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Bureaucratie, management public, qualité des services publics


Largo Winch

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Perso j'ai du mal avec le fait de mettre tout ceux que l'on aime pas dans le moule des bureaucrates.

 

Je ne vois pas en quoi les black block sont des bureaucrates.

 

Je trouve que cela affaiblit le discours.

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"Lutte contre la fraude sociale : le gouvernement dévoile son plan
[...]
le gouvernement réfléchit à une fusion entre la carte Vitale et la carte d'identité afin de lutter contre les fraudes aux prestations de santé. "

 

Epic fail à l'horizon.

 

https://www.cnews.fr/france/2023-05-30/lutte-contre-la-fraude-sociale-le-gouvernement-devoile-son-plan-1359919

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1 hour ago, PABerryer said:

projet SAFARI

TIL, merci.

 

Quote

un article du journal Le Monde titré « SAFARI ou la chasse aux Français » dénonce le caractère liberticide de l’opération1. Malgré les dénégations de l’Insee, le Premier ministre de l’époque, Pierre Messmer, stoppe le projet et instaure une « Commission Informatique et Libertés »2.

https://journals.openedition.org/terminal/8787

 

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  • 4 weeks later...
14 hours ago, Lameador said:

Le ministre de l'EN est probablement le deuxième personnage public français le plus puissant, tant il dispose, sur un périmètre crucial, d'une immense autonomie de décision couplée à 'une vaste liberté d'action avec paradoxalement assez peu de comptes à rendre.

 

Je suis toujours étonné de voir autant de libéraux méconnaitre le phénomène bureaucratique. 

 

Beaucoup s'imaginent que la bureaucratie n'est qu'un souci de trop-plein de règles qui peut être aisément résolu par le gouvernement et les parlementaires : par le vote de lois de "simplification".

Il suffirait donc de nommer des ministres "courageux", intelligents et/ou non endoctrinés. Ou il suffirait de se faire élire sur un beau programme de simplification pour réformer l'administration. C'était le programme naïf de Gaspard Koenig à la dernière présidentielle, fondée sur une vision simpliste et erronée de la bureaucratie. David Lisnard fait de même.

 

La bureaucratie n'est pas qu'un problème de réglementations. C'est avant tout un phénomène organisationnel qui conduit à un trop-plein de règles.

Michel Crozier a très bien décrit les mécanismes à l'œuvre dans Le phénomène bureaucratique ou L'acteur et le système.

 

Il est naïf de croire que le ministre de l'EN est le deuxième personnage public français le plus puissant.

 

Par exemple :

  • Il est naïf de croire que la dernière réforme du bac a été souhaitée et imaginée par le ministre. Blanquer s'est contenté de passer les plats de la réforme qui a été décidée, pensée et construite par des technocrates bien avant son arrivée au ministère.
  • Il est naïf de croire que cette absurdité bureaucratique qu'est Parcoursup a été imaginée par le ministre. Ce système centralisé de candidatures n'est que le produit de groupes technocratiques (ceux qui pilotent le système d'information, les pédagogistes du ministères, les recteurs...) qui ont vu dans ce dispositif une occasion de renforcer leur influence.
  • Il est naïf de croire qu'il suffit d'avoir du courage et de la détermination pour débureaucratiser une administration publique. Claude Allègre a certainement été l'un des plus courageux et déterminé à "dégraisser le Mammouth". Le mammouth a eu raison de sa détermination.
  • Etc.

Dans les faits, le ministre de l'EN ne peut rien décider d'important et ne décide de rien. C'est paradoxalement parce qu'il est à la tête de la plus grosse administration, et donc à la tête de la plus grosse bureaucratie, que le ministre de l'EN est au contraire l'un des personnages publics français les moins puissants.

 

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Je crois que les libéraux sont restés au stade décrit en gros par Mises dans son livre sur la bureaucratie : un système administratif soumis aux organes politiques. Ils ne voient pas que le volume de l'Etat (et donc de son organisation) a inversé le rapport de forces politiques. Il y a un auteur qui a bien vu le phénomène (et qui lui s'en réjouit), c'est P Rosanvallon. C'est intéressant de lire ce qu'il dit de l'évolution de l'administration devenue légitime en elle-même + l'émancipation du pouvoir exécutif des autres pouvoirs depuis la révolution française. C'est vraiment une dynamique politique de long terme qu'il est impossible d'inverser par la seule bonne volonté d'un homme politique et de son programme de réforme éventuel.

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+1 sur le côté organisationnel. Je pense que tous ceux qui ne l'imaginent pas n'ont jamais travaillé dans des grands groupes : c'est un effet observable dans le privé également passé une certaine ttaille.En particulier dans le domaine financier où l'on a plus de gens en compliance et gouvernance que de gens qui produisent...

 

Pour avoir une grande partie de mes très proches dans la FP, j'ai également des apercus de cette lnertie bureaucratique qui est énorme. L'effet aggravant dans le cadre de la fonction publique est une pression sur les coûts relativement moins présente, euphémisme, le statut de fonctionnaire et l'effet de caste amha beaucoup plus présent : les grands groupes peuvent faire le ménage par le vide et leur vivier de recrutement, y compris et en particulier au plus haut niveau, est international. À l'opposé, les ministres sont sélectionnés pour leur habilité à plaire dans les sondages, par leurs compétences, et sont présents pour peu de temps face à des fonctionnaires ayant des décennies d'expérience dans le domaine.

 

 

Pour les anglophones, je recommande vraiment "yes minister", une comédie anglaise (basée sur des "insiders infos", on l'a su après) qui montre bien la dynamique haut fonctionnaire - ministres. Et quibest très très drôle.

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il y a 16 minutes, F. mas a dit :

Je crois que les libéraux sont restés au stade décrit en gros par Mises dans son livre sur la bureaucratie : un système administratif soumis aux organes politiques. Ils ne voient pas que le volume de l'Etat (et donc de son organisation) a inversé le rapport de forces politiques. Il y a un auteur qui a bien vu le phénomène (et qui lui s'en réjouit), c'est P Rosanvallon. C'est intéressant de lire ce qu'il dit de l'évolution de l'administration devenue légitime en elle-même + l'émancipation du pouvoir exécutif des autres pouvoirs depuis la révolution française. C'est vraiment une dynamique politique de long terme qu'il est impossible d'inverser par la seule bonne volonté d'un homme politique et de son programme de réforme éventuel.


Les profs se plaignent souvent qu’ils apprennent les nouvelles mesures dans la presse par le ministre. A mon avis, la raison pour laquelle c’est comme ça, c’est que c’est la seule façon de leur forcer la main. Si c’est discuté en interne, alors ça peut être bloqué.

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Pap n'est pas surpuissant. Il n'a que peu de prise sur les sujets actuels

 

Mais il a énormément de pouvoir sur les sujets qui compteront dans cinq ou dix ans

 

Il peut choisir ou promouvoir les "hauts fonctionnaires indéboulonnables" de dans dix ans, et ce suivant ses préférences politiques à lui et leur adhésion à icelle. Il peut augmenter ou réduire certains budgets. Il ne peut pas affronter son administration, mais il peut parfaitement choisir quels courants de l'administration seront favorisés, obtiendront des prébendes, ... Et il peut parfaitement le faire sur des critères politiques

 

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2 minutes ago, Tramp said:


Les profs se plaignent souvent qu’ils apprennent les nouvelles mesures dans la presse par le ministre. A mon avis, la raison pour laquelle c’est comme ça, c’est que c’est la seule façon de leur forcer la main. Si c’est discuté en interne, alors ça peut être bloqué.

 

Je parlais des administrations en général, mais ne pas sous-estimer la désorganisation de l'EN (qui est un monstre ou s'empilent les services ou les luttes d'influence au sommet sont légions). Maintenant, qu'un ministre utilise la presse pour bypasser les blocages internes ne me semble pas déconnant.

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Il y a eu la façon dont le TP a eu la peau du bouclier fiscal en imposant de faire des chèques de remboursement plutôt qu’un non-prélèvement. 
Avec chaque année dans la presse une petite fuite pour dire que Bernard Arnault a reçu un chèque de 30 millions etc…

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16 minutes ago, Lameador said:

Il peut choisir ou promouvoir les "hauts fonctionnaires indéboulonnables" de dans dix ans, et ce suivant ses préférences politiques à lui et leur adhésion à icelle. (...) Et il peut parfaitement le faire sur des critères politiques

 

Oui, il peut nommer un technocrate de son bord politique. C'est quoi l'idée ? Remplacer un bureaucrate de gauche par un bureaucrate de droite ? La belle affaire.

 

Encore une fois, la bureaucratie n'est pas un phénomène politique... c'est un phénomène organisationnel.

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51 minutes ago, F. mas said:

Je crois que les libéraux sont restés au stade décrit en gros par Mises dans son livre sur la bureaucratie : un système administratif soumis aux organes politiques. 

 

Voilà. Ils ne voient pas que se superpose à l'organisation formelle des administrations une auto-organisation informelle fruit des nombreuses luttes d'influence entre agents administratifs. Ils ne comprennent pas que le fonctionnement réel de l'administration et qu'une grande partie des règles qu'une administration publique nous impose ne sont pas décidés par le législateur.

 

Quote

 Ils ne voient pas que le volume de l'Etat (et donc de son organisation) a inversé le rapport de forces politiques. Il y a un auteur qui a bien vu le phénomène (et qui lui s'en réjouit), c'est P Rosanvallon. C'est intéressant de lire ce qu'il dit de l'évolution de l'administration devenue légitime en elle-même + l'émancipation du pouvoir exécutif des autres pouvoirs depuis la révolution française. 

 

L'Etat en France de 1789 à nos jours, j'imagine. J'ai justement acheté récemment ce bouquin, ce sera l'une de mes lectures estivales. :)

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Ceci étant, maintenant qu'on a une bonne idée du problème, que faudrait-il faire concrètement pour y remédier ? Visiblement ça ne peut pas passer par une réforme du système parce que les réformes sont décidées par la bureaucratie et un ministre même de notre bord serait impuissant face à elle. On a abordé le thème de rendre les citoyens plus informés et vigilants, et on peut y travailler mais au fond ça me semble être un vœu pieux. Pourrait-on s'en sortir via une mise en concurrence pour affaiblir la bureaucratie dans certains domaines ? Mon impression (peut-être fausse) est que généralement les projets de "privatisation" se font saboter et finissent mal.

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il y a 5 minutes, Largo Winch a dit :

Oui, il peut nommer un technocrate de son bord politique. C'est quoi l'idée ? Remplacer un bureaucrate de gauche par un bureaucrate de droite ? La belle affaire.

Avant d'être de gauche, de droite pu d'ailleurs, un énarque est un énarque, dont le milieu social est principalement composé d'énarques (et il en va de même pour la plupart des "grands corps (malades) de l'État"). Négliger ce fait, c'est se tromper sur la nature de l'État moderne, et, comme il a fort bien été suggéré, tenter de plaquer une carte d'il y a un ou deux siècles sur le territoire tel qu'il est aujourd'hui. 

 

En un mot, l'énarchie (et ses émules à plus bas niveau) est un parti au sens le plus plein du terme, et sans trop exagérer on peut partir du principe qu'aucun de ses membres ne poussera sincèrement et durablement dans la direction de la liberté. Tant qu'on n'a pas compris ça, on n'a rien compris à l'État moderne.

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il y a 3 minutes, Largo Winch a dit :

L'Etat en France de 1789 à nos jours, j'imagine. J'ai justement acheté récemment ce bouquin, ce sera l'une de mes lectures estivales. :)

Le peuple veut un compte-rendu dans CP. ;)

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Pour le coup, Blanquer a été, de 2009 à 2012, dans les sommets de la hiérarchie administrative de l'éducation nationale (Direction générale de l'enseignement scolaire). Je lis sur wikipedia :

 

Citation

Il est alors, selon les mots de Saïd Benmouffok, « le fil conducteur de la politique éducative du sarkozysme. D’ailleurs, on le surnomme à l’époque le « ministre bis », puisqu’il est en contact avec l’Élysée et s’autorise à prendre les devants sur de nombreux sujets sans passer par son ministre de tutelle.

 

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il y a 18 minutes, MXI a dit :

les grands groupes peuvent faire le ménage par le vide et leur vivier de recrutement, y compris et en particulier au plus haut niveau, est international

 

Le truc assez fondamental, c'est que dans les grands groupes, à un moment faut quand même faire des trucs et avoir des résultats. C'est bien au-delà de la pression sur les coûts. A un moment, mozefuckin' dividend is king.
Ca donne un système où on ne peut faire partie du top management qu'en déployant une forme de schizophrénie où la gouvernance / régulation / norme est en même temps un truc de la plus grande importance, mais aussi quelque chose que l'on peut mettre de côté au service du business.

 

Au contraire, les administrations publiques sont nettement moins soumises à la réalité. Ou disons qu'il y a un parfait alignement entre l'objet social de l'administration (créer de la norme) et la verrue bureaucratique. Ce qui fait que de manière générale, les administrations ne sont purgées que lorsque ça merde grave de chez grave (habituellement, en France, ça signifie des armées allemandes a minima à Compiègne).

 

il y a 7 minutes, Lancelot a dit :

Ceci étant, maintenant qu'on a une bonne idée du problème, que faudrait-il faire concrètement pour y remédier ?

 

Prendre le pouvoir sur la mesure de la performance. Le ministre ne doit pas être quelqu'un qui propose des idées et qui avance des projets, mais qui impose des objectifs. Et ensuite, ton job, c'est juste de mettre au placard ceux qui poursuivent autre chose que l'objectif.

 

Bon, c'est pas facile et ça nécessite probablement de casser les syndicats.

 

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Les grands groupes n’hésitent pas à fermer des départements entier et se débarrasser de 50 000 collaborateurs au passage. C’est la même chose qu’il faut faire avec l’administration : fermer et non pas réformer. 

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à l’instant, Tramp a dit :

Les grands groupes n’hésitent pas à fermer des départements entier et se débarrasser de 50 000 collaborateurs au passage. C’est la même chose qu’il faut faire avec l’administration : fermer et non pas réformer. 

 

C'est à cela que je pensais lorsque j'évoquais les purges.

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27 minutes ago, Bézoukhov said:

les administrations ne sont purgées que lorsque ça merde grave de chez grave

 

Même pas malheureusement, comme l'illustre à merveille la "crise sanitaire" qui n'était rien d'autre qu'une crise de la bureaucratie sanitaire. 

Suite aux nombreux échecs de l'administration hospitalière, il y aurait dû avoir une remise en cause de la bureaucratie. Même pas, elle sort même renforcée : les différents technocrates de l'APHP, des ARS, etc., en ont profité pour avancer leurs pions.

 

Même chose avec la crise énergétique qui aurait dû disqualifier les technocrates de la transition écologique. Eh bien non, ils n'ont jamais été aussi influents, sous les applaudissement d'une majorité des Français.

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il y a 31 minutes, Largo Winch a dit :

Même pas malheureusement, comme l'illustre à merveille la "crise sanitaire" qui n'était rien d'autre qu'une crise de la bureaucratie sanitaire. 

 

C'est pas une crise ça. Une crise, comme je disais, c'est des armées allemandes à Compiègne

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Il y a 1 heure, Bézoukhov a dit :

Prendre le pouvoir sur la mesure de la performance. Le ministre ne doit pas être quelqu'un qui propose des idées et qui avance des projets, mais qui impose des objectifs. Et ensuite, ton job, c'est juste de mettre au placard ceux qui poursuivent autre chose que l'objectif.

 

Bon, c'est pas facile et ça nécessite probablement de casser les syndicats.

Pas que les syndicats : les grands corps, aussi. Et ça ne se règlera pas avec du placard, mais avec, disons, "la fin de l'emploi à vie des catégories A et A+".

 

il y a une heure, Tramp a dit :

Ce serait intéressant de voir si le spoil system US a un impact significatif sur cette dynamique. 

Oui et non ; le spoil system a deux limites importantes. La première, c'est la limitation de la concurrence causée par le duopole politique (i.e. les virés reprennent leur place après quelques années, après avoir grenouillé en think-tank ; et si tu n'es ni bleu, ni rouge, tu n'existes pas). La seconde, c'est que les "institutions dullesiennes" en particulier ont été conçues dans un climat de grande paranoïa, de manière à résister de l'intérieur au cas où des communistes ou des pro-soviétiques parviendraient à conquérir la présidence (et avoir laissé passer un truc pareil constitue sans doute la plus grande faute d'Eisenhower).

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