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Collectivités territoriales et libéralisme : quelles compétences leur accorder ?


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Bonjour à tous,

 

Mon intérêt pour la pensée libérale se heurte à un autre intérêt, celui pour la vie locale.

 

Je vois souvent des libéraux défendre le principe de subsidiarité et appeler à davantage de décentralisation voire à du fédéralisme pour contrer le jacobinisme centralisateur français et son lot de corporatisme et de dirigisme.

 

Ok très bien, mais concrètement, je n'ai jamais vu d'article ou d'ouvrage explicitant clairement quelles devraient être les prérogatives des collectivités territoriales d'un point de vue libéral ? Quelles compétences devraient leur être transférée  ? Car hormis la défense de leur autonomie financière et de leur liberté de s'organiser, je ne vois rien de concret.

J'aimerais ainsi avoir le point de vu libéral sur les compétences actuellement dévolues aux communes : urbanisme, service public de l'eau et des déchets, développement économique (qui passe par la gestion du foncier, l'animation économique du territoire, le soutien aux créations d'entreprises, le marketing territorial, le soutien à certaines filières etc), éducation, culture etc. ! 

 

Par ailleurs, décentraliser ne veut pas dire mettre fin au jacobinisme. Il peut seulement s'agir d'un transfert du jacobinisme à une plus petite échelle, celle des collectivités. D'autant plus que le clientélisme est tout aussi présent à cet échelon. On ne ferait que donner davantage de pouvoir à des "petits élus"susceptibles de connaitre les mêmes travers qu'à l'échelon national. Je vois mal en quoi défendre davantage la décentralisation serait fondamentalement plus libéral (à moins que cela soit assorti de nouvelles règles de contrôle et de responsabilisation des élus peut être ?).

 

Merci de votre éclairage !

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Décentraliser permet de voter plus facilement avec ses pieds pour les entreprises et les personnes. Il est plus facile de changer de ville ou de département que de pays. Cela accroît la concurrence entre les différentes juridictions pour attirer la ressource fiscale (surtout si elles n'ont pas le droit de s'endetter). Pour une même personne, il est possible d'habiter à X parce que c'est plus favorable en temps que résident et de bosser/ouvrir son business à Y parce que cela est plus favorable.

 

Que transférer comme compétence ?

Dans le cadre d'un Etat purement régalien, elles partageraient la police avec les départements et collecteraient les impôts. Les départements auraient les tribunaux suprêmes. L'Etat aurait la police et l'armée et une cour constitutionnelle.

 

Dans un cadre non régalien : tout ce que j'ai dit plus et tout le reste aux communes.

  • Yea 3
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Historiquement la mission des communes est le maintient de l'Ordre Publique, cad de la tranquillité, de la salubrité et de la sécurité sur le territoire de la commune. De mon point de vue il faut limiter le rôle des communes à cela dans le cadre de la loi. Si les communes sont responsable du maintient de ces trois objectifs, il faudra néanmoins préciser qu'elles peuvent recourir au privé pour le faire (elles sont tenues quand au résultat mais pas aux moyens). Tout le reste doit être laissé à la libre volonté des administrés. Si certains veulent que la commune fasse plus de chose libre à eux, mais cela ne doit pas être une obligation venue de l'échelon supérieur.

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Salut !

Il n'y a pas de point de vue libéral orthodoxe sur cette question, que je sache... il y a toute une tradition de libéraux centralisateur, qui veulent s'appuyer sur un état fort pour faire respecter partout au plus vite possible les libertés individuelles, et qui voit les autorités locales comme des forces conservatrices attachées à de vieux privilèges. Koenig, et dans une moindre mesure (parce qu'il est moins libéral, pas parce qu'il est moins centralisateur) Macron viennent de là. Et concrètement, il faut reconnaître que la décentralisation en France est principalement demandé par des élus parasites des campagnes de droites, qui veulent plus de pouvoir, et a principalement été mise en pratique par des pouvoirs centraux socialistes pour essayer vainement d'ajouter de la robustesse au désastre.

Mais, en ce qui me concerne, comme le mainstream d'ici je crois, je suis du coté girondin de la force. Une liberté accordée par le prince peut tout aussi bien être reprise par lui, la suppression des corps intermédiaires en vue d'instaurer l'égalité des droits ne fait que permettre au prince suivant de faire encore plus de mal, et ce plus de mal est l règle plus que l'exception, puisque l'état n'a pas vraiment intérêt à l'autonomie des citoyens.

 

Je suis pour accorder le plus de pouvoir de décision possible aux autorités locales, à condition d'en priver à chaque fois l'échelon supérieur. Idéalement, il faudra dissoudre l'Etat en une confédération de cité-états qui n'auraient pas d'autres solutions que le libéralisme pour prospérer du fait de leur petite taille (manque de ressources + forte migration in et out -> interdépendance très forte avec le reste du monde). Il faut même laisser aux autorités locales le pouvoir d'instaurer un régime socialiste -tant qu'elles en assument les conséquences, et que ce n'est pas l'échelon supérieur (c'est à dire, les voisins plus libéraux qui n'ont rien demandé) qui en paient le prix. Comme le dit Tramp, ça met les territoires en concurrence, notamment en facilitant le vote par les pieds, ce qui incite à la meilleure solution politique, i.e. le libéralisme.

 

On remarque d'ailleurs souvent plus de liberté chez les états fortement fédéraux : qu'on pense aux provinces unis des pays bas à l'époque des lumières, aux USA avant la guerre de sécession, à la Suisse actuelle, etc.

 

Sinon :

il y a 35 minutes, Molinarchiste a dit :

urbanisme, service public de l'eau et des déchets, développement économique (qui passe par la gestion du foncier, l'animation économique du territoire, le soutien aux créations d'entreprises, le marketing territorial, le soutien à certaines filières etc), éducation, culture etc. !  

Tout ceci gagnerait évidemment à être laissé à des individus responsables agissant librement et avec le consentement des concernés. Si toutefois il faut qu'une puissance public s'en charge, je préfère qu'elle œuvre au niveau le plus bas possible. Plusieurs raisons : elle est moins coupé des problèmes dont elle prétend devoir se charger, le public la surveille plus facilement, et elle fait du mal à un moins grand nombre de personnes.

  • Yea 1
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Il y a 3 catégories d'élus locaux :

- la potiche. Il est là parce que quelqu'un d'autre lui a demandé. C'est l'unique raison. Un pot de fleur le remplacerait avantageusement.

- le gars sévèrement intéressé. Il a une crapulerie en vue ... mais ça l'oblige, au minimum, à contrôler la mairie pour minimiser les risques. J'inclus dedans le gars qui va directos utiliser les activités de la mairie pour crapuler.

- le contructiviste. Le moins malhonnête ... mais absolument pas moins nuisible pour autant.

 

Un point commun à tous. Par l'élection, ils deviennent des oints du Seigneur.

à l'instant de la proclamation des résultats, un truc magique les touche.

Et ils n'ont pas tort, ce qui les frappe très fort, c'est l'impunité et une forte exclusivité sur le domaine public.

Et ils ne se privent pas d'utiliser ces 2 dons à donf.

 

Les élus locaux passent leur temps à pleurer sur ce que leur impose leur propre hiérarchie. ah la la l'admin etc.

En réalité ils se délectent à patauger dans le papier. ça tient du sado-masochisme. Jamais la moindre idée de même oser voter contre.

Combien de fois j'ai vu le CM de mon bled voter pour une connerie, sous le prétexte que de toute manières un vote contre ne serait pas pris en compte.

(dans la vie ils doivent se balader avec un tube de lubrifiant).

Et quand eux-mêmes ont la plus minuscule possibilité d'un truc pour faire chier le citoyen lambda, une miette de pouvoir d'emmerder que leur laisse tomber l'état,

ils sautent dessus comme s'ils étaient investis d'une mission divine, en réalité comme des puces affamées sur un chien.

 

  • Yea 1
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Personnellement je suis favorable à un Etat-nation unitaire centralisé* (Cocorico ?).

Pour limiter l'immobilisation du débat en positions trop schématiques ("pour ou contre la décentralisation ?"), il peut être bon de préciser à partir du contexte. S'agissant donc de la France**, je pense qu'un bon tour de re-centralisation ne fera pas de mal (ceretis paribus). On pourrait par exemple se débarrasser des régions totalement artificielles issues de la réforme de Hollande, et en redistribuer les fonctions. Ré-avantager l'Etat central par rapport aux municipalités pourraient aussi être une solution à certains problèmes.

 

*Si la notion n'était pas équivoque et déjà utilisée par Koenig, je parlerais éventuellement de conception jacobine-libérale. Qui va devoir demeurer dans les geôles des innovations sémantiques, avec "national-libéralisme" et quelque autres.

 

**Soit donc sans sous-entendre que ce serait le modèle parfait transposable universellement. Mais je ne voudrais pas créer du consensus hypocrite en sous-entendant a contrario que j'exclus cette possibilité. Comme pour la problématique de la pluralité des régimes politiques, je serais intuitivement plutôt cartésien que straussien.

 

Bien sûr une telle position est ultra-minoritaire en ces lieux (j'ai souvenir de débats avec @Extremo ). Je peux essayer d'éviter le procès en hérésie en faisant remarquer que c'est une question périphérique par rapport au libéralisme. En ce sens que le libéralisme a essentiellement à voir avec ce que le pouvoir fait, plutôt qu'avec ce que le pouvoir est. Ceci étant, la question de son organisation (ici administrative), intervient de manière périphérique en ceci que certaines modalités d'organisations du pouvoir peuvent être plus favorables à la liberté que d'autres. Mais c'est clairement une question subordonnée et plutôt technique que principiel. Un débat sur les moyens en somme.

 

Les arguments "décentralisateurs" me paraissent faibles. Celui de la concurrence fiscale me semble une anticipation de l'anarcapie (mais étant fort ignorant en matière juridique, je peux dire une bêtise), à laquelle j'ai déjà objecté dans le fil dédié. L'argument de l'autonomie financière me laisse aussi froid, d'autant que pratiquement c'est la dernière chose que voudront les collectivités (plus de pouvoirs et de ressources, ça par contre c'est OK).

Quand aux arguments centralisateurs ou plutôt "anti-décentralisation", certains ont déjà été donnés dans la discussion.

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il y a 8 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Personnellement je suis favorable à un Etat-nation unitaire centralisé* (Cocorico ?).

Pour limiter l'immobilisation du débat en positions trop schématiques ("pour ou contre la décentralisation ?"), il peut être bon de préciser à partir du contexte. S'agissant donc de la France**, je pense qu'un bon tour de re-centralisation ne fera pas de mal (ceretis paribus). On pourrait par exemple se débarrasser des régions totalement artificielles issues de la réforme de Hollande, et en redistribuer les fonctions. Ré-avantager l'Etat central par rapport aux municipalités pourraient aussi être une solution à certains problèmes.

 

Trop vague. On ne sait pas ce que tu veux que l'Etat fasse de plus et tu ne dis pas quelles solutions à quel probleme cela apporterait. 

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il y a 6 minutes, Tramp a dit :

On ne sait pas ce que tu veux que l'Etat fasse de plus et tu ne dis pas quelles solutions à quel probleme cela apporterait. 

 

NB que supprimer la région pourrait être une occasion en soi de supprimer des interventions étatiques (et des impôts).

 

Ensuite, certains aspects de la démagogie socdem de la marie de Paris me semble une conséquence évidente de transferts de compétences originellement attribués aux préfectures. On pourrait donc envisager de les recentraliser.

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il y a 1 minute, Johnathan R. Razorback a dit :

Ensuite, certains aspects de la démagogie socdem de la marie de Paris me semble une conséquence évidente de transferts de compétences originellement attribués aux préfectures. On pourrait donc envisager de les recentraliser.

 

Vu que les débats sur les menus à la cantine passionnent nos députés, je ne vois pas ce qu'on gagnerait au change.

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6 hours ago, Johnathan R. Razorback said:

*Si la notion n'était pas équivoque et déjà utilisée par Koenig, je parlerais éventuellement de conception jacobine-libérale.

 

Quote

En ce sens que le libéralisme a essentiellement à voir avec ce que le pouvoir fait, plutôt qu'avec ce que le pouvoir est. Ceci étant, la question de son organisation (ici administrative), intervient de manière périphérique en ceci que certaines modalités d'organisations du pouvoir peuvent être plus favorables à la liberté que d'autres. Mais c'est clairement une question subordonnée et plutôt technique que principiel. Un débat sur les moyens en somme.

 

Le principal problème  de la conception "jacobine-libérale" est de négliger le fait que le pouvoir dont on se sert aujourd'hui (pour des fins aussi morales et bénéfiques soient-elles) pourra très bien être, et le sera certainement, réutilisé contre nous demain. Parce que c'est vrai qu'à court terme il est tout à fait concevable d'amener au pouvoir un président voire même un dictateur libéral qui utiliserait sa fonction pour instaurer des tas de réformes libéralisant massivement chaque coin du pays. Mais après ? Le président suivant peut très bien se servir de ce même pouvoir pour révoquer toutes ces réformes libérales et instaurer son utopie socialiste. Et vu le peu de politiciens un tant soit peu libéraux ayant accédé au pouvoir c'est même le scénario le plus probable. 
Tandis qu'avec un maximum de compétences revenant au niveau local ce serait beaucoup plus difficile, chacun agissant comme un contre-pouvoir. Même si ce dernier point est surtout vrai dans le cas d'un Etat fédéral plutôt que d'un Etat unitaire décentralisé (comme le Royaume-Uni).

 

Et puis ce "jacobinisme libéral" repose sur le mêmes réflexe des régimes autoritaires qui consiste à isoler l'individu face à l'Etat en supprimant/réduisant l'influence des corps intermédiaires.  Alors peut-être que cette fois-ci ce sera avec de bonnes intentions, mais je doute que le résultat soit différent pour les raisons mentionnées plus haut.

 

Ceci étant dit, je vois moins de problèmes avec un Etat unitaire à l'échelle des Etats-nations européens que si on parlait de grands blocs comme la Chine, les US ou... L'UE. Donc j'admets que dans une perspective d'un candidat libéral pour 2022 ou les prochaines années (dont il y a déjà un topic dessus) la décentralisation ne soit pas une priorité. Ce qui devrait en revanche être une priorité c'est de reprendre un maximum de prérogatives des mains de la bureaucratie bruxelloise, parce que c'est là que se trouve le plus grand danger de centralisation de notre époque.

 

 

Quote

Celui de la concurrence fiscale me semble une anticipation de l'anarcapie (mais étant fort ignorant en matière juridique, je peux dire une bêtise), à laquelle j'ai déjà objecté dans le fil dédié.

 

Sans même aller jusqu'à l'anarcapie, l'idée derrière la concurrence fiscale c'est simplement que, toutes choses égales par ailleurs, les Etats avec la pression fiscale la moins élevée attireront plus d'investissements et d'entreprises, ce qui aura tendance à pousser le taux d'imposition vers le bas par rapport à une situation plus centralisée. Sans parler évidemment du vote avec les pieds.

 

 

On 6/10/2018 at 11:44 AM, Mégille said:

Une liberté accordée par le prince peut tout aussi bien être reprise par lui, la suppression des corps intermédiaires en vue d'instaurer l'égalité des droits ne fait que permettre au prince suivant de faire encore plus de mal, et ce plus de mal est l règle plus que l'exception, puisque l'état n'a pas vraiment intérêt à l'autonomie des citoyens.

 

Exactement ma position également. La partie en gras est particulièrement importante.

 

 

Quote

Idéalement, il faudra dissoudre l'Etat en une confédération de cité-états qui n'auraient pas d'autres solutions que le libéralisme pour prospérer du fait de leur petite taille (manque de ressources + forte migration in et out -> interdépendance très forte avec le reste du monde).

 

Une conséquence directe de ce manque de ressources est que les dirigeants d'une cité-Etat ou toute autre communauté politique de taille réduite sont beaucoup moins incités à adopter des mesures protectionnistes et davantage à éliminer les restrictions au commerce international. Suffit de voir que les cités-Etat comme Singapour ou Hong Kong n'ont quasiment pas de barrières au commerce international, ce serait suicidaire. Tandis que les gros blocs comme l'UE, les US, ou la Chine se livrent à de plus en plus de guerres commerciales. D'ailleurs le protectionnisme est ouvertement une des raisons pour lesquelles nos chères élites politiques veulent imposer un super-Etat européen, pour se "protéger" des chinois et des américains.
Les effets néfastes du protectionnisme étant toujours présents à grande échelle mais la différence est qu'un gros bloc qui restreint le commerce avec le reste du monde verra son niveau de vie baisser de manière plus ou moins considérable mais en général pas jusqu'à crever de faim, contrairement aux communautés politique de taille très réduite.

 

Je me souviens que @Johnathan R. Razorback objectait qu'une cité-Etat peut toujours préférer se laisser crever de faim en adoptant le protectionnisme. Ce qui est évidemment possible dans des cas isolés mais ce n'est clairement pas la tendance générale, et surtout pas aujourd'hui et dans les derniers siècles depuis que des économistes comme Smith et Ricardo ont démontré que le libre-échange et la division internationale du travail sont bénéfiques pour chaque partie.

 

 

Quote

On remarque d'ailleurs souvent plus de liberté chez les états fortement fédéraux : qu'on pense aux provinces unis des pays bas à l'époque des lumières, aux USA avant la guerre de sécession, à la Suisse actuelle, etc.

 

Tout comme on remarque, symétriquement, que les pires Etats totalitaires de l'histoire de l'humanité que nous a fait découvrir le XXe siècle étaient extrêmement centralisés avec le maximum de décisions possible revenant au leader suprême.

 

J'ajouterais aussi que ce n'est certainement pas un hasard si l'Europe, sans aucun pouvoir centralisé, fut le berceau de la révolution industrielle et du capitalisme moderne. La compétition entre les nations européennes ainsi que leur incroyable diversité sur tous les plans par rapport à d'autres régions du monde y ayant probablement été pour beaucoup.
 

 

Quote

Je suis pour accorder le plus de pouvoir de décision possible aux autorités locales, à condition d'en priver à chaque fois l'échelon supérieur.

 

Bon point.

  • Yea 2
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Le Sunday, June 10, 2018 à 12:22, PABerryer a dit :

Historiquement la mission des communes est le maintient de l'Ordre Publique, cad de la tranquillité, de la salubrité et de la sécurité sur le territoire de la commune. 

 

Ça suffira, le reste on  s'en arrange.

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Il y a 10 heures, Extremo a dit :

1): Et puis ce "jacobinisme libéral" repose sur le mêmes réflexe des régimes autoritaires qui consiste à isoler l'individu face à l'Etat en supprimant/réduisant l'influence des corps intermédiaires. 

 

2): Je me souviens que @Johnathan R. Razorback objectait qu'une cité-Etat peut toujours préférer se laisser crever de faim en adoptant le protectionnisme. Ce qui est évidemment possible dans des cas isolés mais ce n'est clairement pas la tendance générale

 

3): Tout comme on remarque, symétriquement, que les pires Etats totalitaires de l'histoire de l'humanité que nous a fait découvrir le XXe siècle étaient extrêmement centralisés avec le maximum de décisions possible revenant au leader suprême.

 

1): Je n'aime pas la notion flou de corps intermédiaires (et encore moins les métaphores organiques en politique. Les groupes humains ne sont pas des corps). En l’occurrence le débat sur la centralisation / décentralisation concerne la structure de l'Etat (au sens large). Le centralisme ne vise pas à supprimer les groupes institutionnels que peuvent rejoindre librement les individus (églises, associations, etc.). En outre un certain nombre de ces ensembles sont soit des créations nuisibles de l'Etat (type ordre des médecins pour empêcher des gens de bosser) soit pourris par leur association de fait ou juridique avec lui (lobbys, syndicats, etc.). Donc pour moi le libéral n'a absolument pas à se positionner comme "pour" ou "contre" les "corps intermédiaires".

 

2): Disons que quitte à vivre dans une cité Etat, je préfère que ce soit quelque chose comme Athènes plutôt que quelque chose comme Sparte ;) Si on compare avec la mentalité "fermé" / holistique des communautés villageoises pré-industrielles, la petite taille ne semble en soi : 1) ni un facteur de commerce (cf Braudel sur l'autoconsommation villageoise) ; 2) ni un facteur d'innovation ; 3): ni un facteur d'ouverture culturelle aux étrangers. De surcroît, en cas de fermeture commerciale, la taille du marché doit être trop petite pour permettre le développement d'un secteur industriel et tertiaire important.

 

3): Je pense que ces Etats avaient d'abord le problème d'être antilibéraux, antidémocratiques, protectionnistes, planistes et expansionnistes ^^ Mais effectivement, la centralisation peut tout à fait atteindre un niveau excessif. Le problème c'est quand l'absence de baromètre ("je suis pour un 6/10 en centralisation !"), il est difficile de ne pas avoir un débat abusivement schématisé.

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La petite taille est avant tout un facteur de pluralité des organisations. Ce qui signifie que, plutôt qu'une Prusse unifiée et centralisée, tu as une myriade de cantons ou de cité-Etats différents. Du coup tu as des Spartes, plus fermées, et des Athènes, plus ouvertes. Et c'est bien.

  • Yea 3
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Le laissez faire ne vas pas produire que des corps intermédiaires libéraux. Cela sera tout une nuance de gris. Idem avec les communes dans le cas de la décentralisation. La question est de savoir si un tout centralisé est plus efficient pour la protection des droits individuel qu'un système où le centre doit tenir compte d'autres points de pouvoir. 

 

Le grand défaut de la décentralisation à la française est d'être uniforme au nom de l'égalité. Décentraliser sans laisser une grande capacité aux échelons inférieurs de pouvoir se faire concurrence, même au niveau institutionnel, c'est de la fausse decentralisation. Je ne comprend toujours pas pourquoi les élections locales ont lieu le même jour partout en France....

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A propos de cette question telle qu'on peut vouloir la poser : "est-ce qu'un pouvoir centralisé a plus de chance de défendre les libertés individuelles qu'un pouvoir décentralisé ?" Il me semble qu'il faut commencer par remarquer qu'un pouvoir, de façon général, a peu de chance de défendre les libertés individuelles. Le pouvoir jouit de la réduction des libertés, et a le pouvoir de se grossir lui même pour réduire encore plus les libertés. Donc le pessimisme est de rigueur.

La solution qui a été trouvée (empiriquement avant d'être pensée) contre ça réside dans la séparation des pouvoirs. De ce coté, presque tout est bon à prendre, séparation fonctionnelle (cabinet - parlement) et territoriale (fédéral - fédéré). Mais la séparation ne donne qu'un sursit à la liberté, puisque cette même force qui pousse le pouvoir à chercher plus de pouvoir se met à faire "conspirer" les différents pouvoirs entre eux.

Contre la conspiration, il me semble qu'il n'y a qu'une seule autre force à laquelle on puisse se fier : la concurrence, qui est elle même permise par le pluralisme, ou au moins l'ouverture au pluralisme. On a une concurrence politique inférieure qui a lieu au sein des systèmes électorales multipartites, mais elle est faible, parce qu'elle ne peut pas remettre radicalement en cause le cadre qui permet son existence, et parce qu'elle permet le clientélisme électorale, qui est un jeu à somme nulle, voire négative. Il y a beaucoup plus à attendre de la concurrence politique forte, entre des systèmes extérieurs les uns aux autres : elle permet la découverte de modèles radicalement nouveaux (elle est ouverte et non fermée) et ce qui fait fonctionner le mieux un modèle (le libéralisme) n'est pas au dépend des autres (contrairement au clientélisme dans la concurrence intérieure). Enfin, c'est le cas tant que le commerce permet plus d'enrichissement que le pillage ; on dirait que c'est devenu le cas au début de la modernité, sans doute grâce au progrès technologique.

Bref, j'ai l'impression que le processus de recherche politique se joue plus entre les états qu'à l'intérieur d'eux. Dans un cas, c'est de l'émulation, dans l'autre, de l'allélophagie.

Si la décentralisation est bonne, c'est non seulement parce qu'elle est une séparation de plus des pouvoirs (et donc, un bâton de plus dans les roues de la conspiration) mais aussi parce qu'elle permet du pluralisme. Evidemment, ça ne marche pas en France. Notre "décentralisation" est redondante, je ne crois pas que les collectivités puissent faire grand chose qui soit interdit au pouvoir central, elles sont toutes bâties sur le même moule, et la marge de manœuvre locale est triviale. Ce qui s'est passé, c'est que lorsque la droite (la vraie, la vieille) s'est aperçue qu'elle n'aura sans doute plus jamais l'occasion de reconquérir Paris, elle s'est mise à demander pour les seigneurs de province ce qu'elle ne pouvait plus espérer pour le roi. Sans succès. L'idée a été remise au goût du jour par De Gaulle (qui la tient de Maurras, qui la tient des légitimistes, qui la tiennent des contre-révolutionnaires), mais appliquée par Mitterrand, qui a du coup compté sur le soutient de ses adversaires pour ce qui lui a servi à rendre plus robuste l'Etat. A grande échelle, une structure simple s'effondre sur elle même, alors qu'une structure plus complexe peut tenir. La décentralisation Française est comparable à celle de Chine populaire. Il faudrait que les provinces aient des compétences strictes, à l'exclusion de l'Etat, qu'elles aient une grande marge de manoeuvre, notamment en matière de redistribution et d'immigration, et qu'elles puissent par elles même, sans passer par l'échelon supérieur, fusionner, se séparer, s'organiser différemment (se séparer en Canton et district, ou se centraliser), demander plus ou moins d'autonomie, etc.

Conclusion : vive la Savoie libre.

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