Aller au contenu

Rêvons !


Freeman

Messages recommandés

Posté

J'aime bien écrire des histoires, même si je sais à l'avance qu'il y en a quelques uns qui ne vont pas s'en remettre. Tans pis !

_________________________________________________

Il fallait se faire une raison : c'était Fabius qui avait remporté les élections en 2007, ce qui entraîna un boum concernant les expatriations. J'en avais marre de ce système de merde, je voulais en finir une fois pour toutes. Je n'avais pas le choix : je finis à l'UMP, n'ayant pas les moyens de créer mon parti moi même. Pendant ce temps là, Fabius géra la France avec le QI d'une huître asmatique, et la dynamique d'un pneu crevé. Tout allait de pire en pire. Les 30 heures pour tout le monde, y compris dans la fonction publique :doigt: abandon du service minimum, SMIC à 1500 euros, allez hop, nationalisations en chaîne, pour empêcher des pratiques concurrentielles anti-solidaires, dixit :warez: contrôle des prix et des salaires, augmentations massives des impôts, 500 000 fonctionnaires supplémentaires dans la fonction publique :icon_up: … Fabius décida à persister jusqu'au bout de sa logique. A côté, Chirac était un excellent gestionnaire. Finalement, le sursaut vint là où on s'y attendait le moins : du PS. Les sociaux-libéraux finirent par en avoir assez de voir la France tomber toujours plus bas. Ils prirent le contrôle du PS, chassèrent un certain Montebourg qui le présidait, et présentèrent un candidat, la quarantaine, contre un Fabius qui ne doutait pas de sa réélection en 2012. La droite avait passée une alliance de circonstance avec ce candidat, pour empêcher à tout prix Fabius d'être réélu. Il y avait eu assez de dégâts comme ça. Finalement, c'est ce candidat, Etienne Moutiers qui l'emporta contre Fabius. Après avoir ruiné la France, Fabius s'en alla. Enfin débarrassés !

Moutiers tenait à faire un gouvernement d'union nationale, avec plusieurs formations politiques présentes. C'est ainsi que je me suis retrouvé au budget, ce qui m'a rappelé par ailleurs un autre Nicolas (qui avait le même âge lorsqu'il se retrouva à ce poste ), en compagnie d'un centriste, qui s'était dit que cela lui permettrait de faire parler de lui. Il fallait incarner une rupture. Etienne l'avait bien compris. Il n'était pas issu de l'ENA. Un avantage considérable. En dehors des questions économiques, on s'entendait bien tous les deux. Plus le temps passait, plus on devenait proches. J'essayais d'en faire un libéral complet, j'ai fini par réussir, mais ce fut un concours de circonstances. Par moments j'avais mes coups de blues. A quoi ça rimait de collaborer avec ce que Spooner qualifiait de voleurs et d'assassins ? Bien que je ne touchais aucun salaire, j'avais mauvaise conscience. Un jour, Etienne vint à mon bureau.

- Nico…

- Hmmm ? disais-je en lisant le Wall Street Journal.

- Je n'irais pas par quatre chemins : je voudrais faire légaliser le mariage homosexuel.

- Fais ce que tu veux, disais-je avant de reposer mon journal.

- Le problème n'est pas là. Le problème, c'est que l'opposition va me massacrer.

- C'est son rôle.

- Si la presse s'en mêle, mon image en pâtira, et je perdrais les municipales… Puisque tu es à l'UMP, tu pourrais aller les voir et leur dire…

Je me mis à rigoler.

- Sans contrepartie ? Ils vont te lyncher, mon pauvre vieux ! Mais allez, je vais te donner un coup de main, parce que je t'aime bien.

- Vraiment ? me sourit-il.

- A condition que tu fasses quelque chose pour moi. Mais il faut en avoir, et je doute que…

- Dis toujours…

- Je t'aide à faire passer ta loi, sans que l'opposition ne peste trop fort. Mais en échange, tu entames une révolution fiscale.

- C'est à dire ?

- Tu remplaces tous les impôts existants par un impôt unique, que tu fixes à 15 % pour tous.

- Tu es fou ! Jamais ma base n'acceptera une chose pareille !

- Cela suppose aussi de sabrer dans les effectifs de la fonction publique, parce que forcément…

- Mais c'est délirant ! Les syndicats vont gueuler, et…

Je regarde par la fenêtre.

- Au cours de mes études de droit, on m'a dit que l'Ancien Régime, c'était fini. On m'a dit que l'intérêt général seul comptait et devait être pris en considération. On m'a dit que c'était le Parlement qui faisait la loi. On m'a dit que les politiciens devaient servir les gens et les aider. Me serais-je trompé ? M'aurait-on trompé ? Peut-être…. Ce que je te dis Etienne, des millions de français le pensent. Tu as été élu pour moderniser notre pays. Avec de telles mesures, tu rétabliras une égalité des chances entre les individus qui n'existait pas auparavant. Tout le monde pourra réussir à s'en sortir, tout le monde pourra s'enrichir, tout le monde aura accès à un enseignement de qualité, à des soins de qualité, et à moindre coût. Alors ?

Il fit les cents pas.

- Je ne sais pas… Je ne sais plus quoi croire, je…

- Si tu es un homme d'Etat, fais-le, et tans pis si deux ou trois gauchistes dans ton parti ne sont pas contents.

- Je vais y réfléchir.

- Potasses tout ça et reviens me voir quand tu auras pris une décison.

Personne ne sut ce qu'il se tramait. Il revint me voir quelques jours plus tard après avoir pris sa décision. Il n'avait pas le choix : s'il ne faisait pas passer le mariage homo, les Verts allaient péter un câble et la gauche allait se diviser. Dans le même temps, s'il faisait passer ce que je lui avais demandé, il allait y laisser des plumes. Choix cornélien.

- Qu'as-tu décidé ?

- Je suis obligé de faire passer le mariage gay sinon les Verts vont quitter le gouvernement. Il faut que j'apaise mon camp… Mais je ne veux pas perdre les municipales pour autant.

- Alors ?

- Je vais le faire…

- Quoi donc ?

- Ce que t'as dit là.

- Sans déconner…

- Oui, je vais le faire !

- Tu as pris la bonne décision…

- Pourvu qu'elle ne m'achève pas.

- Mais non, mais non… disais-je en le raccompagnant vers la sortie.

- Je l'annoncerais dans quelques jours.

- Entendu !

Après quelques politesses inutiles, j'ai refermé la porte. Je jouissais. Je me suis précipité sur le téléphone et j'ai appelé le bureau de l'UMP. Ils n'en sont pas revenus, et c'est un euphémisme. Mais à une condition : faire passer le mariage gay, ce qui en irrita certains. Mais les consignes étaient claires : on ne fait pas trop de vagues. Le projet d'Etienne passa comme une lettre à la poste. Donnant-donnant : il demanda à Bercy de mener une refonte fiscale majeure et des réformes de fond. Les syndicats ont pesté dans la rue, les verts claquèrent la porte du gouvernement et rejoignirent les manifestants. Etienne fit un 20 heures. Il fit ce que je lui avais conseillé : dire la vérité aux français. Ce fut donc une véritable Révolution fiscale. Les lois de Finances et du budget furent votées par la droite et la gauche, sachant qu'une partie de celle-ci avait voté contre.

Le succès de cette politique ne s'est pas fait attendre, l'emploi était au rendez-vous. Les entreprises s'installèrent en masse. Les universités devinrent autonomes et pouvaient bénéficier de fonds privés, les formulaires administratifs furent divisés par dix, les hopitaux ne furent pas épargnés non plus, suivant des méthodes du privé. Finalement, deux ans plus tard, ils furent privatisés. Quant au salaire minimum, il fut repensé. Cinq euros de l'heure, point barre. Quant à la concurrence, elle fut fortement encouragée par des dérèglementations massives. Il n'avait pas été facile de faire passer tout ça, d'autant plus avec quelqu'un qui avait des préjugés sur l'économie libérale. Il a fallu user de pédagogie pour le faire changer d'avis. Mais ce qui est fait est fait. La France s'était modernisée, la France était repartie de l'avant. Moutiers fut réélu triomphalement pour ce qu'il avait entrepris. De mon côté, je me suis retrouvé à la tête de Bercy. Pour accélerrer le mouvement. Aller toujours plus loin… Repousser les limites… Il n'y a pas de limites… Tout est possible… Le pire comme le meilleur. Surtout le meilleur.

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...