Aller au contenu

Cambrioleur mort et bataille de bouquets


Messages recommandés

Mercredi dernier un cambriolage tourne mal en banlieue de Londres et le cambrioleur se fait planter par la victime (un retraité de 78 piges) avant de crever un peu plus loin dans la rue.

 

http://www.dailymail.co.uk/news/article-5602381/Relatives-floral-tributes-burglar-killed-pensioner.html

 

Le papy fait 24h de GAV avant d'être relâché, légitime défense. 

 

Là où ça prend une tournure tordue, c'est que le cambrioleur était un Jean du voyage (la version irlandaise, on n'est pas la même tribu mais on a la même passion) et depuis, des fleurs et des cartes sont attachées devant la maison du papy à la mémoire du cambrioleur avant d'être retirées par les riverains le lendemain.

 

Et la famille du cambrioleur qui menace gentiment le retraité de représailles sur les réseaux sociaux.

Lien vers le commentaire
il y a 18 minutes, Hayek's plosive a dit :

depuis, des fleurs et des cartes sont attachées devant la maison du papy à la mémoire du cambrioleur avant d'être retirées par les riverains le lendemain.

 

[version courte] Malheureusement c'est le prix à payer pour vivre dans un monde post-médiéval, sécurisé, pacifié. [/version courte]

 

Version longue:

« Tant que l'utilité qui régit les jugements de valeur moraux est seulement l'utilité du troupeau, tant que l'on a les yeux uniquement tournés vers la conservation de la communauté, et qu'on ne cherche précisément et exclusivement l'immoral que dans ce qui semble dangereux à la survie de la communauté: durant tout ce temps, il ne peut pas encore y avoir de "morale de l'amour du prochain". A supposer que l'on voit là aussi la pratique permanente d'un peu d'attention, de pitié, d'équité, de douceur, d'assistance réciproque, à supposer que dans cet état de la société aussi s'exercent déjà toutes les pulsions qui recevront plus tard la désignation honorifique de "vertus" et qui finissent presque par ne plus faire qu'un avec le concept de "moralité": à cette époque, elles ne font encore nullement partie du royaume des évaluations morales -elles sont encore extra-morales. Une action dictée par la pitié, par exemple, n'est qualifiée, à la meilleure époque des Romains, ni de bonne ni de mauvaise, ni de morale, ni d'immorale ; et quand bien même on en fait l'éloge, cet éloge s'accompagne encore, en mettant les choses au mieux, d'une espèce de dédain irrité sitôt qu'on la confronte à une quelconque action servant à l'avancement du tout, de la res publica. En fin de compte, "l'amour du prochain" est toujours un à-côté, en partie conventionnel, arbitraire et illusoire par rapport à la peur du prochain. Une fois que la structure de la société dans son ensemble paraît fermement assise et protégée des dangers extérieurs, c'est cette peur du prochain qui crée une fois encore de nouvelles perspectives d'évaluation morale. Certaines pulsions fortes et dangereuses, comme la soif d'initiative, la folle audace, la passion de la vengeance, l'astuce, la rapacité, le despotisme, qu'il fallait jusqu'à alors non seulement honorer en raison de leur utilité pour la communauté -sous d'autres noms que ceux choisis ici, comme de juste-, mais encore cultiver et élever avec vigueur (car on avait constamment besoin d'elles afin que la communauté fasse peser un danger sur ses ennemis) font désormais éprouver leur caractère dangereux avec une intensité redoublée -, maintenant que les conduits d'évacuation font défaut- et peu à peu, elles se voient stigmatisées comme immorales et livrées en pâture à la calomnie. Les pulsions et inclinations contraires accèdent alors aux honneurs moraux ; l'instinct grégaire tire ses conclusions pas à pas. Quelle quantité, grande ou petite, de danger pour la communauté, de danger pour l'égalité comporte une opinion, un état et un affect, une volonté, un talent, voilà à présent la perspective morale: ici aussi, la peur est une nouvelle fois la mère de la morale. Lorsque les pulsions les plus hautes et les plus fortes, faisant irruption avec passion, propulsent l'individu bien au-delà et au-dessus de la moyenne et du bas niveau de la conscience du troupeau, elles anéantissent l'estime que la communauté se porte à elle-même, sa foi en elle-même, et lui brisent en quelque sorte les reins: il en résulte que ce sont précisément ces pulsions que l'on stigmatise et calomnie le mieux. On ressent déjà la spiritualité élevée et indépendante, la volonté d'être seul, la grande raison comme un danger ; tout ce qui élève l'individu au-dessus du troupeau et fait peur au prochain est à partir de ce moment qualifié de mal ; la mentalité équitable, modeste, qui rentre dans le rang, qui recherche la conformité, la médiocrité des désirs accède aux désignations morales et aux honneurs moraux. Enfin, dans des situations très pacifiques, l'occasion et la nécessité d'éduquer son sentiment à la sévérité et à la dureté viennent toujours davantage à manquer ; et désormais toute sévérité, même en matière de justice, commence à troubler les consciences ; une noblesse et une responsabilité envers soi-même élevées et dures sont presque blessantes et éveillent la méfiance, "l'agneau", plus encore que "le mouton" gagnent en considération. Il y a dans l'histoire de la société un point d'amollissement et d'adoucissement maladifs où celle-ci va jusqu'à prendre elle-même parti pour celui qui lui porte atteinte, pour le criminel, et ce avec sérieux et honnêteté. Punir: voilà qui lui semble d'une certaine manière injuste, -il est certain que l'idée de "punition" et d' "obligation de punir" lui font mal, lui font peur. "Ne suffit-il pas de le mettre hors d'état de nuire ? A quoi bon punir par surcroît ? Punir est en soi une chose effroyable !" -par cette question, la morale du troupeau, la morale de la pusillanimité, tire son ultime conséquence. A supposer que l'on puisse abolir le danger en général, la raison d'avoir peur, on aurait aboli cette morale du même coup: elle ne serait plus nécessaire, elle ne se tiendrait plus elle-même pour nécessaire ! -Qui sonde la conscience de l'Européen d'aujourd'hui finira toujours par extraire des mille replis et cachettes de la morale le même impératif, l'impératif de la pusillanimité du troupeau: "nous voulons qu'un beau jour, il n'y ait plus à avoir peur de rien !". Un beau jour -la volonté et le chemin qui y mènent s'appellent aujourd'hui, partout en Europe, le "progrès". »
 
-Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal, traduction Patrick Wotling, Paris, GF Flammarion, 2000 (1886 pour la première édition allemande), 385 pages, p.157-159, §201.

  • Yea 1
Lien vers le commentaire
il y a 3 minutes, Rübezahl a dit :

Je te le pique. merci.

J'ai ouvert une page "domestication" il y a peu. :)

 

Norbert Elias, bon lecteur de Nietzsche, a fait l'analyse socio-historique de ce que les Lumières décrivaient déjà comme l’adoucissement des mœurs.

 



"C'est au cours du XVIIe siècle que, dans la haute société française, la découpage de la viande cesse de faire partie des arts qu'un homme du monde est tenu de pratiquer au même titre que la chasse, l'escrime ou la danse. [...]
Beaucoup de facteurs ont contribué à mettre un terme à l'usage de découper l'animal sur la table. Le plus important ayant sans doute été le rétrécissement des ménages, la création d'unités familiales moins importantes ; citons aussi la division des tâches en production et transformation, le ménage ne s'occupant plus de travaux spécialisés tels que tisser, filer et abattre le bétail: toutes ces occupations passent aux mains de spécialistes, d'artisans, de commerçants, de fabricants, le ménage devenant peu à peu une unité de consommation.
Là encore, l'évolution du processus social répond à une évolution psychique: beaucoup se sentiraient de nos jours mal à l'aise s'ils devaient découper ou si d'autres découpaient sur la table des moitiés de veaux et de porcs ou des faisans ornés de leurs plumes.
Il existe même des "gens si délicats" [...] que l'étalage d'un boucher et de corps d'animaux morts leur est pénible ; il en est d'autres qui refusent pour des raisons de sensibilité rationalisée de consommer de la viande. Mais il s'agit là d'un déplacement du seuil de la sensibilité dépassant nettement les normes de la "société civilisée" du XXe siècle, qu'on considère pour cette raison comme "anormal"." (p.256)

"On peut supposer que la suppression du couteau comme ustensile de table en Chine est due au fait que la couche dirigeante n'y était plus, depuis longtemps, une couche de guerriers mais une classe "pacifiée" à un très haut degré, une classe de fonctionnaires cultivés." (p.268)

 

"Plus l'interdépendance et la division du travail progressent, plus les couches supérieures deviennent, de fait, tributaires des couches inférieures et plus se renforce, du moins en puissance, l'influence sociale de ces couches. Là où la couche dominante est une classe de guerriers capable d'assujettir les autres par la force militaire et le monopole des armes, sa dépendance des couches inférieures est moindre, bien qu'on ne puisse parler d'indépendance absolue. Par conséquent, la pression des couches populaires se fait moins sentir. Et la couche dominante est plus orgueilleuse, elle méprise ouvertement le menu fretin, elle se sent beaucoup moins tenue à la modération, à la répression de la vie pulsionnelle." (p.460-461)

-Norbert Elias, La Civilisation des mœurs, Calmann-Lévy, coll. Agora, 1973 (1939 pour la parution du premier tome de Über den Prozess der Zivilisation), 507 pages.

 

Beaucoup plus tard un épigone (islamo)gauchiste de Nietzsche, Foucault s'est rendu (trop) célèbre par un examen local du phénomène.

"

Un fait est là : a disparu, en quelques dizaines d'années, le corps supplicié, dépecé, amputé, symboliquement marqué au visage ou à l'épaule, exposé vif ou mort, donné en spectacle. A disparu le corps comme cible majeure de la répression pénale.
A la fin du XVIIIe siècle, au début du XIXe, malgré quelques grands flamboiements, la sombre fête punitive est en train de s'éteindre
." (p.14)

 

"Sous la douceur accrue des châtiments, on peut donc repérer un déplacement de leur point d'application; et à travers ce déplacement, tout un champ d'objets récents, tout un nouveau régime de la vérité et une foule de rôles jusque-là inédits dans l'exercice de la justice criminelle. Un savoir, des techniques, des discours « scientifiques » se forment et s'entrelacent avec la pratique du pouvoir de punir.
Objectif de ce livre : une histoire corrélative de l'âme moderne et d'un nouveau pouvoir de juger; une généalogie de l'actuel complexe scientifico-judiciaire où le pouvoir de punir prend ses appuis, reçoit ses justifications et ses règles, étend ses effets et masque son exorbitante singularité
." (p.27)
-Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard,‎ 1975, 328 pages.

 

En gros il a causalité entre le développement de l'Etat moderne, sa monopolisation de la violence légale (et des moyens de la violence), l'accroissement de la sécurité intérieure, d'une part; et d'autre part l'émergence de l'individu (au sens d'individualisation sociale et psychique) et la pacification / adoucissements des mœurs. Avec des phases de régression mais en gros le mouvement va dans la même direction depuis la fin du Moyen-âge.

 

« La Couronne avait aussi besoin de la paix. La guerra, la guerre privée entre seigneurs, avait été un « élément structurel de la première époque normande » […] La victoire de Roger II et l’installation de la royauté entraînèrent la mise hors la loi d’une pratique jusque-là considérée comme regrettable, mais tolérée. Frédéric II s’engagea dans la même direction. Il interdit [dans le royaume de Sicile] toute guerre féodale comme toute vengeance privée. Les victimes devaient porter leur cause devant les officiers : l’Etat substituait sa justice à la violence. A cet effet, le port d’armes fut déclaré illicite en 1231, afin de « fermer la voie et de retirer les moyens à des crimes futurs ». […] C’est donc à un désarmement général que procéda l’empereur : l’Etat s’attribuait le monopole légal de la violence. » (Sylvain Gouguenheim, Frédéric II. Un empereur de légendes, Perrin, 2015, 428 pages, p.110).

 

De mon point de vue c'est un immense progrès, mais comme dirait de Benoist, tout progrès engendre des problèmes dans de nouveaux secteurs. En termes politiques: risque de passivité / incapacité des citoyens à se défendre face aux abus de pouvoir de l'Etat. En termes psychiques: risque de dérives vers des postures victimaires (instrumentalisation de la pitié croissante d'autrui, culpabilisation à des fins mesquines) et de compassion pour les coupables (par répression trop poussée des affects agressifs) -d'où les polémiques des quarante dernières années sur le laxisme judiciaire, etc.

Lien vers le commentaire
Il y a 1 heure, Rübezahl a dit :

J'ai ouvert une page "domestication" il y a peu. :)

À ce sujet, tu peux t'intéresser à diverses études pointant la baisse sensible et continue du niveau de testostérone chez les hommes à la fois sur la très longue période, et sur les derniers siècles. 

Lien vers le commentaire
il y a 12 minutes, Rincevent a dit :

À ce sujet, tu peux t'intéresser à diverses études pointant la baisse sensible et continue du niveau de testostérone chez les hommes à la fois sur la très longue période, et sur les derniers siècles. 

J'ai déjà lu des trucs analogues sur la fertilité de la semence masculine (en baisse everywhere).

De toutes manières, l'humain a biaisé/sélectionné les espèces animales et végétales. C'est un fait.

L'espèce humaine elle-même n'échappe pas, volens nolens (je veux dire, pas de théorie du complot), à un phénomène analogue.

Et le biais tend clairement ama vers la cheptelisation.

Et les états modernes encouragent évidemment, à toute force, ce phénomène.

Je pense que ça s'explique, fondamentalement, entre autres, pour de grands groupes, par une plus grande facilité à gérer des populations homogènes et dociles.

 

Fondamentalement, c'est du darwinisme inversé, qui se finit donc irrémédiablement par une cata.

Plus longue à venir ... mais d'autant plus grosse.

... et comme la périodicité de ces catas dépasse le demi-siècle, aucune corrélation n'est établie,

et les suivants, à peine remis de la cata précédente, en redemandent.

 

En plus, la domestication, ama c'est un biais/atavisme génétique super répandu.

Probablement, bien plus répandu que la curiosité intellectuelle qui doit plutôt être un gêne accidentel.

On présente "officiellement" le progrès humain comme un truc porté par et pour toute la population (ça fait toujours plaisir).

Il n'en est évidemment rien, le progrès humain est peut-être voulu pour tous, mais absolument pas porté par tous.

Le progrès est même de facto uniquement le fait d'une misérable poignée d'individus accidentels, égarés au milieu d'un troupeau bêlant.

 

(... c'est pour ça que, en dehors de zones à eux, ou sous le radar, je ne suis pas trop optimiste pour les vrais libéraux. )

 

Le truc qui me semble inquiétant, c'est l'écart qui semble grandir entre les veaux et les futés.

Ces 2 populations cohabitent depuis toujours, avec plus ou moins de bonheur.
Les futés s'en tirent par la ruse. Les veaux oppriment actuellement les futés grâce au nombre.

Mais j'ai l'impression que les veaux sont toujours plus veaux, et les futés plus futés.

L'équilibre va-t-il perdurer ?

Entre 2 jeunes de 20 ans dont l'un (A) maîtrise difficilement 2 opérations arithmétiques et bêle après son revenu universel, et l'autre (B) qui cherche à acheter du bitcoin ... ça va se régler comment ?

Pacifiquement ?

 

ama, c'est clairement une situation dissymétrique.

A a besoin absolument de B, mais B n'a aucun besoin absolu de A.

La raison pour laquelle A finit domestique de B, ce n'est pas le besoin ou la volonté de B

... c'est fondamentalement le besoin que A éprouve d'être domestiqué.

 

Sorry pour le tl;dr (et pour un peu de pessimisme).

 

  • Yea 2
  • Nay 1
Lien vers le commentaire

Pour moi ce que tu dis est plein de bon sens, mais un gros pourcentage de mon entourage aurait envie de vomir devant des propos aussi nauséabonds :lol:

 

Il y a 19 heures, Rübezahl a dit :

Entre 2 jeunes de 20 ans dont l'un (A) maîtrise difficilement 2 opérations arithmétiques et bêle après son revenu universel, et l'autre (B) qui cherche à acheter du bitcoin ... ça va se régler comment ?

Pacifiquement ?

 

A mon avis par l'évitement : expatriation et/ou crypto-agorisme

Je vois bien un genre de mgtow modifié qui boycotterait les "veaux" à la place des femmes

Après, on est toujours le veau de quelqu'un d'autre... :lol: 

  • Yea 1
Lien vers le commentaire

Hmmm, tu as déjà entendu parler de Ayn Rand ? Un auteur pas très connu qui imagine un truc comme ça, nommé "Galt's gulch" dans un de ses romans... :mrgreen:

  • Ancap 1
Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...