Chitah Posté 29 juin 2005 Signaler Posté 29 juin 2005 Un article quelque peu capillotracté, mais qui n'en reste pas moins une mise en perspective intéressante qui éclaire les enjeux futurs pour les USA en matière de politique etrangère. (pas mal la phrase langue de bois, hein. ) Les cycles de la colère américaineSTEPHAN RICHTER (Washington) Un étrange phénomène affecte le débat américain sur la politique étrangère. Il suffit de voir les déclarations des éditorialistes, des membres du Congrès ou des experts des instituts d'analyse. Beaucoup parmi eux doivent faire face à des manifestations presque quotidiennes de colère contre les autres pays. Même des modérés comme le sénateur Joseph Biden, l'ancien ambassadeur aux Nations unies Richard Holbrooke, l'éditorialiste Thomas Friedman ou d'autres y mettent régulièrement leur grain de sel. Qu'est-ce qui expliquerait cela ? A une certaine époque, les spécialistes américains de politique étrangère avaient une mission importante. En expliquant le monde aux Américains d'un ton avisé et constructif, ils agissaient pour maintenir l'intérêt du public sur les affaires mondiales. Cela ne paraît plus qu'un lointain souvenir maintenant. Mais ce n'est pas la disparition tant évoquée de l'establishment de « la côte Est » qui est à déplorer. L'establishment est toujours là. Ce qui s'est passé, c'est que beaucoup de ses propagandistes alignent aujourd'hui des diatribes à peine déguisées en analyses. Stimulés par les responsables de l'administration et par certains acteurs de la vie politique nationale, c'est comme s'ils essayaient d'attiser chez leurs compatriotes un ressentiment frénétique. Il suffit de regarder le cycle des dernières années. 2001 paraissait destinée à être l'année de la colère contre la Chine - jusqu'à ce que Al-Qaida n'interrompe brusquement le programme prévu. Le monde musulman est devenu ensuite la cible de la colère américaine. En 2002, la cible a à nouveau changé. Cette année est entrée dans les annales de l'histoire comme celle où l'Amérique a reporté sa colère contre l'Irak après s'être occupée - avec un large soutien international - des talibans en Afghanistan. Quand 2003 a démarré, l'Irak était déjà fermement dans le collimateur américain - et la colère nationale était libre de se trouver une autre cible. La France s'est fort à propos offerte aux commentateurs, aux hommes politiques et au public américain en général. Les produits alimentaires français ont été « libérés » - ou déversés dans les rues. Quand cette fureur est passée de mode et qu'une nouvelle année a démarré, 2004 a été celle de la haine des Etats-Unis contre les Nations unies. Kofi Annan était un butor, toute l'institution était corrompue - et l'Amérique se porterait bien mieux sans elle. « L'ONU dehors » était presque devenu le refrain national. 2005 ? Un schéma cyclique semble finalement s'imposer. On en revient à la Chine - qui, malgré ses aspirations présumées sur Taiwan, s'était tirée inopinément des griffes américaines en 2001, grâce à Al-Qaida. Mais une fois encore, garder la Chine dans la ligne de mire stratégique des Etats-Unis se révèle ne pas être aussi facile. Pour répartir la fureur de manière un peu plus égale - après tout, peu de gens à Washington se sentent prêts à recourir aux moyens militaires pour s'attaquer à la Chine - un certain nombre d'autres scélérats sont offerts en cible. Une faction plaide pour faire payer Vladimir Poutine (et la Russie en général) pour son impertinence et son désir d'indépendance - et tout cela peut fort bien être déguisé en une critique contre le mépris de Poutine vis-à-vis de la démocratie. Une autre école, apparemment plus influente, souhaite mettre l'Iran au premier rang des scélérats, en espérant que cela sera un choix gagnant en raison de la frustration américaine de longue date née de la crise des otages des années 1970 et alimentée par les troubles qui ont suivi. Il y a aussi ceux qui avancent ardemment la Syrie ou Cuba, le Venezuela, le Brésil, l'Arabie saoudite, l'Egypte, l'Allemagne, le Pakistan ou encore la Corée du Nord comme le prochain exutoire à l'énorme colère qui bout sur les radios américaines, durant les conférences éditoriales, dans les couloirs du Congrès, dans les instituts d'analyse et les bureaux du gouvernement. Quel plaisir, par comparaison, lorsque, comme autrefois, toute cette hargne américaine était résolument dirigée contre un seul ennemi, l'Union soviétique. C'était bien plus facile. Aux yeux de la plupart des peuples du monde, ce spectacle permanent d'une haine américaine rabaisse le rôle des Etats-Unis en tant que superpuissance. Il importe peu que cette colère soit née d'un sentiment d'être dépassé, ou d'une claire impression d'un manque de gratitude ou d'une frustration de ne pas pouvoir en faire à sa tête. Tragiquement, mais à juste titre, le reste du monde considère de plus en plus l'Amérique comme un pays en colère qui perd toute capacité à traiter des problèmes mondiaux de manière raisonnable et rationnelle. En essayant désespérément de susciter l'obéissance (de manière à éviter la colère de l'Amérique), le résultat opposé devient une réalité. Au lieu de l'obéissance, on voit de l'incrédulité - combinée à une franche désobéissance. STEPHAN RICHTER est éditeur, « The Globalist ».
Invité jabial Posté 29 juin 2005 Signaler Posté 29 juin 2005 Boarf, toutes les sociétés, mêmes informelles, se construisent un bouc émissaire.
melodius Posté 30 juin 2005 Signaler Posté 30 juin 2005 Et une tarannade, une ! La question n'est pas là; ce qui est "amusant" est que l'analyse colle pas trop mal aux faits.
Chitah Posté 30 juin 2005 Auteur Signaler Posté 30 juin 2005 ce qui est "amusant" est que l'analyse colle pas trop mal aux faits. <{POST_SNAPBACK}> Tu as raison. J'ai qualifié ce texte de capillotracté parce qu'il me semble plus être une lecture des évènements sur la base du concept de bouc emissaire qu'une analyse de ceux-ci. Si tu veux, je la trouve très crédible, plus crédible par exemple qu'une autre lecture que l'on voit souvent, basée sur le concept de l'intérêt économique, notamment autour des enjeux pétroliers. La bande du Monde Diplomatique utilise beaucoup cela, pour tout expliquer, de la crise de Suez au soutien de telle ou telle dictature comme les Talibans, l'attaque de l'Irak, etC…
Invité jabial Posté 30 juin 2005 Signaler Posté 30 juin 2005 Et une tarannade, une ! <{POST_SNAPBACK}> C'est à moi que tu parles?
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