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il y a 7 minutes, Romy a dit :

Je ne sais pas quelle peut être la réponse «libérale» face à cette angoisse.

 

Notons déjà que si la puissance publique ne s'occupait pas de location, cette affaire serait un simple contentieux juridique entre particuliers et n'occuperait vraisemblablement aucune place dans le débat publique. La médiatisation de ce genre d'histoire étant à la fois une cause et une conséquence de "l'insécurité culturelle" -qui ici mériterait d'être baptisée islamophobie*, au sens littéral de peur de l'islam.

 

*Comme disait quelqu'un: "Phobie veut dire "peur" en grec, alors que le mot juste serait islamomisie de misos qui signfie "haine" en grec."

 

Pour combattre une peur il faut en comprendre les causes et les neutraliser.

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Certains arabes mangent du porc ou boivent de l'alcool, et ce sont clairement des indispensables si on cherche à fournir une "alimentation générale". Le seul et unique problème ici est que l'Etat intervient dans le logement et le commerce, quelque soient ces exigences ou ses non-exigences, elles seront illégitimes. Mais je ne doute pas une seule seconde que ça va partir en gueguerre figaro-téléramesque plutôt que d'admettre que ni les musulmans ni les nationalistes le sont le problème mais que c'est encore et toujours la gestion publique qui ne peut pas être juste, jamais, nulle part.

 

Edit : grillé par Razor. Pour moi l'Etat est une des principale cause l'insécurité culturelle, réelle ou ressentie.

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il y a 4 minutes, Nihiliste frustré a dit :

Edit : grillé par Razor. Mais j'irais plus loin : l'Etat est une des principale cause l'insécurité culturelle, réelle ou ressentie.

Pour le dire un peu comme David Goodhart, quand les élites organisent plus ou moins consciemment les choses de façon à bénéficier des restaurants exotiques et de la main d'oeuvre bon marché, alors qu'ils réservent aux populos le voisinage de gens qui comptent vivre "comme là-bas" sans s'intégrer dans un cadre de vie où ce mode de vie est inadapté et où la cohabitation de si grandes différences est invivable (lire : un immeuble), il ne faut pas s'étonner que lesdits populos finissent par s'énerver.

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il y a 8 minutes, Nihiliste frustré a dit :

l'Etat est une des principale cause l'insécurité culturelle, réelle ou ressentie.

 

Tout à fait d'accord, que ce soit au niveau du discours culpabilisant que je pointais ou au niveau de ce que l'argumentaire classique des libéraux à l'égard de la droite à déjà dit (il est contradictoire de s'inquiéter de l'immigration sans faire la critique de l'Etat-providence, etc.).

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il y a 6 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

 

Notons déjà que si la puissance publique ne s'occupait pas de location, cette affaire serait un simple contentieux juridique entre particuliers et n'occuperait vraisemblablement aucune place dans le débat publique. 

Je ne crois pas. Sans intervention publique, ce serait un conflit entre particuliers mais l'aspect «culturel» serait présent et médiatisé. Pointer du doigt les commerces qui répondent à une demande, et qui sont donc un reflet de la réalité, est idiot mais c'est symptomatique du «on ne se sent plus chez nous»

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il y a 4 minutes, Rincevent a dit :

Pour le dire un peu comme David Goodhart, quand les élites organisent plus ou moins consciemment les choses de façon à bénéficier des restaurants exotiques et de la main d’œuvre bon marché, alors qu'ils réservent aux populos le voisinage de gens qui comptent vivre "comme là-bas" sans s'intégrer dans un cadre de vie où ce mode de vie est inadapté et où la cohabitation de si grandes différences est invivable (lire : un immeuble), il ne faut pas s'étonner que lesdits populos finissent par s'énerver.

 

C'est le constat que font des auteurs aussi différents que de Benoist, Michèle Tribalat ou C. Guilluy*. Et le constat est une chose, les conclusions politiques qu'on en tire une autre (n'est-ce-pas @Fagotto ).

 

*Extraits:

"

L'idée de la ghettoïsation "à l'américaine" suggère en effet que l'Etat républicain a déserté ces territoires. Stigmatisées, reléguées, les banlieues seraient ainsi sous-équipées et l'Etat y serait moins présent qu'ailleurs. Cette affirmation ne correspond pas à la réalité. Si la permanence des difficultés sociales révèle une forme d'impuissance des pouvoirs publics, elle ne signifie pas pour autant que l'Etat s'est désengagé. D'ailleurs, ces territoires bénéficient le plus souvent d'une densité d'équipements publics supérieure à celle des territoires périurbains et ruraux. C'est dans cette optique que le sociologue Dominique Lorrain a réalisé une étude comparative sur les investissements publics entre le quartier des Hautes-Noues à Villiers-sur-Marne et un quartier de la périphérie de Verdun. Dans les deux cas, les populations concernées sont modestes et/ou précaires et les taux de chômage sont élevés. La cité des Hautes-Noues est classée "sensible", tandis que le quartier de la périphérie de Verdun n'a jamais fait parler de lui. Première surprise, le revenu moyen par habitant du quartier sensible de Villiers-Sur-Marne est de 20% supérieure à celui de Verdun. L'auteur précise par ailleurs que les équipements culturels, les services publics et les facilités de transports sont moins fournis à Verdun: il faut compter trois heures pour rejoindre la métropole nancéenne contre vingt minutes pour rallier Paris depuis le quartier des Hautes-Noues."
-Christophe Guilluy, Fractures françaises, Flammarion, champ.essais, 2013 (2010 pour la première édition), 186 pages.

 

"Cette société ouverte, mixte, égalitaire, portée dans les discours ne correspond en rien à la réalité, et encore moins à celle que revendiquent ces catégories supérieures. Dans les faits, la société mondialisée est une société fermée où le grégarisme social, le séparatisme, l'évitement et la captation des richesses et des biens n'ont jamais été si puissants." (p.22)
 

"Acquise à la loi du marché, aux normes libérales [sic], à la nécessité de réduire la redistribution, la nouvelle bourgeoisie métropolitaine ne dédaigne pourtant pas la manne publique et les politiques sociales quand elles servent ses intérêts. Le géographe Gérard-François Dumont a ainsi montré à quel point les métropoles coûtent cher à la collectivité: dotation de l'Etat, équipements publics, surreprésentation des fonctionnaires territoriaux, mais aussi rénovation urbaine quasi permanente dans les banlieues des grandes villes." (p.45-46)

"L'intérêt pour le logement social des métropoles ne relève pas non plus de l'altruisme. Si la part du logement social à Paris est passée de 13.4% en 2001 à 17.6% en 2012, ce n'est pas pour créer les conditions d'un retour des classes populaires à Paris, mais pour y maintenir les "key-workers". Ces "travailleurs clés" pour la ville que sont les personnels de santé, instituteurs, policiers, professions intermédiaires, n'ont plus accès au parc de logements privés et doivent souvent s'exiler. Si la disparition des classes populaires traditionnelles ne préoccupe pas les municipalités, en revanche la disparition de ces petites mains qui assurent la continuité des services publics commence à inquiéter. Les immigrés dans le parc très social de banlieues, les key-worker dans le parc social intermédiaires de la ville-centre: la bourgeoisie libérale des métropoles sait se faire étatiste quand ses intérêts sont en jeu." (p.47)

 

"Il faut dire que les bobos n'entendent pas jouer avec l'avenir de leurs enfants. Dans la vie réelle, la logorrhée multiculturaliste ne pèse pas grand-chose, ce sera donc l'École alsacienne, le bon collègue public ou, au "pire", l'inscription dans la privé. La mixité, le multiculturalisme réel, c'est pour les autres." (p.70)

-Christophe Guilluy, Le crépuscule de la France d'en haut, Flammarion, coll. Champs.actuel, 2017 (2014 pour la première édition), 250 pages.

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Dans ce cas précis, je présume en lisant l'article, que le local faisant épicerie doit être situé au rdc d'un immeuble hlm appartenant à la municipalité, ou présidé par elle. Moi il me vient plusieurs questions

- le local a été mis à la location pour en faire un magasin d'alimentation, et pas une boutique de lingerie ou de chaussures, il y a donc eu à un moment un besoin non satisfait par le privé afin que les habitants du quartier fassent leurs courses de bouffe près de chez eux. 

Et comme Nihiliste le fait remarquer des musulmans consomment de l'alcool et bouffent du porc.... sauf que là, il semble que priorité ait été donnée à satisfaire la population pratiquante, au détriment de l'autre.

- des habitants ont peut-être été se plaindre de ne pouvoir satisfaire leurs souhaits de conso comme c'était le cas avant avec le franprix

- d'où conflits sur un besoin de départ qui pouvait être de permettre à tout le quartier d'aller faire ses emplettes pas loin de l'appartement

 

Alors, ici et maintenant, et les choses étant ce qu'elles sont à notre grand désespoir, je trouve dans la situation telle qu'elle est qu'il est vaguement légitime de remettre en question la pratique, dès l'instant où effectivement, le bailleur était un organisme para public ou para privé

 

- pourquoi Momo a pas ouvert une épicerie en louant un local  en dehors du secteur hlm ? Là il aurait eu la paix.... 

 

Et effectivement, c'est la parfaite illustration de cette insécurité culturelle qui affecte les habitants de ces quartiers, lorsqu'ils se rendent compte qu'ils ne peuvent plus aller acheter du sauciflard et du pinard en bas de leur immeuble. 

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il y a 21 minutes, Romy a dit :

Pointer du doigt les commerces qui répondent à une demande, et qui sont donc un reflet de la réalité, est idiot

 

Je n'irais pas jusque là. L'article mentionné indiquait que des gens se plaignaient de cette évolution, il est donc vraisemblable que les pouvoirs publics locaux agissent à la demande d'une partie des habitants. Lesquels n'ont pas forcément torts de se sentir exclus par la communautarisation des commerces. On ne peut même pas exclure a priori que ce soit le but visé par certains pour les pousser à quitter le quartier.

 

Pour autant je suis comme toi, je ne vois pas de solution libérale. Les gens n'ont pas un "droit-à-ne-pas-se-sentir-exclus".

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à l’instant, Johnathan R. Razorback a dit :

il est donc vraisemblable que les pouvoirs publics locaux agissent à la demande d'une partie des habitants. Lesquels n'ont pas forcément torts de ce sentir exclus par la communautarisation des commerces.

Exactement.

La solution libérale, on la connait un peu, déjà en matière de politique du logement....

 

Le résultat ici, c'est que les habitants non pratiquants (peu importe leur origine) vont se barrer dès quils pourront ailleurs, et ce quartier sera totalement communautarisé, avec repli identitaire à la clé, puisque les musulmans non pratiquants (oxymore ou bien c'est blessipo ?)  et moins prosélytes, se seront cassés aussi...

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il y a 12 minutes, Bisounours a dit :

ce quartier sera totalement communautarisé, avec repli identitaire à la clé

 

D'aucun dirons qu'entre l'isolement communautaire et les difficultés socio-économiques de certaines banlieues, on obtiendra une déculturation par rapport au reste de la société française et une masse de frustrations qui en feront un nid à futurs terroristes.

 

Nos adversaires politiques ne manqueront pas de faire le raccourci en disant que "laisser faire" revient ici à ouvrir la voie aux attentats.

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La réponse libérale est ici évidente, elle est le respect des contrats sanctionné par le juge. Si le jugement dit que le locataire n'a pas respecté ses obligations, alors l'office hlm est dans son bon droit, qu'importe que ce soit un organisme para-public ou ce que l'on pense de la politique du logement.

 

Le problème me semble moins être la politique du logement que l'absence de commerces dans les environs qui aurait fait concurrence à la boutique actuelle.

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Tiens, tu tombes bien @Sanson, c'est ta signature et l'inénarrable Badiou que je voulais citer en disant que le "laisser faire" risquait d'être amalgamé au djihadisme.

 

A vrai dire j'attends plus cette réduction facile de la part de la droite radicale. Culturellement parlant, Soumission de Houellebecq est dans cet esprit là.

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il y a 35 minutes, Sanson a dit :

La réponse libérale est ici évidente, elle est le respect des contrats sanctionné par le juge. Si le jugement dit que le locataire n'a pas respecté ses obligations, alors l'office hlm est dans son bon droit, qu'importe que ce soit un organisme para-public ou ce que l'on pense de la politique du logement.

 

Le problème me semble moins être la politique du logement que l'absence de commerces dans les environs qui aurait fait concurrence à la boutique actuelle.

Le problème, c'est que l'Etat est n'est pas légitime à contracter sur n'importe quel sujet. On ne contracte pas avec les voleurs, on leur coupe les mains. L'insécurité culturelle, c'est des piscines publiques avec des horaires réservées pour les femmes mais pas pour les hommes, contrat ou pas, c'est des mosquées financées par la puissance publique, contrat ou pas, une télévision publique qui devrait chronométrer le temps accordé à chaque religion, un ministère de la culture qui devrait financer les raëliens autant que les athées et tout cet énorme merdier qu'est l'intervention étatique en général.

Un contrat signé avec Hitler est nul et non avenu, quand bien même ça fait mal à ton petit cœur de juriste.

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Pour comprendre le malaise identitaire français, il faut comprendre la sortie du modèle assimilationniste républicain, au profit de ce que Guilluy appelle une "société américaine comme les autres".

 

"L’assimilation est un processus social de convergence des comportements, auquel la mixité des mariages (et plus largement des unions) apporte une contribution décisive. C’est ainsi que des millions d’immigrés et d’enfants d’immigrés sont devenus des Français à part entière. Elle s’effectue dans un rapport inégalitaire entre la nation qui accueille et les nouveaux venus. C’est de ces derniers que sont attendus la plupart des efforts, sous la pression sociale exercée par la population environnante. Ce qui ne veut pas dire que cette dernière n’évolue pas. Si elle n’est pas disposée à se plier aux mœurs des nouveaux venus, elle se transforme pourtant elle aussi subrepticement, mais sans avoir l’impression que ses modes de vie ou ses pratiques culturelles sont profondément chamboulés, voire directement remis en cause." (p.6-7)

 

"Le modèle d’assimilation nécessite, pour fonctionner, une certaine mixité ethnique des catégories populaires. La perspective de la mise en minorité des natifs au carré est profondément anxiogène et conduit plutôt à la séparation qu’à la mixité. Pour que l’assimilation fonctionne, les natifs au carré doivent aussi avoir le sentiment qu’ils exercent un ascendant culturel reconnu par l’ensemble du corps social, élites comprises qui sont celles qui distribuent les bons et les mauvais points. Or leur ascendant culturel est contesté, pratiquement, dans l’expérience quotidienne de la cohabitation, mais aussi théoriquement par ces élites pour qui toutes les cultures ont un même droit de cité. La séparation devient alors la conduite rationnelle des catégories populaires pour protéger leurs propres modes de vie." (p.302)

-Michèle Tribalat, Assimilation - la fin du modèle français, Paris, Éditions du Toucan, 2013, 391 pages.

 

La gauche "socialiste" (PS) a joué un rôle majeur dans ce changement idéologique, comme le pointe à juste titre H. Guaino:  "La gauche de la repentance et de la guerre des mémoires,

 

celle du communautarisme et du multiculturalisme,

 

celle du retour des féodalités et des principautés,

 

celle qui cède tout aux minorités agissantes,

 

celle qui renie en même temps l’héritage de la Chrétienté et celui des Lumières,

 

celle qui faisait la fête sur la place de la Bastille le soir du 6 mai 2012,

 

la gauche nihiliste qui n’en a toujours pas fini avec Mai 68, qui n’en finit plus de combattre contre l’autorité et contre la Nation,

 

cette gauche est devenue étrangère à sa propre histoire,

 

cette gauche, les instituteurs socialistes de mon enfance qui m’ont tant appris, ne la reconnaîtraient pas."

-Henri Guaino, Discours au Congrès fondateur du parti « Les Républicains », 30 mai 2015.

 

Cette conversion s'est faite sous l'influence de la "philosophie" post-moderne qui exalte la "diversité" et les identités "fluides" comme le nec plus ultra de la subversion révolutionnaire (ce qui permet à une certaine intelligentsia de se croire très dangereuse tout en étant fondamentalement impolitique et complètement coupée des préoccupations du français lambda, pour ne rien dire sur sa proximité avec les masses laborieuses):

 

« Du moment qu’on lutte contre l’exploitation, c’est le prolétariat qui non seulement mène la lutte, mais définit les cibles, les méthodes, les lieux et les instruments de luttes ; s’allier au prolétariat, c’est le rejoindre sur ses positions, sur son idéologie, c’est reprendre les motifs de son combat. C’est se fondre. Mais si c’est contre le pouvoir qu’on lutte, alors tous ceux sur qui s’exerce le pouvoir comme abus, tous ceux qui le reconnaissent comme intolérable peuvent engager la lutte là où ils se trouvent et à partir de leur activité (ou passivité) propre. En engageant cette lutte qui est la leur, dont ils connaissent parfaitement la cible et dont ils peuvent déterminer la méthode, ils entrent dans le processus révolutionnaire. Comme alliés bien sûr [sic] du prolétariat, puisque, si le pouvoir s’exerce comme il s’exerce, c’est bien pour maintenir l’exploitation capitaliste. Ils servent réellement la cause de la révolution prolétarienne en luttant précisément là où l’oppression s’exerce sur eux. Les femmes, les prisonniers, les soldats du contingent, les malades dans les hôpitaux, les homosexuels ont entamé en ce moment une lutte spécifique contre la forme particulière de pouvoir, de contrainte, de contrôle qui s’exerce sur eux. »

-Michel Foucault, « Les intellectuels et le pouvoir », in Dits et écrits I, n°106, p.1183.

 

« La lutte pour une subjectivité moderne passe par une résistance aux deux formes actuelles d'assujettissement, l'une qui consiste à nous individuer d'après les exigences du pouvoir, l'autre qui consiste à attacher chaque individu à une identité sue et connue, bien déterminée une fois pour toutes. La lutte pour la subjectivité se présente alors comme droit à la différence, et droit à la variation, à la métamorphose. »

-Gilles Deleuze, Foucault, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1986, p.113.

 

Lequel post-modernisme a été très bien reçu au PS. N'oublions pas le soutien de Foucault à Khomeini Michel Rocard. N'oublions pas comment la mitterrandie à fait la carrières de tous ces sophistes:

« [Mitterand] a fondé le Collège International de Philosophie pour Derrida. […] La grâce présidentielle fit de lui le penseur officiel. »

-Pierre Magnard, « Déconstruire la déconstruction », conférence au Cercle Aristote, 10 juillet 2017.

 

Dans cette perspective, le sentiment d'attachement à son pays ou à n'importe quelle autre identité nettement définie est suspecté (euphémisme) d'être un signe de tendances réactionnaires bien rances gnagnagna. L'assimilation des étrangers est rejetée*. C'est l'idéologie dominante de la majeure partie de ce qu'on appelle gauche, pour ne pas dire un mouvement de fond qui coure du centre-droit jusqu'à une partie de la FI (à ne pas confondre avec les identitaires "de gauche", qui eux croit très fort à leur identité raciale, et rejette l'assimilation depuis une base intellectuelle différence, non pas post-moderne mais plutôt anti-moderne, pour ne pas dire archaïque). Voici par exemple le genre de propos que tient un professeur de philo que j'ai eu:

 

"« France », pour moi ça n’a aucun intérêt, je n’ai pas besoin d’un mythe national, qu’est-ce que c’est que la France : une entité juridique, un état (…) je ne suis pas d’accord de défendre les valeurs d’un état français, il n’y a pas de culture française** (…) l’identification « France » doit être mise sur le même plan que « masculin, féminin, ou autre », sur le plan sexuel, que l’identification « noir, arabe, ou provençal ou etc. »..(…) l’identification ? Personne n’y adhère pleinement, et ceux qui y adhèrent ont un problème (…) ne cherchons pas à donner un concept à ce mot France."
-Patrice Maniglier, aux Rencontres de Pétrarque, 13 juillet 2016.

 

*On arrive de manière "amusante" au même résultat que dans une conception très à droite, ethniciste, de la Nation: un étranger ne peut pas devenir allemand, on devient allemand par le sang...

 

**Je vous laisse imaginer les hurlements que cette magnifique gauche, ce phare du progrès humain, aurait poussé si un intellectuel de droite, si un Sarkozy, avait sorti qu'il n'existe pas de culture algérienne ou africaine...

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Je plussoie fortement, mais la sortie du modèle assimilationniste républicain s'explique largement par l'étatisation de la culture française sans cesse réclamée et mise en oeuvre par la droite tout autant que la gauche. Je préfère encore vivre sous le joug des soixante-huitards que sous celui des droiteux, ça a au moins le mérite de permettre, ne serait-ce qu'un tout petit peu, l'évolution spontanée de la culture du pays. Mai 68 n'est pas apparu comme par magie, et ça continuera tant que la débilité gauchiste sera moindre que la trisomie droitarde.

 

De même que l'insécurité vient aussi des mecs en uniforme qui vous rackettent sur la route, l'insécurité culturelle, c'est aussi des fonctionnaires qui vous impose votre culture.

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Donc je résume ma thèse pour @Fagotto

 

1968: Rupture du compromis gaullo-communiste (pas pour la partie économique, on sait comment le communisme a progressé depuis). Attaques de toutes les institutions étatiques (rejet de l'école "bourgeoise" ; "CRS = SS", etc). Déligitimation de la Nation et des forces politiques incarnant ou prétendant incarner la France glorieuse (De Gaulle et le "parti des 600 000 fusillés").

 

1969-1981: Retour du projet de construction européenne (qui date des années 1920) ; fin des Trente Glorieuses, passage à une immigration familiale. Lent pourrissement qui prépare les processus ultérieurs. Élection de Foucault au Collège de France en 1970.

 

1981-1995: Fondation du Collège international de philosophie en 1983.

 

Accélération du processus vers la supranationalité. Les opposants sont au mieux des crypto-lepénistes qui s'ignorent, au pire des nazis:

« Un “non” au référendum serait pour la France et l’Europe la plus grande catastrophe depuis les désastres engendrés par l’arrivée de Hitler au pouvoir. » (Jacques Lesourne, Le Monde, 19.9.92)

« Je suis persuadé que les jeunes nazillons qui se sont rendus odieux à Rostock votent “non” à Maastricht. » (Michel Rocard, Le Figaro, 17.9.92)

 

16 juillet 1995: le Discours de Jacques Chirac au Vélodrome d'Hiver.

 

2001 : "La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du xve siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité.". Nous allons enfin pouvoir nous flageller plus vigoureusement. Merci à l'ex-indépendantiste Taubira de nous aider à faire notre devoir de mémoire .

 

2017: Macron, la France doit assumer son vichysme ; heureusement que nos élites sont là, on risquerait de l'oublier et de retomber dans les heures sombres sans l'auto-flagellation institutionnelle.

 

Désormais, sur la base de la loi de 2001, des groupuscules militants hantent les média pour expliquer qu'il faut déboulonner les statuts des Colbert (ce salaud d'esclavagistes) et les noms des rues de Bordeaux (car certains armateurs impliqués dans la traite ont des rues à leurs noms). Le message qui ressort de ce que l'élite française dit de sa propre histoire c'est: "Bienvenue en France, nos ancêtres sont des salauds ! Comment ça vous ne voulez pas devenir comme nous ?".

Dans le même temps, l'opposition, la réaction à ce discours de "déconstruction" est taxé de nationalisme, de chauvinisme, d'arrières-pensées malsaines, de non-progressisme, etc.

 

Et après on se demande d'où vient "l'insécurité culturelle"... Au bout d'un moment, quand tu dis aux gens qui te résistent qu'ils sont lepénistes et chauvins, et bien ils finissent par s'identifier à l'assignation que tu leur jettes... Surtout quand aucun autre parti ne semble à même de contester la misopatrie dominante.

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Je n'ai plus le temps d'éditer, sinon j'aurais ajouter cette observation de Julien Freund, à méditer:

 

"Si l'on tient à établir un lien entre l'univers des discours et la manière dont les gens interprètent leur expérience, il y a selon moi quelque chose de plus frappant qui mériterait d'être creusé ; c'est cette occupation obsessionnelle de nos media par la seconde guerre mondiale ; plus exactement par le nazisme. Vous ne pouvez pas vous en souvenir, mais dans les années cinquante, soixante, Hitler était pratiquement oublié. Nous vivions dans l'euphorie de la reconstruction et, notre actualité politique, c'était quoi ? La guerre froide et les conflits coloniaux, c'est-à-dire des évènements concomitants. Les communistes célébraient pieusement le mensonge de leurs 75 000 fusillés et les anciens de la Résistance se retrouvaient rituellement devant les monuments aux morts. C'était tout. Ce passé, pourtant proche, était en cours de banalisation. Rien d'ailleurs que de très ordinaire dans cette lente érosion ; c'est un critère de vitalité. Aujourd'hui, en revanche, ce passé fait l'objet de constants rappels incantatoires. Hitler est partout, accommodé à toutes les sauces. C'est le nouveau croquemitaine d'une société qui retombe en enfance et se récite des contes effrayants avec spectres, fantômes et golem..."

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27 minutes ago, Johnathan R. Razorback said:

Donc je résume ma thèse pour @Fagotto

 

Ce n'est pas ta thèse, c'est celle de Zemmour Michéa et autres (je ne saurai dire qui a commencé et on l'a déja entendu 1000 fois, pardonne moi de préferer Foucault à Guano, cf.Bordeau Chesnel.

 

53 minutes ago, Nihiliste frustré said:

Je plussoie fortement, mais la sortie du modèle assimilationniste républicain s'explique largement par l'étatisation de la culture française sans cesse réclamée et mise en oeuvre par la droite tout autant que la gauche. Je préfère encore vivre sous le joug des soixante-huitards que sous celui des droiteux, ça a au moins le mérite de permettre, ne serait-ce qu'un tout petit peu, l'évolution spontanée de la culture du pays. Mai 68 n'est pas apparu comme par magie, et ça continuera tant que la débilité gauchiste sera moindre que la trisomie droitarde.

 

Voilà, qu'ils y retournent à leur nationalisme autoritaire, ils seront bien contents, à peu près tous les contempteurs de mai 68 le sont pour des raisons antilibérales, y a une raison. Les gauchos et les internationalistes multiculti et autres sont casse-couilles mais c'est pas une raison pour se jeter dans les bras de losers encore plus nuisibles

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il y a 16 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Je n'ai plus le temps d'éditer, sinon j'aurais ajouter cette observation de Julien Freund, à méditer:

 

"Si l'on tient à établir un lien entre l'univers des discours et la manière dont les gens interprètent leur expérience, il y a selon moi quelque chose de plus frappant qui mériterait d'être creusé ; c'est cette occupation obsessionnelle de nos media par la seconde guerre mondiale ; plus exactement par le nazisme. Vous ne pouvez pas vous en souvenir, mais dans les années cinquante, soixante, Hitler était pratiquement oublié. Nous vivions dans l'euphorie de la reconstruction et, notre actualité politique, c'était quoi ? La guerre froide et les conflits coloniaux, c'est-à-dire des évènements concomitants. Les communistes célébraient pieusement le mensonge de leurs 75 000 fusillés et les anciens de la Résistance se retrouvaient rituellement devant les monuments aux morts. C'était tout. Ce passé, pourtant proche, était en cours de banalisation. Rien d'ailleurs que de très ordinaire dans cette lente érosion ; c'est un critère de vitalité. Aujourd'hui, en revanche, ce passé fait l'objet de constants rappels incantatoires. Hitler est partout, accommodé à toutes les sauces. C'est le nouveau croquemitaine d'une société qui retombe en enfance et se récite des contes effrayants avec spectres, fantômes et golem..."

 

Voilà, il est tout à fait frappant qu'on oublie pas la pire boucherie de l'histoire humaine, l'eugénisme de masse et le totalitarisme. Un peu comme si la débilité des uns avait alimenté la trisomie des autres. 

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il y a une heure, Fagotto a dit :

1): Ce n'est pas ta thèse, c'est celle de Zemmour Michéa et autres (je ne saurai dire qui a commencé

 

2): à peu près tous les contempteurs de mai 68 le sont pour des raisons antilibérales, y a une raison.

 

1): Pour Régis Debray (Mai 68, une contre-révolution réussie, 1978) et Michel Clouscard (Néo-fascisme et idéologie du désir, 1973) (les suivants étant des copieurs généralement encore plus nuls et malhonnêtes), les mutations que j'ai indiqués sont consécutives d'une transformation du capitalisme. Je considère pour ma part que ça tient à des choix politiques largement autonomes (n'en déplaise aux souverainistes de gauche, le capitalisme n'a absolument pas besoin de la construction européenne pour se développer -suffit de voir la Suisse) et au déclin du marxisme qui a laissé de l'espace à gauche pour des idéologies encore plus vides de sens. On ne peut pas dire que l'analyse soit identique.

 

Du reste, tu l'imputes à qui tu veux, ça ne consiste de toute façon pas un contre-argument sur la vérité mon interprétation des événements.

 

2): Y a certainement plus qu'une, compte-tenu de la complexité inouïe de l'événement d'une part, et de l'hétérogénéité des critiques d'autres part. Personnellement je ne suis pas un "contempteur" de 68, ça ne veut pas dire grand-chose de rejeter 68 en bloc, c'est un événement beaucoup trop confus. Aron, dans La Révolution introuvable, en fait une critique globalement négative qui me paraît tout à fait intéressante.

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Il y a 3 heures, Nihiliste frustré a dit :

[...] Je préfère encore vivre sous le joug des soixante-huitards que sous celui des droiteux, ça a au moins le mérite de permettre, ne serait-ce qu'un tout petit peu, l'évolution spontanée de la culture du pays. Mai 68 n'est pas apparu comme par magie, et ça continuera tant que la débilité gauchiste sera moindre que la trisomie droitarde.

 

De même que l'insécurité vient aussi des mecs en uniforme qui vous rackettent sur la route, l'insécurité culturelle, c'est aussi des fonctionnaires qui vous impose votre culture.

Si, comme je le devine dans tes propos, avant mai 68 il n'y avait que des "droitards", et que ces derniers figent la culture du pays, comment expliques-tu même que Mai 68 ait pu advenir ? Je sens pointer comme une contradiction dans les termes de ton discours.

 

Et l'insécurité culturelle, c'est aussi des fonctionnaires qui vous interdisent, ou vous sabotent votre culture. :)

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il y a 57 minutes, Rincevent a dit :

Si, comme je le devine dans tes propos, avant mai 68 il n'y avait que des "droitards", et que ces derniers figent la culture du pays, comment expliques-tu même que Mai 68 ait pu advenir ? Je sens pointer comme une contradiction dans les termes de ton discours.

Je dis deux choses : l'étatisme culturel n'est pas le propre des soixante-huitards. Je dis aussi que mai 68 est, entre autre, une réaction à un conservatisme qui était moribond et qui n'hésitait pas à s'imposer par la force. Voilà ce qui se passe quand les conservateurs sont infoutus de hiérarchiser dans ce qu'ils veulent conserver, cassent les couilles à tout le monde avec leurs petites névroses et préfèrent la matraque policière plutôt que de s'emmerder à vendre leur culture à ceux qui en manque. C'est exactement la même chose que le "tout est politique" cher aux gauchistes et qui eux aussi finissent par donner à tout le monde des pulsions fachistes. Ils se ressemblent tellement.

 

Il y a 1 heure, Rincevent a dit :

Et l'insécurité culturelle, c'est aussi des fonctionnaires qui vous interdisent, ou vous sabotent votre culture. :)

C'est bien pour ça que je plussoie Razor. Simplement on omet la moitié du problème et je ne cache pas qu'il m'insupporte profondément que la droite puisse passer pour innocente dans cette affaire sous prétexte qu'elle se croit défendre la bonne vielle culture nationale. Bah non, la bonne vielle culture, elle n'a jamais réussit à la défendre et comme l'étatisme produit absolument toujours des résultats contraires aux objectifs, elle a activement participé à son sabotage. Et ce, sans même s'en rendre compte, ce qui implique qu'elle va continuer son triste ouvrage encore quelques temps.

 

  • Yea 1
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Il y a 11 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

Je n'ai plus le temps d'éditer, sinon j'aurais ajouter cette observation de Julien Freund, à méditer:

Pour moi, c'est d'évidence un plaquage intellectuel rationalisé sur un phénomène d'harmoniques tout à fait naturel.

Qu'il y ait des éléments retardants de telle harmonique ou accélérateur de telle autre, des individus saillants, ok. Mais le gros du phénomène est un phénomène de masse (et de temps) naturel.

 

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13 hours ago, Nihiliste frustré said:

Le problème, c'est que l'Etat est n'est pas légitime à contracter sur n'importe quel sujet

Le problème est qu'appliquer les théories anarcap dans un pays qui ne l'est pas va vite être problématique.

 

Parce qu'avec cette théorie on arrive vite avec l'idée que l'état n'a pas à payer ses créanciers vu que les contrats qu'il passe sont illégitime et que donc la dette de l'état est illégitime.

Mélenchon et les autres vont adorer.

 

 

Perso dans un pays non anarcap, si on pouvait déjà juste respecter les contrats signés, ce serait déjà pas mal.

 

 

 

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Il y a 9 heures, Nihiliste frustré a dit :

l'étatisme culturel n'est pas le propre des soixante-huitards.

 

Je ne suis pas absolument sûr de ce que tu veux dire par là. Si tu veux dire qu'un Etat gouverné "à droite" est tout à fait capable de faire de l'ingénierie culturelle pour transformer sa population, c'est évident, j'ai cité le roman national-colonisateur de la Troisième république (avec beaucoup de radicaux-socialistes dedans, soyons justes) ; on pourrait aussi parler du ministère de la Culture crée par les gaullistes (et avant eux par l'Italie mussolinienne et le 3ème Reich).

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Sur le rapport à la mémoire, un certain Marcabru (qui soit à lu Nietzsche, soit a de très bonnes intuitions) a dit mieux que moi ce que je pense, et avec dix ans d'avance: http://www.lefigaro.fr/debats/2006/10/21/01005-20061021ARTFIG90568-a_t_on_encore_le_droit_d_oublier.php

 

 

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Le 04/12/2017 à 16:33, Rincevent a dit :

Pour le dire un peu comme David Goodhart, quand les élites organisent plus ou moins consciemment les choses de façon à bénéficier des restaurants exotiques et de la main d'oeuvre bon marché, alors qu'ils réservent aux populos le voisinage de gens qui comptent vivre "comme là-bas" sans s'intégrer dans un cadre de vie où ce mode de vie est inadapté et où la cohabitation de si grandes différences est invivable (lire : un immeuble), il ne faut pas s'étonner que lesdits populos finissent par s'énerver.

 

"Invivable " vraiment ? Si personne joue la carte victimaire du " safe place " c'est pas invivable.

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il y a 18 minutes, Atika a dit :

"Invivable " vraiment ? Si personne joue la carte victimaire du " safe place " c'est pas invivable.

 

Pour ça que tout le monde se bat pour vivre dans les quartiers à forte proportion allogène.
Oh, wait.

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