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Il y a 3 heures, Ultimex a dit :

Concernant ce que dit Rincevent :

Une action sera considérée morale par Kant (indépendamment de la question de la volonté qui est importante chez lui) si elle est universalisable sans aboutir à une contradiction (ex : je ne peux mentir car si tout le monde mentait, il n'y aurait plus de société). Bref, chaque action nécessite 2 heures de réflexion préalables.

Respect absolu des principes indépendamment des circonstances, voire du bon sens ? Je pense à l'optique de prévention d'un crime : dois-je répondre honnêtement à une question en sachant pertinemment que mon honnêteté aboutira potentiellement à la mise en danger d'autrui ?

 

Il y a 3 heures, Ultimex a dit :

Concernant Peguy :

La volonté est importante chez Kant : si j'agis en respectant des préceptes moraux par penchant naturel ou pour éviter de me retrouver au ban de la société (sous-entendu : j'agirai mal si c'est sans mauvaises conséquences pour moi), je n'agirai pas de manière morale pour Kant.

Il faut aussi que ma volonté soit bonne pour cela. Ce qui a fait dire à certains qu'il était inutile d'agir chez Kant du moment que la volonté d'agir est bonne. Sauf que c'est un argument de mauvaise foi, le devoir chez Kant impose d'agir. 

Mauvaise foi ou incompréhension de la pensée de Kant, je ne sais pas.

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il y a 13 minutes, poincaré a dit :

Respect absolu des principes indépendamment des circonstances, voire du bon sens ? Je pense à l'optique de prévention d'un crime : dois-je répondre honnêtement à une question en sachant pertinemment que mon honnêteté aboutira potentiellement à la mise en danger d'autrui ?

Yup'.

Lors d'un fameux débat avec Benjamin Constant, Kant va jusqu'à affirmer que même dans le cas où un assassin viendrait frapper à ta porte pour te demander si tu caches ton ami (qu'il souhaite tuer), tu dois lui dire la vérité. Au nom justement de la nécessité absolue de suivre l'impératif catégorique, qui commande de ne pas mentir. Mais Kant poursuit avec un argument un peu étrange. Contre Constant, qui essayait de lui faire admettre qu'il faut prendre en compte les conséquences de l'action, Kant répond qu'il est tout à fait possible que l'ami en péril, ayant entendu l'assassin frapper à la porte, se soit échapper par une fenêtre. Et qu'il est possible que en mentant à l'assassin, on lui permette accidentellement de tuer notre ami qui s'était enfuis à notre insu. Façon pour Kant de dire qu'on ne peut jamais être certain des conséquences de nos actions. Et dans ce dernier cas, affirme Kant, on serait responsable de la mort de notre ami, puisque nous avons commis une erreur en mentant, alors que si on avait dit la vérité à l'assassin, quand bien même notre ami n'aurait pas pris la fuite et aurait été piégé, l'honnête délateur serait irréprochable, puisque l'on ne peut pas être blâmer de ne pas avoir menti.

 

On peut trouver pas mal de problème là dedans. Le plus souvent souligner est sans doute l'ambiguïté de la loi morale. Je dois obéir à la maxime "je vais dire la vérité", mais je dois aussi obéir à la maxime "je ne vais pas laisser un innocent se faire assassiner". On peut donc reprocher à Kant pire que de forcer à réfléchir pendant 20 ans avant la moindre décision (ça, ce serait plutôt les utilitaristes) : sa philosophie morale ne serait d'aucune utilité pratique pour prendre des décisions, elle serait simplement une forme vide. C'est le reproche que lui adresse Hegel.

 

Hermann Cohen tente de répondre à ça qu'il y a bien de la matière, et des commandements pratiques et applicable que l'on peut tirer de Kant, en s'appuyant sur la troisième formulation de l'impératif. (pour mémoire : la première est de toujours agir de façon à pouvoir étendre à l'universel la maxime de son action, la deuxième de toujours traiter l'autre comme une fin en soi et jamais seulement comme un moyen) A savoir, toujours être à la fois législateur et juge de sa propre action. On obéit à la loi morale parce que c'est nous même qui la posons. Etre libre c'est donc obéir à l'impératif catégorique, puisque ça revient à nous obéir à nous même, à être autonome (= se donner soi-même sa loi). Alors qu'à l'inverse, quand on agit de façon immorale, on pose toujours la loi mais tout en voulant lui échapper (quand je mens, je ne veux pas qu'il soit autorisé de mentir, sinon ce serait inutile, je veux donc que la loi existe, mais sans lui obéir pour autant), c'est donc que j'obéis à autre chose qu'à moi même, à un motif qui me vient de l'extérieur, qui frotte mes sens ou qui chatouille mon imagination. C'est une conduite "pathologique", c'est à dire poussé par une passion, face à laquelle, par définition, je suis passif, et non pas par la raison, qui dans son usage pratique n'est rien d'autre que la volonté. Je suis alors "hétéronome". Cohen donc vois dans cette ascèse, dans cette lutte intérieure contre les conduites pathologiques une matière au commandement moral.

 

Reste bien sûr que ça ne permet toujours pas de chasser définitivement les ambiguïtés des choix moraux concrets, mais peut-être faut-il faire le deuil d'avoir un code moral définitif sous la main, qui rendrait superflue toute réflexion éthique ou juridique supplémentaire.

Par contre, l'objection du velléitaire à la "bonne âme" est de mauvaise fois, effectivement.

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il y a 39 minutes, Mégille a dit :

Lors d'un fameux débat avec Benjamin Constant, Kant va jusqu'à affirmer que même dans le cas où un assassin viendrait frapper à ta porte pour te demander si tu caches ton ami (qu'il souhaite tuer), tu dois lui dire la vérité. Au nom justement de la nécessité absolue de suivre l'impératif catégorique, qui commande de ne pas mentir. Mais Kant poursuit avec un argument un peu étrange. Contre Constant, qui essayait de lui faire admettre qu'il faut prendre en compte les conséquences de l'action, Kant répond qu'il est tout à fait possible que l'ami en péril, ayant entendu l'assassin frapper à la porte, se soit échapper par une fenêtre. Et qu'il est possible que en mentant à l'assassin, on lui permette accidentellement de tuer notre ami qui s'était enfuis à notre insu. Façon pour Kant de dire qu'on ne peut jamais être certain des conséquences de nos actions. Et dans ce dernier cas, affirme Kant, on serait responsable de la mort de notre ami, puisque nous avons commis une erreur en mentant, alors que si on avait dit la vérité à l'assassin, quand bien même notre ami n'aurait pas pris la fuite et aurait été piégé, l'honnête délateur serait irréprochable, puisque l'on ne peut pas être blâmer de ne pas avoir menti.

 

Si on ne peut pas être certain des conséquences, on ne peut pas soutenir que le mensonge généralisé rendrait la vie en société impossible (après tout, les gens pourraient trouver des techniques pour se comprendre malgré le fait qu'ils se mentent), dès lors on ne peut pas soutenir que mentir contrevient à l'impératif catégorique (lequel est de toute façon sorti de l'espace).

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il y a une heure, Johnathan R. Razorback a dit :

 

Si on ne peut pas être certain des conséquences, on ne peut pas soutenir que le mensonge généralisé rendrait la vie en société impossible (après tout, les gens pourraient trouver des techniques pour se comprendre malgré le fait qu'ils se mentent), dès lors on ne peut pas soutenir que mentir contrevient à l'impératif catégorique (lequel est de toute façon sorti de l'espace).

 

Ca se rapproche de la critique qu'en fait Mill, voire les utilitaristes en général. Mais je ne crois pas que ce soit juste. Etendre une maxime à l'universel, ce n'est pas évaluer ses conséquences hypothétiques, c'est s'assurer sa cohérence. Une maxime ne peut pas être une obligation si elle est un paradoxe logique, par exemple, je ne peux pas me dire "il faut que je me marie en restant célibataire". Elle ne peut pas l'être non plus si, prise comme une loi générale, elle engendre un paradoxe pratique. Vouloir mentir, c'est vouloir être cru, or, vouloir être cru, vouloir que ce qui est dit soit tenu pour vrai, c'est vouloir que le mensonge soit interdit. Vouloir mentir est donc une contradiction pratique, et ça découle du concept même du mensonge. D'ailleurs, si par "se comprendre" tu veux dire "ne pas se tromper les uns les autres", alors, ceux qui utilisent entre eux les "techniques" que tu imagines ne mentent pas, ils parlent en langage codé, en supposant que leurs interlocuteurs respectent justement le code et ne s'en servent que pour dire la vérité...

 

L'impératif catégorique ne tombe pas vraiment du ciel (enfin, pas plus que la morale elle-même), mais la façon dont Kant vient le chercher est peut-être un peu déroutant. Il faut bien comprendre qu'il s'y prend à peu près de la même façon que pour donner des fondements à la science, c'est à dire, complètement à rebours d'un Descartes, par exemple. Pour trouver la connaissance, Descartes commence par supposer qu'il n'y en ait pas, pour ensuite mieux démontrer qu'il y a bien une connaissance possible, tout en cherchant laquelle. A l'opposé, Kant par du fait qu'il y a de la science, de la connaissance, ou au moins, quelque chose qui y ressemble. Et à partir de la science que l'on a déjà, il remonte à ses conditions de possibilités, et par la mise en lumière de celles-ci, il peut rejeter les usages illégitimes de la raison. Il fait la même chose en morale, c'est à dire qu'il part du faktum de la Loi. Il y a des obligations, des choses bonnes, des choses qu'il faut faire. C'est le point de départ, et personne n'est sensé pouvoir en douter. Si quelqu'un prétendait en douter, il ne serait de toute façon pas possible d'en discuter avec lui, et il n'aurait aucune raison de suivre une certaine proposition morale plutôt qu'une autre, mais de toute façon, celui qui prétend cela serait malhonnête envers lui-même. Et c'est en partant de l'évidence de la loi morale en nous que Kant va chercher ce qu'elle doit être pour qu'il puisse y avoir le moindre devoir.

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Il y a 2 heures, Mégille a dit :

il part du faktum de la Loi. Il y a des obligations, des choses bonnes, des choses qu'il faut faire. C'est le point de départ, et personne n'est sensé pouvoir en douter. Si quelqu'un prétendait en douter, il ne serait de toute façon pas possible d'en discuter avec lui

 

Dans ce cas on ne peut rien répondre au sceptique ou au relativiste, alors même qu'ils sont (du moins à notre époque) les plus nombreux.

 

Descartes ou Pascal ont au moins le mérite d'essayer de prendre les sceptiques à leurs propres pièges.

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Oui, c'est peut-être une faiblesse de Kant... il me semble qu'il y a quelques passages au début de la critique de la raison pratique où il s'adresse à eux, mais il ne va guère plus loin qu'un appel à une intuition ou un sentiment moral qu'on aurait tous.

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