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il y a 24 minutes, Lancelot a dit :

:hypocrite:

 

:D D'ailleurs j'aurais du dire dont la connaissance "doit être générée", n'ayant à la réflexion pas spécialement envie de me reposer sur la valeur normative du terme connaissance.

 

Merci pour la ref de l'essai de Hadamard et Poincaré, je vais lire ça, et je vais aussi aller voir ce que je crois pouvoir retrouver chez Pascal sur ces sujets d'épistémologie rogue. D'ailleurs dans le texte que j'avais posté il est somme toute assez proche de l'esprit analytique : remplacer l'idée de ce qui est défini par la définition pour assurer la correction du raisonnement. Et lui ne parle pas que de correction de la trace écrite, il parle visiblement de direction de l'esprit.

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Il y a 1 heure, Johnathan R. Razorback a dit :

 

Les textes que j'ai cité sont assez parlant non ?

 

...

 

Je ne vois pas. Tu parles de ta citation sur la contradiction et la vérité ? Si c'est cela, c'est largement insuffisant.

Comprend bien que soit je partage ta haine de Pascal et je serais d'accord avec toi, soit je ne la partage pas, et il m'en faudra un peu plus que ton sentiment pour changer d'avis ou même simplement pour regarder les choses différemment.

Remarque au passage, curieux que quelqu'un qui se pince de logique et de rationalité commence par exprimer ses sentiments sur un auteur avant les arguments.

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il y a 53 minutes, POE a dit :

Remarque au passage, curieux que quelqu'un qui se pince de logique et de rationalité commence par exprimer ses sentiments sur un auteur avant les arguments.

 

Je ne vois pas ce qu'il y a de curieux à dire: "je n'aime pas X pour raison Y".

 

Sinon tu as lu le passage de György von Lukács que j'ai posté ? Pascal est un pourfendeur avec la lettre du désenchantement moderne du monde. C'est le côté romantique. Certes le romantisme n'est pas forcément incompatible avec les Lumières, mais si on ajoute que l'ordre social et politique ne peut pas être subordonné à la critique, mais doit être protégé par des "fictions nécessaires*"... Sans oublier que la philosophie n'a même plus la place subordonnée qu'elle a dans la scolastique vu que Pascal considère comme nuls les arguments en faveur de l'existence de Dieu.

Je ne vois pas où réside la difficulté à situer Pascal.

 

* Idée platonicienne soit dit en passant. Et comme disait Castoriadis: « Aristote vient non seulement après les Lumières, mais après la plus formidable réaction contre les Lumières, organisée par le plus grand philosophe qui ait jamais existé, Platon. » -Cornelius Castoriadis, Fait et à faire, Seuil, coll. Points, 1997, 336 pages, p.25.

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Je ne vois pas l'intérêt à ce stade de la discussion de lire les commentaires de tel ou tel, ou encore de savoir que tel ou tel écrivain sulfureux aimait Pascal. 

Commençons par citer la pensée de l'auteur, et essayer de la comprendre par une réflexion approfondie avant de passer à la suite.

Je ne vois pas non plus l'intérêt de situer Pascal dans ton panthéon personnel des penseurs ou bien dans ta classification des philosophes. 

Si tu dis qu'il est obscurantiste et ennemi des lumières, c'est à toi de le prouver en commençant par le citer.

Le fait que tu l'aimes ou pas n'a pas non plus d'intérêt ici à la rigueur c'est une histoire de préférence personnelle de nature esthétique, mais rien qui accrédite l'hypothèse d'un Pascal ennemi des lumières et obscurantiste.

 

 

  • Yea 4
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il y a 25 minutes, POE a dit :

Si tu dis qu'il est obscurantiste et ennemi des lumières, c'est à toi de le prouver en commençant par le citer.

 

Le match va être intense mais fort prompt.

 

"Sur quoi la fondera‑t‑il, l’économie du monde qu’il veut gouverner ? Sera‑ce sur le caprice de chaque particulier, quelle confusion ! Sera‑ce sur la justice, il l’ignore. Certainement s’il la connaissait il n’aurait pas établi cette maxime la plus générale de toutes celles qui sont parmi les hommes, que chacun suive les mœurs de son pays. L’éclat de la véritable équité aurait assujetti tous les peuples. Et les législateurs n’auraient pas pris pour modèle, au lieu de cette justice constante, les fantaisies et les caprices des Perses et Allemands. On la verrait plantée par tous les États du monde et dans tous les temps, au lieu qu’on ne voit rien de juste ou d’injuste qui ne change de qualité en changeant de climat, trois degrés d’élévation du pôle renversent toute la jurisprudence. Un méridien décide de la vérité, en peu d’années de possession les lois fondamentales changent. Le droit a ses époques, l’entrée de Saturne au Lion nous marque l’origine d’un tel crime. Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au‑deçà des Pyrénées, erreur au‑delà.

Ils confessent que la justice n’est pas dans ces coutumes, mais qu’elle réside dans les lois naturelles communes en tout pays. Certainement ils le soutiendraient opiniâtrement si la témérité du hasard qui a semé les lois humaines en avait rencontré au moins une qui fût universelle. Mais la plaisanterie est telle que le caprice des hommes s’est si bien diversifié qu’il n’y en a point.

Le larcin, l’inceste, le meurtre des enfants et des pères, tout a eu sa place entre les actions vertueuses. Se peut‑il rien de plus plaisant qu’un homme ait droit de me tuer parce qu’il demeure au‑delà de l’eau et que son prince a querelle contre le mien, quoique je n’en aie aucune avec lui ?

Il y a sans doute des lois naturelles, mais cette belle raison corrompue a tout corrompu. Nihil amplius nostrum est, quod nostrum dicimus artis est. Ex senatusconsultis et plebiscitis crimina exercentur. Ut olim vitiis sic nunc legibus laboramus.

De cette confusion arrive que l’un dit que l’essence de la justice est l’autorité du législateur, l’autre la commodité du souverain, l’autre la coutume présente. Et c’est le plus sûr. Rien, suivant la seule raison, n’est juste de soi, tout branle avec le temps. La coutume fait toute l’équité, par cette seule raison qu’elle est reçue. C’est le fondement mystique de son autorité, qui la ramènera à son principe l’anéantit. Rien n’est si fautif que ces lois qui redressent les fautes. Qui leur obéit parce qu’elles sont justes, obéit à la justice qu’il imagine, mais non pas à l’essence de la loi, elle est toute ramassée en soi. Elle est loi et rien davantage. Qui voudra en examiner le motif le trouvera si faible et si léger que s’il n’est accoutumé à contempler les prodiges de l’imagination humaine, il admirera qu’un siècle lui ait tant acquis de pompe et de révérence. L’art de fronder, bouleverser les États est d’ébranler les coutumes établies en sondant jusque dans leur source pour marquer leur défaut d’autorité et de justice. Il faut, dit‑on, recourir aux lois fondamentales et primitives de l’État qu’une coutume injuste a abolies. C’est un jeu sûr pour tout perdre, rien ne sera juste à cette balance. Cependant le peuple prête aisément l’oreille à ces discours. Ils secouent le joug dès qu’ils le reconnaissent. Et les Grands en profitent à sa ruine et à celle de ces curieux examinateurs des coutumes reçues. C’est pourquoi le plus sage des législateurs disait que pour le bien des hommes il faut souvent les piper. Et un autre bon politique, Cum veritatem qua liberetur ignoret, expedit quod fallatur. Il ne faut pas qu’il sente la vérité de l’usurpation. Elle a été introduite autrefois sans raison, elle est devenue raisonnable. Il faut la faire regarder comme authentique, éternelle et en cacher le commencement si on ne veut qu’elle ne prenne bientôt fin."

-Blaise Pascal, Fragment Misère n° 9 / 24 – Papiers originaux : RO 69-1 et 365-365 v°

Copies manuscrites du XVIIe s. : C1 : Misère n° 83 à 87 p. 15 v° à 19 / C2 : p. 35 à 37

Éditions de Port-Royal : Chap. XXV - Faiblesse de l’homme : 1669 et janv. 1670 p. 192-193 / 1678 n° 5 et 6 p. 188-189

Éditions savantes : Faugère II, 126, IV / Havet III.8 / Michaut 193 / Brunschvicg 294 / Tourneur p. 182-1 / Le Guern 56 / Maeda III p. 4 / Lafuma 60 / Sellier 94

 

Bref, Maistre suit fidèlement Pascal en enseignant que la loi est juste parce que c'est la loi, et que l'esprit critique est un poison:

 

« L’homme pour se conduire n’a pas besoin de problèmes, mais de croyances. Son berceau doit être environné de dogmes ; et, lorsque sa raison se réveille, il faut qu’il trouve ses opinions faites, du moins sur tout ce qui a rapport à sa conduite. Il n’y a rien de si important pour lui que les préjugés. […] Or ces sortes d’opinions sont le plus grands besoin de l’homme, les véritables éléments de son bonheur, et le Palladium des empires. Sans elles, il ne peut y avoir ni culte, ni morale, ni gouvernement. Il faut qu’il y ait une religion d’Etat comme une politique de l’Etat ; ou plutôt, il faut que les dogmes religieux et politiques mêlés et confondus forment ensemble une raison universelle ou nationale assez forte pour réprimer les aberrations de la raison individuelle qui est, de sa nature, l’ennemi mortelle de toute association quelconque, parce qu’elle ne produit que des opinions divergentes. »

-Joseph de Maistre, Des origines de la souveraineté.

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il y a 5 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

"L’art de fronder, bouleverser les États est d’ébranler les coutumes établies en sondant jusque dans leur source pour marquer leur défaut d’autorité et de justice. Il faut, dit‑on, recourir aux lois fondamentales et primitives de l’État qu’une coutume injuste a abolies. C’est un jeu sûr pour tout perdre, rien ne sera juste à cette balance. Cependant le peuple prête aisément l’oreille à ces discours. Ils secouent le joug dès qu’ils le reconnaissent."

 

Il me semble qu'il avait prévu les excès dans lesquels nous nous trouvons aujourd'hui.  Le législateur a perdu la raison et le bon sens.

La coutume de Pascal me semble plus proche d'une forme d'ordre spontané que les principes qui guident les lois aujourd'hui.

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il y a 9 minutes, Raffarin2012 a dit :

Nimp.

 

Si ton objection consiste à dire que "droite" et "gauche" sont des notions anachroniques avant 1789, elle valable, mais seulement dans une certaine mesure. Si on raisonne en terme de principes structurants (de façon absolu ou comme régularité statistiques), certaines analogies donnent des résultats intéressants.

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Il y a 16 heures, Lancelot a dit :

Après on peut considérer qu'une démonstration mathématique est une vérification de la concevabilité de ce qu'on veut démontrer. @Mégille pourrait certainement nous parler de la distinction là dedans entre analytique et synthétique a priori.

Et bien, je ne connais pas très bien le sujet hein, mais il me semble que la falsification chez Popper est bien uniquement empirique, et qu'il ne considère tout simplement pas les mathématiques comme de la science. Et je ne crois pas non plus qu'il les ait considérer comme des vérités synthétiques a priori, ce qui s'est joué avec Frege et Russell est justement une tentative de montrer que les maths sont bien analytiques. De là, les vues du jeunes Wittgenstein et du cercle de Vienne : les maths (et la logique) ne sont pas une connaissance de quoi que ce soit et ne nous apprennent rien sur le monde, il s'agit simplement des règles du langage par lequel on décrit les choses. Même s'il s'écarte d'eux sous d'autres rapports (falsification au lieu de vérification), j'ai l'impression que Popper reste assez tributaire de ça. Mais je ne suis pas sûr qu'on puisse encore être d'accord là dessus aujourd'hui.

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il y a 59 minutes, Johnathan R. Razorback a dit :

 

Si ton objection consiste à dire que "droite" et "gauche" sont des notions anachroniques avant 1789, elle valable, mais seulement dans une certaine mesure. Si on raisonne en terme de principes structurants (de façon absolu ou comme régularité statistiques), certaines analogies donnent des résultats intéressants.

Je n'ai pas encore lu ton texte. Je parle de droite et de gauche avant et après 1789. Aristote est de droite. Platon est de gauche. Windows est de droite. Apple est de gauche.

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Il y a 17 heures, POE a dit :

 

Il me semble qu'il avait prévu les excès dans lesquels nous nous trouvons aujourd'hui.  Le législateur a perdu la raison et le bon sens.

La coutume de Pascal me semble plus proche d'une forme d'ordre spontané que les principes qui guident les lois aujourd'hui.

pas vraiment

 

Pascal favorise la force à la justice (on n'a pas pu fortifier la justice, alors on a justifié la force) et la continuité à la rupture car il faut bien se dire qu'il a vécu la Fronde dans sa jeunesse et toute la violence qui allait avec. Il soutient tout à fait le pouvoir absolu du Roi comme un facteur, non d"équité, mais de stabilité. Ça me paraît très loin des considérations de Hayek sur l'ordre spontané.

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Il y a 12 heures, NoName a dit :

 Il soutient tout à fait le pouvoir absolu du Roi comme un facteur, non d"équité, mais de stabilité.

 

Le tout sur fond de scepticisme sur la possibilité de connaître ici-bas quelque chose comme un bien objectif ou une loi naturelle ("la justice est sujette à disputes [...] la force est sans disputes").

 

Je ne vois pas pourquoi on ne veut pas consentir au fait que Pascal est du côté des partisans de l'absolutisme religieux d'Ancien Régime.

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Je ne comprends pas bien vos critiques. Dans ce passage cité plus haut. Pascal dit bien qu'il croit aux lois naturelles mais qu'il pense qu'il vaut mieux garder les lois coutumières plutôt que de chercher à trouver de meilleures lois par la raison qui finira par nous perdre. Il oppose les lois positives aux lois naturelles, et affirme qu'il est plus sain de ne pas chercher à fonder les lois positives, c'est à dire coutumières, sur autre chose que leur ancienneté qui leur confère par une sorte de mystère une aura de respectabilité. Bref, c'est plus un conservateur qu'un révolutionnaire, ce qui me semble différent.

L'absolutisme, la force n'a pas grand chose à voir là dedans. 

Ce qu'il faut comprendre de Pascal, c'est surtout qu'il refuse de se laisser guider par la seule raison dont il sait qu'elle est capable de tous les égarements, et c'est en ce sens qu'il s'éloigne des Lumières, ce qui ne veut pas dire qu'il est un ennemi de la raison et des lumières, ni un obscurantiste. Il remet la raison à sa place comme l'ont fait un grand nombre de penseurs et de philosophes.

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Il y a 5 heures, POE a dit :

1): Pascal dit bien qu'il croit aux lois naturelles

 

2): ce qui ne veut pas dire qu'il est un ennemi de la raison et des lumières, ni un obscurantiste.

 

1): Il ne pourrait guère dire le contraire dans le contexte de censure politico-théologico-intellectuelle de l'époque.

Sauf qu'une loi naturelle est censée être connaissable et normative (opposable au droit positif). Ce qui n'est pas du tout ce que dit Pascal. Il faut donc préférer une absurdité consacrée par l'usage (comme l'hérédité monarchique) plutôt que de remettre éventuellement en cause les lois, l'esprit humain n'étant pas infaillible. Qu'est-ce qu'il y a de plus éloigné des Lumières que ça ?

 

2): :facepalm:

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Tu fais non seulement un contre-sens historique dans la mesure ou les Lumières ne sont pas du temps de Pascal, et un contre-sens philosophique.

Pascal n'est ni ami ni ennemi des Lumières, et certainement pas un obscurantiste au sens que lui donnait les philosophes des lumières, c'est à dire contre la diffusion des idées, du savoir, de la connaissance.

 

 

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Il y a 3 heures, POE a dit :

1): Tu fais non seulement un contre-sens historique dans la mesure ou les Lumières ne sont pas du temps de Pascal

 

2): les philosophes des lumières, c'est à dire contre la diffusion des idées, du savoir, de la connaissance.

 

1): Pascal meurt en 1662. Or on considère que le mouvement des Lumières commence dès la deuxième moitié du 17ème.

Et même s'il n'était pas contemporain, j'ai précisé plusieurs fois que sa position est antagoniste des Lumières avant la lettre. C'est un conflit de principes et les principes peuvent être comparés de façon supra-historiques.

 

2): La philosophie des Lumières c'est en réalité bien davantage que cela. Comme l'écrit Isaiah Berlin, malgré toutes les différentes entre eux, les penseurs des Lumières croyaient en l'existence d'un ordre naturel discernable par la raison humaine, laquelle raison, de la même façon qu'elle avait bouleversé la compréhension traditionnelle de la nature, était susceptible d'améliorer le fonctionnement de la société en opérant une critique des institutions existantes.

 

"Notre siècle est proprement le siècle de la critique, à laquelle tout doit se soumettre. La religion, parce qu'elle est sacrée, et la législation, à cause de sa majesté, veulent communément s'y soustraire. Mais elles suscitent dès lors vis-à-vis d'elles un soupçon légitime et ne peuvent prétendre à ce respect sans hypocrisie que la raison témoigne uniquement à ce qui a pu soutenir son libre et public examen." -Emmanuel Kant, préface à la première édition de la Critique de la raison pure, traduction Alain Renaut, GF-Flammarion, 2006 (1781 pour la première édition allemande), 749 pages, p.65.

 

Pascal non seulement ne croit pas à cela, mais ils considèrent ceux qui veulent mener une critique des traditions et des valeurs héritées pour juger de leur valeur, comme des perturbateurs dangereux qui introduisent des discussions impossibles à trancher. Il déteste Descartes, celui que Nietzsche appelait "le grand-père de la Révolution française", l'homme qui avait entrepris de ne point accepter d'opinions sans les soumettre d'abord au doute, et qui voulait s'appliquer "sérieusement et avec liberté à détruire généralement toutes mes anciennes opinions".

 

Si tu ne vois pas que la position de Pascal est opposée à celle des Lumières, c'est vraiment que tu es aveugle. L'examen de ses principes le démontre, l'examen de sa réception le confirme.

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Le 06/04/2019 à 17:31, Johnathan R. Razorback a dit :

Si tu ne vois pas que la position de Pascal est opposée à celle des Lumières, c'est vraiment que tu es aveugle. L'examen de ses principes le démontre, l'examen de sa réception le confirme.

 

Désolé, mais c'est insuffisant comme argumentation.

Pascal est un homme libre mais croyant. Dans les Provinciales, il s'oppose aux jésuites qui dominent à l'époque le pouvoir ecclésiastique, et s'attire le rejet et la condamnation du pape et du roi.

Pascal en philosophie n'est pas un homme d'un système comme peut l'être Kant ou Descartes, et s'il a des principes, ce sont des principes essentiellement religieux comme la plupart des hommes de son temps.

A ce sujet, il y a un dialogue intéressant de Pascal avec un prêtre M. De Saci où il expose comment sa pensée se situe entre celle d’Épictète et de Montaigne.

Impossible avec de tels références et un tel état d'esprit, de le classer comme un obscurantiste, ennemi des lumières à moins d'être soi même aveuglé par une idéologie matérialiste.

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il y a 19 minutes, POE a dit :

Dans les Provinciales, il s'oppose aux jésuites qui dominent à l'époque le pouvoir ecclésiastique, et s'attire le rejet et la condamnation du pape et du roi.

 

Il s'oppose aux jésuites sur des questions théologiques. Ce n'est pas critique, même voilée, de l'absolutisme* ou des prétentions temporelles de l'Église.

 

* A la différence des Lettres persanes de Montesquieu.

 

Je ne prétends pas du tout que Pascal soit un représentant emblématique des anti-Lumières, mais il penche plutôt de ce coté-là que du côté opposé, voilà tout. Et c'est cohérent avec le fait que la raison humaine soit réduite à la portion congrue chez lui, et qu'elle doive s'incliner devant les traditions héritées.

 

"Man's mind is his basic means of survival -and of self-protection. Reason is the most selfish human faculty: it has to be used in and by a man's own mind, and its producted -truth- makes him inflexible, intransigent, impervious to the power of any pack or any ruler. Deprived of the ability to reason, man becomes a docile, pliant, impotent chunck of clay, to be shaped into any subhuman form and used for any purpose by anyone who wants to bother.
There has never been a philosophy, a theory or a doctrine that attacked (or "limited") reason, which did not also preach submission to the power of some authority.
"

-Ayn Rand, Return of the Primitive: The Anti-Industrial Revolution, Meridian, 1999 (1971 pour la première édition états-unienne), 290 pages, p.84.

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OK alors plutôt que de continuer à l'aveugle je vais lire des commentateurs. Des suggestions ?  @F. mas  @Johnathan R. Razorback

 

Déjà le Tanouarn, Parier avec Pascal. Mon oncle, qui est prêtre, facho et supra costaud en théologie me conseille un certain Bouletreau que je ne retrouve pas. Je lui demande.

Sur le web il y a penséesdepascal qui est bien et que je reposterai ici.

 

Il y a 3 heures, POE a dit :

A ce sujet, il y a un dialogue intéressant de Pascal avec un prêtre M. De Saci où il expose comment sa pensée se situe entre celle d’Épictète et de Montaigne.

J'allais y venir.

 

La pensée de Pascal sur les stoïciens est résumée dans le discours qu’il tient à M. de Sacy sur Épictète.

« Épictète, lui dit-il, est un des philosophes du monde qui aient mieux connu les devoirs de l'homme. Il veut avant toutes choses, qu'il regarde Dieu comme son principal objet ; qu'il soit persuadé qu'il gouverne tout avec justice ; qu'il se soumette à lui de bon cœur, et qu'il le suive volontairement en tout, comme ne faisant rien qu'avec une très grande sagesse : qu'ainsi, cette disposition arrêtera toutes les plaintes et tous les murmures, et préparera son esprit à souffrir paisiblement tous les événements les plus fâcheux. Ne dites jamais, dit-il : « J'ai perdu cela » ; dites plutôt : « Je l'ai rendu. Mon fils est mort, je l'ai rendu. Ma femme est morte, je l'ai rendue. » Ainsi des biens et de tout le reste. « Mais celui qui me l'ôte est un méchant homme », dites-vous. De quoi vous mettez-vous en peine, par qui celui qui vous l'a prêté vous le redemande ? Pendant qu'il vous en permet l'usage, ayez-en soin comme d'un bien qui appartient à autrui, comme un homme qui fait voyage se regarde dans une hôtellerie. Vous ne devez pas, dit-il, désirer que ces choses qui se font se fassent comme vous le voulez ; mais vous devez vouloir qu'elles se fassent comme elles se, font. Souvenez-vous, dit-il ailleurs, que vous êtes ici comme un acteur, et que vous jouez le personnage d'une comédie, tel qu'il plaît au maître de vous le donner. S'il vous le donne court, jouez-le court ; s'il vous le donne long, jouez-le long, s'il veut que vous contrefassiez le gueux, vous le devez faire avec toute la naïveté qui vous sera possible ; ainsi du reste. C'est votre fait de jouer bien le personnage qui vous est donné, mais de le choisir, c'est le fait d'un autre. Ayez tous les jours devant les yeux la mort et les maux qui semblent les plus insupportables et jamais vous ne penserez rien de bas, et ne désirerez rien avec excès.

Il montre aussi en mille manières ce que doit faire l'homme. Il veut qu'il soit humble, qu'il cache ses bonnes résolutions, surtout dans les commencements, et qu'il les accomplisse en secret : rien ne les ruine davantage que de les produire. Il ne se lasse point de répéter que toute l'étude et le désir de l'homme doit être de reconnaître la volonté de Dieu et de la suivre.

Voilà, Monsieur, dit M. Pascal à M. de Saci, les lumières de ce grand esprit qui a si bien connu les devoirs de l'homme. J'ose dire qu'il mériterait d'être adoré, s'il avait aussi bien connu son impuissance puisqu'il fallait être Dieu pour apprendre l'un et l'autre aux hommes. Aussi comme il était terre et cendre, après avoir si bien compris ce qu'on doit, voici comment il se perd dans la présomption de ce qu'on peut. Il dit que Dieu a donné à l'homme les moyens de s'acquitter de toutes ses obligations, que ces moyens sont en notre puissance ; qu'il faut chercher la félicité par les choses qui sont en notre pouvoir, puisque Dieu nous les a données à cette fin ; qu'il faut voir ce qu'il y a en nous de libre ; que les biens, la vie, l'estime ne sont pas en notre puissance, et ne mènent donc pas à Dieu, mais que l'esprit ne peut être forcé de croire ce qu'il sait être faux, ni la volonté d'aimer ce qu'elle sait qui la rend malheureuse ; que ces deux puissances sont donc libres, et que c'est par elles que nous pouvons nous rendre parfaits ; que l'homme peut par ces puissances parfaitement connaître Dieu, l'aimer, lui obéir, lui plaire, se guérir de tous ses vices acquérir toutes les vertus, se rendre saint, ami et compagnon de Dieu. Ces principes d'une superbe diabolique le conduisent à d'autres erreurs, comme : que l'âme est une portion de la substance divine, que la douleur et la mort ne sont pas des maux ; qu'on peut se tuer quand on est si persécuté qu'on doit croire que Dieu appelle ; et d'autres. »

 

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Pour reprendre sur l'esprit de finesse vs l'esprit de géométrie : il me semble qu'on peut voir l'IA comme une tentative de traiter l'esprit de finesse par des moyens "géométriques". L'IA c'est une méta approche de la programmation dont le but est de produire un programme (objet typique de l'esprit de géométrie s'il en est) pour traiter des problèmes relevants de l'esprit de finesse. Catégoriser une photo d'animal comme une photo de chien est très difficile à faire avec une approche "géométrique" donc on fait apprendre (c'est à dire on règle les paramètres d'un réseau de neurones) à la machine ce qu'est un chien avec exemples etc. Une fois l'apprentissage terminé le réseau reconnait plus ou moins bien les chiens.

 

En fait la meilleure définition de l'esprit de finesse est celle qu'en a donné un juge américain : on ne peut pas vraiment définir le porno (par opposition à l'art) mais on sait que c'en est quand on le voit.

  • Yea 3
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Il y a 23 heures, Kassad a dit :

Pour reprendre sur l'esprit de finesse vs l'esprit de géométrie : il me semble qu'on peut voir l'IA comme une tentative de traiter l'esprit de finesse par des moyens "géométriques". L'IA c'est une méta approche de la programmation dont le but est de produire un programme (objet typique de l'esprit de géométrie s'il en est) pour traiter des problèmes relevants de l'esprit de finesse. Catégoriser une photo d'animal comme une photo de chien est très difficile à faire avec une approche "géométrique" donc on fait apprendre (c'est à dire on règle les paramètres d'un réseau de neurones) à la machine ce qu'est un chien avec exemples etc. Une fois l'apprentissage terminé le réseau reconnait plus ou moins bien les chiens.

 

En fait la meilleure définition de l'esprit de finesse est celle qu'en a donné un juge américain : on ne peut pas vraiment définir le porno (par opposition à l'art) mais on sait que c'en est quand on le voit.

Excellent @Kassad, d'autant plus que finesse et géométrie sont de même nature.

 

Différence entre l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse.

 

L’esprit de géométrie et de l’esprit de finesse ont une structure commune : voir Mesnard Jean, “Pascal ou la maîtrise de l’esprit”, Bulletin de la Société française de philosophie, n° 3, 2008, p. 1-38. Voir p. 13 sq. Il n’y a pas de différence de nature entre l’esprit de géométrie et de finesse, mais seulement une différence de degré ou de modalité : p. 14. Le second est structurellement analogue au premier, car il s’agit toujours de poser les principes et d’en déduire les conséquences ; les deux opérations se déroulent dans le temps. Les différences portent sur les principes et sur le raisonnement : les principes de la géométrie sont de pures constructions de l’esprit, qui exigent une grande puissance d’abstraction ; mais une fois l’effort accompli, ils sont clairs et aisés à distinguer. Les principes de l’esprit de finesse sont ceux que donnent les sens, l’expérience de la vie et des relations humaines ; ils sont proches et familiers, mais difficiles à saisir et malaisés à discerner les uns des autres. Dans l’ordre du raisonnement, la géométrie réalise des opérations parfaitement définies, exigeant une grande fidélité aux principes posés, dont l’étrangeté peut entrainer l’instabilité et exiger un parcours rigoureux et effectif de toutes les étapes de la progression à réaliser. La finesse se heurte à l’embarras de maîtriser de très nombreux principes et à la difficulté de bien les distinguer pour faire entrer chacun à sa place dans le raisonnement : p. 14.

Mesnard Jean, Les Pensées de Pascal, 2e éd., 1993, p. 96 sq.

Prigent Jean, “La réflexion pascalienne sur les principes”,p. 117-128, développe aussi l’idée que la finesse est conçue sur le modèle de la géométrie

 

Il y a 23 heures, Kassad a dit :

En fait la meilleure définition de l'esprit de finesse est celle qu'en a donné un juge américain : on ne peut pas vraiment définir le porno (par opposition à l'art) mais on sait que c'en est quand on le voit.

Héhé + oui c'est exactement ça !

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