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La vraie mortalité de la grippe saisonnière


h16

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Ceci n'est pas en lien direct avec covid, mais je pense que c'est une ressource importante pour en apprécier la létalité : c'est un texte de Philippe Lacoude.

 

La vraie mortalité de la grippe saisonnière

par Philippe Lacoude et h16 (1er avril 2020)

 

À un moment, il est temps d’être sérieux et de regarder la littérature scientifique et de faire un vrai travail de fond.

Certains citent 8000 morts par an pour la grippe. Voire 14400 décès pour 2017. Santé Publique, sur son site grand-public donne un taux de létalité de 0,26%, soit 1 mort pour 384 malades !

Arrêtons donc les articles de vulgarisation, Marie-Claire, Doctissimo, et Cosmopolitan, pour regarder ce qui existe vraiment dans la littérature scientifique solide.

La mortalité en France est un sujet trop sérieux pour le confier à des médecins (qui sont parfois fâchés avec les chiffres). On la confie donc aux démographes. L’Institut national d’études démographiques (INED) nous dit que la France a un peu moins de 600 morts par an due à la grippe et que ce chiffre est en chute libre grâce aux progrès de la médecine.

La source scientifique est ici : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19138/pes470.fr.pdf

xim-faPJ1S4iWzF2KM0scxfU2dJzUMiOTbTxwwby

 

De la même façon, aux Etats-Unis, on cite les chiffres du CDC à tout va. 37000 morts par an nous dit même le président Trump : 

 

https://twitter.com/realdonaldtrump/status/1237027356314869761

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Evidemment les « experts » ne sont jamais allés voir les données de décès car ils sauraient que la définition de « flu » englobe les pneumonies.

Dans les chiffres US grand public, on a toujours « influenza+pneumonia » car elles sont groupées (comme dans https://www.cdc.gov/nchs/data/nvsr/nvsr68/nvsr68_09-508.pdf ) et on additionne donc les morts d’infections virales (pas toutes des grippes) et bactériennes. Les codes médicaux IDC-10 sont toujours agrégés de J09 à J18. 

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Les définitions sont importantes !

 

Quand ils veulent des données sur la grippe, les scientifiques utilisent les données officielles du National Center for Health Statistics (qui est le bras statistique du CDC). Dans l’actuariat par exemple, on cherche à être précis et c’est ce qu’on utilise comme source. 

 

Or, pour être précis, toute personne (épidémiologiste, actuaire, économiste travaillant sur les retraites, etc.) qui utilise des données de mortalité va les chercher dans le National Vital Statistics System qui est géré par le National Center for Health Statistics. 

 

Selon le National Center for Health Statistics, il y a 6500 morts par an de la grippe aux Etats-Unis, loin, très loin des 37000 morts du site grand public du CDC.

 

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Et donc, si on regarde la littérature scientifique – peer-reviewed articles – sur la grippe saisonnière, elle fait environ 145.000 victimes par an pour l’ensemble des 7,7 milliards d’humains dans le monde

 

On remarquera au passage que ça ferait donc 1224 morts pour 65 millions en France mais voilà, malgré les coups de boutoir de l’Etat, la médecine y est un peu meilleure qu’ailleurs et on y survit plus : on retombe donc ici sur le chiffre de moins de 600 de l’INED.

De même, pour 327 millions de personnes (Etats-Unis), ces 145000 pour 7,7 milliards feraient ... 6500 victimes. C’est exactement le chiffre du National Center for Health Statistics (CDC).

 

Ici, on prend le chiffre de 145.000 morts de la grippe dans le monde de 2017 car c’est une estimation haute. Pour rappel, c’était environ 50% de plus que la moyenne. 

 

Mais au fait, d’où sort ce chiffre de 145000 morts de la grippe en 2017 ?

Comme il faut arrêter avec les articles de pacotille de sites pour Madame Michu, prenons plutôt le “Gold Standard” des études sur la grippe : la Global Burden of Disease Study (GBD) pour les intimes – financée par la Bill & Melinda Gates Foundation – publiée dans le prestigieux Lancet.

 

https://www.thelancet.com/journals/lanres/article/PIIS2213-2600(18)30496-X/fulltext

 

Ces chiffres sont donc bas. Comment est-ce possible ? Comment Santé Publique peut annoncer 8000 morts alors que l’INED annonce 600 morts (ou moins) ? L’explication est fort simple : le chiffre de 8000 morts provient de la surmortalité en hiver. Il englobe toutes sortes de maladies pulmonaires !

 

Pour le calculer, on regarde les morts en été et celles en hiver et on regarde à quel moment les tests ARN – sur les rares cas de grippe vraiment testés – surviennent. Si, dans le village de Clochemerle, on a 15 morts en février et seulement 10 morts en août, et si on sait qu’on avait beaucoup de grippes en février dans toute la France, la surmortalité due à la grippe est de 5 morts, en février, à Clochemerle. Bingo !

 

C’est arbitraire. Ces 5 morts sont peut-être morts de la bronchite ou d’une infection bactérienne sans lien ; à l’extrême, l’un de ces morts est peut-être un individu qui a glissé sur le verglas... En théorie, ce dernier cas est éliminé, mais en pratique, ce système de comptage est suffisamment absurde pour qu’il se présente vraiment.

Mais pourquoi diable faire ainsi ? Le secret est la standardisation statistique au niveau mondial. Dans les pays en voie de développement, c’est le seul moyen possible. L’OMS fait donc ainsi partout dans le monde. Et le CDC en Amérique et Santé Publique en France font de même. Ça n’a jamais posé problèmes …

 

Jusqu’au jour où il a fallu faire des comparaisons internationales et surtout des comparaisons avec SARS-CoV-2 : ainsi, si on prend les chiffres de Santé Publique pour la grippe et ceux de la Corée du Sud pour SARS-Cov-2, on découvre que la grippe représenterait deux ou trois fois l’impact de COVID-19, ce qui est parfaitement faux. C’est même débile et tous les épidémiologistes le réalisent.

 

Dans l’article du Lancet, les auteurs, qui ont pris le temps de regarder précisément les données, calculent que sur 8 cas de surmortalité, 1 seul est dû à la grippe saisonnière.

 

Il faut se résoudre à l’évidence : beaucoup d’études universitaires de très bon niveau existent sur la grippe, mais ce n’est pas sur Santé Publique qu’on les trouvera. Du reste, pourquoi utiliser un chiffre sorti du chapeau d’un fonctionnaire français quand on peut aller directement à la source, voire aux sources, pluriel ? 

Si on veut utiliser des sources fiables, il faut faire des moyennes de taux calculés dans des études scientifiques peer-reviewed.

 

Statistiquement parlant, la meilleure est celle de l’université de Hong Kong pour la pandémie de grippe H1N1 de 2009. C’est une méta-étude, une étude d’études : 

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3809029/

 

La pandémie de grippe H1N1 de 2009 est la plus étudiée des 20 dernières années (parce que c’est celle qui a touché le plus grand nombre de personnes de par le monde). Il y a des milliers d’articles scientifiques. Les chercheurs de l’université de Hong Kong en ont recensé plus de 12.000 et en ont retenu une cinquantaine (77 estimations du taux de mortalité au total).

 

Que disent ces 77 estimations ? Pour bien comprendre, il faut les séparer en trois groupes.

 

D’une part, les « estimated cases » (c’est-à-dire les gens qui ont eu le virus dans leur système à un moment), d’autre part, les « estimated symptomatic cases » (c’est-à-dire les gens qui ont eu des symptômes du virus à un moment) et enfin, les « laboratory-confirmed cases » (c’est-à-dire les gens dont on est sûr qu’ils ont eu le virus grâce à des tests en laboratoire).

 

Les « estimated symptomatic cases » et les « laboratory-confirmed cases » donnent – par définition ! – des taux de mortalité très élevés. On calcule un taux sur les gens les plus malades en excluant ceux qui récupèrent sans jamais aller chez le médecin. Ce n’est pas inutile quand on gère une maison de retraite mais pour ce qui nous intéresse, c’est hors sujet.

 

Reste donc les taux de mortalité calculés sur les « estimated cases », c’est-à-dire les gens qui ont eu le virus dans leur système à un moment.

En moyenne, si on compile les 77 estimations des 50 peer-reviewed articles, cela donne ceci pour la grippe pandémique 2009 H1N1 :

        Estimated Cases 0.006%

        Estimated symptomatic cases 0.067%

        Laboratory-confirmed cases 4.747%      

 

En moyenne pondérée de tous ces articles, les « estimated symptomatic cases » sont à 0,0135%. 

 

La conclusion est donc sans la moindre échappatoire possible :

 

Les chiffres de 10.000 morts de la grippe par an en France sont faux.

Les estimations de mortalité par la grippe à 0.1% sont faux. 

 

La grippe saisonnière fait moins de 150.000 morts par an dans le monde, moins de 7000 aux Etats-Unis et moins de 1000 en France. Le taux de mortalité constaté est de l’ordre de 0.01%.

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@h16 : un texte tout à fait pertinent. À rapprocher de l'affirmation d'un certain Didier R, selon qui "les morts de la grippe espagnole" sont dûs à 95 % à des surinfections bactériennes. 

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Il y a 2 heures, Rincevent a dit :

@h16 : un texte tout à fait pertinent. À rapprocher de l'affirmation d'un certain Didier R, selon qui "les morts de la grippe espagnole" sont dûs à 95 % à des surinfections bactériennes. 

Oui, puisque globalement, on meurt rarement de virus (ebola, marburg, oui, mais les vih, coronas et les influenza, je ne pense pas). 

 

Mais c'est un peu comme dire "on ne meurt pas d'un excès de vitesse, mais de n'avoir pas eu le temps ou la distance pour freiner". 

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il y a 7 minutes, h16 a dit :

Oui, puisque globalement, on meurt rarement de virus (ebola, marburg, oui, mais les vih, coronas et les influenza, je ne pense pas). 

 

Mais c'est un peu comme dire "on ne meurt pas d'un excès de vitesse, mais de n'avoir pas eu le temps ou la distance pour freiner". 

Et on ne meurt pas de chuter, mais d'atterrir. ;)

  • Haha 4
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Texte intéréssant... C'est pour un prochain article sur Contrepoints ?

 

Par contre je suis tout triggered par ce genre de piques inutiles / arguments d'autorité (mais ça peut plaire au lectorat de Contrepoint ceci dit !) :

Il y a 4 heures, h16 a dit :

Arrêtons donc les articles de vulgarisation, Marie-Claire, Doctissimo, et Cosmopolitan, pour regarder ce qui existe vraiment dans la littérature scientifique solide. 

 

[...]

Et donc, si on regarde la littérature scientifique – peer-reviewed articles

[...]

Comme il faut arrêter avec les articles de pacotille de sites pour Madame Michu, prenons plutôt le “Gold Standard” des études sur la grippe : la Global Burden of Disease Study (GBD) pour les intimes – financée par la Bill & Melinda Gates Foundation – publiée dans le prestigieux Lancet.

 

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Il y a 4 heures, ttoinou a dit :

Texte intéréssant... C'est pour un prochain article sur Contrepoints ?

Par contre je suis tout triggered par ce genre de piques inutiles / arguments d'autorité (mais ça peut plaire au lectorat de Contrepoint ceci dit !) :

En fait c'est parce que dans le contexte, il s'agissait de répondre à des commentaires du style "oui mais sur le site trucmachin voire sante.gouv.fr il est dit que 12 milliards de gens meurent dans des souffrances horribles de la grippe saisonnière dès qu'on a le dos tourné" voire des affirmations genre "tous les ans les services de réa sont débordés" (genre, comme maintenant, mais ça passe inaperçu parce que "covid19, c'est juste comme la grippe saisonnière mais en plus concentré m'voyez"). 

 

Bref, après deux trois références aux trucs flous genre CDC (qui n'est pas une référence stat, mais une référence épidémio, donc rien à voir avec la démographie), ça donne l'article ci-dessus.

 

Et sinon, pour info, les cas aigus/sévères de grippe qui amènent en réa, c'est quelques centaines (420) à l'année.  En gros, covid19 et ses 4000 réas actuellement (01.04.2020), c'est 10 ans de réas de grippes en 3 semaines (soit un rapport de 1:160).

 

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Il y a 2 heures, Bézoukhov a dit :

On devrait pouvoir caler un test statistique pour montrer que la grippe est insignifiante. La volatilité des syndromes grippaux https://www.sentiweb.fr/france/fr/?page=epidemies est probablement complètement décorrélée des taux de mortalités (qui baissent de manière très très régulière depuis 1980).

Oui et non.

 

La grippe (influenza, donc) est effectivement relativement insignifiante dans les mortalités annuelles. On parle de 500 à 1000 cas par an top. En 2001, année basse, on a enregistré 155 morts de la grippe. 

Mais voilà : les petits malins disent en général "morts de la grippe" mais confondent dans ce truc toutes les maladies pulmonaires et autres pneumopathies, dont certaines déclenchées par la grippe. Bilan : ça fait des trucs plus lourds (faux ou sans rapport avec un influenza mais voilà).

 

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9 minutes ago, h16 said:

 

Mais voilà : les petits malins disent en général "morts de la grippe" mais confondent dans ce truc toutes les maladies pulmonaires et autres pneumopathies, dont certaines déclenchées par la grippe. Bilan : ça fait des trucs plus lourds (faux ou sans rapport avec un influenza mais voilà).

Oui mais l'affaiblissement général de l'état grippal a un sens aussi. 

Quand on parle de 10 000 morts en excès pendant les périodes de grippe on sépare bien cette surmortalité des quelques centaines de cas cliniques identifiés.

https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&url=https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/128121/1952067&ved=2ahUKEwijqoeMh8joAhXDA2MBHcqVBloQFjAFegQIBhAI&usg=AOvVaw0zMX-uQESzXOu1w8I4s4dD

 

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il y a 10 minutes, Mathieu_D a dit :

Oui mais l'affaiblissement général de l'état grippal a un sens aussi. 

Quand on parle de 10 000 morts en excès pendant les périodes de grippe on sépare bien cette surmortalité des quelques centaines de cas cliniques identifiés.

https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&url=https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/128121/1952067&ved=2ahUKEwijqoeMh8joAhXDA2MBHcqVBloQFjAFegQIBhAI&usg=AOvVaw0zMX-uQESzXOu1w8I4s4dD

 

 

Certes mais la comparaison avec covid est encore plus douloureuse : par exemple "1 877 cas graves admis en réanimation signalés dont 289 décès durant la période de surveillance (début de la surveillance semaine 45)" ; C'est le nombre de cas graves en réa sur les 2 derniers jours en covid en gros. Là encore, on est dans des rapports de un à deux ordres de magnitude supérieurs.

 

J'attends les surmortalités de l'année, dans quelques mois, mais je constate que jusqu'à la semaine avant covid (en gros, mi mars, semaine 13 et suivantes), la surmortalité 2020 liée à la grippe est nulle ou quasiment (pas plus de morts cette année via la grippe que d'habitude).

 

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Ha ben le covid c'est un bien plus gros morceau, oui, c'est sûr.

 

(Si le gvt chinois avait donné les vrais chiffres on n'aurait sans doutes pas eu ces "juste une grippe" qu'on voyait un peu partout avant de prendre conscience de la gravité du truc.

Ils ont causé beaucoup de tort au monde entier en mentant ainsi.)

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Tenant compte de quelques remarques, différents éléments ont été ajoutés dans le document de base (dont le PDF est ici : http://h16free.com/wp-content/uploads/2020/04/La-vraie-mortalité-de-la-grippe-saisonnière.pdf )

Il y a notamment un paragraphe pour bien comprendre pourquoi on arrive aux chiffres grossis de Santé Publique, et pourquoi c'est un peu de la grosse carabistouille.

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Très intéressant.

 

Mais au final, quand on parle de "surmortalité" : c'est pour désigner les écarts à la moyenne de la mortalité dont on sait bien identifier les causes, j'imagine...

Et si la grippe saisonnière ne représente qu'1 cas sur 8 cas de surmortalité, que sont les autres 7 cas ? On ne sait pas les expliquer ?

 

Et par rapport au sujet qui nous intéresse ici, faire des comparaisons, est-ce qu'au final on ne se contentera pas aussi d'évaluer la surmortalité causée par la COVIS-19 ? Comment ne pas faire les mêmes erreurs d'estimation du nombre de décès causés par le COVID-19 ? Par exemple, en Italie, dans les chiffres de décès liés au COVID-19, je ne serais pas étonné qu'il y ait beaucoup de cas de dommages collatéraux : des gens qui étaient déjà alités à l'hôpital quand la crise sanitaire a explosé et qui se sont retrouvés victime de la débandade du système de santé, par exemple...

 

Étant donné le flou artistique qui entoure les stats sur le COVID-19, le bilan final ne sera-t-il pas réalisé selon cette même méthode de calcul de surmortalité que vous critiquez ici ? Par conséquent, à titre de comparaison, n'est-il pas au contraire plus judicieux méthodologiquement de mettre en vis-à-vis les chiffres estimés de surmortalité dues à la grippe avec des chiffres qui seront nécessairement estimés de surmortalités liées au COVID-19 (standardisation de méthode) ?

 

  • Ancap 1
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il y a 39 minutes, Largo Winch a dit :

Très intéressant.

 

Mais au final, quand on parle de "surmortalité" : c'est pour désigner les écarts à la moyenne de la mortalité dont on sait bien identifier les causes, j'imagine...

 

Ben justement pas forcément. Quand l'INSEE le fait, c'est toutes causes confondues (morts année X vs morts année Y ou vs moyenne morts années N par exemple). Ce qui ajoute à la confusion.

 

il y a 39 minutes, Largo Winch a dit :

Et si la grippe saisonnière ne représente qu'1 cas sur 8 cas de surmortalité, que sont les autres 7 cas ? On ne sait pas les expliquer ?

 

Il y a de tout ; majoritairement, ce sont des pneumopathies diverses (bactériennes, généralement).

 

il y a 39 minutes, Largo Winch a dit :

Et par rapport au sujet qui nous intéresse ici, faire des comparaisons, est-ce qu'au final on ne se contentera pas aussi d'évaluer la surmortalité causée par la COVIS-19 ?

 

C'est probablement ce qui se passera. 

 

il y a 39 minutes, Largo Winch a dit :

Comment ne pas faire les mêmes erreurs d'estimation du nombre de décès causés par le COVID-19 ? Par exemple, en Italie, dans les chiffres de décès liés au COVID-19, je ne serais pas étonné qu'il y ait beaucoup de cas de dommages collatéraux : des gens qui étaient déjà alités à l'hôpital quand la crise sanitaire a explosé et qui se sont retrouvés victime de la débandade du système de santé, par exemple...

 

Là aussi c'est probable. 

Mais la différence, c'est que cette crise expose en réalité la faiblesse statistique des suivis des épidémies de type commun (grippe typiquement). 

 

Par exemple, si on considère que tout mort de pneumopathie qui avait des symptômes de grippe est "mort de la grippe", on va devoir faire globalement pareil pour covid, ce qui va donner des résultats probablement surestimés (extrême : un mort testé covid+ doit être ajouté aux morts covid même si le type s'est tué en tombant du 5ème) ...

 

Toute l'ambiguïté des chiffres utilisés par les gouvernements provient de l'usage qu'ils veulent en faire

- on veut promouvoir le vaccin contre la grippe (en montrant combien il est efficace), hop, le nombre de morts par la grippe diminue et il n'est plus que de quelques centaines à l'année

- on veut promouvoir la vaccination (en montrant combien la maladie est dangereuse), hop, le nombre de morts par la grippe s'envole à des dizaines de milliers à l'année. 

 

Pour covid, l'effondrement du système de santé montre que c'est bien une épidémie grave, donc on va diminuer tous les chiffres autant que possible en ne comptant que ceux qui ne seraient pas morts sans covid disons dans les 6 mois (par exemple). Le petit vieux en EHPAD, au bord du gouffre, ne sera pas compté. Le petit jeune obèse, lui, le sera. 

 

il y a 39 minutes, Largo Winch a dit :

Étant donné le flou artistique qui entoure les stats sur le COVID-19, le bilan final ne sera-t-il pas réalisé selon cette même méthode de calcul de surmortalité que vous critiquez ici ? Par conséquent, à titre de comparaison, n'est-il pas au contraire plus judicieux méthodologiquement de mettre en vis-à-vis les chiffres estimés de surmortalité dues à la grippe avec des chiffres qui seront nécessairement estimés de surmortalités liées au COVID-19 (standardisation de méthode) ?

 

Il ne s'agit pas tant de critiquer la méthode employée que de mettre en exergue le fait que les gouvernements ont largement surestimé l'impact de la grippe et sous estimé l'impact de covid pour leur tambouille personnelle. La grippe n'est pas une maladie bénigne, mais objectivement, la typologie des décès va être fortement différente de celle de covid ; or, pendant tout un temps (en gros, les 3 premières semaines de mars), on a eu le crincrin lancinant du "c'est une petite grippe" puis "c'est une grosse grippe" avec la bordée de chiffres exagérés mentionnés. C'est ça qui a motivé l'article au départ.

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il y a 20 minutes, h16 a dit :

Toute l'ambiguïté des chiffres utilisés par les gouvernements provient de l'usage qu'ils veulent en faire

Ça me fait de loin penser aux chiffres de la Sécurité Routière où par défaut la case vitesse est cochée pour les accidents  (Alors que si ça se trouve le mec est mort dans sa voiture d'un excès de toux lié au Covid-19).

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Enfin, typiquement, la personne fragile qui meurt d'une pneumonie suite à une grippe surinfectée ce n'est pas aberrant de classer cette mort dans "surmortalité dûe à la grippe". Et utiliser ça dans la promotion des vaccins.

On a bien déjà le compte des décès cliniquement dûs à la grippe.

 

Je ne comprends pas tellement l'objection sur la notion de "surmortalité statistiquement due à la grippe".

Bien sûr des communicants font dire n'importe quoi à n'importe quels chiffres. Pour autant les comptages publics documentés avec la méthodologie ne sont pas faux et précisent bien leurs limites.

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il y a 3 minutes, Mathieu_D a dit :

Enfin, typiquement, la personne fragile qui meurt d'une pneumonie suite à une grippe surinfectée ce n'est pas aberrant de classer cette mort dans "surmortalité dûe à la grippe".

 

Si elle meurt 1 mois après sa grippe (plus de virus du tout) parce qu'elle a traîné une bronchite à sa suite, est-ce une surmortalité liée à la grippe ou une mort de bronchite ? 

 

il y a 3 minutes, Mathieu_D a dit :

Et utiliser ça dans la promotion des vaccins.

On a bien déjà le compte des décès cliniquement dûs à la grippe.

 

Je ne comprends pas tellement l'objection sur la notion de "surmortalité statistiquement due à la grippe".

 

L'objection, c'est qu'on assiste à l'opération inverse pour covid : oh bah comme ils ont des comorbidités, d't'façon ils seraient morts donc c'est pas covid, hein, c'est l'âge/l'obésité/la déficience rénale/etc.

 

il y a 3 minutes, Mathieu_D a dit :

Bien sûr des communicants font dire n'importe quoi à n'importe quels chiffres. Pour autant les comptages publics documentés avec la méthodologie ne sont pas faux et précisent bien leurs limites.

Les comptages publics fait par des statisticiens en effet.

Les comptages publics fait par les ronds-de-cuir du ministère, non, c'est de la propagande.

  • Yea 2
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4 minutes ago, h16 said:

 

1. Si elle meurt 1 mois après sa grippe (plus de virus du tout) parce qu'elle a traîné une bronchite à sa suite, est-ce une surmortalité liée à la grippe ou une mort de bronchite ? 

 

 

2. L'objection, c'est qu'on assiste à l'opération inverse pour covid : oh bah comme ils ont des comorbidités, d't'façon ils seraient morts donc c'est pas covid, hein, c'est l'âge/l'obésité/la déficience rénale/etc.

1. Ben je ne vois pas le soucis de le compter comme mort d'une bronchite dans les stat' officielle et aussi de la surmortalité liée à la grippe ?

 

2. Oui, je suis bien d'accord. Même ici on lisait "de toutes façons ce sont des vieux qui allaient mourir sous peu"...

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il y a 28 minutes, RaHaN a dit :

Ça me fait de loin penser aux chiffres de la Sécurité Routière où par défaut la case vitesse est cochée pour les accidents

Intéressant, tu as une source ? Comment on décoche la case ?

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il y a 36 minutes, Rincevent a dit :

Intéressant, tu as une source ?

Tout droit sorti de mon chapeau apparemment. Je pensais que ça venait d'ici, ça fait une heure que je creuse sans remettre la main sur quoi que ce soit.

Mea culpta pour le moment ?

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Il y a 6 heures, Mathieu_D a dit :

1. Ben je ne vois pas le soucis de le compter comme mort d'une bronchite dans les stat' officielle et aussi de la surmortalité liée à la grippe ?

J'ai dit 1 mois, ça peut être 2 ou 3 ou 4. 

C'est quoi la limite ?

 

Pareil qu'avec les accidents de la route : la manip est peu connue, mais on a changé la définition d'un mort sur la route dans les années 2000. Avant, si la personne était à l'hôpital et y décédait jusqu'à deux semaines plus tard, il était compté dans les morts de la route ; après, il faut qu'il meurt dans les 3 jours (ou 2, je ne sais plus) et s'il est en vie après cette période, c'est juste un blessé (et s'il canne au bout de deux semaines, pouf, on s'en fiche, c'est pas un accident de la route). 

 

C'est évidemment arbitraire mais on comprend bien que cette largesse est extrêmement pratique pour (au choix) gonfler ou réduire un chiffre. Un mois après la grippe, il n'y a plus de virus dans le sang ; si la personne meurt d'une bronchite, la grippe a certainement aidé, mais est-elle LE facteur principal ? C'est ouvert au débat. 

 

Si on dit oui, alors les COVID vont exploser les stats comme jamais. 

Si on dit non, alors les chiffres de mortalité par grippe sont de quelques centaines par an en France. 

  • Yea 3
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Les stats sont bornées par les dates approximatives de l'épidémie de grippe donc a priori un décès 2 mois après l'infection est hors scope.

 

Sinon sur la surmortalité statistique liée au Covid ça s'annonce difficile (ou folklorique ?) vu que les premiers chiffres nationaux montrent une sous mortalité globale, vraisemblablement due au confinement.

M'enfin on arrivera à dépatouiller les grandes tendances en analysant finement les causes de décès le moment venu.

 

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Il y a 15 heures, Mathieu_D a dit :

Sinon sur la surmortalité statistique liée au Covid ça s'annonce difficile (ou folklorique ?) vu que les premiers chiffres nationaux montrent une sous mortalité globale

Les chiffres actuels officiels s'arrêtent au 16.03 ce qui veut dire qu'il n'y aura statistiquement rien concernant covid.

Et je note qu'au 03.04, l'INSEE n'a semble-t-il absolument pas sorti la moindre mise à jour :( 

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30 minutes ago, h16 said:

Les chiffres actuels officiels s'arrêtent au 16.03 ce qui veut dire qu'il n'y aura statistiquement rien concernant covid.

Et je note qu'au 03.04, l'INSEE n'a semble-t-il absolument pas sorti la moindre mise à jour :( 

Ha si ici https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-2-avril-2020

 

Il n'y a plus de sous mortalité constatée hélas.

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