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Conservateurs et libertariens: un cousinage malaisé


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  • 3 weeks later...

Un texte assez révélateur sur les raisons pour lesquelles conservateurs et libertariens ne s'entendront jamais très bien (sauf à la rigueur sur le "l'ennemi de mon ennemi est mon ami"): https://www.dailysignal.com/2018/03/30/key-difference-conservatives-libertarians-matters/

 

Je repasse le commenter plus tard si ça vous intéresse.

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" Conservatism is a political theory designed to secure the blessings of liberty, while libertarianism is simply and only a market theory." Content d'apprendre que Deirdre McCloskey est conservatrice ;) Hayek aussi d'ailleurs. Inversement, HHH devient libertarien sans être conservateur. C'est un peu court je trouve.

  • Yea 4
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Certes, mais on pourrait faire remarquer que la Catallaxie, c'est le marché plus les institutions protectrices dont parle l'auteur pour situer la frontière entre conservatisme et libéralisme.

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  • 1 month later...

J'ai lu un texte intéressant de Chantal Delsol (enfin !, ai-je hélas envie d'ajouter): http://www.prechi-precha.fr/la-droite-et-la-gauche-par-chantal-delsol/

 

Elle présente son sujet comme une tentative philosophique (et non historique) de distinguer la droite et la gauche ; je dirais pour ma part qu'elle décrit un ensemble stabilisé de tendances idéal-typiques (comme dirait Max Weber), et que si, prises une à une, les attitudes qui compensent ces tendances sont probablement transhistoriques, leur réunion dans ces ensembles que sont "la" droite et "la" gauche est un fait parfaitement historique (propre à la période contemporaine consécutive de la Révolution française).

 

La première moitié du texte n'est pas sans intérêt mais elle me semble à la fois peu originale, et partiale. Beaucoup de conservateurs s'autodéfinissent en effet volontiers comme le parti des réalistes sur l'imperfectibilité indépassable de l'homme. Disons que cette partie a le mérite de ne pas cacher le sous-bassement ou les affinités religieuses de cette tendance idéologique. Mais je n'ai pas l'impression que ce soit le trait essentiel ou un trait nécessairement général de tout homme de droite ; c'est aussi donner à ce dernier le beau rôle trop facilement, à mon avis.

 

En revanche la seconde partie du texte, est beaucoup plus impartiale, objective et pertinente comme généralisation.

 

* à partir du paragraphe: "Cette relation à la réalité et à l’anthropologie, marquant la différence à mon avis essentielle entre la droite et la gauche, induit par voie de conséquence une autre différence que je voudrais évoquer maintenant : alors que la droite s’intéresse largement au particulier, à la gauche c’est davantage l’universel qui importe."

 

Ce n'est pas le critère que je considérerais comme le plus fondamental pour distinguer droite et gauche, mais (et c'est remarquable), ça me semble un second critère tout à fait valable.

 

* Je suis de l'avis de Bobbio lorsqu'il écrit: "L’égalité est le seul critère qui résiste à l’usure du temps, à la dissolution qui touche les autres critères, au point que la distinction entre droite et gauche finit elle-même par être remise en question." (Norberto Bobbio, Droite et gauche, Paris, Seuil, 1996, 154 pages).

Par rapport à ce critère, le libéralisme s'oppose à la fois à la gauche (qui tente de réaliser diverses variantes d'égalisation matérielle des conditions) et à la droite (qui s'est opposée historiquement à l'égalité des droits, à certaines minorités religieuses ou populations colonisées, à l'émancipation des femmes, la séparation de l'Etat et des églises, etc. etc. Autant d'évolutions / modernisations heurtant des privilèges et permettant de doter les individus d'une égale liberté sous la loi).

 

Du coup, à l'aune du critérium d'équilibre entre concret/abstrait, où se situe le libéralisme par rapport à la droite ?

Il me semble évident que la pensée libérale a des affinités profondes avec des formes de pensées / philosophies très conceptuelles*, qui ont fortement tendance à faire fuir l'homme de droite "qui n'est pas dans l'idéologie". Du reste, à l'exception notable de Hayek, de nombreux penseurs libéraux sont des "rationalistes" (je pense à Holbach, Condorcet, Ayn Rand, Mises… ainsi qu'à Spinoza, dans la mesure où il pertinent d'en faire un proto-libéral), absolument pas concernés par le pessimisme de droite vis-à-vis de la puissance de la raison humaine.

 

* Ce qui n'est pas sans liens (causes ? effets ? les deux ?) avec les types psychologiques surreprésentés chez les libéraux par rapport à la population en général.

 

De même, le libéralisme est un universalisme (il définit une substance du régime politique, théoriquement implantable en tout temps et en tout lieu, quelque soit la forme du régime), ce qui l'apparente plus à la gauche qu'à la droite.

Il s'oppose aux velléités de rétablir dans la modernité des "sociétés closes", typiquement en refusant l'anti-immigrationniste propre à la droite nationaliste et à ses formes fascistes extrêmes. Il s'oppose au racisme pour la même raison (les sociétés racistes, par exemple coloniales, étant anti-égalitaires / opposée à l'égalité des droits).

A un niveau plus "psychologique", les libéraux ne marquent pas non plus de fortes affinités avec le particularisme de la droite, comme le montre par exemple le désir (latent ou réalisé) d'expatriation (temporaire ou définitive) qui revient régulièrement dans les discours de nombre d'entre eux (sans aucune mesure comparable avec ce qui se passe dans les autres courants politiques). Le libéral n'apparaît souvent pas spécialement attaché à la valorisation d'une culture particulière ou d'une nation (ce serait un bon test de chercher combien de fois le terme et ses synonymes apparaît dans la littérature libérale, sur Contrepoints, etc.) ; il peut même faire preuve d'indélicatesse vis-à-vis du sentiment d'inquiétude que peuvent partager certains vis-à-vis du changement historique / culturel (souvent en lien avec les discussions sur l'immigration ; je pense à un épisode survenu sur Liborg par exemple). 

 

Tout ceci ne signifie que pas "Le libéralisme est la Mort des Nations" (comme disait un certain Arthur Moeller van Den Bruck) , ou que le libéral soit un affreux apatride mondialiste cosmopolite. Mais il semble néanmoins souvent plus proche de l'universalisme de gauche (sans tomber ordinairement dans des utopies de révolutions mondiales ou d'Etat planétaire unifié, de part sa défiance innée vis-à-vis des projets de centralisation politique) que de la droite.

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Une certaine version du libéralisme, sans doute. Mais le libéralisme rationaliste / universaliste, contrairement à ce que tu prétends, n'est ni l'unique libéralisme possible, ni même son courant dominant, comme il m'est arrivé de l'écrire et comme @F. mas l'a expliqué ici et là sur ce forum. Il se trouve que, pour diverses raisons, il est relativement prépondérant en France dans le mouvement libéral* ; mais sa domination n'est ni universelle, ni inévitable, car ce sont des circonstances historiques qui sont à l'origine de cet état de fait dans notre pays, état de fait qu'on ne retrouve pas nécessairement ailleurs.

 

*Ce n'est guère difficile d'avoir une majorité des deux-tiers quand on n'est que trois. :lol:

  • Yea 3
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Il y a 15 heures, Rincevent a dit :

Une certaine version du libéralisme, sans doute. Mais le libéralisme rationaliste / universaliste, contrairement à ce que tu prétends, n'est ni l'unique libéralisme possible, ni même son courant dominant, comme il m'est arrivé de l'écrire et comme @F. mas l'a expliqué ici et là sur ce forum. Il se trouve que, pour diverses raisons, il est relativement prépondérant en France dans le mouvement libéral* ; mais sa domination n'est ni universelle, ni inévitable, car ce sont des circonstances historiques qui sont à l'origine de cet état de fait dans notre pays, état de fait qu'on ne retrouve pas nécessairement ailleurs.

 

Je n'ai pas dit que c'était la forme universelle du libéralisme ; j'ai même cité Hayek en contre-exemple de mon raisonnement.

 

Par contre je ne suis pas convaincu du tout que ce dont je parle soit une spécificité française. Plusieurs des exemples que j'ai pris ne sont ni Français ni (que je sache) nettement influencés par des Français. Et je n'ai même pas mentionné Rothbard et sa postérité.

 

En tout cas mon point était de montrer en quoi le libéralisme diverge d'avec "la" droite, ce qui me semble assez bien prouvé.

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Il y a 20 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

à l'exception notable de Hayek

 

Il y a 4 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

Je n'ai pas dit que c'était la forme universelle du libéralisme ; j'ai même cité Hayek en contre-exemple de mon raisonnement.

Une exception, pour reprendre ton propre mot, est censée confirmer une règle. Je suis heureux de voir que tu as changé d'avis et que cette règle n'existe finalement pas. :lol:

 

Il y a 4 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

Par contre je ne suis pas convaincu du tout que ce dont je parle soit une spécificité française. 

En étant très généreux, elle est tout au plus continentale (et encore, la Suisse et d'autres semblent montrer que non).

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Le 01/08/2019 à 18:41, Rincevent a dit :

En étant très généreux, elle est tout au plus continentale (et encore, la Suisse et d'autres semblent montrer que non).

 

Sinon je peux renverser l'accusation et dire que c'est le courant libéral "évolutionniste" qui est une bizarrerie spécificité purement britannique (et encore, ça suppose de considérer que Hume / Smith / Burke étaient des libéraux, ce que je trouve erroné). Comme par hasard Hayek a redécouvert cette tendance après être devenu britannique lui-même.

  • Yea 1
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Oui, et d'ailleurs, pas mal de grands libéraux anglais ne s'y inscrivent pas. Il ne me semble pas que ce soit le cas de Locke, et pas non plus celui de Mill, ni celui de Cobden...

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Il y a 2 heures, Mégille a dit :

Oui, et d'ailleurs, pas mal de grands libéraux anglais ne s'y inscrivent pas. Il ne me semble pas que ce soit le cas de Locke, et pas non plus celui de Mill, ni celui de Cobden...

 

Ou Spencer.

 

Niveau déduction a priori des principes du bien politique, le Second Traité du gouvernement civil se pose là en effet (même si une part des prémisses sont empruntés à l'autorité de la religion). On n'est pas du tout sur un appel à la tradition ou à l'obéissance passive ou à la continuité dynastique...

Ce qui prouve au passage qu'on peut à la fois avoir une systématisation philosophique "rationaliste", et une épistémologie empiriste. (Voir Holbach dans le contexte français, du reste lecteur de Hobbes et Locke).

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Il y a 8 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

et encore, ça suppose de considérer que Hume / Smith / Burke étaient des libéraux, ce que je trouve erroné

 

:rolleyes:

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Le 03/08/2019 à 11:37, Johnathan R. Razorback a dit :

Sinon je peux renverser l'accusation et dire que c'est le courant libéral "évolutionniste" qui est une bizarrerie spécificité purement britannique (et encore, ça suppose de considérer que Hume / Smith / Burke étaient des libéraux, ce que je trouve erroné). Comme par hasard Hayek a redécouvert cette tendance après être devenu britannique lui-même.

Il n'y a aucun renversement de l'accusation là-dedans, parce qu'il y a un tas de libéraux qui ne sont ni rationalistes, ni évolutionnistes. C'est fou, cette occlusion complète des Pères Fondateurs américains, par exemple. 

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il y a une heure, Rincevent a dit :

il y a un tas de libéraux qui ne sont ni rationalistes, ni évolutionnistes.

 

Je n'ai pas dis le contraire. Mais mon impression (en l'absence de tentatives de classifications quantitatives) est que le premier groupe est une plus forte minorité que le second, ce qui suffit à rendre plausible que le libéralisme en général ressemble plutôt à la gauche qu'à la droite, si on prend le critérium avancé par Delsol. 

 

Ce qui pourrait expliquer en partie les difficultés des tentatives de rapprocher libéralisme et droite modérée.

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Il y a 5 heures, Johnathan R. Razorback a dit :

Je n'ai pas dis le contraire. Mais mon impression (en l'absence de tentatives de classifications quantitatives) est que le premier groupe est une plus forte minorité que le second, ce qui suffit à rendre plausible que le libéralisme en général ressemble plutôt à la gauche qu'à la droite, si on prend le critérium avancé par Delsol. 

Inventons des chiffres pour illustrer : 20%, c'est plus gros que 10 % ; mais dans les deux cas, aucun des deux groupes ne permet de déduire quoique ce soit de général sur les 100 %.

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Il y a 6 heures, Rincevent a dit :

Inventons des chiffres pour illustrer : 20%, c'est plus gros que 10 % ; mais dans les deux cas, aucun des deux groupes ne permet de déduire quoique ce soit de général sur les 100 %.

 What about sampling ?

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Il y a 19 heures, Rincevent a dit :

Inventons des chiffres pour illustrer : 20%, c'est plus gros que 10 % ; mais dans les deux cas, aucun des deux groupes ne permet de déduire quoique ce soit de général sur les 100 %.

 

Si une partie d'un tout est plus X que non-X alors on peut dire que le tout est plutôt proche de X que de non-X.

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13 hours ago, Johnathan R. Razorback said:

 

Si une partie d'un tout est plus X que non-X alors on peut dire que le tout est plutôt proche de X que de non-X.

 

Ca dépend de si le ventre mou penche plus du coté de X ou de non-X.

Mais à part ça, il y a quand même un problème méthodologique qui est apparu quand il faut définir qui est dans la famille libérale et qui ne l'est pas. Si tu exclus ceux qui s'éloignent le plus de ta vision (Burke , Hume, Smith (??) ) , à la fin tu te retrouves avec une plus forte proportion de français rationalistes que quelqu'un qui aura observé la famille au sens large.

Du coup la discussion tourne un peu en rond.

  • Yea 1
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il y a une heure, Solomos a dit :

 Si tu exclus ceux qui s'éloignent le plus de ta vision (Burke , Hume, Smith (??) ) , à la fin tu te retrouves avec une plus forte proportion de français rationalistes que quelqu'un qui aura observé la famille au sens large.

 

C'est pas ça le sujet, je compte Hayek dans les libéraux alors qu'il représente parfaitement la tendance philosophique que je critique.

 

J'exclus le trio que tu cites pour aucune autre raison que le fait qu'ils ne sont pas libéraux. Ou alors il faut m'expliquer comment on peut être libéral en rejetant le droit de résistance à l'oppression ou en se bornant à soutenir le laisser-faire économique (et encore, ce n'est même pas vraiment exact pour Smith, vu qu'il y a pas mal de domaines non-régaliens où il considère l'intervention de l'Etat bénéfique).

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4 hours ago, Johnathan R. Razorback said:

C'est pas ça le sujet, je compte Hayek dans les libéraux alors qu'il représente parfaitement la tendance philosophique que je critique.

 

J'exclus le trio que tu cites pour aucune autre raison que le fait qu'ils ne sont pas libéraux. Ou alors il faut m'expliquer comment on peut être libéral en rejetant le droit de résistance à l'oppression ou en se bornant à soutenir le laisser-faire économique (et encore, ce n'est même pas vraiment exact pour Smith, vu qu'il y a pas mal de domaines non-régaliens où il considère l'intervention de l'Etat bénéfique).

 

Compter Hayek parmi les libéraux c'est la moindre des choses.

 

Burke, ok je peux comprendre.

Hume, si on veut. De toute façon, la philosophie politique ne semble pas sa préoccupation première.

Smith c'est beaucoup plus délicat: Il fait avancer le libéralisme, il représente un bond en avant pour la pensée libérale. Ses recommandations politiques vont dans le bon sens.

Il se borne à soutenir le laissez-faire économique ? Et bien c'est déjà énorme. Et beaucoup de libéraux n'ont fait guère plus (Eclairez ma lanterne, mais Bastiat il a fait quoi de plus ?)

Mais c'est surtout énorme par rapport à son époque. Il est complètement à contre-courant de la pensée de l'époque en dénonçant le colonialisme par exemple.

Et même le fait qu'il attribue des fonctions non régaliennes à l'Etat (ce qui en soit n'est pas suffisant pour être exclu des libéraux) et aussi à mettre en perspective avec son époque.

 

Mais je perds un peu de vue l'objet de cette discussion et le rapport avec l'article de Chantal Delsol cité plus haut.

Je ne vois pas comment on peut passer de "le libéralisme diverge du noyau idéologique de ce qu'est la droite" à "le libéralisme est plus proche de la gauche que de la droite"

Et les difficultés actuelles entre le libéralisme et la droite française me semble relever de circonstances particulières et je trouve hasardeux de pointer des généralités pour les expliquer.

 

Si tu veux mon avis sur ce qui distingue la gauche de la droite, c'est l'égalitarisme. La gauche verra toujours une inégalité comme quelque chose de suspect a priori. La droite est prête à justifier des inégalités au nom de valeurs traditionnelles.

Dans l'absolu, le libéral n'a pas à choisir entre les deux. En pratique, le libéral va soutenir le plus faible des deux camps pour éviter que l'un domine. En France, la domination idéologique de la gauche sur le plan moral a poussé le libéralisme vers la droite. La fin de l'opposition classique gauche/droite a rendu la situation moins lisible car la droite doit aussi lutter contre l' "extrême-droite" et ne sait pas comment s'y prendre.

 

Pour en revenir au sujet du fil qui est le "cousinage malaisé" je suis d'accord, je ne vois pas de point d'entente entre conservateur et libertariens en ce moment vu le contexte politique français.

 

PS : On est d'accord  sur le fait que John Rawls n'est pas libéral ?

  • Yea 1
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il y a une heure, Solomos a dit :

1): Smith c'est beaucoup plus délicat: Il fait avancer le libéralisme, il représente un bond en avant pour la pensée libérale. Ses recommandations politiques vont dans le bon sens.

 

2): Il se borne à soutenir le laissez-faire économique ? Et bien c'est déjà énorme.

 

3):  (Eclairez ma lanterne, mais Bastiat il a fait quoi de plus ?)

 

4): Je ne vois pas comment on peut passer de "le libéralisme diverge du noyau idéologique de ce qu'est la droite" à "le libéralisme est plus proche de la gauche que de la droite".

 

5): Si tu veux mon avis sur ce qui distingue la gauche de la droite, c'est l'égalitarisme. La gauche verra toujours une inégalité comme quelque chose de suspect a priori. La droite est prête à justifier des inégalités au nom de valeurs traditionnelles.

Dans l'absolu, le libéral n'a pas à choisir entre les deux.

 

6): On est d'accord  sur le fait que John Rawls n'est pas libéral ?

 

1): Comme dirait Rand, il ne faut jamais faire passer la conclusion avant les prémisses. On ne peut pas nier que Smith ait défendu la liberté commerciale, le libre-échange, etc. Mais la question pertinente pour le classer politiquement est de déterminer pourquoi il a soutenu de telles mesures / idées.

 

2): C'est très bien mais ce n'est pas une condition suffisante pour être libéral. Ou alors Thatcher ou Lee Kuan Yew seraient des libéraux.

 

3): Là où Smith est uniquement un économiste, Bastiat est un penseur libéral. Là où Smith défend le laisser-faire économique (jusqu'à un certain point) avec un argument utilitariste (la richesse des nations), Bastiat fonde sa défense de l'économie de marché sur une axiomatique mobilisant des principes moraux et politiques: cette liberté n'est qu'une conséquence du droit à la vie, qui fonde lui-même le droit à la liberté, à la sécurité et à la propriété. C'est quasiment la même argumentation qu'avance Locke dans le Second traité du gouvernement civil.

 

4): ça tombe bien, ce n'est pas ce que j'ai écris. J'ai écris que le libéralisme semblait plus proche de la gauche que de la droite sous le rapport du clivage particularisme / universalisme. Si on prend l'autre critérium inégalité / égalité, on arrive plutôt à la situation contraire vu à quel point l'égalitarisme de la gauche heurte la conception libérale de l'égalité

 

5): Je suis tellement de ton avis que j'ai déjà avancé ce critérium plus haut dans le fil ;)

 

6): Un gugus qui part d'une ontologie anti-individualiste pour arriver à "justifier" la redistribution des revenus par l'impôt ? Évidemment antilibéral (et idem de sa postérité).

De toute façon Rawls est un néo-kantien, ça ne pouvait pas bien se terminer.

  • Yea 1
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13 minutes ago, Johnathan R. Razorback said:

4): ça tombe bien, ce n'est pas ce que j'ai écris. J'ai écris que le libéralisme semblait plus proche de la gauche que de la droite sous le rapport du clivage particularisme / universalisme. Si on prend l'autre critérium inégalité / égalité, on arrive plutôt à la situation contraire vu à quel point l'égalitarisme de la gauche heurte la conception libérale de l'égalité

 

5): Je suis tellement de ton avis que j'ai déjà avancé ce critérium plus haut dans le fil ;)

 

Tu as raison, je ne suis pas remonté assez loin dans ce fil et j'avais manqué le " sous le rapport du clivage particularisme / universalisme ".

Maintenant je comprends mieux ce que tu veux dire et je suis de ton avis.

 

Et merci pour Bastiat, je ne sais pas pourquoi ma mémoire lui rend si peu hommage.

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Il y a 2 heures, Solomos a dit :

Burke, ok je peux comprendre.

Il va falloir m'expliquer en quoi Burke n'est pas au moins un compagnon des libéraux, si Hayek est indubitablement libéral. (Question rhétorique pour toi, mais réelle pour JRR).

 

Il y a 2 heures, Solomos a dit :

Hume, si on veut

Je crois me souvenir que @F. mas considère que dans son siècle (pourtant fort bien doté), c'est Hume qui a donné la meilleure description du libéralisme (et il ne fait guère de doute qu'il y adhérait, sans que ce ne soit le coeur de sa pensée).

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Il y a 2 heures, Solomos a dit :

PS : On est d'accord  sur le fait que John Rawls n'est pas libéral ?

Pas au sens strict de chez nous... Mais "libéralisme" n'a pas toujours désigné une doctrine précise, et la redistribution est initialement une idée libérale (Paine, Mill, Sismondi, et d'autres). Alors que le socialisme consiste originellement plutôt à s'intéresser à la production. Et Rawls fait quand même du premier principe de la justice l'égale liberté la plus étendue pour tous (le deuxième principe est subordonné à celui-ci, et admet implicitement la supériorité du capitalisme sur le socialisme).

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22 minutes ago, Rincevent said:

Il va falloir m'expliquer en quoi Burke n'est pas au moins un compagnon des libéraux, si Hayek est indubitablement libéral. (Question rhétorique pour toi, mais réelle pour JRR).

 

C'est une vraie question.

Il faut bien tracer une ligne quelque part sinon de proche en proche, on en vient à accepter tout le monde.

Je doute de l'individualisme de Burke au sens où Hayek l'entend dans

 

"Ce qu’on abandonne, ce n’est pas simplement le libéralisme du 19e et du 18e siècle, mais encore l’individualisme fondamental que nous avons hérité d’Érasme et de Montaigne, de Cicéron et de Tacite, de Périclès et de Thucydide."

et

"Reconnaître l'individu comme juge en dernier ressort de ses propres fins, croire que dans la mesure du possible ses propres opinions doivent gouverner ses actes, telle est l'essence de l'individualisme."

 

Aprrès je sais que Hayek était indulgent avec  Burke. Il dit lui-même  "Macaulay, Tocqueville, Lord Acton et Lecky se considéraient à juste titre comme des libéraux ; et même Edmund Burke qui resta jusqu'à la fin de sa vie un « Old Whig », aurait frissonné à l'idée d'être tenu pour « Tory »."

mais je note le "et même Edmund Burke" qui montre que Hayek le met à part.

 

 

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35 minutes ago, Rincevent said:

Je crois me souvenir que @F. mas considère que dans son siècle (pourtant fort bien doté), c'est Hume qui a donné la meilleure description du libéralisme (et il ne fait guère de doute qu'il y adhérait, sans que ce ne soit le coeur de sa pensée).

 

C'est sans doute vrai.

J'ai esquivé la question car ça aurait fait devier le fil, mais je n'ai pas de problèmes à considérer Hume au minimum comme libéral-compatible, voire davantage.

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il y a une heure, Rincevent a dit :

Il va falloir m'expliquer en quoi Burke n'est pas au moins un compagnon des libéraux

 

Tu déplaces subtilement la question alors que la base de mon échange avec @Solomos c'est d'insister sur les raisons qui font que les gens en viennent à soutenir telle politique à un moment donné. Or comme disait l'autre, Burke n'a combattu "pour des causes aimées des libéraux que par des raisons de conservateur". 

 

Je reposte deux de mes messages anciens:

 

 

 


Quant aux Indiens... Ah les Indiens... Burke, le défenseur des particularismes nationaux contre l'affreuse raison homogénéisante et totalisante cartésienne...

Sauf que certains particularismes ont l'air d'être politiquement légitimes pour en dominer d'autres (il est vrai que sous ce rapport c'est Tocqueville qu'il faudrait rapprocher du conservatisme):

 

"O’Neill démontre qu’il [Burke] était non seulement conservateur jusqu’à l’os, n’ayant combattu pour des causes aimées des libéraux que par des raisons de conservateur, mais il lève tout doute sur l’impérialisme sans fards de Burke. En fait, lorsqu’on lit les abondantes citations de l’auteur qu’il offre, en des textes où Burke dit sous toutes les formes et dans tous les tons imaginables qu’il est partisan de la suprématie impériale de l’Angleterre, qu’il révère l’aristocratie et les possédants et méprise le peuple et la démocratie, on se demande par quelle opération chirurgicale des gens intelligents et bardés de diplômes ont pu se rendre aveugles et sourds à ce point."

 

" L’une des thèses les plus fameuses de Burke qui le font considérer comme un penseur conservateur, c’est celle de la « prescription ». Burke avance que tous les grands établissements politiques et sociaux reposent historiquement sur des usurpations et des spoliations, mais qu’à moins de continuellement remettre toutes choses en question, il convient de jeter un voile pudique sur ces origines inavouables puisque la durée des siècles apporte la légitimité du temps et de l’oubli – il y a prescription. Cette idée semble bien propre à protéger les prérogatives des puissants, mais elle paraît aussi raisonnable. Les droits de la noblesse anglaise remontent pour beaucoup à la conquête normande qui occasionna l’expropriation massive de l’élite anglo-saxonne au profit des compagnons de Guillaume. Mais cela s’était passé en 1066, et il faut laisser les morts enterrer les morts. Le problème, cependant, c’est l’étrange élasticité du délai de prescription, car Burke applique la même logique à la conquête de l’Inde par les Anglais qui se produisit alors qu’il était un homme adulte, et de laquelle il parle lui-même avec un étonnement orgueilleux comme de quelque chose qu’un Anglais des années 1720 n’aurait même pas pu concevoir dans ses plus folles imaginations. En somme, la nécessité de défendre l’empire des Indes l’amène à vider de son sens l’un des thèmes principiels de sa « pensée » : ce sont de telles inconséquences qui font qu’on ne peut considérer Burke comme un philosophe." (cf: https://lakkal.wordpress.com/2017/01/15/les-manes-de-burke/ )

 

N'oublions pas la défense de l'esclavage (l'anti-esclavagisme étant portant un grand combat des libéraux du 18ème, de Montesquieu à Condorcet en passant par Adam Smith)

 

" Ne méritent d’être libres à ses yeux que les membres des sociétés civilisées, à l’intérieur desquelles la liberté des gens du peuple est heureusement modérée et disciplinée par le sens du sublime et du beau, tandis que les gens de l’élite – les seuls de qui Burke se soucie réellement – peuvent jouir de la liberté plénière donnée par la richesse et le pouvoir. Bien entendu, Burke n’est pas un chantre de la ploutocratie : seulement, à ses yeux, les riches et les puissants stabilisent la société, et s’ils sont détruits, le monde descendrait dans la barbarie et la sauvagerie. C’est cette vision des choses qui lui permet de mettre sur le même plan les Africains, les Amérindiens et les révolutionnaires français. Pour en revenir aux esclaves africains, étant des sauvages, ils ne méritent pas d’être libres, puisque la liberté des sauvages ne reconnaît nulle limite et nulle modération : ils doivent donc être soumis à un processus civilisateur, sous la tutelle de leurs maîtres. "

 

"De même que des auteurs indiens comme Mehta ont pris l’ornementalisme de Burke pour de l’anti-impérialisme, les patriotes américains des années 1770 ont cru que Burke était de leur côté lorsqu’il attaqua la politique coloniale de Lord North et de George III – alors que l’obsession de Burke n’était pas de dépouiller l’Angleterre de ses colonies américaines, mais de les sauver en sacrifiant le droit – i.e., le droit absolu, à ses yeux, de l’Angleterre de légiférer et de taxer les colons sans demander leur consentement, en sa qualité de puissance tutélaire de l’Empire britannique – au nom de la prudence politique, qui recommandait plutôt, à son avis, une alliance ornementale entre Londres et les élites coloniales. A cet égard, rien ne parut plus déplorable à Burke que le fait que le gouvernement anglais se soit permis de se servir, dans la guerre contre les colons rebelles, de l’alliance avec des tribus amérindiennes (à ses yeux, d’ailleurs, il s’agissait là moins de tribus que de bandes de brigands sans foi ni loi) tout en recrutant des Noirs dans les troupes de Sa Majesté. Lorsqu’à la suite de la Révolution française, les Noirs de Saint-Domingue (Haïti) se soulevèrent contre leurs maîtres blancs, Burke vit là un résultat aussi bien de la folie jacobine que de l’erreur fatale d’avoir utilisé des Africains pour combattre les colons d’Amérique, portant ainsi atteinte à la révérence civilisatrice que de tels sauvages devaient éprouver à l’égard d’Européens civilisés. Il conseilla, bien entendu, au gouvernement anglais de voler au secours des esclavagistes français de Saint-Domingue – ce qui fut fait, sans succès."

 

 

 

Je crois que c'est Maurice Cornforth (philosophe marxiste britannique) qui dit que tout Burke est en germe chez Hume. Les deux sont anti-contractualistes (donc anti-lockéens dans le contexte britannique). Ce sont des Whigs mais de là à dire qu'ils sont libéraux*...

 

« Un gouvernement établi possède un avantage infini par cela même qu’il est établi, car le gros de l’humanité est gouverné par l’autorité plus que par la raison, et ne reconnaît d’autorité qu’à ce qui se recommande de l’ancienneté. C’est pourquoi le rôle d’un sage magistrat ne sera jamais d’interférer dans ces matières, ni de tenter des expériences sur la seule foi d’arguments supposés ou d’une prétendue philosophie ; il s’inclinera au contraire devant ce qui porte l’empreinte du temps, et s’il peut essayer d’introduire certaines améliorations pour le bien public, il ajustera toujours ses innovations, autant que faire se peut, à l’ancien édifice, et conservera dans leur intégrité les principaux piliers et fondements de la constitution. »

-David Hume, Essais moraux, politiques et littéraires, et autres essais, PUF, coll. « Perspectives anglo-saxonnes », trad. Gilles Robel, 2001, 874 pages, p.640-641.

 

Le problème de l'anti-rationalisme conservateur c'est l'absence de principes clairs. Quand est-ce qu'il faut "introduire certaines améliorations pour le bien public" ? Jusqu'à quelle limite ? Qu'est-ce qu'une amélioration ?

 

* "La tendance de Hume à faire intervenir l'Etat dans les relations économiques a été justement notée par Espinas, Histoire des doctrines économiques."

-Henry Michel, L'idée de l'Etat: essai critique sur les théories sociales et politique en France depuis la Révolution, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1896, 666 pages, note 1 p.24.

 

 
 

 

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