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Le 06/06/2018 à 15:00, DeadBot a dit :

Je viens de finir de lire le 12 Rules for Life de Jordan Peterson. Il y a des passages intéressants mais ça pourrait être facilement condensé en moitié moinsde pages, voire le quart. C'est pas franchement bien écrit, il utilise parfois des smileys (ce qui est une honte dans un livre qui se destine à des gens de plus de 12 ans) et il parle du procès de "Nuremburg" au lieu de Nuremberg (ce qui la fout mal quand on prétend être féru d'histoire). 

En train de le finir et je partage ton avis. Franchement mal écrit et il se perd parfois dans des explications complètement obscures.

Après pas vraiment de surprise par rapport au contenu.

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Article assez amusant sur Slate http://www.slate.fr/story/163754/jordan-peterson-revanche-masculinite-psychologue-masculiniste

 

L'analyse est très superficielle et détonne avec le ton "je suis au dessus de la mélée" de la journaliste.

 

À noter qu'elle utilise la même technique que Newmann, dont elle se permet de la  présenter comme une  idiote  utile, en déformant les propos de JBP dans l'interview de Vice (en gros il disait juste que le maquillage et les talons aiguilles étaient des utilisés dans une perspective de séduction et qu'il fallait trouver une ligne entre ce qui est permis et ce qui interdit). 

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Ca va être difficile à cacher alors autant le dire de suite : j'adore Jordan Peterson. Ce mec est aux antipodes de la pensée unique actuelle et il a une somme colossale de réflexions à offrir pour quiconque daigne sortir légèrement du carcan imposé par le politiquement correct. Il faudrait que davantage de psychologues s'inspirent de sa démarche : partir d'une philosophie individualiste (libérale) pour aider les gens à se rendre maîtres de leurs propres vies, de leurs choix et de leurs responsabilités. Tant que l'Université française reste bloquée sur Freud, on n'est pas prêts de voir l'image du psychologue s'améliorer.

J'ai écouté beaucoup de ses vidéos et lu son bouquin "12 rules for life" et, bien qu'évidemment je n'adhère pas à tout, je salue l'effort de réflexion qu'il y a derrière. Avec quelques points noirs : des connaissances parfois approximatives, qui, du coup, remettent complètement en question le raisonnement qu'il y a derrière. Parfois, même le raisonnement est absurde... Mais y a tout de même besoin d'intellectuels pour porter ce discours là, et il le fait de façon honnête et courageuse. Go buddy !

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53 minutes ago, Harfang said:

Avec quelques points noirs : des connaissances parfois approximatives, qui, du coup, remettent complètement en question le raisonnement qu'il y a derrière. Parfois, même le raisonnement est absurde... Mais y a tout de même besoin d'intellectuels pour porter ce discours là

 

 

Ah.

 

 

 

Trève de méchanceté, je vois ce que tu veux dire. A l’occasion je lirai ses papiers académiques publiés parce que j’ai toujours du mal à comprendre comment un type peut d’une part avoir le bagage méthodologique qu’il semble avoir, faisant souvent de bonnes remarques en matière de sciences humaines générale, et produire des théories aussi fumeuses. En fait il faudrait que quelqu’un discute avec lui un peu sérieusement de sa conception de la psychologie un jour car ça a l’air d’un joyeux bazar.

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C'est vrai, pas toujours facile d'y voir clair. Mais c'est très intéressant malgré tout. Compte tenu qu'il est de toutes façons idiot de gober bêtement ce qu'un intellectuel dit et écrit, autant tomber sur un gars qui élève le débat, même s'il a des théories à côté de la plaque. Certaines grandes théories encore admises aujourd'hui ne suffisent plus, de toutes façons, donc il faut bien chercher du frais. Il faut prendre le risque d'avoir l'air idiot pour espérer faire émerger la vérité.

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Le 13/07/2018 à 13:52, Anton_K a dit :

A l’occasion je lirai ses papiers académiques publiés parce que j’ai toujours du mal à comprendre comment un type peut d’une part avoir le bagage méthodologique qu’il semble avoir, faisant souvent de bonnes remarques en matière de sciences humaines générale, et produire des théories aussi fumeuses.

 

Mes racines du sud-ouest, et les rapports de seconde main que j'ai eu de ses bouquins, me font suspecter ses convictions religieuses. Quand un mec brillant essaie de réfléchir à la religion sans l'encadrement intellectuel de la Très Sainte Eglise catholique, les sorties de terrain peuvent être amusantes.

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Ses propos sur la religion sont vraiment intéressants. Il s'inspire de ce qu'écrivaient Jung, Nietzsche et d'autres sur le sujet. Il interroge le lien entre religion, vérité et morale. Les concepts de bien et de mal sont-ils toujours pertinents sans jugement divin ? Notre civilisation peut-elle garder longtemps son ordre et ses lois sans référence à la philosophie chrétienne ? Je pense que oui, mais c'est loin d'être évident... 

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Je serais assez d'accord. Classer de manière préférentielle c'est déjà faire une hiérarchie et vouloir éliminer toute hiérarchie amene inévitablement au relativisme généralisé.

 

D'ailleurs, le gauchiste sans le savoir ne combat pas l'inégalité mais la hiérarchie 

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à l’instant, NoName a dit :

D'ailleurs, le gauchiste sans le savoir ne combat pas l'inégalité mais la hiérarchie 

... parce qu'il n'est pas en haut.

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On peut classer nos préférences sans pour autant finir avec une société hiérarchique. Ceci dit je suis d'accord qu'on en trouve partout, que c'est "naturel" mais de là à dire que c'est bien et faut pas y toucher non. Enfin jme souviens plus précisément du passage mais il me semblait que son propos était trop extrême/conservateur (étonnant, hein ?).

 

Je pense de toute façon que ça peut être une bonne technique orale d’exagérer son propos pour se faire comprendre et être intéressant (plutôt que de dire à son public "toutes les théories sont partiellement bonnes le juste milieu est ici peace and love" :icon_sommeil: )

 

Qu'entends-tu par relativisme généralisé ?

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Établir des hiérarchies ne veut pas forcément dire qu'on a une société hiérarchique.

 

Et moi je vois pas en quoi les hiérarchies c'est mal. Il y a des tas de gens qui ne sont pas des héros randiens et qui vivent très bien d'avoir une place subalterne. Faut arrêter de projeter ce que chacun aime comme étant un modèle de société 

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Le concept-même de hiérarchie n'est pas à combattre. C'est une loi naturelle qu'on trouve effectivement partout et depuis toujours. S'il y a un concept à combattre, c'est celui de pouvoir absolu. Et les gens qui se sont récemment retrouvés détenteurs de ce pouvoir absolu ont bizarrement été de redoutables adversaires du concept de hiérarchie. 

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1 hour ago, Harfang said:

Le concept-même de hiérarchie n'est pas à combattre. C'est une loi naturelle qu'on trouve effectivement partout et depuis toujours. S'il y a un concept à combattre, c'est celui de pouvoir absolu. Et les gens qui se sont récemment retrouvés détenteurs de ce pouvoir absolu ont bizarrement été de redoutables adversaires du concept de hiérarchie. 

Comme dirait Rand avec sa brièveté caractéristique :

Spoiler

"You make me sick," said Toohey. "God, how you make me sick, all you hypocritical sentimentalists! You go along with me, you spout what I teach you, you profit by it— but you haven't the grace to admit to yourself what you're doing. You turn green when you see the truth. I suppose that's in the nature of your natures and that's precisely my chief weapon-but God! I get tired of it. I must allow myself a moment free of you. That's what I have to put on an act for all my life-for mean little mediocrities like you. To protect your sensibilities, your posturings, your conscience and the peace of the mind you haven't got. That's the price I pay for what I want-but at least I know that I've got to pay it. And I have no illusions about the price or the purchase."

 

'What do you. ..want. ..Ellsworth?’

 

Power, Petey.

 

There were steps in the apartment above, someone skipping gaily, a few sounds on the ceiling as of four or five tap beats. The light fixture jingled and Keating's head moved up in obedience. Then it came back to Toohey. Toohey was smiling, almost indifferently.

 

"You. ..always said..." Keating began thickly, and stopped.

 

"I've always said just that. Clearly, precisely and openly. It's not my fault if you couldn't hear. You could, of course. You didn't want to. Which was safer than deafness-for me. I said I intended to rule. Like all my spiritual predecessors. But I'm luckier than they were. I inherited the fruit of their efforts and I shall be the one who'll see the great dream made real. I see it all around me today. I recognize it. I don't like it. I didn't expect to like it. Enjoyment is not my destiny. I shall find such satisfaction as my capacity permits. I shall rule."

 

"Whom...?"

 

"You. The world. It's only a matter of discovering the lever. If you learn how to rule one single  man's soul, you can get the rest of mankind. It's the soul, Peter, the soul. Not whips or swords  or fire or guns. That's why the Caesars, the Attilas, the Napoleons were fools and did not last.  We will. The soul, Peter, is that which can't be ruled. It must be broken. Drive a wedge in, get  your fingers on it--and the man is yours. You won't need a whip-hell bring it to you and ask to  be whipped. Set him in reverse-and his own mechanism will do your work for you. Use him  against himself. Want to know how it's done? See if I ever lied to you. See if you haven't heard  all this for years, but didn't want to hear, and the fault is yours, not mine. There are many  ways. Here's one. Make man feel small. Make him feel guilty. Kill his aspiration and his  integrity. That's difficult. The worst among you gropes for an ideal in his own twisted way. Kill  integrity by internal corruption. Use it against itself. Direct it toward a goal destructive of all  integrity. Preach selflessness. Tell man that he must live for others. Tell men that altruism is  the ideal. Not a single one of them has ever achieved it and not a single one ever will. His  every living instinct screams against it. But don't you see what you accomplish? Man realizes  that he's incapable of what he's accepted as the noblest virtue-and it gives him a sense of  guilt, of sin, of his own basic unworthiness. Since the supreme ideal is beyond his grasp, he  gives up eventually all ideals, all aspiration, all sense of his personal value. He feels himself  obliged to preach what he can't practice. But one can't be good halfway or honest  approximately. To preserve one’s integrity is a hard battle. Why preserve that which one  knows to be corrupt already? His soul gives up its self-respect. You've got him. He'll obey.
He'll be glad to obey-because he can't trust himself, he feels uncertain, he feels unclean.  That's one way. Here's another. Kill man's sense of values. Kill his capacity to recognize  greatness or to achieve it. Great men can't be ruled. We don't want any great men. Don't deny  the conception of greatness. Destroy it from within. The great is the rare, the difficult, the  exceptional. Set up standards of achievement open to all, to the least, to the most inept-and  you stop the impetus to effort in all men, great or small. You stop all incentive to improvement,  to excellence, to perfection. Laugh at Roark and hold Peter Keating as a great architect.  You've destroyed architecture. Build up Lois Cook and you've destroyed literature. Hail Ike  and you've destroyed the theater. Glorify Lancelot Clokey and you've destroyed the press.  Don't set out to raze all shrines-you'll frighten men. Enshrine mediocrity-and the shrines are  razed. Then there's another way. Kill by laughter. Laughter is an instrument of human joy.  Learn to use it as a weapon of destruction. Turn it into a sneer. It's simple. Tell them to laugh  at everything. Tell them that a sense of humor is an unlimited virtue. Don't let anything remain  sacred in a man's soul-and his soul won't be sacred to him. Kill reverence and you've killed  the hero in man. One doesn't reverence with a giggle. He'll obey and he'll set no limits to his  obedience-anything goes-nothing is too serious. Here's another way. This is most important.  Don't allow men to be happy. Happiness is self-contained and self-sufficient. Happy men have  no time and no use for you. Happy men are free men. So kill their joy in living. Take away  from them whatever is dear or important to them. Never let them have what they want. Make  them feel that the mere fact of a personal desire is evil. Bring them to a state where saying I  want' is no longer a natural right, but a shameful admission. Altruism is of great help in this.  Unhappy men will come to you. They'll need you. They'll come for consolation, for support, for  escape. Nature allows no vacuum. Empty man's soul-and the space is yours to fill. I don't see  why you should look so shocked, Peter. This is the oldest one of all. Look back at history.
Look at any great system of ethics, from the Orient up. Didn't they all preach the sacrifice of  personal joy? Under all the complications of verbiage, haven't they all had a single leitmotif:  sacrifice, renunciation, self-denial? Haven't you been able to catch their theme song-’Give up, give up, give up, give up'? Look at the moral atmosphere of today. Everything enjoyable, from cigarettes to sex to ambition to the profit motive, is considered depraved or sinful. Just prove that a thing makes men happy-and you've damned it. That's how far we've come. We've tied happiness to guilt. And we've got mankind by the throat. Throw your first-born into a sacrificial furnace-lie on a bed of nails-go into the desert to mortify the flesh-don't dance-don't go to the movies on Sunday-don't try to get rich-don't smoke-don't drink. It's all the same line. The great line. Fools think that taboos of this nature are just nonsense. Something left over, old- fashioned. But there's always a purpose in nonsense. Don't bother to examine a folly-ask yourself only what it accomplishes. Every system of ethics that preached sacrifice grew into a world power and ruled millions of men. Of course, you must dress it up. You must tell people that they'll achieve a superior kind of happiness by giving up everything that makes them happy. You don't have to be too clear about it. Use big vague words. 'Universal Harmony'-'Eternal Spirit'-'Divine Purpose'-'Nirvana'-'Paradise'-'Racial Supremacy'-'The Dictatorship of the Proletariat.' Internal corruption, Peter. That's the oldest one of all. The farce has been going on for centuries and men still fall for it. Yet the test should be so simple: just listen to any prophet and if you hear him speak of sacrifice-run. Run faster than from a plague. It stands to reason that where there's sacrifice, there's someone collecting sacrificial offerings. Where there's service, there's someone being served. The man who speaks to you of sacrifice, speaks of slaves and masters. And intends to be the master. But if ever you hear a man telling you that you must be happy, that it's your natural right, that your first duty is to yourself-that will be the man who's not after your soul. That will be the man who has nothing to gain from you. But let him come and you'll scream your empty heads off, howling that he's a selfish monster. So the racket is safe for many, many centuries. But here you might have noticed something. I said, 'It stands to reason.' Do you see? Men have a weapon against you. Reason. So you must be very sure to take it away from them. Cut the props from under it. But be careful. Don't deny outright. Never deny anything outright, you give your hand away. Don't say reason is evil-though some have gone that far and with astonishing success. Just say that reason is limited. That there's something above it. What? You don't have to be too clear about it either. The field's inexhaustible. 'Instinct'-'Feeling'-'Revelation'-'Divine Intuition'-'Dialectic Materialism.' If you get caught at some crucial point and somebody tells you that your doctrine doesn't make sense-you're ready for him. You tell him that there's something above sense. That here he must not try to think, he must feel. He must believe. Suspend reason and you play it deuces wild. Anything goes in any manner you wish whenever you need it. You've got him. Can you rule a thinking man? We don't want any thinking men."

 

Keating had sat down on the floor, by the side of the dresser; he had felt tired and he had simply folded his legs. He did not want to abandon the dresser; he felt safer, leaning against it; as if it still guarded the letter he had surrendered.

 

"Peter, you've heard all this. You've seen me practicing it for ten years. You see it being practiced all over the world. Why are you disgusted? You have no right to sit there and stare at me with the virtuous superiority of being shocked. You're in on it. You've taken your share and you've got to go along. You're afraid to see where it's leading. I'm not I'll tell you. The world of the future. The world I want. A world of obedience and of unity. A world where the thought of each man will not be his own, but an attempt to guess the thought of the brain of his neighbor who'll have no thought of his own but an attempt to guess the thought of the next neighbor who'll have no thought-and so on, Peter, around the globe. Since all must agree with all. A world where no man will hold a desire for himself, but will direct all his efforts to satisfy the desires of his neighbor who'll have no desires except to satisfy the desires of the next neighbor who'll have no desires-around the globe, Peter. Since all must serve all. A world in which man will not work for so innocent an incentive as money, but for that headless monster-prestige. The approval of his fellows-their good opinion-the opinion of men who'll be allowed to hold no opinion. An octopus, all tentacles and no brain. Judgment, Peter! Not judgment, but public polls. An average drawn upon zeroes-since no individuality will be permitted. A world with its motor cut off and a single heart, pumped by hand. My hand-and the hands of a few, a very few other men like me. Those who know what makes you tick-you great, wonderful average, you who have not risen in fury when we called you the average, the little, the common, you who've liked and accepted those names. You'll sit enthroned and enshrined, you, the little people, the absolute ruler to make all past rulers squirm with envy, the absolute, the unlimited, God and Prophet and King combined. Vox populi. The average, the common, the general. Do you know the proper antonym for Ego? Bromide, Peter. The rule of the bromide. But even the trite has to be originated by someone at some time. We'll do the originating. Vox dei. We'll enjoy unlimited submission-from men who've learned nothing except to submit. We'll call it 'to serve.' We'll give out medals for service. You'll fall over one another in a scramble to see who can submit better and more. There will be no other distinction to seek. No other form of personal achievement. Can you see Howard Roark in the picture? No? Then don't waste time on foolish questions. Everything that can't be ruled, must go. And if freaks persist in being born occasionally, they will not survive beyond their twelfth year. When their brain begins to function, it will feel the pressure and it will explode. The pressure gauged to a vacuum. Do you know the fate of deep-sea creatures brought out to sunlight? So much for future Roarks. The rest of you will smile and obey. Have you noticed that the imbecile always smiles? Man's first frown is the first touch of God on his forehead. The touch of thought. But we'll have neither God nor thought. Only voting by smiles. Automatic levers-all saying yes. ..Now if you were a little more intelligent-like your ex-wife, for instance- you'd ask: What of us, the rulers? What of me, Ellsworth Monkton Toohey? And I'd say, Yes, you're right. I'll achieve no more than you will. I'll have no purpose save to keep you contented. To lie, to flatter you, to praise you, to inflate your vanity. To make speeches about the people and the common good. Peter, my poor old friend, I'm the most selfless man you've every known. I have less independence than you, whom I just forced to sell your soul. You've used people at least for the sake of what you could get from them for yourself. I want nothing for myself. I use people for the sake of what I can do to them. It's my only function and satisfaction. I have no private purpose. I want power. I want my world of the future. Let all live for all. Let all sacrifice and none profit. Let all suffer and none enjoy. Let progress stop. Let all stagnate. There's equality in stagnation. All subjugated to the will of all. Universal slavery- without even the dignity of a master. Slavery to slavery. A great circle-and a total equality. The world of the future."

 

"Ellsworth. ..you're..."

 

"Insane? Afraid to say it? There you sit and the world's written all over you, your last hope. Insane? Look around you. Pick up any newspaper and read the headlines. Isn't it coming? Isn't it here? Every single thing I told you? Isn't Europe swallowed already and we're stumbling on to follow? Everything I said is contained in a single word-collectivism. And isn't that the god of our century? To act together. To think-together. To feel-together. To unite, to agree, to obey. To obey, to serve, to sacrifice. Divide and conquer-first. But then-unite and rule. We've discovered that one at last. Remember the Roman Emperor who said he wished humanity had a single neck so he could cut it? People have laughed at him for centuries. But we'll have the last laugh. We've accomplished what he couldn't accomplish. We’ve taught men to unite. This makes one neck ready for one leash. We found the magic word. Collectivism. Look at Europe, you fool. Can’t you see past the guff and recognize the essence? One country is dedicated to the proposition that man has no rights, that the collective is all. The individual held as evil, the mass-as God, No motive and no virtue permitted-except that of service to the proletariat. That's one version. Here's another. A country dedicated to the proposition that man has no rights, that the State is all. The individual held as evil, the race-as God. No motive and no virtue permitted-except that of service to the race. Am I raving or is this the cold reality of two continents already? Watch the pincer movement. If you're sick of one version, we push you into the other. We get you coming and going. We've closed the doors. We’ve fixed the coin. Heads-collectivism, and tails- collectivism. Fight the doctrine which slaughters the individual with a doctrine which slaughters the individual. Give up your soul to a council-or give it up to a leader. But give it up, give it up, give it up. My technique, Peter. Offer poison as food and poison as antidote. Go fancy on the trimmings, but hang on to the main objective. Give the fools a choice, let them have their fun- but don't forget the only purpose you have to accomplish. Kill the individual. Kill man’s soul. The rest will follow automatically. Observe the state of the world as of the present moment. Do you still think I’m crazy, Peter?"

 

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Il y a 3 heures, Lancelot a dit :

Comme dirait Rand avec sa brièveté caractéristique :

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"You make me sick," said Toohey. "God, how you make me sick, all you hypocritical sentimentalists! You go along with me, you spout what I teach you, you profit by it— but you haven't the grace to admit to yourself what you're doing. You turn green when you see the truth. I suppose that's in the nature of your natures and that's precisely my chief weapon-but God! I get tired of it. I must allow myself a moment free of you. That's what I have to put on an act for all my life-for mean little mediocrities like you. To protect your sensibilities, your posturings, your conscience and the peace of the mind you haven't got. That's the price I pay for what I want-but at least I know that I've got to pay it. And I have no illusions about the price or the purchase."

 

'What do you. ..want. ..Ellsworth?’

 

Power, Petey.

 

There were steps in the apartment above, someone skipping gaily, a few sounds on the ceiling as of four or five tap beats. The light fixture jingled and Keating's head moved up in obedience. Then it came back to Toohey. Toohey was smiling, almost indifferently.

 

"You. ..always said..." Keating began thickly, and stopped.

 

"I've always said just that. Clearly, precisely and openly. It's not my fault if you couldn't hear. You could, of course. You didn't want to. Which was safer than deafness-for me. I said I intended to rule. Like all my spiritual predecessors. But I'm luckier than they were. I inherited the fruit of their efforts and I shall be the one who'll see the great dream made real. I see it all around me today. I recognize it. I don't like it. I didn't expect to like it. Enjoyment is not my destiny. I shall find such satisfaction as my capacity permits. I shall rule."

 

"Whom...?"

 

"You. The world. It's only a matter of discovering the lever. If you learn how to rule one single  man's soul, you can get the rest of mankind. It's the soul, Peter, the soul. Not whips or swords  or fire or guns. That's why the Caesars, the Attilas, the Napoleons were fools and did not last.  We will. The soul, Peter, is that which can't be ruled. It must be broken. Drive a wedge in, get  your fingers on it--and the man is yours. You won't need a whip-hell bring it to you and ask to  be whipped. Set him in reverse-and his own mechanism will do your work for you. Use him  against himself. Want to know how it's done? See if I ever lied to you. See if you haven't heard  all this for years, but didn't want to hear, and the fault is yours, not mine. There are many  ways. Here's one. Make man feel small. Make him feel guilty. Kill his aspiration and his  integrity. That's difficult. The worst among you gropes for an ideal in his own twisted way. Kill  integrity by internal corruption. Use it against itself. Direct it toward a goal destructive of all  integrity. Preach selflessness. Tell man that he must live for others. Tell men that altruism is  the ideal. Not a single one of them has ever achieved it and not a single one ever will. His  every living instinct screams against it. But don't you see what you accomplish? Man realizes  that he's incapable of what he's accepted as the noblest virtue-and it gives him a sense of  guilt, of sin, of his own basic unworthiness. Since the supreme ideal is beyond his grasp, he  gives up eventually all ideals, all aspiration, all sense of his personal value. He feels himself  obliged to preach what he can't practice. But one can't be good halfway or honest  approximately. To preserve one’s integrity is a hard battle. Why preserve that which one  knows to be corrupt already? His soul gives up its self-respect. You've got him. He'll obey.
He'll be glad to obey-because he can't trust himself, he feels uncertain, he feels unclean.  That's one way. Here's another. Kill man's sense of values. Kill his capacity to recognize  greatness or to achieve it. Great men can't be ruled. We don't want any great men. Don't deny  the conception of greatness. Destroy it from within. The great is the rare, the difficult, the  exceptional. Set up standards of achievement open to all, to the least, to the most inept-and  you stop the impetus to effort in all men, great or small. You stop all incentive to improvement,  to excellence, to perfection. Laugh at Roark and hold Peter Keating as a great architect.  You've destroyed architecture. Build up Lois Cook and you've destroyed literature. Hail Ike  and you've destroyed the theater. Glorify Lancelot Clokey and you've destroyed the press.  Don't set out to raze all shrines-you'll frighten men. Enshrine mediocrity-and the shrines are  razed. Then there's another way. Kill by laughter. Laughter is an instrument of human joy.  Learn to use it as a weapon of destruction. Turn it into a sneer. It's simple. Tell them to laugh  at everything. Tell them that a sense of humor is an unlimited virtue. Don't let anything remain  sacred in a man's soul-and his soul won't be sacred to him. Kill reverence and you've killed  the hero in man. One doesn't reverence with a giggle. He'll obey and he'll set no limits to his  obedience-anything goes-nothing is too serious. Here's another way. This is most important.  Don't allow men to be happy. Happiness is self-contained and self-sufficient. Happy men have  no time and no use for you. Happy men are free men. So kill their joy in living. Take away  from them whatever is dear or important to them. Never let them have what they want. Make  them feel that the mere fact of a personal desire is evil. Bring them to a state where saying I  want' is no longer a natural right, but a shameful admission. Altruism is of great help in this.  Unhappy men will come to you. They'll need you. They'll come for consolation, for support, for  escape. Nature allows no vacuum. Empty man's soul-and the space is yours to fill. I don't see  why you should look so shocked, Peter. This is the oldest one of all. Look back at history.
Look at any great system of ethics, from the Orient up. Didn't they all preach the sacrifice of  personal joy? Under all the complications of verbiage, haven't they all had a single leitmotif:  sacrifice, renunciation, self-denial? Haven't you been able to catch their theme song-’Give up, give up, give up, give up'? Look at the moral atmosphere of today. Everything enjoyable, from cigarettes to sex to ambition to the profit motive, is considered depraved or sinful. Just prove that a thing makes men happy-and you've damned it. That's how far we've come. We've tied happiness to guilt. And we've got mankind by the throat. Throw your first-born into a sacrificial furnace-lie on a bed of nails-go into the desert to mortify the flesh-don't dance-don't go to the movies on Sunday-don't try to get rich-don't smoke-don't drink. It's all the same line. The great line. Fools think that taboos of this nature are just nonsense. Something left over, old- fashioned. But there's always a purpose in nonsense. Don't bother to examine a folly-ask yourself only what it accomplishes. Every system of ethics that preached sacrifice grew into a world power and ruled millions of men. Of course, you must dress it up. You must tell people that they'll achieve a superior kind of happiness by giving up everything that makes them happy. You don't have to be too clear about it. Use big vague words. 'Universal Harmony'-'Eternal Spirit'-'Divine Purpose'-'Nirvana'-'Paradise'-'Racial Supremacy'-'The Dictatorship of the Proletariat.' Internal corruption, Peter. That's the oldest one of all. The farce has been going on for centuries and men still fall for it. Yet the test should be so simple: just listen to any prophet and if you hear him speak of sacrifice-run. Run faster than from a plague. It stands to reason that where there's sacrifice, there's someone collecting sacrificial offerings. Where there's service, there's someone being served. The man who speaks to you of sacrifice, speaks of slaves and masters. And intends to be the master. But if ever you hear a man telling you that you must be happy, that it's your natural right, that your first duty is to yourself-that will be the man who's not after your soul. That will be the man who has nothing to gain from you. But let him come and you'll scream your empty heads off, howling that he's a selfish monster. So the racket is safe for many, many centuries. But here you might have noticed something. I said, 'It stands to reason.' Do you see? Men have a weapon against you. Reason. So you must be very sure to take it away from them. Cut the props from under it. But be careful. Don't deny outright. Never deny anything outright, you give your hand away. Don't say reason is evil-though some have gone that far and with astonishing success. Just say that reason is limited. That there's something above it. What? You don't have to be too clear about it either. The field's inexhaustible. 'Instinct'-'Feeling'-'Revelation'-'Divine Intuition'-'Dialectic Materialism.' If you get caught at some crucial point and somebody tells you that your doctrine doesn't make sense-you're ready for him. You tell him that there's something above sense. That here he must not try to think, he must feel. He must believe. Suspend reason and you play it deuces wild. Anything goes in any manner you wish whenever you need it. You've got him. Can you rule a thinking man? We don't want any thinking men."

 

Keating had sat down on the floor, by the side of the dresser; he had felt tired and he had simply folded his legs. He did not want to abandon the dresser; he felt safer, leaning against it; as if it still guarded the letter he had surrendered.

 

"Peter, you've heard all this. You've seen me practicing it for ten years. You see it being practiced all over the world. Why are you disgusted? You have no right to sit there and stare at me with the virtuous superiority of being shocked. You're in on it. You've taken your share and you've got to go along. You're afraid to see where it's leading. I'm not I'll tell you. The world of the future. The world I want. A world of obedience and of unity. A world where the thought of each man will not be his own, but an attempt to guess the thought of the brain of his neighbor who'll have no thought of his own but an attempt to guess the thought of the next neighbor who'll have no thought-and so on, Peter, around the globe. Since all must agree with all. A world where no man will hold a desire for himself, but will direct all his efforts to satisfy the desires of his neighbor who'll have no desires except to satisfy the desires of the next neighbor who'll have no desires-around the globe, Peter. Since all must serve all. A world in which man will not work for so innocent an incentive as money, but for that headless monster-prestige. The approval of his fellows-their good opinion-the opinion of men who'll be allowed to hold no opinion. An octopus, all tentacles and no brain. Judgment, Peter! Not judgment, but public polls. An average drawn upon zeroes-since no individuality will be permitted. A world with its motor cut off and a single heart, pumped by hand. My hand-and the hands of a few, a very few other men like me. Those who know what makes you tick-you great, wonderful average, you who have not risen in fury when we called you the average, the little, the common, you who've liked and accepted those names. You'll sit enthroned and enshrined, you, the little people, the absolute ruler to make all past rulers squirm with envy, the absolute, the unlimited, God and Prophet and King combined. Vox populi. The average, the common, the general. Do you know the proper antonym for Ego? Bromide, Peter. The rule of the bromide. But even the trite has to be originated by someone at some time. We'll do the originating. Vox dei. We'll enjoy unlimited submission-from men who've learned nothing except to submit. We'll call it 'to serve.' We'll give out medals for service. You'll fall over one another in a scramble to see who can submit better and more. There will be no other distinction to seek. No other form of personal achievement. Can you see Howard Roark in the picture? No? Then don't waste time on foolish questions. Everything that can't be ruled, must go. And if freaks persist in being born occasionally, they will not survive beyond their twelfth year. When their brain begins to function, it will feel the pressure and it will explode. The pressure gauged to a vacuum. Do you know the fate of deep-sea creatures brought out to sunlight? So much for future Roarks. The rest of you will smile and obey. Have you noticed that the imbecile always smiles? Man's first frown is the first touch of God on his forehead. The touch of thought. But we'll have neither God nor thought. Only voting by smiles. Automatic levers-all saying yes. ..Now if you were a little more intelligent-like your ex-wife, for instance- you'd ask: What of us, the rulers? What of me, Ellsworth Monkton Toohey? And I'd say, Yes, you're right. I'll achieve no more than you will. I'll have no purpose save to keep you contented. To lie, to flatter you, to praise you, to inflate your vanity. To make speeches about the people and the common good. Peter, my poor old friend, I'm the most selfless man you've every known. I have less independence than you, whom I just forced to sell your soul. You've used people at least for the sake of what you could get from them for yourself. I want nothing for myself. I use people for the sake of what I can do to them. It's my only function and satisfaction. I have no private purpose. I want power. I want my world of the future. Let all live for all. Let all sacrifice and none profit. Let all suffer and none enjoy. Let progress stop. Let all stagnate. There's equality in stagnation. All subjugated to the will of all. Universal slavery- without even the dignity of a master. Slavery to slavery. A great circle-and a total equality. The world of the future."

 

"Ellsworth. ..you're..."

 

"Insane? Afraid to say it? There you sit and the world's written all over you, your last hope. Insane? Look around you. Pick up any newspaper and read the headlines. Isn't it coming? Isn't it here? Every single thing I told you? Isn't Europe swallowed already and we're stumbling on to follow? Everything I said is contained in a single word-collectivism. And isn't that the god of our century? To act together. To think-together. To feel-together. To unite, to agree, to obey. To obey, to serve, to sacrifice. Divide and conquer-first. But then-unite and rule. We've discovered that one at last. Remember the Roman Emperor who said he wished humanity had a single neck so he could cut it? People have laughed at him for centuries. But we'll have the last laugh. We've accomplished what he couldn't accomplish. We’ve taught men to unite. This makes one neck ready for one leash. We found the magic word. Collectivism. Look at Europe, you fool. Can’t you see past the guff and recognize the essence? One country is dedicated to the proposition that man has no rights, that the collective is all. The individual held as evil, the mass-as God, No motive and no virtue permitted-except that of service to the proletariat. That's one version. Here's another. A country dedicated to the proposition that man has no rights, that the State is all. The individual held as evil, the race-as God. No motive and no virtue permitted-except that of service to the race. Am I raving or is this the cold reality of two continents already? Watch the pincer movement. If you're sick of one version, we push you into the other. We get you coming and going. We've closed the doors. We’ve fixed the coin. Heads-collectivism, and tails- collectivism. Fight the doctrine which slaughters the individual with a doctrine which slaughters the individual. Give up your soul to a council-or give it up to a leader. But give it up, give it up, give it up. My technique, Peter. Offer poison as food and poison as antidote. Go fancy on the trimmings, but hang on to the main objective. Give the fools a choice, let them have their fun- but don't forget the only purpose you have to accomplish. Kill the individual. Kill man’s soul. The rest will follow automatically. Observe the state of the world as of the present moment. Do you still think I’m crazy, Peter?"

 

 

Je vais me faire une habitude de fournir la traduction française des citations de la Source vive par Lancelot. Signalez-moi si j'en rate une.


Révélation

 

— Vous m’écœurez, reprit Toohey, oh ! Seigneur, à quel point vous m’écœurez tous avec votre hypocrite sentimentalité. Vous vous attachez à moi, répétant ce que je vous enseigne, profitant de mes leçons, mais vous n’avez pas le courage d’admettre ce que vous faites. Et vous pâlissez lorsqu’on vous force à regarder la vérité en face. Évidemment c’est dans votre nature, et votre nature est ma principale arme contre vous. Mais Dieu, que je suis fatigué de tout cela. C’est pourquoi j’ai besoin aujourd’hui de parler librement. Dire que je suis obligé de jouer un rôle sans un instant de répit… pour des êtres aussi médiocres que vous ! Pour épargner votre sensibilité, votre pose, votre conscience et la paix du cœur que d’ailleurs vous ne possédez pas. C’est le prix que je dois payer pour obtenir ce que je veux, mais je le savais. Et je ne me fais aucune illusion ni sur le prix, ni sur le but atteint.

— Mais… quelle est cette chose que vous voulez… Ellsworth ?

— La puissance, Peter.

On entendit des pas légers à l’appartement du dessus, quatre ou cinq pas rapides et gais qui ébranlèrent la mince cloison, et Keating leva la tête, puis son regard revint à Toohey. Celui-ci souriait, l’air indifférent.

— Vous… disiez toujours… commença péniblement Keating, puis il se tut.

— J’ai toujours dit cela et rien d’autre, clairement et ouvertement. Ce n’est pas de ma faute, si vous ne vouliez pas l’entendre. Vous l’auriez pu, mais vous ne le vouliez pas, ce qui était pour moi la plus sûre des sauvegardes. Comme mes ascendants spirituels j’ai toujours désiré dominer. Mais plus fortuné qu’eux, j’ai hérité du fruit de leurs efforts et c’est moi qui verrai leur grand rêve réalisé. Je le vois se réaliser chaque jour. Je n’en ai pas de joie. Je n’en attendais pas. Il n’est pas dans ma destinée d’être heureux. C’est dans un domaine correspondant à mes capacités que je trouverai des satisfactions. Je dominerai.

— Qui ?…

— Vous. Le monde. Il suffit de découvrir le levier. Le jour où vous avez appris à dominer l’âme d’un seul homme, le monde est à vous. L’âme, Peter, l’âme. Ni fouets, ni épées, ni canons, ni fusils. Voilà en quoi des César, des Attila, des Napoléon se trompèrent et pourquoi ils ne purent durer. Nous, nous durerons. Pour dominer une âme, Peter, il faut d’abord la briser. Trouver le point faible où enfoncer un coin, et l’homme est à vous. Inutile de prendre un fouet, c’est lui qui vous l’apportera et vous suppliera de le battre. Et maintenant, réfléchissez bien. Vous ai-je jamais menti ? Je n’ai rien fait d’autre que répéter ces choses pendant des années, mais vous ne vouliez pas les entendre. La faute en est donc à vous. Il y a d’ailleurs plusieurs moyens de briser un homme. On peut par exemple le pénétrer du sentiment de ses fautes et de sa nullité. Tuer en lui toute aspiration, toute intégrité. Ce n’est pas facile. Les êtres les plus quelconques ont un idéal à eux. L’intégrité se détruit par la corruption intérieure. L’homme en arrive à se détruire lui-même. Pour cela il faut lui prêcher l’oubli de soi-même, lui affirmer qu’il doit vivre pour les autres, le persuader que l’altruisme est l’idéal suprême. Personne n’est jamais arrivé au complet oubli de soi et personne n’y arrivera jamais. Tous les instincts de l’homme s’élèvent contre ce concept. Mais ne comprenez-vous pas à quoi l’on arrive en prêchant cette doctrine ? L’homme se rend compte qu’il est incapable d’atteindre à ce qu’on lui présente comme la plus noble vertu et cela lui donne un sentiment de culpabilité, d’infériorité. Et puisque son idéal n’est pas à sa portée, il lui arrive de renoncer à tout idéal, à toute aspiration et de perdre même le sens de sa propre valeur. Il cesse de se respecter lui-même, et à ce moment, il vous appartient. Il est prêt à vous obéir, heureux de vous obéir, car il n’a plus confiance en lui.

» Ça c’est un moyen. En voici un autre : tuer en un homme le sens des valeurs. Détruire en lui la capacité d’accomplir quelque chose de grand ou de discerner la grandeur chez un autre. Les hommes de valeur ne peuvent pas être dominés. Nous n’en voulons plus. N’essayez pas de nier la conception de grandeur, détruisez-la de l’intérieur. Ce qui est grand est ce qui est rare, difficile, exceptionnel. Établissez une échelle des valeurs telle que les plus médiocres, les plus obtus puissent parvenir au sommet, et vous tuerez chez les hommes de valeur le goût de l’effort. Vous détruirez ainsi tout motif de progrès, d’excellence, de perfection. Riez de Roark et faites de Peter Keating un grand architecte, c’est à l’architecture que vous nuisez. Servez-vous de Loïs Cook contre la littérature, de Ike contre le théâtre. Mettez Lancelot Clokey au pinacle, et vous faites du tort à la presse. N’essayez pas de détruire les autels… vous effrayeriez l’humanité. Mais élevez un autel à la médiocrité et votre but sera atteint.

» Et il y a encore un autre moyen : tuer par le rire. Le rire est l’expression de la joie. Apprenez à vous en servir comme d’un instrument de destruction. Tournez-le en ricanement. C’est très simple. Apprenez aux hommes à rire de tout. Répétez-leur que le sens de l’humour est une vertu inappréciable. Que plus rien de sacré ne subsiste dans une âme humaine, et cette âme est à vous. Tuez l’admiration et vous aurez tué ce qu’il y a d’héroïque dans l’homme. On ne révère plus rien si l’on se rit de tout. Ah ! et une autre chose encore et qu’il ne faut pas oublier ! Ne permettez pas à l’homme d’être heureux ! Le bonheur se suffit à lui-même. Les hommes heureux ne nous servent de rien. Les hommes heureux sont des hommes libres. Il faut donc tuer en eux la joie de vivre. Les arracher à tout ce qui leur est cher, à tout ce qui leur semble important. Ne jamais les laisser accomplir leurs désirs. Leur faire sentir que le simple fait de désirer quelque chose est déjà un péché. Les amener à ce point où le “je voudrais” n’est plus l’expression d’un droit naturel mais un aveu plein de honte. L’altruisme vous est fort utile à ce moment-là. Les hommes malheureux viennent à vous les premiers. Ils ont besoin de vous. Ils ont besoin que vous les consoliez, que vous les souteniez, que vous les aidiez à sortir d’eux-mêmes. La nature a horreur du vide. Les âmes vides sont un terrain idéal. Pourquoi paraissez-vous si choqué, Peter ? Tout cela est vieux comme le monde. Pensez au passé. Prenez n’importe quel grand système d’éthique. Est-ce que tous ne recommandent pas de renoncer à toute joie personnelle ? Sous des formes différentes, ne retrouvez-vous pas toujours le même leitmotiv : le sacrifice, le renoncement, l’oubli de soi ? N’est-ce pas toujours la même chanson : Renoncez… Renoncez… Renoncez ?… Prenez notre époque. Tout ce qui est agréable, de la cigarette aux plaisirs physiques, et à la recherche des joies de ce monde, est considéré comme répréhensible. Il suffit qu’une chose rende un homme heureux pour qu’on la considère comme dangereuse. Voilà où nous en sommes arrivés, à considérer le bonheur comme un péché. Nous avons pris l’humanité à la gorge. Offrez votre premier-né en sacrifice expiatoire ; couchez-vous sur un lit de clous ; allez dans le désert mortifier votre chair ; ne dansez pas ; n’allez pas au cinéma le dimanche ; n’essayez pas de devenir riche ; ne fumez pas ; ne buvez pas. Et tout cela relève de la même idée. Une grande idée ! Les imbéciles s’imaginent que ces tabous sont des non-sens, les reliquats d’une époque disparue. Mais il y a toujours un but à ces non-sens. Chacun de ces systèmes d’éthique qui prêchait le sacrifice de soi a régné sur des millions d’hommes. Bien entendu, il faut déguiser votre pensée. Dire aux gens par exemple qu’ils parviendront à une forme de bonheur plus haute s’ils renoncent à tout ce qui les rendrait heureux. Vous n’avez pas besoin de vous exprimer très clairement. Employez de grands mots vagues tels que “Harmonie universelle”, “Esprit éternel”, “But divin”, “Nirvana”, “Paradis”, “Suprématie raciale”, “Dictature du Prolétariat”. La corruption intérieure, Peter, le moyen le plus ancien, la farce qui a réussi et qui réussira toujours. Et pourtant le piège serait si facile à éviter. Lorsque les hommes entendent un prophète leur parler de sacrifice, ils devraient s’enfuir comme devant la peste. Car là où il y a sacrifice, il y a quelqu’un à qui ce sacrifice profite. L’homme qui exalte le sacrifice parle en réalité de maîtres et d’esclaves avec l’intention, bien entendu, d’être le maître. Mais si vous entendez au contraire un homme vous dire que vous devez être heureux, que c’est votre droit naturel, votre premier devoir envers vous-même, alors vous pouvez être sûr que cet homme n’a aucune mauvaise intention et qu’il n’a rien à gagner de vous. Mais lorsqu’un homme parle ainsi on dit de lui qu’il est un monstre d’égoïsme.

» Cependant l’homme a une arme contre vous et c’est sa raison. Il faut donc la détruire, mais avec prudence. Inutile de dire que la raison n’existe pas, l’homme ne vous croirait pas, mais il croira volontiers que son empire est limité, qu’il y a quelque chose au-dessus d’elle. Il vous demandera quoi. Là non plus vous n’aurez pas besoin d’être très clair. Le choix est illimité. “Instinct”, “Sentiments”, “Révélation”, “Intuition”. Et si un homme, vous poussant dans vos retranchements, vous dit que vos doctrines n’ont aucun sens, vous lui répondez qu’il y a quelque chose qui est bien au-dessus du raisonnement, qu’il ne doit pas essayer de penser, mais de sentir et de croire. Vous n’imaginez pas à quoi l’on arrive avec un homme qui a cessé de raisonner et de penser par lui-même. Vous en faites absolument ce que vous voulez. »

Keating était maintenant assis sur le plancher, adossé à la commode. Il s’était senti fatigué et s’était laissé glisser à terre. Il se sentait moins exposé ainsi appuyé contre le tiroir, comme s’il continuait de protéger le papier qu’il avait déjà livré.

— Peter, tout ce que je vous dis là, vous m’avez entendu le dire cent fois. Et vous avez vu pratiquer cette doctrine dans le monde entier. Pourquoi avez-vous l’air tellement horrifié ? Vous n’avez pas le droit de me regarder avec un air vertueusement outragé. Car vous avez joué votre rôle, pris votre part de tout cela et vous ne pouvez plus vous arrêter. Vous avez peur en découvrant où cela conduit ? Moi pas. Et je vais vous le dire. Nous sommes en train de réaliser le monde de l’avenir. Le monde tel que je l’ai toujours désiré. Un monde où régneront l’obéissance et l’égalité. Un monde où l’homme n’aura plus une pensée à lui, mais où il s’efforcera de deviner la pensée de son voisin, tandis que celui-ci s’efforcera à son tour de deviner, etc. Et il en sera ainsi de par tout le monde, Peter. Jusqu’à ce que tous soient d’accord avec tous. Un monde où plus un homme n’aura un désir personnel, mais concentrera tous ses efforts à satisfaire les désirs de son voisin qui lui-même n’aura pas d’autre désir que de satisfaire les désirs d’un autre voisin qui lui-même, etc., et ainsi tout autour du globe, Peter. Un monde dans lequel aucun homme ne travaillera pour un motif aussi innocent que l’argent, mais pour ce monstre sans tête qu’est le prestige. Une pieuvre qui a de multiples tentacules et pas de cerveau. Plus de jugements personnels, mais un vote public. Un monde de nullités, puisque l’individualité sera considérée comme une chose dangereuse. Un monde qu’il sera facile de diriger, que je dirigerai, Peter, avec l’aide de quelques hommes qui me ressemblent. Ceux qui savent comment vous faire marcher, vous, la grande masse, la merveilleuse moyenne, vous qui n’êtes pas entrés dans une saine colère quand on vous a traités de moyenne, de petites gens, vous qui avez aimé et accepté ces noms. Et c’est vous qui régnerez, vous, le petit peuple, vous serez le maître absolu, à faire pâlir d’envie tous les dictateurs des temps passés, vous qui serez à la fois Dieu, le Prophète et le Roi combinés. Ou du moins vous le croirez. Vox populi. Le moyen, le commun, le général. Et c’est nous qui le dirigerons. Vox dei. Et nous nous assurerons une soumission absolue de la part des hommes qui n’ont pas appris autre chose qu’à céder. Nous appellerons cela « servir ». Nous distribuerons des médailles pour les services rendus. Et vous tomberez les uns sur les autres dans votre hâte à vous soumettre plus vite et mieux que les autres. Ce sera la seule façon de se distinguer. Pouvez-vous imaginer un Howard Roark dans un monde pareil ? Non, n’est-ce pas ? Alors ne me posez plus de questions absurdes. Tout ce qui refusera de se soumettre devra disparaître. Et s’il continue à naître des génies, ils ne vivront pas au-delà de leur douzième année, car lorsqu’ils commenceront de penser par eux-mêmes, ils se sentiront tellement écrasés que leur cerveau fera explosion. Savez-vous ce qui se passe avec les bêtes qui vivent à de grandes profondeurs sous-marines lorsqu’on les amène à la lumière ? Voilà ce qu’il adviendra de vos futurs Roark. Les autres se contenteront de sourire et d’obéir. Avez-vous remarqué que les imbéciles sourient toujours ? Le premier froncement de sourcil d’un homme, c’est le doigt de Dieu sur son front. L’effleurement de la pensée. Mais il n’y aura plus ni Dieu ni pensées. Plus rien que des automates qui diront toujours oui…

» Évidemment, si vous étiez plus intelligent que vous ne l’êtes, comme votre ex-femme, par exemple, vous me demanderiez : “Et qu’en sera-t-il des dirigeants dans ce monde futur ? Qu’en sera-t-il de vous, Ellsworth Monkton Toohey ?” Et je vous répondrais : “Oui, vous avez parfaitement raison, je ne recevrai rien de plus que vous. Je n’aurai pas d’autre but que de vous contenter. Il me faudra mentir, vous louer, flatter votre vanité. Prononcer des discours sur le peuple et sur le bien commun.” Mais, mon pauvre vieux Peter, je suis le moins égoïste des hommes que vous ayez jamais connus. Je suis moins indépendant que vous que j’ai forcé à vendre votre âme. Vous vous êtes au moins servi des gens pour obtenir des choses que vous désiriez. Moi, je ne demande rien pour moi-même. Je ne me sers des gens que pour accomplir des choses pour d’autres gens. C’est mon unique fonction et mon unique satisfaction. Je n’ai pas de but personnel. Je veux le pouvoir dans le monde de l’avenir. Ce monde où tout le monde vivra pour tout le monde, où tout le monde se sacrifiera et où personne n’en profitera. Où tous souffriront et où plus personne n’aura de joie, où il n’y aura plus de progrès, mais une morne stagnation. Il y a de l’égalité dans la stagnation. Tous obéissant à la volonté de tous. L’esclavage universel sans même la dignité que donne un maître. L’esclave soumis à l’esclave. Un grand cercle… et une égalité totale. Le monde de l’avenir ! »

— Ellsworth !… mais vous êtes…

— Fou ? Vous avez peur de prononcer ce mot. Et c’est pourtant votre dernier espoir. Fou ? Regardez autour de vous. Prenez un journal et lisez les manchettes. N’est-il pas en marche ce monde dont je vous parle ? L’Europe n’a-t-elle pas déjà succombé et ne sommes-nous pas sur le point de suivre son exemple ? Tout ce que je viens de vous dire peut se résumer en un mot, le collectivisme. N’est-ce pas le dieu de notre siècle. Agir en masse, penser en masse, sentir en masse, s’unir, approuver, obéir. Diviser pour régner ; au début, oui. Mais ensuite unir et diriger. Souvenez-vous de cet empereur romain qui souhaitait que l’humanité n’eût qu’une seule tête afin de pouvoir la trancher d’un seul coup. Les hommes ont ri de lui au cours des siècles, mais c’est nous qui rirons les derniers. Nous avons réalisé ce qu’il n’avait fait que rêver. Nous avons appris aux hommes à s’unir et ainsi ils n’ont plus qu’un seul cou autour duquel nous passerons une corde unique. Nous avons trouvé le mot magique : collectivisme. Regardez donc l’Europe, insensé que vous êtes ! Êtes-vous donc incapable d’aller par-delà les apparences jusqu’à l’essence des choses ? Notre pays a fait sienne la doctrine que l’homme n’a aucun droit, que la collectivité les a tous. L’individu considéré comme un mal, la masse comme un dieu. Plus de motifs permis à nos actes autres que de servir le prolétariat. Ça c’est une version. Il en existe une autre : le citoyen n’a aucun droit, l’État les a tous. L’individu est considéré comme un mal, la nation comme un dieu. Plus d’autres motifs à nos actes que de servir la nation. Est-ce que je rêve ou est-ce que ces théories ne sont pas devenues des réalités sur deux continents au moins ? Observez le mouvement en tenailles. Si vous vous lassez d’une des doctrines, nous vous précipitons dans l’autre. Nous vous tenons, les issues sont bien gardées, le cycle est refermé, il se nomme collectivisme. Donnez votre âme à un conseil ou donnez-la à un dictateur, mais donnez-la, donnez-la, donnez-la ! Voilà ma technique, Peter, offrir du poison comme aliment et du poison encore comme antidote. On peut varier dans le détail, à condition de s’en tenir aux grandes lignes. Donner aux imbéciles l’impression qu’ils sont libres, mais ne jamais perdre de vue l’objectif principal qui est de tuer toute individualité, de détruire l’âme humaine. Le reste suivra automatiquement. Pensez à l’état actuel du monde et dites-moi si vous pensez encore que je suis fou. »

 

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  • 2 weeks later...

La première vidéo est à côté de la plaque : que la civilisation occidentale tire ses valeurs (ou une partie de ses valeurs, notamment une partie de celles qui lui sont originales) du substrat judéo-chrétien ne signifie en rien que des valeurs en général ne peuvent pas émerger par d'autres processus (d'ailleurs, l'émergence des valeurs de ces religions s'est fait en bonne partie de manière spontanée, c'est juste qu'un jour, un type a jugé bon de les mettre par écrit précédées de "Dieu a dit") ; de plus, judaïsme et christianisme sont beaucoup plus que leurs seuls textes sacrés. Mais bon, pour ça, il faut avoir un peu étudié et compris son sujet.

 

Cette chaîne a pour nom "Rationality Rules", mais la rationalité sans connaissance ne peut pas faire grand chose d'intelligent (l'inverse est aussi vrai). Du coup, je n'ai pas regardé l'autre vidéo juste après, parce que j'ai mieux à faire de mon temps. (Edit : en plus, je me rends compte qu'il est vegan. Paie ta rationalité en carton.)

 

Pour la troisième, Peterson semble en effet surinterpréter les expériences qu'il mentionne, mais ses contradicteurs semblent surinterpréter ses dires à leur tour (avoir une expérience qu'on décrit comme mystique ne signifie pas que ce que l'on perçoit lors de ces expériences existe hors de son crâne) ; l'erreur de Peterson en l'occurrence, c'est plutôt de refuser le rasoir d’Ockham (et pour être très clair, c'est à mes yeux c'est une erreur importante du point de vue de la démarche scientifique, mais complètement bénigne du point de vue clinique). Ceci étant, on a pas mal de témoignages (i.e. expériences à n = 1) qui pointent dans la direction d'un apport de certaines drogues dans le traitement des addictions (la salvia divinorum étant semble-t-il assez radicale), et ce, peu importe par quel mécanisme ; dommage que les recherches dans ce sens manquent.

  • Yea 4
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On a aussi pas mal de témoignages de gens qui arrêtent de fumer sans psychédéliques ni expérience mystique, et ceux qui ont des expériences mystiques sans psychédéliques ni fumette :)

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à l’instant, Jesrad a dit :

On a aussi pas mal de témoignages de gens qui arrêtent de fumer sans psychédéliques ni expérience mystique, et ceux qui ont des expériences mystiques sans psychédéliques :)

Tout à fait vrai. Il existerait même des gens qui ne prennent ni drogue, ni psychédélique, ni n'ont d'expérience mystique. ;)

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