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"En fait, Pascal s’est toujours intéressé aux différentes formes que peuvent revêtir les esprits humains. Et les conclusions que l’on retrouve dans les textes de Géométrie-Finesse trouvent leur source dans des disputes auxquelles il a pris part.

Tous les esprits ne sont pas constitués de la même manière, et un même esprit peut fort bien raisonner dans un domaine et déraisonner dans un autre.

Géométrie-finesse I (Laf. 511, Sel. 669). Diverses sortes de sens droit, les uns dans un certain ordre de choses et non dans les autres ordres où ils extravaguent.

Mais aussi, l’aptitude à distinguer les différentes sortes d’esprits est elle-même marque d’un bon esprit : voirGéométrie-finesse I (Laf. 510, Sel. 669). À mesure qu’on a plus d’esprit on trouve qu’il y a plus d’hommes originaux. Les gens du commun (ndraffarin : hum) ne trouvent point de différence entre les hommes.

Aussi observe-t-on deux tendances connexes dans la manière dont Pascal envisage les esprits des hommes : d’une part, il s’en prend, souvent avec indulgence, parfois avec vigueur, aux personnes dont il pense qu’elles raisonnent de travers ; d’autre part, à mesure qu’il avance en âge, il accorde un intérêt croissant à ces “diverses sortes de sens droit” qui font que les hommes diffèrent les uns des autres par leur mentalités (...) Mais la réflexion de Pascal ne s’oriente pas seulement dans ce sens critique : outre la lecture de Montaigne, la fréquentation du monde des savants, celle des milieux mondains et des milieux religieux lui ont permis de se frotter à des mentalités différentes de la sienne, sans qu’il les trouve pour autant aberrantes ou ridicules. 

Le premier texte qui, dans l’ordre chronologique, aborde ce problème est l’opuscule De l’esprit géométrique, que J. Mesnard date de 1655. Pascal y reprend une observation de Torricelli : « nous voyons qu’entre esprits égaux et toutes choses pareilles, celui qui a de la géométrie l’emporte et en acquiert une vigueur toute nouvelle » (OC III, éd. J Mesnard, De l’esprit géométrique, II, Réflexions sur la géométrie en général, § 3, p. 391). 

 

http://www.penseesdepascal.fr/XXI-XXII/XXI-XXII.php

 

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On 4/10/2019 at 11:01 AM, Kassad said:

En fait la meilleure définition de l'esprit de finesse est celle qu'en a donné un juge américain : on ne peut pas vraiment définir le porno (par opposition à l'art) mais on sait que c'en est quand on le voit.

 

Ca me fait penser à la théories des "semi noms propres" de Veyne/Passeron, décrivant la spécificité des sciences sociales par le fait que le niveau de description des oblets est dépendant de l'expérience humaine desdits objets, cf le fameux topic sur la quête de la vérité.

 

"— Non, la sociologie existe comme science humaine, c’est-à-dire comme science fonctionnant à coups de semi-noms propres! Et elle ne se distingue de l’histoire que par ses formes extérieures. Méthodologiquement et épistémologiquement, c’est ou ce devrait être la même chose, l’histoire prenant plus à la sociologie qu’elle ne lui apporte.

123Nathalie Heinich

124— Qu’entendez-vous par là?

125Paul Veyne

126— Eh bien, par exemple, Michel Foucault dit qu’il y a eu trois étapes dans l’histoire de la sexualité: il y a eu les plaisirs antiques, la chair médiévale et le sexe moderne… C’est très juste. Mais essayez de me faire une description définie de ce qu’est la chair, comme on définit le plomb par son nombre atomique: vous n’y arriverez pas! Il faut savoir ce que c’est, en avoir eu l’expérience, savoir ce qu’est le Moyen Âge, avoir lu des textes… De même que, pour connaître Jules Dupont, il faut avoir vu Jules Dupont! Finalement, la chair médiévale est un nom propre sans majuscule… Ça possède une aura assez globale pour qu’on voie ce que c’est, mais ça n’a rien à voir avec les concepts des sciences dures. Cette théorie n’est pas de moi, elle est de Passeron, et je crois que c’est un des grands acquis de notre génération…"

 

"

171Jean-Marie Schaeffer

172— Finalement, la différence par rapport aux sciences dures, c’est qu’on n’a pas de modèle théorique ?

173Paul Veyne

174— On n’a pas de modèle théorique, ni de description définie des concepts… Si vous n’avez pas déjà une idée de ce que peut être, par exemple, l’autorité traditionnelle, vous n’arriverez jamais à comprendre ce que c’est."

 

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