A propos de savoir si c'est de la science grise, de la recherche fondamentale ou pas, et si la science économique peut être indépendante des croyances politiques, eh bien cela dépend des questions précises que l'on pose.
Si on pose par exemple des questions du genre "le système d'imposition est-il juste, est-il efficace d'un point de vue économique, faudrait-il le modifier et si oui dans quel sens?", ce sont incontestablement des questions politiques, à laquelle on répond en fonction des préférences que l'on a sur l'état du monde.
Mais si on est un peu rationnel et qu'on veut avoir des réponses pas seulement idéologiques, on a besoin d'informations objectives sur les niveaux d'imposition réels, et de modèles les plus précis possibles liant les niveaux d'imposition à l'état du monde. Ce sont là des questions objectives, scientifiques, auxquelles on peut et on doit s'efforcer de répondre de manière scientifique. C'est ce que font (partiellement) Piketty et Saez dans leur article. Et l'article de l'IFRAP a aussi la prétention de traiter cette question scientifique fondamentale. Il doit donc être évalué comme tous les autres travaux de recherche de ce domaine. Mais l'IFRAP veut avoir le beurre et l'argent du beurre: affirmer qu'elle a établi un résultat scientifique, sans suivre les étapes indispensables de la validation des résultats scientifiques. Parce que leur véritable objectif, ce n'est pas d'établir des résultats scientifiques, c'est juste d'influencer les politiques publiques dans le sens qui les intéresse. Ils devraient donc juste s'abstenir de revendiquer comme objectif premier de faire de la recherche scientifique, c'est tout ce que je dis.