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Le "sabotage" des services publics


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C'est une théorie que je lis souvent à gauche. L'idée que nos services publics auraient été sabotés volontairement par les politiques afin de pouvoir justifier leur privatisation par la suite.

 

Je crois que c'est sans doute la théorie du complot la plus répandue à gauche. On citera souvent cet épisode : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Starve_the_beast

J'ai aussi trouvé cet article, dont certains passages me semblent un peu délirants, mais je vous laisse le lire.

 

https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2018-1-page-4.htm

 

Bref, j'aimerais lancer la discussion sur ce sujet précis car à gauche on semble persuadés que c'est un fait empirique.

D'où vient cette croyance ? Est-elle étayée par des faits précis et vérifiables selon vous ?

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Du haut de leur QI et éducation élevée, ils croient en la malice là ou la bétise suffit à expliquer.

Il ne peut être mentalement acceptable que des gens qui voudraient faire le bien aient raté leur coup. A partir de là pour éviter cette dissonance, il est beaucoup plus simple de croire que le mal était présent, plutôt que de réaliser que leur bien a été tellement pavé que la voie vers l'enfer est en ligne droite sans obstacle. 

 

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33 minutes ago, Pegase said:

 

D'où vient cette croyance ? 

Ils ont du mal à admettre la nullité et l'inefficacité de la puissance publique.

 

 

7 minutes ago, Sloonz said:

Je préfère encore plus montrer celui là https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381412 qui concerne les prélèvements uniquement, donc hors privatisation pour les recettes. Ça perturbe un peu les gauchos quand tu leur montres que le président qui a rentré le plus d'impôts c'est Macron avec les années fiscales 2017, 2018 et 2022.

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C'est effectivement une théorie du complot très présente à gauche mais clairement pas uniquement ( électeurs de LFI et du RN même combat sur ce sujet, il n'y a que ceux de la majorité présidentielle et de la droite Bertrand pour y échapper un peu, et encore) mais qui comme toutes les théories a de multiples ramifications.

 

La base:

-Un décideur public sabote le service public volontairement.

 

Ce n'est pas forcément pour faire des économies. Ce n'est pas forcément pour laisser le privé libre de faire ce qu'il souhaite.

Cela peut, mais ce n'est clairement pas la seule raison invoqué par ceux qui évoquent cette théorie.

Il y a d'autres raisons comme par exemple, plutôt que de payer des fonctionnaires, on va faire du crony (Macron qui fait bosser ses copains pour des honoraires très élevés alors que des fonctionnaires pourrait faire le job est une théorie très classique).

 

 

Sur quoi cela se base:

 

-Un sentiment de la france périphérique, mais aussi des banlieues, que les services publics diminuent de façon importante.

Les postes ferment les une après les autres, les guichets SNCF ferment pour, quand la gare reste ouverte, laisser juste un distributeur, des hôpitaux et des maternités qui ferment, des écoles qui ferment.

 

Et quand cela reste le service est vu comme mauvais.

Les hôpitaux et les écoles ne donnent pas satisfaction.

 

Et le fait qu'il y a vraiment des sociétés privées qui se font un max de pognon par l'argent public.

 

 

Maintenant à partir du moment où tu penses que tu peux avoir des services publics abondants et efficaces, faut bien expliquer pourquoi ils diminuent et qu'ils sont de mauvaises qualités.

Cet état de fait est sans doute un complot.

 

 

 

 

 

 

 

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il y a une heure, Pegase a dit :

 

 

Bref, j'aimerais lancer la discussion sur ce sujet précis car à gauche on semble persuadés que c'est un fait empirique.

D'où vient cette croyance ? Est-elle étayée par des faits précis et vérifiables selon vous ?


La structure manageriale de la fonction publique favorise assez nettement les décisions court termistes (peu de skin in the game, en substance).
L’incompréhension par la gauche que l’argent ne pousse pas sur les arbres et qu’il faut contrôler sa productivité renforce le nombre de mauvaises réformes.

 

Ca fait un catalogue d’exemples.

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D'où vient cette croyance ? Est-elle étayée par des faits précis et vérifiables selon vous ?


La croyance dans la « casse » du service public repose avant tout sur la croyance dans la vertu du service public. Le service public étant un idéal, toute action qui vise à le modifier est a priori mauvaise. Les agents publics étant des anges dévoués, toute suppression de poste est a priori mal intentionnée. Idem pour toute réduction de budget.

J’ai aussi le sentiment que les services publics sont en train de s’écrouler sous le poids de leur propre bureaucratie. Il y a de plus en plus de moyens (le « pognon de dingue ») mais ils ne vont pas vers la production de services. C’est flagrant dans la santé avec l’inflation des postes administratifs a l’hôpital.
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8 hours ago, fm06 said:

J’ai aussi le sentiment que les services publics sont en train de s’écrouler sous le poids de leur propre bureaucratie. 

 

J'ai des oreilles de moins en moins réticentes à entendre qu'ils s'effondrent sous le poids de leur propre absurdité. Il faut continuer de rappeler que les budgets ne baissent pas.

 

On s'en émeut https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/289090-hausse-des-depenses-publiques-et-pauperisation-des-services-publics

 

 

En revanche pour s'en défendre on nous expliques que le privé s'accapare les soins rentables dans les cliniques ou les élèves sérieux dans les écoles sous contrat.

(Ce qui me semble absurde. Les cliniques specialisées *soulagent* le public, avec des remboursements decidés par le public, et on voit mal en quoi l'école privée prendrait des ressources au public. - et de toutes façons l'école privée française est publique, et sur la même trajectoire que le reste-)

 

 

 

 

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22 minutes ago, Mathieu_D said:

En revanche pour s'en défendre on nous expliques que le privé s'accapare les soins rentables dans les cliniques ou les élèves sérieux dans les écoles sous contrat.

 

Oui.  Au privé les autoroutes rentables, au public les routes pourries qui coûtent une blinde au contribuable.  Privatisation des profits et nationalisation des pertes.  C'est un discours récurrent.

 

 

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il y a 29 minutes, Mathieu_D a dit :

 

En revanche pour s'en défendre on nous expliques que le privé s'accapare les soins rentables dans les cliniques ou les élèves sérieux dans les écoles sous contrat.


C’est parce qu’ils ne comprennent pas que les activités rentables ne sont pas là pour subventionner des activités non rentables. Si les soins du public ne sont pas rentables, il y a des questions à se poser sur leur prix ou leur coût. 

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Le diagnostic est mauvais pour le rôle du privé. Je gère une chaîne de centres de santé et un groupe de crèches : dans les deux, on parvient à une meilleure rentabilité que le public (en général mais aussi quand on récupère des DSP) uniquement grâce à des gains d’efficience.


La profitabilité dans ce type de structure vient uniquement d’une somme de toutes petites différences : optimisation du planning, gestion des listes d’attentes, formation, prédiction du no-show et surbooking, etc. Dans bien des cas, la rentabilité s’atteint seulement sur les 2-3 derniers patients de la journée. 

 

Et, évidemment, garder la couche d’administratif la plus mince possible. 12 ETP admin dans « mes » centres de santé pour 200 ETP directs. 30 pour 450 dans les crèches (et on s’accorde à dire que ce ratio est trop haut).

 

C’est une démarche totalement inaudible pour le public, où les intérêts ne sont pas du tout alignés dans ce sens.

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40 minutes ago, Mathieu_D said:

, et on voit mal en quoi l'école privée prendrait des ressources au public. - et de toutes façons l'école privée française est publique, et sur la même trajectoire que le reste-)

 

 

 

 

Quand l'affaire Stan est sortie, beaucoup se sont émus des subventions (il y a eu notamment une passe d'arme à la région IDF sur une subvention de 900K€) accordées à l'institution en disant qu'il faudrait plutôt donner plus de sous aux lycées qui sont délabrés.

 

C'est totalement simpliste, mais tu montres des lycées délabrés, tu montres le lycée Stan où la ministre met ses enfants en parlant des subvention qu'ils reçoivent et hop tu arrives facilement au narratif que l'école privée prend des ressources au public.

 

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23 minutes ago, fm06 said:

 

Oui.  Au privé les autoroutes rentables, au public les routes pourries qui coûtent une blinde au contribuable.  Privatisation des profits et nationalisation des pertes.  C'est un discours récurrent.

 

Et comme une bêtise est toujours plus dure à démonter qu'à prononcer, elles font leur bonhomme de chemin chez qui ne souhaite pas réfléchir plus.

 

Les autoroutes privées c'est tout ça de retraites de fonctionnaires en moins, de charges sociales touchées en plus, d'impôt sur les sociétés etc.

 

Edit : Ça veut pas dire qu'il n'y a pas de crony là dedans

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Personnel is policy.

Tant qu'on continuera à embaucher des bac+X en catégorie C qui rêveront d'avoir un emploi dans un bureau climatisé, on aura trop d'administratifs inutiles dnas le public.

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Il y a 1 heure, Neomatix a dit :

Le diagnostic est mauvais pour le rôle du privé. Je gère une chaîne de centres de santé et un groupe de crèches : dans les deux, on parvient à une meilleure rentabilité que le public (en général mais aussi quand on récupère des DSP) uniquement grâce à des gains d’efficience.


La profitabilité dans ce type de structure vient uniquement d’une somme de toutes petites différences : optimisation du planning, gestion des listes d’attentes, formation, prédiction du no-show et surbooking, etc. Dans bien des cas, la rentabilité s’atteint seulement sur les 2-3 derniers patients de la journée. 

 

Et, évidemment, garder la couche d’administratif la plus mince possible. 12 ETP admin dans « mes » centres de santé pour 200 ETP directs. 30 pour 450 dans les crèches (et on s’accorde à dire que ce ratio est trop haut).

 

C’est une démarche totalement inaudible pour le public, où les intérêts ne sont pas du tout alignés dans ce sens.

Ça m'intéresse sur le volet crèches parce qu'il y a eu récemment des articles à charge contre le secteur privé type Babilou.

Sans parler de tout ce qui est lourdeur administrative, RH, etc. tu dirais que le privé ne tend pas plus que le public à rogner sur la qualité d'accueil des enfants ? Par exemple, de ton expérience, il n'y a pas un taux supérieur d'enfants par puéricultrice dans le privé ?

C'est une vraie interrogation, et j'imagine bien que les situations sont variables d'un établissement à l'autre.

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Un des problèmes principaux des crèches privées est la concurrence déloyale des crèches publiques, me semble-t-il (sauf subventions de niveau équivalent que je ne connaîtrais pas). Quand la crèche publique d'à côté est subventionnée à balles, il est difficile pour une entreprise de venir concurrencer le secteur, ce qui impacte forcément la qualité d'accueil.

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il y a 8 minutes, Carl Barks a dit :

Ça m'intéresse sur le volet crèches parce qu'il y a eu récemment des articles à charge contre le secteur privé type Babilou.

Sans parler de tout ce qui est lourdeur administrative, RH, etc. tu dirais que le privé ne tend pas plus que le public à rogner sur la qualité d'accueil des enfants ? Par exemple, de ton expérience, il n'y a pas un taux supérieur d'enfants par puéricultrice dans le privé ?

C'est une vraie interrogation, et j'imagine bien que les situations sont variables d'un établissement à l'autre.

Il y a une limite légale qui est de 6 enfants (mix marcheurs et non marcheurs, sinon 5 non marcheurs ou 8 marcheurs) par pro. Cette limite est la même pour le privé, publique, etc. C’est vrai que les gros acteurs (Babilou, la Maison Bleue, Grandir) ont tendance à optimiser pour être juste en-dessous de la limite. Deux raisons principales : (i) il y a des difficultés à recruter du personnel qualifié (churn important, besoin en augmentation à cause de forts départs en retraite d’assmat et le nombre de nouvelles pros formées ne suit pas). (ii) le prix horaire payé par la CAF ne permet pas d’aller beaucoup plus loin, que ce soit en taux d’encadrement ou en rémunération pour attirer les pros.

Les gros sus-cités ne roulent pas sur l’or non plus, avec des marges EBITDA entre 10 et 15%. Il faut ensuite payer le capex assez importants (une crèche est un mini-hôpital en termes de normes), ce qui ne laisse pas beaucoup, même pour ceux qui optimisent.

 

Si bien que les gros français se sont plutôt étendus à l’international ces dernières années, qui rapporte beaucoup beaucoup plus qu’en France (moyen orient, Singapour, Chine, etc.).

 

Maintenant, il y a des exceptions. Le groupe de crèches que l’on a racheté (pas un des 4 gros) a pour politique un taux d’encadrement plus faible (plutôt 4 que 6 enfants par pro). Ca veut dire une rentabilité encore moindre, car jusqu’à récemment, les mairies et autres administrations locales n’étaient pas prêtes à payer plus (et encore, ça reste anecdotique à ce stade). Au contraire, c’était plutôt la course au moins disant pour les DSP et les contrats de mairie.

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il y a 27 minutes, cedric.org a dit :

Un des problèmes principaux des crèches privées est la concurrence déloyale des crèches publiques, me semble-t-il (sauf subventions de niveau équivalent que je ne connaîtrais pas). Quand la crèche publique d'à côté est subventionnée à balles, il est difficile pour une entreprise de venir concurrencer le secteur, ce qui impacte forcément la qualité d'accueil.

Les subventions sont les mêmes pour privé et public. Par contre, la grande majorité des crèches publiques sont déficitaires.

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Il y a 3 heures, Neomatix a dit :

Il y a une limite légale qui est de 6 enfants (mix marcheurs et non marcheurs, sinon 5 non marcheurs ou 8 marcheurs) par pro. Cette limite est la même pour le privé, publique, etc. C’est vrai que les gros acteurs (Babilou, la Maison Bleue, Grandir) ont tendance à optimiser pour être juste en-dessous de la limite. Deux raisons principales : (i) il y a des difficultés à recruter du personnel qualifié (churn important, besoin en augmentation à cause de forts départs en retraite d’assmat et le nombre de nouvelles pros formées ne suit pas). (ii) le prix horaire payé par la CAF ne permet pas d’aller beaucoup plus loin, que ce soit en taux d’encadrement ou en rémunération pour attirer les pros.

Les gros sus-cités ne roulent pas sur l’or non plus, avec des marges EBITDA entre 10 et 15%. Il faut ensuite payer le capex assez importants (une crèche est un mini-hôpital en termes de normes), ce qui ne laisse pas beaucoup, même pour ceux qui optimisent.

 

Si bien que les gros français se sont plutôt étendus à l’international ces dernières années, qui rapporte beaucoup beaucoup plus qu’en France (moyen orient, Singapour, Chine, etc.).

 

Maintenant, il y a des exceptions. Le groupe de crèches que l’on a racheté (pas un des 4 gros) a pour politique un taux d’encadrement plus faible (plutôt 4 que 6 enfants par pro). Ca veut dire une rentabilité encore moindre, car jusqu’à récemment, les mairies et autres administrations locales n’étaient pas prêtes à payer plus (et encore, ça reste anecdotique à ce stade). Au contraire, c’était plutôt la course au moins disant pour les DSP et les contrats de mairie.

Merci, c'est très intéressant. Je supposais en effet qu'il puisse y avoir une différence entre petits et gros acteurs du marché.

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Il y a 6 heures, cedric.org a dit :

Un des problèmes principaux des crèches privées est la concurrence déloyale des crèches publiques, me semble-t-il (sauf subventions de niveau équivalent que je ne connaîtrais pas). Quand la crèche publique d'à côté est subventionnée à balles, il est difficile pour une entreprise de venir concurrencer le secteur, ce qui impacte forcément la qualité d'accueil.

 

Il y a 6 heures, Neomatix a dit :

Les subventions sont les mêmes pour privé et public. Par contre, la grande majorité des crèches publiques sont déficitaires.


Les subventions et les tarifs.

Je suis en crèche privée et paye le tarif CAF. Je me fais douiller comme pas possible (la dernière augmentation de 14% pour les riches me reste la).

 

Tu sens que la crèche tient sur les compétences de la directrice. Qui me semble par ailleurs très bien.

 

Apres le truc qui me casse le plus les pieds, c’est de devoir pointer mes horaires pour les subventions CAF.

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Il y a aussi la théorie inverse : quand on privatise on le fait de manière tellement dégueulasse que le "privé" est voué à l'échec, ce qui justifie le service public. Exemple : les trains en Angleterre.

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