Aller au contenu

Biblibéralisme


Messages recommandés

Tribune de Mathieu Laine hier dans le Figarovox, dans un sujet sur lequel on ne l'attendait pas.

 

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/10/01/31003-20181001ARTFIG00354-mathieu-laine-la-bible-une-invitation-a-la-liberte.php

 

Quelqu'un a accès à l'article complet ?

Lien vers le commentaire

C'est récupéré à partir de SFR Presse, j'espère que ça ira :icon_wink:

(Je ne l'ai pas encore lu)

 

Révélation

La Bible, une invitation à la Liberté

Alors que souffle un vent d’« illibéralisme » sur les démocraties occidentales, notre chroniqueur* invite à retrouver dans les sources bibliques les racines libérales de notre civilisation. Selon lui, christianisme et libéralisme ne sont pas incompatibles, bien au contraire.

 

529789a1-bd65-42f3-968d-caeb72fc2d14.jpg
 

Dans un monde qui va globalement mieux, comme l’ont brillamment démontré Steven Pinker (La Part d’ange en nous, Les Arènes) ou Johan Norberg (Non ce n’était pas mieux avant, Plon), la sensation d’insécurité, d’injustice et d’inconfort s’accroît. Elle gagne toutes les strates des opinions occidentales et se mesure au succès croissant des offres populistes.

Sans céder à la panique, sans non plus hurler avec les loups, nous ne pouvons ni demeurer sourds à ces cris, ni regarder la démocratie s’éteindre en feignant de croire qu’elle est éternelle. L’heure est venue de se réarmer, de dire non à l’illibéralisme, à la négation de nos droits les plus essentiels, à l’extinction de la liberté. Il faut, pour cela, retrouver ce qui a fait le succès de notre monde. Reconquérir les cœurs perdus, illusionnés par les promesses que les extrémistes de tous temps resservent en boucle au banquet de l’Histoire.

Aujourd’hui, poursuivant notre réflexion engagée sur cette vérité par le mensonge que constitue la littérature, il nous a paru vertueux de rouvrir un grand texte : la Bible. La pensée de liberté, loin d’être cet économisme auquel on entend la réduire, défend la plus petite des minorités qu’est l’être humain, la personne humaine, qu’il s’agit notamment de protéger de l’arbitraire. Contrairement au socialisme, au communisme, au nazisme, au fascisme, à l’islamisme ou au transhumanisme, le libéralisme, comme le christianisme, n’ambitionne pas de changer l’homme mais de le respecter.

Chez les chrétiens, l’homme est toujours présenté avec exigence mais aussi avec miséricorde, dans toute sa complexité, avec ses forces, ses talents à faire fructifier, et ses faiblesses. Le vrai libéral le perçoit également ainsi, sans s’illusionner sur ce qu’il est ou devrait être. Chez les chrétiens comme chez les libéraux, l’homme est libre et responsable de ses actes. L’amour, au cœur du christianisme, ne se conçoit que librement. Être libre, comme le disait Jean-Paul II, « c’est pouvoir et vouloir choisir, c’est vivre selon sa conscience ». On retrouve là autant de piliers de la civilisation libérale : la liberté individuelle, la volonté de choisir son destin, le sens du devoir, qui est le produit de notre conscience, de notre raison.

Le Livre des Proverbes développe par ailleurs l’idée que le succès de la société dépend du comportement des personnes : dans leur famille, leur travail, leurs relations avec autrui. Il opère, au temps des grands empires - l’Égypte, l’Assyrie, la Perse, Babylone, plus tard l’Empire romain - une véritable révolution de la personne agissante.

Le libéralisme, comme la religion chrétienne, valorise également le travail et l’innovation. Au moment de la Création, au sixième jour, Dieu modèle l’humanité « avec la poussière tirée du sol » et insuffle dans les narines du genre humain « le souffle de vie ». Créés « à l’image de Dieu », l’homme et la femme sont donc des créateurs eux aussi. L’adresse « Soyez féconds et multipliez-vous » à Adam et Eve va bien au-delà de la procréation. D’ailleurs, avant le même péché originel, l’homme et la femme doivent cultiver le jardin d’Eden. Ce rapport à l’émancipation de la personne par le travail est également au cœur d’une approche libérale du monde.

Libéralisme et christianisme ont aussi en partage une même modestie devant le processus d’organisation sociale qui passe par une défiance commune vis-à-vis du pouvoir et une égalité similaire de traitement entre les hommes. Le libéral considère que la liberté et le pluralisme sont au cœur d’un véritable ordre social. On trouve des traces de cet ordre dit spontané, par opposition à l’ordre naturel (physis) et à l’ordre artificiel (nomos), chez saint Thomas d’Aquin, saint Augustin, saint Bernardin de Sienne, puis plus encore chez les scolastiques espagnols au XVIe siècle (Luis de Molina, Domingo de Soto, Juan de Mariana).

Le Dieu des chrétiens n’est pas le Jupiter de l’ordre naturel nous lançant des éclairs sur la tête. Et le Christ ne dit jamais ce qu’il attend précisément de nous. Il nous fait confiance. Dieu n’est par ailleurs pas enclin à laisser quelques puissants décider à notre place. Il se méfie des gens de pouvoir. Dans le psaume 146, il est écrit « Ne placez pas votre confiance dans les princes ». L’Écclésiaste affirme que toutes les ambitions du pouvoir ne sont que « vanité et poursuite du vent » et le prophète Élie condamne le roi Achab qui a tué le vigneron Naboth pour s’emparer de sa vigne. Dans la Bible comme chez Tocqueville, le plus humble des hommes est par ailleurs égal en dignité aux dirigeants politiques et sociaux, quels qu’ils soient. La veuve, l’orphelin, l’étranger, l’esclave - tous ont des droits précis, qui sont détaillés dans le livre du Deutéronome et rappelés, treize siècles plus tard, par Jésus.

Quand on est chrétien, on aspire toutefois à une société plus juste et on est souvent attiré par les discours de facilité portés par les alternatives au libéralisme. Le pape François s’inscrit en partie dans cette tradition : entre les pontificats de Léon XII et de Jean-Paul II, la doctrine sociale de l’Église est apparue de moins en moins compatible avec la pensée de liberté. Économiquement, le socialisme et ses dérivés sont pourtant myopes aux effets pervers de l’interventionnisme comme à la violence morale faite aux droits fondamentaux des personnes, notamment au droit naturel de propriété. Le monde fondé sur l’idée selon laquelle « la propriété c’est le vol » (Proudhon) n’a historiquement produit que misère, abus de pouvoir et destructions massives.

Un prêtre libéral vient de publier un essai revigorant sur ce sujet : Catholique et libéral (Salvator), traduit par Solène Tadié. L’auteur, le père Robert Sirico, y démontre, dans le prolongement de l’encyclique Centesimus Annus de Jean-Paul II, en quoi une économie libre est toujours préférable à une économie de la contrainte et pourquoi c’est la seule qui soit compatible avec les Évangiles. L’idée ici n’est pas de considérer qu’une religion, plus qu’une autre, invite au libéralisme mais de contribuer, alors que nos ennemis s’allient, à réconcilier les chrétiens avec le primat de la liberté pour œuvrer ensemble, comme le suggère le lumineux pasteur James Woody dans un essai à lire urgemment, à faire Vivre la liberté (Cerf).

*Auteur du « Dictionnaire amoureux de la liberté » (Plon).

MATHIEU LAINE à livre ouvert

 

Lien vers le commentaire
il y a 10 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Comme dirait l'autre "Mon royaume n'est pas de ce monde". Faut pas confondre religion et philosophie politique.

 

Après on peut débattre thick liberalism à base religieuse si vous insistez... :bouquin:

Non, mais on peut dire que la philosophie libérale est "incluse" dans le christianisme, ou du moins que les deux sont loin d'être incompatibles. On peut avancer, selon une certaine lecture, que la fait d'être chrétien est un choix qui nous met devant nos responsabilités.

Lien vers le commentaire
il y a 47 minutes, Liber Pater a dit :

on peut dire que la philosophie libérale est "incluse" dans le christianisme, ou du moins que les deux sont loin d'être incompatibles.

 

Tout dépend de qui est "on".

 

Si on met des lunettes de sociologues, on peut observer qu'il y a des chrétiens libéraux, donc les deux ne sont pas "pratiquement" incompatibles. Mais on peut observer qu'il y a des chrétiens qui tirent de leur croyance des conclusions politiques antilibérales (conservatrices, communistes, whatever).

 

Si on parle de compatibilité théorique (est-il cohérent d'être chrétien et libéral), c'est une question philosophique. Ou plutôt, c'est une question théologique, parce qu'elle présuppose de définir (normativement) ce qu'est être chrétien, ce que le philosophe athée n'a aucun légitimité à faire (ni d'intérêt à faire, vu qu'il estime que les prémisses religieuses sont intenables -donc nul besoin de chercher quels sont les conséquences politiques à en tirer).

 

Il s'ensuit que seule l'autorité religieuse (si on parle d'un christianisme qui comporte quelque chose de ce genre) est compétente pour dire quelles options politiques sont compatibles avec le fait d'être chrétien.

Si on parle du catholicisme, je rappelle que la doctrine sociale de l'Église n'admet pas un droit de propriété absolu: elle admet que la propriété puisse être saisie par le pouvoir politique pour satisfaire des fins "morales" (en l’occurrence au nom du besoin d'autrui...):

 

"Par ses présupposés individualistes, le libéralisme ne dispose pas de telles références normatives. Il en résulte une difficulté à réguler l’extension légitime de la propriété et les inégalités. Ainsi, certains penseurs libéraux, comme Robert Nozick, considèrent que cette question des inégalités est sans objet. S’il est possible de juger de la légitimité de l’acquisition d’une propriété, il leur parait impossible de juger de la légitimité de la distribution de la propriété, et donc des inégalités. En outre, vouloir corriger une distribution qui résulterait d’acquisitions effectuées librement selon les critères de la justice conduirait inéluctablement à interférer avec les libertés et à léser certaines personnes, donc à l’injustice. Cette perspective essentiellement individualiste dénie tout caractère social à la propriété ; elle reste en deçà de la position de Locke et est largement opposée à celle de l’Église pour qui la propriété a une dimension sociale irréductible, comme nous l’avons souligné plus haut.

Pour l’Église, le droit de propriété reste soumis à l’exigence de pourvoir chacun de ce qui est nécessaire à une vie digne." (cf: https://www.doctrine-sociale-catholique.fr/quelques-themes/88-propriete )

 

Certes, la majorité des chrétiens n'interprètent pas ce principe de façon communiste. Mais il semble au moins suffisant pour légitimer des formes de Welfarism plus ou moins avancées. Et c'est bien ce qu'on observe lorsqu'on quitte le terrain doctrinal pour faire de la sociologie du vote catholique.

Lien vers le commentaire
il y a 12 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Église n'admet pas un droit de propriété absolu: elle admet que la propriété puisse être saisie par le pouvoir politique pour satisfaire des fins "morales" (en l’occurrence au nom du besoin d'autrui...)

 

il y a 12 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Pour l’Église, le droit de propriété reste soumis à l’exigence de pourvoir chacun de ce qui est nécessaire à une vie digne

Première fois que j'entends parler de ça. Ça vient d'où ? (Je suis curieux) Tu as plus de précisions sur la position de l’Église à ce sujet ? Une encyclique ?

 

il y a 13 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

la sociologie du vote catholique

Qui change selon les époques et les territoires, et qui plus est n'est pas un critère pertinent pour traduire la position de l’Église. La position de l’Église sur un sujet est définie dans son catéchisme puis amendée par les encycliques.

Lien vers le commentaire
il y a 3 minutes, Liber Pater a dit :

1): Ça vient d'où ?

 

2): Qui change selon les époques et les territoires, et qui plus est n'est pas un critère pertinent pour traduire la position de l’Église. La position de l’Église sur un sujet est définie dans son catéchisme puis amendée par les encycliques.

 

1): J'ai mis un lien camarade. Avec une bibliographie en bas de page.

 

2): J'ai explicitement pris le vote comme élément de confirmation de ce que je pointais au niveau doctrinal (parce qu'il y a comme un lien entre ce que les gens pensent et ce qu'ils font. Et non, l'Église, dans une approche sociologique, ce n'est pas juste des textes officiels, c'est aussi la manière dont le fidèle lambda se les approprie. Dans une approche individualiste, l'Eglise ça n'est jamais qu'une somme d'individus).

Lien vers le commentaire
il y a 18 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

 

1): J'ai mis un lien camarade. Avec une bibliographie en bas de page.

 

2): J'ai explicitement pris le vote comme élément de confirmation de ce que je pointais au niveau doctrinal (parce qu'il y a comme un lien entre ce que les gens pensent et ce qu'ils font. Et non, l'Église, dans une approche sociologique, ce n'est pas juste des textes officiels, c'est aussi la manière dont le fidèle lambda se les approprie. Dans une approche individualiste, l'Eglise ça n'est jamais qu'une somme d'individus).

1) J'ai bien vu, mais sur cette phrase particulière il n'y a aucun renvoi en bas de page dans le lien que tu as posté. Je ne veux pas l'avis de quelqu'un sur ce sujet. Je m'interroge sur ce que dit une source officielle de l’Église sur sa position à ce sujet (ou sur l'évolution de sa position)

 

2) On parlait doctrine et non sociologie. La doctrine ça vient d'en haut. La sociologie c'est l'étude de la société, et ça vient d'en bas. Je cherchais donc évidemment un texte 'officiel' comme dit plus haut. J'ai beau chercher je ne trouve pas.

Lien vers le commentaire
il y a 9 minutes, Liber Pater a dit :

Je cherchais donc évidemment un texte 'officiel' comme dit plus haut.

 

J'ai trouvé ça: http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html#b) Destination universelle des biens et propriété privée

 

"72 Le principe de la destination universelle des biens de la terre est à la base du droit universel à l'usage des biens. Chaque homme doit avoir la possibilité de jouir du bien-être nécessaire à son plein développement: le principe de l'usage commun des biens est le « premier principe de tout l'ordre éthico-social » 363 et « principe caractéristique de la doctrine sociale chrétienne ».364 C'est la raison pour laquelle l'Église a estimé nécessaire d'en préciser la nature et les caractéristiques. Il s'agit avant tout d'un droit naturel, inscrit dans la nature de l'homme, et non pas simplement d'un droit positif, lié à la contingence historique; en outre, ce droit est « originaire ».365 Il est inhérent à l'individu, à chaque personne, et il est prioritaire par rapport à toute intervention humaine sur les biens, à tout ordre juridique de ceux-ci, à toute méthode et tout système économiques et sociaux: « Tous les autres droits, quels qu'ils soient, y compris ceux de propriété et de libre commerce, y sont subordonnés [à la destination universelle des biens]: ils n'en doivent donc pas entraver, mais bien au contraire faciliter la réalisation, et c'est un devoir social grave et urgent de les ramener à leur finalité première »."

 

On voit bien que l'idée sous-jacente est que le besoin prime sur le droit de propriété. C'est une position collectiviste. Oh, certes pas extrêmement collectiviste, mais la différence d'avec un John Ralws est plus une question de formulation que de contenu. Ralws aussi, et tous les socdems, insistent pour dire que la propriété à une "dimension sociale" - trivialité qui signifie en réalité que la société peut légitimement s’approprier une part de l'effort productif et/ou des biens de l'individu.

 

Surtout que c'est même pas limité aux besoins au sens rigoureux du terme (besoins biologiques: nutrition, eau, etc.). L'homme a droit à tout ce qui est "nécessaire à son plein développement". Je vois pas pourquoi ça exclurait a priori l'art, la culture, et mes vacances aux Seychelles.

A partir de là il faut pas se plaindre des interprétations communistes du principe (théologie de la libération, etc.).

Lien vers le commentaire
il y a 21 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

Chaque homme doit avoir la possibilité de jouir du bien-être nécessaire à son plein développement

Ça signifie que personne ne peut l'en priver. Mais ça ne signifie pas que quelqu'un doit lui fournir ce bien-être. C'est bien un principe qui prime sur le droit de propriété puisque ce dernier en découle.

 

il y a 24 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

il est prioritaire par rapport à toute intervention humaine sur les biens, à tout ordre juridique de ceux-ci

Ce qui en fait un droit inaliénable. Pas mal.

 

En fait ce que dit cet extrait, c'est qu'avant de déterminer un droit de propriété il est primordial que le droit originaire à l'usage des biens existe. Donc le droit de propriété est un droit dérivé du principe de destination universelle des biens. Or celui-ci étant naturel et inaliénable, alors celui-là aussi. Celui-ci étant négatif alors celui-là aussi.

  • Nay 1
Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...