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Coronavirus, grosse récession et épinards au beurre


Lugaxker

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David Cayla Profile picture

[#Thread] #COVIDー19 #Crise2021
Je pense que tout le monde a compris que la gestion sanitaire de la pandémie de Covid par le gouvernement a été extrêmement laborieuse pour être charitable.

Mais qu'en est-il de sa gestion économique et de ses conséquences? Petit fil.

 

Le déconfinement s’est transformé en reconfinement. C'était prévisible: l’évolution épidémique était dans les chiffres hospitaliers du mois de septembre.

Mais cela n'a pourtant pas été envisagé en haut lieu et on constate la même impréparation économique.

 

Après le confinement le pari du gouvernement était une reprise spontanée et rapide de l'économie une fois les contraintes sanitaires levées. Les ménages avaient épargné durant le confinement, ils allaient consommer en masse et relancer l'activité.

Une "première victoire"...

 

... qui n'a pas duré!

Dès que le déconfinement s'est accéléré, la contagion a repris de plus belle et le R (taux de reproduction du virus) est repassé au-dessus de 1.

Mais il fallait que les Français dépensent et prennent des vacances pour préparer le plan de relance.
 
Pendant cette période le gouvernement a voulu tourner la page Covid. @BrunoLeMaire annonce que la "dette Covid" serait cantonnée. Et les réformes engagées avant la crise sanitaire (retraite, chômage...) sont remises en chantier.

Bref, retour à la normale.
 
À la rentrée, la stratégie c'était le déni du covid. Le fameux plan de relance ne comportait AUCUNE création d'emploi. Malgré le Ségur, on poursuivait les fermetures de lit. Les jeunes diplômés qui trouvaient porte close sur le marché du travail, ce n'était pas un problème.
 
En septembre, le gouvernement annonce un plan de relance en trompe-l’œil. 100 milliards en deux ans, largement consacrés non pas à augmenter l'activité productive par la commande publique, mais à améliorer la compétitivité des entreprises en baissant leurs impôts.
 
Pour le volet activité, le gouvernement comptait sur les dépenses des ménages dont il pensait qu'ils allaient liquider leur épargne accumulée au printemps pendant la période des fêtes.

Sans voir que sur le plan sanitaire, la situation était en train de déraper totalement.
Pendant deux mois le gouvernement est dans un double déni.

1/ Déni sanitaire alors que les chiffres s'affolent et que la croissance de l'activité covid des hôpitaux croît de 30% par semaine.

2/ Déni économique en faisant le pari d'un rapide retour à la normal.
 
Or, rien n'est normal dans la situation économique depuis mars dernier. Rien ne reviendra à la normal.

Vous avez aimé les vagues de Covid et les joies des exponentielles? Vous allez adorer le Tsunami de faillites et ses effets en cascade.

Explications: ?
 
Beaucoup de gens se demandent pourquoi, depuis six mois, malgré un effondrement de l'activité économique, on ne voit pas le chômage exploser ni les faillites se multiplier. Pourquoi la bourse semble tenir, pourquoi aucune banque n'a fait faillite?
 
En fait, quand on regarde les chiffres, il y a une sorte de paradoxe inexplicable. Depuis le mois de mars, on constate un effondrement du nombre de faillites par rapport à une année normale.
 
Ce phénomène s'explique très bien. Pour faire faillite, une entreprise doit réunir les deux conditions suivantes:
1/ Avoir une dette supérieure à son patrimoine
2/ Ne plus pouvoir payer ses factures.

La condition 1 reflète un problème de solvabilité, la seconde de liquidité.
 
En général quand une entreprise n'est plus solvable, elle finit assez vite par ne plus avoir accès à la monnaie une fois que sa trésorerie tombe à zéro, car aucun organisme de crédit ne souhaite prêter à une entreprise non viable.
 
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Mais avec le prêt garanti par l’État (PGE), et le chômage partiel, les entreprises n'ont plus du tout intérêt à faire faillite et peuvent facilement l'éviter.

Le chômage partiel permet à toute entreprise de continuer de payer ses salariés. Avec le PGE elle repousse sa faillite.
 
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Quand une entreprise non viable économiquement parvient à poursuivre son activité et repousse indéfiniment sa faillite en recourant à l'emprunt on dit qu'il s'agit d'une "entreprise zombie". Morte sur le plan économique, mais vivante sur le plan administratif.
 
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Le PGE s'est traduit par un phénomène relevé par la Banque de France.

Entre février et juillet 2020, la trésorerie des sociétés non financières a augmenté de 170 milliards d'euros, et leur endettement s'est accru de 175 milliards.

Source: banque-france.fr/communique-de-…
Autrement dit, le PGE a permis de maintenir de nombreuses entreprises en survie artificielle et donc de leur a permis de distribuer des salaires via le chômage partiel.

Il y a donc non seulement des entreprises zombies, mais surtout des centaines de milliers d'emplois zombis.
Durant sa phase de déni, en septembre-octobre, le gouvernement a semble-t-il, décidé d'accélérer la distribution de PGE, espérant sans doute que les morts allaient se relever grâce à la consommation des ménages.

Une anecdote à ce sujet.
 
J'ai une amie qui a racheté un magasin de fleurs en décembre 2019. Évidemment sa boutique a été très durement touchée par le confinement du printemps. En juin, elle fait une demande de PGE qui lui est refusée car son entreprise a moins d'un an d'existence.
 
L'été passe et sa situation ne s'améliore pas. Malgré un été plutôt bon sur le plan commercial, son entreprise de deux salariés n'est pas rentable. En octobre, elle doit se mettre en cessation de paiement.

Et voilà que son banquier l'appelle pour lui proposer un PGE.
 
Car les banquiers ont intérêt à distribuer des PGE. En cas de non remboursement, c'est l’État qui paie. Et tout PGE permet d’engranger des intérêts et une commission. Les conseillers bancaires sont incités à en refiler le plus possible pour toucher une prime de fin d'année.
 
Voilà comment le système bancaire se met à prêter à tour de bras à des entreprises non solvable avec la bénédiction de l’État et la bénédiction des contribuable.

Cette logique ne vous rappelle rien? Mais si! C'est le retour des subprimes !
 
Avec une nuance, toutefois.

Cette fois-ci le risque n'est pas assumé par les opérateurs des marchés financiers (qui seront ensuite sauvés par l’État), mais par l’État directement.
 
Le PGE est en train de créer une énorme bulle de faillites à retardement. Car dès que ce dispositif sera arrêté, toutes les entreprises zombies vont soudainement se retrouver en cessation de paiement.
 
Ça, c'était la situation fin octobre, le résultat du premier confinement.

Vous ajoutez là-dessus un deuxième confinement et une nouvelle de vague épidémique qui promet d'être plus longue et plus forte que la première. Et tout cela pendant la période des fêtes. ??
 
Concrètement que va-t-il se passer dans quelques mois?

Dès que le chômage partiel et le PGE cesseront, on va se retrouver avec un mur de faillites et de destructions d'emplois. Il faudra restructurer tout le secteur productif et faire disparaitre les 100ks d'emplois zombis.
 
Le problème c'est que ça va prendre des mois. Les tribunaux de commerce vont être totalement embouteillés. Une procédure de faillite c'est long, cela demande de passer devant un juge, de solder toutes les dettes. Les arbitrages sont complexes.
 
Or, tant que la faillite n'est pas prononcée, on ne peut pas calculer les pertes.

Car les pertes ne reposeront pas que sur l’État. Il y a les dettes fournisseurs, les dettes de loyer, les dettes bancaires classiques. Tout le monde va se retrouver avec des pertes imprévus.
 
Certaines entreprises qu'on croyait solides vont se révéler être zombie. Et des actifs qu'on pensait posséder vont soudainement se retrouver sans valeur.

A mesure que les procédures de faillite vont s'enchainer, de nouvelles pertes vont apparaître dans des entreprises solvables.
 
Le processus de découverte des pertes durera des mois. Des sociétés immobilières vont voir disparaître leurs loyers commerciaux; des salariés vont se retrouver au chômage, des fournisseurs ne récupèreront pas leur argent. Et les banques, bien sûr, vont accumuler des pertes.
 
Car les banques et la finance sont en bout de chaine. Il a fallu 1 an et demi entre le retournement du marché immobilier américain et la faillite de Lehmann Brothers. Là, cela prendra encore plus de temps. C'est l'effet domino, ou systémique: l'enchainement des faillites.
 
Je ne veux pas jouer les Cassandre mais il me semble que ça serait bien que notre gouvernement, pour une fois, ne se fasse pas dépasser par les évènements.

Tout ce que je viens de dire est évident pour tout économiste sérieux. Tout cela est parfaitement prévisible.
 
Maintenant que le second confinement douche une fois pour toute les espoirs d'un retour à la normale, il ne serait pas idiot de se préparer à "l'anormal" et au mur qui arrive et qui produira ses pleins effets d'ici un an. En pleine campagne de 2022.

FIN de ce fil.

 

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il y a 17 minutes, Freezbee a dit :

Car les banquiers ont intérêt à distribuer des PGE. En cas de non remboursement, c'est l’État qui paie. Et tout PGE permet d’engranger des intérêts et une commission. Les conseillers bancaires sont incités à en refiler le plus possible pour toucher une prime de fin d'année.

C'est l'État qui paie 70-90% de l'emprunt, hein, pas 100%. Donc ce ne sont pas des fees/intérêts sans risque pour les banques.

 

Il m'a l'air bien médiocre en économie, lui. Surtout à la lecture de ses autres threads.

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il y a 2 minutes, Neomatix a dit :

Il m'a l'air bien médiocre en économie, lui. Surtout à la lecture de ses autres threads.

 

C'est un économiste atterré, ce qui incite effectivement à prendre ce qu'il raconte avec prudence.

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Atterré ou pas, sur le fond il a raison. Les PGE, les reports de charges et de loyers, le chômage partiel... tout cela ne fait que différer les faillites. L’effondrement de l’activité économique va forcément avoir des effets délétères. Il faut être Bruno Lemaire ou autre ministre pour prétendre le contraire.

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Il y a environ un an, un cadre de LREM disait publiquement qu'il serait bon que l'état contrôle 90% de l'économie (ou 100% j'ai oublié).

Ce qui se passe sous nos yeux, c'est juste cette mise en coupe réglée.

Le prix n'a strictement aucune importance pour ces gens.

Un pays, c'est comme un troupeau de chèvres, sa fonction basique est d'assurer la subsistance de ceux qui les contrôlent.

  • Yea 1
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@Freezbee Ah d'accord, ça explique.

Notez que tout le monde n'a pas accès au PGE, loin de là. Par exemple Novares (composants automobiles, c. €1,2bn de CA et 7-8% de marge EBITDA) était en relativement bonne santé avant la crise mais s'est vu refuser le PGE en avril. Ils ont déposé le bilan et une partie de la dette a été convertie en equity avant que l'Etat accepte d'accorder un PGE pour une partie du nouveau financement (c. 50%, le reste étant apporté par les actionnaires).

 

Pour schématiser, ? (je ne sais pas enlever le smiley, pdm), le problème avec le confinement est que les gens responsables pour 40% du PIB ont interdiction de bosser. Donc ces 40% s'endettent auprès des 60% restants (dont ils continuent à consommer le fruit de leur travail sans créer des biens et services en échange). Le PGE c'est juste un moyen pour concrétiser cette dette tout en évitant de foutre en l'air la structure rigide de l'économie française. Si on pouvait instantanément créer et liquider des entreprises, embaucher et licencier, pas besoin de PGE. Mais ce n'est pas le cas.

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  • 2 weeks later...
Il y a 10 heures, Largo Winch a dit :

Bonne chronique de Pascal Perri sur le délire total concernant le traitement social du chômage :

"Nous avons définitivement basculé dans l'économie étatisée : nous devenons tous salariés de l'assurance-chômage."

C'est ma lecture des événements.

Tout cela a seulement servi de prétexte à la soviétisation de l'économie dont rêvent gouv et administration.

Et ce n'était qu'une question de timing, ça devait arriver tôt ou tard.

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il y a 5 minutes, Rübezahl a dit :

Tout cela a seulement servi de prétexte à la soviétisation de l'économie dont rêvent gouv et administration.

Si seulement il n'y avait qu'eux...

Il ne faut pas se tromper.

C'est aussi souhaité depuis longtemps par une large part de la population, qui  n'a aucune culture économique.

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il y a 12 minutes, Rolanddezar a dit :

Si seulement il n'y avait qu'eux...

Il ne faut pas se tromper.

C'est aussi souhaité depuis longtemps par une large part de la population, qui  n'a aucune culture économique.

J'estime cette part de la population à ~30% (que j'appelle les moutons enragés).

Le souci est que ce groupe, même minoritaire, est un super invariant et que, pour cela, il donne in fine le la au reste du pays.

 

J'aimerais bien savoir comment ce groupe se répartit régionalement ? équirépartition, ou pas ?

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Pour moi, on est à bien + 30% de "moutons enragés". Et le tableau est sinistre (mais j'oublie p-e des choses)

 

Combien de personnes, en France, à une culture économique (digne de ce nom) ?

Certains étudiants qui en acquiert par les cours qu'ils peuvent avoir... ou par leurs pérégrinations.. 

Les chefs d'entreprises qui en acquiert par expérience...

Quelques journalistes, intellectuels, économistes dont c'est plus ou moins le métier...

Quelques passionnés...

 

Qui d'autres?

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  • 2 weeks later...

Ça commence en Argentine :

"The legislation stipulates a one-off tax of at least 2% on individuals with assets of more than 200 million pesos ($2.45 million), with the government aiming to collect some $3.7 billion."

 

 

  • Sad 2
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il y a une heure, Sekonda a dit :

Ça commence en Argentine :

"The legislation stipulates a one-off tax of at least 2% on individuals with assets of more than 200 million pesos ($2.45 million), with the government aiming to collect some $3.7 billion."

 

 

 

Un impot sur la fortune quoi.

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Il y a 12 heures, Sekonda a dit :

Oui, avec un seuil haut pour le moment. Si d'autres pays enchaînent pas sûr qu'ils restent sur les mêmes paramètres. 


En Argentine, on peut vite se retrouver milliardaire en pesos. 

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