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Espagne, sécession & boutifarre


Adrian

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Pour les pays baltes, la Croatie, la Slovénie, la Tchéquie, effectivement ils partaient de loin mais 25 ans après ils ont rattrapé leur retard pratiquement et leurs performances actuelles restent encore meilleures que par ici. Ce n'est pas tellement le fait d'être dans l'UE qui les a boosté mais d'abord le fait d'être dans la merde initialement puis le désir de rentrer dans l'UE leur a servi de motivation pour faire des réformes fondamentales.

Ils sont surtout sortis du communisme. Motivation suffisante. Ils ne pouvaient que faire des réformes.

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L'ONU, ce machin :

 

 

Au niveau international, Mariano Rajoy a reçu par ailleurs un soutien précieux de l’ONU. Les Nations unies disent s’opposer catégoriquement à un projet d’indépendance de la Catalogne. Cette région n’est pas classée par l’ONU parmi les territoires non autonomes qui peuvent invoquer le droit à l’autodétermination, a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon dans un entretien publié hier par quatre journaux espagnols. «Un aspect positif de l’Espagne, c’est qu’il y a un respect de la diversité : la culture, les langues, les traditions», a affirmé M. Ban, dans cet entretien accordé à quatre quotidiens espagnols, selon la traduction publiée par le journal El Pais.

Interrogé sur la possibilité pour la région catalane de 7,5 millions d’habitants d’invoquer le droit à l’autodétermination, Ban Ki-moon a répondu :  «L’Espagne est un pays indépendant et souverain qui inclut la région catalane et c’est ainsi qu’elle a été admise aux Nations unies et agit au sein de la communauté internationale.» «Quand on parle d’autodétermination, certaines aires ont été reconnues par les Nations unies comme des territoires non autonomes.

Mais la Catalogne ne fait pas partie de cette catégorie», a-t-il ajouté. Les indépendantistes catalans — qui ont la majorité absolue au Parlement régional à Barcelone même s’ils n’ont réuni que 48% des voix le 27 septembre— entendent adopter dans les jours qui viennent une résolution qui lancera le processus pour mener leur région à l’indépendance en 2017. M. Ban a souhaité  «une solution consensuelle» pour la Catalogne, «basée sur le dialogue et conforme à la tradition démocratique». «Je demande aux dirigeants et au peuple catalans de s’engager dans le dialogue», a-t-il insisté, moins de deux mois avant les élections législatives en Espagne.  Voilà un discours qui doit considérablement soulager Madrid.

 

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Ce droit à l'auto détermination des peuples est une vaste fumisterie.

Celui de l'ONU est effectivement une fumisterie. Si un territoire n'est pas autonome alors l'ONU décide qu'il n'aura pas le droit de vouloir son indépendance et qu'il ne figurera pas dans sa petite liste. Et si tu fais partie d'un pays souverain et démocratique, alors tu n'as pas le droit de te plaindre.

C'est beau la démocratie.

 

Bon, tout ça n'est pas surprenant, la diplomatie espagnole tente une offensive parmi toutes les institutions européennes et internationales pour contrer les séparatistes catalans qui ont essayé aussi d'internationaliser le débat. 

Néanmoins il faut bien comprendre que toutes les institutions internationales sont devenues des cartels d'Etat, et que toutes ces belles annonces se font au milieu de belles tractations.

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  • 3 weeks later...

 

L'Espagne sort l'arme financière contre la majorité parlementaire indépendantiste catalane. Ce week-end, le ministre espagnol du budget, Cristobal Montoro, a annoncé que la Catalogne devrait se soumettre à de « nouvelles conditions » pour avoir accès au Fonds de Liquidité des Autonomies (FLA). Pour la Catalogne, ce programme représente encore 3,03 milliards d'euros. Le FLA a été créé en 2012. Il s'agit de prêts consentis aux Communautés autonomes (régions) par l'Etat central pour éviter à ces dernières de lever des fonds sur les marchés.

Nouvelles conditions

Quelles seront ces nouvelles conditions ? Elles seront ouvertement politiques. Cristobal Montoro l'a clairement assumé. « Ces conditions prévoient des garanties pour que pas un euro n'aille vers des buts sécessionnistes », a indiqué le ministre. Le gouvernement catalan devra donc, pour toucher ces fonds, donner l'assurance qu'ils seront utilisés pour le fonctionnement des services publics et « nullement pour violer la constitution. » Cette décision « s'explique clairement par les circonstances politiques que connaît la Catalogne », a indiqué le ministre du Budget.

Mise sous tutelle de la Catalogne

Concrètement, ceci signifiera que le Trésor espagnol versera les fonds du FLA chaque mois après avoir obtenu le feu vers d'un contrôleur du gouvernement qui se sera assuré auprès du gouvernement catalan, la Generalitat, de la « validité » des dépenses engagées. Autrement dit, l'autonomie financière de la Catalogne est en partie réduite. Et cette décision pose un grave problème au gouvernement de Barcelone si ce dernier décide d'appliquer la résolution du parlement votée le 9 novembre dernier et ouvrant la voie à un processus de séparation avec l'Espagne. Cette résolution - qui a été suspendue le 11 novembre par le Tribunal constitutionnel espagnol - prévoit en effet la création de « structures d'Etat. » Si ces structures sont effectivement créées, Madrid pourrait en prendre prétexte pour suspendre les versements du FLA, ce qui placerait le gouvernement catalan en grande difficulté financière.

Asphyxie financière

Déjà, le secrétaire général du département catalan de l'Economie, Albert Carreras, a indiqué que ces nouvelles règles étaient « extrêmement confuses. » « Nous ne savons pas ce que nous pourrons payer et quand nous pourrons payer », a-t-il ajouté. C'est sans doute ce que cherche Madrid. Le gouvernement espagnol tente de saper les bases du soutien aux indépendantistes catalans en provoquant des retards de paiements et des dysfonctionnements dans les services publics. Cette mesure est aussi clairement un premier pas avant l'utilisation de l'article 155 de la Constitution qui permet de suspendre l'autonomie régionale. Mais le gouvernement espagnol hésite à utiliser cet article qui obligerait à prendre des mesures d'ordre public difficile à mettre en œuvre. Il préfère donc contourner la difficulté en asphyxiant financièrement le gouvernement catalan. En réalité, cette mesure est une forme d'article 155 financier. Il est bien plus efficace : nul besoin d'envoyer la garde civile au risque de provoquer une résistance des Catalans, il suffit de tenir les cordons de la Bourse.

La zizanie au sein du camp indépendantiste se poursuit

Face à une telle stratégie, le gouvernement catalan semble désarmé pour l'instant. Et la première raison en est qu'il n'est qu'un gouvernement de transition qui ne dispose pas du soutien du parlement. L'actuel président de la Generalitat, Artur Mas, a, par deux fois, échoué à être élu en raison de l'opposition du parti de gauche radicale indépendantiste, la CUP. Les discussions se poursuivent, mais aucune issue ne se profile. S'il n'y a pas de président élu le 10 janvier, il faudra procéder à de nouvelles élections en mars. En attendant, il est impossible pour un gouvernement en sursis d'appliquer la résolution indépendantiste. Cette division et les menaces de Madrid font peser un risque notable sur le score des sécessionnistes en cas de nouvelles élections.

Pressions financières

Les indépendantistes sont, de plus, désormais, sous plusieurs pressions économiques. Certaines associations d'entreprises ont signalé des départs de sociétés de la région par crainte de la sécession. Des chiffres qui sont cependant à prendre avec précaution, pour le moment. Vendredi 20 novembre, un think tank anti-indépendantiste, le Cercle d'Economia, a demandé aux politiques catalans de ne pas appliquer la résolution du 9 novembre. Plus grave sans doute, l'agence de notation Fitch a dégradé la note de la Catalogne au statut d'obligation « pourrie » (« junk bond ») en raison du risque indépendantiste. En réalité, Fitch semble surtout effrayé par l'influence de la CUP. Mais cette décision peut gêner l'accès de la Catalogne aux marchés.

Quelle réponse de la Catalogne ?

Ces menaces et pressions visent à interrompre rapidement le processus indépendantistes. Mais si les indépendantistes parviennent à s'entendre et décident d'appliquer leur résolution, alors ils s'estimeront en droit de placer « leurs » lois, celles votées par le parlement régional, avant les décisions de Madrid (ce sont les points 6 et 8 de la résolution). Dans le cas où la Catalogne est asphyxiée financièrement, elle pourrait être tentée de « réquisitionner » et de « nationaliser » l'administration fiscale pour faire cesser tout transfert vers Madrid.

Selon les indépendantistes, la Catalogne est une des régions d'Europe qui accuse un « déficit fiscal » (différence entre les impôts versés et les sommes reversées par l'Etat central) le plus élevé. Une telle réponse serait un acte fort de séparatisme et placerait l'Etat espagnol dans une situation difficile. Mais ce serait aussi l'entrée dans un territoire inconnu, car il n'est pas sûr que les fonctionnaires acceptent ce changement et que la police catalane fasse respecter les décisions du parlement catalan plutôt que ceux de Madrid. Dans ce cas, par ailleurs, l'usage de l'article 155 apparaîtrait comme inévitable. Plus que jamais donc, le fossé se creuse lentement, mais toujours un peu plus entre Barcelone et Madrid.

 

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/catalogne-madrid-utilise-l-arme-financiere-pour-faire-ceder-les-independantistes-524839.html

 

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  • 4 weeks later...

 

Ciudadanos en Espagne : un libéralisme au quotidien à suivre

Le think tank libéral GénérationLibre a confié à Olivier Saez la rédaction d’une note sur Ciudadanos, sous titrée: «Un exemple pour la vie politique française». L’Opinion en publie un extrait.

De nombreux défis se présentent à la société espagnole. Des tensions nationalistes nouvelles avec une situation inédite en Catalogne, un chômage de masse qui touche près de 4 millions de personnes, soit plus de 20 % de la population et près de 50 % des moins de 25 ans, une corruption importante, une émigration croissante, le rôle de l’Espagne en Europe et dans le monde, le modèle économique post crise de 2008 et le miracle économique des années quatre-vingt-dix, etc.

Dans ce contexte, la percée de Ciudadanos symbolise la remise en cause du bipartisme traditionnel et du monopole électoral du PSOE et du PP. […] Depuis quelques années et surtout plusieurs mois, ce nouveau parti acquiert une importance croissante, à tel point qu’à la veille des élections, il est crédité de près de 20 % des intentions de vote. […]

Ce mouvement naît en 2005 en Catalogne sous le nom de « Ciudadanos de Catalunya ». Il a pour objet initial la défense de l’unité espagnole et dénonce le nationalisme catalan. Il est créé par un groupe de quinze intellectuels, professeurs d'université et membres de la société civile. Au fil des années, il devient un parti d’envergure nationale à la faveur d’alliances locales et d’une popularité croissante.

Libéral, ouvert sur le monde. La personnalité clé et le leader de ce mouvement est Albert Rivera. Diplômé d’École supérieure d'administration et de direction d'entreprises, il est doté d’un style moderne, et s’est entouré d’une équipe très compétente, jeune et féminisée ainsi que de conseillers influents. Rivera se veut le symbole d’une nouvelle époque. Libéral, ouvert sur le monde, jeune, non sectaire, il veut dépasser les vieilles querelles partisanes et l’affrontement stérile entre le PSOE et le PP. Refusant les idéologies, il est en passe, aujourd’hui, de pouvoir devenir le prochain Président du Conseil.

Quelles sont les propositions les plus représentatives du programme électoral « disruptif » de Ciudadanos ? [D’abord], une vie économique profondément libéralisée. Le constat fait par Ciudadanos est qu’à la base de tous les maux de l’Espagne actuelle, on trouve le chômage. Il s’agit donc de mettre en place tout ce qui est possible pour combattre ce fléau et surtout de proposer des solutions nouvelles, non testées en Espagne mais qui ont déjà prouvé leur efficacité ailleurs. Indépendamment des chômeurs, on estime aujourd’hui à 11 millions le nombre de travailleurs précaires. L’état d’esprit de Rivera est reflété par la - désormais - célèbre métaphore du poisson : « Nous n’allons pas distribuer du poisson, nous allons enseigner à pécher ou permettre que les gens aient leur propre canne à pêche. Nous n’allons pas distribuer du poisson et surtout pas garder une partie du poisson, ce qui est ce que certains font » (Málaga, février 2015).

Les propositions avancées :

1/ Un programme de lutte contre le chômage de longue durée

Le chômage de longue durée crée un système où les « outsiders » n’ont plus la possibilité de retrouver un emploi. Ils se retrouvent très souvent définitivement exclus du marché de l’emploi avec toutes les conséquences sociales que l’on sait, en particulier pour les jeunes. Est proposé un « chèque formation » pour les chômeurs de longue durée (plus de 1 an) utilisé pour financer des cours de formation, dont le contenu sera mis au point avec des représentants des entreprises. Il permettra de changer de filières ou de secteur et d’avoir une seconde chance. […]

2/ Un contrat unique à durée indéterminée

L’idée est de concilier la nécessaire flexibilité salariale et la sécurité des travailleurs. Aujourd’hui seulement 9 % des contrats signés sont des CDI. La plupart des recrutements se font sur des CDD alors même que les besoins des entreprises ne sont pas de courte durée. Les premières victimes de ce système sont les travailleurs en situations précaires, indépendamment de la qualité du travail réalisé. Il sera donc créé, associé à ce nouveau contrat, un « compte individuel contre la cessation d’emploi » et une réduction des cotisations sociales se verra proposée aux entreprises qui offrent une stabilité réelle à leurs salariés. Ce compte individuel sera abondé par un 1 % du salaire et sera disponible, soit lors d’une cessation temporaire d’activité ou à la retraite.

3/ Un complément salarial annuel garanti (équivalent de l’impôt négatif ou du Earned Income Tax Credit)

Ce complément salarial a pour objet de compléter le revenu des travailleurs à bas salaires et des emplois plus précaires, lorsqu’il ne parvient pas à un montant défini comme minimum. Selon les travaux du parti, ce supplément serait reçu par environ 5 millions de foyers et le coût estimé ne dépasserait pas 1 % du PIB dans le scénario le plus défavorable pour les finances publiques.

http://www.lopinion.fr/edition/international/ciudadanos-en-espagne-liberalisme-quotidien-a-suivre-93029

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Purée mais Générationlibre c'est vraiment un ramassis d'incompétents. Ciudadanos libéral?! WTF!

Il suffit juste de lire les principales propositions pour voir que c'est un parti social-démocrate parmi d'autres qui se veut un petit peu plus innovateur.

Ni le chèque formation, ni le contrat unique, ni le complément salarial ne sont des mesures libérales.

Le contrat unique ne résoudra pas la dualité entre CDD et CDI et n'est pas un contrat librement négocié, quant au complément salarial les entreprises vont s'en servir pour faire plafonner les bas salaires dans les années à venir et il vient en complément des autres aides sociales (moins nombreuses en Espagne qu'en France).

Quant au "problème" catalan, il propose 0 solution, ni droit à l'auto-détermination, ni changements statutaires, ni programmes de libéralisation et de redressement économique pour la région.

Par rapport au PP ils sont moins conservateurs sur le plan sociétal mais ne proposent rien sur le plan de la fiscalité et des dépenses. Ils s'étaient bien entourés au départ, mais depuis 1 ou 2 mois on voit définitivement qu'ils sont en panne et dans le système. Leur campagne électorale a été jugée un peu décevante, c'est vrai qu'ils ont été très langues de bois, mais finalement dans les sondages ils ne souffrent pas trop car leurs concurrents ont été mauvais aussi.

Podemos a modéré son discours le temps de la campagne mais dans les 3 débats télévisés auquel ils ont participé ils ont été très bons sur la forme.

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Les premières estimations des élections donnent le PP vainqueur avec 114-118 sièges, loin de la majorité absolue de 180. Le PSOE arrive 2eme en sièges et serait l'unique partenaire du PP pour faire alliance et avoir la majorité absolue. Par contre c'est Podemos qui arriverait deuxièmes en votes. Ils étaient à la rue il y a 1 mois mais ont fait une très bonne campagne électorale. Podemos est arrivé 1er en Catalogne, et pour cause c'est le seul des quatre grands partis promettant un référendum pour l'indépendance.

Les catalans ont voté Podemos pour diviser le congrès des députés à ce sujet. Ciudadanos est arrivé quatrième loin derrière. Ce parti -qui n'a rien de libéral contrairement à ce que racontent ces cretins de génération libre- a fait une campagne décevante, alors qu'ils étaient bien placés il y a un mois.

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 Ce parti -qui n'a rien de libéral contrairement à ce que racontent ces cretins de génération libre- a fait une campagne décevante, alors qu'ils étaient bien placés il y a un mois.

 

 C'est clair. En lisant Contrepoints ce matin, je me suis demandé si je lisais pas le Figaro...

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Le recompte des voix donnent plus de sièges pour l'instant au PP et au PSOE qu'il y a deux heures. On est à 70% des scrutins exprimés. La thèse d'une coalition PP-PSOE pour l'investiture du président du gouvernement devient de plus en plus crédible. Par contre une coalition à l'allemande et un gouvernement c'est encore autre chose. Ciudadanos serait encore moins bon, l'effet génération libre ? ;)

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Histoire de faire plaisir à José et Tremendo. :)

 

 

Élections espagnoles : un Ciudadanos à la française est-il possible ? VIDÉO. Ces élections législatives confirment l'émergence de deux nouveaux partis politiques, Podemos et Ciudadanos, dirigés par des trentenaires.

Depuis la crise de 2008, la vie politique espagnole est soumise à des forces de rénovation qui visent à suppléer au bipartisme du Parti populaire et du Parti socialiste, tous deux soumis successivement à des scandales de corruption et à des leaders peu charismatiques et impopulaires. On connaissait déjà Podemos, le nouveau parti d'extrême gauche. Mais un autre parti émerge désormais au centre, Ciudadanos (« Citoyens »), dirigé par Albert Rivera, 36 ans.

En janvier 2015, Ciudadanos n'était crédité que de 3 % dans les sondages. Hier, il a obtenu plus de 15 % des votes. À cet étiage, l'éventualité qu'il dépasse un jour le Parti populaire devient possible, à l'image de ce que Podemos a réussi hier avec le Parti socialiste (PSOE). Un peu comme si, en France, le Parti libéral démocrate remplaçait le MoDem et l'UDI, puis menaçait Les Républicains, pour vous donner une idée du tremblement de terre politique que vit l'Espagne.

De quoi Ciudadanos est-il le nom ?

Ciudadanos, comme Podemos, propose une nouvelle manière de faire de la politique. Un style plus informel et une approche plus conversationnelle des réunions publiques. Plutôt que d'assommer leurs audiences sous des successions de discours, leurs leaders dialoguent avec la salle, en tenue décontractée.

Ciudadanos n'est pas né d'hier. Ce parti a été créé en Catalogne en 2005, par une poignée d'intellectuels issus de la classe moyenne. Son leader actuel, Albert Rivera, a commencé à droite, comme jeune militant du Parti populaire. Leur source d'inspiration est La Grève, la bible des libertariens, un livre écrit en 1957 par Ayn Rand, qui a connu un incroyable succès aux États-Unis et dans le monde.

Méprisé par les médias traditionnels, Ciudadanos a percé sur Internet et en organisant des réunions publiques. Sa critique de la vieille caste politique espagnole a rencontré un écho auprès des jeunes cadres dynamiques désenchantés par les partis traditionnels après des années de crise et de corruption endémique. Il rassemble un électorat centriste, urbain, issu de la classe moyenne, incarnant l'Espagne moderne, qui semble avoir dépassé la vieille querelle entre les deux Espagnes, républicaine et catholique, dont la guerre civile a été le point d'orgue.

Bien qu'il préfère se dire centriste, Ciudadanos propose un projet libéral, un courant de pensée qui avait disparu de la vie politique espagnole depuis qu'il avait été écrasé entre l'extrême gauche et l'extrême droite pendant la guerre civile. Cohérent, il prône à la fois la libéralisation des drogues, celle de la prostitution et du marché du travail avec un contrat unique. Il souhaite également réduire l'impôt sur les sociétés de 30 à 20 %, et plafonner l'impôt sur le revenu à 43,5 %. Albert Rivera parle de « flexicurité » et de créer de la richesse avant de la répartir. Le modèle qu'il propose à l'Espagne est celui de l'Europe du Nord, répondant ainsi à l'humiliation des Espagnols d'avoir été classés parmi les PIGS (Portugal, Italie, Grèce et Espagne), eux qui étaient si fiers de leur développement depuis les années 80. Il veut créer des « institutions qui reflètent la société » avec des professionnels qui font de la politique, plutôt qu'avec des professionnels de la politique. Au final, Ciudadanos propose une rupture radicale à un pays habitué depuis 30 ans à un relatif consensus autour d'un modèle social-démocrate devenu inefficace et corrompu.

Un tel renouvellement de l'offre politique est-il possible en France ?

Le contexte semble porteur. À l'image des Espagnols, les Français ne sont visiblement pas satisfaits d'une offre politique qui reste bloquée sur les mêmes partis, les mêmes idées et les mêmes figures depuis 30 ans. Près de la moitié d'entre eux se sont abstenus ou ont voté blanc aux élections régionales. Sur la moitié qui s'est exprimée, un tiers l'a fait en faveur du FN. Le PS et Les Républicains, alliés au MoDem et à l'UDI, n'ont donc attiré que 30 % des inscrits. C'est faible pour gouverner, et encore plus pour mener des réformes ambitieuses. Faute de renouvellement et de crédibilité, les Républicains ne tirent pas profit de l'impopularité du PS, se heurtant systématiquement à cette question « Mais pourquoi ne l'avez-vous pas fait lorsque vous étiez au pouvoir ? »

.        Les Français ne veulent plus des partis traditionnels. Mais sont-ils prêts pour autant à voter pour d'autres partis moins connus ? Cela reste à prouver. Pour le moment, aucun Podemos ou Ciudadanos français n'a émergé. Et pour cause, la vie politique française est bien verrouillée :

·       Au niveau électoral d'abord, avec des scrutins majoritaires qui ne laissent quasiment aucune place aux petits partis émergents. Des fonctionnaires qui peuvent faire de la politique sans jamais risquer de perdre leur travail et leurs revenus, et deviennent d'indéboulonnables professionnels de la politique. François Hollande aurait abandonné l'idée d'introduire un peu de scrutin proportionnel, sacrifiant ses promesses et la nécessaire aération de la vie politique française à ses calculs politiciens ;

·       Au niveau financier ensuite, avec une loi sur le financement des partis politiques qui empêche l'émergence de nouveaux partis en interdisant les dons de plus de 7 500 euros ;

·       Au niveau médiatique enfin, car les médias traditionnels, et notamment les télévisions, s'assoient sur les règles du CSA et ne donnent aucune visibilité aux petits partis qui parviennent, après d'immenses efforts, à monter des listes et à financer leurs campagnes.

Un Ciudadanos à la française ?

Le MoDem puis l'UDI n'ont pas osé proposer un programme libéral et de nouveaux visages, ce qui les aurait utilement distingués des Républicains, des socialistes et du FN. Ils sont apparus pour ce qu'ils sont, des rassemblements d'élus centristes et d'ambitions déçues qui ne cherchent qu'à négocier leur pouvoir de nuisance avec Les Républicains.

Du côté de la société civile, des initiatives surgissent. Aux élections régionales, les listes issues de Nous citoyens et du Parti libéral démocrate ont rassemblé entre 1,5 et 2 % des voix, malgré un boycott médiatique total. Pas si loin des 3 % de Ciudadanos au début de l'année. D'autres initiatives essaient de gagner les esprits et les cœurs, comme le mouvement d'action de terrain Les Zèbres d'Alexandre Jardin, ou le think tank Génération libre, dont la figure de proue, Gaspard Koenig, commence à émerger dans les médias. Ces mouvements sauront-ils se fédérer autour d'une plateforme commune, comme le propose LaPrimaire.org, qui se donne pour objectif de faire émerger un candidat issu de la société civile, soutenu par des centaines de milliers de Français. À moins qu'Emmanuel Macron, qui a presque le même âge qu'Albert Rivera et dont les idées semblent très proches de Ciudadanos, n'emporte la mise en organisant ses soutiens dans un nouveau parti.

Qui est John Galt ? Ou plutôt, qui sera l'Albert Rivera français ?

http://www.lepoint.fr/chroniques/elections-espagnoles-un-tel-scenario-est-il-envisageable-en-france-21-12-2015-2004263_2.php

 

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