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Bureaucratie, management public, qualité des services publics


Largo Winch

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Il existe un fil sur les dépenses publiques qui traite surtout des questions du périmètre de l'Etat et des aspects budgétaires (nouvelles dépenses, déficits budgétaires, dettes publiques, etc.).

Il y a plusieurs fils qui traitent des sujets spécifiques des différentes fonctions publiques : école, hôpital et santé, etc.

 

Mais, sauf erreur de ma part, il n'y a pas de topic consacré au fonctionnement du secteur public, ce qui m'étonne. J'ouvre donc ce fil pour parler de ces thèmes : management public, bureaucratie, organisation des administrations (ou plutôt dysfonctionnements organisationnels), technocratie ("Etat profond"), gestion statutaire des fonctionnaires, relations élus-administrations, relations fonctionnaires-"administrés", notion de service public, efficacité de la fonction publique (ou plutôt inefficacité), satisfaction des "administrés" à l'égard des services publics (ou insatisfactions), etc.

 

--

 

J'ouvre le bal avec ce sondage Ifop du jour publié par le JDD https://www.lejdd.fr/Politique/sondage-6-francais-sur-10-jugent-les-services-publics-defaillants-4145577

 

6 Français sur 10 estiment que les services publics « fonctionnent mal ».

 

3956-sondage-services-publics-22h56_page

 

Quote

Les Français jugent sévèrement leurs services publics. Justice, santé, éducation, police... Selon notre sondage Ifop pour le JDD, 61 % d’entre eux affirment qu’ils fonctionnent, en général, mal. Certains sont particulièrement critiques : 18 % pensent qu’ils fonctionnent « très mal », quand seuls 3 % déclarent qu’ils fonctionnent « très bien ». Les fonctionnaires eux-mêmes ne sont pas indulgents. Pour 58 % d’entre eux, les services publics sont défaillants. (...)

Certains services publics obtiennent tout juste la moyenne. Ainsi, la Sécurité sociale, l’université et l’école récoltent respectivement 56, 53 et 52 % d’opinions favorables. Le jugement est plus sévère concernant la police (54 % d’opinions négatives) et Pôle emploi (64 %). Les deux cancres sont l’hôpital et la justice : malgré les récentes augmentations de budget, 73 et 77 % des Français estiment que ces services publics fonctionnent mal. Là encore, les fonctionnaires sont les plus durs : 81 % ont une image négative de l’hôpital. 

 

Tout juste la moyennne pour la SS, l'Université et l'école, alors qu'on continue dans les médias et chez les politiques de claironner sur le modèle social français...

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Il y a 3 heures, Largo Winch a dit :

gestion statutaire des fonctionnaires

 

Tiens, ça me fait penser à un vieux truc de Bénard où il expliquait que son corps d'origine (le truc d'ingénieurs des travaux public qu'il y a juste "en-dessous" des Ponts) avait été transformé d'un corps qui réalisait effectivement des TP à un corps qui créait des règlements pour ceux qui font les TP.

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il y a une heure, Bézoukhov a dit :

Tiens, ça me fait penser à un vieux truc de Bénard où il expliquait que son corps d'origine (le truc d'ingénieurs des travaux public qu'il y a juste "en-dessous" des Ponts) avait été transformé d'un corps qui réalisait effectivement des TP à un corps qui créait des règlements pour ceux qui font les TP.

Tiens, ça me fait penser à l'ONF qui a été transformé d'une entité qui réalisait effectivement du travail de terrain, à une entité dont les gugusses sous-traitent 100% du travail qu'ils planifient (plutôt mal).

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J'ai fréquenté la fonction publique d'Etat, l'hospitalière et la territoriale, plus toutes sortes d'établissements publics administratifs ou industriels et commerciaux.

 

Sans mystère, là où ça dysfonctionne moins, c'est là où il y a des situations de concurrence. Il y a beaucoup de mal à dire du logement social certes, mais de tous les machins publics que je connais, ce sont les offices HLM les plus opérationnels (en moyenne) parce qu'ils sont tous simplement confrontés à des situations de marchés et à l'obligation de dégager une marge pour investir et préparer l'avenir. Et les contrats de travail y sont majoritairement de droit privé.

 

En théorie, la réforme de la tarification à l'activité visait plus ou moins à produire quelque chose de similaire dans l'hospitalier, mais cela a globalement échoué. Pour moi, c'est fondamentalement lié au fait que produire un service comme le logement nécessite une consommation de facteurs de production assez homogène, même s'il y a différentes gammes et des disparités régionales (surtout liées au foncier). L'administration se contente en outre de fixer des plafonds pour les loyers, pas des tarifs. Alors que dans le secteur médical, l'échec de l'administration à fixer des tarifs qui ressembleraient même vaguement à l'ombre d'une approximation grossière de ce que pourrait être un prix de marché est absolument magistral. On est en plein dans l'impossibilité du calcul économique en économie socialiste.

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  • 1 month later...

Le service public à la Française : aujourd'hui la Poste !

 

Le timbre rouge qui assurait la livraison d'une lettre du jour au lendemain disparaitra le 1er janvier. Désormais il n'y aura plus que le timbre vert qui assurera une qualité de service PUBLIC de... 3 jours pour la livraison d'une lettre...

https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/la-poste/fin-du-timbre-rouge-on-vous-explique-l-usine-a-gaz-concoctee-par-la-poste-4128a60c-85e7-11ed-87e6-f8c7f0068918

 

Vous avez un courrier urgent ? Pas de problème : vous pourrez rédiger votre lettre en ligne et c'est le bureau de poste le plus proche du destinataire qui l'éditera et la distribuera dès le lendemain. La poste à deux doigts d'inventer l'email !

 

La différence entre la lettre postée et l'email ? C'est un préposé des PTT qui en parle le mieux :

 

Quote

« Et, pour les personnes à l’aise avec Internet, je ne vois pas vraiment la différence avec l’envoi d’un mail, sauf le prix (1,49 €) », indique un employé de La Poste.

 

 

C'est magnifique, c'est le service public : qui utilisait encore le courrier au lieu de l'email ? Les gens peu habiles avec l'internet. Désormais, il suffira pour ces gens de se connecter au service en ligne de la Poste pour envoyer leur courrier... :icon_ptdr:

 

Et concernant le caractère privé et le secret de la correspondance, pas de souci !

La Poste rappelle en effet que :

Quote

« les personnels travaillant dans l’entreprise doivent prêter serment à leur entrée en fonction ». Un serment professionnel, signé par l’agent, qui stipule que ce dernier s’engage notamment à « respecter scrupuleusement les informations concernant la vie privée dont il aurait connaissance dans l’exécution de son service ».


 

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  • 3 months later...

Pour contrer les dérives bureaucratiques de l'Etat, Pierre Rosenvalon explique dans cette courte vidéo qu'il ne suffit pas de donner la parole au peuple. Citant Bentham, il rappelle qu'il existe deux organes démocratiques : la voix et l'oeil.

 

Pour être un citoyen pleinement libre, c'est-à-dire non empêché dans ses actes par le carcan bureaucratique :

  • il faut non seulement avoir un droit à la parole, pour exprimer son opposition aux dérives bureaucratique, sous diverses formes : les contre-pouvoirs, les élections, le référendum, la représentation par des corps intermédiaires, les manifestations, les pétitions, etc.
  • mais il faut aussi avoir un droit de regard sur la chose publique, sur le fonctionnement de l'organisation bureaucratique ("avoir l'oeil ouvert sur les pouvoirs") : une véritable "transparence" nécessite de redonner aux individus un pouvoir de surveillance, de contrôle, d'enquête, etc.

Si on observe la séquence des derniers mois depuis la réélection de Macron, on a eu le droit à de nombreuses "prises de parole" : élection législatives, débats "bordélisés" à l'Assemblée, actions syndicales, manifs, contestations dans les réseaux sociaux, violences urbaines... mais ça ne produit aucun effet pour infléchir l'autoritarisme de l'extrême-centre macronien.

Amha, la seule chose utile qu'on a vue et qui a un peu fait bouger les lignes, il me semble, est la commission d'enquête parlementaire sur le nucléaire.

 

 

 

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Il y a 2 heures, Largo Winch a dit :

redonner aux individus un pouvoir de surveillance, de contrôle, d'enquête, etc.

 

Il existe. Le problème c'est que le mensonge assumé n'entraîne plus aucune sanction (je vous épargnerai les exemples). Ca ne sert à rien de pouvoir surveiller le pouvoir et le mettre devant ses manquements et contradictions si toutes vos remarques tombent, au mieux, dans l'oreille d'un sourd, et, au pire, vous valent d'être mis au ban de la société comme raciste / climatosceptique / antivax / complotiste ou que sais-je.

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14 hours ago, Bézoukhov said:

 

Le problème c'est que le mensonge assumé n'entraîne plus aucune sanction (je vous épargnerai les exemples).

+1.

Le "pourquoi" est d'ailleurs une question intéressante. Prenons l'exemple des messages whatsapp covid au RU : des gouvernements sont tombés pour moins que ça. Là, rien. Macron et McKinsay : il fut un temps où cela aurait fait un scandale. Là, rien.

 

Pourquoi les manquements politiques n'entrainent-ils plus de sanctions ? Changement de moeurs / morale ? Conséquence de l'Etat nounou ? Désintérêt de la chose politique ? Dilution de l'électorat / nouvelle sainte onction avec le suffrage universel ? Déconsidération du 4e pouvoir ? Questions farfelues peut être, mais la question du "pourquoi les gouvernements s'en tirent à bon compte malgré l'infornation de plus en plus accessible" me semble vraiment intéressante et essentielle.

  • Yea 1
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J'ai l'impression que cela a toujours existé des politiques qui se tirent des scandales sans aucun problèmes.

En France, la carrière politique d'un Balkany n'a jamais souffert de ses divers scandales.

 

Pour d'autres,  cela continue a casser des carrières (Fillon, Griveaux, je pense à vous).

 

Maintenant je pense que l'un des "problèmes" c'est qu'il y énormément de "scandales qui vont faire sauter la Vème république à plusieurs reprises".
J'en ai une tonne sur mon téléphone chaque jour depuis que j'ai twitter (et je ne twitte pas).

Et que l'immense majorité, se retrouvent être au mieux des pétards mouillés pour l'immense majorité des gens (Oui, le scandale J-M Trogneux est qualifié de complotiste, mais ce n'est pas pour ça que peu de gens le pensent).

L'avalanche des sources d'informations font qu'il y a des scandales pour tout ceux qui en veulent.

A un moment, quand tu es noyé sous les scandales, ben un de plus ou un de moins, bof.


Ce n'est pas la seule explication, mais cela en est une.

 

 

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17 hours ago, Bézoukhov said:

 

1. Il existe. Le problème c'est que le mensonge assumé n'entraîne plus aucune sanction (...).
2. Ca ne sert à rien (...) si toutes vos remarques tombent, au mieux, dans l'oreille d'un sourd

 

1. ... donc il n'existe pas.

2. ben oui, c'est justement le sens du propos de Rosenvalon : le droit à la parole ne sert à rien sans un véritable droit de regard (contrôle) car alors, comme tu le dis, les remarques tombent, au mieux, dans l'oreille d'un sourd.

 

 

 

Et sinon, moi, ce qui m'intéressait dans le propos de Rosenvalon, c'est de l'étendre à l'ensemble du corps de l'Etat, c'est-à-dire la bureaucratie (l'Etat-profond) et non pas uniquement vis-à-vis des élus.

Faire sauter un élu suite à un scandale, ça ne change rien du fonctionnement de l'Etat (et c'est la voie du droit à la parole et non celle du droit de regard).

 

Ca fait plus de 30 ans que je bosse dans l'une des plus grosses bureaucraties françaises, et j'en ai vu passer des ministres, de toutes tendances, gauche, droite, centre, il y a même eu de grandes décisions politiques, aucune n'a eu de réels effets sur le fonctionnement de l'administration. Ce n'est pas l'élu qui décide du fonctionnement de l'Etat, ce sont les bureaucrates.

De même, ce n'est pas Véran qui a confiné la France. Ce sont les bureaucrates de l'AP-HP.

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il y a 11 minutes, Largo Winch a dit :

 

... donc il n'existe pas.

 

Le propos est surtout que le blocage intervient surtout au moment où il faut communiquer. Et que ce n'est pas un blocage légal, mais un blocage social qu'on a du mal à définir.

 

Il y a 1 heure, Marlenus a dit :

J'ai l'impression que cela a toujours existé des politiques qui se tirent des scandales sans aucun problèmes.

En France, la carrière politique d'un Balkany n'a jamais souffert de ses divers scandales.

 

Tu confonds scandale et mensonge.

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Tous les commentaires critiques sur la démocratie française que j'entends actuellement dans les médias vont dans le même sens : il y aurait une déconnexion des élus vis-à-vis des préoccupations des citoyens. Il faudrait donc "redonner" la parole au Peuple.

J'ai plutôt le sentiment inverse : ce sont les citoyens qui sont totalement déconnectés de la façon dont l'Etat les "administre".  

  • Yea 3
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@Largo Winch : tu mets le doigt sur quel chose : l'usager idéal pour la bureaucratie, c'est l'individu dépolitisé (qui ne sait pas comment il est gouverné mais obtempère) et dysfonctionnel (qui a besoin de la 'tutelle bienveillante' des différentes bureaucraties pour vivre et se comporter). 

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il y a une heure, Largo Winch a dit :

Tous les commentaires critiques sur la démocratie française que j'entends actuellement dans les médias vont dans le même sens : il y aurait une déconnexion des élus vis-à-vis des préoccupations des citoyens. Il faudrait donc "redonner" la parole au Peuple.

J'ai plutôt le sentiment inverse : ce sont les citoyens qui sont totalement déconnnectés de la façon dont l'Etat les "administre".  

De toute façon en ce moment tu peux parier facilement à 80/20 sur le fait que toute analyse de 'bon sens' est en fait renversée, la solution est exactement à l'inverse de la proposition.  Je vois pourquoi ca s'appliquerait pas sur cet exemple.

 

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Il y a 2 heures, Largo Winch a dit :

Ce n'est pas l'élu qui décide du fonctionnement de l'Etat, ce sont les bureaucrates.

Oui. En comparaison, le spoil system a bien des défauts, mais au moins il n'a pas celui-ci.

 

Il y a 2 heures, Largo Winch a dit :

De même, ce n'est pas Véran qui a confiné la France. Ce sont les bureaucrates de l'AP-HP.

Des ARS.

 

il y a une heure, F. mas a dit :

@Largo Winch : tu mets le doigt sur quel chose : l'usager idéal pour la bureaucratie, c'est l'individu dépolitisé (qui ne sait pas comment il est gouverné mais obtempère) et dysfonctionnel (qui a besoin de la 'tutelle bienveillante' des différentes bureaucraties pour vivre et se comporter). 

Et de fait, le Français moyen, même râleur, se rapproche de plus en plus de cet idéal-type. J'en parlais pas plus tard que ce midi avec une collègue (locale), qui m'a spontanément demandé pourquoi les Français ne cherchaient pas à devenir davantage indépendants de leurs administrations.

  • Yea 1
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2 hours ago, F. mas said:

@Largo Winch : tu mets le doigt sur quel chose : l'usager idéal pour la bureaucratie, c'est l'individu dépolitisé (qui ne sait pas comment il est gouverné mais obtempère) et dysfonctionnel (qui a besoin de la 'tutelle bienveillante' des différentes bureaucraties pour vivre et se comporter). 

Plutôt que "dépolitisé" je dirais "distrait", c'est à dire dont l'attention se porte ailleurs que sur les questions qui lui feraient remettre en cause la bureaucratie. L'individu moyen est (ou du moins se voit comme) très politisé avec des opinions à revendre sur tout et n'importe quoi. Mais dans un cas comme le covid on se retrouve dans la situation étrange où tous les "rebelles libre penseurs zététiciens débunkers" autoproclamés pensent de la même manière (i.e. ce que fait la bureaucratie est bon et nécessaire) et attaquent en meute les récalcitrants. Bref des rebelles contre les ennemis du régime. Pratique.

  • Yea 2
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Pour le COVID, je pense que ce qui était suivit c'était plutôt l'avis du conseil scientifique.

 

Si la population a suivit l'avis des bureaucrates c'est qu'ils pouvaient se cacher derrière ce conseil scientifique.

 

Sauf que ce conseil scientifique, à part que Raoult s'en soit cassé, personne ne le connaissait.

C'était juste un titre auquel les gens ont fait confiance.

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2 hours ago, Rincevent said:

Et de fait, le Français moyen, même râleur, se rapproche de plus en plus de cet idéal-type. 

 

Je dirais même – et j'insiste –  que c'est justement parce que l'Etat lui donne l'occasion de râler qu'il devient de plus en plus hétéronome.

 

Ça semble paradoxal mais c'est bien documenté en théorie des organisations depuis les travaux fondateurs de K. Lewin dans les années 1940 : rien de telle qu'une bonne vieille technique de management participatif dévoyé pour manipuler les gens et leur faire faire des choses qu’ils n’auraient pas faites spontanément. C’est dans tous les bons manuels de conduite du changement : vous voulez déployer une réorganisation et vous sentez qu’il y aura de la résistance au changement chez vos employés ? Réunissez-les en petits « cercles de réflexions » et organisez des débats entre eux sur des sujets mineurs de la réforme, et vous les transformerez en zélés laudateurs du changement.

 

Sans aller jusque-là, il suffit de donner au Français moyen l’occasion de ronchonner pour qu’il avale bien mieux la pilule. En France, il y a tout un storytelling romantique autour de l’idée révolutionnaire. Le Français de base s’imagine grand rebelle alors qu’il n’est qu’un sale gosse qui chiale quand ses parents le disputent parce qu’il a chipé des bonbons en cachette mais qui, finalement, est rassuré d’être grondé par Papa et cocooné par Maman.

 

Ça me rappelle une bonne blague des Guignols de l’Info du temps de Balladur qui avait lancé une grande consultation nationale alors qu’il était contesté sur sa réforme du Contrat d’insertion professionnelle. Balladur, façon Marie-Antoinette, observe du haut de sa fenêtre ministérielle les nombreux jeunes qui manifestent dans la rue. « Monsieur Balladur, la jeunesse réclame des réponses ! » Réponse de Balladur : « Très bien, envoyez-leur des questions ! »

  • Yea 4
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il y a 28 minutes, Largo Winch a dit :

Je dirais même – et j'insiste –  que c'est justement parce que l'Etat lui donne l'occasion de râler qu'il devient de plus en plus hétéronome.

 

Ça semble paradoxal mais c'est bien documenté en théorie des organisations depuis les travaux fondateurs de K. Lewin dans les années 1940 : rien de telle qu'une bonne vieille technique de management participatif dévoyé pour manipuler les gens et leur faire faire des choses qu’ils n’auraient pas faites spontanément. C’est dans tous les bons manuels de conduite du changement : vous voulez déployer une réorganisation et vous sentez qu’il y aura de la résistance au changement chez vos employés ? Réunissez-les en petits « cercles de réflexions » et organisez des débats entre eux sur des sujets mineurs de la réforme, et vous les transformerez en zélés laudateurs du changement.

Ce n'est en rien paradoxal, c'est un effet connu. De même que l'on pourrait documenter le rôle de "soupape" des humoristes toujours plus nombreux (et médiocres, et peu incisifs).

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1 hour ago, Lancelot said:

Plutôt que "dépolitisé" je dirais "distrait", c'est à dire dont l'attention se porte ailleurs que sur les questions qui lui feraient remettre en cause la bureaucratie. L'individu moyen est (ou du moins se voit comme) très politisé avec des opinions à revendre sur tout et n'importe quoi. Mais dans un cas comme le covid on se retrouve dans la situation étrange où tous les "rebelles libre penseurs zététiciens débunkers" autoproclamés pensent de la même manière (i.e. ce que fait la bureaucratie est bon et nécessaire) et attaquent en meute les récalcitrants. Bref des rebelles contre les ennemis du régime. Pratique.

 

Je vais ajouter une nuance dans mon propos (mais pas en opposition à ce que tu dis) : apolitique ou politique réduite au bavardage (sur les réseaux sociaux, avec son voisin ou avec son oncle à Noel) : ce qui est incompatible avec la bureaucratie, ce sont les pratiques politiques qui demandent un engagement (associatif, parti, etc). C'est à dire à la fois les opinions susceptibles de la remettre à sa place, mais aussi les instances (institutions engagements) qui osent empiéter sur des prérogatives qu'elle s'estime être la seule à pouvoir incarner. Très concrètement, son pouvoir est d'autant plus fort que les partis se sont effondrés, que les associations civiques sont atones ou sous tutelles (subventionnées) et l'engagement civique réduit à rien.

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Il y a 6 heures, Largo Winch a dit :

 

Faire sauter un élu suite à un scandale, ça ne change rien du fonctionnement de l'Etat (et c'est la voie du droit à la parole et non celle du droit de regard).

 

J'ai l'impression que tu as édité en même temps que j'ecrivais, donc je n'ai pas vu tout ton message :).

 

La question que je pose en sous-jacent est : qu'est-ce-qui ne fonctionne pas dans le droit de regard aujourd'hui ?

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  • 2 weeks later...
Le 03/04/2023 à 19:30, Largo Winch a dit :

Ça semble paradoxal mais c'est bien documenté en théorie des organisations depuis les travaux fondateurs de K. Lewin dans les années 1940 : rien de telle qu'une bonne vieille technique de management participatif dévoyé pour manipuler les gens et leur faire faire des choses qu’ils n’auraient pas faites spontanément. C’est dans tous les bons manuels de conduite du changement : vous voulez déployer une réorganisation et vous sentez qu’il y aura de la résistance au changement chez vos employés ? Réunissez-les en petits « cercles de réflexions » et organisez des débats entre eux sur des sujets mineurs de la réforme, et vous les transformerez en zélés laudateurs du changement.

 

 

La question importante c'est de savoir si cet outil est utilisé consciemment et sciemment par les politiques, et les preuves que l'on peut en avoir. 

Si c'est le cas, ça pourrait aussi peut être expliquer une forme d'agressivité et rejet de l'autorité politique liée au sentiment diffus de se faire berner et manipuler...

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Le 03/04/2023 à 19:02, Marlenus a dit :

Pour le COVID, je pense que ce qui était suivit c'était plutôt l'avis du conseil scientifique.

 

Si la population a suivit l'avis des bureaucrates c'est qu'ils pouvaient se cacher derrière ce conseil scientifique.

 

Sauf que ce conseil scientifique, à part que Raoult s'en soit cassé, personne ne le connaissait.

C'était juste un titre auquel les gens ont fait confiance.

 

C'est tout de même quelque chose d'assez unique cette irruption de la science dans la décision politique, a t on des précédents ?

Lorsqu'on voir à quel point les décisions politiques en France peuvent être stupides et infondées...ça parait tout de même étonnant que l'on puisse avaler le morceau de la science sans broncher.

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  • 2 weeks later...

Le service public à la française :

 

Envoi d'un colis de 250 gr du Royaume-Uni à la France : 5,83 € (5,15 GBP)

Envoi d'un colis de 250 gr de la France au Royaume-Uni : 16,45 € (pas de colis "classique" apparemment, il faut passer par Colissimo)

 

La Poste va évidemment prétendre que c'est dû au Brexit, mais le même colis pour l'Allemagne coûte encore 13,45 €.

  • Sad 1
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  • 4 weeks later...

Je viens de lire l'article de Contrepoints de Pascal Avot sur Lisnard, qui est davantage un article sur la bureaucratie française et la difficulté à la combattre (voire l'impossibilité) https://www.contrepoints.org/2023/05/20/456881-face-au-goliath-bureaucratique-lisnard-est-il-david

 

Je trouve excellente la façon dont il décrit la bureaucratie, avec son style inimitable

 

Quote

 La bureaucratie n’est pas un concept : ce sont des millions de bureaucrates de chair et d’os. Égoïstes, stupides, acharnés, vissés à leurs prébendes comme les vautours au cadavre. Jusqu’à preuve du contraire, ils sont bien plus puissants que n’importe quel président de la République. Ils n’ont peur de personne. Ils règnent sur la France. Glorieux et misérables, ils sont le parti unique et invisible, l’indéboulonnable gestionnaire du réel hexagonal. Ils sont un dieu jaloux.

Cette myriade de serial profiteurs se divise en deux camps. Les technocrates, qui forment le dessus de la pyramide maudite. Et les fonctionnaires de base, la multitude râleuse. Ces deux camps n’ont rien en commun, sinon un réflexe : tout ce qui remet en cause leurs privilèges, ne serait-ce qu’au détour d’un vague élément de langage, doit être pulvérisé. Par le haut, via le blocage institutionnel. Et par le bas, grâce à la manifestation, la grève, la casse et l’accusation de fascisme.

Au sommet, les énarques et les technocrates, snipers experts en assassinats en douceur ; en contrebas, les cégétistes et les black blocs, brandissant les cocktails Molotov. Allez donc affronter ces deux armées à la fois ! Jamais personne ne s’y est essayé. Vous ne tiendrez pas deux semaines ! Car réformer les retraites, c’est bien joli, mais être pris en tenaille par les colères conjuguées des secrétaires d’État en leurs palais et des clochards trotskistes dans la rue, quand ils se donneront pour objectif de sauver la bureaucratie, sera un toute autre défi. Et sur ce point, disons-le, Lisnard fait encore preuve de faiblesse.

 

En effet, s’il ose, sans complexe aucun, montrer du doigt la terreur bureaucratique, il se garde bien de provoquer l’ire de ceux qui la font régner. Il écrit « la bureaucratie » comme s’il s’agissait d’un ectoplasme abstrait sans fond ni forme, que l’on pourrait éliminer comme on verrouille une porte. C’est un peu court, jeune homme. Une fois installé dans votre fauteuil élyséen, vous ne serez plus confronté à une idée, mais à des gens.

Nommer la bureaucratie peut constituer une logique électorale performante, puisque les bureaucrates ne sont pas majoritaires dans le pays, très loin s’en faut. Mais quand il s’agira de réduire le nombre de fonctionnaires dispensables, de lois injustes, de règlements absurdes, d’impôts toxiques, de taxes empoisonnées, vous n’aurez plus à convaincre des électeurs, mais à vaincre des parasites, et vous découvrirez que chacun d’entre eux est extrêmement influent dans le domaine que lui a alloué l’État.

À chaque instant, ils vous diront « Non ! » et ils auront le droit de le faire. Alors, peu importera qu’ils soient de droite, de gauche ou apolitiques : ils seront disposés à nécroser votre action, à l’incendier votre belle volonté, pour vous empêcher de réduire leurs 95 %, ne serait-ce que d’un pour cent. Comment comptez-vous vous y prendre ? Quelle feuille de route avez-vous à nous proposer ? C’est à cet endroit du champ de bataille que vous attend le libéralisme. Et il a tout lieu d’être inquiet. Vous êtes séduisant, vous êtes convaincant, vous êtes crédible, mais nous attendons de savoir avec quelle fronde, avec quelle pierre, vous allez bien pouvoir assommer le géant.

(...)
 

S’il veut aller au bout de sa démarche antibureaucratique, Lisnard doit savoir que l’adversaire l’attend de pied ferme. La bureaucratie française a le poids, la densité, l’ossature et la musculature de Mike Tyson. Quand on la menace, elle est championne du monde de l’immobilité dans les cordes et elle frappe comme un sourd. Ceux qui croient qu’il nous faudrait un Trump se leurrent. Goliath n’aurait fait qu’une bouchée des rodomontades de Donald.

« Goliath dit à David : Viens vers moi, que je te donne en pâture aux oiseaux du ciel et aux bêtes sauvages ! » Premier Livre de Samuel, chapitre 17.

 

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