là, tu te doutes bien que je vais pas être d'accord :D

 

1): Je note ;)

 

2): Pourquoi ?

@Bisounours a raison que l'âge des enfants influe sur leur capacité à se projeter dans l'avenir, au moment où la récompense sera possible (parce que le danger est nettement mieux maîtrisé par l'adulte). Un moyen ancestral de parvenir à un conditionnement positif sans faire intervenir la prévoyance est d'associer le respect de la règle avec une récompense.

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Si on prend l'exemple de monter sur la table, lui interdire de le faire en lui disant qu'il pourra le faire quand il sera grand, c'est pour moi déplacer le problème.

Ce qui se joue ici, c'est généralement la peur de l'adulte (légitime, je reviens pas sur ça) qu'il tombe de cette table, opposé à son besoin ou d'être en hauteur, ou de sauter de cette hauteur.

Donc parce qu'on a éventuellement peur du risque de chute, on le frustre d'un besoin qui n'est en rien négatif, et je doute de la pertinence de cette frustration à l'aider à se sécuriser.

 

Parce que pour le coup, je remets pas en cause la nécessité de la frustration. Mais si ici, on identifie le besoin, à nous de mettre en place les conditions pour que ce besoin soit réalisé (avec derrière toutes les éventuelles explications nécessaires).

Là, je parle vraiment dans le contexte d'une crèche ou d'un lieu d'accueil, qui pour moi, est fait pour l'enfant.

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Dire de quelque chose que c'est interdit et expliquer simplement la raison de façon à être compris par un petit enfant, bien sûr. C'est mieux. Les enfants ne sont pas supposés devenir des petits sauvageons à la Mowgli.

La récompense pour un enfant consiste à féliciter et reconnaître l'effort, pas à distribuer des bonbons ou des jouets. À la base il aime que l'on soit fier de ce qu'il fait et qu'on lui montre. Valoriser le positif en quelque sorte.

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Une table c'est pour dessiner ou manger. La grimpette c'est ici que ça se passe, montres comme tu es fort mais je veille aussi sur toi. Parce que je suis une grande personne et que tu es encore une petite personne .

Enfin, genre, quoi.

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à l’instant, Bisounours a dit :

Une table c'est pour dessiner ou manger.

 

Voilà. Même en admettant que ça soit un "besoin" pour un enfant en bas âge de monter sur une table (je ne suis pas compétent pour en juger), il va bien falloir un jour lui signifier que ça ne se fait pas, non seulement parce que c'est "dangereux" (et éventuellement que ça salit la table), mais aussi parce que ce n'est socialement pas bien vu, que les tables servent à des activités plus intéressantes que l'escalade (ce qui les différencient des murs d'escalades et des rochers naturels), etc.

 

D'une manière générale il me semble qu'une bonne éducation doit arriver au résultat que l'enfant redirige ses pulsions dans un sens constructif. L'agressivité ou le dynamisme ne sont pas mauvais en soi, tout dépend de ce qu'on en fait.

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il y a 51 minutes, cedric.og a dit :

Au final, cela ne se rapproche-t-il pas de la méthode Montessori, ou plutôt le sous ensemble "autonomie" de cette méthode ?

 

C'est même plus généralement le terreau du courant de la pédagogie nouvelle (ou active), comme l'institut Pikler par exemple.

 

Il y a 8 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

D'une manière générale il me semble qu'une bonne éducation doit arriver au résultat que l'enfant redirige ses pulsions dans un sens constructif.

 

On pourrait rapprocher ça, sur le travail sur l'inhibition effectué entre autre par Olivier Houdé. Ici, c'est par rapport aux processus cognitifs, mais on pourrait transposer cela sur les pulsions agressives notamment, que socialement on cherche à réprimer. La question que je me pose en fait, c'est est-ce qu'en posant un interdit visible (interdit de mordre), on empêcherait pas la pulsion elle-même de s'exprimer autrement, et qu'un travail plus efficace sur l'origine de la morsure permettrait à l'enfant d'exprimer cette pulsion de manière socialement acceptable. Faudrait qu je cherche ça.

 

Il y a 8 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

que les tables servent à des activités plus intéressantes que l'escalade

 

C'est toi qui le juge ainsi, et si un enfant juge que sur ce moment monter sur une table pour X raison, en quoi ton jugement aurait plus de valeur que le sien ?

L'argument de la convention sociale me pose problème, dans le sens où si effectivement il y dessine ou il y mange aussi, en tant qu'adulte on s'en sert aussi pour faire la fête, changer une ampoule ou que sais-je encore. Quel intérêt de poser un interdit sur quelque chose qu'il pourra faire toute sa vie, alors qu'on peut tout à fait relier cet expérience là, au risque, à la sensation de hauteur, ou à la saleté. Après libre à toi en tant que pro, de lui proposer un coin avec des meubles spécifiques pour l'escalade (si tant est que tu en es les moyens), d'associer la grimpette au risque en associant cela avec le tapis par exemple, ou à la salissure auquel cas tu peux lui demander d'essuyer la table une fois qu'il a terminé.

 

Il y a 11 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

Quel que soit le nombre de principes qu’elles peuvent avoir en commun.

Je reviens un peu sur ça, parce qu'en fait tu ne remets pas en cause je crois le fait qu'on puisse se servir des principes libéraux dans une éducation. 

 

Si je reprends la phrase de Cugieran 

Citation

L'ordre spontané n'est rien d'autre que la manifestation des puissants déterminismes qui se cachent derrière le chaos.

l'enfant aurait donc de fait aussi ces déterminismes, par nature. Est-ce qu'on pourrait pas faire l'hypothèse qu'appliquer les principes libéraux dès l'enfance (ou l'introduction à si certains préfèrent), on puisse favoriser cet ordre spontané

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12 hours ago, Restless said:

...

Si je voulais revoir ma question, ça serait : En quoi les principes de la philosophie libérale ne pourraient-ils pas être transposable dans une pédagogie de prime éducation ?

...

Ma question ici serait de savoir si tu ne négliges pas la question de l'âge de responsabilité ? 

  • Yea 1
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il y a 28 minutes, Restless a dit :

C'est toi qui le juge ainsi, et si un enfant juge que sur ce moment monter sur une table pour X raison, en quoi ton jugement aurait plus de valeur que le sien ?

Et si il juge pertinent d'écrire ou de peindre sur tous les murs de la pièce, tu vas trouver ça comment ? C'est pas une question de valeur ou de jugement, mais d'apprentissage de certains codes et usages. La fonction d'éducation c'est transmettre pour être socialement adapté, certaines conduites sont admises. D'autres moins et d'autres pas du tout.

  • Yea 1
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il y a une heure, Restless a dit :

C'est toi qui le juge ainsi, et si un enfant juge que sur ce moment monter sur une table pour X raison, en quoi ton jugement aurait plus de valeur que le sien ?

 

Bien sûr que les valeurs des jugements ne sont pas équilibrées. L'adulte est responsable de l'enfant et non l'inverse.

 

Je ne me prononcerai pas sur ta philosophie d'éducation, je dirais, pourquoi pas, et puis chaque manière apporte ses fruits. En revanche, un adulte qui interdirait à l'enfant de monter sur la table ou de taper autrui, y compris lorsque ça se passe bien, serait légitime.

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il y a 14 minutes, Nick de Cusa a dit :

Ma question ici serait de savoir si tu ne négliges pas la question de l'âge de responsabilité ? 

 

Là, je travaille avec des enfants où le principe d'intentionnalité est apparu, c'est à dire qu'ils commencent à faire le lien entre une action et un but à atteindre, et que par conséquent ils sont tout à fait capable de percevoir les conséquences d'une action, aussi bien le but donc, mais aussi les "à-côtés". Pour le moment, j'ai pas encore rencontré un enfant de deux ans qui agissait dans le but de faire mal pour faire mal ; ça viendra peut-être, pour le moment, je laisse cette idée de côté. Pour les à-côtés, le rôle, ça serait de mettre en oeuvre  les moyens qui permettent de faire émerger les processus qui amène à la responsabilité. En faisant du lien concret entre les causes et les conséquences, en donnant sens à ce qu'il fait. Et à force de répétitions, de prise en compte des autres et du contexte, l'amener à se responsabiliser. Je pense pas négliger l'âge de responsabilité, comme l'âge de l'autonomie d'ailleurs. Ils ne sont pas responsables, ils ne sont pas autonomes.

 

il y a 44 minutes, Bisounours a dit :

Et si il juge pertinent d'écrire ou de peindre sur tous les murs de la pièce, tu vas trouver ça comment ? C'est pas une question de valeur ou de jugement, mais d'apprentissage de certains codes et usages. La fonction d'éducation c'est transmettre pour être socialement adapté, certaines conduites sont admises. D'autres moins et d'autres pas du tout.

 

Et ben il le fera. Par contre personnellement, je trouverai ça sale, donc je lui proposerai de le faire plutôt sur une feuille, même une grande feuille si il veut que je pourrai coller sur un mur, et qu'il pourra après donner à papa ou maman, alors que le mur, ça sera impossible. Là, je le renverrai au principe de propriété, il est tout à fait en droit de dessiner, par contre le mur, c'est à la crèche, ça ne lui appartient pas, donc si il veut y dessiner, il peut, par contre après il nettoie. Et je pense que ça lui coupera toute envie de recommencer ultérieurement.

 

Je comprends tout à fait que chez toi, tu retrouves ta gamine qui dessine sur le mur que tu viens de repeindre au marqueur noir, ça t'emmerde grave. Probable que ça m'en fasse autant.

 

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