Keith Preston

Hadrien · 24 septembre 2005

Voici un entretien réalisé en 2003 pour le compte du site nationaliste-révolutionnaire VoxNR, avec le membre d'une milice américaine n'ayant rien à voir avec la plupart des groupuscules d'extrême-droite. Un type qui serait passé par le "libertarianisme" d'ailleurs. Qu'en pensez-vous ? Le connaissez-vous ? Moi, il y a des choses qui me semblent bizarres dasn cette entrevue…

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Les « Milices », un phénomène libertaire ?

28/05/03

On a beaucoup parlé dans la grande presse du phénomène des « Milices » aux USA. Celles-ci ont été unanimement présentées comme un courant réactionnaire d’extrême-droite. Or, il se pourrait bien que la réalité soit différente. C’est du moins ce que l’on peut penser en lisant l’entretien que nous a accordé Keith Preston, un révolutionnaire américain anarchiste et milicien…

Qui êtes-vous, Keith Preston ?

Je ne suis qu’un homme ordinaire qui a beaucoup milité politiquement et qui a beaucoup appris sur la politique en en faisant. J’essaie juste de faire profiter les autres de mes expériences et des informations dont je dispose.

Je suis un militant politique depuis le milieu des années quatre-vingt. J’ai commencé « à gauche » dans le mouvement anti-apartheid et de solidarité avec l’Amérique centrale. Je m’opposais aux recrutements organisés par la CIA sur les campus et je prenais la parole dans les lycées et les universités sur le racisme, je participais aussi aux mouvements de soutien aux grèves ouvrières. J’appartenais aux International Workers of the World et à Worker Solidarity Alliance, deux groupes anarcho-syndicalistes. Je suis resté anarcho-syndicaliste pendant de nombreuses années, donnant des cours sur l’anarchie et les mouvements radicaux dans des « Universités libres ». J’ai beaucoup voyagé dans toute l’Amérique du Nord allant d’un groupe anarchiste à un autre, me déplaçant au grès des luttes et des manifestations.

J’ai rompu avec la gauche en 1991 après avoir été dégoutté par son dogmatisme et son sectarisme. Je me suis défini comme libertarien durant quelques années avant de rejoindre le mouvement des milices.

Toutes les expériences vécues durant ce temps m’ont données l’envie de développer un projet qui me soit propre.

Quel est le but de Attackthesystem.com ?

C’est d’être un forum où les opinions non conformes, celles qui rejettent les dichotomies libéral/conservateur et droite/gauche. J’essaie aussi d’expliquer ce qu’est le véritable anarchisme et comment ses idées sont bien plus élaborées qu’on se l’imagine.

Qu’est-ce que l’Avant-garde révolutionnaire américaine ?

C’est un groupe politique indépendant, et non-partisan, fondé par James Adcock et moi-même en 1998. Il a pour but de faire la promotion de la révolution qu’il faut mener contre le gouvernement des USA.

Pourquoi êtes vous contre ce gouvernement ?

C’est simple.

Selon Johan Galtung, John Stockwell, Peter Dale Scott, Noam Chomsky et bien d’autres, le gouvernement des USA a, durant les soixante dernières années, dans le monde entier, sous la supervision de la CIA, mené des actions contre-révolutionnaires qui ont causé la mort de six millions d’individus. C’est-à-dire un nombre égal aux Juifs morts du fait de l’Holocauste ! Trois millions furent tués dans la guerre menée dans le Sud-Est asiatique dans les années soixante et soixante-dix. Des centaines de milliers en Amérique centrale dans les années quatre-vingt. Plus d’un million sont décédés en Irak du fait des bombardements et de l’embargo dans les années quatre-vingt-dix.

Le gouvernement des USA tente actuellement d’établir une dictature globale en réduisant à néant la souveraineté des autre nations et en invoquant son « droit » à mener des actions militaires contre les pays qui refusent d’obéir aux ordres de Washington.

Tout cela est fait pour le seul bénéfice de multinationales qui veule imposer une culture unique à toute la planète et faire disparaître les cultures indigènes et traditionnelles. Les impérialistes ne seront satisfaits que quand il y aura des MacDo partout, y compris sur les cimes de l’Himalaya.

En politique intérieure, le gouvernement américain est celui qui maintient en prison le plus grand nombre de personnes. Vingt-cinq pour cent de tous les prisonniers du monde le sont dans les geôles des USA. Les prisons sont le second employeur de main d’oeuvre du pays, juste après General Motors. Les guerres contre la drogue, les armes, le crime, etc. ont pour but de fournir de nouveaux esclaves aux prisons et de créer un Etat policier. Les USA ne sont dépassés que par la Chine quant au nombre de condamnés à mort exécutés chaque année.

La véritable question devrait donc être : comment peut-on ne pas être contre le gouvernement ? Contre un régime qui pratique l’esclavage domestique et le génocide international ?

Etes-vous : communiste ? fasciste ? nazi ?

Ni l’un ni l’autre. Le communisme, le fascisme et le nazisme sont des idéologies qui requierent un puissant Etat centralisé. Je suis anti-étatiste et anti-totalitaire.

Etes-vous raciste ?

Non. L’appartenance raciale n’est pas un problème pour moi. Je suis un « blanc » et je n’en ai pas honte mais je n’en suis pas fier non plus. Je pense que la classe dirigeante utilise le problème racial pour jouer les populations les unes contre les autres afin d’empêcher le développement d’une résistance unie contre le système.

Quant aux relations Noirs-Blancs, je pense que les Noirs n’obtiendront jamais leur « libération » tant qu’ils seront sous une domination blanche. Sur ce point je suis d’accord avec le Black Panther Party des origines et je sympathise avec la Nation of Islam, le PAIN et avec les autres tendances nationalistes au sein de la communauté afro-américaine. Cependant je suis un « blanc », ce n’est pas à moi de dire comment les Noirs doivent traiter leurs propres problèmes.

Etes- vous antisémite ?

Je n’ai rien contre les individus d’origine juive ou de pratique religieuse hébraïque. Mais je constate que la plupart des groupes juifs des USA sont fanatiquement racistes et sionistes. Le sionisme organisé contrôle le Congrès américain via le lobby israélien. Des partisans d’Israël et des idéologues du sionisme sont à des postes clefs au sein du Département d’Etat. Les deux tiers des médias des USA sont contrôlés par des capitaux dont les possesseurs sont favorables au sionisme. Tous ces éléments cherchent à utiliser la puissance militaire américaine pour abattre le monde musulman pour le plus grand bien de l’impérialisme américain.

L’anti-sionisme est donc une priorité pour moi.

Etes-vous tercériste ?

Je suis à la fois anticommuniste et anticapitaliste, mais je ne suis pas un tercériste dans le sens raciste et nationaliste qu’a souvent ce terme.

Cela dit, certains courants du tercérisme me sont sympathiques comme le tercérisme juif d’Israël Shamir, le tercérisme noir de Mathaba, l’eurasianisme d’Alexandre Douguine, le national-anarchisme de Troy Southgate, etc.

Je suis d’accord avec les tercéristes sur certains points comme la nécessité de s’opposer au sionisme international et au Nouvel ordre mondial de l’impérialisme yankee, ou comme la nécessité d’une alliance internationale créée dans ce but.

Etes-vous un libertarien ?

Je suis extrêmement favorable à la liberté individuelle et j’ai subis l’influence d’auteurs libertariens comme Murray Rothbard, Hans Hoppe, Thomas Zasz, Richard Posner, FA Hayek, Ludwig von Mises, Wendy McElroy, etc.

Mais le mouvement libertarien en lui-même laisse à désirer. La plupart de ses membres appartiennent à la classe moyenne et n’ont aucune idée de l’impact du capitalisme yankee sur les couches populaires de notre pays ou des autres nations. Ils sont trop peu critiques vis-à-vis du pouvoir des grandes sociétés et trop réformistes et pacifistes dans leurs idées et stratégies.

Etes-vous un anarchiste ?

Je me considère comme un anarchiste au sens classique du terme, au sens de l’anarchie du XIXème siècle. Je suis redevable au fédéralisme et au mutualisme de Proudhon, à la critique de l’Etat de Bakounine, à la sociologie de l’aide mutuelle de Kropotkine, à la philosophie égotiste de Stirner, à la critique constitutionnelle de Spooner, aux conceptions économiques de Tucker, à l’adaptation de l’anarchisme à la situation américaine de Voltairine de Cleyre, à la vision insurrectionnelle de Netchaiev, de Malatesta, de Makhno et de Durruti. Mais je ne me reconnais pas dans les positions réactionnaires, politiquement correctes, de gauche, de ce qui constitue le mouvement anarchiste contemporain.

Est-ce que l’ARV est une composante du mouvement des Milices ?

Non, nous sommes un mouvement politique, pas un mouvement militaire. Cela dit, nous supportons la constitution de milices de citoyens afin de résister au gouvernement des Etats-Unis. Le mouvement des Milices a créé un modèle d’infrastructure, de tactique et de stratégie que nous trouvons tout à fait opérant.

Pourquoi défendez vous les drogués, les prostituées et les prisonniers ?

Pour la même raison que j’aurais défendu les Juifs et les Gitans dans l’Allemagne nazie. Par simple décence. Les drogués et les prostituées jouent dans l’Amérique d’aujourd’hui le même rôle social que les Juifs et les Gitans jouaient dans l’Allemagne des années trente. La plupart de ceux qui sont en prison sont soit des victimes de persécutions culturelles comme les utilisateurs de drogue et les prostituées, soit des résistants à l’impôt ou des possesseurs d’armes, soit des individus emprisonnés pour des délits mineurs comme des chèques en bois, des recels ou des non-paiements de pensions alimentaires.

Etes-vous anti-gay ?

Non. Je n’ai jamais compris la haine irrationnelle des homosexuels que l’on rencontre chez beaucoup de militants de droite. Cela alors que certaines des civilisations les plus élaborées de notre planète, comme la gréco-romaine, ont été édifiées par des populations dans lesquelles la composante homosexuelle était importante.

Etes-vous opposé à l’immigration ?

Non. Cependant, je reconnais qu’une immigration importante et sur un court laps de temps peut être extrêmement destructeur pour les sociétés qui l’expérimentent. Je suis opposé au contrôle des frontières car je pense que les problèmes liés à l’immigration peuvent se régler au niveau local, comme cela se fait pour les naturalisations en Suisse.

Pourquoi êtes-vous opposé au capitalisme ?

Le capitalisme est un système où une classe sociale artificiellement privilégiée est créée avec l’aide de l’intervention de l’Etat dans l’économie pour concentrer le capital dans les mains d’une minorité. Au début du XXème siècle il y avait un grand nombre de mouvements comme l’anarcho-syndicalisme, le mutualisme, le distributisme, le conseillisme, le coopérativisme, dont l’objectif était de créer un système industriel de type coopératif.

C’est cela qui m’intéresse. Je suis favorable à la propriété privée, à la fin des impôts, à un libre-marché de petits patrons et de paysans, à une redistribution des terres, à une monnaie forte, au syndicalisme qu’il soit ouvrier, agricole ou consumériste.

Pourquoi êtes-vous hostile à la démocratie ?

La démocratie est l’exact opposé de l’anarchisme. La démocratie c’est seulement le masque de la dictature capitaliste. Même si ce n’était pas le cas, la démocratie est de plus un système de gouvernement par les foules ignorantes, les démagogues et les intérêts particuliers.

Je crois aussi que puisque chacun a le droit de voter et d’avoir accès aux responsabilités, l’Etat est amené pour satisfaire chacun des intérêts particuliers à s’occuper de tout. On aboutit ainsi à cet Etat semi-totalitaire que nous connaissons. Il se peut que les Etats démocratiques occidentaux succombent sous le poids de leur propre corruption, mais cela ne se fera pas sans totalement détruire la structure sociale.

Quelle est, selon vous, l’alternative à la démocratie capitaliste ?

Une décentralisation radicale.

C’est ce que réclament des groupes aussi divers que la République du Texas, la Ligue du Sud, le Parti pour l’indépendance de l’Alaska, les Panthères vertes pour la République du Ganjastan, la Confédération de la Nouvelle-Angleterre, Aztlan, la Société des guerriers mohawk, la République de la Nouvelle Afrique, le Front américain, etc.

Le gouvernement doit être ramené du niveau national au niveau régional, puis au niveau local, à celui de composantes autonomes. Les groupes locaux doivent être capables de s’organiser eux-mêmes de la manière qu’ils le veulent. De grandes agglomérations devraient pouvoir s’organiser en fédérations de quartiers souverains représentant les coutumes locales, les identités ethniques, les choix religieux, etc.

Les villes et les régions devraient être fédérées en régions souveraines. Celles-ci pouvant ensuite être rassemblées en des alliances défensives de niveau continental.

Ce programme ressemble beaucoup au projet anarchiste des fédérations de fédérations et en même temps, c’est ainsi qu’a fonctionné le Saint-Empire romain germanique pendant près de mille ans, en fédérant trois cents royaumes et principautés et mille cinq cents villes libres. C’est dans un tel environnement que des avancées majeures pour l’espèce humaine comme la Réforme, la Renaissance et la Révolution industrielle, naquirent.

Pourquoi soutenez-vous les islamistes ?

Je ne soutiens pas les islamistes en eux-mêmes. Je les considère comme un clou dans le soulier du Nouvel ordre mondial et de l’impérialisme sioniste.

Pourquoi haïssez-vous autant les policiers ?

Je ne les haïs pas en tant qu’individus. Certains sont des salauds d’autres des gens biens. Mais la police est une institution dont le rôle est de servir au contrôle de l’Etat sur les masses, y compris au contrôle politique. Les polices d’Etat n’existaient pas avant les Etats modernes. Je suis en faveur du démantèlement de la police et pour que les citoyens se défendent eux-mêmes, en particulier en ayant le droit de porter des armes. Par ailleurs l’exil dans des colonies pénitentiaires me semble préférable à la prison.

Comment espérez-vous renverser le système ?

Je suis favorable à une approche en trois phases.

Premièrement, nous devons développer une infrastructure alternative. Cela inclut des écoles, des coopératives, des syndicats, des mutuelles, des médiateurs (à la place des tribunaux), des médias à taille humaine, des associations, etc.

Deuxièmement, nous devons faire élire des radicaux aux postes de maires, de conseillers municipaux, de shérifs, etc. pour construire un mouvement sécessionniste local et régional dont chacune des composante puisse aider l’autre.

Troisièmement, nous devons développer une confédération de Milices locales et de forces paramilitaires. Nous avons besoin de chercher le soutien des ennemis des USA au niveau international. Quant tout cela sera fait, nous déclarerons l’indépendance.

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Source : Attack The System / American Revolutionary Vanguard (ARV)

Il y a quelque chose que je trouve bizarre dans cette entrevue, c'est l'utilisation du terme "yankee", propre au vocabulaire NR… Bon visiblement, le type et sa milice existent bel et bien…

Qu'en pensez-vous ?