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La méfiance envers la recherche universitaire


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Le 23/04/2020 à 19:48, fm06 a dit :

Intéressante question.  La méfiance envers la recherche universitaire est un avatar de la méfiance envers les institutions en général.  David Zaruk (alias le Risk-Monger) a pas mal écrit sur ce sujet:

https://risk-monger.com/2017/12/11/evolutions-in-trust-part-1-blockchain-trust/ Pour résumer (en vraiment très très court): nous faisons de moins en moins confiance envers les institutions et de plus en plus confiance aux gens qui nous sont proches ou qui nous ressemblent. 

 

Les chercheurs (universitaires ou pas) sont très éloignés du pékin moyen.  La communication entre les chercheurs et le public est très difficile.  Du coup la méfiance s'installe assez naturellement.

 

Il y a plein d'autres choses dans les articles de David Zaruk.  Cela vaut le coup d'être lu.

 

C'est un des avatars de la crise de l'autorité en Occident, pour reprendre les expressions qu'on utilisait il y a 50/70 ans.

 

Pour les sciences, ça me parait assez lié au fait qu'elles soient avant tout devenues une "méthode". On le voit à longueur de temps sur la page précédente ; la plupart des gens ne pensent à la science que comme une "méthode".

 

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La méthode (ou la démarche si tu préfères) est et a toujours été une caractéristique forte d'une science. La science n'est rien "devenue" du tout.

 

Elle n'est certainement pas une autorité ou une institution.

Et je pense que c'est au contraire cette tendance à vouloir considérer la science comme une autorité ("c'est comme ça parce que la science le dit, et la ferme arête de discuter", une des attitudes les plus anti-scientifiques qui soit) qui fait que les gens ne font plus confiance à la "science". Après tout, si c'est une autorité:

- elle n'est de toute évidence pas infaillible

- d'autres autorités existent

Alors pourquoi faire confiance à celle-ci et pas à une autre (qui nous dis sans doute des choses qu'on a un peu plus envie d'entendre)?

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J'ai fait deux remarques d'ordre assez différent.

 

La méfiance envers l'Université est un des avatars de la disparition de "l'autorité" (mais c'est quelque chose qu'aujourd'hui, on n'arrive même plus vraiment à se représenter / d'ailleurs tu confonds immédiatement autorité et autoritarisme). Je ne suis pas réactionnaire et n'en déplore pas forcément les effets, mais il y a bien quelque chose qui se passe quand les professeurs abandonnent le costume trois-pièces. La méfiance envers les institutions, et en particulier envers les institutions scientifiques, est la déclinaison de leur perte d'autorité.

 

Quant à la science, la méthode en est une caractéristique (les méthodes d'ailleurs), mais son objet central reste, de façon tautologique, la connaissance. Penser qu'il n'y a qu'une méthode scientifique, et que la science c'est "la méthode" qui permet d'accéder à la vérité, c'est très limité. Et ça donne les conneries zététiciennes.

La méthode n'est qu'un aspect d'une science. La première chose qui définit une science est son objet. Si on te dit "j'étudie les structures géométriques des molécules", tu sais qu'on parle d'un chimiste. Si on te dit : "je vérifie la validité d'hypothèses", si ça se trouve, tu parles à un auditeur financier.

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1 hour ago, Bézoukhov said:

La méfiance envers l'Université est un des avatars de la disparition de "l'autorité" (mais c'est quelque chose qu'aujourd'hui, on n'arrive même plus vraiment à se représenter / d'ailleurs tu confonds immédiatement autorité et autoritarisme). Je ne suis pas réactionnaire et n'en déplore pas forcément les effets, mais il y a bien quelque chose qui se passe quand les professeurs abandonnent le costume trois-pièces. La méfiance envers les institutions, et en particulier envers les institutions scientifiques, est la déclinaison de leur perte d'autorité.

Entièrement d'accord avec ça. L'université est une autorité, et elle perd de l'influence.

Pour l'autoritarisme, je force le trait, mais le fait est qu'une part importante du début public pousse à l'intolérance envers une opinion contraire à la "science". C'est à dire qu'on doit croire la "science" sur parole ou être qualifié de semi-débile (qui vote probablement pour Trump). Ce mouvement croit parallèlement au rejet pur et simple de la science, et je ne crois pas que ça soit un hasard. Ce sont deux faces d'une même pièce qui considère au mieux que la connaissance est révélée par les élus, au pire qu'elle est subjective.

 

 

1 hour ago, Bézoukhov said:

Quant à la science, la méthode en est une caractéristique (les méthodes d'ailleurs), mais son objet central reste, de façon tautologique, la connaissance. Penser qu'il n'y a qu'une méthode scientifique, et que la science c'est "la méthode" qui permet d'accéder à la vérité, c'est très limité. Et ça donne les conneries zététiciennes.

La méthode n'est qu'un aspect d'une science. La première chose qui définit une science est son objet. Si on te dit "j'étudie les structures géométriques des molécules", tu sais qu'on parle d'un chimiste. Si on te dit : "je vérifie la validité d'hypothèses", si ça se trouve, tu parles à un auditeur financier.

Là je ne vois pas trop le rapport. Le fait que la science ait un objet ne fait pas d'elle une autorité.

 

On ne peut pas non plus séparer la connaissance elle-même de la méthode qui a permit d'atteindre cette connaissance.

Au risque de continuer dans les tautologies, une connaissance acquise sans méthode scientifique (révélée façon religion, empirique, inventé, ...) ne fait pas partie de la science.

Donc la science comprise comme l'ensemble des connaissance acquises sur un sujet se reconnaît bien à sa méthode.

 

Savoir de qui elle vient, si elle fait consensus, si elle est défendue par des joli papiers formatés avec latex etc ne sont pas des critères pertinents (même s'ils permettent une approximation rapide), mais beaucoup de gens confondent ça avec la science, parce qu'ils sont à la recherche d'une autorité, que la science elle-même ne peut pas être, étant un concept beaucoup trop abstrait pour ça.

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il y a une heure, Jensen a dit :

Là je ne vois pas trop le rapport. Le fait que la science ait un objet ne fait pas d'elle une autorité.

 

Il y a 2 heures, Bézoukhov a dit :

J'ai fait deux remarques d'ordre assez différent.

 

;)

 

il y a une heure, Jensen a dit :

Entièrement d'accord avec ça. L'université est une autorité, et elle perd de l'influence.

Pour l'autoritarisme, je force le trait, mais le fait est qu'une part importante du début public pousse à l'intolérance envers une opinion contraire à la "science". C'est à dire qu'on doit croire la "science" sur parole ou être qualifié de semi-débile (qui vote probablement pour Trump). Ce mouvement croit parallèlement au rejet pur et simple de la science, et je ne crois pas que ça soit un hasard. Ce sont deux faces d'une même pièce qui considère au mieux que la connaissance est révélée par les élus, au pire qu'elle est subjective.

 

Je suis moins dans les aspects conjoncturels de ce qui se passe aujourd'hui que la description de mouvements d'assez long terme. Justement parce que l'autorité est perdue, l'autoritarisme s'exprime plus franchement (et j'ai vu des membres du GIEC en conférence).

 

Il y a 9 heures, Jensen a dit :

empirique

 

Mmmmh. Si l'empirisme n'est plus un moyen d'accéder à une connaissance scientifique, on n'est pas dans la merde.

La première question qu'on se pose ne doit pas être "Comment savoir ?", c'est à dire la méthode, mais déjà "Que puis-je savoir ?". C'est pour ça que l'objet d'une science est important. Fondamentalement, tu peux modifier la méthode d'une science (ça se voit souvent en sciences sociales), sans en modifier fondamentalement la nature, parce que son objet est resté stable.

La méthode n'est pas totalement séparable de la science, mais ma critique initiale se rapportait plutôt au fait que la "méthode" était devenue dans l'opinion commune, le concept même de science, alors qu'il y a autre chose (sinon, Descartes aurait tué le game il y a quatre siècles).

 

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La "science" n'est pas un phénomène éthéré détaché du reste de la société, c'est aussi une communauté d'individus, qui vit au milieu d'une communauté plus large traversée de croyances, de préjugés et de d'intérêts. Certains de ses secteurs sont plus perméables que d'autres à l'air du temps comme aux entreprises militantes (en particulier les sciences humaines, mais pas que... Il suffit de voir les assauts continuent que subissent la bio aux USA pour la plier aux canons des idéologues du genre). Comme l'avait déjà remarqué Kuhn, la communauté scientifique contemporaine sécrète sa propre idéologie (en gros le culte d'une méthode scientifique orientée vers le progrès cumulatif des connaissances) en ignorant l'histoire de sa propre constitution (ignorance qui d'ailleurs ama est nécessaire à son fonctionnement : on ne fait pas de la recherche, en particulier en sciences dures, en regardant constamment dans le rétroviseur) et donc des rapports de force non-scientifiques qui rendent son existence possible.

  • Yea 2
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