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Le Syndrome Dorian Gray


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Ce sont toujours les mêmes oeuvres qui sont reprises pour parler des transformations de la société par les nouvelles technologies numériques ("1984" et la perte de privacité, "le meilleur des mondes" et CRISPR, "Le procès" et l'instinct grégaire poussé par les réseaux sociaux etc.). A ma connaissance je n'ai pas vu d'explication prenant leurs sources dans "Le portrait de Dorian Gray".

 

Pourtant avec l'instagramisation du monde et les retouches à la portée de tout le monde on glisse du narcissisme "classique" (qui fait que je ne me sers plus d'internet pour voir le monde mais pour qu'il me voit) à un syndrome de Dorian Gray généralisé. Le parallèle tient bien la route : au fur et à mesure que le portrait numérique se lisse et devient parfait (car on choisit de ce dont on parle sur les réseaux sociaux) la réalité se relâche (manque d'engagement, immobilisme contrastant avec l'ubiquité de la présence des réseaux sociaux, otaku and co.). C'est l'exact dual du portrait de Dorian Grey dans lequel la personne physique (voire son âme car il est moins touché par les mauvaises actions qu'il commet quand il se rend compte que ça se décharge sur le portrait) ne change pas et c'est l'image, le portrait, qui accuse tous les coups. 

 

Cette manière d'expurger sa représentation sociale n'est pas aussi facile que cela en dehors des réseaux sociaux (même si le thème de la double vie et des schizophrènes est vieux comme le monde). Avant avoir une double vie coutait cher : c'est aussi un gain de productivité de côté inattendu que nous offrent les nouvelles technologies. Ce qui change est que tout est enregistré et que la réalité revient comme un boomerang (voir toutes ses affaires où on est allé chercher un tweet vieux de x ans pour réduire en morceaux un opposant). On a un système bizarre où la pression sociale n'est pas uniforme, elle semble quasiment absente (et en cela les nouvelles technologies poussent à la débauche) tant qu'on reste dans les clous, et par endroit elle atteint des concentrations incroyables (des pics de Dirac) avec la constitution de mobs à la recherche de l'anéantissement social (viré du boulot, déplatformé etc.).

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Il y a vraiment cette idée centrale dans le portrait de Dorian Gray que le tableau devient de plus en plus hideux à la mesure du comportement de Dorian Gray. Toutes les blessures morales y sont reportées. Dans les réseaux sociaux c'est l'exact inverse : on ne rapporte que ce qu'on pense être bien, voire on le modifie (retouches photos etc.), voire on scénarise sa vie en la présentant comme le déroulement d'un script. C'est l'irréalité de la télé réalité démocratisée.

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  • 1 month later...
On 4/12/2019 at 1:07 PM, Kassad said:

Ce sont toujours les mêmes oeuvres qui sont reprises pour parler des transformations de la société par les nouvelles technologies numériques ("1984" et la perte de privacité, "le meilleur des mondes" et CRISPR, "Le procès" et l'instinct grégaire poussé par les réseaux sociaux etc.). A ma connaissance je n'ai pas vu d'explication prenant leurs sources dans "Le portrait de Dorian Gray".

 

Pourtant avec l'instagramisation du monde et les retouches à la portée de tout le monde on glisse du narcissisme "classique" (qui fait que je ne me sers plus d'internet pour voir le monde mais pour qu'il me voit) à un syndrome de Dorian Gray généralisé. Le parallèle tient bien la route : au fur et à mesure que le portrait numérique se lisse et devient parfait (car on choisit de ce dont on parle sur les réseaux sociaux) la réalité se relâche (manque d'engagement, immobilisme contrastant avec l'ubiquité de la présence des réseaux sociaux, otaku and co.). C'est l'exact dual du portrait de Dorian Grey dans lequel la personne physique (voire son âme car il est moins touché par les mauvaises actions qu'il commet quand il se rend compte que ça se décharge sur le portrait) ne change pas et c'est l'image, le portrait, qui accuse tous les coups. 

 

Cette manière d'expurger sa représentation sociale n'est pas aussi facile que cela en dehors des réseaux sociaux (même si le thème de la double vie et des schizophrènes est vieux comme le monde). Avant avoir une double vie coutait cher : c'est aussi un gain de productivité de côté inattendu que nous offrent les nouvelles technologies. Ce qui change est que tout est enregistré et que la réalité revient comme un boomerang (voir toutes ses affaires où on est allé chercher un tweet vieux de x ans pour réduire en morceaux un opposant). On a un système bizarre où la pression sociale n'est pas uniforme, elle semble quasiment absente (et en cela les nouvelles technologies poussent à la débauche) tant qu'on reste dans les clous, et par endroit elle atteint des concentrations incroyables (des pics de Dirac) avec la constitution de mobs à la recherche de l'anéantissement social (viré du boulot, déplatformé etc.).

C'était une idée plutôt mal construite. Heureusement ma femme m'a expliqué de quoi s'agit le mythe de Narcisse (soit disant "classique") . J'avais complétement ignoré le vrai sens du mythe ainsi que son interprétation. En ce qui concerne à l'image et l'instagramisation elle m'a fait remarquer que je fais un modelage de mon image sur le forum .

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