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Les aspects de la liberté


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Je cherche à faire une liste de ce que j'appelle "les aspects de la liberté". Lors de quelques discussions, je me disais que les différences idéologiques au sein du libéralisme étaient dues à des préférences profondes pour certains aspects de la liberté plutôt que d'autres.

 

J'en définissais plus ou moins trois. Il correspondent chacun à une sorte de sous-produit conceptuel d'un libéralisme utopique.

  • L'émancipation ;
  • L'indépendance ;
  • La libertas qui correspond plus ou moins à la liberté politique des anciens.

 

Fondamentalement, si dans l'utopie ils cohabitent tous, dans la réalité politique, ils peut y avoir une confrontation entre ces différents aspects de la liberté. Les préférences personnelles quant à leur ordre créant alors les différentes tendances du mouvement.

 

Ca m'étonnerait fort que jamais personne n'ait écrit là-dessus depuis 2000 ans, mais rien ne me vient en tête.

  • Yea 3
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il y a une heure, Bézoukhov a dit :

Je cherche à faire une liste de ce que j'appelle "les aspects de la liberté". Lors de quelques discussions, je me disais que les différences idéologiques au sein du libéralisme étaient dues à des préférences profondes pour certains aspects de la liberté plutôt que d'autres.

 

J'en définissais plus ou moins trois. Il correspondent chacun à une sorte de sous-produit conceptuel d'un libéralisme utopique.

  • L'émancipation ;
  • L'indépendance ;
  • La libertas qui correspond plus ou moins à la liberté politique des anciens.

 

Fondamentalement, si dans l'utopie ils cohabitent tous, dans la réalité politique, ils peut y avoir une confrontation entre ces différents aspects de la liberté. Les préférences personnelles quant à leur ordre créant alors les différentes tendances du mouvement.

 

Ca m'étonnerait fort que jamais personne n'ait écrit là-dessus depuis 2000 ans, mais rien ne me vient en tête.

Pour moi il y avait la confrontation liberté aristocratique vs liberté démocratique : la liberté est-elle née, comme le dit par exemple de Jouvenel, dans les luttes des grands féodaux contre leur souverain, et de leurs droits particuliers (privilèges) qui sont un embryon de droits individuels, ou alors est-elle née plus généralement de la coalition d'intérêts particuliers (bourgeois des cités libres/républiques, paysan aisé/gentry) contre un certain pouvoir tyrannique (l'église, le roi, le baron...) qui amena des chartes/garanties/traditions et coutumes défendant le droits des individus. 

Dans la première conception, la liberté est l'apanage d'une minorité de gentilshommes parfaits/honnêtes hommes qui sont suffisamment éduqués, indépendants pour se défendre de la contrainte d'autrui (ou qui du moins disposent d'un certain pouvoir de dissuasion).  Cette minorité peut être ouverte ou non, et les effets bénéfices qu'ils retirent de leur liberté peuvent aussi bénéficier par les autres individus, qui peuvent être considérés comme plus ou moins libres ou sujets (Jouvenel parle de "demi-libres"). On peut nuancer cette position en disant, par exemple comme la Boétie, que tous les hommes naissant avec des graines de liberté, mais que seulement une poignée, par des efforts soutenus, de l'éducation/culture ou autre conditions de ce type devient pleinement libre.

Dans la seconde, on considère que la totalité ou la grande majorité des hommes sont libres (sans doute ne l'étaient ils pas dans les époques antérieurs, mais que la liberté s'est "démocratisée"), en tant qu'humains ? que citoyens ? chrétiens ou autre propriété universalisable. Il y a donc moins de conditions pour être considéré comme libre, il suffit simplement s'opposer à la contrainte d'autrui. certes, certains résistent effectivement davantage que d'autre, mais chacun disposent du droit de résister (en vertu de son droit naturel) au nom de sa liberté.

Je ne sais pas vraiment si c'est une vraie opposition, car les deux n'excluent véritablement personne (car même dans la première chacun peut théoriquement devenir libre), la première conception  étant plutôt positive et l'autre plutôt négative, ou disons que la première est une condition forte et l'autre une condition faible.

Sinon qu'entends tu par indépendance ? Le fait de disposer de suffisamment de ressources ou d'amis pour ne pas dépendre d'autrui (dans une certaine mesure)? Ou alors de disposer d'une certaine culture/doute/esprit critique permettant de s'émanciper des préjugés, idées préconçues, bref des tuteurs dont parlaient Kant dans qu'est ce que les Lumières ? (et donc in fine de ne pas croire à la propagande du pouvoir).

Ensuite par libertas, parle t-on de participation (égale?) au processus de décision politique ou au fait de s'en extirper (d'y être le moins soumis possible)?

 

 

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il y a 9 minutes, Pelerin Dumont a dit :

Pour moi il y avait la confrontation liberté aristocratique vs liberté démocratique

 

Justement, en s'extrayant des considérations historiques, ces deux libertés, qui sont encore différentes de la conception de la liberté des anciens vs. modernes, peuvent se décrire avec les trois concepts ci-dessus :

  • Les deux libertés s'inscrivent dans une affirmation de la libertas, c'est-à-dire de la capacité qu'a un corps social à se constituer en corps politique. Plus que la liberté des anciens, c'est le plus petit dénominateur commun entre la liberté des anciens et la libertés des modernes. La libertas est sûrement un des aspects les plus compliqués à appréhender, parce qu'il est à la frontière du libéralisme. Par exemple, toute la réflexion sur le capital social et ses implications politiques me semble lié à cette idée, au sens où c'est elle qui affirme l'ambition politique du libéralisme. On peut parfaitement définir un libéralisme sans libertas : c'est l'anarcho-capitalisme, qui au fond rejette le besoin de la politique ;
  • La liberté aristocratique va plus s'appuyer sur la notion d'indépendance. Le noble ne dépend que de lui et de son épée ; c'est une liberté décentralisatrice ;
  • A l'opposé, la liberté démocratique va plus s'appuyer sur l'émancipation. C'est la liberté révolutionnaire qui s'attaque aux religions, aux corporations, et qui centralise.

Et en tout cas, pour moi, ces concepts ne s'opposent pas forcément. Parfois ils se contredisent, parfois ils se complémentent.

 

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